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Chronique : l’Ukraine face à une guerre éternelle sans pression européenne sur Moscou
Credit: Adobe Stock

5 novembre 2025: Rasmussen appelle l’Allemagne à livrer les missiles Taurus à l’Ukraine

Selon Anders Fogh Rasmussen dans une interview accordée à Euronews le 5 novembre 2025 et citée par Yahoo News, CA News Yahoo, Global Espreso, The Independent et multiples autres sources: «L’Allemagne devrait livrer des missiles Taurus à longue portée à l’Ukraine, et les alliés de l’OTAN doivent augmenter les livraisons pour aider les Ukrainiens à se défendre contre les missiles et drones russes». Le Taurus fabriqué en Allemagne est un missile de croisière hautement avancé avec une portée de 500 kilomètres, soit deux fois celle des missiles de croisière que Kyiv possède actuellement dans son arsenal, et pourrait permettre à l’Ukraine de frapper profondément en territoire russe selon Yahoo News et Euronews.

«Le Président Poutine n’a aucune incitation whatsoever à s’engager constructivement dans un processus de paix, tant qu’il croit pouvoir gagner sur le champ de bataille», a déclaré Rasmussen à Euronews. «Donc pour changer son calcul, nous devons aider beaucoup plus les Ukrainiens, et nous devons mettre plus de pression». Rasmussen, qui a été chef de l’OTAN de 2010 à 2014 après avoir servi comme Premier ministre du Danemark, a suggéré que les alliés de l’OTAN doivent augmenter la pression sur le Président russe Vladimir Poutine pour l’amener à la table des négociations, bien qu’à l’heure actuelle Poutine n’ait aucun motif de le faire.

Et le blocage allemand? Bien que le Chancelier allemand Friedrich Merz ait déclaré en avril qu’il serait ouvert à livrer le Taurus à l’Ukraine, cela ne s’est pas encore concrétisé selon Yahoo News et Euronews. Le gouvernement de coalition précédent dirigé par Olaf Scholz s’était abstenu de livrer le missile à l’Ukraine par crainte que des frappes sur le sol russe ne fassent escalader la guerre. Mais pour Rasmussen, cette retenue est exactement ce qui prolonge le conflit.

Octobre 2025: appels répétés pour une force européenne de «réassurance» en Ukraine

Et Rasmussen ne s’arrête pas aux livraisons d’armes. Dans une interview accordée au Wall Street Journal Opinion le 9 octobre 2025 et publiée sur YouTube, Rasmussen a appelé à ce qu’une coalition d’États européens volontaires envoie une «force de réassurance» en Ukraine, positionnée derrière les lignes de front, pour mettre la pression sur Vladimir Poutine afin de négocier la paix. «Nous ne nous attendons pas au déploiement de troupes américaines sur le terrain. Donc l’essentiel du travail sera fait par les Européens, mais cela renforcerait l’effet dissuasif si les États-Unis déclaraient que si la Russie attaque la force régionale européenne, alors les États-Unis…» selon la transcription YouTube.

Et le timing? Rasmussen insiste: pas besoin d’attendre un accord de paix. «Je pense que c’est une erreur fondamentale de rendre un déploiement dépendant d’un accord de paix parce que de facto cela donnerait un droit de veto au Président Poutine. Il obtiendrait une incitation à continuer la guerre pour éviter le déploiement d’une force de réassurance. Donc selon moi nous devrions prendre cette décision et déployer une force de réassurance même s’il n’y a pas d’accord de paix — en fait je crois que si nous franchissons cette étape, cela faciliterait plutôt le début de négociations de paix» selon WSJ Opinion octobre 2025.

1er octobre 2025: Rasmussen avertit que personne n’est en sécurité, même l’Europe du Sud

Et Rasmussen élargit la menace au-delà de l’Europe de l’Est. Dans une interview accordée à Mundo America le 1er octobre 2025 lors d’une visite en Espagne, Rasmussen a déclaré: «Personne n’est en sécurité. Je n’exclus pas des attaques russes contre des pays d’Europe du Sud». Interrogé sur le refus de l’Espagne de respecter l’objectif de 5% du PIB en Défense, il a répondu: «Si les engagements ne sont pas respectés au sein de l’Alliance, il y a toujours un risque de prendre du retard par rapport aux autres alliés» selon Mundo America.

