Faut que je vous parle de Novorossiysk. Parce que c’est pas juste un port. C’est LE port. Le plus grand de Russie sur la mer Noire. Le deuxième plus grand centre d’exportation de pétrole du pays après Primorsk. Chaque jour, des millions de barrels transitent par ses quais. Direction la Chine. L’Inde. Le Moyen-Orient. Partout où quelqu’un est prêt à acheter du brut russe malgré les sanctions occidentales. Ce port, c’est la pompe cardiaque de l’économie de guerre de Poutine. Sans lui, le budget russe s’effondre. Les revenus pétroliers représentent environ un quart du budget fédéral russe. Un quart. Et en novembre 2025, ces revenus ont déjà chuté de 35% par rapport à novembre 2024. Trente-cinq pour cent. Les sanctions américaines contre Lukoil et Rosneft ont fait mal. Mais les frappes de drones ukrainiens font encore plus mal. Parce qu’elles sont quotidiennes. Implacables. Et qu’elles visent précisément là où ça fait mal : les infrastructures qui transforment le pétrole en argent. En tanks. En missiles. En mort.
Le terminal Sheskharis n’en est pas à sa première frappe. Mi-novembre, une attaque ukrainienne avait déjà mis le feu au terminal et perturbé les exportations de brut pendant deux jours. Deux jours durant lesquels la Russie a perdu des centaines de millions de dollars. L’impact avait été si important que les prix mondiaux du pétrole avaient grimpé de 3%. Parce que Novorossiysk, c’est 2% de l’approvisionnement mondial en pétrole. Deux pour cent. Ça paraît petit, mais sur les marchés internationaux, c’est énorme. Le Caspian Pipeline Consortium, ce pipeline qui achemine le pétrole kazakh à travers la Russie jusqu’à Novorossiysk, a dû suspendre ses opérations de chargement après que son bâtiment de contrôle principal a été endommagé dans les frappes. Ce pipeline transporte le pétrole du champ pétrolier de Tengiz au Kazakhstan – l’un des plus grands au monde – jusqu’aux marchés mondiaux. Sa fermeture, même temporaire, c’est un coup dur pour Moscou. Et pour Astana aussi, d’ailleurs. Mais c’est précisément là que la stratégie ukrainienne devient fascinante. Elle ne frappe pas au hasard. Elle vise les points de strangulation. Les nœuds logistiques. Les infrastructures critiques dont la Russie ne peut pas se passer.
Regardez les chiffres. Depuis août 2025, l’Ukraine a intensifié ses attaques contre les infrastructures énergétiques russes. Vingt et une des 38 raffineries majeures de Russie ont été touchées. C’est 55% de la capacité de raffinage du pays. Le lieutenant-général Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité ukrainien (SBU), a déclaré vendredi dernier que plus de 160 frappes réussies avaient été menées contre les installations d’extraction et de raffinage pétrolier russes depuis le début de 2025. Cent soixante. Et ça continue. L’Agence internationale de l’énergie estime que ces frappes répétées ont réduit la capacité de raffinage russe d’environ 500 000 barils par jour. Cinq cent mille. Le résultat ? Des pénuries de carburant en Russie. Du rationnement dans certaines régions. Des files d’attente aux stations-service. Et surtout, une chute vertigineuse des exportations de diesel et de carburéacteur – ces produits raffinés qui rapportent bien plus cher que le brut. Zelenskyy l’a dit clairement lors d’un briefing : « Nous pensons qu’ils ont perdu jusqu’à 20% de leur approvisionnement en essence – directement à cause de nos frappes. » Vingt pour cent. C’est colossal.
La technologie du désespoir qui devient l'arme de la victoire
J’essaie de comprendre comment on en est arrivé là. Comment l’Ukraine, ce pays qui se battait pour sa survie il y a trois ans, qui quémandait des armes à l’Occident, qui dépendait de missiles américains et britanniques, est maintenant capable de frapper Novorossiysk, Taganrog, des cibles à près de 1000 kilomètres de ses frontières ? Avec quoi ? Avec des drones fabriqués maison. Des engins assemblés dans des ateliers clandestins dispersés à travers le pays. Des drones qui coûtent 55 000 dollars pièce. Cinquante-cinq mille. C’est rien. Un missile Tomahawk américain coûte 2 millions de dollars. Un Storm Shadow britannique, 1 million. Les drones ukrainiens, eux, sont conçus pour être produits en masse, rapidement, avec des pièces disponibles. Et leur portée a doublé en un an. Ils peuvent maintenant frapper systématiquement des cibles dans un rayon de 1000 kilomètres. C’est la guerre asymétrique dans toute sa beauté brutale. David qui affronte Goliath. Mais David a appris à fabriquer des frondes qui portent vraiment loin. Et qui font vraiment mal.
