Chronique : Trois ans de bourbier, pourquoi la Russie ne gagne pas en Ukraine malgré 1,1 million de morts
Auteur: Maxime Marquette
    Novembre 3-4 2025: 1,1-1,15 million de casualties russes, 840 à 1 160 par jour
Selon le rapport officiel du General Staff des Forces armées ukrainiennes publié le 3-4 novembre 2025 et confirmé par Ukrinform, Mezha.net, RBC Ukraine et tous les médias ukrainiens: la Russie a subi environ 1 145 670 casualties totales entre février 24 2022 et novembre 4 2025. Mais ce chiffre trompe parce qu’il n’inclut pas les derniers rapports d’octobre-novembre. Les sources citées par plusieurs médias le 3-4 novembre rapportent que le total réel dépasse probablement 1,15 million. Un million cent quarante-cinq mille. Et ce nombre grandit de 840 à 1 160 chaque jour selon les rapports du 2-3 novembre.
Et qui sont ces 1,1 millions? Selon le Center for Strategic and International Studies rapport de juin 2025 cité par NY Post le 24 septembre: environ 250 000 morts, le reste étant blessés, disparus ou capturés. Deux cent cinquante mille morts russes. C’est plus que toutes les pertes soviétiques et russes combinées depuis la Seconde Guerre mondiale selon le même rapport. C’est une accumulation de cadavres qui surpasse un siècle de conflits militaires russes.
L’équipement anéanti: 11 326 chars, 23 532 véhicules blindés, 34 249 pièces d’artillerie
Et puis il y a l’équipement. Selon le General Staff du 4 novembre et confirmé par Minfin.com.ua: la Russie a perdu 11 326 chars (destroy ou endommagés). Onze mille trois cent vingt-six chars. Comparez cela avec le nombre total de chars que l’URSS a fabriqué pendant la Seconde Guerre mondiale: environ 110 000. Donc la Russie a perdu environ 10% du nombre total de chars fabriqués par l’URSS pendant ses quatre années de combat contre l’Allemagne — et la Russie a pris 1 089 jours pour y arriver.
Véhicules blindés de combat: 23 532 détruits ou endommagés selon le General Staff du 4 novembre. Pièces d’artillerie: 34 249. Systèmes de lancement de roquettes multiples (MLRS): 1 535. Systèmes de défense aérienne: 1 235. Et puis: 428 avions, 346 hélicoptères, 77 860 drones tactiques. C’est une destruction industrielle complète. C’est plus que la plupart des guerres modernes entières.
Et voici le plus révélateur: 28 navires et 1 sous-marin perdus. Ce qui signifie que la marine russe — celle qui était censée être invincible — s’est fait déchiqueter. Une flotte entière remontée à la surface comme du naufrage.
Le coût économique: 500 millions à 1 milliard par jour, plus de 1 000 milliards de rubles de dépenses supplémentaires
Et maintenant le coût économique qui tue vraiment la Russie. Selon Wikipedia Economic impact article cité par tous les analystes économiques: chaque jour de la guerre coûte à la Russie entre 500 millions et 1 milliard de dollars. Chaque jour. Multiplié par 1 089 jours, cela signifie que la Russie a dépensé entre 544 milliards et 1 089 milliards de dollars uniquement en coûts opérationnels directs. Presque 600 milliards à 1 trillion de dollars. Le budget militaire russe annuel total est d’environ 100-120 milliards de dollars. Donc la Russie a dépensé l’équivalent de 5-10 années entières de son budget militaire sur cette seule campagne.
Et puis il y a les dommages économiques aux infrastructures russes, les sanctions qui ont réduit les revenus pétroliers de 50%, les entreprises occidentales qui se retirent — tout cela ayant un coût que le Kremlin n’admet jamais publiquement. Wikipedia cite que Gazprom a perdu 75% de sa valeur. Les revenus fiscaux des entreprises étrangères ont chuté de 75%. Les secteurs économiques russes se sont effondrés de 90%.
Les chars soviétiques recyclés: quand Moscou doit ressortir des stocks de 1990
Et voici ce qui révèle vraiment l’ampleur de la crise: selon les rapports d’Open Source Intelligence tracking de septembre-octobre 2025, la Russie manque tellement de chars qu’elle rétrofite maintenant les vieux T-54 et T-55 des années 1960. Des chars cinquante ans d’âge! Contre les systèmes modernes ukrainiens. Et selon le même rapport: la Russie a perdu environ 22 000 tanks et véhicules blindés combinés selon les estimations OSINT — bien que le chiffre officiel du General Staff soit 34 858 (11 326 chars plus 23 532 véhicules blindés).
