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Chronique : Robots de guerre, l’Ukraine déploie 15 000 drones terrestres pour remplacer les soldats
Crédit: Adobe Stock

Commençons par Pokrovsk. Cette ville de 60 000 habitants avant la guerre — maintenant presque vide — qui subit 76 affrontements quotidiens. Où 170 000 soldats russes sont concentrés selon le président Volodymyr Zelensky. Où 300 soldats russes se sont infiltrés à l’intérieur même de la ville selon les rapports récents. Et où, selon la vidéo publiée par le 7ème Corps de réaction rapide le 11 novembre, les drones terrestres font maintenant partie intégrante de la défense. La vidéo montre des soldats ukrainiens manipulant ces machines — certaines montées sur roues, d’autres sur chenilles. Certaines équipées de mitrailleuses. D’autres configurées pour transporter des munitions ou des blessés. Elektryk, le commandant de la 93ème Brigade mécanisée, a expliqué à RFE/RL comment ces machines fonctionnent : « C’est notre combat ‘engin bricolé’. Il est sorti hier soir et n’est rentré que ce matin. Il est équipé d’une mitrailleuse et de quelques centaines de cartouches. Nous l’avons utilisé pour éliminer l’ennemi, de très près. Ils arrivent, nous ouvrons le feu et nous partons. Et nous l’avons fait plus d’une fois. » De très près. Ça veut dire que le robot s’approche des positions russes. Ouvre le feu avec sa mitrailleuse. Élimine les cibles. Et repart. Sans qu’aucun soldat ukrainien ne soit exposé au danger. C’est révolutionnaire. Parce que dans une guerre où les pertes humaines s’accumulent — 1 000 soldats russes éliminés quotidiennement, mais aussi des centaines d’Ukrainiens blessés ou tués chaque jour — chaque vie sauvée compte.

Mais ces missions ne se terminent pas toujours avec succès. Elektryk l’a admis franchement : « Parfois il arrive et est rapidement détruit. Et parfois il vit pendant des centaines de kilomètres. Hier, l’un des nôtres est allé chercher un soldat blessé mais n’a pas réussi. Il a été repéré par plus de cinq drones FPV volants et a été détruit par le sixième. » Cinq drones FPV. Puis un sixième qui réussit à détruire le robot terrestre. C’est la réalité brutale de cette guerre technologique. Chaque innovation rencontre une contre-mesure. Les drones terrestres sont efficaces. Mais ils sont vulnérables aux drones aériens. Les drones FPV russes — ces petits drones kamikazes guidés par des opérateurs portant des lunettes de réalité virtuelle — traquent constamment les robots terrestres ukrainiens. Et quand ils en trouvent un, ils attaquent. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’un frappe réussisse. Selon Elektryk : « Il arrive tout seul, se charge tout seul, et repart tout seul. C’est une chose unique. » Unique. Parce que c’est la première fois dans l’histoire militaire moderne qu’une armée utilise massivement des robots terrestres autonomes pour des missions d’évacuation médicale. Pour aller chercher les blessés dans des zones où les soldats ne peuvent pas aller. Où les véhicules sont immédiatement ciblés. Où seuls les robots peuvent survivre assez longtemps pour accomplir la mission. Et parfois, ils ne survivent pas non plus. Mais au moins, quand un robot est détruit, c’est juste une machine. Pas un soldat. Pas une vie humaine. C’est le calcul brutal qui guide le déploiement massif de ces systèmes en novembre 2025.

15 000 robots d’ici fin 2025 : l’adoption la plus rapide de l’histoire militaire

Mettons en perspective l’ampleur de ce déploiement. Selon Hlib Kanevskyi, directeur des achats au ministère de la Défense ukrainien, l’Ukraine prévoit de livrer 15 000 robots terrestres pour un usage au combat d’ici la fin de 2025. Quinze mille. En un an. Pour mettre ça en perspective, la première mission confirmée d’un drone terrestre ukrainien a eu lieu en décembre 2024 — il y a moins d’un an — quand la Charter Brigade a déployé un dans l’oblast de Kharkiv. C’était la première fois qu’un véhicule terrestre non habité produit localement participait à une opération de combat complète. Et maintenant, onze mois plus tard, l’Ukraine vise 15 000 unités. C’est quinze fois plus qu’en 2024, quand environ 1 000 robots terrestres ont été déployés. Selon SLD Info, cette transformation représente « l’une des adoptions technologiques militaires les plus rapides de l’histoire moderne ». Et ce n’est pas exagéré. Comparez ça aux États-Unis, qui ont développé leurs robots terrestres militaires sur des décennies. Ou à d’autres grandes puissances militaires qui ont des milliers de prototypes mais peu de déploiements opérationnels. L’Ukraine, elle, passe du prototype à la production de masse en quelques mois. Pourquoi ? Parce que la nécessité opérationnelle est urgente. Parce que chaque robot déployé sauve potentiellement des vies ukrainiennes. Et parce que l’écosystème ukrainien de développement de drones s’est adapté avec une rapidité stupéfiante.

