Chronique : L’Ukraine avertit Moscou, vos raffineries brûleront encore plus fort
Auteur: Maxime Marquette
Retour en arrière. Août 2025. L’Ukraine lance une campagne systématique contre l’industrie pétrolière russe. Objectif : étrangler l’économie de guerre de Moscou. Pas seulement affaiblir. Étrangler. Couper les revenus. Créer des pénuries. Forcer le peuple russe à réaliser que cette guerre les appauvrit. La stratégie fonctionne. Reuters confirme que depuis août, l’Ukraine a lancé au moins 58 attaques documentées contre des installations énergétiques russes. Cinquante-huit en moins de trois mois. C’est presque une frappe tous les deux jours. Raffineries, terminaux pétroliers, dépôts de carburant, usines de traitement de gaz — rien n’est épargné. Le résultat ? Les exportations russes de carburant sont tombées à leur niveau le plus bas depuis le début de la guerre — 637 millions de dollars par jour en septembre 2025, soit une chute de 26% par rapport à septembre 2024. Vingt-six pourcent. En douze mois. C’est catastrophique pour Moscou. Parce que ces revenus financent la machine de guerre. Les chars. Les missiles. Les salaires des soldats. Et quand les revenus s’effondrent, la machine ralentit. S’enraye. Commence à craquer.
Ryazan : le symbole de la vulnérabilité russe
Le 23 octobre 2025, un drone ukrainien a frappé la raffinerie de Ryazan. La quatrième plus grande raffinerie russe. Située à seulement 200 kilomètres au sud-est de Moscou. L’impact a touché l’unité de distillation primaire CDU-4, d’une capacité de 80 000 barils par jour. Un incendie a éclaté. L’unité a été arrêtée. Et avec elle, plusieurs installations adjacentes. Reuters a confirmé que la raffinerie fonctionne maintenant à capacité réduite — probablement 25% de production perdue. Ryazan alimente directement Moscou. Les stations-service de la capitale dépendent de cette raffinerie. Si Ryazan tombe complètement, Moscou manque d’essence. Les files d’attente apparaissent. Les prix explosent. Le mécontentement monte. Et c’est exactement ce que l’Ukraine veut. Créer une pression économique si forte que le peuple russe lui-même force Poutine à négocier. Ryazan n’est pas la première raffinerie frappée. Et elle ne sera pas la dernière. L’Ukraine a publié une liste implicite de cibles prioritaires. Et chaque semaine, une nouvelle installation brûle.
L’impact cumulatif : 1,4 million de barils perdus quotidiennement
Les chiffres s’accumulent. S’additionnent. Deviennent impossibles à ignorer. Au total, les frappes ukrainiennes ont perturbé environ 1,4 million de barils par jour de capacité de raffinage russe. Un million quatre cent mille barils. C’est l’équivalent de la production pétrolière totale de l’Algérie. Perdue. Chaque jour. La Russie ne peut pas compenser facilement. Les réparations prennent des semaines, parfois des mois. Les pièces de rechange sont difficiles à obtenir à cause des sanctions occidentales. Les ingénieurs spécialisés sont rares. Donc chaque raffinerie frappée reste affaiblie pendant longtemps. Et pendant ce temps, l’Ukraine continue de frapper. Elle frappe Novokuibyshevsk. Elle frappe Saratov. Elle frappe Orenburg. Elle frappe méthodiquement, systématiquement, implacablement. Le Centre for Research on Energy and Clean Air estime que l’impact de ces frappes persistera jusqu’à mi-2026 au moins. Mi-2026. C’est huit mois supplémentaires de perturbations. Huit mois où la Russie perd des milliards de revenus. Huit mois où son économie saigne.
L'autorisation américaine : Storm Shadow et SCALP peuvent maintenant frapper profondément
Le 22 octobre 2025, tout a changé. Trump a levé certaines restrictions sur l’utilisation de missiles longue portée européens par l’Ukraine. Les Storm Shadow britanniques et les SCALP-EG français peuvent maintenant frapper des cibles militaires russes sans limitation géographique. Portée : 250 à 500 kilomètres. Assez pour atteindre les raffineries de la région de Moscou. Assez pour détruire les bases aériennes de Koursk et Belgorod. Assez pour frapper les centres de commandement qui coordonnent les offensives russes. Et l’Ukraine ne va pas se priver. Le Wall Street Journal rapporte que cette autorisation fait partie de la stratégie de Trump pour forcer Poutine à négocier. Négociez ou l’Ukraine vous frappe encore plus fort. Simple. Brutal. Efficace. Poutine a réagi avec des menaces nucléaires à peine voilées. « La réponse sera très sérieuse, voire même écrasante. » Mais ce sont des mots. Juste des mots. Parce que Poutine ne peut pas utiliser l’arme nucléaire contre des frappes de missiles conventionnels. Ça signerait la fin de la Russie. Et il le sait.
