Chronique : 11 269 cibles russes détruites en octobre, l’Ukraine cogne, la Russie saigne du ciel
Auteur: Maxime Marquette
Missiles de croisière, balistiques et drones kamikaze : la ventilation
Ventilons cet énorme chiffre selon Interfax, qui a obtenu les données détaillées de l’État-major ukrainien le 31 octobre. La Russie a lancé en octobre des missiles de précision — 6 Kinzhal aérobalistiques, ces super-missiles hypersoniques que Moscou brandissait comme une nouvelle génération d’arme invulnérable. Détruits. Tous. 53 missiles X-101, ces cruisers de longue portée conçus pour frapper à plus de 2 000 kilomètres. Interceptés. 17 Iskander-M, les purs-sangs tactiques de la Russie. Tombés. 30 missiles Iskander-K, les variantes de croisière. Éliminés. 13 Kalibr — les merveilles de la marine russe. Brûlés. 13 missiles air-air X-59/69. Arrêtés. Chaque missile représente des millions de roubles, des années de recherche-développement, l’orgueil de l’ingénierie de Moscou. Et l’Ukraine les envoie ad patres comme des moineaux.
Mais l’horreur vraie réside dans les drones. 2 416 Shahed — ces petites machines kamikaze que la Russie lance en essaims, espérant que quelques-unes franchissent la défense. Détruites, la plupart. 591 drones de reconnaissance — Orlan, ZALA, autres espions du ciel — qui donnaient à Moscou ses yeux. Aveuglés, presque tous. 7 930 drones d’autres types — FPV, Lancets, drones de guerre électronique, appareils spécialisés. Tous tombés dans le filet de feu ukrainien. Selon Espresso Global, qui reçoit les données directement de l’armée de l’air ukrainienne, cette ventilation n’inclut que les cibles officiellement confirmées — les vraies pertes, pas les estimations optimistes de propagande.
Au-delà des missiles : les sorties aériennes, les frapppes en profondeur
Mais ce n’est que la moitié de l’histoire de l’aviation ukrainienne en octobre. Interfax rapporte que l’aviation elle-même — les appareils habités de l’armée de l’air — a complété cet arsenal avec 551 sorties aériennes au cours du mois. 551 fois, les pilotes ukrainiens ont décollé, ont affronté le feu russe, ont frappé ou couvert les positions alliées. Parmi ces sorties, environ 340 pour le combat aérien direct — les MiG-29, les F-16 nouvellement reçus des alliés occidentaux, engageant les appareils russes dans les airs. Plus de 120 sorties pour le support direct des troupes — les avions d’attaque au sol mitraillant les positions russes, les bombardant. Et en arrière-plan, selon ABC News et The Associated Press, les drones de frappe longue portée ukrainiens — les Liutyi artisanaux, les Gorizont improvisés — volaient 1 000 kilomètres dans les terres russes, ciblant les refineries, les dépôts de carburant, les hubs logistiques.
Selon les analyses de Carnegie Endowment et Reuters, à partir de septembre-octobre 2025, l’Ukraine avait frappé systématiquement 16 grandes refineries russes — environ 38 pour cent de la capacité de raffinage russe complète. Les impacts étaient mesurés, constants, cumulatifs. Oui, les Russes reparaient rapidement — la plupart des installations redémarraient dans les semaines suivant un strike — mais chaque attaque les affaiblissait. Zelenskyy lui-même a déclaré au briefing d’octobre que l’Ukraine croyait avoir réduit la disponibilité d’essence russe de 20 pour cent grâce aux frappes. Vingt pour cent. Une économie de guerre sur la corde raide s’effondre avec de tels coups.
La défense en couches : comment l'Ukraine abat 90 pour cent des cibles russes
Patriot, défense anti-aérienne, drones intercepteurs : le système intégré
Comment l’Ukraine parvient-elle à détruire 11 269 cibles en un mois ? La réponse réside dans une architecture défensive multi-couches que très peu d’observateurs avaient prédite au début de la guerre. D’abord — les systèmes Patriot, fournis par les États-Unis. Ces lance-missiles sophistiqués coûtent des centaines de millions chacun, tirent à 30 kilomètres d’altitude, peuvent suivre et intercepter simultanément plusieurs cibles. En octobre, les Patriot ont constitué la colonne vertébrale de la défense, particulièrement contre les Kinzhal et les X-101. Mais les Patriot seuls ne suffisent pas — la Russie en a trop lancé. Ensuite — les systèmes Buk, Tor, Osa — les héritiers soviétiques modernisés, tireurs rapides, flexibles. Troisièmement — la multitude de canons anti-aériens S-60, Shilka, et systèmes improvisés montés sur camions. Quatrièmement — les drones intercepteurs eux-mêmes, comme la unité Phoenix des gardes-frontières ukrainiens.
