L’anatomie d’un plan toxique
Le document circule dans les capitales européennes comme un virus. Vingt-huit points. Vingt-huit exigences. Vingt-huit gifles. Élaboré par Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump, et son homologue russe Kirill Dmitriev, sans qu’aucun Ukrainien ne soit consulté, ce plan porte l’empreinte du Kremlin à chaque ligne. Premier coup : reconnaissance de la Crimée, Louhansk et Donetsk comme territoires russes de facto. Deuxième coup : gel de Kherson et Zaporijjia selon la ligne de contact actuelle, soit une reconnaissance implicite des gains territoriaux obtenus par la force. Troisième coup : retrait des forces ukrainiennes de la partie de l’oblast de Donetsk encore sous contrôle de Kiev, création d’une zone tampon démilitarisée que Moscou ne s’engage même pas à respecter. Quatrième coup : limitation de l’armée ukrainienne à six cent mille hommes, alors qu’elle compte aujourd’hui huit cent mille soldats. Cinquième coup : interdiction pour l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN, inscrite dans la Constitution ukrainienne et dans les statuts de l’Alliance atlantique — une double humiliation juridique.
Les autres points suivent la même logique d’effacement progressif de la souveraineté ukrainienne. Aucune force de l’OTAN sur le sol ukrainien. Amnistie totale pour toutes les parties, y compris les auteurs de crimes de guerre russes. Levée graduelle des sanctions contre Moscou. Utilisation de cent milliards de dollars d’avoirs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine — mais sans garantie d’exécution, sans calendrier précis. Élections organisées dans cent jours, alors que le pays est encore en guerre, encore occupé, encore traumatisé. La reconstruction sera supervisée par un « Conseil de la paix » présidé par Trump lui-même — un mécanisme de contrôle américain qui réduit Kiev à un statut de protectorat. Les garanties de sécurité promises par Washington se résument à une « réponse militaire coordonnée » en cas de nouvelle invasion russe — exactement ce qui existe déjà, et qui n’a jamais empêché Poutine d’agir. Aucune mention des cyberattaques, du sabotage, des opérations hybrides que la Russie mène en permanence. Aucune protection réelle, aucun engagement contraignant.
Les législateurs européens, choqués, réagissent mollement. L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni publient une déclaration commune affirmant que le plan constitue une « base » mais nécessite un « travail additionnel ». Ils insistent sur le respect de la souveraineté ukrainienne, sur la nécessité que tout accord soit conclu « avec l’Ukraine, pas sans elle ». Mais leurs mots manquent de mordant. Ils savent que Trump n’écoutera pas, que Moscou jubile, que Kiev suffoque. Le Premier ministre polonais Donald Tusk déclare : « La Russie ne peut imposer ses conditions à l’Ukraine et à l’Europe. » Mais comment l’empêcher, concrètement ? Personne ne le dit. Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, rappelle que « la Russie n’a aucun droit légal à des concessions de la part du pays qu’elle a envahi ». Évidence juridique, impuissance politique. Les conseillers nationaux de sécurité de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne prévoient de se réunir à Genève avec leurs homologues américains et ukrainiens pour discuter du plan — mais cette consultation arrive trop tard, alors que Trump a déjà fixé son ultimatum.
À force de dénoncer sans agir, on devient complice. Voilà ce qui me terrifie. Ces déclarations européennes, ces communiqués solennels, ces appels à la retenue — tout ça ne sert à rien si personne ne bouge vraiment. Je regarde cette scène de loin, impuissant, et je me sens écœuré par l’hypocrisie ambiante. On prétend défendre des valeurs, on clame haut et fort qu’on ne cède jamais au chantage, et puis on laisse faire. On laisse un allié se noyer sous prétexte qu’on est fatigués, qu’on a nos propres problèmes, qu’on ne peut pas tout porter. Mais si on abandonne l’Ukraine maintenant, qu’est-ce qui nous dit qu’on ne sera pas les prochains sur la liste ?