Les Storm Shadow : l’arme qui change la donne
Les Storm Shadow britanniques sont des missiles de croisière furtifs. Ils volent à basse altitude — moins de 50 mètres au-dessus du sol. Ils contournent les défenses aériennes en suivant le relief. Ils frappent avec une précision chirurgicale — erreur circulaire probable de moins de 10 mètres. Et ils sont quasiment invisibles aux radars russes jusqu’au dernier moment. L’Ukraine en possède déjà quelques dizaines, fournis par le Royaume-Uni en 2024. Mais jusqu’au 22 octobre, elle ne pouvait les utiliser qu’en Crimée ou près de la frontière. Maintenant, les restrictions sont levées. Kiev peut frapper n’importe quelle cible militaire en Russie. Et elle a déjà une liste. Les aérodromes de Voronej d’où décollent les bombardiers Tu-22M. Les dépôts de munitions de Koursk qui ravitaillent l’offensive russe. Les ponts ferroviaires sur le Don qui transportent l’équipement militaire vers le front. Chaque cible a été identifiée. Cartographiée. Priorisée. Et l’une après l’autre, elles seront frappées.
Les SCALP français : la précision mortelle
Les SCALP-EG français sont presque identiques aux Storm Shadow — même conception, même fabricant (MBDA). Portée de 250 kilomètres officiellement, probablement plus de 400 en configuration optimisée. La France en a fourni un nombre limité à l’Ukraine en 2024. Et maintenant, avec les restrictions levées, ils deviennent une arme stratégique. Parce qu’ils peuvent atteindre des cibles que les drones ne peuvent pas détruire seuls. Des bunkers fortifiés. Des centres de commandement souterrains. Des infrastructures critiques protégées par plusieurs mètres de béton. Les SCALP percent ces défenses. Ils explosent à l’intérieur. Ils détruisent complètement. Et contrairement aux drones qui peuvent être interceptés en masse, les missiles de croisière furtifs passent presque toujours. Les défenses russes ne peuvent en arrêter qu’une petite fraction. Le reste atteint sa cible. Et explose.
Le message de Kiev : nous ne nous arrêterons pas
Le gouvernement ukrainien a été clair. Les frappes contre l’industrie pétrolière russe vont continuer. S’intensifier. Devenir plus fréquentes. Plus précises. Plus dévastatrices. Zelensky l’a dit en septembre : « Les frappes sur les raffineries russes sont les plus efficaces, celles qui fonctionnent le plus rapidement. » Pourquoi ? Parce qu’elles touchent directement le portefeuille russe. Parce qu’elles créent des pénuries visibles pour le peuple russe. Parce qu’elles forcent Poutine à admettre indirectement que sa machine de guerre vacille. Et maintenant, avec les Storm Shadow et les SCALP autorisés à frapper profondément, l’Ukraine possède les moyens de faire encore plus de dégâts. Elle peut viser les raffineries autour de Moscou. Elle peut détruire les terminaux pétroliers de la mer Noire. Elle peut frapper les pipelines qui transportent le pétrole vers la Chine. Chaque frappe affaiblit un peu plus l’économie russe. Chaque raffinerie détruite réduit les revenus de Poutine. Chaque pénurie d’essence crée du mécontentement populaire. Et tout ça s’accumule. Jour après jour. Frappe après frappe.
