La nuit du 9 au 10 novembre : Hvardiiske frappé pour la troisième fois
Selon le communiqué officiel publié par les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes sur Telegram le 10 novembre 2025, les unités SOF ont mené une frappe réussie contre le dépôt pétrolier de Hvardiiske situé dans le village de Karierne, district de Saky, en territoire temporairement occupé de Crimée. Les drones des Forces spéciales ont ciblé avec précision une station de pompage sur le territoire du dépôt pétrolier, selon le rapport de United24media publié le 9 novembre. Cette installation n’est pas un simple bâtiment technique. C’est le cœur qui pompe le carburant à travers l’infrastructure logistique russe en Crimée. Sans ces stations de pompage, le carburant reste piégé dans les réservoirs, incapable d’atteindre les camions-citernes, les wagons ferroviaires, les bases militaires qui en dépendent. La destruction de cette station représente donc un coup bien plus significatif que la simple perte de quelques litres de pétrole. Elle paralyse temporairement l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui dépend de cette installation.
Le communiqué des SOF précise qu’il s’agit de la troisième frappe réussie sur cette cible en moins d’un mois. Cette répétition délibérée n’est pas accidentelle. C’est une stratégie calculée. Selon le rapport de RBC-Ukraine publié le 9 novembre, le dépôt pétrolier FGKU Hvardiyskiy joue un rôle clé dans l’approvisionnement en carburant des forces russes en Crimée. Il soutient les installations militaires russes et fournit du carburant de transport pour l’armée russe. En frappant la même cible à intervalles rapprochés, l’Ukraine empêche toute réparation durable. Chaque fois que les ingénieurs russes pensent avoir restauré les capacités opérationnelles, une nouvelle frappe détruit leur travail. Cette tactique transforme ce qui aurait dû être une perturbation temporaire en une dégradation permanente des capacités logistiques. Le média Ukraine Today, dans son rapport du 9 novembre, a souligné que les Forces d’opérations spéciales continuent les actions asymétriques avec pour objectif d’épuiser complètement la capacité de l’ennemi à poursuivre les opérations offensives. Cette formulation révèle la philosophie stratégique derrière ces frappes répétées : il ne s’agit pas de remporter une victoire spectaculaire unique, mais d’user progressivement et inexorablement les capacités adverses.
La réaction russe a été prévisiblement minimaliste. Selon le rapport du Kyiv Independent publié le 8 novembre, le ministère de la Défense russe a affirmé que les défenses aériennes avaient abattu dix drones ukrainiens au-dessus de la péninsule. Mais les preuves visuelles racontent une histoire différente. Une photographie publiée sur les réseaux sociaux montrait un ciel nocturne illuminé par les flammes au-dessus de Hvardiiske, témoignage visuel d’une frappe réussie malgré les affirmations russes. Cette dissonance entre ce que Moscou prétend et ce que les images montrent est devenue caractéristique de cette guerre. Les autorités russes d’occupation ne peuvent pas reconnaître publiquement l’efficacité des frappes ukrainiennes sans admettre leur incapacité à protéger une infrastructure qu’elles considèrent comme faisant désormais partie intégrante de la Fédération de Russie. Alors elles minimisent, elles démentent, elles attribuent les incendies à des accidents industriels ou à des actes de sabotage isolés. Mais les flammes ne mentent pas. Et elles brûlent nuit après nuit.
Les frappes du 5-6 novembre : une opération coordonnée d’envergure
Quelques jours auparavant, dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025, une opération encore plus ambitieuse s’était déroulée. Selon le rapport de NBC News publié le 6 novembre, les drones ukrainiens ont frappé une raffinerie de pétrole majeure dans la région russe de Volgograd pour la deuxième fois en presque trois mois. Bien que les autorités russes n’aient pas confirmé l’attaque, le gouverneur régional a reconnu que des drones avaient déclenché un incendie dans une installation industrielle non spécifiée de la région. Cette raffinerie est reconnue comme le plus grand producteur de carburants et lubrifiants dans le District fédéral sud de la Russie, traitant plus de quinze millions de tonnes de pétrole brut par an, soit environ cinq virgule six pour cent de la capacité totale de raffinage du pays, selon les autorités ukrainiennes citées par NBC News. L’importance stratégique de cette installation ne peut être surestimée. Elle fournit du carburant aux forces armées russes déployées dans le sud, notamment en Crimée et dans les territoires occupés d’Ukraine. Sa paralysation, même temporaire, crée des perturbations en cascade dans toute la chaîne logistique militaire russe.
Mais ce n’est pas tout. Simultanément, l’état-major général ukrainien a confirmé avoir frappé trois installations de carburants et lubrifiants en Crimée occupée, selon le rapport de Ukraine Today publié le 5 novembre. Au dépôt de Hvardiiske, les drones ont détruit un réservoir RVS-400 qui était plein au moment de la frappe, selon les Forces d’opérations spéciales rapportées par RBC-Ukraine le 6 novembre. Ces réservoirs, conçus pour stocker du pétrole, des produits pétroliers et d’autres liquides, peuvent contenir jusqu’à quatre cents mètres cubes de carburant. La destruction d’un tel réservoir représente une perte substantielle de ressources énergétiques pour l’occupant russe. Mais ce n’est pas tout : près du même village, deux trains de wagons-citernes stationnés sur une rampe de chargement et de déchargement ont également été touchés. Au moment de l’impact, ces wagons étaient chargés de produits pétroliers destinés aux forces russes, selon le communiqué des SOF rapporté par le média Glavnoe publié le 9 novembre. L’attaque coordonnée sur ces deux cibles—réservoirs fixes et wagons mobiles—démontre une planification minutieuse et une compréhension approfondie de la chaîne logistique pétrolière russe en Crimée.