Poutine jubile, l’Occident recule
Vladimir Poutine accueille le plan américain avec un sourire carnassier. « Ce texte peut servir de base à un règlement de paix définitif », déclare-t-il, savourant chaque mot. Il précise que ce plan ressemble à une version modernisée de celui discuté avec Trump en Alaska en août dernier, que Kiev avait rejeté. Moscou, en position de force militaire, n’a aucune raison de refuser un texte qui lui offre tout ce qu’elle réclame depuis février 2022. Le Kremlin n’a même pas besoin de négocier : les États-Unis et la Russie ont déjà écrit le scénario ensemble, sans que l’Ukraine n’ait son mot à dire. Poutine, stratège patient, joue la montre. Il sait que Trump veut un succès diplomatique rapide, une « victoire » à présenter avant les élections américaines de 2026. Il sait aussi que les sanctions pétrolières renforcées entrent en vigueur le vingt-et-un novembre 2025, et qu’il doit retarder l’adoption d’une loi américaine sur les sanctions secondaires actuellement devant la Chambre des représentants.
Les experts occidentaux tirent la sonnette d’alarme. Keir Giles, du centre de réflexion britannique Chatham House, tranche : « Il n’y a pas de processus de paix. C’est la transmission de demandes de capitulation russes avec la facilitation active des États-Unis. » Il souligne que le texte est « unilatéral, insensé, inapplicable », qu’il interdit à l’Ukraine de frapper Moscou ou Saint-Pétersbourg mais n’impose aucune restriction similaire à la Russie concernant Kiev. Orysia Lutsevych, analyste au même institut, qualifie le plan de « création du Kremlin », une opération visant à bloquer le réarmement massif de l’Europe qui s’annonce. Elle avertit que Poutine utilise Trump pour gagner du temps, pour empêcher le renforcement des sanctions, pour diviser l’alliance occidentale. Marc Weller, professeur de droit international, note que les dispositions concernant l’OTAN et l’Union européenne sont juridiquement impossibles à appliquer sans l’accord de tous les membres — accord qui n’arrivera jamais. Le plan est donc techniquement mort-né, mais politiquement dévastateur.
Les législateurs américains eux-mêmes expriment leur malaise. Certains républicains dénoncent un texte « inacceptable » qui favorise Moscou. Des démocrates parlent de trahison des valeurs démocratiques, d’abandon d’un allié fidèle. Mais Trump tient bon. Il veut sa paix, coûte que coûte. Il déclare à la radio Fox News : « J’ai fixé beaucoup d’échéances, mais quand les choses avancent bien, on tend à les prolonger. Cependant, jeudi nous semble un délai approprié. » Ce jeudi, c’est Thanksgiving, jour de célébration nationale américaine — symbole cynique d’un président qui mêle diplomatie et spectacle, qui impose des ultimatums entre deux tranches de dinde. Zelensky doit répondre pendant que les Américains festoient. L’ironie est cruelle. La pression, insoutenable. Le choix, impossible.
Je lis ces analyses d’experts, ces déclarations officielles, et je ressens une colère sourde monter en moi. Pas une rage explosive, non. Plutôt une indignation froide, raisonnée, qui me ronge de l’intérieur. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment une démocratie comme les États-Unis peut-elle imposer à une autre démocratie un plan négocié avec son agresseur ? Où est passée la solidarité, la cohérence, le respect du droit international ? Je cherche des réponses, mais je ne trouve que le vide, le cynisme, le pragmatisme glacé des grandes puissances qui jonglent avec le destin des peuples comme on joue aux échecs. Et moi, simple chroniqueur, je me sens dérisoire face à cette machine infernale.
Le champ de bataille ne ment jamais
Avancées russes et reculs ukrainiens
Pendant que les diplomates palabrent, les soldats meurent. Le vingt-deux novembre 2025, le ministère russe de la Défense annonce la capture de Zvanivka, village proche de Bakhmout dans l’oblast de Donetsk, ainsi que de Nove Zaporijjia. Ces gains territoriaux, bien que limités en superficie, revêtent une importance stratégique. Zvanivka se situe sur une route cruciale menant vers l’ouest, facilitant la logistique russe. Nove Zaporijjia, avec ses quatorze kilomètres carrés de positions défensives ukrainiennes, représentait un verrou que Moscou a réussi à briser. Les forces russes progressent méthodiquement, exploitant chaque faiblesse, chaque brèche dans les lignes ukrainiennes épuisées par trois ans de combats incessants. L’objectif immédiat : occuper l’ensemble de la région du Donbass avant l’hiver, avant que les conditions météorologiques ne ralentissent les opérations, avant qu’un éventuel cessez-le-feu ne fige les positions. Moscou veut maximiser ses gains territoriaux pour négocier en position de force absolue.
