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Chronique : 1 000 soldats, 13 systèmes d’artillerie, 1 lance-roquettes, le carnage quotidien
Crédit: Adobe Stock

Treize. 13 systèmes d’artillerie détruits en une seule journée. Pour comprendre ce que ça représente, il faut savoir ce qu’est un système d’artillerie dans le contexte de cette guerre. Ce n’est pas un simple canon tiré à la main. C’est un obusier automoteur, un canon tracté, un mortier lourd. Ce sont des pièces d’équipement sophistiquées, coûteuses, qui nécessitent une équipe formée pour les opérer. Chaque système détruit, c’est non seulement le métal perdu mais aussi l’équipe qui l’opérait — parfois éliminée dans l’explosion, parfois dispersée et inutilisable. Et 13 en un jour, c’est énorme. Selon l’État-Major ukrainien, depuis le début de l’invasion le 24 février 2022, la Russie a perdu 34 379 systèmes d’artillerie au total. Trente-quatre mille trois cent soixante-dix-neuf. Au début de l’invasion, selon les estimations occidentales, la Russie disposait d’environ 5 000 systèmes d’artillerie actifs. Ça signifie qu’elle a perdu presque sept fois son stock initial. Sept fois. Comment est-ce possible ? Comment peut-elle continuer à se battre après avoir perdu sept fois tous ses canons ?

La réponse est double. D’abord, la Russie a d’énormes stocks soviétiques. Des milliers de canons stockés depuis la Guerre froide dans des dépôts à travers le pays. Beaucoup sont vieux, rouillés, en mauvais état. Mais avec de la maintenance — parfois minimale, parfois plus poussée — ils peuvent être remis en service. La Russie a vidé ces dépôts pendant trois ans et neuf mois de guerre. Ensuite, elle a augmenté sa production. Les usines russes tournent à plein régime, produisant de nouveaux systèmes d’artillerie, modernisant les anciens, important des composants de Chine et d’ailleurs pour maintenir le flux. Mais malgré tout ça, perdre 13 systèmes en un jour fait mal. Parce que même avec la production accrue, la Russie ne peut pas remplacer instantanément toutes les pertes. Chaque canon détruit, c’est un canon de moins pour bombarder Pokrovsk, Zaporizhzhia, Kharkiv. Chaque système perdu force Moscou à rediriger des ressources, à réaffecter des équipes, à ajuster les plans de tir. C’est un impact cumulatif. Treize aujourd’hui, dix hier, quinze demain — ça s’additionne. Et lentement, mètre par mètre, l’artillerie russe s’érode. Pas assez vite pour arrêter l’offensive. Mais assez pour la ralentir. Pour rendre chaque gain plus coûteux. Pour faire en sorte que chaque kilomètre gagné soit payé en sang et en acier.

Le lance-roquettes multiple détruit : 40 roquettes qui ne tomberont pas

Un système de roquettes multiples — ou MLRS en anglais — détruit. Un seul. Mais c’est significatif. Parce qu’un MLRS, c’est une plateforme qui lance des dizaines de roquettes en quelques secondes. Les fameux BM-21 Grad, ces camions avec des tubes de lancement qui crachent 40 roquettes de 122mm en vingt secondes. Les BM-27 Uragan, plus lourds, qui lancent 16 roquettes de 220mm. Les BM-30 Smerch, les plus terrifiants, qui lancent 12 roquettes de 300mm avec une portée de 90 kilomètres. Ces systèmes sont utilisés pour saturer une zone, pour détruire des positions fortifiées, pour terroriser les populations civiles. Quand un MLRS tire, ce n’est pas de la précision. C’est du volume. C’est un déluge de fer et d’explosifs qui s’abat sur une zone entière, pulvérisant tout ce qui s’y trouve. Perdre un de ces systèmes, c’est perdre la capacité de lancer ces barrages dévastateurs. Selon l’État-Major ukrainien, la Russie a perdu 1 540 systèmes MLRS depuis le début de la guerre. Au début de l’invasion, elle en avait environ 1 100 actifs. Elle en a donc perdu plus qu’elle n’en avait au départ. Encore une fois, elle compense en vidant les stocks soviétiques et en augmentant la production. Mais chaque perte compte. Chaque MLRS détruit, c’est 40 roquettes — ou 16, ou 12, selon le modèle — qui ne tomberont pas sur une ville ukrainienne aujourd’hui.

