Chronique : En réponse à Poutine, Trump relance les essais nucléaires après 33 ans d’arrêt
Auteur: Maxime Marquette
Les super-armes de Poutine qui ont déclenché la riposte
Pour comprendre pourquoi Trump a pris cette décision explosive, il faut remonter quelques jours en arrière — au 26 octobre 2025 précisément, lorsque le chef d’état-major russe Valery Gerasimov a annoncé que la Russie avait testé avec succès le missile de croisière Burevestnik à propulsion nucléaire selon NBC News et Kyiv Independent. Ce missile, que l’OTAN appelle SSC-X-9 Skyfall, représente l’une des «super-armes» dévoilées par Poutine en mars 2018 — un engin théoriquement capable de voler pendant des heures grâce à son réacteur nucléaire embarqué, parcourant des distances quasi-illimitées en contournant les défenses antimissiles. Gerasimov a affirmé que lors du test du 22 octobre, le Burevestnik avait volé pendant 15 heures et parcouru 8700 miles — un record, mais pas encore la portée maximale théorique du missile selon ses déclarations rapportées par NBC News et d’autres médias. Puis le 28 octobre, Poutine a annoncé le test réussi du Poseidon, ce drone sous-marin nucléaire dont nous avons déjà parlé — capable théoriquement de traverser des océans entiers et de créer des tsunamis radioactifs sur les côtes ennemies.
Trump a immédiatement réagi avec irritation à ces annonces russes. Le 27 octobre, il a qualifié les tests de Poutine d’«inappropriés» selon NBC News et National Post, déclarant que le président russe «devrait mettre fin à la guerre» en Ukraine au lieu de tester des armes nucléaires. «Nous avons un sous-marin nucléaire, le meilleur au monde, directement au large de leurs côtes», a lancé Trump aux journalistes à bord d’Air Force One selon NBC News. «Nous testons des missiles tout le temps». Cette réponse révèle la dynamique psychologique en jeu — Trump, qui déteste être éclipsé ou perçu comme faible, ne pouvait tolérer que Poutine parade avec ses nouvelles armes sans riposter d’une manière ou d’une autre. Mais au lieu de minimiser les tests russes ou de souligner la supériorité technologique existante des États-Unis, Trump a choisi l’escalade — ordonnant la reprise des essais nucléaires américains pour démontrer que Washington peut faire tout ce que Moscou fait, et mieux. Cette logique d’escalade compétitive rappelle dangereusement les pires heures de la Guerre froide, lorsque chaque test soviétique déclenchait un test américain en réponse, alimentant une course aux armements qui a failli détruire le monde.
Un timing calculé avant le sommet avec Xi Jinping
L’annonce de Trump n’était pas seulement une réponse à Poutine — elle était aussi un message à Xi Jinping. Trump a publié son message sur Truth Social exactement une heure avant sa rencontre avec le président chinois à Busan en Corée du Sud selon Time Magazine et CNN. Ce timing n’a rien d’accidentel. Dans son message, Trump a explicitement mentionné la Chine: «La Russie est deuxième, et la Chine est une troisième distante, mais sera à égalité d’ici 5 ans». Cette affirmation reflète les évaluations du Pentagone et du Stockholm International Peace Research Institute rapportées par Al Jazeera et Reuters, qui estiment que la Chine a augmenté son arsenal nucléaire à environ 600 ogives en 2025, ajoutant environ 100 ogives par an depuis 2023, et pourrait dépasser 1000 ogives opérationnelles d’ici 2030. Pour Trump, cette expansion nucléaire chinoise représente une menace stratégique directe qui nécessite une démonstration de force américaine.
En annonçant la reprise des essais nucléaires juste avant de s’asseoir en face de Xi, Trump cherchait clairement à négocier depuis une position de force perçue — montrant au dirigeant chinois que les États-Unis ne toléreront pas d’être dépassés nucléairement et sont prêts à reprendre la course aux armements si nécessaire. Cette tactique de négociation par l’intimidation nucléaire est extraordinairement risquée selon les experts cités par The Atlantic et Arms Control Association. Au lieu d’amener la Chine à la table des négociations sur le contrôle des armements — un objectif que Trump a affirmé vouloir atteindre au début de 2025 selon ABC News — cette menace de tests pourrait au contraire pousser Pékin à accélérer encore davantage son propre programme nucléaire, craignant de rester en position d’infériorité face aux États-Unis. La Chine pourrait également répondre en reprenant ses propres tests nucléaires — elle n’en a pas effectué depuis 1996 selon Reuters et Al Jazeera — déclenchant ainsi exactement la spirale d’escalade que le moratoire était censé prévenir.
