Chronique : La guerre est devenue un jeu, l’Ukraine récompense les soldats avec des points
Auteur: Maxime Marquette
    12 points pour un soldat tué, 40 pour un char détruit, 120 pour un prisonnier vivant
Je dois énumérer ces chiffres. Parce qu’ils révèlent l’inhumanité codifiée de ce système selon tous les rapports de novembre 2025: 6 points pour blesser un soldat russe; 12 points pour le tuer. Un drone-opérateur russe? 15 points pour le blesser, 25 points pour le tuer. Et le jackpot? Selon le New York Times du 31 octobre: 120 points pour capturer vivant un soldat russe avec l’aide d’un drone. Cent vingt points!
Et puis il y a l’équipement. Selon tous les rapports: 40 points pour détruire un char; 20 points pour l’endommager. Jusqu’à 70 points pour un système de roquettes multiples. C’est comme un menu de restaurant. Sauf que les portions sont des machines de guerre. Et le prix est payé en cadavres.
Le marché Brave1: plus de 100 types de drones vendus avec des vies humaines comme devise
Et voilà la beauté obscène du système. Selon Fedorov cité par The Guardian du 2 novembre: les unités échangent ces points sur une plateforme appelée Brave1 Market — l’«Amazon de la guerre» comme l’appelle Fedorov lui-même. Plus de 100 types de drones. Des véhicules autonomes. Des systèmes de guerre électronique. Et le drone le moins cher? Le Kolibri 7 coûte 13 410 points — environ 243 livres sterling. Le plus cher, le MACUVA BpAK? 41 506 466 points — environ 751 724 livres sterling.
Mais voilà ce qui tue vraiment l’âme. Selon tous les rapports: les points sont converti directement de vies humaines. Chaque drone acheté par Achilles ou Birds of Magyar — les deux meilleures unités — représente des dizaines de corps. Des centaines de moments où quelqu’un a regardé son téléphone ou écrit une lettre à une fiancée, et puis… poof. Douze points. Un nouveau drone en route. La Russie peut envoyer un nouveau soldat. L’Ukraine en aura deux drones de plus qui l’attendent.
Les premiers doutes: une unité elite refuse le jeu, puis le rejoint
    Pavlo Yelizarov regarde cela comme de l’inertie, puis les résultats le convainquent
Et il y a les doutes. Selon le New York Times du 31 octobre: Pavlo «Lasar» Yelizarov, commandant d’une unité d’élite secrète appelée Lasar’s Group, a d’abord refusé de participer. Il le voyait comme une atteinte à la professionnalisme. «Dans une armée professionnelle, il devrait y avoir des mécanismes internes pour évaluer la qualité des frappes», a-t-il dit selon le Times. Pas un jeu désinvolte conçu par un ministre civile.
Mais puis — selon le Times — Yelizarov a observé les résultats. Les points ont poussé les unités à être plus précises. Plus rapides. Plus efficaces. Et Yelizarov a découvert quelque chose que le calcul pur de la guerre n’aurait pas révélé: les soldats veulent gagner. Même si le prix de la victoire est payé en vies humaines. Peut-être surtout parce que le prix est payé en vies humaines.
La psychologie du jeu: pourquoi la gamification de la mort fonctionne
    Stun, 33 ans, drone-opérateur: «Il n’y a pas de réflexion émotionnelle. C’est juste du travail technique»
Je relis le témoignage de Stun selon le New York Times du 31 octobre et je suis frappé par la normalité de l’horreur. «Il n’y a presque pas de réflexion émotionnelle», dit-il. «Ça ressemble juste à du travail technique». Travail technique! C’est comment décrire l’acte de regarder un soldat enfanter sur un écran et d’appuyer sur un bouton qui le transforme en douze points.
Et c’est une insight psychologique qui tue. Selon les analystes cités par Time du 24 septembre 2025: la gamification crée de la distance émotionnelle. Quand c’est un point sur un leaderboard — pas une vie humaine qui s’arrête — c’est plus facile. Plus gérable. Plus acceptable pour la conscience.
