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Chronique : Les forces spéciales ukrainiennes déclenchent une guerre totale contre les systèmes antiaériens russes
Credit: Adobe Stock

La nuit décisive du 6 octobre 2025

Les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont confirmé le 8 novembre 2025 la destruction complète d’un lanceur mobile du système antiaérien S-400 Triumf dans le village d’Uyutne, près d’Yevpatoria, en Crimée occupée, selon l’agence Ukrinform qui a relayé le communiqué officiel des SSO sur Facebook. L’attaque s’est déroulée dans la nuit du 5 au 6 octobre 2025, mais les détails n’ont été révélés qu’un mois plus tard pour des raisons de sécurité opérationnelle, comme l’ont précisé les forces spéciales dans leur déclaration. Le système, qui était en position de combat active au moment de la frappe, a été totalement anéanti par des drones FP-2 guidés, provoquant une explosion massive visible à plusieurs kilomètres. Le lanceur S-400 était positionné près du village de Nizhniohirskyi et constituait un élément crucial de la défense aérienne russe dans cette région stratégique de la péninsule.

Simultanément, les forces ukrainiennes ont frappé un dépôt de munitions majeur appartenant à la 18e Armée russe dans le village d’Udachne, près de Simferopol, selon le rapport publié par Defence-UA le 8 novembre 2025. L’attaque a déclenché des explosions secondaires massives et des incendies qui ont duré plusieurs heures, confirmant la présence d’importantes quantités de munitions sur le site, comme en témoignent les vidéos publiées par les forces spéciales montrant des détonations en chaîne illuminant le ciel nocturne. Les équipes de reconnaissance du Mouvement de Résistance des SSO avaient identifié précisément l’emplacement de ce dépôt stratégique, permettant une frappe d’une précision remarquable. Cette opération coordonnée démontre un niveau de renseignement et de planification opérationnelle extrêmement sophistiqué, impliquant des semaines de surveillance et de préparation avant l’exécution finale.

Les images diffusées par les forces ukrainiennes montrent le lanceur S-400 englouti dans les flammes immédiatement après l’impact des drones, comme l’a rapporté le média britannique The Sun le 8 novembre 2025. Les vidéos en vue à la première personne capturées par les drones kamikazes révèlent l’approche finale vers la cible mobile, démontrant la sophistication technologique et la précision de ces nouvelles armes développées par la compagnie ukrainienne Fire Point. Le système de défense antiaérienne, malgré ses capacités théoriques de détection et d’interception, n’a manifestement pas pu contrer cette attaque coordonnée, soulevant des questions fondamentales sur la vulnérabilité réelle de ces systèmes russes face aux tactiques asymétriques ukrainiennes. Les forces spéciales ont souligné dans leur communiqué que cette opération s’inscrit dans une campagne plus large visant à épuiser totalement les capacités offensives russes et à perturber leurs lignes logistiques en profondeur.

L’alliance stratégique avec le mouvement partisan Cherna Iskra

Le 4 novembre 2025, les SSO ont révélé une autre opération spectaculaire menée conjointement avec le mouvement partisan russe Cherna Iskra, dont le nom signifie « Étincelle Noire » en russe, selon le rapport publié par United24 Media le 5 novembre. Cette collaboration entre forces spéciales ukrainiennes et résistants russes a permis la destruction d’un véhicule de transport et de chargement 9T250 pour le système de missiles tactiques Iskander-M dans la région de Kursk, en territoire russe. L’attaque s’est déroulée dans la nuit du 3 au 4 octobre près du village d’Ovsyannikove, comme l’ont confirmé les Forces d’opérations spéciales dans leur déclaration officielle. Ce véhicule était utilisé pour transporter, charger et préparer les missiles Iskander qui ont été lancés contre le territoire ukrainien, représentant ainsi une cible de haute valeur stratégique dans l’arsenal offensif russe.

