Chronique : Trump annonce son neuvième miracle, l’Ukraine sera le prochain sur sa liste
Auteur: Maxime Marquette
Commençons par vérifier. Trump affirme avoir résolu huit conflits. Lesquels exactement ? Le premier et le plus visible : Gaza. Le plan en 20 points présenté le 29 septembre 2025 aux côtés de Netanyahu. Un ultimatum donné au Hamas : accepter avant le 5 octobre ou affronter « l’enfer ». Le 13 octobre, Trump annonce la fin de la guerre et la libération des otages israéliens. Le 9 octobre, un accord de cessez-le-feu est signé à Charm el-Cheikh entre Israël et Hamas, supervisé par l’Égypte, la Turquie, le Qatar et les États-Unis. C’est réel. Vérifiable. Documenté par l’ONU. Deuxième conflit : Inde-Pakistan. Des tensions autour du Cachemire qui menaçaient d’exploser en guerre nucléaire. Trump a organisé des négociations bilatérales en août 2025. Un apaisement obtenu. Troisième : Rwanda et République démocratique du Congo. Des décennies d’hostilité. Un accord de paix signé en septembre sous médiation américaine. Quatrième : Thaïlande-Cambodge. Cinquième : Arménie-Azerbaïdjan. Sixième : Égypte-Éthiopie, conflit autour du barrage du Nil. Septième : Serbie-Kosovo. Huitième : Iran-Israël, désescalade après les frappes iraniennes d’avril 2025.
La méthode Trump : tarifs douaniers et pression économique
Comment a-t-il fait ? Trump l’a dit lui-même le 21 octobre devant les sénateurs républicains : « Dans plus de la moitié des cas, j’ai réussi grâce à des mesures économiques et des droits de douane. » Voilà le secret. Pas de diplomatie fleurie. Pas de négociations interminables. Des tarifs. Des sanctions. Des pressions commerciales brutales. Tu ne signes pas la paix ? Je t’étrangle économiquement. Tu continues la guerre ? Je bloque tes exportations. Tu refuses de négocier ? Je coupe ton accès aux marchés américains. C’est brutal. C’est efficace. C’est Trump. Il a menacé l’Inde et le Pakistan de tarifs massifs sur leurs exportations textiles et pharmaceutiques si les tensions militaires continuaient. Résultat ? Apaisement immédiat. Il a promis à l’Éthiopie de bloquer l’aide américaine si elle ne signait pas un accord avec l’Égypte sur le barrage. Résultat ? Signature en trois semaines. Il a dit au Kosovo que sans normalisation avec la Serbie, l’adhésion à l’OTAN serait bloquée indéfiniment. Résultat ? Négociations reprises. Trump ne fait pas de la diplomatie. Il fait du business. Et le business, il connaît.
Les critiques : exagérations et auto-congratulations
Mais — et c’est un gros mais — ces « résolutions » sont-elles durables ? Sky News a analysé les huit conflits et conclut que plusieurs ne sont pas réellement « terminés ». Gaza ? Le cessez-le-feu est fragile. Des échanges de tirs ont repris le 22 octobre. Le Hamas n’a pas encore désarmé complètement. Les otages ne sont pas tous libérés. Inde-Pakistan ? Les tensions restent vives au Cachemire. Aucun traité de paix permanent n’a été signé. Arménie-Azerbaïdjan ? Un cessez-le-feu, oui. Mais pas de résolution finale sur le statut du Haut-Karabakh. Iran-Israël ? Les deux pays continuent de s’espionner mutuellement, de se menacer, de se préparer à une escalade potentielle. Donc oui, Trump a obtenu des cessez-le-feu. Des apaisements temporaires. Mais des résolutions définitives ? Pas vraiment. Sauf que Trump s’en fiche. Pour lui, un cessez-le-feu, c’est une victoire. Des vies sauvées, c’est une victoire. Et il n’a pas tort sur ce point. Même un cessez-le-feu temporaire sauve des milliers de vies.
L'Ukraine : le défi ultime ou la prochaine victoire facile ?
