Cent cinquante mille soldats russes : la masse qui écrase
Cent cinquante mille. Le chiffre pèse. Il écrase. Il terrorise. C’est colossal. Les Russes ont concentré là une puissance guerrière considérable, compacte, déterminée à broyer tout ce qui se tient devant elle. Pokrovsk reste leur principal effort. Nulle part ailleurs sur la ligne de front n’existe cette concentration massive. Trois groupes tactiques russes formidables maintiennent la pression, la malmènent, la rongent sans relâche ni pitié. Deux d’entre eux frappent du sud et du nord simultanément, créant une pincée qui resserre chaque jour un peu plus. Le nord. Le sud. Puis l’est. L’étau se referme lentement, méthodiquement, implacablement. L’objectif russe est transparent comme du cristal. Encercler complètement. Écraser. Avancer au-delà pour transformer tout le front en ligne de défense fragmentée, puis le briser.
J’imagine cette masse d’hommes rassemblés pour pulvériser d’autres hommes. Cent cinquante mille respirations en cadence. Cent cinquante mille intentions meurtrières pointées vers le même objectif. C’est l’orage sans pluie. C’est la mort organisée militairement, prévisible, scientifique presque. Et je comprends soudain que défendre Pokrovsk n’est plus une question tactique ou stratégique. C’est une question de conscience brute. De quel côté demeure-t-on humain quand le nombre écrase tout ? Quand on est trois contre dix ? Quand les munitions s’épuisent et que les renforts ne viennent jamais ?
Les routes de ravitaillement deviennent des zones de mort
Voici le cœur du problème. Les corridors de ravitaillement se sont transformés en galeries de tir à ciel ouvert. Les Russes ont établi une zone de feu qui s’étend sur dix à quinze kilomètres autour de Pokrovsk. Une véritable tuerie. Un vrai massacre. Chaque véhicule qui tente de passer sombre dans cette vallée de mort. Les drones russes, artillerie, chars — tout converge. Les soldats ukrainiens, faute d’options réelles, doivent parfois avancer à pied, simplement à pied, traversant cette zone d’apocalypse, pour rejoindre les positions. À pied. Sous une pluie continue de feu. Sans couverture aérienne. Sans protection. Les munitions arrivent au compte-gouttes. Les obus s’épuisent comme du sable dans un sablier renversé. Les balles deviennent rationnées, comptabilisées, distribuées avec l’économie d’un homme misérable. Et le doute s’installe doucement, sournoisement, rongeant chaque certitude restante. Peut-on vraiment tenir ? Combien de jours ? Combien d’heures ? Les officiers tentent de motiver. Les soldats tentent d’y croire. Mais la mathématique est impitoyable. Elle ne fait jamais de prisonniers. Elle n’accepte aucune reddition partielle.
Je pense à ceux qui traversent ces zones de mort pour apporter des munitions, des vivres, du matériel médical. Chaque voyage est un acte d’abnégation absolue. Ils savent qu’ils peuvent ne pas revenir. Ils savent que le chemin qui les ramènera peut-être ne sera pas le même. Ils y vont quand même. C’est ça qui me touche vraiment. Pas la bravoure au sens classique. Pas l’héroïsme hollywoodien. Simplement le choix conscient de marcher vers la mort pour que d’autres puissent vivre une heure de plus. J’imagine le courage que ça demande. Et puis il y a aussi la peur. La vraie. Celle qui colle à la peau.
La pincée avance, inexorablement, centimètre par centimètre
La stratégie russe ? C’est une lente suffocation. Pas spectaculaire. Efficace. Avancer d’un bloc, puis d’un autre. Grignoter. Gruger. Pousser la ligne ukrainienne vers des positions de plus en plus exiguës. Myrnohrad, la ville voisine, devient progressivement encerclée. Pas totalement. Pas complètement. Mais dangereusement proche. Les Ukrainiens y maintiennent des positions défensives, mais elles se réduisent chaque jour. Les commandants calculent les jours qui restent. Puis ils calculent les heures. DeepState, cette plateforme de suivi militaire basée sur les données géolocalisées, rapporte un chaos croissant partout. Les lignes ne sont plus claires. Où finit le contrôle ukrainien ? Où commence la domination russe ? Personne ne sait vraiment. Il y a une zone grise, mouvante, mortelle, où rien n’est sûr, où tout change dans l’obscurité de chaque nuit. Des carrefours changent de mains. Des bâtiments sont contestés. Des soldats tirent sur des ombres, espérant que ce sont des ennemis et pas des camarades égarés.