Le moratoire de 1992: 33 ans de retenue brisés
Une politique qui a traversé six présidents
Pour mesurer l’ampleur du revirement de Trump, il faut comprendre l’histoire de ce moratoire. En septembre 1992, le président George H.W. Bush a imposé un arrêt volontaire de tous les essais nucléaires explosifs américains selon le Congressional Research Service cité par NBC News, ABC News et USA Today. Cette décision marquait la fin d’une ère — entre 1945 et 1992, les États-Unis avaient effectué 1032 tests nucléaires selon les données des Nations Unies rapportées par Reuters, dont 928 au Nevada Test Site situé à 65 miles au nord-ouest de Las Vegas selon KTNV. Ces tests incluaient 100 détonations atmosphériques entre 1951 et 1963 — des explosions qui ont exposé des dizaines de milliers de personnes, surnommées les «downwinders», à des retombées radioactives mortelles causant des cancers pendant des décennies selon l’Université de l’Utah Huntsman Cancer Institute cité par divers médias.
Le moratoire de Bush a tenu bon pendant 33 ans, traversant six administrations présidentielles — Bush père, Clinton, Bush fils, Obama, Trump première fois, Biden, puis Trump deuxième fois. Même durant la première présidence de Trump entre 2017 et 2021, malgré des discussions internes en 2020 sur une éventuelle reprise des tests selon Reuters et The Independent, l’administration avait finalement réaffirmé le moratoire selon le Congressional Research Service. L’administration Biden avait également maintenu cette politique. Ce consensus bipartisan reflétait la conviction que les États-Unis pouvaient maintenir la fiabilité de leur arsenal nucléaire sans détonations explosives — grâce au Science-Based Stockpile Stewardship Program qui utilise des simulations informatiques sophistiquées, des tests de composants non-nucléaires, et d’autres techniques pour certifier les ogives existantes. Mais Trump vient de fracasser ce consensus d’un coup de Truth Social, ramenant les États-Unis à une posture nucléaire qui n’avait plus cours depuis l’ère de la Guerre froide.
Le Comprehensive Nuclear Test Ban Treaty non ratifié
Le moratoire américain s’inscrivait dans un cadre international plus large — le Comprehensive Nuclear Test Ban Treaty adopté en 1996 selon Reuters et ABC News. Ce traité, signé par 187 pays incluant les États-Unis, la Russie et la Chine, interdit toutes les explosions nucléaires partout dans le monde. Cependant, le traité n’est jamais entré en vigueur car huit pays dotés de capacités nucléaires — dont les États-Unis, la Chine, l’Iran, l’Égypte et Israël — ne l’ont pas ratifié selon Reuters. Les États-Unis ont signé le traité sous le président Bill Clinton en 1996, mais le Sénat américain a refusé de le ratifier en 1999 selon ABC News et d’autres sources. Cette non-ratification signifie que techniquement, les États-Unis ne violent aucune obligation légale internationale contraignante en reprenant les tests — mais ils brisent un engagement politique fort qui a contribué à stabiliser les relations nucléaires mondiales pendant des décennies.
La Russie avait ratifié le CTBT en 2000, mais Poutine a révoqué cette ratification en 2023 selon Reuters et USA Today, alignant la position russe sur celle des États-Unis. Moscou a explicitement déclaré en 2023 qu’elle ne reprendrait les tests de ses armes nucléaires que si Washington le faisait en premier selon ABC News. Eh bien, Trump vient potentiellement de donner à Poutine exactement la justification qu’il attendait pour reprendre les tests russes — créant une dynamique d’action-réaction qui pourrait rapidement spiraler hors de contrôle. La Chine, qui n’a pas testé d’arme nucléaire depuis 1996 selon Reuters et Al Jazeera, se retrouve maintenant face à un dilemme stratégique: maintenir sa propre retenue pendant que les États-Unis et potentiellement la Russie reprennent les tests, ou rejoindre la course pour ne pas être laissée derrière? Chaque choix comporte des risques immenses pour la stabilité nucléaire mondiale.