D’autres sites ont été touchés lors de cette même opération nocturne. Plusieurs dépôts de carburant et installations de stockage de lubrifiants ont été frappés à Simferopol et dans le village voisin de Bitumnoye, selon le rapport de United24media. Les installations de parcs de réservoirs ont été détruites, et de nombreux incendies ont été signalés dans la région. L’état-major général ukrainien a souligné, selon le rapport de RBC-Ukraine du 6 novembre, que les forces de défense poursuivaient une campagne systématique pour priver l’ennemi de ses capacités offensives. Cette formulation prudente mais déterminée reflète la stratégie ukrainienne : il ne s’agit pas simplement de frapper pour frapper, mais de dégrader méthodiquement les capacités russes à soutenir leurs opérations militaires sur le long terme. Chaque dépôt détruit force les Russes à allonger leurs lignes d’approvisionnement, à transporter le carburant depuis des sources plus éloignées, à consommer plus de temps et de ressources pour maintenir le même niveau opérationnel. C’est une guerre d’usure logistique, et l’Ukraine la mène avec une efficacité croissante.
Le 17 octobre : le début d’une campagne intensive
Cette campagne de frappes répétées contre Hvardiiske a commencé le 17 octobre 2025. Cette nuit-là, selon le rapport du Kyiv Independent publié le 8 novembre, les Forces spéciales ukrainiennes avaient confirmé que leurs drones avaient infligé des dommages importants au dépôt pétrolier et à une usine adjacente, publiant même une vidéo montrant l’attaque filmée depuis la perspective d’un drone. Cette transparence délibérée est elle-même un élément de la stratégie ukrainienne. En publiant les images de leurs frappes réussies, les forces ukrainiennes accomplissent plusieurs objectifs simultanément. Elles prouvent à leur propre population et à leurs soutiens internationaux que les armes et le soutien fournis produisent des résultats concrets. Elles démontrent aux forces russes que nulle part en Crimée n’est véritablement sécurisé. Et elles forcent les autorités russes dans une position défensive où elles doivent soit reconnaître les dommages, soit nier l’évidence—dans les deux cas, elles perdent en crédibilité.
Les images satellite de la NASA Firms, relayées par le canal Crimean Wind selon le rapport du Kyiv Independent, avaient également détecté deux foyers d’incendie distincts au dépôt après cette attaque d’octobre. Selon les images satellites, le dépôt compte huit réservoirs de grande capacité et six réservoirs plus petits, offrant une capacité de stockage substantielle pour les opérations militaires russes dans la région. La destruction progressive de ces installations force la Russie à chercher des solutions alternatives de stockage et de distribution, ce qui complique davantage la logistique déjà tendue de l’occupation. Un ancien officier ukrainien, s’exprimant sous couvert d’anonymat auprès du média Krym Reali selon le rapport de Youtube Kanal13 publié le 1er novembre, a expliqué que le dépôt de Hvardiiske est peut-être le plus septentrional de Crimée, utilisé pour approvisionner les forces russes dans les territoires occupés d’Ukraine. En ciblant délibérément cette installation, les forces armées ukrainiennes allongent considérablement les routes d’approvisionnement en carburant, ce qui prolonge les délais de livraison aux troupes russes et réduit leur maniabilité opérationnelle.
Feodosia : le plus grand terminal pétrolier de Crimée en flammes
La campagne ukrainienne contre l’infrastructure énergétique de la Crimée ne se limite pas aux petits dépôts comme Hvardiiske. Le 12 octobre 2025, selon le rapport de Novaya Gazeta Europe publié le 12 octobre, une frappe de drone ukrainien sur le plus grand terminal pétrolier de la Crimée annexée dans les premières heures du lundi matin a conduit à un incendie massif au complexe. La frappe sur un terminal pétrolier maritime dans la ville de Feodosia, qui a été menée par les Forces d’opérations spéciales d’Ukraine et le Service de sécurité d’Ukraine, a touché au moins cinq réservoirs de stockage de pétrole, déclenchant un immense brasier, selon une source au sein du SBU qui s’est exprimée auprès du Kyiv Independent. Le SBU continue de réduire systématiquement les capacités militaires, logistiques et économiques de l’ennemi pour mener la guerre contre l’Ukraine, a déclaré la source au Kyiv Independent. En plus du terminal pétrolier, le SBU avait frappé des sous-stations électriques à la fois à Feodosia et à Simferopol, le centre administratif de la Crimée.
Une source a déclaré au canal Telegram russe ASTRA, selon le rapport de Novaya Gazeta, qu’au moins dix réservoirs de carburant avaient été endommagés lors de la frappe, et plus de huit cents personnes avaient été évacuées du terminal pétrolier pendant la nuit. Le gouverneur russe installé en Crimée, Sergey Aksyonov, a confirmé l’attaque sur Feodosia et qu’un incendie s’était déclaré à l’installation, mais a déclaré qu’aucune victime n’avait été signalée et que les systèmes de défense aérienne russes avaient abattu vingt drones ukrainiens. Cette réaction typique—minimiser les dommages tout en gonflant le nombre de drones prétendument abattus—ne peut masquer la réalité que les images satellites et les témoignages locaux ont révélée. Feodosia abrite la plus grande installation de traitement du pétrole de Crimée, qui avait déjà fait l’objet d’une attaque ukrainienne le 6 octobre, selon le rapport de Novaya Gazeta. L’installation a été ciblée de nombreuses fois au cours des deux dernières années, y compris en octobre 2024 lorsque plus de mille personnes avaient été évacuées du terminal pétrolier après une frappe majeure. Ces attaques répétées ont réussi à neutraliser environ un sixième de la capacité de raffinage du pétrole de la Russie, parvenant à provoquer des pénuries de carburant généralisées en Russie, selon le rapport de Novaya Gazeta.