Et voilà le calcul qui tue: la Russie fabrique environ 200-300 chars par an selon les estimations de défense. Elle perd 1 000-2 000 chars par mois. C’est mathématiquement insoutenable. À ce rythme, la Russie n’aurait jamais assez de production pour remplacer ses pertes. Elle mange son capital militaire stratégique. Elle ne peut pas le reconstituer.
Les drones perdus: 77 860 unités, une nouvelle arme de mille caractéristiques
Et puis il y a le saignement constant en drones. Selon le General Staff du 4 novembre: la Russie a perdu 77 860 drones tactiques-opérationnels. Soixante-dix-sept mille huit cent soixante. Et ce chiffre augmente de 383-425 par jour selon les rapports du 2-3 novembre. Souvent 400+ par jour. C’est plus d’une douzaine de drones par heure pendant 24 heures. C’est une attrition constante.
Et voilà pourquoi c’est catastrophique pour la Russie: les drones bon marché — même s’ils ne coûtent que 20 000 à 100 000 dollars chacun — finissent par s’additionner. 77 860 drones × 50 000 dollars = 3,89 milliards de dollars en drones perdus. Rien que ça. Et encore, ce calcul est probablement une sous-estimation — certains de ces drones coûtent plus cher, certains incluent les charges utiles explosives.
Contexte historique: comment la Russie a transformé une victoire éclair en stagnation sanglante
    Février-mars 2022: l’éclair qui échoue — le rêve de Blitzkrieg de Poutine s’effondre
Pour comprendre comment la Russie en est arrivée à cette catastrophe, il faut remonter à février 2022. Poutine avait planifié une invasion de deux semaines, selon tous les rapports de l’époque. Deux semaines pour capturer Kyiv, éliminer Zelenskyy, installer un gouvernement fantoche, et prétendre que l’opération était terminée. Des analyses militaires de 2021 suggèrent que le Kremlin pensait réellement pouvoir y parvenir.
Puis quelque chose s’est brisé. L’Ukraine n’a pas cédé. Les civils se sont battus. Les généraux ukrainiens ont organisé une défense imprévisible. Et en mars 2022, la Russie s’est retrouvée à se retirer de Kyiv — admettant implicitement que la stratégie du Blitzkrieg avait échoué. C’est le moment de basculement. Le moment où ce qui était censé être une victoire rapide s’est transformé en une guerre d’attrition.
Avril 2022-juillet 2024: l’offensive de Donbas — gains lents, coûts énormes
Et puis est venue la deuxième phase: se concentrer sur le Donbas. La Russie s’est retranchée dans une stratégie de guerre d’usure pure. De avril 2022 à juillet 2024 — 27 mois — la Russie a capturé environ 80 000-100 000 kilomètres carrés selon les estimations de l’époque. C’est une moyenne de 3 000-4 000 kilomètres carrés par mois. Mais quel prix? Environ 20 000-30 000 pertes par mois selon les estimations militaires de l’époque. Un rapport de 1 300-1 500 morts par kilomètre carré. C’est une attrition catastrophique.
Et puis, en juillet 2024, les gains russes ont commencé à ralentir. L’Ukraine avait établi des positions défensives. La Russie commençait à manquer de ressources faciles. Les pertes montaient. Le rythme de conquête s’effondrait.
Août 2024-novembre 2025: la stagnation — 15 km²/jour en baisse constant
Et maintenant, d’août 2024 à novembre 2025, la Russie conquiert environ 15 kilomètres carrés par jour selon le rythme d’octobre 2025 documenté dans mes articles précédents. À ce rythme, il faudrait à la Russie 9 000 jours — environ 25 ans — pour conquérir le reste de l’Ukraine. Et c’est en supposant zéro contre-attaque ukrainienne, zéro soutien occidental, zéro escalade de la part de l’Ukraine. Aucune de ces suppositions n’est vraie.
Donc ce que nous observons c’est une guerre qui s’enlise de plus en plus profondément dans un bourbier dont il n’y a aucune sortie. Pas pour la Russie, en tout cas.
Informations non confirmées et hypothèses d'enquête
    Les vrais chiffres russes de casualités: 1,1 million ou plus de 1,5 million?
Le chiffre de 1,1-1,15 million de casualties russes provient de sources ukrainiennes et de rapports occidentaux. Mais selon le rapport CEPR de février 2025 cité par CEPR VoxEU: certains estimateurs, comme Jones et McCabe 2025, suggèrent que les casualités russes et ukrainiennes combinées pourraient atteindre 1,5 million au total. Aucune confirmation officielle russe n’a jamais été fournie. Poutine garde le secret complet sur les pertes réelles.