J’essaie de me représenter cette confusion mentalement. Un soldat ne sait pas, à la tombée du jour, si le bâtiment d’en face sera sous contrôle ukrainien ou russe au matin. Les murs gardent leur secret. Les fenêtres sont noires. Tout est incertain. C’est une forme de folie douce. Une acceptation graduelle de l’imprévisible total. Peut-être que c’est ça qui tue vraiment les soldats finalement. Pas les balles. Pas les éclats d’obus. Le doute. L’incertitude. L’ignorance de ce qui arrive demain. Elle s’épaissit comme du brouillard, s’incruste comme de la rouille. On ne peut pas la laver.
Les tactiques ukrainiennes s'émoussent
Le brouillard, l’arme fatale du silence
Le brouillard revient. Épais. Opalin. Réel. Palpable. Pendant plusieurs jours, il a enveloppé Pokrovsk comme un linceul humide. Les Russes le savent. Ils l’attendaient. Ils en ont profité pour avancer invisible. Les drones ukrainiens, ces yeux technologiques merveilleux qui surveillaient autrefois le champ de bataille avec une précision chirurgicale, deviennent complètement inutiles quand la visibilité tombe à quelques mètres. Zéro utilité. Les caméras thermiques elles-mêmes buttent sur la densité du brouillard. Les Russes le savent. Ils attendent ces conditions météorologiques précises. Ils y envoient leurs colonnes, leurs petits groupes d’infiltrés, leurs saboteurs. Certains réussissent à traverser des zones qu’ils n’auraient jamais pu franchir en temps clair. C’aurait été un suicide. Mais dans le brouillard ? Possible. Quand finalement le brouillard se dissipe, les positions russes se sont rapprochées encore. Un peu plus. Toujours plus. Inexorablement. Les Ukrainiens découvrent alors l’ampleur du mouvement que le brouillard avait caché.
Il y a quelque chose d’antique, de terrifiant, de viscéralement humain dans la peur du brouillard. Nos ancêtres avaient raison d’en avoir peur. C’est un allié naturel de la mort. Il efface les distances. Il rend invisible l’inévitable. Il change le visible en opaque. Et quand finalement il se lève, quand le soleil le traverse, on voit tout ce qu’on n’aurait vraiment pas voulu voir. On comprend à quel point on est seul. À quel point le danger s’est rapproché pendant ces heures où personne ne pouvait rien voir, rien faire, seulement attendre.
Les drones : une supériorité technologique qui s’érode lentement
Au début de cette phase du conflit, la domination était flagrante. Les drones ukrainiens frappaient. Un FPV russe tombait par-ci, une formation ennemie était punie par-là. Les Ukrainiens avaient la technologie. L’innovation. L’audace tactique. Les Russes avaient seulement la brute force du nombre. Mais quelque chose a radicalement changé. Les unités Rubicon russes, ces forces d’élite spécialisées dans la guerre électronique et les opérations de drone sophistiquées, ont déployé leurs systèmes de brouillage avancés. Krasukha. Leer. Murmansk. Les noms même sonnent comme des armes. Et ça en est. Des vraies. Les signaux des drones ukrainiens sont perturbés, brouillés, carrément neutralisés. Les opérateurs de drones décrivent une frustration croissante presque insoutenable. Impossible de voir. Impossible de frapper. Impossible de protéger les soldats qui avancent. Le ciel devient un champ de bataille de l’invisible électromagnétique, et progressivement les Ukrainiens perdent du terrain technologique. C’est une course aux armements permanente. Chaque innovation appelle une contre-innovation. Et les Russes rattrapent leur retard.
C’est étrange comment les technologies finissent toujours par se neutraliser mutuellement. C’est comme si chaque invention portait en elle les germes de sa propre défaite. Les drones ukrainiens ont terrifiassé les Russes pendant des mois. Ils ont changé le visage de cette guerre. Maintenant, les Russes ont trouvé la parade. Les Ukrainiens doivent trouver la contre-parade. C’est épuisant. C’est infini. C’est terriblement, damnablement humain. On cherche toujours. On n’est jamais satisfait. On invente pour dépasser. On est dépassé. On réinvente. C’est la spirale.