Les réactions: de l'indignation à la confusion
Les élus du Nevada montent au créneau
La réaction politique à l’annonce de Trump a été immédiate et furieuse — particulièrement au Nevada, l’État qui héberge le site de tests nucléaires et dont la population a déjà payé un prix sanitaire terrible lors des tests précédents. La sénatrice démocrate du Nevada Jacky Rosen a tweeté selon KTNV: «Cela contredit directement les engagements que j’ai obtenus des nominés de Trump — et l’opinion des responsables de l’administration qui certifient notre arsenal nucléaire — qui m’ont dit que les tests nucléaires explosifs n’auraient pas lieu et ne sont pas nécessaires. Je me battrai pour arrêter ça». La représentante démocrate Dina Titus a été encore plus directe selon KTNV: «Absolument pas. Je vais introduire une législation pour mettre fin à ça». Ces réactions reflètent la mémoire encore vive au Nevada des conséquences sanitaires désastreuses des tests nucléaires atmosphériques des années 1950 et 1960.
Mais au-delà du Nevada, la confusion règne sur ce que Trump entend réellement faire. Daryl Kimball, directeur exécutif de l’Arms Control Association basée à Washington, a rapidement critiqué l’annonce présidentielle selon ABC News, affirmant que Trump est «mal informé et déconnecté». Kimball a souligné dans des posts sur les réseaux sociaux que les États-Unis n’ont aucune raison de reprendre les tests nucléaires explosifs et qu’il faudrait au moins 36 mois pour être prêt à reprendre les tests au site du Nevada selon ses estimations rapportées par ABC News. «En annonçant stupidement son intention de reprendre les tests nucléaires, Trump déclenchera une forte opposition publique au Nevada, de tous les alliés américains, et pourrait déclencher une réaction en chaîne de tests nucléaires par les adversaires des États-Unis, et faire exploser le Traité de non-prolifération nucléaire», a averti Kimball selon ABC News. Cette prédiction sombre reflète le consensus parmi les experts en contrôle des armements — la reprise des tests américains ne renforcera pas la sécurité nationale, elle l’affaiblira en déclenchant une nouvelle course aux armements.
L’ambiguïté persistante sur la nature des tests
Un aspect particulièrement troublant de l’annonce de Trump est l’ambiguïté persistante sur ce qu’il entend exactement par «tests nucléaires». Lorsque les journalistes l’ont interrogé à bord d’Air Force One après sa rencontre avec Xi selon ABC News, Euronews et Interfax, Trump a semblé mélanger délibérément les tests de systèmes de livraison avec les tests de détonation nucléaire. «Nous avons plus d’armes nucléaires que quiconque. Nous ne faisons pas de tests», a dit Trump selon Interfax. «Mais avec d’autres faisant des tests, je pense qu’il est approprié que nous le fassions aussi». Quand on lui a demandé où les tests auraient lieu, il a répondu vaguement selon ABC News: «Ce sera annoncé. Nous avons des sites de tests». Cette réponse suggère qu’il envisage effectivement d’utiliser le Nevada National Security Site — l’ancien Nevada Test Site — mais sans préciser s’il s’agirait de tests explosifs ou non.
Cette confusion terminologique n’est pas anodine — elle révèle soit une incompréhension fondamentale de Trump sur les enjeux nucléaires, soit une stratégie délibérée d’ambiguïté pour maximiser l’effet d’intimidation sans s’engager à des actions concrètes coûteuses. Selon The Atlantic, Trump semble piégé dans une mentalité de Guerre froide, essayant d’affirmer sa force en relançant les tests, particulièrement parce qu’il semble offensé quand la Russie s’engage dans des postures nucléaires occasionnelles. Mais cette posture fait paraître Trump faible et capricieux plutôt que fort et confiant selon The Atlantic. Aucun président américain ne devrait permettre au Kremlin de le manipuler — surtout pas sur des questions concernant les armes nucléaires. Pourtant c’est exactement ce qui semble se passer — Poutine annonce des tests de ses nouveaux systèmes, et Trump réagit instinctivement en promettant de faire la même chose, comme un enfant dans une cour de récréation plutôt qu’un chef d’État responsable de l’arsenal nucléaire le plus puissant du monde.
