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Chronique : LUkraine, une heure pour effacer un peloton russe près de Dnipro
Crédit: Adobe Stock

L’illusion météorologique comme tactique

Le brouillard est devenu l’allié des assaillants russes ces derniers mois. Une stratégie née de la nécessité, du désespoir même. Face à la domination ukrainienne dans le domaine de la surveillance par drones, Moscou a dû adapter ses méthodes d’assaut. Les conditions météorologiques défavorables offrent un répit temporaire, une fenêtre d’opportunité pour progresser sans être immédiatement détecté et ciblé. Les commandants russes ont intégré cette variable dans leur planification opérationnelle, attendant patiemment que la nature leur offre une protection éphémère. Ce matin du 20 novembre, le brouillard s’est effectivement abattu sur la région d’Oleksiyivka. Une nappe dense, humide, réduisant la visibilité à quelques dizaines de mètres. Les caméras optiques des drones ukrainiens deviennent moins efficaces dans ces conditions. Les systèmes thermiques peuvent être perturbés par l’humidité ambiante. C’était le moment ou jamais pour lancer l’assaut. Trente soldats ont été embarqués dans cinq véhicules légers, probablement des camions militaires ou des véhicules tout-terrain. L’objectif était simple: profiter du brouillard pour franchir la zone dangereuse, s’approcher des positions ukrainiennes, et établir une tête de pont avant que l’ennemi ne réagisse.

Mais cette tactique présente une faille fondamentale. Le brouillard n’est pas une cape d’invisibilité totale. Il réduit certains types de détection mais pas tous. Les Ukrainiens ont développé des systèmes de surveillance multicouches qui compensent les limitations de chaque technologie individuelle. Radars au sol capables de détecter les mouvements de véhicules même dans l’obscurité ou le brouillard. Capteurs acoustiques pour identifier le bruit des moteurs. Réseaux d’observation humaine avec des postes avancés équipés de moyens de communication rapides. Et surtout, une coordination exemplaire entre toutes ces sources d’information. Lorsque les véhicules russes ont quitté leur base de départ, quelqu’un les a vus. Quelqu’un a transmis l’alerte. Le système ukrainien s’est activé comme un organisme vivant répondant à une menace. Les opérateurs de drones ont modifié leurs trajectoires de patrouille pour concentrer leurs moyens sur la zone suspecte. L’artillerie a commencé à calculer les solutions de tir. Les unités d’infanterie se sont mises en alerte. En moins de dix minutes, la machine de guerre ukrainienne était prête à frapper. Le brouillard qui devait protéger les Russes allait devenir leur linceul.

Je pense souvent à ces soldats russes qui roulaient dans le brouillard ce matin-là. Croyaient-ils vraiment pouvoir passer inaperçus? Avaient-ils conscience du risque qu’ils prenaient? Ou suivaient-ils simplement les ordres, convaincus que leurs supérieurs savaient ce qu’ils faisaient? On ne connaîtra jamais leurs pensées, leurs espoirs, leurs peurs. Dans une heure, ils seraient tous morts ou agonisants. Trente vies humaines réduites à une statistique dans un rapport d’état-major. C’est ça aussi, l’horreur moderne.

La progression fatale des cinq véhicules

Les images capturées par les drones ukrainiens, bien que partielles à cause du brouillard, montrent la colonne russe progressant en formation relativement dispersée. Une tactique standard pour limiter les dégâts en cas d’attaque d’artillerie. Les véhicules maintenaient entre eux une distance d’environ cinquante à cent mètres, évitant ainsi qu’un seul obus ne puisse tous les détruire simultanément. Ils empruntaient apparemment un chemin rural, probablement identifié lors d’une reconnaissance préalable comme offrant une couverture végétale et un relief masquant partiellement leurs mouvements. La vitesse n’était pas élevée, peut-être trente à quarante kilomètres par heure, un compromis entre la nécessité d’avancer rapidement et celle de ne pas créer trop de bruit ou de poussière susceptibles d’attirer l’attention. Les soldats à bord devaient scruter anxieusement les côtés de la route, guettant le moindre signe de présence ennemie, sachant qu’à tout moment un drone pourrait surgir du ciel brumeux ou qu’un tir d’artillerie pourrait s’abattre sur eux.