Pokrovsk, ville de soixante mille habitants avant la guerre, devient le prochain objectif russe. À la mi-octobre, les forces russes ont infiltré la majorité de Pokrovsk avec de petits groupes d’infanterie, profitant des pénuries de personnel ukrainien et des conditions météorologiques défavorables — pluie et brouillard — qui limitent l’utilisation des drones. La chute de Pokrovsk ouvrirait la voie à une offensive russe vers l’agglomération urbaine de Sloviansk-Kramatorsk-Kostyantynivka, dernier bastion ukrainien majeur dans le Donbass. Les analystes militaires enregistrent plus de deux mille huit cents batailles en Ukraine durant le mois d’octobre 2025, un record depuis le début de l’invasion en février 2022. L’intensité des combats s’accroît à mesure que Moscou accélère, consciente que le temps presse, que les discussions diplomatiques avancent, que les rapports de force peuvent basculer d’un jour à l’autre. Chaque kilomètre carré gagné aujourd’hui sera un atout demain à la table des négociations.
L’Ukraine riposte comme elle peut. Des drones ukrainiens frappent des infrastructures énergétiques russes en profondeur — raffineries, centrales thermiques, postes de transformation électrique dans les régions de Koursk, Oulianovsk, Orenbourg, Tioumen. Le trente-et-un octobre, un missile Neptune-D ukrainien touche une centrale thermique dans la région d’Orel. Ces frappes visent à affaiblir l’économie de guerre russe, à perturber l’approvisionnement en carburant des armées de Poutine, à montrer que Kiev conserve une capacité offensive malgré les revers subis sur le terrain. Mais ces succès ponctuels ne compensent pas les pertes territoriales croissantes. Les soldats ukrainiens manquent de munitions, de renforts, de repos. Ils tiennent par courage, par détermination, par refus de céder. Mais le courage ne suffit pas éternellement face à un adversaire supérieur en nombre, en artillerie, en moyens. L’usure guette. Le moral vacille. L’espoir s’amenuise.
Quand je lis les bilans militaires, les cartes qui montrent les avancées russes, je pense aux hommes et femmes qui vivent ça au quotidien. Pas les généraux dans leurs états-majors, pas les politiciens dans leurs bureaux feutrés, mais les combattants dans les tranchées boueuses, les civils terrés dans leurs caves, les enfants qui ne connaissent que la guerre. Je voudrais pouvoir leur dire que tout ira bien, que leurs sacrifices ne seront pas vains, que le monde ne les oublie pas. Mais je ne peux pas mentir. Je vois bien que l’Occident détourne le regard, que l’attention médiatique diminue, que l’empathie s’érode. Alors je continue d’écrire, de témoigner, de hurler dans le désert en espérant que quelqu’un entendra.
La guerre énergétique s’intensifie
La Russie ne se contente pas de conquérir du terrain. Elle détruit systématiquement les infrastructures énergétiques ukrainiennes, visant à plonger le pays dans le froid et l’obscurité à l’approche de l’hiver. En octobre 2025, des frappes combinées de drones et de missiles russes anéantissent soixante pour cent de la capacité d’extraction de gaz naturel de l’Ukraine, concentrée dans les régions de Kharkiv et de Poltava. Quatre barrages hydroélectriques dans les régions de Tcherkasy et de Dnipropetrovsk sont touchés. Les infrastructures de transmission et de stockage à travers l’ouest de l’Ukraine subissent des dégâts massifs. Les lignes électriques alimentant deux centrales nucléaires encore opérationnelles sont coupées. Les neuf et dix octobre, une panne d’électricité majeure frappe Kiev. Des coupures tournantes affectent tout le pays durant tout le mois. À Tchernihiv, les habitants endurent jusqu’à quatorze heures par jour sans courant, se rassemblant dans des « points d’invincibilité » pour recharger leurs téléphones et se réchauffer autour de générateurs de fortune.
Cette stratégie d’épuisement vise à briser la volonté de résistance ukrainienne. Poutine calcule que des millions de civils privés de chauffage, de lumière, de moyens de communication, finiront par réclamer la paix à n’importe quel prix. Que Zelensky, confronté à une population exaspérée par les privations, sera contraint d’accepter les conditions russes pour éviter une révolte intérieure. Le cynisme est total, la cruauté assumée. Les frappes ciblent délibérément les infrastructures civiles, violant toutes les conventions de Genève, mais personne n’intervient réellement. Les condamnations verbales pleuvent, les résolutions de l’ONU s’accumulent, les déclarations indignées se multiplient — sans effet concret. Moscou continue, imperturbable, méthodique, implacable. L’hiver approche. Le froid devient une arme. Le désespoir gagne du terrain plus vite que les tanks russes.