La même opération a également détruit une station radar 1L122 Garmon située près du village de Nyzhniy Reutets, toujours dans la région de Kursk, selon les informations rapportées par le Kyiv Independent le 4 novembre 2025. Ce radar compact était conçu pour détecter et suivre les cibles aériennes et fournir des données de ciblage aux unités de défense antiaérienne russes, jouant un rôle crucial dans la coordination des systèmes de défense russes dans cette région frontalière stratégique. La destruction simultanée de ces deux systèmes démontre une planification opérationnelle méticuleuse et une capacité à frapper des cibles multiples avec une synchronisation précise. Cette collaboration entre forces spéciales ukrainiennes et partisans russes révèle l’existence d’un réseau de résistance actif à l’intérieur même de la Russie, capable de fournir du renseignement critique et de participer directement aux opérations de sabotage contre les installations militaires russes.

Le mouvement Cherna Iskra, dont l’existence même témoigne de l’opposition interne croissante à la guerre de Poutine, représente un élément nouveau et profondément déstabilisant pour le Kremlin, comme l’ont analysé plusieurs observateurs militaires cités par Defence-UA le 5 novembre 2025. Cette alliance opérationnelle entre les SSO ukrainiens et les partisans russes crée une situation sans précédent où la Russie doit désormais se défendre non seulement contre des attaques extérieures, mais aussi contre une insurrection interne coordonnée avec l’armée ukrainienne. Les Forces d’opérations spéciales ont souligné dans leur communiqué qu’elles continuent d’infliger « mille coupures » à l’ennemi, rapprochant son effondrement offensif et stratégique. Cette métaphore de la mort par mille coupures reflète une stratégie délibérée d’usure systématique des capacités russes, ciblant non pas des objectifs spectaculaires mais l’infrastructure logistique et opérationnelle qui permet à la machine de guerre russe de fonctionner au quotidien.

La technologie FP-2: une arme révolutionnaire

Le drone FP-2, développé par la compagnie ukrainienne Fire Point, représente une innovation majeure dans l’arsenal ukrainien, comme l’a détaillé Militarnyi dans son rapport du 3 septembre 2025. Cet engin porte une charge utile pouvant atteindre 105 kilogrammes, soit environ 231 livres, ce qui représente entre dix et vingt fois la capacité d’un drone FPV standard utilisé habituellement sur le front, selon les spécifications techniques publiées par RBC-Ukraine le 3 septembre. Cette capacité de charge massive permet au FP-2 de frapper des cibles beaucoup plus lourdes et fortifiées que les chars et véhicules blindés habituellement visés par les drones tactiques légers. La portée du drone atteint 200 kilomètres, offrant ainsi aux forces ukrainiennes la capacité de frapper profondément derrière les lignes ennemies dans des zones que la Russie croyait sécurisées.

Le FP-2 est disponible en deux variantes distinctes, selon les développeurs de Fire Point interrogés par Militarnyi en septembre 2025. La première version utilise un système de guidage autonome, idéal pour frapper des cibles stationnaires: il suffit de programmer les coordonnées et le drone se guide lui-même vers la zone de frappe, permettant des opérations sans nécessiter un contrôle constant de l’opérateur. La seconde variante permet un contrôle manuel via une liaison radio, similaire à un drone FPV traditionnel, ce qui permet à un opérateur ukrainien de guider son FP-2 vers une cible mobile ou d’assurer un impact direct contre une cible stationnaire difficile à atteindre avec le système autonome. Cette flexibilité opérationnelle donne aux forces ukrainiennes une adaptabilité remarquable sur le champ de bataille, leur permettant de s’ajuster en temps réel aux conditions changeantes du combat.

L’aspect le plus révolutionnaire du FP-2 réside peut-être dans son coût de production, estimé à seulement 55 000 dollars par unité, selon les données rapportées par une vidéo YouTube de novembre 2025 citant United24 Media. Ce prix représente une fraction du coût des missiles conventionnels tout en offrant une puissance de feu comparable, voire supérieure dans certains cas. Pour contexte, un missile Patriot américain coûte environ 4 millions de dollars, soit près de 73 fois le prix d’un drone FP-2. Cette efficacité économique permet à l’Ukraine de produire et de déployer ces armes en masse, créant une menace soutenue et omniprésente contre les installations russes sans épuiser les ressources militaires ukrainiennes. Fire Point a développé des installations mobiles configurées pour ressembler à des camions militaires, permettant un déploiement rapide n’importe où à travers ou derrière les lignes de front en Ukraine, augmentant encore la mobilité et l’imprévisibilité de ces systèmes d’armes, comme l’a expliqué l’analyste Ryder Blackthorn dans sa chronique Medium en septembre 2025.