Soutenant cet objectif ambitieux, il y a maintenant plus de 200 entreprises ukrainiennes travaillant sur le développement de drones terrestres. Deux cents. C’est une transformation complète du paysage industriel de défense du pays. Cet écosystème inclut tout, des grands contractants de défense établis aux petites startups fondées spécifiquement pour répondre aux besoins identifiés par les unités de première ligne. Le gouvernement ukrainien a soutenu cette expansion avec des engagements financiers substantiels. Après avoir contracté environ 100 millions de UAH (150 millions de dollars) au premier trimestre de 2025 seulement — une augmentation de soixante fois par rapport à la période précédente — le financement continue d’augmenter. Cela illustre à la fois la confiance croissante dans les capacités des robots terrestres et la demande opérationnelle urgente pour ces systèmes. Actuellement, plus de 140 systèmes robotiques sont enregistrés sur la plateforme Brave1 — l’initiative gouvernementale qui connecte les développeurs de drones avec l’armée. Sur ces 140, 96 ont subi un examen de défense et 14 répondent aux normes OTAN. Cette progression de l’enregistrement au test à la certification démontre la maturation de l’écosystème ukrainien de développement de drones terrestres et son intégration croissante avec les normes et exigences internationales. Et le gouvernement a mis en œuvre des réformes réglementaires complètes pour accélérer le déploiement tout en maintenant les normes de qualité. Les procédures de codification qui prenaient auparavant plusieurs mois ont été réduites à seulement dix jours. Dix jours. C’est une efficacité bureaucratique cruciale pour maintenir le rythme rapide du développement technologique et du déploiement sur le terrain.

Des missions multiples : combat, logistique, évacuation médicale, déminage

Les applications tactiques des drones terrestres ukrainiens se sont élargies bien au-delà des concepts initiaux, évoluant par l’expérience directe du champ de bataille plutôt que par la planification théorique. Selon le général de division Borys Kremenskyi, attaché de défense ukrainien à Washington : « Ces systèmes se sont révélés vraiment cruciaux » dans plusieurs domaines de mission. Quels domaines ? Commençons par le combat direct. Comme l’a montré Elektryk, certains robots sont équipés de mitrailleuses de 7,62mm et peuvent identifier et engager des cibles jour et nuit grâce à des capteurs avancés. Leur moteur électrique silencieux et leur construction robuste permettent une opération sur des terrains difficiles et dans des conditions météorologiques rigoureuses, les rendant appropriés pour des opérations autonomes prolongées. Le Liut (Fury), par exemple, a passé des tests de combat complets. Ensuite, il y a la logistique. Selon le commandant en chef Oleksandr Syrskyi, en octobre 2025, les robots terrestres ont livré près de 300 000 kilogrammes de provisions aux unités de défense. Trois cent mille kilos. En un mois. Ça représente des milliers de missions individuelles. Des munitions transportées jusqu’aux tranchées. De la nourriture livrée aux positions isolées. De l’eau amenée aux soldats qui ne peuvent pas se déplacer sans être ciblés. Chaque mission effectuée par un robot, c’est une mission où un soldat n’a pas à risquer sa vie en conduisant un camion à travers la zone de mort.

L’évacuation médicale est peut-être l’application la plus impressionnante. Elektryk l’a décrit : « Il arrive tout seul, se charge tout seul, et repart tout seul. » Un soldat est blessé dans une tranchée. Appeler une évacuation humaine signifie exposer des sauveteurs au feu ennemi. Mais envoyer un robot ? Le robot roule jusqu’à la position. Le soldat blessé est chargé — parfois seul, parfois avec l’aide de camarades. Et le robot repart. Vers une zone de collecte des blessés. Où des médecins attendent. Selon le 1er Bataillon médical séparé d’Ukraine, une mission complexe d’évacuation nommée « Skittles » a récemment été menée, sauvant deux soldats gravement blessés en utilisant uniquement des robots terrestres. Deux vies sauvées. Sans exposer aucun sauveteur. C’est révolutionnaire. Le déminage est une autre application cruciale. Les robots peuvent être envoyés pour poser des mines dans les zones contrôlées par l’ennemi — utilisant des drones bombardiers pour larguer des mines qui ralentissent les mouvements russes. Ou ils peuvent être utilisés pour des missions de déminage — identifiant et neutralisant les mines posées par les Russes. Et finalement, il y a les missions suicide. Des robots chargés d’explosifs qui roulent directement dans les tranchées ennemies ou vers des ponts logistiques et détonent, les oblitérant. C’est brutal. Mais efficace. Et ça ne coûte qu’une machine. Pas une vie humaine. Selon Forbes, en juillet 2025, la 3ème Brigade d’assaut a mené une opération utilisant uniquement des drones et des robots terrestres, résultant en la reddition de troupes russes sans aucune perte ukrainienne. Uniquement des robots. Aucun humain engagé directement. Et les Russes se sont rendus. Parce qu’ils étaient encerclés par des machines. Des machines qui n’ont pas peur. Qui ne se fatiguent pas. Qui ne négocient pas. Qui tuent simplement. Encore et encore. Jusqu’à ce que l’ennemi se rende ou meure.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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