Chronique : Trump-Xi, Terres rares, Ukraine, tarifs, le grand marchandage du siècle
Auteur: Maxime Marquette
Pourquoi les terres rares comptent plus que vous ne le pensez
Les terres rares. Dix-sept éléments chimiques obscurs. Pour la plupart d’entre nous, ces mots ne signifient absolument rien — mais pour les économies modernes, ils signifient TOUT. La Chine contrôle environ 90% de la production mondiale de terres rares raffinées selon Reuters et CNBC — des matériaux essentiels pour la fabrication des puces électroniques, des aimants pour les moteurs électriques, des composants pour les armes militaires avancées, les panneaux solaires, les éoliennes, les téléphones intelligents, les véhicules électriques. Sans terres rares, l’économie mondiale moderne s’arrête. Complètement. Vous ne pouvez pas fabriquer d’armes, de voitures électriques, de téléphones, de panneaux solaires — rien — sans accès à ces matériaux dominés par Beijing.
En octobre 2025, une escalade sérieuse avait commencé. La Chine, dans un geste de représailles contre les tarifs américains, avait annoncé de nouvelles restrictions à l’export de terres rares, élargissant le nombre d’éléments contrôlés et incluant une grande partie des machines nécessaires pour traiter ces éléments, selon Reuters et CNBC. Trump avait réagi en menace une augmentation de tarifs de 100% supplémentaires sur tous les biens chinois, tarifs censés entrer en vigueur le 1er novembre 2025. Voilà le contexte: une escalade potentielle vers une guerre commerciale totale sur les matériaux les plus essentiels à la technologie moderne. Et puis la réunion de Busan a changé ça. Trump a annoncé que «toutes les terres rares ont été réglées» — la Chine a convenu d’une trêve d’une an maintenant les exportations de terres rares qui auraient autrement été bloquées selon Reuters, Al Jazeera et Politico. Les nouvelles restrictions chinoises d’octobre ne seraient pas imposées.
Mais quel est le coût réel de ce déblocage?
Voilà la question que personne ne pose vraiment — qu’a dû faire Trump pour obtenir ce déblocage? Les détails demeurent vagues selon Politico, ABC News et autres médias spécialisés. Trump a réduit les tarifs liés à la production de fentanyl de 20% à 10% — ce qui ramène le niveau global des tarifs chinois de 57% à 47% selon Reuters, BBC News et Politico. C’est une baisse substantielle, mais loin de l’élimination complète. Trump a également promis que la Chine recommencerait à acheter d’énormes quantités de soybeans américains — un secteur gravement affecté par les retailles chinoises qui avaient réduit les achats chinois de 50%, ne laissant aux agriculteurs que 2,4 milliards de dollars d’exportations entre janvier et juillet 2025 comparé au record de 18 milliards en 2022 selon Politico.
Mais il y a une absence notable dans tout cela — Trump n’a aucunement promis d’assouplir les restrictions sur les exportations de semi-conducteurs de haut niveau vers la Chine. Aucune promesse concernant les restrictions technologiques plus larges. Aucun élargissement de l’accès aux puces Nvidia Blackwell que Washington avait restreintes selon CNBC. Le représentant du Commerce américain Jamon Greer, qui se trouvait à bord d’Air Force One, a clarifié que la Chine ne mettrait pas en œuvre ses nouvelles restrictions de terres rares annoncées — mais n’a rien dit sur le déblocage des restrictions antérieures d’avril 2025. En d’autres mots — Trump a acheté une trêve d’un an sur les terres rares en échange d’une baisse de tarifs et de promesses de soybean imports, mais ne s’est pas engagé à un renversement complet des restrictions commerciales technologiques. C’est du pragmatisme politique pur — chacun prétend avoir gagné quelque chose.
L'accord sur les tarifs: Trump réclame la victoire
De 57% à 47%: une réduction dramatique du chaos commercial
La réduction globale des tarifs sur les produits chinois de 57% à 47% représente une baisse de 10 points — ce qui en dollars représente une baisse massive des droits de douane payés par les entreprises américaines selon Politico et Bloomberg. Pendant des mois, le chaos commercial avait régné. Les entreprises ne savaient pas quels tarifs s’appliqueraient demain. Les chaînes d’approvisionnement mondiale avaient été fragmentées. Les consommateurs américains voyaient les prix augmenter. Et puis, boom — une réduction soudaine des tensions commerciales. Trump a immédiatement déclaré que c’était une victoire monumentale, la qualifiant d’«accord incroyable» et de moment où il avait obtenu ce qu’aucun président précédent n’aurait pu obtenir selon ABC News et NDTV.