Et son message sur l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN? «Mon opinion est claire: nous devrions inviter l’Ukraine à rejoindre l’OTAN, à devenir membre de l’OTAN. Ce serait le moyen le plus efficace et le moins coûteux d’assurer la sécurité de l’Ukraine à l’avenir» selon Mundo America. Mais reconnaissant la réticence du Président Trump et d’autres alliés, il préconise comme solution de second choix le déploiement d’une force européenne de dissuasion en Ukraine avec le soutien des États-Unis.

26 octobre 2025: le PM polonais Tusk avertit d’une «guerre éternelle permanente»

Et Rasmussen n’est pas seul dans son diagnostic. Selon le Premier ministre polonais Donald Tusk dans une interview accordée au Sunday Times le 26 octobre 2025 et citée par Dagens: Tusk a décrit la guerre en Ukraine comme une guerre qui pourrait traîner indéfiniment, avertissant que le conflit risque de se transformer en une «guerre éternelle permanente» à moins que quelque chose ne change en Russie. «Je n’ai aucun doute que l’Ukraine survivra en tant qu’État indépendant», a-t-il déclaré au Sunday Times, ajoutant que la vraie question maintenant est «combien de victimes nous verrons».

Et sur Poutine personnellement? Tusk, un vétéran de la politique européenne et un allié transatlantique ferme, a rejeté la notion que Poutine possède un charisme spécial ou une brillance stratégique. Il a décrit Poutine comme une personne extrêmement simple et ordinaire, déclarant que les conversations avec le dirigeant russe ne sont en aucun cas intéressantes. La pensée simple de Poutine, dit Tusk, peut se résumer à deux questions: Qui a plus de pouvoir? Et qui est prêt à l’utiliser contre d’autres? selon Dagens et Sunday Times.

Novembre 2025: évolution de la position américaine sous Trump observée

Et Rasmussen note un changement dans l’approche américaine. «Les États-Unis pourraient être plus imprévisibles. Je n’ai pas apprécié la réception du tapis rouge du Président Poutine en Alaska quand lui et le Président Trump se sont rencontrés», a-t-il déclaré selon Yahoo News et Euronews. Cependant, Rasmussen a salué la récente annonce américaine de sanctions contre deux grandes compagnies pétrolières russes comme un pas positif.

«Il semble que progressivement le Président Trump ait perdu patience avec Poutine. Et je pense que les Américains ont progressivement réalisé que s’ils doivent forcer Poutine à entrer dans une négociation de paix, ils devront mettre beaucoup plus de pression sur la Russie», a déclaré l’ex-chef de l’OTAN selon Yahoo News. En termes de soutien de l’Ukraine avec des armes, Trump reste cependant hésitant: il a déclaré aux reporters dimanche que les États-Unis ne vendront pas de missiles Tomahawk à Kyiv selon Euronews et Yahoo News.

Octobre-novembre 2025: multiples dirigeants européens avertissent de la menace russe

Et le chœur d’avertissements s’élargit. Selon le Secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte le 12 octobre 2025 lors de la 71e Session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN à Ljubljana: «Nous ne devrions pas sous-estimer la menace de la Russie, mais nous ne devrions pas non plus surestimer les capacités de la Russie. Bien que la Russie ne soit pas aussi forte qu’elle prétend l’être, elle reste profondément dangereuse, et c’est pourquoi il est absolument essentiel que nous nous assurions d’être préparés» selon Anadolu Agency.

Rutte a noté que Moscou menait des cyberattaques, du sabotage et des opérations d’espionnage contre les pays alliés. La Russie n’a pas encore commenté les remarques du secrétaire général de l’OTAN. Mais les responsables russes ont rejeté à plusieurs reprises les accusations d’intentions agressives, affirmant que l’expansion continue de l’OTAN vers l’est et les livraisons d’armes à l’Ukraine posent des menaces directes à la sécurité de la Russie selon AA.

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