Aller au contenu
Chronique : 193 drones sur Moscou, l’Ukraine frappe au cœur du pouvoir russe
Credit: Adobe Stock

21h41, heure de Moscou. Sergueï Sobianine publie son premier message sur Telegram. « Un drone volant vers Moscou a été détruit. » Simple. Factuel. Rassurant. Puis 22h00. Nouveau message. Encore un drone. Puis 22h30. Puis 23h00. Et les habitants de Moscou commencent à comprendre. Ce n’est pas une frappe isolée. C’est une vague coordonnée. Les chaînes Telegram russes explosent de messages. Astra, Mash, Shot — toutes rapportent des explosions simultanées dans plusieurs districts. Des fumées noires s’élèvent au-dessus de Kommunarka, quartier résidentiel situé dans l’arrondissement administratif de Novomoskovsky. Des photos géolocalisées montrent la fumée près d’une zone boisée adjacente au Proektirovanny Proezd. À minuit, l’Agence fédérale russe du transport aérien annonce la fermeture de Domodedovo — le plus grand aéroport commercial de Moscou — et de Zhukovsk. Pour raisons de sécurité. Traduction : les drones volent trop près, on ne peut plus garantir la sécurité des avions civils. À 03h00 du matin, Sobianine lâche le chiffre final. Trente drones ont attaqué Moscou. Trente en six heures. Les défenses russes prétendent les avoir tous interceptés. Mais les photos disent autre chose.

La géographie de la peur

Les explosions ne se limitent pas à Moscou même. Elles résonnent dans toute l’oblast. Domodedovo — où se trouve l’aéroport — entend des déflagrations dans le ciel. Podolsk, ville industrielle au sud de Moscou, rapporte des interceptions de drones. Dubna, centre scientifique au nord. Ramenskoye, base militaire majeure à l’est. Troitsk, quartier administratif au sud-ouest. Kolomna, ville historique à 100 kilomètres au sud-est. C’est une attaque en cercles concentriques. Les drones arrivent de toutes les directions. Certains visent le centre de Moscou. D’autres ciblent les infrastructures périphériques. D’autres encore frappent les bases militaires camouflées dans les forêts autour de la capitale. Et pendant six heures, les habitants de la région moscovite — plus de 22 millions de personnes — vivent avec la certitude que leur capitale est sous attaque. Que leurs défenses ne suffisent pas. Que l’Ukraine peut les atteindre n’importe quand, n’importe où.

Les dommages que Moscou ne dit pas

Moscou prétend avoir intercepté tous les drones. Mais les images disent autre chose. Les fumées à Kommunarka suggèrent qu’au moins un drone a atteint sa cible. Un incendie à Serpukhov — district de l’oblast de Moscou — a été rapporté tard dans la soirée du 26 octobre. La chaîne Telegram Astra a publié des vidéos de témoins oculaires montrant un dépôt pétrolier en flammes. Les autorités locales n’ont fait aucun commentaire sur la cause, confirmant seulement que l’incendie a été maîtrisé. Maîtrisé. Pas empêché. Pas intercepté avant impact. Maîtrisé après que le drone ait frappé. Et c’est exactement le problème de Moscou. Elle peut abattre 80%, peut-être 90% des drones. Mais les 10% restants passent. Et ces 10%, quand ils frappent un dépôt pétrolier, quand ils frappent une infrastructure critique, ça suffit. Ça suffit pour créer le chaos. Pour montrer que les défenses russes ne sont pas invincibles. Pour rappeler aux Moscovites que leur ville n’est plus un sanctuaire.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
More Content