La nuit, dans des endroits tenus secrets, des équipes ukrainiennes en gilets pare-balles se déplacent avec une précision chirurgicale. Des lampes frontales rouges pour rester cachés. Des moteurs qui toussent comme de vieilles motos. Des fumées d’échappement qui flottent dans la nuit sans lune. Et puis, l’un après l’autre, les drones décollent d’une piste de fortune et se dirigent vers l’est. Vers la Russie. Vers les raffineries. Vers les dépôts de carburant. Vers les bases militaires. Cette campagne de frappes à longue distance est devenue routinière. Presque quotidienne. Et elle étire les défenses aériennes russes jusqu’au point de rupture. Parce qu’on ne peut pas défendre tout un territoire aussi vaste que la Russie contre des essaims de drones bon marché. Les systèmes S-300 et S-400 sont conçus pour intercepter des avions, des missiles balistiques, des cibles rapides et coûteuses. Pas des nuées de drones lents qui arrivent par vagues. C’est comme essayer de tuer des moustiques avec un fusil de chasse. Techniquement possible, mais épuisant. Et coûteux. Chaque missile S-400 coûte plusieurs millions de dollars. Chaque drone ukrainien, cinquante-cinq mille.
Le président Zelenskyy l’a expliqué lors d’un briefing avec des journalistes le 20 septembre : « Nous avons des drones, et nous savons comment les produire. Tout dépend de combien nous pouvons en utiliser en une journée. À en juger par les résultats des opérations récentes, il est clair que nous avons commencé à utiliser plus de drones. » Il a ajouté que ce n’était pas encore suffisant pour atteindre les objectifs fixés aux fabricants ukrainiens et au ministère de la Défense. « Une fois que nos chiffres de drones correspondront à ceux des Russes, ils le sentiront. Dans les pénuries de carburant, dans les files aux stations-service. Nous en voyons déjà de plus en plus. De plus en plus atteignent leurs cibles. » Et c’est précisément ce qui se passe. Les capacités de production de drones ukrainiens explosent. Des usines secrètes sortent des centaines d’appareils par mois. Des modèles comme les Beaver, les UJ-22, les Sea Baby. Des noms qui ne disent rien au grand public mais qui font frémir les planificateurs militaires russes. Parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas tous les arrêter. Pas tous.
Quand les missiles russes tuent des Russes : l'échec spectaculaire de la défense aérienne
Mais bon, parlons de ce moment surréaliste. Ce moment où la guerre atteint un niveau d’absurdité qui dépasse la fiction. Les systèmes Pantsir russes, ces plateformes mobiles de défense anti-aérienne censées protéger Novorossiysk contre exactement ce type d’attaque, ont tiré pendant la nuit du 24 novembre. Ils ont tiré beaucoup. Et ils ont raté. Pire : ils ont touché des immeubles résidentiels russes. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des missiles surface-air frappant des bâtiments d’habitation à Novorossiysk. Des explosions. Des flammes. Des gens qui hurlent. Un compte Twitter spécialisé dans l’analyse open source, OSINTtechnical, a publié une vidéo avec ce commentaire : « Attaque ukrainienne majeure en cours sur la côte de la mer Noire russe près de Novorossiysk ce soir. Ici, un missile russe surface-air intercepte un immeuble russe. » Intercepte un immeuble russe. C’est pas une blague. C’est arrivé. Plusieurs fois dans la même nuit.