Mais voici la réalité politique sous-jacente — les tarifs demeurent extraordinairement élevés par les standards historiques. 47% de tarifs moyens sont cinq fois plus élevés que ce qu’ils étaient sous n’importe quel président avant Trump selon les archives commerciales. Pendant des décennies, les tarifs américains se situaient autour de 3-5% de moyenne. Même sous les tensions initiales de la Guerre froide, ils n’ont jamais approché ces niveaux. Donc oui, 47% c’est une réduction par rapport à 57% — mais c’est toujours un niveau extraordinaire de protecionisnme commercial selon les analystes cités par BBC News et The Guardian. La vraie question demeure: ces tarifs élevés vont-ils rester en place indéfiniment, ou vont-ils continuer à fluctuer selon les humeurs de Trump et les réactions de Beijing?
Ukraine dans le viseur: une collaboration étrange?
Trump et Xi promettent de « travailler ensemble » sur l’Ukraine
Parmi toutes les surprises de la réunion Busan, l’une des plus remarquables fut l’accent mis sur l’Ukraine. Selon Trump lui-même, rapporté par ABC News, Reuters et RFE/RL, «Ukraine est venu très fortement» dans les discussions. Les deux dirigeants ont passé beaucoup de temps à en discuter selon les déclarations de Trump à bord d’Air Force One. Trump a affirmé que lui et Xi avaient convenu de «travailler ensemble» pour «terminer» la guerre en Ukraine. Les termes exacts de Trump: «Nous sommes d’accord que les parties sont enlisées dans le combat, et parfois tu dois les laisser se battre j’imagine. Mais nous allons travailler ensemble sur l’Ukraine.»
Cette formulation mérite un examen attentif — Trump a essentiellement admis que selon lui, les parties doivent être «laissées se battre» — ce qui suggère que ses objectifs ne sont pas nécessairement d’arrêter immédiatement la guerre mais plutôt d’arriver à un arrangement politique qui satisfait les trois parties selon les analystes cités par RFE/RL. La promesse de Xi qu’il «va nous aider» sur l’Ukraine soulève des questions troublantes sur le rôle potentiel de la Chine dans une résolution négociée. Beijing a été le plus grand acheteur de pétrole russe durant toute la guerre selon RFE/RL et Reuters — un soutien crucial qui a aidé à financer l’agression russe. Si la Chine tourne ses relations avec la Russie pour favoriser une résolution ukrainienne, cela pourrait représenter un véritable tournant géopolitique selon les analystes. Mais il y a aussi la possibilité moins optimiste — que Trump cherche simplement à impliquer la Chine dans les négociations pour affaiblir le soutien russe, tout en poursuivant son agenda transactionnel habituel où la position ukrainienne dans les négociations est entièrement secondaire à ses propres intérêts commerciaux.
Taiwan ne fut pas discuté — ou a-t-il été?
Trump a affirmé que Taiwan — cet enjeu extrêmement sensible entre Washington et Beijing — n’est pas venu sur la table selon ABC News et NDTV. Xi, cependant, n’a fourni aucune déclaration public sur ce sujet. Cette absence est en soi significative. Pour la Chine, Taiwan reste le sujet des sujets — l’enjeu final de la souveraineté territoriale qui pousse tous les calculs stratégiques chinois. Pour les États-Unis, Taiwan représente une ligne rouge — un allié clé dans le Pacifique occidental, un producteur crucial de semi-conducteurs, et un test du sérieux américain envers ses alliés. Le fait que Trump ait affirmé que Taiwan n’ait pas été discuté soulève de sérieuses questions. Soit Trump a délibérément évité le sujet pour ne pas contaminer les négociations sur le commerce et l’Ukraine, soit un accord implicite a été atteint dont nous n’avons pas entendu parler selon les experts cités par BBC News et autres sources.