L’agence nucléaire ukrainienne Energoatom, qui exploite trois centrales produisant plus de la moitié de l’électricité du pays, assure que les attaques russes n’affectent ni la production ni la sécurité des installations. Mais cette affirmation sonne creux quand les sous-stations alimentant les centrales sont bombardées régulièrement. Un incident nucléaire majeur en Europe devient une possibilité réelle, un risque que l’Occident feint d’ignorer. Les experts de sûreté nucléaire internationale multiplient les alertes, avertissant qu’une centrale privée de refroidissement externe pourrait provoquer une catastrophe de type Tchernobyl ou Fukushima. Mais les gouvernements occidentaux ne bougent pas. Ils préfèrent négocier avec Poutine plutôt que l’arrêter. Ils espèrent que le plan de Trump apaisera la situation, que Moscou cessera ses frappes une fois obtenu ce qu’elle veut. Illusion dangereuse, naïveté coupable.
L’idée qu’on puisse utiliser le froid, la faim, l’obscurité comme armes de guerre me révolte profondément. On parle de civilisation, de progrès, de droits humains, et puis on tolère qu’un pays entier soit délibérément plongé dans la souffrance pour le faire plier. Où est la limite ? Où est la ligne rouge qu’on ne doit jamais franchir ? Apparemment, cette ligne n’existe plus. On l’a effacée, gommée, oubliée. Reste la loi du plus fort, la logique impériale, le cynisme géopolitique. Et nous, spectateurs passifs, on regarde le spectacle d’horreur en espérant secrètement que ça se termine vite, peu importe comment.
Le scandale qui ébranle Kiev
Cent millions de dollars envolés
Comme si la situation militaire et diplomatique ne suffisait pas, un scandale de corruption explose à Kiev mi-novembre 2025. Les organismes anti-corruption ukrainiens révèlent qu’environ cent millions de dollars ont été détournés du secteur énergétique via un système de pots-de-vin versés par des entrepreneurs. L’enquête implique des hauts fonctionnaires accusés d’avoir exigé des commissions allant jusqu’à quinze pour cent en échange de contrats avec Energoatom, la compagnie nucléaire publique. Mille heures d’écoutes téléphoniques dévoilent des conversations codées, des références à un personnage mystérieux surnommé « Ali Baba », dont l’identité reste inconnue ou du moins non divulguée. Le scandale éclabousse directement l’entourage de Zelensky. Deux de ses ministres — Énergie et Justice — sont limogés. Des proches du président, dont Tymur Mindich, copropriétaire de la société de production médiatique de Zelensky, se voient frappés de sanctions.
L’impact politique est dévastateur. Zelensky, élu en 2019 sur une promesse de lutte contre la corruption, voit sa crédibilité s’effondrer. Ses opposants politiques exigent la tête d’Andrii Yermak, chef de cabinet présidentiel depuis février 2020, considéré comme l’homme le plus puissant d’Ukraine après Zelensky lui-même. Yermak accompagne le président dans tous ses déplacements à l’étranger depuis l’invasion russe en février 2022. Il contrôle les nominations gouvernementales, filtre les accès au président, supervise la politique intérieure et extérieure. Beaucoup estiment impossible qu’un tel système de corruption ait pu fonctionner sans sa connaissance ou son aval, bien qu’aucune preuve formelle ne l’implique directement. Anastasia Radina, présidente du comité parlementaire anti-corruption, déclare sur Facebook : « En ne rompant pas avec Yermak, Zelensky provoque une crise intérieure encore plus grave. » Une trentaine de députés du parti présidentiel réclament la formation d’une « coalition de stabilité nationale » basée sur l’unité plutôt que sur les intérêts politiques et les tractations d’arrière-boutique.
