Chronique : Pokrovsk, ville assiégée ? Non, ville résistante, l’Ukraine brise l’étau russe et fait payer le prix fort
Auteur: Kevin Marcoux
L’opération secrète menée par Budanov lui-même
Intelligence militaire d’Ukraine. Détail du secret défense. Lundi fin octobre 2025, un hélicoptère Black Hawk décollait d’une base tenue par l’Ukraine, cap vers les faubourgs nordouest de Pokrovsk. À bord, environ 10-11 commandos de la Défense Intelligence — une unité d’élite formée pour les opérations impossibles, les missions derrière les lignes, le chaos urbain. Leur commander? Kyrylo Budanov, le chef de la DI lui-même, selon Reuters et Suspilne. Un homme qui ne monte normalement pas sur le terrain, mais qui cette fois descend en première ligne pour prendre personnellement les commandes. Cela dit quelque chose. Cela crie que la situation exige du leadership direct, pas des ordres téléphonés.
Le vol était complexe — drones russes partout, couverture fragmentée, fenêtre d’opération comprimée. Les vidéos géolocalisées montrent les soldats qui sautent, qui courent en petit groupe, qui se dispersent dans les ruines. Des gestes économes, professionnels. Des hommes qui savent où ils vont. La 7e Unité expéditionnaire d’assaut aérien, rapportée par Reuters et Kyiv Independent, confirm que ce débarquement a eu lieu « plusieurs jours avant le 1er novembre », c’est-à-dire fins octobre, quand la situation épousait déjà son point critique. Objective : rouvrir les lignes d’approvisionnement, stabiliser les secteurs clés, restaurer la mobilité des défenseurs.
La riposte de Moscou : des cadavres ou de la propagande ?
Moscou dénonce l’opération comme échouée. Le Ministère russe de la Défense lance sur Telegram : « Tous les 11 qui ont débarqué de l’hélicoptère ont été tués. » Voilà la phrase clé. Le lendemain (1er novembre), les médias contrôlés par Moscou relaient cette « victoire » — les commandos ukrainiens anéantis, l’opération en ruines, tout va selon le plan du Kremlin. Mais Kyiv, elle, dément catégoriquement selon CNN, Reuters et Kyiv Independent. Une source de la Défense Intelligence : « L’opération se poursuit. Les hommes sont en position. Les zones se stabilisent. » Suspilne, radiodiffuseur ukrainien rapportant des sources HUR, affirme que les commandos ont pénétré dans des secteurs que Moscou prétendait contrôler, marquant des gains tactiques locaux.
Qui croire ? Les images vidéo capturées et relayées par Reuters et The Economist correspondent Oliver Carroll ne montrent aucun carnage. Elles montrent des soldats qui débarquent, qui se dispersent — pas de panique, pas d’effondrement. Les tirs russes auraient dû créer des monceaux de corps, mais rien n’apparaît. Dans le brouillard de la guerre, la vérité oscille. Mais une chose est certaine : si les Russes avaient vraiment détruit cette unité sans contestation possible, pourquoi ne balance-t-ils pas de vidéo de destruction massive, de corps, de débris ? L’absence de preuve tangible suggère que soit ils mentent, soit l’opération tient davantage qu’ils ne l’admettent.
La situation tactique réelle : encerclement partiel vs résistance fluide
Zelensky chiffre 170 000 Russes, 11 000 pour le siège immédiat
Le 31 octobre 2025, le président Volodymyr Zelensky révèle le chiffre accablant devant les journalistes, rapporté par Kyiv Independent et Ukrinform : 170 000 soldats russes concentrés dans le secteur de Pokrovsk. Une armée miniature. Un corps d’armée entier. Pour une seule ville. Cela illustre deux réalités : d’abord, l’importance stratégique extrême de Pokrovsk; ensuite, l’ampleur de l’effort russe — un effort qui, malgré cette monstrueuse concentration, n’a pas encore définitivement scellé le piège. Zelensky précise: « Tous leurs soldats y sont. Littéralement. » Mais il nuance aussi — la Russie «outnumbers» l’Ukraine dans le secteur, ratio 8 pour 1 selon ses calculs du 27 octobre, mais ne gagne pas.
