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Chronique : L’Ukraine frappe au cœur de l’arsenal Iskander russe avec les partisans de Kursk
Credit: Adobe Stock

L’opération conjointe du 4 novembre 2025

Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2025—selon la chronologie initiale rapportée, mais confirmée comme étant le 4 novembre par plusieurs sources dont le Kyiv Independent—les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont mené une opération coordonnée avec le mouvement partisan russe Cherna Iskra dans la région de Kursk, selon le communiqué officiel des SSO publié sur Telegram le 5 novembre. La cible principale était un véhicule de transport et de chargement 9T250 du système de missiles tactiques Iskander-M, localisé près du village d’Ovsyannikovo. Ce véhicule, basé sur le châssis MZKT-7930 et pesant 40 tonnes selon les spécifications techniques publiées par Truck Encyclopedia, est un composant critique du système Iskander: il transporte deux missiles de rechange et est équipé d’une grue pour recharger les lanceurs après le tir, permettant ainsi une capacité de frappe soutenue.

Le véhicule détruit était utilisé spécifiquement pour transporter, charger et préparer les missiles Iskander qui étaient ensuite lancés contre le territoire ukrainien, comme l’ont confirmé les Forces d’opérations spéciales dans leur déclaration. Cette précision souligne que la cible n’était pas choisie au hasard mais représentait un maillon actif dans la chaîne d’attaques contre l’Ukraine. La destruction de ce véhicule de rechargement limite significativement la capacité opérationnelle des unités Iskander dans la région, les forçant à dépendre de véhicules de remplacement qui doivent être amenés depuis d’autres secteurs, exposant ainsi davantage d’équipements aux risques d’interception pendant les mouvements logistiques.

Simultanément, la même opération conjointe a détruit une station radar 1L122 Garmon près du village de Nizhny Reutets, toujours dans la région de Kursk, selon les informations confirmées par Ukraine Today le 4 novembre 2025. Ce radar compact était conçu pour détecter et suivre les cibles aériennes et fournir des données de désignation aux unités de défense aérienne russes. Sa destruction crée une brèche dans le réseau de surveillance aérienne russe dans cette région frontalière stratégique, réduisant la capacité de détection précoce des drones et missiles ukrainiens qui pourraient pénétrer l’espace aérien russe. L’élimination simultanée de ces deux systèmes démontre un niveau de renseignement et de coordination remarquable entre les forces spéciales ukrainiennes et leurs alliés partisans russes opérant clandestinement en territoire ennemi.

Le mouvement partisan Cherna Iskra entre dans l’action

Le mouvement Cherna Iskra, littéralement « Étincelle Noire » en russe, représente une évolution significative dans la résistance interne russe contre le régime de Poutine et sa guerre en Ukraine. Selon l’article de Wikipedia sur le mouvement partisan russe publié en août 2022 et mis à jour régulièrement, un mouvement partisan souterrain russe contre le régime de Vladimir Poutine a commencé à apparaître depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Ces mouvements de résistance pro-démocratiques et pro-ukrainiens agissent contre le gouvernement autoritaire de Vladimir Poutine en Russie, ainsi que contre les partisans civils de ces autorités et les forces armées, dans le but d’arrêter la guerre.

Le nom « Cherna Iskra » fait directement référence au journal révolutionnaire Iskra fondé par Lénine en 1900, dont la devise était « Из искры возгорится пламя »— »De l’étincelle jaillira la flamme », comme le rappelle l’article Wikipedia sur Iskra publié en décembre 2003. Cette référence historique n’est pas anodine: elle suggère une ambition révolutionnaire, un désir de renverser le système actuel depuis l’intérieur, transformant chaque acte de sabotage en une étincelle qui pourrait allumer le feu de la rébellion contre le régime de Poutine. Le choix du qualificatif « Noire » pourrait symboliser à la fois la clandestinité de leurs opérations et la nature sombre de leur mission—détruire la machine de guerre de leur propre pays pour sauver leur nation de la tyrannie.