La campagne d’octobre : une intensification spectaculaire
Le mois d’octobre 2025 a marqué une intensification spectaculaire des opérations ukrainiennes contre l’infrastructure énergétique en Crimée. Selon le chef du Service de sécurité d’Ukraine, Vasyl Maliuk, lors d’une conférence de presse à Kiev le 31 octobre telle que rapportée par le Kyiv Independent, l’Ukraine a mené près de cent soixante frappes réussies contre des installations d’extraction et de raffinage du pétrole à travers la Russie en 2025. Maliuk a déclaré qu’au moins vingt de ces frappes ont été menées en septembre et octobre seulement, ciblant six raffineries de pétrole, deux terminaux pétroliers, trois dépôts de carburant et neuf stations de pompage. Ce sont des cibles militaires légitimes. L’extraction et le raffinage du pétrole représentent environ quatre-vingt-dix pour cent du budget de défense de la Russie. Ce sont les pétro-roubles sales qui financent la guerre contre nous, a-t-il déclaré. Maliuk a affirmé que les pénuries de carburant domestiques russes ont atteint jusqu’à vingt pour cent, avec trente-sept pour cent de sa capacité de raffinage forcée de fermer. Des déficits de carburant ont été signalés dans cinquante-sept régions russes, incitant Moscou à interdire les exportations d’essence jusqu’à la fin de l’année.
Cette campagne systématique a des effets cumulatifs dévastateurs. Selon le rapport de The Insider publié le 2 novembre 2025, en 2024, l’Ukraine avait commencé une campagne de frappes limitée contre les infrastructures pétrolières et gazières à l’intérieur de la Russie. Cette année-là, vingt-quatre attaques ont été documentées ciblant quinze entreprises—près de la moitié d’entre elles situées à moins de cinq cents kilomètres des frontières de l’Ukraine. Mais 2025 a vu une augmentation dramatique. Dans les trois mois de janvier à mars, il y a eu au moins dix-huit attaques réussies contre onze entreprises de traitement du pétrole, du gaz et pétrochimiques en Russie. Puis, après une pause dans la campagne ukrainienne d’avril à juin pour se conformer à un moratoire négocié par les États-Unis sur les frappes ciblant les raffineries, les dépôts de pétrole et de gaz, les pipelines, les réseaux électriques, les centrales électriques, les installations nucléaires et les barrages hydroélectriques, l’effort renouvelé a vu vingt-sept de ces installations frappées entre juillet et octobre, selon The Insider. La plupart des cibles de 2025 étaient situées à plus de cinq cents kilomètres de la frontière ukrainienne, démontrant la portée croissante des capacités ukrainiennes de frappe à longue distance.
Les méthodes et capacités : drones FP-1 et soutien américain
Les preuves visuelles suggèrent que l’Ukraine déploie largement des drones Firepoint FP-1, qui transportent des ogives allant jusqu’à cent vingt kilogrammes et peuvent atteindre des cibles à mille cinq cents kilomètres, selon le rapport de The Insider. Les analystes estiment que ces drones représentent environ soixante pour cent des frappes à longue distance à l’intérieur de la Russie. Leur principal avantage par rapport aux modèles Lyutyi et autres est leur coût relativement faible (environ cinquante-cinq mille dollars par unité) et leur production évolutive. La précision du ciblage s’est également considérablement améliorée, la plupart des frappes réussies atterrissant sur des unités de distillation atmosphérique-sous vide et des rampes de chargement. Cette amélioration technologique n’est pas fortuite. Selon les rapports médiatiques cités par The Insider et Time Magazine publié le 10 novembre, depuis la mi-2025, la campagne ukrainienne de frappes contre les raffineries a bénéficié du partage de renseignements américains et de la planification d’itinéraires pour les attaques à longue portée, un développement qui a considérablement amélioré à la fois sa précision et sa profondeur. L’Ukraine utilise les renseignements américains pour cibler les installations énergétiques hautement prioritaires en Russie, selon un rapport du Financial Times, ce qui suggère que le président Donald Trump est sérieux dans sa volonté de forcer Poutine à un règlement de paix.
Contexte historique : la Crimée, de porte-avions insubmersible à fardeau logistique
L’annexion de 2014 : quand Poutine s’empare d’un symbole
Pour comprendre pleinement pourquoi les frappes sur l’infrastructure énergétique de la Crimée sont si stratégiquement importantes, il faut remonter à mars 2014, lorsque la Russie a annexé illégalement la péninsule dans une opération militaire éclair qui a stupéfié la communauté internationale. Quelques jours après que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch ait été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire au printemps 2014, la Russie a remilitarisé la péninsule et est intervenue militairement dans l’est de l’Ukraine. Cette annexion, réalisée en violation du Mémorandum de Budapest et du Traité d’amitié entre la Russie et l’Ukraine, a ouvert la voie à plusieurs renforcements militaires dans la région, notamment le déploiement de systèmes de missiles S-300 et S-400, d’unités de défense côtière Bastion-P, et d’autres systèmes de missiles anti-aériens et anti-surface. Le général Philip M. Breedlove, ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, a caractérisé la Crimée en 2015 comme une plateforme russe pour la projection de puissance. Vladimir Poutine a décrit la Crimée comme un porte-avions insubmersible, soulignant son importance pour la projection de puissance russe en mer Noire et au-delà.