Le réseau de résistance en Crimée occupée

Le Mouvement de Résistance des Forces d’opérations spéciales représente une composante cruciale mais peu connue de la stratégie ukrainienne en territoires occupés, comme l’a documenté l’Atlantic Council dans son analyse du 11 février 2025. Ce réseau clandestin opère profondément à l’intérieur de la Crimée occupée, collectant du renseignement sur les installations militaires russes, identifiant les cibles stratégiques et coordonnant avec les unités Deep Strike pour exécuter des frappes de précision. Les agents de ce mouvement vivent sous couverture parmi la population civile, observant discrètement les mouvements de troupes russes, photographiant les installations militaires et transmettant ces informations cruciales aux forces ukrainiennes par des canaux sécurisés. Leur travail dans l’ombre constitue la base même qui permet aux opérations spectaculaires comme celle du 6 octobre 2025 de réussir.

Dans le cas du dépôt de munitions d’Udachne, les éclaireurs du Mouvement de Résistance ont obtenu des renseignements précis sur l’emplacement exact de l’arsenal de la 18e Armée russe, selon le communiqué des SSO rapporté par Interfax-Ukraine le 7 novembre 2025. Une reconnaissance spéciale supplémentaire a ensuite confirmé l’emplacement de cet arsenal ennemi avant que l’attaque ne soit lancée. Cette méthodologie en plusieurs étapes—renseignement initial, vérification sur le terrain, puis frappe coordonnée—démontre un professionnalisme et une discipline opérationnelle remarquables. Le réseau de résistance ne se contente pas de transmettre des rumeurs ou des informations non vérifiées: il applique des protocoles rigoureux de confirmation avant de valider une cible, minimisant ainsi les risques d’erreurs coûteuses et maximisant l’efficacité de chaque frappe précieuse.

L’existence même de ce réseau de résistance en Crimée, occupée depuis 2014, témoigne de la résilience extraordinaire du sentiment national ukrainien dans la péninsule, comme l’a analysé PONARS Eurasia dans son mémo du 19 mars 2023. Malgré onze années d’occupation russe intensive, de répression systématique et de tentatives de russification forcée, des Ukrainiens et des Tatars de Crimée continuent de risquer leur vie pour résister à l’occupant. Ces agents opèrent dans un environnement extrêmement hostile où la découverte signifie presque certainement la torture, l’emprisonnement ou l’exécution sommaire. Pourtant, ils persistent, guidés par une conviction inébranlable que la Crimée reste ukrainienne et que l’occupation russe n’est qu’une parenthèse temporaire dans l’histoire de la péninsule. Le Centre de Résistance Nationale, créé par les SSO après l’invasion complète de 2022, fournit un soutien logistique et opérationnel à ces réseaux clandestins, offrant des conseils pratiques sur la guerre de guérilla, des instructions pour rejoindre le mouvement et des formulaires pour signaler anonymement les emplacements militaires russes.

L’opération contre le dépôt de drones Shahed à Donetsk

Quelques jours avant l’opération en Crimée, le 5 novembre 2025, les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont frappé un hub majeur de drones Shahed à l’aéroport de Donetsk occupé, détruisant jusqu’à 1 000 drones, un entrepôt de munitions, un dépôt de carburant et des infrastructures clés pour les véhicules aériens sans pilote, selon le rapport publié par United24 Media ce jour-là. Cette frappe massive représente un coup dévastateur pour les capacités russes de guerre par drones, ces systèmes iraniens Shahed étant devenus un élément central de la stratégie russe d’attaques contre les infrastructures civiles et militaires ukrainiennes. La destruction de 1 000 drones en une seule frappe équivaut à éliminer des semaines, voire des mois de production et d’approvisionnement, créant un vide opérationnel significatif dans les capacités offensives russes.

L’aéroport de Donetsk, transformé en installation militaire russe depuis son occupation en 2014 et devenu un symbole tragique de la bataille de Donetsk de 2014-2015, avait été reconverti en hub logistique majeur pour les opérations de drones, selon les analyses d’observateurs militaires cités par Defence Express en novembre 2025. Les Russes y avaient concentré non seulement des stocks massifs de drones Shahed assemblés et prêts à l’emploi, mais également des installations de stockage de munitions, de carburant et probablement des équipements de maintenance et d’assemblage. Cette concentration de ressources en un seul endroit, bien que logiquement efficace d’un point de vue logistique, créait une vulnérabilité massive—une cible unique de haute valeur dont la destruction pouvait paralyser les opérations de drones russes sur un secteur entier du front. Les forces spéciales ukrainiennes ont exploité cette vulnérabilité avec une efficacité dévastatrice.

