Chronique : L’Ukraine réplique l’HIMARS: Des drones à 10 000 dollars contre l’artillerie à 168 000 dollars le missile
Auteur: Maxime Marquette
5-7 novembre 2025: Ukrainska Pravda révèle le développement des drones «middle-strikes»
Selon Newsweek du 7 novembre 2025 citant Ukrainska Pravda et sa branche d’actualités de défense Oboronka: Kyiv exploite des véhicules aériens sans pilote à moyenne portée comme contre-mesure aux stratégies russes qui ont diminué l’efficacité des roquettes HIMARS. Dans un article publié le 5 novembre, le renseignement open source Illia Ponomarenko a noté que l’Ukraine a dû concevoir des méthodes alternatives pour frapper les troupes russes avec la même précision et portée que les systèmes américains en employant des drones capables de livrer «l’effet HIMARS».
Et voici ce que sont ces drones «middle-strikes» selon l’article détaillé d’Oboronka du 5 novembre: des drones à moyenne portée qui peuvent être contrôlés sur des dizaines voire des centaines de kilomètres et peuvent transporter diverses charges explosives pesant jusqu’à 100 kg. Le déploiement massif de tels drones permettrait à l’Ukraine de répliquer, au moins en partie, «l’effet HIMARS» et de frapper les postes de commandement russes, la logistique et l’équipement encore plus profondément dans l’arrière. Cela repousserait les forces russes plus loin et réduirait la pression offensive sur la ligne de front selon Ukrainska Pravda.
Les drones de frappe à moyenne portée sont encore en pénurie au sein des forces de défense ukrainiennes, bien que les fabricants ukrainiens aient maintenant appris à les produire selon Oboronka. C’est la nouvelle frontière technologique: pas seulement des drones FPV à courte portée pour frapper les tranchées, mais des drones capables de voler 30 à 120 km — la même portée que les roquettes GMLRS des HIMARS — et de livrer des charges explosives comparables.
Juin 2022 – Novembre 2025: l’évolution et le déclin de l’efficacité du HIMARS
Et pour comprendre pourquoi l’Ukraine cherche des alternatives, il faut comprendre l’histoire du HIMARS en Ukraine. Selon Wikipedia et multiples sources: le 1er juin 2022, les États-Unis ont annoncé qu’ils fourniraient quatre HIMARS à l’Ukraine avec des roquettes GMLRS unitaires. Le 23 juin, les premiers HIMARS sont arrivés en Ukraine selon le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov. Le 25 juin 2022, l’Ukraine a commencé à déployer le système contre les forces russes.
L’impact a été immédiat et dramatique. Selon le Commandant en chef des Forces armées ukrainiennes Valerii Zaluzhnyi: «Les artilleurs des Forces armées d’Ukraine ont frappé… des cibles militaires de l’ennemi sur notre territoire ukrainien». La première frappe sur une base russe à Izyum a éliminé plus de 40 soldats. Le 1er juillet, un responsable de la défense américaine a déclaré aux journalistes que l’Ukraine utilisait le système pour détruire les postes de commandement russes: «sélectionner les cibles puis les frapper avec précision… dégradant la capacité russe» selon Wikipedia et CNN.
Le 18 juillet, Zaluzhnyi a déclaré: «Un facteur important contribuant à notre rétention des lignes et positions défensives est l’arrivée opportune des M142 HIMARS, qui livrent des frappes chirurgicales sur les postes de commandement ennemis, les dépôts de stockage de munitions et de carburant». Les attaques HIMARS par l’Ukraine ont été créditées d’avoir «détruit les nœuds de commandement russes, des dizaines de milliers de munitions d’artillerie et 20 millions de munitions d’armes légères». En septembre 2022, le Général américain Mark Milley a déclaré: «Les Ukrainiens ont frappé plus de 400 cibles avec les HIMARS et ils ont eu un effet dévastateur».
Mai 2023 – Mars 2025: dégradation progressive de l’efficacité du HIMARS
Mais l’avantage ukrainien n’a pas duré. Selon Wikipedia: le 5 mai 2023, il a été rapporté que la Russie était capable de brouiller le système de guidage GPS des roquettes GMLRS, rendant les frappes moins précises. En plus du guidage GPS, les roquettes GMLRS ont un système de navigation inertielle qui, par définition, ne peut pas être brouillé, mais il est moins précis seul que lorsqu’il est couplé au guidage GPS.