L’annexion de la Crimée par la Russie a été justifiée par Moscou comme une rectification d’une erreur historique. La péninsule avait été transférée de la République socialiste fédérative soviétique de Russie à la République socialiste soviétique d’Ukraine en 1954, un geste largement symbolique à l’époque mais qui a pris une importance considérable après la dissolution de l’URSS. L’association de la Crimée avec la Russie remonte à 1783, lorsqu’elle a été annexée de l’Empire ottoman sous Catherine la Grande, marquant l’émergence de la Russie comme puissance de la mer Noire. Le référendum de 2014, jugé illégitime par la majeure partie de la communauté internationale, aurait montré un soutien écrasant pour rejoindre la Russie. Bien que la validité de ces résultats soit contestée, ils ont été utilisés au niveau national pour légitimer l’annexation et renforcer l’unité nationale. L’importance stratégique de la Crimée pour la Russie est multidimensionnelle. Sur le plan militaire, la péninsule abrite la base navale de Sévastopol, qui sert de port d’attache principal pour la flotte russe de la mer Noire depuis le XVIIIe siècle. À partir de cette base, la flotte opère jusqu’en Méditerranée, utilisant depuis quelques années également la base de Tartous sur la côte syrienne.
En février 2022 : la Crimée comme plateforme de lancement de l’invasion
En février 2022, lorsque la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, la Crimée a prouvé sa valeur en servant de plateforme de lancement pour les forces russes qui ont commencé l’invasion du sud de l’Ukraine, selon le rapport du Kyiv Post publié le 1er mai 2025. La Crimée occupée reste un hub stratégique clé pour la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine—utilisée pour les lancements de missiles, la logistique des opérations dans le sud, et comme base principale de la Flotte de la mer Noire. La péninsule possède une valeur à la fois symbolique et militaire, son annexion en 2014 marquant le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Cependant, depuis lors, l’Ukraine a systématiquement travaillé à transformer cet atout en passif. Les Forces armées ukrainiennes ont déjà coulé ou endommagé au moins un tiers de la flotte de la mer Noire, y compris son vaisseau amiral le Moskva en avril 2022. Cela a forcé la marine russe à relocaliser la flotte vers le port de Novorossiysk, qui a également fait face à des attaques ukrainiennes sporadiques ces derniers mois, selon le rapport du Kyiv Post.
L’introduction de systèmes d’armes occidentaux s’est également avérée essentielle. Les missiles britanniques et français Storm Shadow et Scalp, et plus récemment les missiles balistiques américains ATACMS, peuvent frapper toute la péninsule tout en échappant aux systèmes de défense aérienne russes stationnés dans la région. Combinés aux frappes de drones systématiques contre l’infrastructure logistique, ces systèmes transforment progressivement la Crimée d’une base arrière sécurisée en une zone de combat contestée. La valeur de la péninsule en tant que centre logistique a quelque peu diminué depuis 2022. La Russie a établi un pont terrestre dans le sud de l’Ukraine, reliant les territoires occupés dans les oblasts de Zaporijia et Kherson à la Russie. Ainsi, même si la Russie perd l’accès à la Crimée, elle pourrait continuer sa guerre dans le sud et l’est de l’Ukraine. Cependant, la campagne coordonnée de frappes contre les cibles militaires russes et l’infrastructure critique a le potentiel de rendre la position militaire de la Russie en Crimée intenable, réduisant son importance dans d’autres domaines.
Les ressources énergétiques : pourquoi le pétrole est la clé
Au-delà de son importance militaire, la Crimée et les infrastructures énergétiques qui la desservent sont cruciales pour l’économie de guerre russe. Depuis l’invasion à grande échelle, les exportations d’énergie ont rapporté à la Russie plus de huit cent cinquante milliards d’euros, soit plusieurs fois la valeur totale de l’aide militaire, humanitaire et financière fournie à l’Ukraine par ses alliés, selon le rapport de The Insider. L’infrastructure pétrolière et gazière—y compris les raffineries, les pipelines, les sites de stockage et les terminaux d’exportation—est au cœur du plan ukrainien de frappe profonde. La Russie dépend encore des revenus pétroliers et gaziers pour jusqu’à cinquante pour cent de son budget d’État, selon le rapport de Time Magazine publié le 10 novembre. Les exportations ont chuté d’environ vingt-six pour cent estimés en septembre avec beaucoup plus d’installations énergétiques forcées hors ligne en octobre. Les exportations de gaz sont à un niveau de cinquante ans et le raffinage total du pétrole est à un niveau de cinq ans. La Russie a même institué des restrictions à l’exportation alors qu’elle fait face à des pénuries de carburant domestiques d’environ vingt pour cent. Les Russes commencent à ressentir les effets de la guerre.
Informations non confirmées : l'ampleur réelle des dommages et l'aide occidentale
Les dégâts à Hvardiiske : au-delà des communiqués officiels
Bien que les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes aient confirmé avoir mené trois frappes réussies contre le dépôt de Hvardiiske en moins d’un mois, l’ampleur exacte des dommages infligés reste difficile à évaluer avec précision. Les autorités russes d’occupation en Crimée ont rarement reconnu publiquement l’étendue complète des pertes, préférant minimiser les dégâts ou rester silencieuses sur les détails spécifiques. Le Kyiv Independent a noté à plusieurs reprises qu’il ne pouvait pas vérifier de manière indépendante les affirmations ukrainiennes concernant les dommages. Des sources anonymes au sein du renseignement ukrainien, s’exprimant auprès de divers médias ukrainiens, suggèrent que les frappes ont été beaucoup plus dévastatrices que ce que les Russes admettent, avec plusieurs réservoirs majeurs détruits et des capacités de stockage significativement réduites. Cependant, ces affirmations ne peuvent être confirmées de manière indépendante en l’absence d’accès direct aux sites frappés ou de reconnaissance satellite détaillée accessible publiquement.