Une source du SBU, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confirmé à Business Insider que les défenses aériennes russes à Novorossiysk étaient actives pendant l’attaque et qu’elles avaient frappé des infrastructures civiles. Les images montrent clairement des missiles Pantsir frappant à répétition des immeubles résidentiels. C’est pas nouveau, d’ailleurs. La Russie aurait accidentellement bombardé son propre territoire des dizaines de fois au cours de cette guerre. Des obus qui tombent du mauvais côté de la frontière. Des missiles qui dévient. Des drones qui s’écrasent là où ils ne devraient pas. Mais frapper ses propres immeubles pendant qu’on essaie de défendre son principal port pétrolier, c’est un niveau de dysfonctionnement qui pose des questions sérieuses. Combien d’opérateurs russes sont vraiment formés ? Combien de systèmes fonctionnent correctement ? Combien de munitions sont disponibles ? Parce que si vous tirez aveuglément sur tout ce qui bouge dans le ciel nocturne, y compris sur vos propres bâtiments, c’est que quelque chose ne va vraiment pas. C’est la panique. La désorganisation. L’échec systémique.
Le gouverneur de la région de Krasnodar n’a pas mentionné ces tirs fratricides dans ses déclarations officielles. Évidemment. Pourquoi l’aurait-il fait ? On parle d’un échec spectaculaire, embarrassant, meurtrier. Kondratyev a parlé de six blessés et d’au moins 20 maisons endommagées dans sa région, avec les pires destructions signalées dans la ville portuaire de Novorossiysk et la station balnéaire de Gelendzhik. Sept immeubles d’appartements frappés à Novorossiysk. Un immeuble touché à Tuapse, une ville adjacente à une installation d’exportation de pétrole. Mais il n’a pas dit combien de ces dégâts étaient causés par les drones ukrainiens et combien par les missiles russes qui rataient leur cible. Parce que c’est gênant. Très gênant. Imaginez que vous soyez un citoyen russe à Novorossiysk. Vous entendez les sirènes. Vous savez que des drones ukrainiens arrivent. Vous vous cachez. Et puis votre immeuble explose. Mais c’est pas un drone qui l’a frappé. C’est un missile russe. Censé vous protéger. Comment vous réagissez ? Comment vous faites confiance à votre gouvernement après ça ?
La guerre économique : 25 milliards de dollars perdus et un budget en chute libre
Et là, on arrive au cœur du problème. Parce que toutes ces frappes, toutes ces explosions, toutes ces raffineries en flammes, ça se traduit en chiffres. En dollars. En roubles. En déficit budgétaire. Et les chiffres sont brutaux. Entre janvier et octobre 2025, le budget russe a collecté 2 000 milliards de roubles de moins qu’au cours de la même période en 2024. Deux mille milliards. Ça fait 24,6 milliards de dollars. Disparus. Évaporés. Les revenus pétroliers et gaziers de la Russie ont chuté de 22% sur les onze premiers mois de 2025 par rapport à 2024. Et ça s’accélère. En janvier-mai, la baisse était de 14%. Fin juin, 17%. En juillet, 18%. En août, 20%. En octobre, 21%. Et en novembre ? On parle d’une chute de 35%. Trente-cinq pour cent. Le prix du brut Oural russe est tombé à 36,61 dollars le baril. Trente-six. Le budget russe était construit sur une hypothèse de 69 à 70 dollars le baril. Vous voyez le problème ?
Les sanctions américaines ont frappé fort. Après l’annonce des sanctions contre Lukoil et Rosneft, plusieurs entreprises chinoises et indiennes ont cessé leurs achats de pétrole russe, se tournant vers le Moyen-Orient. Les expéditions maritimes de pétrole ont chuté de 130 000 barils par jour au cours des deux derniers mois, selon Bloomberg. Et 35% des pétroliers chargés de brut russe n’ont aucune destination finale. Trois cent cinquante millions de barils de pétrole russe sont actuellement bloqués dans des tankers. Immobiles. Invendables. À cause des sanctions. À cause de la logistique. À cause des rabais massifs que la Russie doit offrir pour trouver des acheteurs. Les écarts sur le brut russe peuvent atteindre 23 dollars le baril par rapport au Brent. Vingt-trois. C’est l’écart le plus important depuis mi-2023. Et les sanctions ont forcé les pétroliers à emprunter des routes arctiques plus longues pour atteindre la Chine – un détour qui ajoute des semaines au temps de livraison et augmente les coûts de transport. Tout ça pendant que les drones ukrainiens continuent de frapper. Jour après jour. Nuit après nuit.
