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Chronique : Quand la science devient otage des convictions : Kennedy contre les vaccins
Crédit: Adobe Stock

Pendant que Kennedy avance ses théories, la communauté scientifique mondiale hurle dans le vide. En juillet deux mille vingt-cinq, une équipe de chercheurs danois a publié l’étude la plus complète jamais réalisée sur l’aluminium dans les vaccins. Un million deux cent mille enfants suivis pendant vingt-quatre ans. Cinquante conditions médicales différentes analysées, de l’autisme à l’asthme en passant par les allergies et les maladies auto-immunes. Le verdict est sans appel : aucune association statistiquement significative. Zéro. Nada. L’aluminium dans les vaccins n’augmente pas le risque de développer ces maladies. Cette étude, publiée dans les prestigieux Annals of Internal Medicine, devrait clore le débat une fois pour toutes. Mais Kennedy n’en fait pas mention. Il préfère citer une étude plus ancienne, plus petite, avec des limitations méthodologiques importantes que les auteurs eux-mêmes ont soulignées. Cette sélection biaisée des preuves scientifiques s’appelle du cherry-picking, et c’est exactement ce contre quoi les scientifiques nous mettent en garde.

Les chiffres qui dérangent le récit officiel

Les données sur les allergies aux arachides racontent une histoire que Kennedy ne veut pas entendre. Avant deux mille quinze, les médecins conseillaient aux parents d’éviter d’exposer leurs jeunes enfants aux arachides avant l’âge de trois ans. On pensait que cette précaution préviendrait les allergies. On avait tort. Une étude révolutionnaire en deux mille quinze a tout changé. Elle a démontré qu’introduire des produits contenant des arachides dès l’âge de quatre à onze mois réduisait le risque d’allergie de plus de quatre-vingts pour cent. Quatre-vingts pour cent! En deux mille dix-sept, les grandes institutions médicales américaines ont changé leurs recommandations. Et depuis? Les allergies aux arachides ont plongé de quarante-trois pour cent chez les enfants de moins de trois ans. Les allergies alimentaires en général ont chuté de trente-six pour cent. Cinquante-sept mille enfants en moins souffrant d’allergies alimentaires. Ces chiffres, documentés dans une étude publiée en octobre deux mille vingt-cinq dans la revue Pediatrics, devraient être célébrés comme un triomphe de la santé publique. Au lieu de ça, Kennedy les ignore et pointe du doigt les vaccins.

Les chiffres ne mentent pas. Mais on peut choisir de ne pas les voir, de regarder ailleurs, vers ce qui confirme déjà nos croyances les plus ancrées.

L’aluminium : un bouc émissaire commode

L’aluminium est le troisième élément le plus abondant sur Terre. Il se trouve naturellement dans le sol, dans l’eau, dans notre nourriture. Un bébé ingère plus d’aluminium par le lait maternel et la nourriture pendant ses six premiers mois de vie que ce qu’il reçoit de tous ses vaccins combinés. Les sels d’aluminium sont utilisés comme adjuvants dans les vaccins depuis les années mille neuf cent trente. Quatre-vingt-quinze ans d’utilisation. Des milliards de doses administrées. Un profil de sécurité démontré encore et encore. L’Organisation mondiale de la Santé, la Food and Drug Administration américaine, l’Académie américaine de pédiatrie : toutes ces institutions ont examiné les preuves et conclu que l’aluminium dans les vaccins est sûr. Le corps traite l’aluminium de la même manière qu’il soit injecté dans un vaccin ou ingéré dans la nourriture. Les reins le filtrent et l’éliminent dans l’urine. La quantité qui reste dans le corps est infime, bien en dessous des seuils de sécurité établis. Mais pour Kennedy, ces faits ne comptent pas. Il préfère l’anecdote à l’épidémiologie, l’intuition à l’analyse statistique, la conviction personnelle au consensus scientifique.

Combien de preuves faut-il pour changer un esprit fermé? Mille études? Un million? Ou est-ce que certaines croyances sont imperméables aux faits?

Quand les chercheurs crient dans le désert

Edward Belongia, un éminent scientifique spécialisé dans la sécurité vaccinale, a qualifié l’étude danoise de « la plus grande et la plus définitive étude observationnelle jamais réalisée sur la sécurité de l’exposition à l’aluminium lié aux vaccins chez les enfants ». Matthew Daley, le pédiatre dont une étude antérieure avait soulevé quelques questions non résolues sur un possible lien entre aluminium et asthme, a salué les nouvelles découvertes danoises, notant qu’elles devraient rassurer davantage les parents. Peter Jay Hotez, doyen de l’École nationale de médecine tropicale au Baylor College of Medicine, affirme que les vaccins contenant de l’aluminium « sont incroyablement sûrs » et que cesser leur production « aurait un effet dévastateur ». Danelle Fisher, pédiatre en Californie, résume la situation simplement : « L’aluminium a été diabolisé pendant des années. Il n’y a aucune science derrière ça. Vous mangez et respirez plus d’aluminium en une journée que ce que vous recevez dans un vaccin ». Mais Kennedy n’écoute pas ces experts. Il les écarte, les traite comme des agents corrompus d’un système pourri, des marionnettes de l’industrie pharmaceutique. Le fossé entre la science et la politique de santé n’a jamais été aussi large.

Quand les experts parlent et que personne n’écoute, que reste-t-il? Le silence assourdissant de l’indifférence face aux faits.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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