Le leaderboard: une compétition entre unités pour qui tue le plus en septembre
Et puis il y a le leaderboard. Selon tous les rapports: les dix meilleures unités sont affichées chaque mois. En septembre, selon Fedorov cité par Firstpost du 2 novembre: les Birds of Magyar sont en première place, suivies par l’Alpha Group de l’agence de sécurité interne ukrainienne. Et l’Achilles? Sixième place. Sixième! Et chacun de ces noms — Birds of Magyar, Alpha Group, Achilles — est devenu un brand. Un symbole de meurtre précis. Et les unités qui ne sont pas sur le leaderboard? Elles travaillent pour y arriver.
L'expansion: du drones à l'artillerie, à la reconnaissance, le jeu s'étend
    Septembre 2024: drones seulement. Novembre 2025: le système mange toute la guerre
Et maintenant le vrai danger. Selon Fedorov cité par The Guardian et Ground News du 2-3 novembre: le système s’étend. Pas juste les drones. L’artillerie. La reconnaissance. La logistique. Tout devient un jeu avec des points. Tout est gamifié. Tout est réduit à des chiffres. Bientôt — peut-être déjà — c’est la totalité de la guerre ukrainienne qui fonctionne selon une économie de points.
Et les russes? Selon Fedorov lui-même selon The Guardian du 2 novembre: ils regardent. Et ils copient. L’intelligence ukrainienne rapporte que la Russie développe son propre système gamifié. Donc maintenant nous avons deux armées qui transforment la mort en jeu. Deux leaderboards. Deux ensembles de points. Deux quantifications de l’horreur.
Conclusion
    C’est la nouvelle guerre. C’est la guerre que l’humanité redoutait. Pas des terminators. Pas des robots. Juste des hommes à des écrans qui regardent des gens mourir et qui reçoivent des points. Et plus les points s’accumulent, plus les drones arrivent. Et plus les drones arrivent, plus les points s’accumulent.
Je vais te dire ce que cela signifie vraiment — nous avons accepté que la mort soit une monnaie d’échange. Que les vies humaines soient du capital à déployer. Que la guerre soit un jeu que nous pouvons gamifier. Et une fois qu’on accepte ça — une fois qu’on le met sur un leaderboard et on donne des prix — il n’y a pas de retour en arrière.
Encadré de transparence du chroniqueur
    Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur et observateur critique de la façon dont la technologie transforme la nature de la guerre. Mon travail consiste à décortiquer comment la gamification de la mort affecte le comportement militaire, à comprendre comment les points et les leaderboards remplacent la conscience, à saisir ce que cela signifie quand la guerre devient vraiment un jeu. Je ne prétends pas à l’objectivité froide — je revendique l’engagement total avec l’horreur de ce système.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations de Mykhailo Fedorov, ministre de la transformation numérique, cité par The Guardian, The New York Times, Independent et Ground News du 2-3 novembre 2025, les points spécifiques accordés selon tous les rapports (12 points pour un soldat tué, 40 pour un char, 120 pour un prisonnier vivant), les données de participation: 400 unités de drones en septembre 2025 contre 95 en août selon le ministre cité par The Guardian du 2 novembre, les statistiques de 18 000 soldats russes tués ou blessés en septembre selon tous les rapports du 2 novembre, le leaderboard de septembre avec Birds of Magyar en première place selon Fedorov cité par Firstpost du 2 novembre, les témoignages de Stun (33 ans, commandant de drone) selon le New York Times du 31 octobre, les données sur les prix du marché Brave1 selon Independent du 3 novembre, les informations sur l’expansion du système à l’artillerie et à la reconnaissance selon Fedorov cité par The Guardian du 2 novembre, et le rapport selon lequel la Russie développe un système similaire selon Fedorov cité par The Guardian du 2 novembre.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur les informations disponibles et les commentaires d’experts militaires et analystes cités par Time, le New York Times et d’autres sources de septembre-novembre 2025. Mon rôle est d’interpréter ces faits, de les contextualiser dans la transformation de la nature même de la guerre, de révéler ce que la gamification de la mort signifie pour l’avenir du combat. Toute évolution ultérieure de la situation pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouveaux développements dans l’expansion du système Brave1, si de nouvelles statistiques sur les résultats du programme, ou si de nouveaux commentaires officiels sur la gamification de la guerre sont publiés après le 3 novembre 2025.