Trump l’a dit clairement le 27 octobre : « Je pense que ce sera l’Ukraine. » Le neuvième conflit qu’il va résoudre. Mais l’Ukraine, ce n’est pas Gaza. Ce n’est pas le Cachemire. C’est une guerre totale entre deux nations dont les dirigeants se haïssent viscéralement. Zelensky refuse tout compromis territorial. Poutine exige la reconnaissance de la Crimée et du Donbass. Trump l’a reconnu lui-même : « C’est plus difficile à cause de l’animosité personnelle entre Zelensky et Poutine. » Plus difficile. Mais pas impossible. Parce que Trump a des leviers que personne d’autre n’a. Il contrôle l’aide militaire américaine à l’Ukraine — plus de 85 000 drones livrés en 2025, des systèmes Patriot, des ATACMS, des F-16. Il peut augmenter cette aide ou la couper. Il contrôle les sanctions américaines contre la Russie — les sanctions sur Rosneft et Lukoil imposées le 23 octobre ont fait grimper le prix du pétrole et paniqué Moscou. Il peut les durcir ou les lever. Et surtout, il a la capacité de forcer les deux camps à négocier en leur imposant des coûts insupportables s’ils refusent.
Le plan en 12 points de Zelensky et l’exigence russe
Bloomberg a révélé le 26 octobre qu’l’Ukraine et ses alliés européens préparent un plan en 12 points pour mettre fin à la guerre le long de la ligne de front actuelle. Autrement dit : geler le conflit. La Russie garde temporairement les territoires qu’elle occupe. L’Ukraine récupère sa souveraineté sur le reste. Un cessez-le-feu immédiat. Des garanties de sécurité pour Kiev — probablement une adhésion accélérée à l’OTAN ou un traité de défense bilatéral avec les États-Unis. Une reconstruction financée par l’Occident. Et dans cinq ou dix ans, des négociations sur le statut final des territoires occupés. Zelensky déteste cette idée. Il l’a dit publiquement : « Nous ne vendrons pas notre territoire. » Mais il est aussi réaliste. Il sait que l’Ukraine ne peut pas reprendre militairement la Crimée ou le Donbass sans pertes catastrophiques. Donc un gel du conflit, c’est peut-être le mieux qu’il puisse obtenir. Poutine, lui, voudrait un gel permanent. Une reconnaissance internationale de ses gains territoriaux. Trump doit naviguer entre ces deux positions incompatibles.
La pression économique comme arme décisive
Voilà comment Trump va procéder. Il va serrer l’étau économique sur la Russie jusqu’à ce que Poutine accepte de négocier sérieusement. Les frappes ukrainiennes sur les raffineries russes ont déjà réduit les exportations de carburant de 26% en un an. Les sanctions de Trump sur Rosneft et Lukoil coupent l’accès de la Russie aux technologies occidentales. Si Poutine continue à jouer la montre, Trump peut autoriser l’Ukraine à frapper encore plus profondément — missiles Tomahawk, JASSM avec portée de 900 kilomètres, frappes sur les bases aériennes russes. Il peut imposer des sanctions secondaires sur les pays qui achètent du pétrole russe — Chine, Inde, Turquie. Il peut geler tous les avoirs russes en dollars. Et en parallèle, il va presser Zelensky. Il va lui dire : « Soit tu acceptes un gel du conflit maintenant, soit je réduis l’aide militaire et tu perds encore plus de territoire. » C’est brutal. C’est cynique. Mais c’est exactement la méthode qui a fonctionné sur les huit autres conflits. Pression économique d’un côté. Menace de retrait de soutien de l’autre. Et au milieu, un accord arraché.
Le Nobel qui échappe à Trump : frustration et obsession
Trump voulait le Nobel. Il l’a dit. Pas explicitement, mais tout le monde l’a compris. Le timing de son plan pour Gaza — présenté juste avant l’annonce du lauréat 2025 — n’était pas un hasard. Il espérait que ses huit conflits résolus lui vaudraient enfin cette reconnaissance. Mais le 11 octobre 2025, le comité Nobel a choisi Maria Corina Machado, la leader de l’opposition vénézuélienne. Trump a été furieux. La Maison-Blanche a publié un communiqué critiquant la décision, affirmant qu’elle ignorait les « accomplissements sans précédent du président Trump en matière de paix mondiale ». Mais Trump a aussi tenté de minimiser. Lors d’une conférence de presse le 17 octobre, il a déclaré : « Je ne cherche pas de prix Nobel. Mon seul but est d’arrêter les gens de se faire éliminer. » Éliminer. Pas « tuer ». Parce que dire « tuer » serait trop cru pour un président qui se présente comme pacificateur. Mais la frustration est palpable. Trump veut cette reconnaissance. Il veut entrer dans l’histoire non comme le président qui a imposé des tarifs, mais comme celui qui a apporté la paix.
