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Chronique : Mille cent soixante, la cadence infernale des pertes russes
Crédit: Adobe Stock

Quand les chiffres deviennent trop gros pour être compris

Le problème avec les grands nombres, c’est qu’ils perdent sens. Un million de morts ? C’est incompréhensible. Zéro point deux pour cent de la population russe ? Ça semble peu. Mais 1160 par jour ? C’est un rythme auquel tu peux attacher une image. C’est assez proche pour être terrifiant mais assez abstrait pour être acceptable. C’est le calcul parfait de la brutalité managériale. La Russie l’a probablement compris : tant que les chiffres restent dans une plage que les civils ne peuvent pas vraiment visualiser, la guerre continue. Du moment qu’on dépasse un certain seuil d’abstraction, les gens cessent de sentir. Et la machine continue.

Regarde la dynamique depuis le début de novembre. Le 1er novembre : 1160 pertes. Le 2 novembre : 940. Le 3 novembre : 1160. Le 4 novembre : 840. Le 5 novembre : 1070. Le 6 novembre : 1190. Le 7 novembre : 1170. Le 8 novembre : 1150. Le 9 novembre : 1180. Le 10 novembre : 1090. Le 11 novembre : 1020. Le 12 novembre : 1000. Le 13 novembre : 1180. Le 14 novembre : 980. Le 15 novembre : 1040. Le 16 novembre : 860. Le 17 novembre : 1160. C’est pas du chaos. C’est un modèle. C’est presque aussi régulier que les variations météorologiques. L’intensité fluctue mais jamais elle ne disparaît. Jamais elle ne devient zéro. C’est la réalité d’une machine de guerre qui a accepté ses propres paramètres de destruction : tous les jours, des milliers. Point final.

La machinerie matérielle qui s’effondre en silence

Mais c’est pas juste les soldats. Et c’est ici que ça devient fascinant dans une sorte de morbidité académique. Aux côtés des 1160 soldats morts ou blessés hier, tu as aussi 213 drones opérationnels-tactiques détruits. Des drones. Pas des soldats. Du matériel. Mais ce matériel représente des années de production. Ça représente des usines qui tournent 24 heures sur 24. Ça représente de la technologie. Ça représente de l’argent. Depuis le début de la guerre, la Russie a perdu 81 499 drones. Quatre-vingt-un mille quatre cent quatre-vingt-dix-neuf appareils volants. Des engins qui coûtent de l’argent. Qui prennent du temps à fabriquer. Qui consomment des ressources rares. Et on en parle pas beaucoup parce que ce sont pas des humains.

En même temps qu’elle perd ses soldats, la Russie perd aussi son matériel lourd. Depuis le 24 février 2022 jusqu’à maintenant — jusqu’à hier matin — la Russie a perdu 11 355 chars d’assaut. Onze mille trois cent cinquante-cinq. Ce ne sont pas des chiffres qu’on peut ignorer. Un char, ça coûte des millions. Ça prend du temps à faire. C’est un élément clé d’une armée moderne. Et la Russie en a perdu plus de 11 000. Elle a aussi perdu 23 594 véhicules blindés. 34 486 systèmes d’artillerie. 1544 lance-roquettes multiples. Ce qui veut dire qu’on est en train de regarder non seulement une hémorragie de chair humaine, mais aussi une destruction systématique de l’industrie de défense russe. Chaque char perdu, c’est une usine qui va devoir en fabriquer un nouveau. Chaque système d’artillerie, c’est du cuivre, de l’acier, de l’électronique qui disparaît dans une tempête de feu ukrainienne.

Source : ukrinform

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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