Les défis techniques: 36 mois de préparation nécessaires
Le Nevada Test Site en dormance depuis trois décennies
Si Trump est sérieux au sujet de la reprise des tests nucléaires explosifs — et non simplement des tests de missiles — il fait face à des défis techniques et logistiques énormes. Le Nevada National Security Site, situé à 65 miles au nord-ouest de Las Vegas selon KTNV et BBC News, demeure opérationnel et appartient toujours au gouvernement fédéral. «Si jugé nécessaire, le site pourrait être utilisé» pour reprendre les tests selon BBC News. Cependant, comme l’a souligné Daryl Kimball de l’Arms Control Association, il faudrait au moins 36 mois — trois ans — pour que le site soit prêt à conduire un test nucléaire explosif selon ABC News. Pourquoi un tel délai? Parce que l’infrastructure nécessaire aux tests souterrains — puits de forage profonds, systèmes de diagnostic, équipements de sismographie, installations de sécurité — n’a pas été maintenue au niveau opérationnel complet depuis 1992.
Une série de diapositives préparées pour une présentation aux Laboratoires nationaux de Los Alamos en 2018 selon CityNews Halifax a détaillé les défis, notant que dans les années 1960, la ville de Mercury au Nevada — située sur le terrain d’essais — avait été la deuxième plus grande ville du Nevada. Cette infrastructure massive s’est atrophiée pendant trois décennies de moratoire. Réactiver le site nécessiterait non seulement des investissements financiers considérables, mais également du recrutement et de la formation de personnel qualifié, la reconstruction d’équipements spécialisés, et l’obtention de multiples autorisations réglementaires. De plus, toute reprise des tests déclencherait probablement des batailles juridiques massives avec les groupes environnementaux et de santé publique, des manifestations locales au Nevada, et potentiellement des actions du Congrès pour bloquer le financement. L’affirmation de Trump que «ce processus commencera immédiatement» semble donc soit terriblement mal informée sur la réalité technique, soit délibérément exagérée à des fins de communication politique.
Quelle serait l’objectif scientifique?
Au-delà des défis techniques, se pose la question fondamentale: pourquoi reprendre les tests nucléaires explosifs maintenant? Quel objectif scientifique ou militaire justifierait le coût politique et diplomatique énorme? Selon les experts cités par le Bulletin of Atomic Scientists et CityNews Halifax, tout objectif scientifique serait probablement éclipsé par le contrecoup politique d’un test — et pourrait servir de signal de départ pour d’autres grandes puissances nucléaires pour commencer leurs propres tests généralisés. «Relancer le programme américain de tests nucléaires pourrait être l’une des actions politiques les plus lourdes de conséquences que l’administration Trump entreprend — un test américain pourrait déclencher une chaîne d’événements incontrôlée, avec d’autres pays répondant possiblement par leurs propres tests nucléaires, déstabilisant la sécurité mondiale et accélérant une nouvelle course aux armements», ont averti des experts dans un article de février cité par CityNews Halifax.
Les États-Unis maintiennent déjà la fiabilité de leur arsenal nucléaire grâce au Science-Based Stockpile Stewardship Program qui coûte des milliards de dollars par an et utilise des simulations informatiques ultra-sophistiquées, des expériences avec des lasers puissants, et des tests de composants individuels sans détonation nucléaire complète. Ce programme a été certifié comme efficace par les responsables de l’administration qui supervisent l’arsenal nucléaire, comme l’a souligné la sénatrice Rosen selon KTNV. En avril 2025, Brandon Williams, le responsable nommé par Trump à la tête de la National Nuclear Security Administration, avait informé les législateurs qu’il recommanderait de ne pas reprendre les tests d’armes nucléaires selon USA Today. Cette recommandation contredit directement l’annonce de Trump d’octobre — suggérant soit que Trump a ignoré les conseils de ses propres experts, soit qu’il poursuit un objectif politique plutôt que scientifique en annonçant la reprise des tests.