Le déficit budgétaire russe est énorme. Les projections initiales pour 2025 prévoyaient un manque de 1 170 milliards de roubles (14,4 milliards de dollars). Mais d’ici la fin de l’année, il est devenu clair que le chiffre serait cinq fois plus élevé : 5 700 milliards de roubles (70,2 milliards de dollars). C’est le plus grand déficit budgétaire en termes absolus de l’histoire de la Russie. En novembre seulement, les autorités ont décidé d’émettre 2 300 milliards de roubles (28 milliards de dollars) de dette au cours du dernier trimestre. Parce que la Russie ne peut pas emprunter sur les marchés internationaux. C’est le pays le plus sanctionné au monde. Personne ne veut lui prêter. Donc elle emprunte à elle-même. Auprès de ses propres banques d’État. Ce qui affaiblit encore l’économie. Le gouvernement prévoit de lever 6 981 milliards de roubles (environ 80 milliards de dollars) en 2025, dont 1 400 milliards de roubles (13 milliards de dollars) serviront uniquement à rembourser la dette existante. Pendant que l’inflation continue de grimper. Pendant que la guerre dévore le budget. Pendant que les usines brûlent.
Novorossiysk, nouveau Sébastopol : la fuite de la flotte de la mer Noire
Alors parlons un peu de la dimension militaire pure. Parce que Novorossiysk, c’est pas seulement un port pétrolier. C’est aussi devenu la principale base de la Flotte russe de la mer Noire. Oui, vous avez bien entendu. Pas Sébastopol. Novorossiysk. Pourquoi ? Parce que Sébastopol est devenue un piège mortel. Les missiles ukrainiens, les drones navals, les frappes de précision ont transformé ce port historique en zone dangereuse. La Russie a perdu des navires à Sébastopol. Beaucoup de navires. Le croiseur Moskva, coulé par des missiles Neptune ukrainiens en avril 2022. Le sous-marin Rostov-on-Don, détruit au dock en septembre 2023. Le navire de débarquement Minsk, endommagé. La liste est longue. Alors la Flotte de la mer Noire s’est repliée. Vers Novorossiysk. Ce port qui était censé être plus sûr. Plus loin. Mieux défendu. Sauf que maintenant, Novorossiysk brûle aussi.
Dans la nuit du 24 au 25 novembre, selon des sources du SBU, un navire de débarquement de projet 1171 – une classe Tapir – a été endommagé alors qu’il était amarré près de la jetée de la base navale. Ces navires de débarquement sont parmi les plus grands navires amphibies de la marine russe. Ils sont utilisés pour transporter du matériel militaire et du personnel à travers la mer Noire, notamment pour soutenir les opérations contre l’Ukraine. En endommager un, c’est priver la Russie d’une capacité logistique critique. Et le faire à quai, dans ce qui est censé être une base sécurisée, c’est envoyer un message. Aucun endroit n’est sûr. Même pas Novorossiysk. Le porte-parole de la marine ukrainienne, Dmytro Pletenchuk, l’a dit clairement plus tôt cette année : « Le seul endroit qui est relativement sûr pour eux – bien que je ne le qualifierais pas de sûr, car même eux ne le voient pas ainsi – c’est Novorossiysk. Mais lors de toute alerte aérienne sérieuse, ils quittent le port naval pour éviter d’être frappés. En même temps, ils ne peuvent pas non plus rester en mer, parce qu’ils risquent de rencontrer des drones navals. »
C’est ça, la réalité. La Flotte de la mer Noire est piégée. À Sébastopol, elle se fait pilonner. En mer, les drones navals ukrainiens la traquent. À Novorossiysk, elle pensait avoir trouvé un refuge. Mais maintenant, ce refuge brûle aussi. Les positions des systèmes S-300 et S-400 qui défendaient le port ont été touchées pendant l’attaque. Ces systèmes de défense aérienne sont les meilleurs que la Russie possède. Et ils ont été détruits. Par des drones qui coûtent cinquante-cinq mille dollars. Chaque système S-400 vaut des centaines de millions. C’est un calcul qui donne le vertige. L’Ukraine échange des drones bon marché contre du matériel militaire haut de gamme russe. Et elle gagne. Mathématiquement. Stratégiquement. Psychologiquement. Parce que chaque système détruit ne peut pas être facilement remplacé. La Russie ne produit pas des S-400 comme on fabrique des balles. Ces systèmes sont complexes. Coûteux. Et ils nécessitent du temps pour être fabriqués. Du temps que la Russie n’a pas.