Et les pertes ont commencé à s’accumuler. Le 5 mars 2024, un système HIMARS ukrainien a été détruit pour la première fois confirmée, après avoir été suivi par un drone russe et ciblé avec un missile près de Nykanorivka dans l’oblast de Donetsk. Le 15 août 2024, la deuxième perte confirmée d’un système HIMARS s’est produite dans la région de Soumy, portant le total à deux détruits et deux endommagés. En mai 2025, un système HIMARS a été détruit par une attaque de véhicule aérien sans pilote. La publication polonaise note que contrairement aux autres cas confirmés d’impact sur le système HIMARS par des missiles, c’est le premier cas documenté de destruction par un drone FPV.
Et puis est venue la coupure du renseignement américain. Selon Forbes et Washington Post de mars 2025: l’administration Trump a unilatéralement insisté pour que l’Ukraine conclue un conflit qu’elle n’a pas initié, entraînant la fin d’un accord de partage de renseignements de longue date avec l’Ukraine. Certaines unités ukrainiennes qui opèrent les environ 40 lanceurs de roquettes HIMARS ne reçoivent plus de coordonnées de ciblage pour les positions russes situées à 65 km ou plus. Sans renseignement américain satellite, l’efficacité des HIMARS au-delà de 65 km s’est effondrée.
Avril 2023 – Septembre 2025: développement et déploiement du missile Trembita
Et pendant que l’efficacité du HIMARS déclinait, l’Ukraine développait ses propres alternatives. Selon Wikipedia et Army Recognition: le Trembita est un missile de croisière surface-surface ukrainien fabriqué par PARS. Il a été révélé publiquement en avril 2023. Le Trembita est structurellement similaire à la bombe volante allemande V-1 de la Seconde Guerre mondiale. Le missile est propulsé par un moteur à réaction à impulsions, ce qui lui permet d’atteindre une vitesse d’environ 400 km/h.
Le missile a une portée d’environ 140 km, son altitude de vol minimale est de 30 m et le plafond maximal est de 2 000 m. L’approvisionnement en carburant est de 30 litres d’essence E92 ou E95 ou de diesel. Le fuselage a deux paires d’ailes de stabilisation, une montée sur la partie avant inférieure et l’autre à la partie arrière supérieure selon Wikipedia et spécifications techniques. Ces missiles sont généralement lancés depuis des lanceurs mobiles transportant habituellement environ 20 à 30 missiles.
Et le coût? C’est là que tout change. Selon Wikipedia: le coût de production d’un Trembita est d’environ 10 000 dollars, bien moins que le coût de production des missiles conçus pour le combattre. Le missile peut fonctionner à la fois comme un missile de croisière classique, utilisé pour attaquer des cibles dans l’arrière du front, ainsi qu’un leurre utilisé pour surcharger la défense antiaérienne ennemie. L’idée est que son faible coût permettra le lancement de dizaines de Trembitas à la fois pour submerger les défenses ennemies. La version leurre sans ogive ni système de navigation sophistiqué coûte encore moins à 3 000 dollars. Le plan est de produire jusqu’à 1 000 Trembitas chaque mois.
Décembre 2024 – Septembre 2025: développement d’une version avancée capable d’atteindre Moscou
Et l’Ukraine n’est pas satisfaite du Trembita à 140 km. Selon Army Recognition citant The Economist du 23 décembre 2024: l’Ukraine avance dans son programme de développement de missiles en créant une version plus grande et plus puissante de son missile de croisière Trembita, conçu pour atteindre potentiellement Moscou. La nouvelle version plus grande du missile Trembita devrait améliorer à la fois sa portée et sa capacité de charge utile. Bien que les spécifications officielles de la version améliorée restent classifiées, on croit que le nouveau missile pourrait potentiellement atteindre des cibles aussi loin que 1 500 kilomètres, mettant les grandes villes russes, y compris Moscou, à sa portée.
De plus, la capacité de l’ogive du missile devrait augmenter, lui permettant d’infliger plus de dégâts sur des cibles de grande valeur. Le Trembita avancé peut également incorporer des améliorations dans ses systèmes de guidage et de navigation, incluant potentiellement un ciblage assisté par GPS pour une meilleure précision et des contre-mesures pour contourner les défenses aériennes selon Army Recognition. Les développeurs se concentrent probablement sur l’amélioration de la vitesse et de la manœuvrabilité du missile pour s’assurer qu’il reste viable dans l’espace aérien contesté.
