Chronique : 346 000 soldats russes perdus en 2025, Poutine consume son armée plus vite qu’il ne recrute
Auteur: Maxime Marquette
Zelensky l’a dit clairement. 346 000 soldats russes perdus depuis janvier 2025. Selon les généraux ukrainiens cités par le président. Et ce n’est pas une exagération. Les chiffres sont confirmés par plusieurs sources indépendantes. Le renseignement britannique estime que la Russie a perdu 332 000 soldats depuis le 1er janvier 2025 — un chiffre quasiment identique à celui de Zelensky. Le document russe divulgué en octobre et analysé par le renseignement ukrainien parle de 281 550 pertes entre janvier et août 2025. Ça fait 35 194 pertes par mois en moyenne. Extrapolé sur dix mois, ça donne environ 352 000 pertes. Les chiffres s’alignent. Ils convergent. Ils confirment l’hémorragie. Trois cent quarante-six mille hommes. C’est l’équivalent de l’armée française entière. C’est toute la population d’une ville comme Nice ou Nantes. Rayée. Éliminée. En dix mois. Pour contextualiser : pendant la Première Guerre mondiale, la Russie a perdu environ 1,7 million de soldats en quatre ans. En Ukraine, Poutine perd 346 000 hommes en dix mois. Si ce rythme continue, il dépassera les pertes de la Première Guerre mondiale d’ici 2027.
Le rythme quotidien de la mort
Faisons le calcul. Trois cent quarante-six mille pertes en 300 jours — de janvier à fin octobre. Ça fait 1 153 soldats perdus chaque jour. Mille cent cinquante-trois. Chaque jour. Tous les jours. Sans arrêt. Le renseignement britannique confirme que le taux de pertes quotidiennes a atteint 1 570 en décembre 2024, puis a baissé à 930 en août 2025, avant de remonter à plus de 1 000 par jour entre le 5 et le 12 octobre. L’État-major ukrainien rapporte des journées à 900, 910, parfois 1 200 pertes selon les rapports quotidiens. Donc le chiffre de 1 150 pertes quotidiennes est cohérent. C’est l’équivalent d’un bataillon entier rayé de la carte chaque jour. Imagine ça. Chaque matin, 1 150 familles russes reçoivent un coup de fil. Ou pas. Parce que souvent, le Kremlin ne prévient même pas. Il classe le soldat comme disparu. Comme déserteur. Il évite de payer les compensations. Il efface le mort pour économiser quelques roubles.
La mobilisation ne suit pas les pertes
Et voilà le coup fatal. Zelensky l’a souligné : le nombre de soldats perdus en 2025 est presque identique au nombre de soldats mobilisés cette année. La Russie a recruté environ 350 000 hommes en 2025 selon les estimations occidentales. Recrutement volontaire, conscription, mobilisation forcée dans les prisons, dans les régions pauvres, dans les minorités ethniques. Tout ça pour remplacer les morts. Pas pour renforcer l’armée. Juste pour maintenir le niveau actuel. Et encore, à peine. Parce que si tu perds 346 000 et tu recrutes 350 000, ça te laisse un gain net de 4 000 soldats. Quatre mille. Sur un front qui s’étend sur 1 200 kilomètres. C’est insuffisant. C’est mathématiquement insuffisant. Poutine est en train de vider la Russie de ses hommes jeunes pour maintenir une guerre qu’il ne peut pas gagner.
1,118 million de pertes depuis 2022 : un million de vies broyées
Zoomons maintenant sur le tableau global. Depuis le début de l’invasion en février 2022, la Russie a perdu 1,118 million de soldats selon le renseignement britannique. Un million cent dix-huit mille. L’État-major ukrainien avance un chiffre légèrement supérieur — environ 1,13 million au 26 octobre 2025. The Economist, dans une étude publiée en octobre 2025 basée sur des données satellitaires et plus de 200 estimations crédibles, place les pertes russes totales entre 984 000 et 1,438 million. Donc peu importe la source, on dépasse le million. Un million de soldats. Pour mettre ça en perspective : c’est plus que les pertes américaines dans toutes les guerres du XXe siècle combinées. Plus que les pertes soviétiques en Afghanistan pendant dix ans. Plus que les pertes russes en Tchétchénie pendant deux guerres. Et tout ça en trois ans et huit mois. C’est stupéfiant. C’est obscène. C’est du massacre industrialisé.