L'A-60 en cendres : la perte d'un bijou technologique irremplaçable
Je dois revenir sur l’A-60. Parce que c’est pas juste un avion. C’est un symbole. Un prototype unique développé pendant la Guerre froide. Un avion laser aéroporté. Oui, un laser. Monté sur un Il-76. Conçu pour tester la propagation laser dans l’atmosphère. Potentiellement pour des applications anti-satellite. Il n’en existait que deux. Le premier a brûlé dans un incendie à la base aérienne de Chkalovskaya en 1989. Le second – celui qui vient probablement d’être détruit à Taganrog – était le dernier. Le seul. Et maintenant il n’existe plus. Les images montrent un appareil en flammes avec une bosse dorsale caractéristique – celle qui abritait la tourelle laser rétractable. Des observateurs ont identifié l’emplacement de l’impact à environ 47,198203 nord et 38,863344 est, correspondant à une zone à l’intérieur de la base aérienne de Taganrog-Yuzhny utilisée pour rassembler, entretenir et réviser les avions d’alerte précoce A-50. Cet aérodrome sert de principal centre de test et opérationnel pour les projets d’aviation Beriev.
L’usine Beriev, officiellement nommée Complexe scientifique et technique d’aviation de Taganrog nommé d’après G.M. Beriev, a été fondée en 1934. C’est une installation aéronautique majeure responsable de la production, de la modernisation et de la réparation d’avions amphibies et à usage spécial. Ses activités comprennent la modernisation des avions d’alerte précoce A-50 et l’entretien des bombardiers stratégiques Tu-95MS. C’est un site stratégiquement important sans équivalent direct ailleurs en Russie. Et maintenant il brûle. Le General Staff ukrainien a confirmé les dégâts : l’usine de réparation d’avions TANTK nommée d’après G.M. Beriev à Taganrog, avec l’avion expérimental A-60. L’entreprise de production de drones Molniya – Atlant Aero. De nombreuses explosions et des incendies importants ont été observés sur le territoire des installations. Cette entreprise effectue également la réparation et la modernisation des avions AWACS A-50 et des bombardiers stratégiques russes Tu-95MS. La perdre, c’est perdre une capacité industrielle critique.
L’opération de la nuit du 24-25 novembre était massive. Coordonnée. Complexe. Le SBU a travaillé avec la Direction du renseignement militaire ukrainien (HUR), les Forces d’opérations spéciales, les Forces des systèmes sans pilote, le Service national des garde-frontières, et les forces d’artillerie et de missiles côtiers de la marine ukrainienne. Plusieurs types d’armes ont été utilisés. Des drones à longue portée. Probablement des missiles de croisière Neptune. Peut-être même la nouvelle version Long Neptune qui peut atteindre des cibles jusqu’à 1 000 kilomètres. Des témoins à Taganrog ont rapporté avoir entendu le bruit d’un moteur à réaction quelques instants avant l’impact, suggérant que des missiles de croisière ont peut-être été utilisés pendant la frappe en plus des drones. L’attaque a touché plusieurs installations. L’usine Beriev. L’usine Atlant-Aero de production de drones. Le terminal pétrolier Sheskharis à Novorossiysk. La raffinerie de Tuapse. Les systèmes de défense aérienne. Un navire militaire. C’est une démonstration de capacité. Une preuve que l’Ukraine peut frapper plusieurs cibles stratégiques simultanément, à des centaines de kilomètres de distance, et infliger des dégâts significatifs.
La stratégie ukrainienne : étrangler l'économie de guerre russe goutte par goutte
Alors voilà où on en est. L’Ukraine a compris quelque chose que beaucoup d’analystes occidentaux n’avaient pas vraiment saisi au début. On peut pas battre la Russie sur le champ de bataille traditionnel. Pas seul. Pas avec la disparité des effectifs. Pas avec l’artillerie russe qui tire des dizaines de milliers d’obus par jour. Mais on peut étrangler l’économie de guerre. On peut frapper les infrastructures qui génèrent l’argent. Les raffineries. Les terminaux pétroliers. Les dépôts de carburant. Les installations qui transforment le pétrole brut en revenus pour le Kremlin. Et c’est exactement ce que fait l’Ukraine. Systématiquement. Méthodiquement. Jour après jour. Une source du SBU l’a dit clairement : « Le SBU continue de réduire méthodiquement les revenus des pétrodollars de la Russie, avec lesquels elle finance la guerre contre l’Ukraine, ainsi que d’affaiblir les systèmes de défense aérienne ennemis qui protègent les installations militaires et infrastructurelles clés de l’ennemi. » C’est une stratégie d’usure économique. Et ça marche.