Août 2025: Zelensky annonce le test réussi du premier missile balistique ukrainien Sapsan
Et le Trembita n’est pas la seule alternative ukrainienne au HIMARS. Selon Ukrinform du 26 janvier 2025 citant des analyses de Defense Express: le Président Volodymyr Zelensky a annoncé lors d’une conférence de presse fin août que l’Ukraine a testé avec succès son premier missile balistique fabriqué dans le pays. Les analystes de Defense Express suggèrent que le missile mentionné par Zelensky est probablement le Sapsan/Hrim-2, un système de missile opérationnel-tactique que l’Ukraine développe depuis 2009.
Ce système de missile a fait l’objet d’un développement intensif et aurait entré en production de masse en juin 2025, bien que peu d’informations aient été entendues depuis, à part des affirmations russes en août 2025 selon lesquelles plusieurs sites de production liés au Hrim-2 auraient été détruits selon Missile Matters. Le travail se poursuit également sur le Korshun, un missile de croisière d’attaque terrestre basé sur la technologie soviétique héritée du Kh-55 et Kh-555. Bien que ses spécifications exactes restent inconnues, il sera probablement capable de livrer une ogive de 480 kg à une distance d’au moins 700 à 1 000 kilomètres, sinon beaucoup plus.
Contexte historique: l'évolution de la guerre d'artillerie de précision
2022: l’arrivée du HIMARS change fondamentalement la guerre
Pour comprendre pourquoi l’Ukraine cherche si désespérément à répliquer «l’effet HIMARS», il faut revenir à juin 2022. À cette époque, l’Ukraine luttait pour arrêter l’avance russe dans le Donbas. L’artillerie russe — avec une portée supérieure et des munitions pratiquement illimitées — pilonnait les positions ukrainiennes impunément. Les dépôts de munitions russes étaient situés à 70-80 km de la ligne de front, hors de portée de l’artillerie ukrainienne standard.
Et puis sont arrivés les HIMARS. Soudain, l’Ukraine pouvait frapper avec précision à 80 km. Chaque dépôt de munitions russe est devenu vulnérable. Chaque poste de commandement. Chaque concentration de troupes. Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a comparé l’utilisation des HIMARS par ses troupes à «un chirurgien travaillant avec un scalpel». Le Général Mark Milley a déclaré en septembre 2022 que les HIMARS avaient «un effet dévastateur» selon The War Zone et Wikipedia.
L’impact stratégique a été massif. Selon Justin Bronk du RUSI cité par Business Insider: les HIMARS étaient «largement efficaces» quand ils sont arrivés et étaient «absolument cruciaux» pour la riposte ukrainienne, car ils ciblaient les centres de commandement et les dépôts de munitions, contraignant l’énorme logistique dont les forces de première ligne russes ont besoin. La Russie a été forcée de déplacer ses dépôts de munitions à 100+ km de la ligne de front. Ses postes de commandement ont dû être dispersés. Sa capacité offensive a été dégradée.
2023-2024: la Russie s’adapte avec la guerre électronique et la dispersion
Mais la Russie a appris. À partir de mai 2023, la Russie a déployé des systèmes de guerre électronique capables de brouiller le guidage GPS des roquettes GMLRS. Résultat? Les frappes HIMARS sont devenues moins précises selon Wikipedia et multiples analyses techniques. Les roquettes GMLRS ont un système de navigation inertielle de secours qui ne peut pas être brouillé, mais il est bien moins précis — erreurs de plusieurs dizaines de mètres au lieu de quelques mètres.
Simultanément, la Russie a amélioré son camouflage et sa dispersion. Au lieu de concentrer 1 000 tonnes de munitions dans un seul grand dépôt, elle a créé des dizaines de petits dépôts dispersés. Au lieu de postes de commandement fixes, elle a utilisé des postes mobiles qui changeaient de position toutes les 24-48 heures. Et la Russie a déployé davantage de systèmes de défense aérienne à courte portée comme les Pantsir-S1 pour protéger les cibles de haute valeur.
Résultat? Selon Business Insider citant Justin Bronk du RUSI: les HIMARS sont devenus «moins efficaces au fil du temps à mesure que les capacités de guerre électronique de la Russie ont augmenté, et il y a des pénuries mondiales de son type de munitions. Pourtant, ils restaient une partie importante des capacités ukrainiennes». Mais l’avantage écrasant de juin 2022 avait disparu. L’Ukraine avait besoin d’alternatives.