La collaboration entre les SSO ukrainiens et Cherna Iskra démontre l’existence d’un réseau sophistiqué de résistance opérant profondément en territoire russe, capable de fournir du renseignement précis sur les emplacements d’équipements militaires critiques et de participer directement aux opérations de sabotage. Selon le rapport de Militarnyi du 6 septembre 2025, le mouvement de résistance dans le territoire de Krasnodar de la Fédération de Russie avait déjà mis hors service un complexe de raffinage pétrolier clé de la raffinerie locale, démontrant leur capacité à frapper des infrastructures stratégiques bien au-delà de la région frontalière de Kursk. Cette expansion géographique de leurs activités suggère un réseau beaucoup plus étendu et organisé que ce que les autorités russes admettent publiquement, créant une menace interne permanente pour les installations militaires et industrielles russes.

L’impact stratégique sur les capacités Iskander russes

Le système Iskander-M représente l’épine dorsale des capacités de frappe tactique de la Russie, avec une portée de 500 kilomètres et une précision de 5 à 7 mètres selon les spécifications techniques publiées par Wikipedia en juin 2017. Depuis le début de l’invasion à grande échelle en février 2022, ces missiles ont été utilisés de manière intensive contre les villes ukrainiennes, ciblant des infrastructures civiles, des centres de commandement et des concentrations de troupes. Selon les données du renseignement militaire ukrainien partagées avec le Kyiv Independent en novembre 2025, la Russie a augmenté sa production de missiles balistiques d’au moins 66% en 2024, et détient actuellement près de 600 Iskander-M dans son arsenal.

La destruction du véhicule 9T250 a un impact opérationnel significatif qui va au-delà de la simple perte matérielle. Selon l’analyse technique publiée par les archives militaires ETH Zurich en 2008, une batterie opérationnelle typique d’Iskander consiste en deux lanceurs TEL avec deux véhicules de rechargement, deux véhicules de commandement et de contrôle, deux véhicules de planification de mission, un véhicule de maintenance et un véhicule d’hébergement pour l’équipage. La perte d’un véhicule de rechargement réduit de 50% la capacité de rechargement rapide de la batterie, forçant potentiellement le retrait de l’ensemble de l’unité pour reconstitution ou son opération à capacité réduite. Cette dégradation systématique des capacités logistiques érode progressivement l’efficacité opérationnelle globale des forces de missiles russes.

Le coût économique de ces pertes s’accumule rapidement pour la Russie. Selon l’analyse détaillée publiée par United24 Media le 23 octobre 2025 basée sur des documents de procurement russes divulgués, les missiles Iskander-M coûtent entre 2,3 et 3 millions de dollars par unité, tandis que le véhicule 9T250 lui-même représente un investissement de plusieurs millions supplémentaires. Mais au-delà du coût financier direct, chaque système détruit force la Russie à redéployer des ressources depuis d’autres secteurs, à augmenter la sécurité autour des systèmes restants et à consacrer des moyens précieux à la protection de ses propres installations sur son territoire—des ressources qui ne peuvent plus être utilisées pour l’offensive en Ukraine. Cette pression économique et logistique constante contribue à l’érosion progressive des capacités offensives russes.

La bataille continue pour Kursk

La région de Kursk est devenue un théâtre d’opérations actif depuis l’incursion ukrainienne d’août 2024, transformant ce territoire russe frontalier en zone de combat contestée. Selon l’article Wikipedia sur la campagne de Kursk mis à jour en novembre 2025, les forces ukrainiennes ont maintenu une présence dans la région malgré les tentatives répétées de la Russie de les déloger complètement. En juin 2025, le commandant en chef ukrainien Oleksandr Syrsky affirmait que les forces ukrainiennes défendaient encore une petite zone d’environ 90 kilomètres carrés à Kursk, avec environ 10 000 soldats russes tentant de les repousser.