Les implications géopolitiques: vers une nouvelle course aux armements
La réaction en chaîne redoutée
Ce que craignent le plus les experts en non-prolifération, c’est précisément ce que Trump semble avoir déclenché — une réaction en chaîne de tests nucléaires par les grandes puissances. Si les États-Unis reprennent effectivement les tests explosifs, la Russie se sentira totalement libre de faire de même — Moscou a explicitement dit en 2023 qu’elle ne reprendrait les tests que si Washington le faisait en premier selon ABC News et Reuters. Poutine pourrait même présenter cela comme une victoire — «Voyez, nous avions raison de révoquer notre ratification du CTBT, les Américains eux-mêmes ont prouvé que le traité est mort». La Chine se retrouverait alors face à une pression interne énorme pour reprendre ses propres tests afin de ne pas paraître en position d’infériorité face aux deux autres grandes puissances nucléaires. Pékin pourrait justifier cette décision en arguant qu’elle doit vérifier la fiabilité de son arsenal en expansion rapide — un argument techniquement défendable même s’il est stratégiquement dangereux.
Mais la réaction en chaîne ne s’arrêterait probablement pas aux trois grandes puissances nucléaires. Le Pakistan et l’Inde, qui ont tous deux testé des armes nucléaires en 1998 et se sont ensuite abstenus, pourraient voir la reprise des tests américains comme une fenêtre d’opportunité pour valider leurs propres nouveaux designs sans subir le contrecoup diplomatique habituel. La Corée du Nord, qui a testé six fois entre 2006 et 2017 selon Reuters, pourrait utiliser les tests américains comme justification pour reprendre son propre programme d’essais — Kim Jong-un pourrait argumenter qu’il ne fait que suivre l’exemple américain. Même des pays comme Israël — qui possède vraisemblablement des armes nucléaires mais n’a jamais effectué de test reconnu — pourraient reconsidérer leur posture face à un environnement international où les tests redeviennent normalisés. Cette cascade d’essais ferait exploser le régime de non-prolifération nucléaire patiemment construit depuis des décennies, ramenant le monde à l’atmosphère dangereuse de la Guerre froide où chaque test déclenchait un test en réponse.
L’érosion du leadership américain
Au-delà de la course aux armements, la reprise des tests par Trump éroderait fondamentalement le leadership moral américain sur les questions de non-prolifération nucléaire. Pendant des décennies, Washington a sermonné d’autres pays sur la nécessité de la retenue nucléaire — pressant la Corée du Nord d’abandonner son programme, exhortant l’Iran à ne pas développer d’armes nucléaires, encourageant l’Ukraine à renoncer à l’arsenal hérité de l’Union soviétique en 1994. Cette position morale reposait en partie sur la propre retenue américaine — les États-Unis pouvaient légitimement dire «Nous possédons le plus grand arsenal nucléaire du monde, et pourtant nous n’avons pas testé depuis 1992». Si Trump brise ce moratoire, cette position morale s’évapore instantanément. Comment Washington pourrait-il crédiblement exiger que Pyongyang cesse ses tests si les États-Unis eux-mêmes testent activement? Comment convaincre Téhéran de ne pas franchir le seuil nucléaire si les grandes puissances démontrent que les armes nucléaires restent l’ultime monnaie de pouvoir qui justifie des tests continus?
Les alliés américains observent cette évolution avec une alarme croissante selon les experts cités par The Independent et autres sources. Les pays européens, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie — tous dépendent du parapluie nucléaire américain pour leur sécurité et ont soutenu le moratoire américain comme pilier de la stabilité stratégique. La reprise des tests par Trump sans consultation préalable avec ces alliés — annoncée unilatéralement via Truth Social — démontre un mépris pour leurs préoccupations qui pourrait pousser certains vers une posture nucléaire plus indépendante. La Corée du Sud notamment, qui fait déjà face aux provocations nucléaires nord-coréennes, pourrait reconsidérer son propre statut non-nucléaire si elle perçoit que l’ordre nucléaire international s’effondre. Trump a d’ailleurs annoncé le 30 octobre qu’il avait autorisé la Corée du Sud à développer son propre sous-marin à propulsion nucléaire selon Al Jazeera — un signal supplémentaire que les garde-fous de la non-prolifération s’affaiblissent dangereusement sous sa présidence.