Le scandale survient au pire moment. Alors que des millions d’Ukrainiens subissent des coupures de courant prolongées à cause des bombardements russes, apprendre que des responsables ont volé de l’argent destiné au secteur énergétique provoque une colère populaire immense. La confiance dans le gouvernement, déjà fragile après trois ans de guerre, vacille. Les alliés occidentaux observent avec inquiétude, craignant que la corruption endémique en Ukraine ne justifie une réduction de leur aide. Les critiques de Zelensky soulignent que son mandat présidentiel a officiellement expiré en mai 2024, mais qu’il continue de gouverner sans élection, invoquant l’impossibilité de voter pendant que la Russie occupe un cinquième du territoire. Cette situation alimente les accusations d’autoritarisme, de dérive autocratique. Zelensky se défend en affirmant que le scandale prouve l’efficacité des institutions anti-corruption qu’il a soutenues. Mais beaucoup rappellent qu’il a tenté d’affaiblir ces mêmes agences au début de l’année 2025, avant de reculer face aux protestations internationales.
La corruption, ce poison qui gangrène tant de pays, frappe l’Ukraine au moment où elle a le plus besoin d’unité et de légitimité. Je comprends la rage des Ukrainiens ordinaires. Imaginez : vous survivez sous les bombes, vous vivez dans le noir et le froid, vous perdez vos proches au front… et vous découvrez que des élites s’enrichissent sur votre dos. C’est insupportable. Cela dit, je refuse de tomber dans le piège qui consiste à dire « l’Ukraine est corrompue donc elle ne mérite pas notre soutien ». Non. L’Ukraine mérite notre soutien précisément parce qu’elle lutte à la fois contre un agresseur extérieur et contre ses propres démons intérieurs. C’est un combat doublement héroïque, doublement difficile.
Zelensky face à l'abîme
Le discours du désespoir
Le vingt-et-un novembre 2025, Volodymyr Zelensky s’adresse à la nation ukrainienne dans un discours télévisé chargé d’émotion. « C’est l’un des moments les plus difficiles de notre histoire. La pression sur l’Ukraine est l’une des plus lourdes. L’Ukraine pourrait maintenant faire face à un choix très difficile — perdre sa dignité ou risquer de perdre un partenaire clé. » Les mots résonnent comme un aveu d’impuissance, une reconnaissance lucide de la situation tragique dans laquelle se trouve son pays. Zelensky poursuit : « Soit vingt-huit points difficiles, soit un hiver extrêmement difficile — le plus difficile à ce jour — et des risques supplémentaires. Une vie sans liberté, sans dignité, sans justice. Et on attend de nous que nous fassions confiance à quelqu’un qui nous a déjà attaqués deux fois. » L’allusion à la Russie est transparente. Comment croire aux promesses de Moscou quand elle a envahi l’Ukraine en 2014 puis en 2022, violant tous les accords signés précédemment ?
Le président ukrainien appelle à l’unité nationale. « Nous devons arrêter de nous battre entre nous », dit-il, référence probable au scandale de corruption qui déchire la classe politique. Il promet de travailler calmement avec l’Amérique et tous les partenaires, mais insiste sur un traitement équitable. « Les intérêts nationaux de l’Ukraine doivent être reconnus. » Zelensky refuse de jouer le rôle du suppliant, du vaincu qui accepte tout par peur. Il défend fermement deux principes non négociables : la dignité et la liberté des Ukrainiens. Il affirme qu’il se battra vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour s’assurer qu’au moins ces deux points du plan ne soient pas négligés. Mais ses interlocuteurs occidentaux semblent sourds à ces appels. Trump fixe son ultimatum, les Européens tempèrent mollement, Poutine jubile en silence. Zelensky parle, mais le monde n’écoute plus.
Plus tôt dans la journée, Zelensky a eu un long entretien téléphonique — près d’une heure — avec le vice-président américain J.D. Vance et le secrétaire à l’Armée Dan Driscoll. La conversation a porté sur le plan de paix en vingt-huit points, que Zelensky qualifie de « vision américaine » plutôt que d’offre définitive. Il souligne que l’Ukraine a clairement exposé ses propres positions et qu’elle travaillera sur chaque point pour s’assurer que le plan soit « vraiment significatif ». Autrement dit : Kiev négocie, mais ne capitule pas. Du moins, pas encore. Zelensky a également parlé avec les dirigeants allemand, français et britannique — Friedrich Merz, Emmanuel Macron, Keir Starmer — qui lui ont assuré leur « soutien inchangé et complet ». Mais ces assurances verbales ne se traduisent pas en actes concrets. Pas de nouvel armement massif, pas de troupes européennes en Ukraine, pas de garanties de sécurité contraignantes. Juste des mots, des promesses, des vœux pieux.