2022-2025: les pénuries de roquettes GMLRS deviennent critiques
Et il y a eu le problème des munitions. Selon The War Zone de juillet 2022 citant l’ancien colonel du Corps des Marines Mark Cancian: «Tant que vous n’avez que 12 ou 20 systèmes HIMARS, le taux de combustion des munitions ne va pas être un problème à court terme». Mais si l’Ukraine obtenait les 100 HIMARS qu’elle demandait? «Le problème est que vous manquerez de roquettes».
Voici les chiffres selon The War Zone et le budget présidentiel de l’armée américaine: avant l’exercice 2021, le Pentagone avait acheté un peu plus de 50 000 GMLRS de toutes les variantes. L’armée américaine avait probablement dépensé environ 20 000 pendant les guerres en Afghanistan et en Irak, laissant un inventaire d’environ 30 000 roquettes. Si les États-Unis fournissaient à l’Ukraine des GMLRS au même taux qu’ils avaient fourni des Javelins et des Stingers — environ un tiers de l’inventaire actuel — cela serait environ 10 000 roquettes.
Et l’Ukraine? Selon CNN rapporté en février 2023: l’Ukraine avait dépensé environ 9 500 roquettes GMLRS. À ce rythme — environ 500 roquettes par mois — l’inventaire américain s’épuiserait rapidement. Le plan budgétaire prévoyait que l’Armée achèterait 4 674 GMLRS supplémentaires en exercice 2023, puis environ 3 500-4 000 par an pour les années suivantes. Mais la production ne pouvait pas suivre la consommation ukrainienne.
Informations non confirmées et hypothèses d'enquête
La capacité de production réelle des drones «middle-strikes» ukrainiens: centaines ou milliers par mois?
Aucune confirmation officielle n’existe sur la capacité de production mensuelle actuelle des drones de frappe à moyenne portée ukrainiens. Les enquêteurs militaires explorent la possibilité que les fabricants ukrainiens puissent produire plusieurs centaines de ces drones par mois — similaire à la cible de 1 000 Trembitas par mois — mais que la production soit actuellement limitée par la disponibilité de composants critiques comme les moteurs et les systèmes de guidage. Aucune certitude. Mais le fait qu’Oboronka rapporte que «les drones de frappe à moyenne portée sont encore en pénurie» suggère que la production n’a pas encore atteint l’échelle nécessaire pour remplacer complètement les HIMARS.
L’efficacité réelle des drones contre les défenses aériennes russes: meilleure ou pire que les roquettes GMLRS?
Aucune confirmation indépendante n’existe sur le taux de réussite des drones de frappe à moyenne portée ukrainiens contre les défenses aériennes russes comparé aux roquettes GMLRS. Les enquêteurs militaires explorent deux scénarios: soit les drones sont plus efficaces parce qu’ils volent plus lentement et à basse altitude, rendant la détection radar difficile et l’interception par missiles SAM impraticable; soit les drones sont moins efficaces parce qu’ils sont vulnérables aux systèmes de guerre électronique similaires à ceux qui brouillent les GMLRS. Aucune certitude. Mais le fait que l’Ukraine investisse massivement dans cette technologie suggère qu’elle croit que les drones offrent un avantage substantiel — probablement un rapport coût-efficacité plutôt qu’une efficacité brute supérieure.
Le calendrier de déploiement à grande échelle: 2026 ou plus tard?
Aucune confirmation officielle n’existe sur quand l’Ukraine pourra déployer les drones «middle-strikes» à une échelle suffisante pour vraiment répliquer «l’effet HIMARS». Les enquêteurs militaires explorent la possibilité que le déploiement à grande échelle — avec des centaines de drones opérant simultanément sur le front — pourrait commencer au premier semestre 2026 si la production s’accélère, mais que des goulots d’étranglement technologiques et logistiques pourraient retarder cela jusqu’à 2027. Aucune certitude. Mais le fait que l’Ukraine développe simultanément multiples systèmes — Trembita, Sapsan/Hrim-2, Korshun, Neptune longue portée — suggère une approche diversifiée plutôt qu’une dépendance à un seul système miracle.
