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Chronique : Rivnopillia tombe, l’Ukraine abandonne un sixième village à Zaporizhzhia en 48 heures
Crédit: Adobe Stock

Commençons par le fait brutal. Le 11 novembre au soir, selon le communiqué des Forces de défense du Sud publié tard dans la nuit, « les unités ukrainiennes se sont repositionnées vers des lignes plus favorables pour préserver les vies du personnel suite à des frappes de feu intenses sur nos positions près de Rivnopillia ». Repositionnées. C’est l’euphémisme militaire pour « retirées ». Les défenseurs ne tiennent plus le village. Ils sont partis. Vers des positions plus défendables, espèrent-ils. Mais le village lui-même ? Perdu. Ou au minimum dans une zone grise contestée où les Russes tentent maintenant de s’établir. Le communiqué ajoute : « L’avancée ennemie a été stoppée. Des actions pour bloquer et frapper de manière coordonnée se poursuivent. Des combats féroces continuent également sur d’autres sections de la ligne de front dans ces directions. » L’avancée stoppée ? Pour combien de temps ? Hier, c’était Rivnopillia. Avant-hier, c’était cinq autres villages. Demain, ce sera quoi ? Yablukove ? Zelenyi Hai ? Huliaipole elle-même ? Le rythme est terrifiant. Six villages en deux jours. C’est trois par jour en moyenne. Si ça continue à ce rythme — et rien n’indique que ça va ralentir — combien de villages l’Ukraine perdra-t-elle cette semaine ? Dix ? Quinze ? Et à quel moment ces pertes de villages deviennent une perte de territoire stratégique qui change la dynamique de toute la guerre ?

Mettons en perspective. Le 10 novembre, Voloshyn avait annoncé le retrait de positions près de cinq localités. Il avait précisé que les Forces de défense s’étaient « complètement retirées d’Uspenivka et de Novomykolaivka ». Complètement. Plus de présence ukrainienne. Ces villages sont maintenant sous contrôle russe ou en passe de l’être. Pour les trois autres — Novouspenivske, Nove, Okhotnyche — le retrait était « de positions près de » ces villages, ce qui suggère un repli partiel, un abandon de certains secteurs mais pas nécessairement du village entier. Mais la tendance est claire. L’Ukraine recule. Sur tous les fronts à Zaporizhzhia. Selon Voloshyn, « l’ennemi mène des frappes de feu intenses sur nos positions. En fait, ils ont détruit toutes les fortifications et abris existants, nous forçant à nous retirer de certaines positions dans plusieurs localités ». Toutes les fortifications détruites. Ça veut dire que les soldats ukrainiens n’ont plus d’abris. Qu’ils sont exposés au feu ennemi constant. Que tenir devient impossible sans subir des pertes catastrophiques. Alors ils partent. Pour sauver ce qui peut l’être. Et les Russes occupent le terrain abandonné. Lentement. Méthodiquement. Village après village. Trois hier. Trois aujourd’hui. Trois demain peut-être. Et dans une semaine, quand on additionnera, on réalisera que toute une région a basculé.

400 frappes d’artillerie par jour, 2 000 obus : le déluge qui brise les défenses

Pourquoi l’Ukraine recule-t-elle ? À cause du feu. Du déluge de feu russe. Selon Voloshyn et le communiqué des Forces de défense du Sud, les forces russes lancent plus de 400 frappes d’artillerie par jour, utilisant environ 2 000 munitions quotidiennement. Quatre cents frappes. Deux mille obus. Chaque jour. Sans relâche. Imaginez vivre sous ça. Vous êtes dans une tranchée. Vous entendez le sifflement d’un obus. Explosion. La terre tremble. Les débris volent. Vous vous terrez. Deux minutes plus tard, un autre obus. Encore une explosion. Et encore. Et encore. Pendant des heures. Pendant des jours. Vos fortifications — ces tranchées, ces bunkers, ces abris en béton qui devaient vous protéger — s’effondrent progressivement sous les impacts répétés. Un obus frappe le toit d’un bunker. Des fissures apparaissent. Le prochain obus élargit les fissures. Le troisième fait s’effondrer le toit. Et maintenant, vous n’avez plus d’abri. Vous êtes à découvert. Et le bombardement continue. Selon le communiqué officiel, les Russes ont réussi la « destruction virtuelle de tous les abris et fortifications ». Virtuelle. Ça veut dire quasi-totale. Ça veut dire qu’il ne reste presque rien. Et quand il ne reste rien, vous avez deux choix : rester et mourir, ou partir et survivre. L’Ukraine a choisi de partir. De six villages en deux jours. Pour préserver les vies. C’est rationnel. C’est nécessaire. Mais c’est aussi déchirant. Parce que chaque village perdu rapproche les Russes de leurs objectifs.