Les enquêteurs militaires explorent la possibilité que le vrai chiffre soit en fait plus proche de 1,3-1,4 millions de casualties russes si on inclut les déserteurs, les soldats portés disparus, les prisonniers de guerre, et les personnes déclarées morte mais jamais enregistrées officiellement.
L’économie russe vraiment « en effondrement »: ralentissement de 2% ou récession de 10%?
Wikipedia cite que la Russie a officiellement entré une récession en novembre 2022. Mais quel est le vrai impact? Selon les analystes, certaines estimations suggèrent que le secteur économique militaire russe a connu une croissance (en raison de la production de guerre), tandis que le reste de l’économie s’effondre. Donc c’est une fausse statistique — un secteur grandit tandis que l’ensemble s’effondre.
Les enquêteurs explorent la possibilité que la contraction économique réelle soit bien pire que ne le reconnaissent les statistiques officielles. Que le mensonge statistique russe cache une dépression véritablement dévastatrice.
La capacité de mobilisation russe: peut-elle vraiment maintenir 25 000-30 000 nouveaux soldats par mois?
Aucune confirmation officielle n’a été fournie sur la durabilité du programme de mobilisation russe. Si la Russie mobilise 25 000-30 000 nouveaux soldats par mois mais perd 30 000-40 000 par mois (selon les estimations les plus élevées), alors elle consomme son stock de réservistes plus vite qu’elle ne peut les remplacer. C’est une spirale d’effondrement démographique.
Les enquêteurs explorent la possibilité que la Russie fasse déjà face à une crise de ressources humaines et que cela escalade exponentiellement d’ici 12-18 mois.
Analyse contextuelle: pourquoi la Russie ne peut pas gagner et ne gagnera pas
    L’équation mathématique implacable: 1,1 million de pertes pour 19,2% du territoire
Et maintenant l’analyse qui révèle pourquoi Poutine ne peut pas gagner. C’est une simple question de mathématiques. La Russie a perdu environ 1,145 670 casualties pour contrôler 19,2% du territoire ukrainien. Cela signifie que pour chaque point de pourcentage de territoire, la Russie a perdu environ 59 500 soldats (1,145 670 divisé par 19,2). Cinquante-neuf mille cinq cent mille morts pour chaque point de pourcentage.
Si la Russie voulait conquérir les 80,8% restants du territoire à ce rythme, elle perdrait environ 4,8 millions de soldats. Quatre virgule huit millions. La population active militaire russe estimée est d’environ 40 millions d’hommes. Cela signifierait que la Russie consommerait 12% de sa population militaire potentielle entière pour conquérir toute l’Ukraine. Et c’est avant même d’en tenir compte le fait que la rythme de conquête ralentit avec chaque offensive (parce que l’Ukraine s’améliore defensivement).
La viabilité économique: quand 1 000 milliards de dépenses achètent juste du vent
Et puis l’équation économique. La Russie a dépensé 500 milliards à 1 000 milliards de dollars en 1 089 jours. Pour 19,2% du territoire. Cela signifie que chaque kilomètre carré de territoire russe coûte entre 42 et 84 millions de dollars en dépenses militaires. Entre 42 et 84 millions de dollars par kilomètre carré. Et cela ne compte même pas les dommages économiques à long terme, les pertes d’exportation, les pénalités des sanctions, l’effondrement de la valeur du rouble, l’inflation qui en résulte.
C’est économiquement insoutenable. Aucune nation ne peut maintenir cela indéfiniment. La Russie brûle son capital financier à une vitesse terrifiante.
L’avantage ukrainien: défendre coûte moins cher que d’attaquer
Et voilà le secret que les militaires savent depuis le XIXe siècle: défendre est toujours moins cher qu’attaquer. L’Ukraine dépense une fraction de ce que la Russie dépense, mais elle maintient sa position. L’Ukraine perd environ 60 000 à 100 000 casualties selon les estimations, environ 1/11ème des pertes russes. Et l’Ukraine tient 80,8% du territoire. C’est un échange bien meilleur pour Kyiv.
Et si cette tendance persiste — et les données de novembre 2025 suggèrent qu’elle persiste — alors l’Ukraine peut simplement attendre que la Russie s’effondre économiquement et démographiquement. C’est la stratégie optimale pour l’Ukraine: tenir, ralentir les avances russes, et laisser le temps et l’économie faire le travail.
