Commençons par le contexte. Le 10 novembre, l’État-Major ukrainien avait rapporté 170 affrontements. Le 11 novembre, ce chiffre bondit à 217. C’est une augmentation de 47 affrontements en une seule journée. Quarante-sept. Presque 30% de plus. Selon UNN, l’agence de presse ukrainienne, « les batailles sur le front ont augmenté d’un quart en 24 heures ». Un quart. Ça signifie que la Russie intensifie. Qu’elle lance plus d’assauts. Qu’elle pousse sur plus de secteurs simultanément. Qu’elle essaie de percer quelque part, n’importe où, sur cette ligne de 1 200 kilomètres. Et ça fonctionne. Parce que l’Ukraine ne peut pas être partout à la fois. Elle ne peut pas renforcer tous les secteurs simultanément. Quand la Russie lance 217 assauts répartis sur une dizaine de directions différentes, l’Ukraine doit disperser ses forces. Et dans cette dispersion, des failles apparaissent. Des villages tombent. Des positions sont abandonnées. Comme à Zaporizhzhia où, selon le commandant en chef Syrskyi, trois villages ont été capturés récemment. Comme à Pokrovsk où les Russes s’infiltrent dans la ville elle-même.
Regardons la répartition par secteur. L’État-Major ukrainien détaille où ont eu lieu ces 217 affrontements. Northern Slobozhanshchyna et Kursk (le territoire russe occupé par l’Ukraine) : 10 affrontements. Southern Slobozhanshchyna (secteur de Vovchansk) : 17 affrontements. Kupiansk : 18 assauts. Lyman : 12 attaques. Sloviansk : 8 assauts. Kostiantynivka : 16 attaques. Pokrovsk : 76 assauts. Oleksandrivka : 23 attaques. Huliaipole : 3 assauts. Orikhiv : 4 tentatives. Aucune offensive sur les axes Kramatorsk et Prydniprovske. Si on additionne, ça fait 190 affrontements identifiés par direction. Les 27 restants sont probablement répartis dans des zones grises ou des secteurs non spécifiés. Mais ce qui saute aux yeux, c’est Pokrovsk. Soixante-seize. Plus de trois fois le deuxième secteur le plus actif — Oleksandrivka avec 23 assauts. Pokrovsk n’est pas juste un point chaud. C’est un volcan en éruption qui concentre une violence inimaginable. Soixante-seize assauts en 24 heures, c’est plus de trois assauts par heure. C’est un toutes les vingt minutes pendant une journée entière. Sans relâche. Sans pause. Les soldats ukrainiens à Pokrovsk ne se reposent jamais. Ils repoussent un assaut, se regroupent, réparent leurs positions — et quinze minutes plus tard, le prochain groupe d’assaut russe arrive. C’est épuisant. C’est implacable. C’est conçu pour briser moralement les défenseurs avant même de les vaincre militairement.
Pokrovsk : 76 assauts, 170 000 soldats russes, un encerclement qui se resserre
Pourquoi Pokrovsk ? Pourquoi cette ville de 60 000 habitants avant la guerre — maintenant presque déserte — attire-t-elle autant de violence ? Parce que c’est un nœud logistique crucial. Les routes qui traversent Pokrovsk permettent de ravitailler les forces ukrainiennes vers Kramatorsk, Sloviansk, Kostyantynivka — la « ceinture de forteresses » ukrainienne dans le Donbass. Si Pokrovsk tombe, toute la logistique ukrainienne dans la région s’effondre. Les Russes le savent. C’est pourquoi le président Volodymyr Zelensky a confirmé le 27 octobre que la Russie a engagé environ 170 000 soldats dans la région de Pokrovsk. Cent soixante-dix mille. Presque un quart de toute la force russe en Ukraine — environ 700 000 soldats au total — concentré sur un seul objectif. Et ils lancent assaut après assaut. Soixante-seize en une journée. Selon le 7ème Corps d’assaut aérien ukrainien, depuis le début de novembre, les forces ukrainiennes ont éliminé 162 soldats russes à Pokrovsk et en ont blessé 39 autres. Le 10 novembre, les défenseurs ukrainiens ont éliminé 130 soldats russes, dont 66 tués. Ils ont également détruit 15 drones, 11 pièces d’équipement spécial, un poste de commande UAV, et six véhicules. Ce sont des pertes massives pour les Russes. Et pourtant, le lendemain, ils reviennent. Avec de nouvelles troupes. De nouveaux véhicules. De nouveaux drones. Parce qu’ils ont les ressources.