Les morts réels : entre 147 000 et 250 000
Mais attention. Ces chiffres — 346 000 en 2025, 1,118 million depuis 2022 — ce sont des pertes totales. Ça inclut les tués, les blessés, les disparus, les capturés. Combien sont vraiment morts ? Les estimations varient. The Economist place les morts russes entre 147 000 et 250 000 depuis le début de la guerre. Mediazona, un média russe indépendant qui vérifie chaque nom, a confirmé plus de 134 000 morts identifiés au 10 octobre 2025. Mais Mediazona reconnaît que ce chiffre est un minimum. Beaucoup de morts ne sont pas répertoriés. Les soldats issus des prisons, des minorités ethniques, des régions reculées — personne ne compte leurs corps. Donc le vrai chiffre de morts est probablement entre 180 000 et 220 000 selon Mediazona elle-même. Deux cent mille morts. En trois ans et demi. C’est l’équivalent de toute la population d’une ville comme Rennes ou Reims. Disparue. Pour rien.
Le ratio KIA-WIA révélateur
Le document russe divulgué en octobre révèle un détail terrifiant. Le ratio entre tués et blessés. Normalement, dans une armée moderne avec une médecine militaire efficace, le ratio est de 1 tué pour 3 ou 4 blessés. En Russie ? C’est 1 tué pour 1,83 blessé. Presque un pour un. Pourquoi ? Parce que la médecine militaire russe est catastrophique. Parce que les blessés meurent de leurs blessures avant d’être évacués. Parce que l’armée russe n’a pas assez de médecins, pas assez d’équipement, pas assez de structures d’évacuation. Un soldat russe blessé a beaucoup moins de chances de survivre qu’un soldat ukrainien. Et ça se voit dans les statistiques. Les généraux russes envoient leurs hommes au combat en sachant que la moitié des blessés mourront. Et ils s’en fichent. Parce que les hommes, pour eux, c’est de la matière première jetable.
Les gains territoriaux dérisoires : 5 000 kilomètres carrés pour un million de vies
Et qu’a gagné la Russie pour ce massacre ? Presque rien. Depuis janvier 2024, la Russie a conquis environ 5 000 kilomètres carrés en Ukraine selon le CSIS. Cinq mille. C’est moins de 1% du territoire ukrainien. Pour contextualiser : pendant les cinq premières semaines de la guerre en 2022, la Russie avait conquis 120 000 kilomètres carrés. Aujourd’hui, après des mois d’offensives massives, elle gagne 5 000 kilomètres carrés. Vingt-quatre fois moins. Et à quel prix ? The Economist estime qu’au rythme actuel, capturer les quatre régions que Poutine prétend avoir annexées — Louhansk, Donetsk, Kherson, Zaporijjia — prendrait jusqu’en juin 2030. Cinq ans. Et conquérir toute l’Ukraine ? 103 ans. Cent trois ans. À ce rythme, en 2128, l’armée russe entrerait triomphalement à Lviv. C’est grotesque. C’est mathématiquement impossible. Poutine ne peut pas gagner cette guerre militairement. Et il le sait.