Comment l’Ukraine détruit-elle ces systèmes ? Principalement avec des drones. Les drones FPV qui traquent l’artillerie russe, qui la suivent jusqu’à ses positions de tir, qui frappent quand l’équipe est occupée à recharger ou à se repositionner. Avec l’artillerie à contre-batterie — des canons ukrainiens qui détectent d’où viennent les tirs ennemis, calculent la position, et ripostent immédiatement. Avec des missiles à longue portée — les HIMARS américains, les Storm Shadow britanniques, les ATACMS qui peuvent frapper des dépôts et des concentrations d’artillerie loin derrière les lignes. Et avec des raids de forces spéciales qui s’infiltrent derrière les lignes ennemies, posent des charges explosives, et disparaissent dans la nuit. C’est un effort combiné, coordonné, intelligent. Et ça fonctionne. Pas assez pour arrêter complètement les bombardements russes. Mais assez pour les réduire. Pour forcer les Russes à disperser leurs systèmes d’artillerie, à les déplacer constamment, à perdre de l’efficacité. Chaque système détruit sauve des vies ukrainiennes. Peut-être des dizaines. Peut-être des centaines. C’est impossible à quantifier précisément. Mais c’est réel. Et c’est pourquoi ces chiffres quotidiens — 13 systèmes d’artillerie, 1 MLRS — sont importants. Parce que derrière chaque chiffre, il y a des vies sauvées. Des maisons qui ne seront pas détruites. Des enfants qui ne mourront pas sous les décombres.

162 drones abattus : la guerre du ciel qui ne cesse jamais

Cent soixante-deux. 162 drones russes abattus en une seule journée. C’est énorme. C’est plus de six drones par heure. Plus d’un drone toutes les neuf minutes pendant 24 heures. Ça montre l’intensité de la guerre électronique et aérienne qui se joue au-dessus de l’Ukraine chaque jour. Les Russes lancent des vagues de drones. Des Shahed iraniens, ces drones kamikazes lents mais efficaces qui ciblent les villes, les infrastructures électriques, les dépôts militaires. Des drones de reconnaissance Orlan, qui survolent les positions ukrainiennes, identifient les cibles, guident l’artillerie. Des drones d’attaque Lancet, conçus pour détruire des véhicules blindés, des systèmes d’artillerie, des radars. Et l’Ukraine riposte. Avec des systèmes de défense aérienne mobiles. Avec des chasseurs équipés de mitrailleuses qui abattent les Shahed lents. Avec des systèmes de guerre électronique qui brouillent les signaux de contrôle, qui font planter les drones russes, qui les détournent de leurs cibles. Avec leurs propres drones intercepteurs, des drones ukrainiens qui chassent les drones russes dans le ciel.

Cent soixante-deux drones abattus, c’est 162 menaces neutralisées. Mais combien ont réussi à passer ? Selon le rapport de l’État-Major, les Russes ont utilisé 4 286 drones kamikazes le 10 novembre. Quatre mille deux cent quatre-vingt-six. Si 162 ont été abattus, ça signifie que plus de 4 000 ont atteint leurs cibles ou se sont écrasés ailleurs. C’est le ratio brutal de cette guerre aérienne. L’Ukraine abat une petite fraction des drones ennemis. Le reste passe. Et ça cause des dégâts. Des bâtiments détruits. Des soldats blessés ou tués. Des équipements endommagés. Mais sans ces 162 abattus, les dégâts seraient encore pires. Chaque drone abattu, c’est une frappe évitée. Une vie potentiellement sauvée. Un équipement préservé. Selon l’État-Major, depuis le début de la guerre, la Russie a perdu 79 804 drones de niveau opérationnel-tactique. Presque quatre-vingt mille. Et elle continue d’en lancer des milliers chaque jour. Parce qu’elle peut les remplacer. Parce que l’Iran lui en fournit par milliers. Parce que ses propres usines en produisent en masse. C’est une guerre d’attrition aérienne. Et pour l’instant, les deux camps ont les ressources pour continuer indéfiniment. Mais chaque jour où l’Ukraine abat 162 drones, c’est un jour où elle prouve qu’elle peut encore se défendre. Qu’elle n’est pas écrasée. Qu’elle tient. Encore.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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