La tactique russe à Pokrovsk est brutale mais efficace. Ils infiltrent par petits groupes — trois, cinq, dix hommes à pied ou sur des motos, exploitant le brouillard de novembre pour éviter les drones ukrainiens. Sur trois qui avancent, deux meurent. Mais le troisième arrive. Et ce troisième établit une tête de pont. Attend les renforts. Et lentement, mètre par mètre, bâtiment par bâtiment, les Russes progressent. Selon certaines sources, il y aurait maintenant plus de 300 soldats russes à l’intérieur de Pokrovsk elle-même. Trois cents. Pas à la périphérie. À l’intérieur de la ville. Dans les rues, dans les bâtiments, dans les sous-sols. Le 7ème Corps a rapporté avoir dégagé un groupe d’infiltration russe qui avait réussi à atteindre le bâtiment de la gare ferroviaire au centre de Pokrovsk. Mais pour chaque groupe éliminé, un autre arrive. Et les Russes continuent d’avancer. Vidéos à l’appui — des images partagées par la BBC montrent des colonnes russes roulant en plein jour sur la route Selidove-Pokrovsk, en voitures civiles cabossées, en motos, en fourgonnettes. Style « Mad Max » selon les observateurs. Si la météo était claire, jamais ces convois n’auraient atteint la périphérie de Pokrovsk. Mais le brouillard neutralise les drones ukrainiens. Et dans cette cécité temporaire, les Russes avancent.
Les villages qui tombent : Volodymyrivka, Nykanorivka, Chervonyi Lyman, Myrnohrad
Les 76 assauts russes à Pokrovsk ne se concentrent pas seulement sur la ville elle-même. Ils ciblent une constellation de villages autour : Volodymyrivka, Nykanorivka, Chervonyi Lyman, Myrnohrad, Rodynske, Lysivka, Pokrovsk, Kotlyne, Udachne, Molodetske, Novomykolaivka. Onze localités. Onze points sur la carte où les Russes lancent des assauts encore et encore. Certains villages sont attaqués plusieurs fois par jour. Les soldats ukrainiens repoussent un assaut, se regroupent, réparent leurs positions — et une heure plus tard, le prochain groupe d’assaut russe arrive. Selon DeepState, le blog militaire ukrainien qui suit les positions des deux camps grâce à des sources ouvertes, jusqu’à 100 groupes d’infiltration pénètrent le front en une seule journée dans le secteur de Pokrovsk. Cent groupes. Un soldat ukrainien du « Peaky Blinders Drone Unit » a déclaré à CNN : « Les Russes avancent toujours par groupes de trois, deux tombent — le troisième s’infiltre, s’établit, attend les suivants. » C’est le jeu de l’épuisement. Et ça fonctionne. Lentement. Au prix du sang. Mais ça fonctionne. Les villages changent de mains ou restent dans une zone grise contestée. Myrnohrad — la dernière route encore praticable sous le feu ennemi — tremble. Si Myrnohrad tombe, Pokrovsk est isolée. Et une garnison isolée est une garnison condamnée.
Les autres fronts : 141 affrontements répartis sur neuf directions
Mais Pokrovsk n’est pas seul. Sur les 217 affrontements, 141 ont eu lieu ailleurs. C’est encore énorme. C’est presque autant que le total quotidien il y a quelques semaines. Les Russes attaquent partout. Simultanément. Dans le secteur de Kupiansk, 18 assauts. Les Russes tentent de reprendre du terrain perdu lors de la contre-offensive ukrainienne de 2022. Ils avancent lentement vers Kupiansk, une ville stratégique sur le fleuve Oskil. Selon des vidéos publiées par le ministère russe de la Défense et relayées par Times of India, les forces russes auraient capturé un dépôt de pétrole et des gares ferroviaires dans la partie orientale de Kupiansk, notamment les stations Olivino et le parc d’arrivée oriental. Si ces affirmations sont confirmées, c’est un coup dur pour l’Ukraine. Kupiansk est un nœud ferroviaire crucial. Le perdre couperait des lignes de ravitaillement importantes. Dans le secteur de Lyman, 12 attaques. Les Russes tentent d’avancer près de Zarichne, Ridkodub, Nadiia, Tverdokhlibove, Kolodiazi et vers Korovii Yar. Dans le secteur de Sloviansk, 8 assauts près de Yampil, Serebrianka, Vyimka, Dronivka. Dans le secteur de Kostiantynivka, 16 attaques près de Bila Hora, Shcherbynivka, Pleshchiivka, Kostiantynivka, Yablunivka, Rusyn Yar et vers Sofiivka.