Des analystes militaires occidentaux, s’exprimant anonymement, ont indiqué que les effets cumulatifs de ces frappes répétées pourraient être substantiels, même si chaque attaque individuelle cause des dommages limités. La stratégie de frapper les mêmes cibles à plusieurs reprises—comme cela a été le cas pour le dépôt de Hvardiiske—empêche toute réparation complète et maintient les installations dans un état de fonctionnement dégradé. Un expert militaire de Crimée, s’exprimant anonymement auprès de Krym Reali, a commenté selon le rapport de Youtube Kanal13 que les entreprises TES et ATAN possèdent les plus grands réseaux de stations-service de la péninsule, et TES opère également dans les territoires occupés de Kherson et Zaporijia. Les deux entreprises exploitent des flottes de camions-citernes et de dépôts pétroliers et fournissent du carburant à l’armée russe. Par conséquent, elles sont des cibles légitimes pour les forces armées ukrainiennes, et les troupes russes seront mises à la ration de famine. Les enquêteurs explorent également la possibilité que certaines frappes aient utilisé des technologies de guidage plus avancées que précédemment, bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été fournie à ce sujet.
Le soutien américain : jusqu’où va la coopération?
Une question persistante dans l’analyse de ces opérations de frappe concerne le niveau d’assistance que les forces ukrainiennes reçoivent du renseignement américain. Selon les rapports médiatiques cités par The Insider et le Financial Times, depuis la mi-2025, la campagne ukrainienne de frappes contre les raffineries a bénéficié du partage de renseignements américains et de la planification d’itinéraires pour les attaques à longue portée, un développement qui a considérablement amélioré à la fois sa précision et sa profondeur. Cependant, ni les États-Unis ni l’Ukraine n’ont confirmé officiellement cette coopération, et ces rapports restent dans le domaine de l’information non confirmée. Des sources anonymes au sein du renseignement occidental, mentionnées dans divers rapports, suggèrent que cette aide pourrait inclure des images satellites en temps réel, des données de ciblage améliorées, et des évaluations de dommages post-frappe pour optimiser les opérations futures. Si ces rapports sont exacts, cela expliquerait l’amélioration significative de la précision et de l’efficacité des frappes ukrainiennes au cours de l’année 2025 par rapport aux années précédentes.
L’état réel de l’approvisionnement en carburant en Crimée
Les témoignages anonymes de résidents de Crimée, partagés sur les réseaux sociaux et les canaux Telegram, décrivent une atmosphère d’anxiété croissante et de pénuries réelles. Selon le rapport de Youtube Kanal13, un résident de Simferopol qui n’a révélé que son prénom pour éviter d’éventuelles représailles a déclaré observer quotidiennement des véhicules tombés en panne d’essence et laissés abandonnés sur le bord de la route. Il a noté qu’il y a de longues files d’attente et des altercations dans les stations-service suite à la mise en place d’un plafond de vingt litres par véhicule. Cette pénurie de carburant, résultant directement de la campagne ukrainienne prolongée visant les installations pétrolières russes, a des répercussions concrètes sur la vie quotidienne des civils en Crimée occupée. Les enquêteurs examinent la possibilité que ces conditions de pénurie croissante et d’insécurité puissent éroder progressivement le soutien local à l’occupation russe, même parmi les populations ethniquement russes qui avaient initialement soutenu l’annexion de 2014. Bien qu’aucune enquête indépendante ne puisse être menée en Crimée occupée, des observations anecdotiques suggèrent que les promesses russes de 2014 n’ont pas été tenues.
Analyse contextuelle : la stratégie ukrainienne de guerre asymétrique
Transformer l’atout stratégique en fardeau logistique
La stratégie ukrainienne visant la Crimée représente une transformation fondamentale de la valeur stratégique de la péninsule pour la Russie. Reconnaissant l’importance de la Crimée pour la Russie, l’Ukraine a lancé une stratégie à plusieurs volets impliquant des frappes aériennes, des attaques de drones navals et des sabotages des forces spéciales contre le territoire, selon le rapport de Defense Express publié le 9 novembre. Au cours des deux dernières années, l’Ukraine a coulé ou endommagé au moins un tiers de la flotte de la mer Noire, y compris son vaisseau amiral, le Moskva, en avril 2022. L’approche actuelle de l’Ukraine en Crimée ne va pas nécessairement lui faire gagner la guerre, mais en resserrant lentement l’étau sur la Crimée, elle empêche la Russie de cibler le ventre mou de l’Ukraine. Dégrader les systèmes de défense aérienne de la Russie en Crimée pourrait s’avérer influent une fois que les avions F-16 fournis par l’Occident seront pleinement opérationnels pour l’armée de l’air ukrainienne. En combinaison avec des frappes continues en profondeur dans la péninsule, un contrôle accru de l’espace aérien de la Crimée rendrait de plus en plus difficile pour la Russie d’utiliser la Crimée comme zone de rassemblement pour une éventuelle attaque à grande échelle sur le sud de l’Ukraine.
Le ciblage systématique de l’infrastructure énergétique : une campagne de 160 frappes
Selon le chef du Service de sécurité d’Ukraine Vasyl Maliuk lors d’une conférence de presse le 31 octobre, l’Ukraine a mené près de cent soixante frappes réussies contre des installations d’extraction et de raffinage du pétrole à travers la Russie en 2025. Cette campagne n’est pas composée d’incidents isolés mais représente une stratégie coordonnée et soutenue visant à dégrader systématiquement les capacités énergétiques russes. Les frappes sur l’infrastructure énergétique russe visent à priver Moscou des revenus d’exportation pétrolière dont elle a besoin pour poursuivre son invasion à grande échelle, selon le rapport de NBC News du 6 novembre. La Russie dépend encore des revenus pétroliers et gaziers pour jusqu’à cinquante pour cent de son budget d’État. Les revenus pétroliers et gaziers de la Russie ont chuté de vingt-sept pour cent en octobre 2025 par rapport à l’année précédente. Cette baisse abrupte est survenue dans un contexte de prix du brut faibles, d’un rouble plus fort et de sanctions occidentales croissantes sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les frappes de missiles et de drones ciblés ukrainiens sur l’infrastructure énergétique russe ont réussi à neutraliser environ un sixième de la capacité de raffinage du pétrole de la Russie, parvenant à provoquer des pénuries de carburant généralisées en Russie, selon le rapport de Novaya Gazeta.