La frappe sur l’aéroport de Donetsk illustre parfaitement la stratégie des « mille coupures » évoquée par les SSO dans leurs communiqués, comme l’a souligné Kyiv Post dans son analyse du 5 novembre 2025. Plutôt que de chercher une victoire spectaculaire et décisive en une seule bataille, les forces spéciales ukrainiennes multiplient les frappes ciblées contre l’infrastructure logistique russe—dépôts de munitions, installations de carburant, hubs de drones, stations radar, systèmes de défense aérienne. Chaque frappe prise individuellement peut sembler modeste, mais leur effet cumulatif érode systématiquement la capacité russe à soutenir des opérations offensives prolongées. C’est une guerre d’usure menée non pas en sacrifiant des soldats dans des combats frontaux, mais en détruisant méthodiquement les moyens qui permettent à l’armée russe de combattre. Cette approche asymétrique, moins coûteuse en vies humaines mais tout aussi efficace stratégiquement, représente peut-être l’avenir de la guerre moderne entre adversaires technologiquement avancés.

Les frappes contre les infrastructures pétrolières en Crimée

Dans la nuit du 6 novembre 2025, les drones des Forces d’opérations spéciales ont attaqué le dépôt pétrolier de Hvardiiske près du village éponyme, détruisant un réservoir RVS-400 qui était plein au moment de la frappe, selon le communiqué des SSO rapporté par le Kyiv Independent le 7 novembre. Ce réservoir, conçu pour stocker du pétrole, des produits pétroliers et d’autres liquides, contenait probablement des centaines de milliers de litres de carburant destinés aux opérations militaires russes en Crimée et dans le sud de l’Ukraine. L’explosion et l’incendie qui ont suivi ont non seulement détruit le réservoir lui-même, mais ont également créé un spectacle pyrotechnique visible à des kilomètres, servant d’avertissement visuel à la fois aux forces russes et à la population locale que nulle part en Crimée n’est hors de portée des forces ukrainiennes.

En plus du dépôt de Hvardiiske, les drones ukrainiens ont frappé deux trains transportant des wagons-citernes chargés de produits pétroliers sur le quai de chargement-déchargement, ainsi que plusieurs dépôts de carburant et d’huile et entrepôts de lubrifiants à Simferopol et dans ses environs, notamment dans le village de Bitumne, selon les détails fournis par la chaîne YouTube Kanal13 le 7 novembre 2025. Ces frappes multiples et coordonnées contre l’infrastructure pétrolière crimée visent à étrangler l’approvisionnement en carburant des forces russes, une ressource absolument critique pour toute opération militaire moderne. Sans carburant, les chars ne peuvent pas rouler, les avions ne peuvent pas voler, les générateurs ne peuvent pas fonctionner, et toute la machine de guerre russe se grippe progressivement jusqu’à l’immobilisation complète.

La stratégie de ciblage des infrastructures énergétiques reflète une compréhension sophistiquée de la logistique militaire moderne, comme l’ont analysé plusieurs experts militaires cités par Militarnyi le 8 novembre 2025. Les armées modernes dépendent d’un flux constant et massif de carburant pour maintenir leurs opérations: un seul char de combat principal consomme des centaines de litres par jour, un avion de chasse des milliers de litres par mission, et les générateurs qui alimentent les systèmes de commandement et de contrôle fonctionnent 24 heures sur 24. En ciblant systématiquement les dépôts de carburant, les installations de stockage et les moyens de transport, les forces ukrainiennes forcent l’armée russe à consacrer des ressources précieuses à la protection de son infrastructure logistique, diluant ainsi la concentration de forces disponibles pour les opérations offensives. Cette approche transforme chaque dépôt de carburant, chaque station de pompage et chaque convoi de ravitaillement en une cible potentielle nécessitant protection et surveillance continues, multipliant exponentiellement les besoins en personnel et en équipement de l’occupant russe.

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