Selon les sources ukrainiennes, la colonne avait parcouru environ deux kilomètres lorsque la première frappe l’a touchée. Deux kilomètres, c’est à la fois beaucoup et très peu sur un champ de bataille moderne. Suffisamment pour donner l’impression de progresser, de s’éloigner de la ligne de front dangereuse. Mais largement insuffisant pour échapper à la portée de l’artillerie ukrainienne ou au rayon d’action des drones de combat. Les Ukrainiens avaient choisi de les laisser avancer, probablement pour s’assurer qu’ils s’engageaient pleinement dans la zone d’attaque préparée. Une tactique classique d’embuscade: attendre que l’ennemi soit le plus vulnérable, le plus exposé, le plus engagé avant de déclencher le feu. Le commandant ukrainien responsable du secteur avait sûrement pesé ses options. Frapper immédiatement et peut-être permettre à certains véhicules de s’échapper en effectuant un demi-tour rapide? Ou attendre qu’ils soient tous bien engagés dans la zone d’élimination pour maximiser les destructions? Il a choisi la seconde option. Une décision froide, calculée, professionnelle. C’est ainsi qu’on gagne les guerres.

Le déclenchement du massacre

La première frappe a été probablement effectuée par l’artillerie conventionnelle. Des obusiers de calibre 155mm ou 152mm, armement standard de l’armée ukrainienne, fourni en partie par les alliés occidentaux ou hérité de l’arsenal soviétique. Ces pièces peuvent projeter des obus explosifs à des distances dépassant les vingt kilomètres avec une précision remarquable lorsqu’elles sont guidées par des observateurs avancés ou des drones. Le temps de vol d’un obus depuis la position de tir jusqu’à la cible dure généralement entre vingt secondes et une minute selon la distance. Pendant ce bref délai, les Russes n’avaient aucun moyen de savoir ce qui allait leur arriver. Le premier véhicule de la colonne a explosé dans un éclair de feu et de métal. L’obus a frappé directement la carrosserie, déclenchant une détonation qui a soufflé le véhicule et tué instantanément tous ses occupants. Les véhicules suivants ont immédiatement freiné, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Embuscade? Mine? Tir d’artillerie? Dans le brouillard et la confusion, impossible de savoir. Le réflexe des survivants fut probablement de chercher un abri, de quitter les véhicules devenus des pièges mortels, de se disperser dans le terrain environnant.

Mais l’artillerie ukrainienne n’avait fait que commencer son travail. Les deuxième et troisième salves étaient déjà en l’air avant même que le premier obus n’ait touché sa cible. C’est le principe du tir rapide: saturer la zone avec plusieurs projectiles avant que l’ennemi n’ait eu le temps de réagir et de se disperser. Les explosions se sont succédé à intervalles rapprochés, transformant la section de route en un enfer de feu, de fumée et de fragments métalliques. Un deuxième véhicule a été touché, puis un troisième. Les soldats russes qui tentaient de s’enfuir à pied ont été fauchés par les éclats d’obus ou le souffle des explosions. Certains ont probablement survécu aux premières frappes, blessés, sonnés, cherchant désespérément une protection dans les fossés bordant la route. Mais le pire était encore à venir. Car l’artillerie n’était que la première phase de l’assaut ukrainien. Les drones de combat approchaient déjà de la zone, prêts à achever les survivants et à détruire les véhicules encore intacts. Aucune échappatoire. Aucune pitié. Juste l’application méthodique d’une doctrine de combat conçue pour éliminer l’ennemi avec une efficacité maximale.

Comment décrire l’horreur sans tomber dans le voyeurisme? Comment rendre compte de la violence sans la glorifier? Ces hommes sont morts. C’étaient des ennemis, certes. Des envahisseurs sur le sol ukrainien. Mais c’étaient aussi des êtres humains avec des familles, des rêves, des histoires. La guerre les a broyés en soixante minutes. Voilà. C’est tout ce qu’il reste d’eux maintenant: une ligne dans un rapport, un chiffre dans une statistique de pertes. L’histoire ne retiendra même pas leurs noms.

Source : militarnyi

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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