Les drones comme arme de guerre économique : le FP-1 change la donne
Au cœur de la campagne ukrainienne de frappes à longue distance se trouve le drone FP-1, une innovation technologique qui a transformé les capacités de frappe de l’Ukraine. Les preuves visuelles suggèrent que l’Ukraine déploie largement des drones Firepoint FP-1, qui transportent des ogives allant jusqu’à cent vingt kilogrammes et peuvent atteindre des cibles à mille cinq cents kilomètres. Les analystes estiment que ces drones représentent environ soixante pour cent des frappes à longue distance à l’intérieur de la Russie. Leur principal avantage par rapport aux modèles Lyutyi et autres est leur coût relativement faible—environ cinquante-cinq mille dollars par unité—et leur production évolutive. Cette différence de coût spectaculaire permet à l’Ukraine de produire des quantités massives de drones à un coût qui reste gérable même avec un budget de défense limité. Selon le rapport d’Atlantic Council publié le 10 novembre, l’adoption par l’Ukraine de la guerre des drones depuis 2022 peut fournir aux partenaires de Kiev un large éventail d’informations importantes. Suite au début de l’invasion à grande échelle de la Russie il y a presque quatre ans, l’Ukraine s’est tournée vers des technologies de drones relativement bon marché afin de compenser les avantages souvent écrasants de Moscou en puissance de feu conventionnelle et de réduire la dépendance du pays aux approvisionnements d’armes occidentales.
Éditorial : quand les drones deviennent l'arme qui égalise le combat asymétrique
La technologie bon marché contre l’empire énergétique : David contre Goliath version 2025
Il y a quelque chose de profondément symbolique—et franchement satisfaisant—dans le fait que l’une des armes les plus efficaces contre la machine de guerre russe soit un drone fabriqué en contreplaqué qui coûte cinquante-cinq mille dollars. Cinquante-cinq mille dollars. C’est le prix d’une voiture de luxe. C’est ce qu’un cadre supérieur dépense pour un week-end à Monaco. Et pourtant, ce bout de bois et d’électronique peut atteindre des cibles à mille cinq cents kilomètres de distance et détruire des installations valant des millions. Cette asymétrie économique est au cœur de la stratégie ukrainienne. La Russie peut avoir plus de chars, plus d’avions, plus de missiles balistiques. Mais l’Ukraine a trouvé comment infliger des dommages massifs avec des moyens minimalistes. Et dans une guerre d’usure, c’est le rapport coût-efficacité qui compte. Chaque réservoir de carburant détruit par un drone à cinquante-cinq mille dollars représente une perte bien plus grande pour la Russie—non seulement la valeur du carburant lui-même, mais aussi les coûts de reconstruction, de sécurisation accrue, de réacheminement logistique. C’est une équation économique que Moscou ne peut pas gagner indéfiniment.
Je ne vais pas prétendre que ces frappes vont à elles seules forcer la Russie à se retirer de la Crimée ou à mettre fin à la guerre. La réalité est bien plus complexe. La Russie a démontré sa capacité à absorber des pertes massives—humaines, matérielles, économiques—sans que cela ne change fondamentalement les calculs du Kremlin. Poutine a bâti un régime qui peut supporter un niveau de souffrance que les démocraties occidentales ne pourraient jamais accepter. Mais ce que ces frappes font, c’est augmenter progressivement et inexorablement le coût de la poursuite de la guerre. Chaque raffinerie mise hors service, chaque dépôt de carburant détruit, chaque station de pompage paralysée—tout cela s’accumule. Tout cela rend la guerre plus coûteuse, plus difficile, plus insoutenable. Et à un moment donné, même un régime aussi brutal et déterminé que celui de Poutine doit faire face aux réalités économiques. L’Ukraine parie que ce moment arrivera avant qu’elle-même ne soit épuisée. C’est un pari risqué. Mais c’est le seul qu’elle peut faire. Elle n’a pas le choix. Soit elle trouve des moyens créatifs et asymétriques de combattre un adversaire beaucoup plus puissant, soit elle perd. Les drones FP-1 en contreplaqué représentent cette créativité désespérée, cette innovation née de la nécessité absolue.
Et franchement, il y a une certaine justice poétique dans le fait que ce soit l’infrastructure énergétique russe qui soit ciblée. Pendant des décennies, la Russie a utilisé son pétrole et son gaz comme armes politiques. Elle a coupé l’approvisionnement à l’Ukraine pendant l’hiver pour faire plier Kiev. Elle a menacé l’Europe avec des interruptions de gaz pour diviser l’OTAN. Elle a financé sa machine militaire avec les revenus pétroliers tout en prétendant être une victime de l’agression occidentale. Maintenant, cette arme se retourne contre elle. L’Ukraine frappe directement la source de revenus qui permet à Poutine de continuer sa guerre. Et elle le fait avec une efficacité croissante. Les cent soixante frappes réussies en 2025 selon Maliuk ne sont pas des incidents aléatoires. C’est une campagne systématique, coordonnée, soutenue. C’est la preuve que l’Ukraine a développé non seulement les outils technologiques nécessaires—les drones, les systèmes de navigation, les capacités de ciblage—mais aussi l’organisation institutionnelle pour mener ce type de guerre sur le long terme. Les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ne sont plus une petite unité d’élite faisant des raids occasionnels. Elles sont devenues une force capable de frapper des dizaines de cibles par mois à travers un territoire immense, de manière répétée et efficace. C’est une transformation remarquable en seulement quelques années de guerre.