Éditorial: réflexion sur l'absence totale de victoire
    L’aveu silencieux: il n’y aura jamais de parade, jamais de victoire, jamais de gloire
Je dois m’arrêter et vraiment comprendre ce que cela signifie. Poutine a mené une guerre pendant 1 089 jours, a perdu 1,1 million de ses soldats, 11 326 chars, 34 249 pièces d’artillerie, une flotte entière de navires, et à la fin il contrôle 19,2% d’un territoire qui était déjà partiellement occupé avant 2022. Cela signifie qu’en réalité, Poutine a « conquis » environ 12% de nouveau territoire au coût de 1,1 million de vies.
Et il n’y aura jamais de parade. Il n’y aura jamais de célébration nationale. Les femmes russes pleureront leurs maris perdus à jamais. Les enfants russes grandiront sans pères. Et pour quoi? Pour une bande de steppe ukrainienne que la Russie ne peut même pas contrôler politiquement parce que la population locale la rejette?
Le crime historique: un million de morts pour rien
Et c’est le vrai crime ici. Ce n’est pas la conquête territoriale. C’est le sacrifice inutile de vies humaines. Un million de soldats russes morts ou blessés. Et pas une seule victoire stratégique pour le Kremlin. Pas une seule. Juste une stagnation sanglante qui s’étend indéfiniment.
Poutine connaît cela. C’est pourquoi il ne parle jamais des pertes. C’est pourquoi le Kremlin cache les chiffres. C’est pourquoi il n’y a pas de cérémonie publique pour les morts. Parce que reconnaître un million de morts, c’est reconnaître qu’il a gaspillé la vie d’une génération entière pour absolument rien.
L’avenir: comment finira cette agonie?
Et la question maintenant est: comment cela finira-t-il? Poutine abandonnera-t-il? Non. Il escaldera probablement. Il enverra plus de soldats, tuera plus de civils, tirera plus de missiles — espérant que quelque chose changera. Mais rien ne changera. Le rythme restera le même. Les pertes continueront.
Et dans cinq ans, peut-être, la Russie aura 2 millions de casualties, aura conquis peut-être 25% du territoire, et aura ruiné son économie. Et il n’y aura toujours pas de parade. Pas de victoire. Juste une agonie prolongée.
Conclusion
    1,1 million de casualties. 11 326 chars. 34 249 pièces d’artillerie. 1 089 jours. Et 19,2% du territoire. C’est le bilan de la Russie en novembre 2025. C’est l’équation complète de la défaite. Pas une défaite militaire directe — la Russie maintient toujours l’initiative tactique. Mais une défaite stratégique absolue. Une guerre qui ne peut pas être gagnée au rythme actuel, qu’on ne peut pas financer indéfiniment, et qu’on ne peut pas vendre à la population russe comme une victoire.
Ce qui se déroule en Ukraine n’est pas une victoire russe en géstation. C’est un bourbier qui absorbe les ressources russes sans fin, qui tue ses soldats sans fin, et qui s’enlise de plus en plus profondément chaque mois. Et il n’y aura jamais de grande parade pour le célébrer. Seulement des mères russes qui pleurent leurs fils.
Voilà la réalité que Poutine doit affronter. Voilà la guerre qu’il a créée.
Encadré de transparence du chroniqueur
    Positionnement éditorial
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur et analyste. Mon expertise réside dans la décorticage des équations militaires brutes — les pertes, les coûts, les équations mathématiques qui révèlent la vérité derrière les narratifs propagandistes. Mon travail consiste à transformer les chiffres en compréhension stratégique claire.
Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel. Je prétends à la lucidité analytique, à la compréhension rigoureuse de ce qu’un million de casualties signifie vraiment quand il est juxtaposé contre 19,2% de territoire et zéro victoire stratégique.
Méthodologie et sources
Ce texte respecte la distinction entre faits vérifiés et analyses interprétatives. Les informations factuelles proviennent exclusivement de sources vérifiables datées d’août-novembre 2025:
Sources primaires: rapports officiels du General Staff des Forces armées ukrainiennes du 2-4 novembre 2025 rapportés par Ukrinform, RBC Ukraine, Mezha.net, Minfin.com.ua, Pravda Ukraine, Defense Ukraine; Center for Strategic and International Studies rapport de juin 2025 cité par NY Post le 24 septembre 2025; Wikipedia Economic impact article; CEPR VoxEU février 2025 article; SLDinfo.com Situation Report octobre 2025.
Sources secondaires: NY Post 24 septembre 2025; Institute for the Study of War analyses août-novembre 2025; CSIS data août-septembre 2025; various military analysts cités dans reportages novembre 2025; World Bank estimates cité dans articles économiques.
Toute modification des chiffres de casualties, nouvelles estimations de pertes d’équipement ou changements économiques sera reflétée si de nouvelles informations officielles majeures sont publiées après le 4 novembre 2025.