Fin octobre 2025, le porte-parole ukrainien du groupement de troupes de Kursk, Oleksandr Nevidomyi, a affirmé que l’Ukraine maintenait toujours le contrôle sur certaines positions à l’intérieur du territoire russe, selon le rapport de l’Institute for the Study of War. Cette présence ukrainienne persistante dans la région de Kursk crée un environnement opérationnel unique où les forces spéciales ukrainiennes peuvent coordonner avec les mouvements partisans locaux, bénéficiant d’une certaine profondeur stratégique pour leurs opérations de sabotage. La frappe contre le système Iskander s’inscrit donc dans un contexte plus large de pression militaire soutenue sur cette région russe, forçant Moscou à défendre son propre territoire plutôt que de concentrer toutes ses forces sur l’offensive en Ukraine.

L’impact psychologique de ces opérations sur la population et les forces russes dans la région ne peut être sous-estimé. Selon le Moscow Times du 8 novembre 2025, les frappes ukrainiennes sur l’infrastructure énergétique russe ont laissé plus de 20 000 personnes sans électricité dans les régions frontalières. Le gouverneur de la région de Belgorod, Vyacheslav Gladkov, a rapporté le 8 novembre que les attaques ukrainiennes avaient privé d’électricité plus de 20 000 personnes dans sa région, selon le Kyiv Independent. Cette insécurité croissante dans les régions frontalières russes érode le sentiment d’invulnérabilité que le Kremlin tentait de maintenir, démontrant à la population russe que la guerre qu’ils pensaient lointaine est désormais à leur porte, avec toutes ses conséquences destructrices.

Les implications pour la guerre des missiles

Dans la nuit du 3 au 4 novembre 2025, les forces russes ont lancé un missile balistique Iskander-M depuis la région de Rostov, six missiles sol-air S-300 depuis la région de Kursk et environ 130 drones d’attaque—incluant des drones Shahed de conception iranienne et d’autres modèles—contre l’Ukraine, selon le rapport de Caliber.Az du 4 novembre. Les défenses aériennes ukrainiennes ont intercepté ou neutralisé 92 des drones au-dessus des régions du nord, du sud et de l’est du pays, mais les frappes de missiles et de drones ont touché 14 emplacements, avec des impacts confirmés de six missiles et 31 drones. Cette intensité d’attaque illustre la dépendance continue de la Russie sur ses systèmes de missiles pour maintenir la pression sur l’Ukraine.

La destruction du véhicule de rechargement Iskander et du radar Garmon représente donc une contribution directe à la réduction de cette menace. Chaque système Iskander neutralisé signifie potentiellement des dizaines de missiles qui ne seront pas tirés sur les villes ukrainiennes. Selon l’analyse de Pravda.com.ua du 25 août 2024, l’attaque matinale de la Russie contre l’Ukraine ce jour-là avait coûté près de 1,3 milliard de dollars, avec chaque missile balistique Iskander-M coûtant 3 millions de dollars. La destruction préventive de ces systèmes représente donc non seulement des vies sauvées mais aussi une érosion économique significative de la capacité russe à maintenir ce rythme coûteux d’attaques.

Les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont déclaré dans leur communiqué qu’elles continuent d’infliger « mille coupures » à l’ennemi, rapprochant son effondrement offensif et stratégique, selon le rapport d’UNN du 4 novembre 2025. Cette métaphore de la mort par mille coupures reflète parfaitement la stratégie ukrainienne: plutôt que de chercher une victoire décisive unique, impossible face à un adversaire numériquement supérieur, l’Ukraine multiplie les frappes précises contre les capacités critiques russes, érodant progressivement leur capacité à soutenir l’effort de guerre. Chaque Iskander détruit, chaque radar neutralisé, chaque dépôt de munitions explosé contribue à cette stratégie d’usure systématique qui, cumulativement, pourrait forcer la Russie à reconsidérer le coût de sa guerre d’agression.

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