La Crimée : de symbole impérial à territoire intenable
Parlons maintenant franchement de ce que signifie cette campagne pour l’avenir de la Crimée. La réalité militaire brutale est que l’Ukraine ne peut probablement pas reprendre la péninsule par une offensive terrestre conventionnelle dans un avenir prévisible. Une telle opération nécessiterait des divisions entières que l’Ukraine ne peut pas se permettre de détourner d’autres secteurs du front. Elle nécessiterait des capacités amphibies que l’Ukraine ne possède tout simplement pas. Elle causerait des pertes massives des deux côtés. Ce n’est pas réaliste. Mais ce qui est réaliste, c’est exactement ce que l’Ukraine fait actuellement : transformer la Crimée d’un atout stratégique en un fardeau logistique. Chaque frappe sur un dépôt de carburant, chaque destruction d’un système de défense aérienne, chaque navire de la Flotte de la mer Noire coulé ou endommagé—tout cela rend l’occupation russe de la Crimée plus coûteuse et plus difficile à maintenir. À un moment donné, le calcul coûts-bénéfices change. La Crimée cesse d’être ce porte-avions insubmersible que Poutine décrivait fièrement et devient un territoire qui nécessite des investissements constants en sécurité, en réparations, en approvisionnement, sans apporter les avantages stratégiques qu’il était censé fournir.
Nous n’en sommes pas encore là. La Russie continue de tenir fermement la Crimée, et Poutine a clairement indiqué qu’il considère la péninsule comme faisant désormais partie intégrante de la Fédération de Russie, non négociable dans tout accord de paix. Mais les fissures commencent à apparaître. Les pénuries de carburant décrites par les résidents. La relocalisation de la Flotte de la mer Noire loin de Sévastopol. Les frappes répétées qui démontrent que les défenses aériennes russes ne peuvent pas protéger efficacement la péninsule. Tout cela crée une dynamique où la Crimée devient progressivement plus un problème qu’une solution pour Moscou. Et dans des négociations de paix futures—inévitables à un moment ou à un autre, quelle que soit leur forme—cette réalité comptera. Si la Crimée est devenue un fardeau plutôt qu’un atout, la position de négociation russe est affaiblie. Poutine peut continuer à dire que la Crimée est non négociable, mais si le coût de son maintien devient insupportable, même les positions apparemment inflexibles peuvent évoluer. C’est la théorie, en tout cas. La pratique sera beaucoup plus sanglante, plus longue, plus incertaine. Mais c’est la seule voie réaliste vers un changement de statut de la Crimée que l’Ukraine possède actuellement.
Les limites et les risques de cette stratégie
Soyons également honnêtes sur les limites de cette stratégie. Premièrement, les frappes ukrainiennes, aussi efficaces soient-elles, ne peuvent pas à elles seules forcer la Russie à abandonner la guerre. La Russie a une profondeur stratégique immense. Elle possède des dizaines de raffineries, des centaines de dépôts de carburant, des milliers de kilomètres de pipelines. Même si l’Ukraine réussit à endommager ou détruire un pourcentage significatif de ces installations, la Russie peut réacheminer, réparer, reconstruire. Ce sera coûteux et inefficace, mais faisable. Deuxièmement, maintenir cette campagne de frappes nécessite des ressources considérables de la part de l’Ukraine. Chaque drone produit coûte de l’argent. Chaque opération nécessite du renseignement, de la planification, des équipes d’opérateurs. Si le soutien occidental diminue, si les budgets se resserrent, si les priorités changent, l’Ukraine pourrait se retrouver incapable de maintenir ce rythme d’opérations. Troisièmement, la Russie adapte ses défenses. Elle renforce la protection de ses installations énergétiques clés, améliore ses systèmes de défense aérienne, développe des contre-mesures contre les drones. Cette course aux armements technologique pourrait finalement neutraliser une partie de l’avantage ukrainien actuel. Tout cela pour dire que cette stratégie, aussi brillante soit-elle, n’est pas une solution miracle. C’est un élément parmi d’autres dans une guerre qui se décidera finalement sur de multiples dimensions—militaires, économiques, politiques, diplomatiques. Mais c’est un élément important. Et l’Ukraine l’exploite avec une efficacité remarquable.
Conclusion : le feu qui ronge l'occupation
Les flammes continuent de consumer les installations pétrolières russes en Crimée. Nuit du 9 au 10 novembre, le dépôt de Hvardiiske brûle pour la troisième fois en moins d’un mois. Les stations de pompage sont détruites. Les réservoirs sont éventrés. Les wagons-citernes sont calcinés. Et demain, ou après-demain, ou la semaine prochaine, d’autres frappes viendront. D’autres drones perceront les défenses russes. D’autres installations énergétiques s’embraseront. Parce que l’Ukraine a développé une capacité de frappe à longue distance qui transforme progressivement l’avantage stratégique que la Russie pensait avoir consolidé en 2014 en un passif logistique croissant. Les cent soixante frappes réussies contre l’infrastructure énergétique russe en 2025 ne sont pas des coups de chance. C’est le résultat d’une stratégie mûrement réfléchie, d’investissements technologiques intelligents, d’une coopération entre les forces armées ukrainiennes et leurs partenaires occidentaux qui s’approfondit malgré les hésitations initiales. Les drones FP-1 à cinquante-cinq mille dollars en contreplaqué sont devenus l’une des armes les plus rentables de cette guerre. Et la Crimée, ce porte-avions insubmersible que Poutine brandissait comme symbole de la résurgence russe, devient progressivement un territoire que Moscou doit défendre à grands frais sans pouvoir en exploiter pleinement la valeur stratégique.