La 7e Brigade de réaction rapide des forces aéroportées, analysée par Reuters et Kyiv Independent, rapporte que 11 000 à 12 000 troupes russes sont engagées dans le siège immédiat de Pokrovsk et Myrnohrad, avec des objectifs d’encerclement par pince. Unités du 2e Armée d’armes russe (la «principal assault force»), renforcées depuis d’autres fronts, selon Reuters. Ces 11 000 ne constituent qu’une fraction des 170 000 — c’est-à-dire que Moscou garde des réserves, maintient des corridors de logistique, demeure mobile stratégiquement. Mais ces 11 000 — ceux au cœur de la pince, ceux qui tentent l’encerclement immédiat — paient un prix dévastateur.
Les routes d’approvisionnement : miraculeusement ouvertes
DeepState, plateforme d’analyse militaire ukrainienne rapportée par Reuters et Kyiv Independent, avait averti fin octobre que l’Ukraine ne disposait plus que d’un corridor de 10 kilomètres pour ravitailler Pokrovsk. Dix kilomètres. À peine de quoi passer. Chaque convoi doit traverser cet étranglement sous un déluge de drones russes et de feu d’artillerie. Logistique « entièrement contrôlée par les drones russes », selon Ukrainska Pravda — les soldats doivent parfois marcher 10-15 kilomètres à pied pour contourner les zones de feu. Mais cette route, mince comme un fil, tient. Elle vibre, elle grince, elle saigne — mais elle tient. Syrskyy affirme catégoriquement, selon Liga.net et Bluewin: « Nous continuons les livraisons. Les evac continuent. »
Comment ? Drones kamikaze ukrainiens couvrant les convois. Déploiement de défense anti-aérienne concentré. Rotations rapides. Petits mouvements tactiques. Sapeurs d’élite nettoyant les mines. Et surtout, refus politique de laisser tomber. Zelensky le répète obsessionnellement auprès des journalistes — les soldats doivent être protégés à tout prix, mais il n’y aura pas de retraite précipitée, pas d’abandon de la ville. C’est une danse sur la corde raide. Si les Russes réussissent à couper définitivement le corridor, cela peut basculer en heures. Pour l’instant, selon Kyiv Independent et BBC News, les lignes défensives tiennent, les évacuations se font, la présence ukrainienne persiste.
Les pertes russes : un bilan qui foudroie les analystes militaires
Jour 1346 : 900 morts et blessés, 6 chars, 349 drones
Samedi 1er novembre 2025. L’État-major général français de l’Ukraine compile ses chiffres. La Russie a perdu en 24 heures : 900 soldats (morts ou blessés), 6 chars de bataille, 2 véhicules blindés de transport, 9 systèmes d’artillerie, 2 systèmes MLRS, 2 systèmes anti-aériens, 349 drones tactiques opérationnels, 58 véhicules d’appui logistique, 1 système spécialisé. Un jour normal. Un jour banal. Un jour où une armée entière a été pulvérisée en termes de ressources humaines et matérielles. Six chars en 24h, c’est une compagnie de chars — presque une unité opérationnelle complète, anéantie. 349 drones, c’est un régiment complet de drones, détruit. Comment Moscou continue-t-elle d’opérer?
Le décompte cumulé atteint à présent des seuils infernaux. Selon l’État-major ukrainien du 1er novembre, rapporté par Ukrainska Pravda: 1,142 730 pertes militaires russes totales depuis le 24 février 2022. Plus d’un million cent quarante mille. Cela inclut les morts, les blessés graves, potentiellement les disparus. Les ministères de Défense britannique et occidentaux, cités par Wikipedia et d’autres sources, estiment la vraie figure entre 1,1 et 1,2 million. Soit le quart ou plus de tous les soldats de la conscription russe globalement. Générations entières effacées.
Le ratio d’attrition : la Russie perd 5 pour chaque Ukrainien
The Economist, en octobre 2025, avait publié une analyse menant à un ratio catastrophique : cinq soldats russes perdus pour chaque soldat ukrainien, selon sa modélisation. Cet écart époustouflant reflète l’inefficacité brute de la stratégie russe — envoyer des vagues, accepter les pertes, sacrifier les hommes. L’Ukraine, elle, opère de manière défensive, concentrée, minimisant les pertes tout en maximisant les dégâts à l’adversaire. Mediazona et BBC Russian, documentant minutieusement chaque décès russe nommé, avait jusqu’au 22 octobre vérifié 140 101 morts russes, reconnaissant que cela ne représentait que 45-65% de la réalité selon leurs estimations d’experts militaires.
