Aller au contenu
Chronique : 19,2% du territoire après 3 ans: la faillite silencieuse de la machine de guerre russe
Credit: Adobe Stock

Fin octobre 2025: 19,2% du territoire contrôlé ou revendiqué, avec stagnation quasi totale

Selon l’analyse publiée par l’Agence France-Presse le 2 novembre 2025, basée sur les données du Institut pour l’étude de la guerre (ISW) américain et du Critical Threats Project: la Russie contrôlait totalement ou partiellement 19,2% du territoire ukrainien à la fin d’octobre 2025. Ce pourcentage inclut Crimée et les régions du Donbas occupées avant 2022. Le Belfer Center de Harvard University a chiffré cela à 117 143 kilomètres carrés au 28 octobre 2025.

Mais voici le détail qui révèle l’effondrement stratégique: durant le mois d’octobre seul, la Russie a capturé 461 kilomètres carrés selon les mêmes sources du 2 novembre. Quatre cent soixante-et-un. Et le rapport précise que «ce chiffre est légèrement supérieur aux 447 kilomètres carrés conquis en septembre.» Légèrement supérieur. Autrement dit, stagnant. Et après tous les bombardements, tous les assauts, toute la mobilisation continue, l’armée russe gagne environ 15 kilomètres carrés par jour. Quinze. C’est la taille d’une petite commune française.

Juillet 2025: pic de 634 km², puis effondrement vers une moyenne stagnante

Mais le contexte temporel révèle quelque chose de plus troublant. Selon les données chronologiques citées par l’AFP: en juillet 2025, la Russie avait atteint un pic avec 634 kilomètres carrés conquis en un seul mois. Six cent trente-quatre. Mais depuis? Septembre: 447 km². Octobre: 461 km². La courbe de conquête russe s’effondre. Elle a atteint un apogée en juillet et elle ne revient jamais à ce niveau. Et nous sommes maintenant en novembre — le rapport le plus récent que j’ai trouvé couvre jusqu’au 30 octobre.

Qu’est-ce que cela signifie? Que la «grande offensive» russe qui avait créé un moment d’optimisme à Moscou en juillet a croisé son apogée. Poutine a jeté tout ce qu’il avait, et après deux mois et demi, les gains se sont stabilisés à un niveau inférieur. C’est l’équation militaire qui dit: tu as épuisé tes munitions faciles et bon marché. Maintenant tu dois faire avec ce que tu as. Et ce que tu as ne gagne que 15 kilomètres carrés par jour.

Le Donetsk: 81% contrôlé, mais le reste est gelé en place depuis des mois

En octobre, selon le rapport de Reuters du 29 octobre 2025: la Russie contrôle 81% de la région du Donetsk. Quatre-vingt-un pourcent. C’est impressionnant sur le papier. Mais voici le détail qui tue: presque tout ce contrôle était déjà établi avant juillet 2025. Les progrès en octobre? Seulement 169 kilomètres carrés dans toute la région du Donetsk. Une moyenne de 5,5 kilomètres carrés par jour. C’est une armée qui se traîne.

Et voilà ce que le rapport de Reuters du 29 octobre révèle: les Russes ont presque complètement encerclé Pokrovsk, mais ils ne peuvent pas pénétrer. Ils contrôlent 81% du Donetsk, mais Pokrovsk — une ville de 60 000 habitants avant la guerre — tient toujours. Pourquoi? Parce que l’Ukraine a créé une position défensive inexpugnable. Et malgré les 268 bombes guidées larguées en une seule journée du 17 octobre selon les rapports du 18 octobre, malgré les 5 481 drones kamikazes lancés en 24 heures le 2 novembre, malgré l’omniprésence de la domination aérienne russe, Pokrovsk ne tombe pas.

La vitesse d’avance: 461 km² en 31 jours, vs 600 000 km² de territoire à conquérir

Faisons simplement le calcul. La Russie contrôle environ 117 143 kilomètres carrés. L’Ukraine contrôle environ 380 000 kilomètres carrés. La Russie a besoin de conquérir environ 263 000 kilomètres carrés supplémentaires pour prendre l’ensemble de l’Ukraine (en supposant qu’elle renonce à Crimée — ce qu’elle ne fera jamais). À un rythme de 461 kilomètres carrés par mois, cela prendrait environ 571 mois. Quatre-sept ans. Quatre-sept ans au rythme actuel pour conquérir le reste de l’Ukraine.

Et c’est en supposant que l’Ukraine n’exécute aucune contre-offensive, que la Russie continue à maintenir son élan, que l’Occident cesse tout soutien. Aucune de ces suppositions n’est vraie. Donc le calcul réel? Infini. Il n’y a pas de fin à vue pour une telle avance au rythme actuel.

Les pertes russes: 250 000 tués, 950 000 au total, pour 12,2% de territoire nouveau

Et puis il y a le coût en vies humaines. Selon le Center for Strategic and International Studies en juin 2025 cité par CNN le 18 octobre: les pertes russes totales dépassent 950 000 — tués, blessés, disparus, capturés. Près d’un million. Et les morts? Environ 250 000 soldats russes ont été tués en Ukraine selon les mêmes estimations. Deux cent cinquante mille morts.

Faites le calcul: 250 000 morts divisé par 12,2% de territoire new = environ 20 500 morts par chaque point de pourcentage de territoire conquis. Deux-cent-cinq mille soldats russes morts pour gagner un pourcent de terrain. Et ce chiffre monte à chaque mois parce que le terrain devient plus difficile à conquérir. Un million de pertes totales signifie qu’environ 15% de l’armée russe initiale estimée à 6-7 millions de réservistes a été consommée. Et il n’y a pas de victoire décisive à l’horizon.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
More Content