Les alliés américains dans la région — particulièrement le Japon et la Corée du Sud — observent cette dynamique avec une profonde inquiétude selon les reportages de Reuters et BBC News. Si Trump a fait un accord implicite avec Xi concernant Taiwan, cela pourrait représenter une monumental renversement de la politique américaine qui pourrait déstabiliser toute l’Asie du Pacifique. De nombreux experts ont exprimé des préoccupations avant la réunion concernant le style «transactionnel» de Trump — sa tendance à sacrifier les alliés ou les principes pour conclure des deals rapides. Si Trump a fait un tel calcul avec Taiwan, cela confirmerait les pires craintes de ses critiques sur sa gestion des relations géopolitiques complexes.
Conclusion
Voilà ce qui s’est déroulé à Busan le 30 octobre 2025 — deux des hommes les plus puissants du monde ont convenus d’une trêve temporaire dans leur conflit commercial, ont promis de collaborer sur l’Ukraine (d’une manière vague et troublante), ont convenu que Trump visiterait la Chine en avril, et ont prétendu tous deux avoir remporté une victoire majeure. Les tarifs restent extraordinairement élevés. Les tensions commerciales persistent. L’Ukraine demeure en chaos. Et nous ne savons vraiment pas ce qui a été vraiment concédé dans cette salle de réunion à Gimhae — particulièrement concernant Taiwan, concernant l’Ukraine, concernant l’architecture géopolitique plus large.
Je vais vous dire ceci avec honnêteté brute — ce qui s’est passé à Busan n’était pas vraiment un accord. C’était une trêve temporaire. Trump a obtenu quelque chose à proclamer comme une victoire. Xi a obtenu une pause dans la crise commerciale qui affectait l’économie chinoise. Les terres rares ont été débloquées. Les soybeans vont recommencer à couler. Et nous avons acheté du temps. Temps pour quoi? Temps pour que d’autres crises se développent. Temps pour que Trump se réveille demain matin et annonce une nouvelle augmentation de tarifs. Temps pour que Xi décide que les conditions sur l’Ukraine ne répondent pas à ses attentes et recommence à resserrer les contrôles. Cette trêve tiendra-t-elle au-delà de quelques semaines? Personne ne le sait. Trump a une histoire de négociations brisées. Xi a une histoire de représailles mesurées mais sans pitié quand il se sent trompé. L’architecture de ce «accord» est si vague, si ouverte à interprétation divergente, que vous pouvez pratiquement garantir qu’avant la fin de 2025, nous serons de retour aux accusations mutuelles et aux spirales de tarifs. Mais pour maintenant, à ce moment, l’administration Trump va crier victoire. Et peut-être c’est suffisant pour calmer les marchés, pour soulager les entreprises, pour donner aux agriculteurs américains un répit. La vraie réalité? Nous avons un mois de paix. Après ça, tout repart probablement zéro.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des dynamiques géopolitiques et commerciales qui façonnent notre monde. Mon travail consiste à décortiquer les stratégies de commerce international, à comprendre les mouvements économiques globaux, à anticiper les virages que prennent nos dirigeants. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse sincère, à la compréhension profonde des enjeux qui nous concernent tous.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations de Donald Trump et Xi Jinping lors de la réunion de Busan le 30 octobre 2025, les communiqués du Ministère chinois des Affaires étrangères, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, Associated Press, Agence France-Presse, Al Jazeera, BBC News, ainsi que les médias spécialisés incluant NDTV, Politico, CNBC, Bloomberg, RFE/RL et The Guardian. Les données concernant les tarifs, les échanges commerciaux, les terres rares et les accords commerciaux proviennent de sources officielles et de publications des gouvernements américain et chinois datées de 2025. Les quotations directes de Trump et Xi proviennent des rapports vérifiés d’agences de presse majeures couvrant la réunion le 30 octobre 2025.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur les informations disponibles et les commentaires d’experts en commerce international et en relations géopolitiques cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter ces faits, de les contextualiser, de leur donner un sens dans le grand récit de la compétition commerciale mondiale et des relations sino-américaines. Toute évolution ultérieure de la situation pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures sont publiées concernant les accords de Busan ou leurs conséquences commerciales et géopolitiques.