Les faits sont clairs. Entre le 5 et le 10 novembre 2025, les Forces d’opérations spéciales ukrainiennes ont frappé au moins six fois des installations pétrolières en Crimée. Le dépôt de Hvardiiske a été ciblé trois fois en moins d’un mois, avec destruction confirmée de réservoirs RVS-400, de stations de pompage, et de wagons-citernes chargés de produits pétroliers. Le terminal de Feodosia, le plus grand de Crimée, a été frappé le 12 octobre avec au moins cinq à dix réservoirs endommagés. La raffinerie de Volgograd a été touchée pour la sixième fois. Cette campagne s’inscrit dans un effort beaucoup plus vaste : cent soixante frappes réussies contre l’infrastructure énergétique russe en 2025, selon le chef du SBU. Les revenus pétroliers russes ont chuté de vingt-sept pour cent en octobre. Des pénuries de carburant sont signalées dans cinquante-sept régions russes. La capacité de raffinage russe a été réduite d’environ un sixième. Ces chiffres ne sont pas contestés. Ils sont documentés par de multiples sources—ukrainiennes, russes, occidentales. Ils démontrent l’efficacité croissante d’une stratégie asymétrique qui cible les vulnérabilités économiques de la Russie plutôt que sa supériorité militaire conventionnelle.
Ce qui reste incertain, c’est l’impact à long terme. Ces frappes suffiront-elles à forcer la Russie à reconsidérer son occupation de la Crimée? Transformeront-elles réellement la péninsule d’atout en fardeau au point où Moscou envisage des concessions? Ou la Russie parviendra-t-elle à s’adapter, à absorber ces pertes, à maintenir son contrôle malgré les coûts croissants? Nous ne connaissons pas encore les réponses à ces questions. Mais ce qui est certain, c’est que l’Ukraine a développé une capacité de guerre asymétrique qui lui permet de frapper profondément en territoire occupé et en Russie même, de manière répétée et efficace. Elle a trouvé un moyen de faire mal à un adversaire beaucoup plus puissant en ciblant ses vulnérabilités plutôt qu’en affrontant ses forces. Les drones qui décollent chaque nuit, chargés de leurs ogives de cent vingt kilogrammes, guidés par des opérateurs assis dans des bunkers loin des lignes de front, soutenus par le renseignement américain et les technologies ukrainiennes—tout cela représente une nouvelle forme de guerre qui égalise partiellement un combat qui semblait désespérément déséquilibré. Le feu qui brûle en Crimée n’est pas seulement le feu des réservoirs de carburant. C’est le feu de la résistance ukrainienne qui refuse de mourir, qui trouve de nouveaux moyens de combattre, qui transforme progressivement l’occupation russe d’un fait accompli en une situation insoutenable. Et ce feu continuera de brûler aussi longtemps que l’occupation se poursuivra.
Encadré de transparence du chroniqueur
Positionnement éditorial
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur et analyste. Mon expertise réside dans l’observation et l’analyse des dynamiques géopolitiques, économiques et stratégiques qui façonnent notre monde. Mon travail consiste à décortiquer les stratégies politiques, à comprendre les mouvements économiques globaux, à contextualiser les décisions des acteurs internationaux et à proposer des perspectives analytiques sur les transformations qui redéfinissent nos sociétés.
Je ne prétends pas à l’objectivité froide du journalisme traditionnel, qui se limite au rapport factuel. Je prétends à la lucidité analytique, à l’interprétation rigoureuse, à la compréhension approfondie des enjeux complexes qui nous concernent tous. Mon rôle est de donner du sens aux faits, de les situer dans leur contexte historique et stratégique, et d’offrir une lecture critique des événements.
Méthodologie et sources
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et analyses interprétatives. Les informations factuelles présentées proviennent exclusivement de sources primaires et secondaires vérifiables.
Sources primaires : communiqués officiels des Forces d’opérations spéciales ukrainiennes publiés les 6, 9 et 10 novembre 2025, déclarations de l’état-major général des forces armées ukrainiennes, conférence de presse du chef du Service de sécurité d’Ukraine Vasyl Maliuk le 31 octobre 2025, déclarations du ministère de la Défense russe concernant les interceptions de drones.
Sources secondaires : United24media articles du 9 novembre 2025, Kyiv Independent rapports des 8 et 10 novembre 2025, NBC News article du 6 novembre 2025, RBC-Ukraine rapports des 6 et 9 novembre 2025, Ukraine Today article du 9 novembre 2025, Novaya Gazeta Europe rapport du 12 octobre 2025, The Insider analyse du 2 novembre 2025, Time Magazine article du 10 novembre 2025, Financial Times rapports cités dans diverses analyses, Atlantic Council analyse du 10 novembre 2025, Defense Express article du 9 novembre 2025, Kyiv Post rapport du 1er mai 2025, Youtube Kanal13 vidéo du 1er novembre 2025, Understanding War évaluations du 8 novembre 2025.
Les données statistiques citées proviennent du Service de sécurité d’Ukraine, de l’état-major général ukrainien, des rapports d’analystes énergétiques cités par The Insider et Time Magazine, et des déclarations officielles du gouvernement russe concernant les revenus pétroliers.
Nature de l’analyse
Les analyses, interprétations et perspectives présentées dans les sections analytiques de cet article constituent une synthèse critique et contextuelle basée sur les informations disponibles, les tendances observées et les commentaires d’experts cités dans les sources consultées.
Mon rôle est d’interpréter ces faits, de les contextualiser dans le cadre des dynamiques géopolitiques et stratégiques contemporaines, et de leur donner un sens cohérent dans le grand récit des transformations qui façonnent notre époque. Ces analyses reflètent une expertise développée à travers l’observation continue des affaires internationales et la compréhension des mécanismes stratégiques qui animent les acteurs globaux.
Toute évolution ultérieure de la situation pourrait naturellement modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures sont publiées, garantissant ainsi la pertinence et l’actualité de l’analyse proposée.
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