Poutine a raté son objectif du 15 octobre
Zelensky l’a révélé dans l’interview à Axios. Le renseignement ukrainien a appris que Poutine avait promis en privé à ses alliés que la Russie capturerait tout le Donbass avant le 15 octobre 2025. Le 15 octobre. C’était la deadline. Et qu’est-ce qui s’est passé ? Rien. La Russie n’a pas capturé le Donbass. Pokrovsk tient toujours. Kramatorsk reste ukrainien. Sloviansk résiste. Le 15 octobre est passé. Et Poutine a échoué. Zelensky l’a dit clairement : « La Russie ne peut pas le faire. Il [Poutine] n’a pas assez d’hommes. Ses bataillons forts ont été détruits. Aujourd’hui sur le champ de bataille, nous restons principalement où nous étions pendant ces 2-3 derniers mois. » Où nous étions. Pas d’avancée russe significative. Pas de percée. Juste de l’attrition. De la mort. Des pertes massives pour des gains minuscules. Poutine a brûlé 346 000 soldats en 2025 pour… rien.
Conclusion
346 000 soldats russes perdus en 2025. Un million cent dix-huit mille depuis 2022. Pour conquérir 5 000 kilomètres carrés. Pour rater la deadline du 15 octobre. Pour échouer à capturer le Donbass. Pour s’enliser dans une guerre qui ne se termine jamais. Poutine a transformé son armée en machine à broyer. Il recrute 350 000 hommes pour remplacer les 346 000 qu’il a perdus. Gain net ? Presque zéro. Et pendant ce temps, l’Ukraine tient bon. Elle s’adapte. Elle innove. Elle frappe les raffineries russes, les dépôts de carburant, les bases logistiques. Elle fabrique des drones intercepteurs en Grande-Bretagne. Elle reçoit des ATACMS, des F-16, des systèmes Patriot. Et elle survit. Zelensky l’a dit : « Personne ne gagne maintenant sur le champ de bataille. » Personne. Mais entre celui qui perd un million de soldats pour gagner presque rien, et celui qui tient bon en attendant que l’ennemi s’effondre sous le poids de ses propres pertes — qui gagne vraiment ? La réponse est évidente. Poutine ne peut pas continuer à ce rythme. Mathématiquement, démographiquement, économiquement, c’est insoutenable. Les 346 000 perdus en 2025 ne sont pas qu’un chiffre. C’est la preuve que Poutine a déjà perdu cette guerre. Il lui faut juste du temps pour l’admettre.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des dynamiques militaires et des statistiques de pertes qui révèlent la réalité brutale des conflits modernes. Mon travail consiste à décortiquer les chiffres officiels, à comparer les sources indépendantes, à comprendre ce que les pertes massives signifient pour la capacité d’une nation à poursuivre une guerre. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse rigoureuse des données militaires, à la compréhension profonde de l’impact démographique et stratégique des pertes humaines.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment l’interview du président ukrainien Volodymyr Zelensky avec Axios publiée le 26 octobre 2025 confirmant que la Russie a perdu 346 000 soldats en 2025, les rapports du UK Defence Intelligence datés du 14 octobre 2025 estimant les pertes russes totales à 1,118 million depuis le début de la guerre, l’étude de The Economist d’octobre 2025 basée sur plus de 200 estimations crédibles de sources occidentales et indépendantes, le document russe divulgué analysé par Politico et le renseignement ukrainien concernant 281 550 pertes entre janvier et août 2025, les données de Mediazona confirmant plus de 134 000 morts russes identifiés au 10 octobre 2025, les rapports du CSIS sur les gains territoriaux russes depuis janvier 2024, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, BBC, Associated Press, The Guardian, ainsi que les analyses de l’Institute for the Study of War. Les statistiques concernant les pertes quotidiennes, le ratio tués-blessés, et la deadline manquée du 15 octobre proviennent de ces sources vérifiables.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur l’évaluation des pertes russes cumulatives, la comparaison avec les taux de mobilisation, et les commentaires d’experts militaires et démographes cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter ces statistiques de pertes massives, de contextualiser leur impact sur la capacité militaire russe, et de donner un sens à l’équation insoutenable entre pertes et gains territoriaux. Toute évolution ultérieure de la situation — nouvelles données de pertes, modifications des estimations indépendantes, changements dans les taux de mobilisation russe — pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles données officielles majeures concernant les pertes militaires russes sont publiées par des sources gouvernementales ou des organisations de renseignement vérifiables.