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Chronique : Poutine brandit ses missiles, la panoplie de la peur en octobre 2025
Credit: Adobe Stock

Ce n’est pas nouveau. Poutine a annoncé le Bourevestnik en 2018. Sept ans. Presque une décennie d’attente. À l’époque, le Kremlin l’avait présenté comme une arme apocalyptique qui contournerait quasiment tous les systèmes d’interception. Capacité nucléaire. Portée illimitée. Invincible. Sept ans plus tard, les essais sont « enfin » terminés selon Moscou. Pourquoi si longtemps ? Parce que le projet est extraordinairement complexe. D’une complexité technique stupéfiante. Dangereux pour l’utilisateur lui-même. Valéri Guérassimov, chef d’état-major russe, a annoncé le 26 octobre que le dernier essai du 21 octobre s’était déroulé avec succès. Le missile a parcouru 14 000 kilomètres en 15 heures. C’est techniquement impressionnant. Mais c’est aussi révélateur de ses vulnérabilités. Plus un missile vole longtemps, plus on a de temps pour le détecter. Plus on a de temps pour l’intercepter. Plus on a de temps pour cerner ses schémas de vol. Un missile subsonique qui reste en l’air 15 heures ? C’est un oiseau lent, prévisible, détectable.

Un moteur nucléaire avec un petit problème : le refroidissement

Le Bourevestnik utilise un réacteur nucléaire miniaturisé pour propulser sa charge. Théorie élégante. Pratique infernale. Ce réacteur produit de la chaleur extrême. Et pour qu’un réacteur nucléaire fonctionne en vol continu sans surchauffer et se détruire lui-même, il faut le refroidir. Comment ? Avec un liquide de refroidissement stocké dans un réservoir. Lorsque ce réservoir est vide — et il finit toujours par se vider — le moteur surchauffe. Et le missile tombe. Fin de la portée illimitée. C’est ce qu’a expliqué Gaëtan Powis, expert défense pour Air & Cosmos : « Lorsque le réservoir est vide, le moteur surchauffe et le missile est perdu. » Voilà pourquoi le Bourevestnik n’a jamais sa portée illimitée. Il a une portée déterminée par la capacité des réservoirs de refroidissement. Poutine évite cette réalité. Guérassimov aussi. Ils parlent de 14 000 kilomètres comme si c’était une démonstration du potentiel illimité, alors qu’en réalité, c’est la limite des capacités de refroidissement actuelles. Un missile qui croise à basse altitude pendant 15 heures, c’est aussi un missile détectable par n’importe quel radar radar moderne.

Le danger radioactif pour la Russie elle-même

Et puis, il y a cette question que personne n’ose poser : les émissions radioactives. Un réacteur nucléaire qui se consume pendant des heures en vol produit des rejets radioactifs constants. Cheryl Rofer, ancienne chercheuse au Los Alamos National Laboratory, et Thomas Countryman, ancien responsable au département d’État américain, ont tous deux soulevé le spectre terrifiant de la contamination nucléaire. Countryman l’a dit crûment : le Bourevestnik est « uniquement bête », comparable à « un Tchernobyl volant ». Le missile resterait détectable par ses traces radioactives même s’il échappait aux radars. Et plus préoccupant encore, la Russie elle-même — ses propres populations, ses propres territoires — seraient exposées à cette retombée radioactive constante. C’est l’absurdité de cette arme : elle crée une menace permanente pour qui la possède.

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