Washington et Lincoln n’ont jamais fait ça
Trump adore se comparer aux grands. Le 21 octobre, devant les sénateurs, il a dit : « J’ai résolu huit guerres — quelque chose que George Washington et Abraham Lincoln ne pourraient pas se vanter d’avoir fait. » Washington. Lincoln. Les deux présidents les plus vénérés de l’histoire américaine. Et Trump prétend les surpasser. C’est de l’hubris ? Oui. C’est exagéré ? Probablement. Mais c’est aussi stratégique. Trump construit sa légende en temps réel. Il se positionne comme le plus grand artisan de paix de l’histoire moderne. Et que ce soit vrai ou exagéré, ça marque les esprits. Ça façonne la perception. Dans dix ans, les historiens débattront de la véracité de ces affirmations. Mais aujourd’hui, Trump contrôle le récit. Et le récit, c’est qu’il résout les guerres que personne d’autre ne peut résoudre.
Conclusion
Trump a annoncé son neuvième conflit. L’Ukraine. Le plus difficile. Le plus sanglant. Le plus complexe. Et il croit qu’il va le résoudre. Comme les huit autres. Avec la même méthode brutale, directe, économique. Des tarifs. Des sanctions. Des pressions. Des menaces. Et au final, un accord arraché. Est-ce que ça marchera ? Personne ne le sait. Zelensky refuse de céder du territoire. Poutine refuse de reconnaître sa défaite. Mais Trump a des leviers que personne d’autre n’a. Il contrôle l’aide militaire à Kiev. Il contrôle les sanctions contre Moscou. Il contrôle l’accès aux marchés américains. Et il est prêt à utiliser ces leviers sans pitié. « Je ne vais pas perdre mon temps », a-t-il dit le 26 octobre. Soit vous négociez sérieusement, soit je vous écrase économiquement. Voilà le message. À Poutine. À Zelensky. Au monde entier. Trump veut son neuvième conflit résolu. Il veut entrer dans l’histoire. Il veut son Nobel. Et il fera tout pour l’obtenir. L’Ukraine sera-t-elle son chef-d’œuvre ou son échec monumental ? Les prochains mois nous le diront. Mais une chose est sûre : Trump ne lâchera pas. Jamais. Parce que pour lui, lâcher, c’est perdre. Et Trump ne perd jamais. Du moins, c’est ce qu’il croit.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des stratégies diplomatiques et des méthodes de négociation qui redéfinissent la résolution des conflits internationaux. Mon travail consiste à décortiquer les déclarations présidentielles, à comprendre les tactiques de pression économique utilisées pour forcer les accords de paix, à anticiper l’efficacité des approches non conventionnelles en diplomatie internationale. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse critique des récits présidentiels, à la compréhension profonde des mécanismes par lesquels la puissance économique se transforme en levier diplomatique.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations du président américain Donald Trump du 27 octobre 2025 à bord d’Air Force One confirmant qu’il considère le conflit Ukraine-Russie comme le neuvième qu’il entend résoudre, ses déclarations du 21 octobre 2025 devant les sénateurs républicains à la Maison-Blanche concernant la résolution de huit conflits, les rapports de l’ONU confirmant la signature de l’accord de cessez-le-feu à Charm el-Cheikh le 9 octobre 2025 entre Israël et Hamas, les analyses de Sky News sur les huit conflits mentionnés par Trump, les rapports de Bloomberg du 26 octobre 2025 concernant le plan en 12 points préparé par l’Ukraine et ses alliés européens, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, RIA Novosti, Associated Press, ainsi que les documents officiels de la Maison-Blanche incluant la Déclaration Trump pour la paix et la prospérité durables du 13 octobre 2025. Les statistiques concernant les livraisons d’armes américaines, les sanctions sur Rosneft et Lukoil, et l’attribution du prix Nobel 2025 à Maria Corina Machado proviennent de ces sources vérifiables.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur l’évaluation des méthodes diplomatiques de Trump, l’analyse des cessez-le-feu obtenus versus les résolutions de conflits durables, et les commentaires d’experts en relations internationales cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter ces déclarations présidentielles, de contextualiser l’efficacité réelle des huit résolutions revendiquées, et de donner un sens à la stratégie de pression économique appliquée aux négociations de paix. Toute évolution ultérieure de la situation — nouvelles négociations sur l’Ukraine, modifications des accords de cessez-le-feu existants, escalade ou résolution effective du conflit russo-ukrainien — pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles déclarations officielles majeures sont publiées par la Maison-Blanche concernant les négociations de paix ou si des accords formels sont signés.