Les infiltrés en civil : l’arme de la duplicité
Mais le brouillage électronique n’est pas la seule arme russe. Moscou envoie aussi des soldats vêtus en civils. Choquant. Contraire aux conventions de guerre. Mais vrai. Ils pénètrent lentement dans Pokrovsk, quelques-uns à la fois, attendant le moment propice de révéler leur vraie nature. Ils s’attardent. Ils se positionnent. Les combattants ukrainiens décrivent l’horreur mentale de cette situation : comment tirer sur quelqu’un qui semble innocent ? Les Russes jouent délibérément sur cette hésitation morale, ce doute interne. C’est calculé. C’est cruel. C’est diaboliquement efficace. Ils s’installent. Ils prennent des positions clés. Puis, au moment où la coordination est perfectionnée, ils attaquent. Trois cents soldats russes sont maintenant estimés être à l’intérieur de Pokrovsk. Peut-être plus. Peut-être moins. Personne ne sait exactement. Le commandant Liutyi, de la soixante-huitième brigade, raconte que parfois les défenseurs découvrent l’ennemi seulement après qu’il a commencé à tirer. Trop tard. Beaucoup, beaucoup trop tard.
Je refuse de juger les Ukrainiens qui hésitent à tirer sur ce qui semble être un civil. C’est humain. C’est moral. C’est exactement ce qu’on appellerait en temps normal une vertu absolue, un exemple de civilisation. Mais en temps de guerre, les vertus se transforment. Elles deviennent des fardeaux écrasants. Elles se changent en épines. J’imagine la culpabilité. Le remords qui suivra peut-être pour le reste de la vie. La question sans réponse qui reviendra la nuit : aurais-je pu faire autrement ? Aurais-je dû tirer ? Qui suis-je devenu ?
Le choix impossible qui tue les stratégies
Rester ou partir : une décision qui enferme
L’état-major ukrainien face now une décision cauchemardesque qui n’a aucune bonne réponse. Abandonner Pokrovsk ? Cela signifierait ouvrir la route grande ouverte vers Sloviansk. Vers Kramatorsk. Vers Konstandynivka. Vers les profondeurs du Donbas que Kiev tient encore et doit tenir. C’est stratégiquement désastreux au-delà des mots. Les analystes militaires avertissent que la chute de Pokrovsk créerait une brèche massive que les Russes pourraient exploiter pour enfoncer l’ensemble de la ligne défensive. Mais rester ? Cela signifie risquer un encerclement complet. Perdre potentiellement des dizaines de milliers de soldats. Accepter peut-être une catastrophe militaire d’une ampleur historique. Zelensky lui-même a visité Pokrovsk en octobre dernier, tentant de remotiver les troupes par sa présence. Mais même ses partisans politiques critiquent cette visite symbolique. À quoi sert la présence présidentielle quand l’avenir militaire devient prévisible, scellé, inévitable ? Les généraux parlent de contre-offensive. De percée décisive. Mais ces mots sonnent creux. Les munitions manquent cruellement. Les hommes sont épuisés jusqu’aux os. L’hiver approche avec menace, rendant les conditions infiniment plus insoutenables.
Je pense à la responsabilité écrasante que portent les généraux. Chaque décision tue des hommes ou en sauve. Chaque choix stratégique balance laisse des cadavres derrière lui. Comment continue-t-on à vivre avec ça ? Comment on dort la nuit quand on sait qu’une décision qu’on a prise a envoyé des milliers de jeunes gens vers la mort ? Comment on planifie quand le plan lui-même pourrait entraîner le désastre ? Je crois que c’est ça qui tue vraiment les dirigeants finalement. Pas la peur physique. La culpabilité morale. Et cette culpabilité ne part jamais. Elle s’installe confortablement, elle reste, elle vieillit avec vous.
Les pertes russes montent, mais le nombre persiste
Vingt et un mille : le prix du Pokrovsk pour Moscou
Les pertes russes dans le secteur de Pokrovsk sont énormes. Officiellement, selon les estimations ukrainiennes, Moscou a subi environ vingt-et-un mille casualties depuis le début de cette phase intensive de l’offensive. Tué, blessé, disparu. Vingt-et-un mille âmes. C’est colossal. C’est un massacre par attrition. Mais les Russes continuent. Poutine n’arrête pas. Moscou verse des réserves opérationnelles dans l’effort. Les pertes ne découragent pas. Elles alimentent davantage l’obsession. Le commandement russe paraît déterminé à obtenir Pokrovsk avant la fin de l’hiver. C’est un objectif politique autant que militaire. Une victoire morale. Un symbole. Et les symboles, dans la guerre, ont un prix en sang.