Écouter Zelensky parler, c’est entendre la voix d’un homme au bord du gouffre qui refuse de sauter. Je l’admire pour ça. Beaucoup, à sa place, auraient déjà abdiqué, accepté n’importe quoi pour que ça s’arrête. Lui tient encore debout, brisé mais droit, épuisé mais déterminé. Je me demande combien de temps il pourra tenir. Combien de temps avant que la lassitude ne l’emporte, avant que la solitude ne devienne insupportable. Parce qu’au fond, Zelensky est seul. Seul face à Poutine, seul face à Trump, seul face à l’histoire. Et nous, nous l’abandonnons.
L’Europe divisée
Les capitales européennes s’agitent frénétiquement, tentant de coordonner une réponse commune au plan américain. Lors du sommet du G20 à Johannesburg en Afrique du Sud, les dirigeants européens se réunissent dans une salle baptisée « Lion », adoptant symboliquement l’esprit de l’animal pour défendre l’Ukraine. Une source gouvernementale allemande rapporte cette anecdote, cherchant à projeter une image de fermeté et de courage. Mais derrière la mise en scène, les divisions persistent. Certains pays d’Europe centrale et orientale — Pologne, États baltes — veulent durcir le ton face à Moscou, refuser catégoriquement tout plan qui récompense l’agresseur. D’autres nations, plus à l’ouest, préfèrent une approche diplomatique, craignant qu’une confrontation trop directe avec Trump ne fragilise l’alliance transatlantique. L’Allemagne, première économie européenne, hésite entre solidarité avec l’Ukraine et pragmatisme économique, redoutant les conséquences d’une rupture totale avec la Russie sur ses approvisionnements énergétiques.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa annoncent des discussions avec Zelensky, réaffirmant le principe « rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine ». Von der Leyen insiste : « La guerre de la Russie contre l’Ukraine constitue une menace existentielle pour l’Europe. Nous voulons tous que cette guerre se termine. Mais la manière dont elle se termine compte. » Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, abonde : « La Russie n’a aucun droit légal à des concessions de la part du pays qu’elle a envahi. En fin de compte, les termes de tout accord appartiennent à l’Ukraine. » Ces déclarations sont justes, nobles, émouvantes — mais dépourvues de poids réel. Car sans les États-Unis, l’Europe manque de moyens militaires pour soutenir durablement l’Ukraine. Sans coordination atlantique, les garanties de sécurité européennes restent symboliques. L’Union européenne peut fournir de l’aide financière, de l’assistance humanitaire, des promesses d’adhésion future — mais pas la protection militaire immédiate dont Kiev a besoin.
Les conseillers nationaux de sécurité de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne — le « E3 », alliance informelle de sécurité — prévoient de rencontrer leurs homologues américains, ukrainiens et européens à Genève dimanche vingt-trois novembre pour discuter du plan de paix. Cette réunion, organisée en urgence, vise à « améliorer » le texte américain, à le rendre plus équilibré, plus respectueux de la souveraineté ukrainienne. Mais le temps manque. Trump a fixé son échéance à jeudi vingt-sept novembre. Quatre jours pour renégocier un accord déjà validé par Washington et Moscou. Mission impossible. Les Européens le savent, mais ils tentent quand même, par devoir, par culpabilité peut-être, par refus d’abandonner complètement un allié. Keir Starmer déclare que « le droit de l’Ukraine à déterminer son avenir sous sa souveraineté est un principe fondamental ». Emmanuel Macron parle d’« engagement indéfectible ». Friedrich Merz assure un « soutien total ». Mais Trump ne les écoute pas. Il n’a pas assisté au G20, envoyant à sa place le vice-président Vance. Il négocie directement avec Poutine, court-circuitant l’Europe, marginalisant l’OTAN, imposant sa vision unilatérale.
L’impuissance européenne me frappe comme une évidence brutale. Nous avons construit une union économique formidable, un marché commun prospère, des institutions supranationales sophistiquées… mais nous restons des nains géopolitiques. Incapables de défendre nos intérêts sans l’Amérique, incapables de protéger nos voisins contre l’agression, incapables de parler d’une seule voix sur les questions de sécurité. Cette faiblesse nous coûtera cher, tôt ou tard. Si nous laissons tomber l’Ukraine aujourd’hui, qui nous protégera demain quand viendra notre tour ?
