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Chronique : Pokrovsk brûle sous le feu : la stratégie ukrainienne s’écroule, la pincée russe se resserre
Crédit: Adobe Stock

Cent cinquante mille soldats russes : la masse qui écrase

Cent cinquante mille. Le chiffre pèse. Il écrase. Il terrorise. C’est colossal. Les Russes ont concentré là une puissance guerrière considérable, compacte, déterminée à broyer tout ce qui se tient devant elle. Pokrovsk reste leur principal effort. Nulle part ailleurs sur la ligne de front n’existe cette concentration massive. Trois groupes tactiques russes formidables maintiennent la pression, la malmènent, la rongent sans relâche ni pitié. Deux d’entre eux frappent du sud et du nord simultanément, créant une pincée qui resserre chaque jour un peu plus. Le nord. Le sud. Puis l’est. L’étau se referme lentement, méthodiquement, implacablement. L’objectif russe est transparent comme du cristal. Encercler complètement. Écraser. Avancer au-delà pour transformer tout le front en ligne de défense fragmentée, puis le briser.

J’imagine cette masse d’hommes rassemblés pour pulvériser d’autres hommes. Cent cinquante mille respirations en cadence. Cent cinquante mille intentions meurtrières pointées vers le même objectif. C’est l’orage sans pluie. C’est la mort organisée militairement, prévisible, scientifique presque. Et je comprends soudain que défendre Pokrovsk n’est plus une question tactique ou stratégique. C’est une question de conscience brute. De quel côté demeure-t-on humain quand le nombre écrase tout ? Quand on est trois contre dix ? Quand les munitions s’épuisent et que les renforts ne viennent jamais ?

Les routes de ravitaillement deviennent des zones de mort

Voici le cœur du problème. Les corridors de ravitaillement se sont transformés en galeries de tir à ciel ouvert. Les Russes ont établi une zone de feu qui s’étend sur dix à quinze kilomètres autour de Pokrovsk. Une véritable tuerie. Un vrai massacre. Chaque véhicule qui tente de passer sombre dans cette vallée de mort. Les drones russes, artillerie, chars — tout converge. Les soldats ukrainiens, faute d’options réelles, doivent parfois avancer à pied, simplement à pied, traversant cette zone d’apocalypse, pour rejoindre les positions. À pied. Sous une pluie continue de feu. Sans couverture aérienne. Sans protection. Les munitions arrivent au compte-gouttes. Les obus s’épuisent comme du sable dans un sablier renversé. Les balles deviennent rationnées, comptabilisées, distribuées avec l’économie d’un homme misérable. Et le doute s’installe doucement, sournoisement, rongeant chaque certitude restante. Peut-on vraiment tenir ? Combien de jours ? Combien d’heures ? Les officiers tentent de motiver. Les soldats tentent d’y croire. Mais la mathématique est impitoyable. Elle ne fait jamais de prisonniers. Elle n’accepte aucune reddition partielle.

Je pense à ceux qui traversent ces zones de mort pour apporter des munitions, des vivres, du matériel médical. Chaque voyage est un acte d’abnégation absolue. Ils savent qu’ils peuvent ne pas revenir. Ils savent que le chemin qui les ramènera peut-être ne sera pas le même. Ils y vont quand même. C’est ça qui me touche vraiment. Pas la bravoure au sens classique. Pas l’héroïsme hollywoodien. Simplement le choix conscient de marcher vers la mort pour que d’autres puissent vivre une heure de plus. J’imagine le courage que ça demande. Et puis il y a aussi la peur. La vraie. Celle qui colle à la peau.

La pincée avance, inexorablement, centimètre par centimètre

La stratégie russe ? C’est une lente suffocation. Pas spectaculaire. Efficace. Avancer d’un bloc, puis d’un autre. Grignoter. Gruger. Pousser la ligne ukrainienne vers des positions de plus en plus exiguës. Myrnohrad, la ville voisine, devient progressivement encerclée. Pas totalement. Pas complètement. Mais dangereusement proche. Les Ukrainiens y maintiennent des positions défensives, mais elles se réduisent chaque jour. Les commandants calculent les jours qui restent. Puis ils calculent les heures. DeepState, cette plateforme de suivi militaire basée sur les données géolocalisées, rapporte un chaos croissant partout. Les lignes ne sont plus claires. Où finit le contrôle ukrainien ? Où commence la domination russe ? Personne ne sait vraiment. Il y a une zone grise, mouvante, mortelle, où rien n’est sûr, où tout change dans l’obscurité de chaque nuit. Des carrefours changent de mains. Des bâtiments sont contestés. Des soldats tirent sur des ombres, espérant que ce sont des ennemis et pas des camarades égarés.

J’essaie de me représenter cette confusion mentalement. Un soldat ne sait pas, à la tombée du jour, si le bâtiment d’en face sera sous contrôle ukrainien ou russe au matin. Les murs gardent leur secret. Les fenêtres sont noires. Tout est incertain. C’est une forme de folie douce. Une acceptation graduelle de l’imprévisible total. Peut-être que c’est ça qui tue vraiment les soldats finalement. Pas les balles. Pas les éclats d’obus. Le doute. L’incertitude. L’ignorance de ce qui arrive demain. Elle s’épaissit comme du brouillard, s’incruste comme de la rouille. On ne peut pas la laver.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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