Dans le secteur d’Oleksandrivka, 23 attaques — c’est le deuxième secteur le plus actif après Pokrovsk. Les Russes poussent près de Sosnivka, Stepove, Novomykolaivka, Pershotravneve, Rybne et vers Solodke. C’est dans cette région que le commandant en chef Syrskyi a confirmé une « détérioration significative » de la situation, avec trois villages capturés récemment. Dans le secteur de Huliaipole à Zaporizhzhia, 3 assauts près de Zelenyi Hai, Solodke, Danylivka. Dans le secteur d’Orikhiv, 4 tentatives d’avancer vers Prymorske. Sans succès — les défenseurs ont stoppé toutes les tentatives. Dans le secteur de Southern Slobozhanshchyna (Vovchansk), 17 affrontements près de Vovchansk, Vovchanski Khutory, Odradne et vers Dvorichanske. Vovchansk est devenu un champ de ruines après des mois de combats acharnés. Les Russes essaient toujours de s’emparer complètement de cette ville frontalière. Dans les secteurs de Northern Slobozhanshchyna et Kursk — le territoire russe où l’Ukraine occupe encore environ 90 kilomètres carrés — 10 affrontements. L’ennemi a effectué 157 tirs d’artillerie, dont trois provenant de systèmes de roquettes multiples. Sur les axes Kramatorsk et Prydniprovske, aucune offensive ennemie n’a été enregistrée. C’est rare. Ça montre que les Russes concentrent leurs efforts ailleurs. Sur Pokrovsk principalement. Sur Zaporizhzhia. Sur Kupiansk. Partout où ils pensent pouvoir percer.
4 080 bombardements, 109 salves MLRS, 3 965 drones kamikazes : le déluge quotidien
Avant même de parler des 217 affrontements au sol, regardons ce qui tombe du ciel. Le 11 novembre, selon l’État-Major ukrainien, la Russie a lancé une frappe de missile et 44 frappes aériennes, utilisant un missile et larguant 44 bombes guidées. En plus de ça, les forces russes ont effectué 4 080 tirs d’artillerie, dont 109 provenant de systèmes de roquettes multiples. Et comme si ce n’était pas suffisant, elles ont déployé 3 965 drones kamikazes. Trois mille neuf cent soixante-cinq. C’est presque 165 drones par heure. Plus de deux drones kamikazes par minute lancés sur l’Ukraine pendant vingt-quatre heures. C’est un déluge. Un tsunami de fer, d’explosifs, de mort qui s’abat sur les positions ukrainiennes sans interruption. Les frappes aériennes russes ont ciblé notamment Lozova dans la région de Kharkiv, Malomykhailivka dans la région de Dnipropetrovsk, et Zelenyi Hai dans la région de Zaporizhzhia. Et face à cette avalanche, que peut faire l’Ukraine ? Riposter. Selon l’État-Major, au cours de la journée, « les forces aériennes, les forces de missiles et l’artillerie de la Défense ont frappé deux zones de concentration de personnel et d’équipement ennemis, trois postes de commandement et d’observation, un entrepôt de stockage de drones, et trois autres objectifs importants des envahisseurs russes ». Deux zones de concentration de personnel. Contre 4 080 tirs russes. C’est le ratio. C’est la réalité d’une guerre où un camp dispose de ressources quasi-illimitées et l’autre doit rationner chaque obus, chaque missile, chaque munition.
1 000 soldats russes éliminés : le carnage qui ne ralentit jamais
Et maintenant, le chiffre qui domine tout le reste. 1 000 soldats russes éliminés ou blessés le 11 novembre. Selon le rapport de l’État-Major publié le 12 novembre, les pertes russes pour la journée du 11 novembre incluent : 1 000 soldats, 3 véhicules blindés de combat, 13 systèmes d’artillerie, 1 système MLRS, 1 système de défense aérienne, 162 drones de niveau opérationnel-tactique, 87 véhicules et camions-citernes, et 1 équipement spécial. Mille hommes. En un jour. Et au total, depuis le début de l’invasion le 24 février 2022, les pertes russes s’élèvent maintenant à environ 1 154 180 soldats. Un million cent cinquante-quatre mille. C’est plus d’un million. Plus que toute l’armée russe active au début de l’invasion. Plus que les pertes soviétiques durant toute la guerre d’Afghanistan qui a duré dix ans. C’est un carnage d’une ampleur qu’on n’avait plus vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, Moscou continue. Elle envoie vague après vague d’hommes dans le hachoir à viande ukrainien. Parce qu’elle pense pouvoir gagner par l’attrition. Parce qu’elle a la population pour absorber ces pertes. Parce que Poutine a décidé que l’Ukraine doit tomber, quel qu’en soit le prix. Le rythme reste constant. Environ 1 000 morts par jour. Parfois un peu plus — 1 020 le 10 novembre, 1 090 un autre jour. Parfois un peu moins — 900, 800. Mais la moyenne tourne autour de mille. Et ça dure depuis des mois.