À ce ratio, un Pokrovsk prolongé l’est pour combien de temps encore ? Même avec 11 000 troupes qui saignent 200-300 par jour au secteur immédiat (chiffres modérés), cela implique un rouleau compresseur éphémère. Des semaines avant que cette vague s’effondre, non pas par choix stratégique, mais par épuisement physique, démographique, moral. Kyiv Post, dans une analyse du 1er novembre, note que certains jours russes touchent 2 000 pertes — une division complète de soldats de ligne perdue en 24 heures. Aucune armée dans l’histoire n’a pu soutenir cela indéfiniment.
Syrskyy dément l'encerclement et ordonne l'intensification
« Il n’y a aucun encerclement » — le défi direct au Kremlin
Le commandant-en-chef Oleksandr Syrskyy arrive sur le terrain fin octobre, inspecte les positions, parle aux commandants d’unités, puis s’enferme dans un bureau pour rédiger sa riposte. Le message circule le 31 octobre via Liga.net, Bluewin et autres : « Dans la poche Pokrovsk-Myrnohrad, nos soldats doivent endurer la pression d’un groupe ennemi de plusieurs milliers qui continue à tenter s’infiltrer dans les zones résidentielles et couper nos routes d’approvisionnement. Cependant, il n’y a aucun encerclement ou blocage des villes. »
C’est une déclaration directe au nez de la propagande de Moscou. Le Kremlin, par Valery Gerasimov à une réunion préside par Poutine, avait déjà proclamé que les troupes ukrainiennes à Pokrovsk étaient « encerclées ». Poutine lui-même avait offert — dans un geste que n’importe quel analyste trouve hallucinant — de laisser la presse étrangère entrer pour « confirmer » l’encerclement. Syrskyy le contredit frontalement. Pour un commandant militaire en pleine guerre, c’est une phrase qui engage tout son honneur, sa crédibilité, son évaluation tactique. Il affirme : pas encerclé. S’il se trompe, il perd toute autorité. S’il a raison, c’est Moscou qui perd la face.
Les ordres du commandant : forces spéciales, couloirs de ravitaillement, tenues
Syrskyy ne se borne pas à démentir. Il ordonne. « Un opération complète de destruction et dislodgement des envahisseurs est en cours, » déclare-t-il selon Liga.net. Le principal fardeau repose sur les Forces armées régulières, les opérateurs de drones, les unités d’assaut. Mais — et c’est crucial — il ordonne aussi le déploiement de « groupes conjoints » composés des Forces d’opérations spéciales (SOF), de la Police militaire, du Service de sécurité (SBU), et du Directorate du renseignement militaire (HUR). Ces unités d’élite, fusionnées en équipes multidisciplinaires, opèrent dans la ville même, nettoyant les zones, contre-infiltrant les Russes, rouvrant les chemins. Ce n’est pas de la défense passive — c’est de la contre-attaque minutieusement orchestrée.
Pour les routes de ravitaillement, Syrskyy ordonne la « sécurisation » — terme militaire pour dégagement, fortification, défense tous azimuts. Les épines du conflit tournent autour de cette unique corde, ces 10 kilomètres filins. La survivre de Pokrovsk dépend d’elle. « L’ennemi à Pokrovsk paye le prix le plus élevé pour tenter de réaliser la tâche du dictateur du Kremlin d’occupier le Donbas », conclut Syrskyy selon Liga.net. C’est à la fois une constatation et un défi — oui, nous encaissons, mais vous saignez plus que nous.
La bataille urbaine : chaos, drones, contre-attaques
Les petits groupes russes qui infiltrent, les réactions ukrainiennes qui foudroient
Pokrovsk n’est plus un front linéaire. C’est un champ d’affrontements urbains de très petite échelle — 50, 100, 200 soldats russes qui s’infiltrent par-ci, cherchent à établir des poches de contrôle, puis sont harcelés et expulsés par les contre-attaques ukrainiennes. Geolocalisées vidéos montrent des Russes en petits groupes dans les rues du sud et du centre, établissant brièvement des positions, puis se faisant repérer par les drones, soumis au feu d’artillerie ukrainienne, puis se repliant ou étant éliminés. C’est une danse effroyable — aller, venir, mourir, regrouper.