L’unité Phoenix a établi un record stupéfiant en octobre selon Defense Express : plus de 200 drones ennemis abattus en un seul mois par une unité de pilotes de borderguard — une augmentation de 50 pour cent par rapport à septembre. Ces hommes opèrent dans des conditions de brouillage électronique intense, sans terrain préparé, souvent en petites escouades. Mais ils décollent la nuit dans leurs petits intercepteurs, tracent l’ennemi, et l’envoient au néant. L’Ukraine, selon Kyiv Independent et autres, a également déployé la défense électronique — des camions brouilleurs qui neutralisent les trajets des Shahed, les ramenant au sol avant même qu’ils ne s’approchent de leurs cibles. Enfin, les forces mobiles — groupes d’assaut rapides tirant depuis des positions non-déclarées, puis disparaissant avant que l’artillerie russe ne les repère.
Le Pantsir détruit à 48 pour cent : briser les défenses russes
Pendant que l’Ukraine se renforce, la Russie s’ébrèche. Vasyl Malyuk, chef du Service de sécurité ukrainien (SBU), a annoncé lors d’une conférence de presse le 31 octobre selon United24media une réalité foudroyante : depuis le début de 2025, l’Ukraine a détruit 48 pour cent de tous les systèmes Pantsir russes déployés. Le Pantsir-S1 — connu en OTAN sous le nom SA-22 Greyhound — est le système anti-aérien court-moyen portée le plus efficace que la Russie possède. Il combine des canons de 30 millimètres avec 12 missiles prêts au lancement, peut tracker simultanément plusieurs cibles dans un rayon de 20 kilomètres. C’est le tueur de drones russe par excellence. Et la moitié de la flotte est détruite.
Malyuk a noté que la Russie fabrique environ 30 Pantsir par an — un rythme de production pathétique. L’Ukraine en a déjà détruit davantage. «Nous continuons ce travail et partagerons les résultats plus tard,» a-t-il déclaré cryptiquement. Cela signifie : chaque jour, davantage de Pantsir tombent. Le 29 octobre seul, selon Interfax, l’unité spéciale SBU des «Fantômes» a éliminé un Pantsir-S2 en Crimée — ces systèmes coûtent environ 20 millions de dollars chacun. C’est une économie de guerre soviétique du réel en train de s’effondrer, système après système, arme après arme.
Octobre 30-31 : une nuit de 145 drones lancés, 107 abattus
L’assaut de la nuit : 1 Iskander, 145 Shahed, 90 pour cent détruits
Une seule nuit résume l’essence du conflit aérien actuel. Le 30 octobre à 19h00, la Russie lance un assaut massif. Selon Ukrainska Pravda et l’État-major ukrainien du 31 octobre, 145 drones ont été lancés depuis différentes directions — Kursk, Oryol, Primorsko-Akhtarsk en Russie, Chauda et Hvardiiske en Crimée occupée. Parmi eux, environ 90 Shahed. Un Iskander-M du côté tactique. Cible : infrastructure civile, terroriser la population. Moscou espère crever la défense par le volume, envahir les cieux de tant de cibles que l’Ukraine ne peut pas tous les arrêter.
Mais l’Ukraine répond avec une précision meurtrière. Patriot, fusils anti-aériens, défense électronique, drones intercepteurs — tout converge. Selon RBC Ukraine, Odessa Journal et Kyiv Independent, au matin du 1er novembre, le décompte était implacable : 1 Iskander détruit, 107 drones parmi les 145 lancés abattus ou paralysés. Ratio: 74 pour cent. Cela signifie seulement 38 drones ont franchi la défense — et parmi eux, seulement 36 ont frappé 20 localités différentes. Le reste s’est écrasé, s’est perdu, a manqué ses cibles. La majorité des attaques russes ne cause que des dégâts limités — bâtiments non-résidentiels, débris, pas de cibles critiques. Pendant ce temps, la psychologie de guerre change : chaque soir, les Ukrainiens se demandent s’ils survivront la nuit. Mais chaque matin, ils voient leurs canons qui ont tonné avec succès. La terreur devient routinière. La résistance s’endurcit.
Les raids éphémères : l’Ukraine frappe Moscou, la Russie tire des missiles
Pendant ce temps, en octobre, l’Ukraine elle-même intensifiait ses raids profonds. Selon ABC News et Associated Press du 31 octobre, des drones de frappe ukrainiens établissaient un nouveau record de distance — 1 000 kilomètres — en franchissant les défenses russes pour frapper des obiectifs vitaux. Le commander de l’opération, identifié seulement par son call-sign «Fidel» pour des raisons de sécurité militaire, a déclaré aux reporters : «Les drones évoluent. Au lieu de 500 kilomètres, maintenant 1 000. Trois facteurs : les drones, les hommes, la planification. Nous voulons un meilleur résultat. Pour nous, c’est une mission sacrée.» Ces drones — beaucoup artisanaux, construits dans des ateliers secrets répartis à travers l’Ukraine — avaient un taux de pénétration remarquable. L’Ukraine revendiquait que depuis l’été 2025, elle avait établi des «corridors» — des passages à travers la défense aérienne russe — permettant des frappes presque à volonté sur les raffineries russes.