Analyse contextuelle: pourquoi les drones à 10 000 dollars changent l'économie de la guerre
Le rapport coût-efficacité révolutionnaire: 10 000 dollars contre 168 000 dollars
Selon les analyses comparatives de The War Zone, Wikipedia et multiples sources budgétaires: l’avantage économique des drones ukrainiens sur les roquettes GMLRS américaines est spectaculaire. Une roquette GMLRS coûte 168 000 dollars selon le budget présidentiel américain de l’exercice 2023. Un missile Trembita ukrainien coûte 10 000 dollars. Un Trembita leurre sans ogive coûte 3 000 dollars.
Et le rapport coût-efficacité? Un Trembita à 10 000 dollars coûte 6% du prix d’une roquette GMLRS. Pour le prix d’une seule roquette GMLRS, l’Ukraine peut produire 16,8 Trembitas. Pour le prix de 1 000 roquettes GMLRS (168 millions de dollars), l’Ukraine peut produire 16 800 Trembitas. C’est un changement fondamental dans l’économie de la guerre de précision.
Et l’impact stratégique selon les analyses: cette asymétrie économique permet à l’Ukraine de submerger les défenses aériennes russes par le volume plutôt que la sophistication. Au lieu de lancer 6 roquettes GMLRS à 168 000 dollars chacune (total 1 million de dollars) contre une cible de haute valeur, l’Ukraine peut lancer 100 Trembitas à 10 000 dollars chacun (total 1 million de dollars). Même si seulement 10% passent les défenses aériennes russes, 10 missiles frappant la cible infligent probablement plus de dégâts que 6 roquettes GMLRS.
La vulnérabilité croissante du HIMARS: guerre électronique, drones FPV, et pénuries de munitions
Selon les analyses de Business Insider, Forbes et multiples sources: l’efficacité déclinante du HIMARS n’est pas un problème temporaire mais une vulnérabilité structurelle croissante. Premièrement, la guerre électronique russe dégrade progressivement la précision du guidage GPS des GMLRS. Deuxièmement, les drones FPV russes ont détruit au moins trois systèmes HIMARS en 2024-2025 — démontrant que même ces systèmes mobiles peuvent être traqués et détruits. Troisièmement, les pénuries de munitions GMLRS s’aggravent car la production américaine ne peut pas suivre la consommation ukrainienne.
Et le coup de grâce? En mars 2025, l’administration Trump a coupé le partage de renseignements avec l’Ukraine, privant les unités HIMARS des coordonnées de ciblage satellite pour les cibles au-delà de 65 km selon Forbes et Washington Post. Sans renseignement américain, les HIMARS deviennent beaucoup moins efficaces pour les frappes en profondeur — exactement le type de frappes qui ont fait leur réputation en 2022.
Résultat selon l’analyse de Forbes: «Bien que cette situation puisse être difficile, l’Ukraine peut s’adapter au manque soudain de coopération américaine. Les alliés européens possèdent beaucoup des mêmes capacités satellitaires que les États-Unis, bien qu’à plus petite échelle. De plus, les fournisseurs commerciaux ont des actifs similaires et peuvent être contractés pour leurs services». Mais l’adaptation nécessite des alternatives — et c’est exactement ce que l’Ukraine développe avec ses drones.
L’avenir de la guerre de précision: saturation plutôt que sophistication
Selon les analyses d’Army Recognition, Wikipedia et multiples sources: le développement ukrainien des drones à faible coût représente un changement de paradigme dans la guerre de précision — de la sophistication vers la saturation. L’approche traditionnelle occidentale privilégie les munitions ultra-sophistiquées à coût élevé — roquettes guidées GPS à 168 000 dollars, missiles ATACMS à 1,7 million de dollars, missiles Tomahawk à 2 millions de dollars. L’approche ukrainienne privilégie les munitions simplement précises à faible coût — drones Trembita à 10 000 dollars, drones FPV à 400-500 dollars, drones Liutyi à 55 000 dollars.
Et l’avantage de la saturation? Selon les analyses: aucun système de défense aérienne ne peut intercepter des centaines de cibles simultanées. Un système Pantsir-S1 russe peut engager peut-être 4-6 cibles avant de recharger. Un système S-300/S-400 peut engager 12-24 cibles selon la variante. Mais si l’Ukraine lance 100 Trembitas simultanément contre une cible protégée? La défense aérienne sera submergée. Certains missiles seront interceptés. Mais suffisamment passeront pour détruire la cible.