Poutine ne peut rien faire pour l’arrêter
Voilà le problème de Moscou. Les défenses aériennes russes peuvent intercepter une partie des drones ukrainiens. Peut-être 70%, peut-être 80%. Mais pas tous. Et surtout pas les missiles de croisière furtifs comme les Storm Shadow. Ces armes passent presque systématiquement. Donc Poutine doit choisir. Accepter que ses raffineries continuent de brûler. Ou négocier. Il ne peut pas militairement empêcher l’Ukraine de frapper. Il ne peut pas économiquement absorber ces pertes indéfiniment. Il ne peut pas politiquement ignorer le mécontentement populaire qui monte. Les files d’attente aux stations-service. Les prix qui explosent. Les importations de diesel depuis le Kazakhstan pour compenser les déficits. C’est humiliant. C’est insoutenable. Et Poutine le sait. C’est pourquoi il menace. C’est pourquoi il brandit le Bourevestnik. C’est pourquoi il parle de réponse « écrasante ». Parce qu’il n’a rien d’autre. Juste des mots. Pendant que ses raffineries brûlent.
Conclusion
L’Ukraine a lancé son avertissement. Clair. Direct. Sans équivoque. Vos raffineries brûleront. Vos dépôts exploseront. Vos revenus s’effondreront. Jusqu’à ce que vous arrêtiez cette guerre. Ce n’est pas une menace vide. C’est une promesse soutenue par 58 frappes depuis août. Par 21 raffineries endommagées. Par 26% de baisse des exportations. Par 1,4 million de barils perdus quotidiennement. Et maintenant, avec les Storm Shadow et les SCALP autorisés à frapper sans restriction, l’Ukraine possède les moyens de tenir cette promesse encore plus efficacement. Ryazan a brûlé. Novokuibyshevsk a brûlé. Orenburg a brûlé. Et d’autres brûleront. Parce que l’Ukraine a compris quelque chose que Poutine refuse d’admettre. On ne gagne pas une guerre moderne juste avec des soldats et des chars. On la gagne en détruisant l’économie de l’ennemi. En coupant ses revenus. En créant des pénuries. En forçant le peuple à se retourner contre ses dirigeants. L’Ukraine applique cette stratégie méthodiquement. Et ça fonctionne. Les chiffres le prouvent. L’économie russe vacille. Les exportations s’effondrent. Les pénuries apparaissent. Et Poutine ne peut rien y faire. Juste menacer. Juste mentir. Juste prétendre que tout va bien pendant que ses raffineries brûlent. L’avertissement de Kiev résonne maintenant dans chaque salle de contrôle de raffinerie russe. Dans chaque bureau d’oligarque. Dans chaque bunker du Kremlin. Arrêtez la guerre ou nous continuerons. Et nous ne nous arrêterons pas. Jamais.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des campagnes de frappes stratégiques et des guerres économiques qui redéfinissent les conflits modernes. Mon travail consiste à décortiquer les stratégies de destruction d’infrastructures, à comprendre l’impact économique cumulatif des frappes répétées, à anticiper les conséquences politiques des pénuries énergétiques sur la stabilité des régimes. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse stratégique rigoureuse, à la compréhension profonde de la manière dont les guerres se gagnent aujourd’hui par l’étranglement économique.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky concernant l’efficacité des frappes sur les raffineries russes, les rapports de Reuters Graphics du 16 octobre 2025 analysant l’impact sur 21% de la capacité de raffinage russe, les données du Centre for Research on Energy and Clean Air sur les exportations russes de septembre 2025, les rapports de Reuters confirmant l’endommagement de la raffinerie de Ryazan le 23 octobre 2025, les analyses du Wall Street Journal concernant l’autorisation américaine du 22 octobre 2025 pour l’utilisation de missiles Storm Shadow et SCALP-EG, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, BBC, Bloomberg, Le Monde, ainsi que les analyses d’institutions spécialisées comme le Centre for Research on Energy and Clean Air et l’Atlantic Council. Les statistiques concernant les 58 attaques depuis août, la baisse de 26% des exportations russes, et la perte de 1,4 million de barils quotidiens de capacité de raffinage proviennent de ces sources vérifiables.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur l’évaluation de l’impact stratégique de la campagne ukrainienne contre l’industrie pétrolière russe, l’analyse des conséquences économiques cumulatives des frappes répétées, et les commentaires d’experts en guerre économique et stratégie énergétique cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter cette campagne de frappes, de contextualiser son impact sur l’économie de guerre russe, et de donner un sens à la stratégie ukrainienne d’étranglement économique. Toute évolution ultérieure de la situation — nouvelles frappes majeures, modifications des autorisations américaines, effondrement d’infrastructures critiques russes — pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures concernant l’ampleur de la campagne ou ses conséquences économiques sont publiées par des sources gouvernementales ou des organisations de recherche vérifiables.