Selon CNN et Mezha.net, rapportant les analyses de Ukraine’s 7th Rapid Response Corps, environ 200 Russes (chiffre du 27 octobre selon Zelensky) avaient pénétré dans Pokrovsk, bien plus en attente de consolidation. Chaque groupe qui s’établit sera harcelé par les armes anti-drones ukrainiennes, les groupes spécialisés, les tirs d’artillerie régulée par drone. Rybar, le canal Telegram Kremlin-friendly russe, reconnaît lui-même le chaos : « L’abondance de drones dans l’air rend le déplacement de toute concentration infanterie dangereux, résultant en une situation mixte pour les deux côtés. Cela entraîne une absence de front définitif et complique la détermination des frontières précises de contrôle. » Traduction: nous avançons, mais c’est le bordel total.
Les drones: 11 269 abattus en octobre seul
En octobre 2025 uniquement, selon Espresso Global et l’État-major ukrainien, les forces de défense aérienne ukrainienne ont intercepté 11 269 cibles aériennes russes — missiles, drones, avions. Onze mille deux cent soixante-neuf. En un seul mois. Cela inclut des centaines de drones Shahed, des milliers de FPV, des équipements spécialisés. La densité de drones au-dessus de Pokrovsk est suffocante selon les reportages des commandants de terrain. Chaque moindre mouvement russe est détecté, documenté, ciblé. Inversement, les drones ukrainiens offrent la couverture pour les opérations, la reconnaissance, la correction de tir. Ce que l’Ukraine n’avait pas en quantité il y a deux ans — la supériorité des drones — elle la possède maintenant au-dessus de Pokrovsk. C’est un changement révolutionnaire dans le rapport de force.
Conclusion
Pokrovsk tient. Pas glorieusement, pas sans blessures, pas sans que des fils ténus tremblent au-dessus du néant. Mais elle tient. Syrskyy le proclame, les drones le confirment, les pertes russes le crient — cette ville ne tombera pas par capricule, pas par négligence. Elle tombera si la Russie accepte de perdre des centaines de milliers de soldats supplémentaires, si elle accepte que ses armées s’écoulent sans fin dans un piège urbain, si elle accepte que la Chine et l’Amérique regardent, prennent notes sur ce qui ne marche pas en invasion du 21ème siècle. Mais pour ce jour, le 1er novembre 2025, Pokrovsk respire. Elle combat. Elle saigne, oui. Mais elle ne cède pas.
Je vais te dire la cruelle beauté de cette réalité — Pokrovsk n’est pas « sauvée ». Elle reste catastrophiquement exposée, un mètre de pierre entre la mort et la survie. Mais elle a transformé le siège en stalemate, l’assaut en attrition, la certitude russe en question. Syrskyy ordonne. Budanov opère. Les drones tournoient. Les commandos infiltrent. Les routes se maintiennent. Et demain, il y aura 900 nouveaux Russes perdus, 6 autres chars détruits, 349 drones du ciel abattus. À ce rythme, à quel moment Moscou dit-elle « assez »? Personne ne le sait. Mais pour que Pokrovsk tombe, la Russie paiera le prix de cen milliers de cadavres encore.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur au cœur des dynamiques tactiques et psychologiques qui façonnent la guerre en Ukraine. Mon travail : décortiquer les communiqués, confronter les annonces de Moscou comme de Kiev, vérifier toute rumeur d’encerclement, de percée, la comparer aux interventions de Syrskyy ou des chefs d’état-major. Ce texte puise dans les communiqués officiels de l’État-major général des Forces armées d’Ukraine, les analyses de Reuters, CNN, BBC News, Kyiv Independent, Ukrainska Pravda, Liga.net, Bluewin, Mezha.net, Espresso Global et d’agences OSINT anglo-saxonnes et ukrainiennes au 1er novembre 2025. Les analyses des drones proviennent d’Espresso TV et d’analystes spécialisés. Tous les commentaires et interprétations résultent d’une synthèse critique, orientée vers la compréhension tactique et la réalité du terrain telle qu’elle est rapportée par les acteurs de la ligne de front. Les bilans opérationnels seront réactualisés dès l’apparition de nouveaux faits ou modifications majeures de la situation à Pokrovsk sur la période couverte.