Éditorial: réflexion sur l'ingéniosité ukrainienne face aux contraintes américaines
Note: cette section présente une interprétation basée sur l’observation de l’évolution de l’industrie de défense ukrainienne depuis 2022
Je regarde ces chiffres — 168 000 dollars pour une roquette GMLRS, 10 000 dollars pour un Trembita — et je réalise que nous assistons à quelque chose de profondément révolutionnaire. Pendant presque trois ans, l’Ukraine a compté sur les États-Unis pour lui fournir les armes de précision qui lui permettaient de rivaliser avec la Russie malgré un désavantage numérique écrasant. Et maintenant? Washington coupe le renseignement. Les pénuries de munitions s’aggravent. Et l’Ukraine est forcée d’innover ou de mourir.
Et elle choisit d’innover. Pas avec des systèmes ultra-sophistiqués qui coûtent des millions. Mais avec des drones simples, bon marché, produisibles en masse qui peuvent submerger les défenses ennemies par le volume pur. C’est le génie de la nécessité. C’est ce qui se passe quand un pays se bat pour sa survie et ne peut plus compter sur la charité occidentale. Il invente ses propres solutions — et parfois, ces solutions sont meilleures que ce que l’Occident fournissait.
Le paradoxe américain: couper l’aide et forcer l’Ukraine vers l’indépendance
Et voici le paradoxe ironique: en coupant le renseignement et en limitant les livraisons de roquettes GMLRS, Trump a peut-être fait à l’Ukraine la plus grande faveur de toutes — la forcer vers l’indépendance technologique. Tant que l’Ukraine dépendait des HIMARS américains, elle était vulnérable aux caprices politiques de Washington. Un changement d’administration? L’aide s’arrête. Un scandale politique? Les livraisons ralentissent. Une négociation avec Moscou? Les restrictions s’imposent.
Mais maintenant, avec des usines ukrainiennes produisant 1 000 Trembitas par mois — et potentiellement beaucoup plus avec l’expansion — l’Ukraine ne dépend plus de Washington pour ses capacités de frappe en profondeur. Elle peut frapper Moscou avec ses propres missiles. Elle peut submerger les défenses aériennes russes avec ses propres drones. Et personne à Washington ne peut l’en empêcher en coupant l’aide.
C’est l’indépendance stratégique née de la trahison américaine. Et à long terme, elle rendra l’Ukraine plus forte, pas plus faible.
L’avenir: vers une industrie de défense ukrainienne dominante en drones à faible coût?
Si l’Ukraine réussit à produire en masse ses drones «middle-strikes» — atteignant peut-être 2 000-3 000 par mois d’ici 2026 — elle pourrait devenir le leader mondial de la guerre par drones à faible coût. Pas les drones sophistiqués Reaper américains à 30 millions de dollars. Mais les drones simples, efficaces, bon marché que n’importe quel pays peut se permettre et qui peuvent changer l’équilibre de n’importe quel conflit.
Et après la guerre? L’Ukraine aura une industrie de défense basée sur l’expérience de combat réelle — pas des théories, pas des simulations, mais trois ans de guerre intensive contre un adversaire de premier rang. Cette expérience sera inestimable. Les pays du monde entier voudront acheter des drones ukrainiens qui ont prouvé leur valeur sur le champ de bataille. L’industrie de défense ukrainienne pourrait devenir une source majeure de revenus d’exportation.
Tout cela parce que Trump a coupé l’aide. Parfois, la trahison crée l’opportunité. Et l’Ukraine — nation qui a survécu à des siècles d’invasions, de famines, de génocides — sait mieux que quiconque comment transformer la catastrophe en triomphe.
Conclusion
5 novembre 2025. Les ingénieurs ukrainiens résolvent un problème. Un problème à 168 000 dollars par roquette GMLRS. La solution? Des drones à 10 000 dollars qui peuvent voler aussi loin, frapper aussi précisément, et être produits en masse à une fraction du coût. Trembita. Middle-strikes. Sapsan. Korshun. Des noms que le monde apprendra à connaître.
Et l’effet HIMARS? Il sera répliqué. Pas avec des roquettes américaines de plus en plus rares. Mais avec des drones ukrainiens de plus en plus nombreux. 10 000 dollars contre 168 000 dollars. Volume contre sophistication. Ingéniosité ukrainienne contre contraintes américaines. Trump pensait qu’en coupant l’aide, il forcerait l’Ukraine à capituler. Il a créé à la place une industrie de défense ukrainienne qui ne dépendra plus jamais de Washington. Et Moscou découvrira bientôt que l’Ukraine indépendante est bien plus dangereuse que l’Ukraine dépendante n’a jamais été.