Les pertes matérielles : 13 canons, 1 lance-roquettes, 162 drones détruits
Les 13 systèmes d’artillerie détruits en un jour, c’est significatif. Chaque canon perdu force Moscou à rediriger des ressources, à réaffecter des équipes, à ajuster les plans de tir. Le système MLRS détruit — probablement un BM-21 Grad, BM-27 Uragan ou BM-30 Smerch — c’est la capacité de lancer des dizaines de roquettes en quelques secondes qui disparaît. Les 162 drones abattus en une journée montrent l’intensité de la guerre électronique et aérienne. Mais combien ont réussi à passer ? Si les Russes ont utilisé 3 965 drones kamikazes le 11 novembre et que 162 ont été abattus, ça signifie que plus de 3 800 ont atteint leurs cibles ou se sont écrasés ailleurs. C’est le ratio brutal de cette guerre aérienne. L’Ukraine abat une petite fraction des drones ennemis. Le reste passe. Et ça cause des dégâts. Les 87 véhicules et camions-citernes détruits, c’est la logistique russe qui se dégrade, convoi par convoi. Mais malgré tout ça, la Russie continue d’avancer. À Pokrovsk. À Zaporizhzhia. À Kupiansk. Lentement. Au prix du sang. Mais elle avance.
Conclusion : 217 affrontements, le rythme qui brise tout
217 affrontements. En vingt-quatre heures. Une augmentation d’un quart par rapport à la veille. Et 76 d’entre eux — plus d’un tiers — concentrés à Pokrovsk. C’est le nouveau rythme de cette guerre en novembre 2025. Une intensité qui ne diminue pas. Qui augmente. Les Russes lancent plus d’assauts. Sur plus de secteurs. Simultanément. Et l’Ukraine, malgré l’héroïsme, malgré les 1 000 Russes éliminés quotidiennement, malgré les 13 canons détruits, malgré les 162 drones abattus, recule. Pas partout. Pas tout le temps. Mais elle recule. À Zaporizhzhia, trois villages capturés. À Pokrovsk, 300 soldats russes maintenant à l’intérieur de la ville. À Kupiansk, des gares ferroviaires qui tombent peut-être. C’est un glissement progressif mais inexorable. Et chaque jour où il y a 217 affrontements au lieu de 170, c’est un jour où la pression augmente. Où l’épuisement s’installe. Où les défenses s’érodent. Pokrovsk ne tiendra pas indéfiniment sous 76 assauts quotidiens. C’est mathématiquement impossible. À un moment donné, même les meilleurs soldats, même les défenses les mieux préparées, craquent sous cette pression constante. Et c’est exactement ce que la Russie veut. Elle ne cherche pas une percée spectaculaire. Elle cherche l’attrition. L’épuisement. La lente érosion des défenses ukrainiennes jusqu’à ce qu’elles s’effondrent. Et avec 170 000 soldats concentrés sur Pokrovsk seul, avec la capacité de lancer 76 assauts par jour, avec des ressources quasi-illimitées, Moscou parie qu’elle peut maintenir ce rythme plus longtemps que l’Ukraine ne peut résister. Est-ce que ce pari va fonctionner ? Personne ne sait. Ce qui est clair, c’est que les 217 affrontements du 11 novembre ne sont pas un pic. Ce n’est pas une anomalie. C’est le nouveau normal. Et demain, après-demain, le cycle recommencera. Peut-être 220 affrontements. Peut-être 250. Et Pokrovsk continuera de dévorer un tiers de tous les combats. Jusqu’à ce que la ville tombe. Ou jusqu’à ce que quelque chose change. Mais pour l’instant, rien ne change. Les 217 affrontements continuent. Le carnage quotidien continue. Et l’Ukraine, malgré tout, tient encore. Pour combien de temps ? C’est la question qui hante chaque rapport de l’État-Major. Chaque chiffre publié. Chaque jour qui passe. 217 affrontements aujourd’hui. Combien demain ? Et le jour d’après ? Jusqu’à quand l’Ukraine peut-elle soutenir ce rythme ? Personne ne sait. Mais une chose est certaine : tant qu’il y aura des soldats ukrainiens pour se battre dans ces 217 affrontements quotidiens, l’Ukraine survit. Et tant qu’elle survit, elle garde une chance. Une chance mince. Fragile. Mais une chance quand même.
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