Les réserves russes sont maintenant déployées
Face aux pertes croissantes, le commandement russe fait un choix stratégique. Il déploie les réserves opérationnelles. C’est un indice. Quand on utilise les réserves, c’est qu’on accepte de jouer son va-tout. Quand on déploie la main-d’œuvre stratégique en réserve, on signale qu’on accepte les pertes lourdes pour atteindre l’objectif. Peu importe le coût humain. Les Ukrainiens remarquent ce mouvement. Ils le documentent. Les chars russes supplémentaires arrivent. Les unités fraîches s’insèrent. L’assaut s’intensifie. Pas de pause. Pas de relâche. L’objectif de Poutine est clair : prendre Pokrovsk avant que les négociations de paix ne deviennent concrètes. Avoir une carte maîtresse à la table de négociation. Trump a fixé un deadline au vingt-sept novembre. Poutine veut tenir Pokrovsk avant ce deadline. C’est une course contre la montre. Et c’est une course que personne ne gagne vraiment.
Logistique ukrainienne : improviser face à l’impossible
L’état-major ukrainien organise des routes de ravitaillement alternatives. Le message officiel dit que les livraisons continuent. Mais continuent comment ? Par des chemins de campagne. Par des petites routes qui ne sont pas cartographiées. Par des convois qui partent à l’aube et acceptent les pertes. Le commandement affirme que les munitions arrivent, que les vivres arrivent, que le matériel médical arrive. Oui. Mais en quantité suffisante ? C’est moins clair. C’est plus complexe. Les soldats parlent de rationnement. De munitions comptabilisées au décompte strict. De blessés qui attendent des heures avant d’être traités faute d’effectifs médicaux. L’improvisation devient la norme. Et dans la guerre, l’improvisation c’est l’ennemi. C’est ce qui te tue.
Les civils pris au piège
Pokrovsk vidée : dix-huit mille âmes
Pokrovsk avait soixante mille habitants avant la guerre. Aujourd’hui, il en reste environ dix-huit mille. Les autres ont fui. Dix-huit mille personnes coincées dans une ville transformée en zone de combat. Trop tard pour partir. Trop dangeureux. Les routes d’évacuation sont sous le feu. Les bus humanitaires n’arrivent plus. Les gens survivent. Terrés dans les caves. Dans les abris improvisés. Dans les coins encore épargnés par les bombardements. Les réseaux d’eau sont coupés. L’électricité ? Une mémoire. Ils cuisinent sur des feux improvisés dans les rues. Ils cherchent l’eau dans les puits abandonnés. Ils attendent. Ils espèrent. Certains tentent la fuite. Quelques-uns réussissent. Beaucoup tombent sous les tirs croisés. Les services de secours n’arrivent plus. L’aide humanitaire n’a aucun accès. La ville sombre dans la survie primitive.
Rumeurs, mensonges et désinformation : la vraie war pour les esprits
Dans ce chaos urbain, la vérité se brouille. Chacun raconte ce qu’il a vu ou cru voir. Télégram fume de rumeurs. WhatsApp bout de spéculations. Les rumeurs de corridors humanitaires se croisent avec les rumeurs d’exécutions. De trahisons. De désertions. De défections. Impossible de vérifier. Dans les abris souterrains, on tente de garder espoir. On se dit que Kiev n’a pas oublié Pokrovsk. Qu’une aide viendra. Que le pire n’est jamais certain. Mais le doute rongeur s’installe. Il s’enracine. Il pousse ses racines profondes dans chaque cœur. Sommes-nous abandonnés ? C’est la question qui tue lentement. Pas les bombes. La question. Le silence après la question.
Conclusion
Pokrovsk brûle. Pokrovsk suffoque. Pokrovsk tient. Pour combien de temps encore ? Les défenseurs continuent, jour après jour, à repousser les assauts russes. Les pertes ennemies sont lourdes. Mais les pertes ukrainiennes aussi. Le brouillard monte. Le brouillard descend. Les Russes progressent. Les Ukrainiens se défendent. Et au-dessus de tout cela plane une question simple, terrible, qui refuse de disparaître : quand finira cela réellement ? Quand l’étau se refermera-t-il complètement ? Pokrovsk est peut-être sur le chemin de sa fin. Mais elle ne tombera pas sans laisser derrière elle des traces profondes. Du sang. De la fierté. De la détermination. Peut-être même de l’honneur. Ce qui commence ici finira ailleurs. Ce qui se perd ici coûtera cher. Et tout le monde, absolument tout le monde, le sait.
Source: euromaidanpress
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