Le résultat tangible : selon diverses analystes occidentales citées par Reuters et The Moscow Times en octobre 2025, les raids de drones ukrainiens avaient réduit la capacité de raffinage russe d’environ 16-17 pour cent, équivalent à 1,1 million de barils par jour. À des pics, jusqu’à 38 pour cent de la capacité totale était hors ligne. Cela provoquait des pénuries d’essence, des rationnements, des fermetures de stations essence à travers la Russie — créant une pression politique et économique supplémentaire. Une économie en guerre ne peut pas se permettre de tels chocs de supply. Le Kremlin était contraint de répondre — augmentant les prix, rationnant les civils, détournant le combustible des économies civiles vers l’armée.
Les pertes russes de l'aviation civile et militaire
Avions abattus, hélicoptères explosés, la suprématie aérienne ukrainienne
Au-delà des drones et missiles, l’aviation russe elle-même prenait des coups cruels. Selon Interfax et la compilation des sources OSINT spécialisées en octobre 2025, l’Ukraine revendiquait la destruction de plusieurs appareils russes — exactement combien demeure débattu, mais environ 15-20 appareils confirmés par vidéo géolocalisée. Les F-16 ukrainiens nouvellement reçus des États-Unis — seulement quelques dizaines seulement — commençaient à remplacer les MiG-29 vieillissants dans les rôles d’interdiction aérienne. Chaque victoire aérienne d’un F-16 contre un Su-27 ou Su-35 russe était psychologiquement énorme — montrant que l’Occident pouvait rivaliser, voire surpasser, le matériel russe dans les bonnes mains.
Les hélicoptères d’attaque russes — Mi-28, Ka-52 — subissaient aussi des pertes. Chaque Mi-28 perdu représentait une perte de 70-80 millions de roubles et une dégradation des capacités russes de support rapproché. En octobre 2025, bien que les chiffres exacts restaient classifiés partiellement, Ukraine affirmait avoir abattu plusieurs douzaines d’appareils. Les Russes, eux, reconnaissaient un chiffre bien plus bas — la danse habituelle de décomptes contradictoires. Mais une chose était claire : la supérématie aérienne russe des premiers mois de la guerre était devenue parité aérienne fragile, voire légère avance ukrainienne par endroits. C’était une transformation stratégique.
Conclusion
Onze mille deux cent soixante-neuf. Chaque chiffre une victoire, chaque cible un pas vers la défense réussie. Octobre 2025 marquait le moment où l’Ukraine — affamée d’armes, attaquée tous les jours, saignée par la mobilisation — avait inversé le rapport de force aérien. Pas complètement, pas sans coût — des dégâts civils subsistaient, des civils mourraient encore aux mains des 2-3 pour cent des drones qui perçaient. Mais pour la première fois en trois ans et demi, l’Ukraine abattait plus qu’elle ne recevait. Elle blessait la Russie profondément — dans ses raffineries, ses hubs logistiques, son économie de guerre.
Je vais te le dire crument — octobre 2025 fut le mois où Moscou comprit que l’escalade aérienne n’allait pas la sauver. Que lancer 200 drones ne garantissait pas une percée. Que ses super-armes — Kinzhal, Iskander, Kalibr — tombaient comme des feuilles d’automne en face des défenses ukrainiennes. Que ses systèmes Pantsir mouraient à la moitié de la flotte en un an. Que chaque jour, chaque nuit, l’Ukraine devenait plus forte, mieux organisée, plus meurtrière. Onze mille deux cent soixante-neuf cibles détruites. C’est plus qu’un chiffre — c’est une sentence. La Russie peut continuer à lancer des missiles. Mais l’Ukraine, elle, continuera à les transformer en ferraille.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des dynamiques aériennes et défensives qui façonnent la guerre en Ukraine. Mon travail consiste à décortiquer les statistiques militaires, à comprendre les technologies de défense aérienne, à anticiper les virages que prennent les tirs d’artillerie anti-aérienne du ciel. Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité, à l’analyse sincère, à la compréhension profonde des enjeux de la maîtrise du ciel.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les communiqués de l’État-major général des Forces armées d’Ukraine, les rapports de l’armée de l’air ukrainienne, les déclarations de Vasyl Malyuk du Service de sécurité, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, Interfax, Ukrainska Pravda, Kyiv Independent, ABC News, Associated Press, Carnegie Endowment, et les données spécialisées militaires comme Espresso Global, Defense Express, RBC Ukraine, United24media, et Odessa Journal. Les statistiques aériennes et les chiffres de destruction sont issus de publications officielles datées d’octobre-novembre 2025.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur les informations disponibles et les commentaires d’experts militaires cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter ces faits, de les contextualiser, de leur donner un sens dans le grand récit de la transformation de la défense aérienne ukrainienne. Toute évolution ultérieure de la situation pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures concernant les pertes aériennes ou la défense sont publiées en novembre 2025 ou après.