Encadré de transparence du rédacteur
Positionnement éditorial
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur et analyste. Mon expertise réside dans l’observation et l’analyse des dynamiques géopolitiques, économiques et stratégiques qui façonnent notre monde. Mon travail consiste à décortiquer les stratégies politiques, à comprendre les mouvements économiques globaux, à contextualiser les décisions des acteurs internationaux et à proposer des perspectives analytiques sur les transformations qui redéfinissent nos sociétés.
Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel, qui se limite au rapport factuel. Je prétends à la lucidité analytique, à l’interprétation rigoureuse, à la compréhension approfondie des enjeux complexes qui nous concernent tous. Mon rôle est de donner du sens aux faits, de les situer dans leur contexte historique et stratégique, et d’offrir une lecture critique des événements.
Méthodologie et sources
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et analyses interprétatives. Les informations factuelles présentées proviennent exclusivement de sources primaires et secondaires vérifiables.
Sources primaires: article détaillé d’Ukrainska Pravda/Oboronka du 5 novembre 2025 par Illia Ponomarenko sur les drones «middle-strikes»; budget présidentiel de l’armée américaine exercice 2023 sur les coûts GMLRS; déclarations du Commandant en chef Valerii Zaluzhnyi juin-juillet 2022 sur l’efficacité HIMARS; déclaration du Général Mark Milley septembre 2022 sur 400 cibles frappées; déclaration du Président Zelensky août 2025 sur le test du missile balistique Sapsan; déclarations du ministre de la Défense Oleksii Reznikov 2022 sur l’utilisation HIMARS.
Sources secondaires: Newsweek 7 novembre 2025; Ukrainska Pravda 5 novembre 2025; Wikipedia article M142 HIMARS mis à jour novembre 2025; Wikipedia article Trembita missile 2023-2025; Army Recognition 30 septembre 2025 sur Trembita avancé; The War Zone 26 juillet 2022 sur pénuries GMLRS; Forbes 3-4 mars 2025 sur coupure renseignement américain; Business Insider 4 mars 2025 sur vulnérabilités HIMARS; Washington Post mars 2025 sur fin partage renseignements; Ukrinform 26 janvier 2025 sur Sapsan/Hrim-2; Missile Matters 30 août 2025 sur évolution missiles ukrainiens; Defense24 29 septembre 2025; CSIS 16 octobre 2025; The Defense Post 30 juin 2025; Reuters 17 septembre 2025 sur livraisons HIMARS.
Les données factuelles (coût GMLRS 168 000 dollars, coût Trembita 10 000 dollars, coût leurre 3 000 dollars, portée Trembita 140 km, vitesse 400 km/h, ogive 25 kg, plan production 1 000/mois, portée version avancée 1 500 km, inventaire américain GMLRS environ 30 000, consommation ukrainienne 9 500 en février 2023, 40+ systèmes HIMARS livrés, 3 détruits confirmés, brouillage GPS depuis mai 2023) proviennent de sources officielles vérifiées et de multiples confirmations indépendantes.
Nature de l’analyse
Les analyses, interprétations et perspectives présentées dans les sections analytiques de cet article constituent une synthèse critique et contextuelle basée sur les informations disponibles, les tendances observées et les commentaires d’experts cités dans les sources consultées.
Mon rôle est d’interpréter le développement ukrainien des drones «middle-strikes» dans le cadre de l’évolution de l’efficacité déclinante du HIMARS, du rapport coût-efficacité révolutionnaire entre drones à 10 000 dollars et roquettes GMLRS à 168 000 dollars, et de la compréhension de comment la coupure de l’aide américaine force l’Ukraine vers l’indépendance technologique, et de leur donner un sens cohérent. Ces analyses reflètent une expertise développée à travers l’observation continue de la guerre russo-ukrainienne, de l’évolution de l’industrie de défense ukrainienne, et de la compréhension de l’économie de la guerre de précision.
Toute mise à jour concernant le déploiement à grande échelle des drones «middle-strikes», l’évolution de la production du Trembita, ou les performances opérationnelles des systèmes ukrainiens comparés aux HIMARS pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles substantielles sont publiées après le 7 novembre 2025.