Et ce bombardement massif n’est pas aléatoire. C’est une tactique délibérée. La Russie pilonne jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à défendre. Puis elle envoie l’infanterie pour occuper les ruines. C’est la même tactique qu’à Bakhmout, à Avdiivka, à Marioupol. Et maintenant à Zaporizhzhia. Selon le ministère russe de la Défense — et je prends ces affirmations avec prudence, car elles sont souvent exagérées — les unités du Groupe Est auraient « avancé profondément dans les défenses ukrainiennes » et « achevé la libération de Novouspenovskoye » (le nom russe de Novouspenivske). Moscou affirme que les forces ukrainiennes ont subi plus de 1 200 pertes dans tous les secteurs du front au cours des dernières 24 heures. Douze cents. Si c’est vrai — et c’est probablement gonflé — ça montre l’intensité des combats. Mais même si on réduit ce chiffre de moitié, ça fait encore 600 pertes ukrainiennes en un jour. Six cents soldats morts, blessés, capturés. C’est énorme pour une armée qui lutte déjà pour maintenir ses effectifs. Et face à ça, l’Ukraine inflige également des pertes aux Russes. Selon les Forces de défense du Sud, au cours de la dernière journée, les forces ukrainiennes ont « éliminé 58 soldats russes et blessé près de trois douzaines d’autres ». Cinquante-huit. Contre 2 000 obus tirés. C’est le ratio. C’est la réalité d’une guerre d’artillerie où un camp a des munitions quasi-illimitées et l’autre doit compter chaque obus.

Le brouillard et les infiltrations : comment les Russes exploitent la météo

Mais l’artillerie n’est pas la seule arme russe. Il y a aussi la météo. Le brouillard. Syrskyi l’a mentionné explicitement dans son message Telegram du 10 novembre : « L’agresseur a intensifié son activité dans l’oblast de Zaporizhzhia, utilisant les conditions météorologiques — un brouillard dense — pour s’infiltrer entre nos positions. » Le brouillard. Encore lui. Comme à Pokrovsk. Comme partout sur le front en novembre. Des nappes épaisses qui s’installent pendant des jours. Et dans ce brouillard, les drones ukrainiens — l’avantage technologique principal de Kyiv — deviennent aveugles. Voloshyn l’a confirmé : « La Russie exploite la météo pour avancer en petits groupes, se déplaçant à pied ou en utilisant des motos. En même temps, les conditions météorologiques défavorables empêchent les forces ukrainiennes de déployer des drones contre eux. » C’est le cauchemar tactique. Les Russes infiltrent. Trois hommes, cinq hommes, dix hommes. À pied ou sur des motos. Ils avancent sous le couvert du brouillard. Les drones ukrainiens ne peuvent pas les voir. Les observateurs au sol ont une visibilité réduite à quelques dizaines de mètres. Et soudain, les Russes sont là. Dans le village. Dans les tranchées. À portée de grenade. Sur trois qui avancent, deux meurent peut-être. Mais le troisième arrive. Et ce troisième établit une tête de pont. Attend les renforts. Et lentement, mètre par mètre, les Russes progressent. C’est brutal. Archaïque. Mais ça fonctionne quand vous avez les hommes à perdre et que la météo neutralise l’avantage technologique adverse.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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