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Chronique : La machine de guerre se déchaîne, jour 1362, Ukraine suffoque sous les bombes
Crédit: Adobe Stock

Quand l’acier rend l’âme

Je dois expliquer ce qui s’opère exactement à Pokrovsk, car c’est là que tout bascule. Cette ville — autrefois un centre minier prospère, un poumon économique de la région — s’est transformée en champ de bataille. Les colonnes blindées russes ne viennent plus en rases-mottes, discrètement, façon chirurgicale. Non. Elles surgissent dans la brume, moteurs rugissants, drapeau blanc sur les toits de leurs véhicules, comme des prédateurs qui n’ont plus peur. Je lis les témoignages des combattants sur le terrain : « des motards sur les toits des jeeps », « du brouillard utilisé comme écran », « l’infanterie qui avance en colonnes serrées ». C’est du spectaculaire. C’est du brutal. C’est de l’hystérie de puissance. Parce que les Russes savent quelque chose que nous refusons d’admettre pleinement : Pokrovsk, c’est le nœud vital de la défense ukrainienne à l’est. Si cette ville tombe, tout s’écroule. Les lignes de ravitaillement. Le contrôle territorial. La morale. Le verrou qui contenait la débâcle.

Les Ukrainiens battent en retraite. Pas de panique — les rapports le précisent — mais une retraite tactique, un repli organisé vers des positions de défense plus tenables. Sauf que les positions tenables, elles s’épuisent aussi. Les munitions manquent. Les soldats sont exténués. On parle de désertions, pas en masse, mais suffisamment pour que les commandants doivent gérer autre chose que le combat lui-même. L’armée ukrainienne compte aujourd’hui environ 850 000 soldats en première ligne et en arrière-garde combinées. La Russie en aligne plus d’un million. Quand on regarde ça, quand on observe cette montagne de métal et de chair jetée dans la mélange, on comprend que ce n’est pas une bataille qu’on regarde. C’est une asphyxie programmée.

Les chiffres du désastre quotidien

Voilà les données brutes du 16 et 17 novembre — parce que je dois être précis, clinique, implacable dans ce récit : 66 frappes aériennes russes. 164 bombes guidées. 4 122 tirs d’artillerie. C’est la danse mécanique du jour 1362. Tous les jours, c’est pareil. Tous les jours, des chiffres qui s’additionnent. Les pertes matérielles côté russe ? Deux chars, trois véhicules blindés, dix-sept systèmes d’artillerie. Rien que ça. 81 499 drones opérationnels-tactiques ont été perdus jusqu’à présent par la Russie depuis le début de la campagne. Quatre mille missiles de croisière vaporisés. Mille deux cent quarante-six systèmes anti-aériens détruits. Et pourtant — et c’est le cauchemar sans fin — Moscou continue. Les usines tournent à plein régime. Les budgets militaires gonflent de 25 pour cent. Le Kremlin prévoit 145 milliards de dollars consacrés à la guerre en 2025. 145 milliards. C’est un choix civilisationnel. C’est une civilisation qui a décidé de se transformer entièrement en machine de destruction.

Et du côté des Ukrainiens ? Les pertes sont officiellement de 1 159 420 soldats russes tués ou blessés — c’est le décompte que fourni l’état-major ukrainien — mais Ukraine elle-même saigne à chaque heure. On ne verra jamais les vrais chiffres des pertes ukrainiennes. Même pas dans dix ans. Parce que les deux côtés mentent. Les deux côtés cachent. Les deux côtés foncent vers l’avant en se répétant que la prochaine offensive sera la bonne, que la ligne de front finira par craquer.

Source : aljazeera

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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