Conclusion
Voilà où nous en sommes ce 30 octobre 2025 — à l’aube potentielle d’une nouvelle ère de tests nucléaires qui ramènerait le monde aux jours les plus sombres de la Guerre froide. Trump a brisé d’un tweet un moratoire de 33 ans, fracassé un consensus bipartisan qui avait tenu bon sous six présidents, et potentiellement déclenché une réaction en chaîne qui pourrait voir la Russie, la Chine, et d’autres puissances nucléaires reprendre leurs propres programmes d’essais. L’ambiguïté persistante sur ce que Trump entend exactement faire — tests de missiles ou détonations nucléaires — ne rassure personne. Si c’est juste de la posture politique, c’est une posture extraordinairement dangereuse qui pourrait facilement échapper à son contrôle. Si c’est sérieux, alors nous faisons face à des mois, voire des années de préparation pour des tests au Nevada qui déclencheront une opposition massive, des batailles juridiques, et une dégradation catastrophique de la position morale américaine sur la scène mondiale.
Je vous le dis avec toute la gravité que mérite cette situation — Trump a commis une erreur monumentale. Pas une erreur tactique mineure qu’on peut corriger rapidement. Une erreur stratégique majeure qui pourrait redéfinir l’équilibre nucléaire mondial pour les décennies à venir. En réagissant de manière réflexe aux provocations de Poutine, en cherchant à intimider Xi avant leur sommet, Trump a sacrifié la stabilité stratégique à long terme pour des gains politiques à court terme. Les experts ont raison — cette décision pourrait faire exploser le Traité de non-prolifération nucléaire, déclencher une nouvelle course aux armements, et ramener l’humanité au bord du précipice nucléaire dont nous nous étions péniblement éloignés depuis la fin de la Guerre froide. Poutine doit jubiler en voyant cette réaction — il a réussi à manipuler Trump exactement comme il l’espérait, transformant le président américain en son miroir réactif plutôt qu’en leader stratégique indépendant. La question maintenant n’est plus si Trump comprend les implications de ce qu’il a annoncé — mais si quelqu’un autour de lui aura le courage et l’influence pour le convaincre de faire marche arrière avant qu’il ne soit trop tard. Chaque jour qui passe sans rétractation rapproche le monde du moment où le premier champignon atomique s’élèvera à nouveau au-dessus du désert du Nevada, signalant au monde entier que l’ère de la retenue nucléaire est terminée et que la folie de la course aux armements a repris.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des dynamiques géopolitiques et nucléaires qui façonnent notre monde. Mon travail consiste à décortiquer les stratégies de dissuasion, à comprendre les mouvements d’armement globaux, à anticiper les virages que prennent nos dirigeants. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse sincère, à la compréhension profonde des enjeux qui nous concernent tous.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations du président Donald Trump sur Truth Social le 29 octobre 2025, les communiqués du Pentagone, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, Associated Press, Agence France-Presse, CNN, ABC News, NBC News, ainsi que les médias spécialisés incluant Time Magazine, The New York Times, The Washington Post, BBC News, Al Jazeera, Euronews, Kyiv Independent, National Post, USA Today, The Atlantic, The Independent, Interfax, KTNV et CityNews Halifax. Les données historiques sur les tests nucléaires proviennent du Congressional Research Service, des Nations Unies, du Stockholm International Peace Research Institute et d’autres sources officielles. Les évaluations d’experts sont issues de l’Arms Control Association, du Bulletin of Atomic Scientists, des Laboratoires nationaux de Los Alamos et d’analystes en sécurité nationale cités dans les sources consultées. Toutes les informations sont datées d’octobre 2025 ou antérieures.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur les informations disponibles et les commentaires d’experts en contrôle des armements et en stratégie nucléaire cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter ces faits, de les contextualiser, de leur donner un sens dans le grand récit des tensions nucléaires et des politiques de dissuasion qui façonnent notre époque. Toute évolution ultérieure de la situation pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures sont publiées concernant la reprise des essais nucléaires américains ou ses conséquences géopolitiques.