Conclusion : l'heure du choix
Dignité ou survie
Volodymyr Zelensky doit choisir. Avant jeudi vingt-sept novembre 2025, avant que les Américains ne découpent leur dinde de Thanksgiving, avant que les familles ne se réunissent pour célébrer la gratitude et l’abondance. Ironie cruelle du calendrier : pendant que l’Amérique festoie, l’Ukraine agonise. Zelensky doit décider s’il accepte les vingt-huit points du plan Trump-Poutine — reconnaissance des conquêtes territoriales russes, réduction drastique de l’armée ukrainienne, abandon des aspirations atlantistes, organisation d’élections dans cent jours, amnistie pour les criminels de guerre. Ou s’il refuse, au risque de perdre le soutien américain, de voir l’aide militaire se tarir, de condamner son pays à un hiver infernal sans armes, sans argent, sans espoir. Le choix est impossible. Accepter, c’est trahir tous ceux qui sont morts pour défendre la souveraineté ukrainienne. Refuser, c’est risquer la défaite totale, l’effondrement, peut-être l’occupation complète du pays.
Les experts s’accordent sur un point : ce plan ne garantit aucune paix durable. Il laisse l’Ukraine désarmée, vulnérable, à la merci d’une future agression russe. Les soi-disant garanties de sécurité américaines — une « réponse militaire coordonnée » en cas de nouvelle invasion — ne valent rien. C’est exactement ce qui existe déjà, et ça n’a pas empêché Poutine d’attaquer en 2022. Aucun mécanisme contraignant, aucune présence militaire préventive, aucune dissuasion crédible. Le plan interdit à l’Ukraine de frapper Moscou ou Saint-Pétersbourg, mais n’impose aucune restriction similaire à la Russie concernant Kiev. Il exige que l’OTAN modifie ses statuts pour exclure l’adhésion ukrainienne — modification juridiquement impossible sans l’accord de tous les membres, qui ne viendra jamais. Le texte est truffé d’incohérences, de contradictions, de clauses inapplicables. Mais Trump s’en moque. Il veut sa victoire diplomatique, son prix Nobel de la paix peut-être, son moment de gloire avant les prochaines élections. Peu importe si l’accord tient ou non à long terme, pourvu qu’il puisse annoncer la fin de la guerre.
Poutine, lui, a tout gagné. Il obtient la reconnaissance internationale de ses conquêtes territoriales, la levée progressive des sanctions, la neutralisation de l’Ukraine, l’affaiblissement de l’OTAN, la division de l’Occident. Il aura le temps de reconstituer ses forces, de préparer la prochaine étape — car personne ne doute qu’il y aura une prochaine étape. Le plan Trump ne met pas fin à la guerre. Il instaure une trêve temporaire, un cessez-le-feu fragile qui permettra à Moscou de reprendre son souffle avant de relancer l’offensive. Les pays baltes, la Pologne, la Roumanie observent avec terreur, se demandant s’ils seront les prochains sur la liste. L’Europe comprend trop tard qu’elle aurait dû investir massivement dans sa défense, qu’elle aurait dû soutenir l’Ukraine sans compter, qu’elle aurait dû tracer des lignes rouges infranchissables. Maintenant, il est trop tard. Le mal est fait. L’histoire rendra son verdict, implacable, définitif. Et ce verdict ne sera pas clément pour ceux qui ont abandonné l’Ukraine à son sort.
Je termine ce texte avec un goût amer dans la bouche, une tristesse profonde dans le cœur. Je voudrais pouvoir annoncer une victoire, un miracle, un sursaut héroïque de dernière minute. Mais je ne peux pas mentir. La vérité, c’est que l’Occident fatigue, que l’Ukraine souffre, que Zelensky est seul. La vérité, c’est que nous assistons peut-être à l’une des grandes trahisons de notre époque, un Munich moderne où les démocraties sacrifient un allié pour acheter une paix illusoire. Je voudrais croire que Zelensky trouvera la force de résister, que l’Europe se réveillera, que Trump changera d’avis. Mais je n’y crois pas vraiment. Alors je continue d’écrire, de témoigner, de crier dans le vide. Parce que c’est tout ce qu’il me reste. Parce que le silence serait pire encore.
Source : euromaidanpress
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