Les chiffres le prouvent. Depuis janvier 2024, 21 des 38 raffineries majeures de Russie ont été frappées. C’est 55%. Presque 40% de la capacité de raffinage russe a été désactivée ou endommagée. Les frappes ont coupé la capacité de raffinage de la Russie d’environ 500 000 barils par jour selon l’Agence internationale de l’énergie. Ça a déclenché des pénuries de carburant domestiques et réduit les exportations de diesel et de carburéacteur. Des produits qui valent beaucoup plus cher que le brut. La Russie est forcée d’offrir des rabais de plus en plus profonds sur son pétrole pour trouver des acheteurs. Elle doit faire des concessions aux grands acheteurs comme la Chine et l’Inde. Et même comme ça, les volumes diminuent. Parce que personne ne veut être coincé avec du pétrole russe quand les sanctions se durcissent. Quand les risques juridiques augmentent. Quand la réputation est en jeu. Le président Zelenskyy l’a dit lors d’une conférence de presse le 28 octobre : « C’est leur argent de guerre – provenant du raffinage du pétrole. C’est pourquoi nous le ciblons. »
Et l’Ukraine a un avantage stratégique crucial : elle utilise des armes produites localement. Ça signifie qu’elle n’a pas besoin de l’approbation occidentale pour chaque frappe. Contrairement aux missiles Tomahawk américains ou aux Storm Shadow britanniques, qui viennent avec des restrictions d’utilisation, des zones interdites, des autorisations à demander, les drones ukrainiens peuvent être déployés selon la propre vision stratégique de Kyiv. Sans demander la permission. Sans attendre. Sans compromis. C’est une autonomie stratégique qui change tout. Parce que ça permet une guerre d’usure continue, implacable, sans pauses diplomatiques, sans hésitations politiques. Juste une pression constante sur l’économie russe. Sur son infrastructure. Sur sa capacité à mener la guerre. Les analystes occidentaux parlent d’attrition logistique. En forçant la Russie à réacheminer les approvisionnements et à engager des défenses aériennes sur une zone plus large, Kyiv cherche à dégrader la capacité de Moscou à soutenir des opérations à grande échelle. Et ça fonctionne. Lentement. Douloureusement. Mais ça fonctionne.
Conclusion
Donc voilà. On est le 25 novembre 2025. Jour 1371 de l’invasion à grande échelle de la Russie en Ukraine. Et quelque chose a fondamentalement changé. L’Ukraine ne se contente plus de défendre. Elle attaque. Elle frappe au cœur du système qui alimente cette guerre. Les pétrodollars. Les raffineries. Les terminaux. Les usines d’armement. Les bases aériennes. Avec des drones fabriqués dans des ateliers secrets. Des engins qui coûtent cinquante-cinq mille dollars et qui détruisent des installations valant des centaines de millions. C’est l’asymétrie parfaite. C’est David qui a perfectionné sa fronde au point de pouvoir frapper Goliath encore et encore et encore. Et Goliath vacille. Son budget s’effondre. Ses revenus pétroliers chutent de 35%. Son déficit budgétaire explose à 70 milliards de dollars. Ses raffineries brûlent. Ses défenses aériennes tirent sur ses propres immeubles. Son avion laser unique part en fumée. Son principal port pétrolier est frappé encore et encore. Sa flotte de la mer Noire n’a nulle part où se cacher.
Est-ce que ça va gagner la guerre à elle seule ? Non. Probablement pas. Mais est-ce que ça change l’équation stratégique ? Absolument. Parce que chaque raffinerie qui brûle, c’est des millions qui ne financent pas la machine de guerre russe. Chaque terminal endommagé, c’est des semaines de production perdues. Chaque système S-400 détruit, c’est un trou béant dans la défense aérienne russe. Chaque drone qui atteint sa cible, c’est une preuve que la Russie ne peut pas protéger son territoire. Même pas ses installations les plus stratégiques. Même pas avec ses meilleurs systèmes. La stratégie ukrainienne est claire maintenant. Frapper l’économie. Étrangler les revenus. Forcer Moscou à choisir entre financer la guerre et maintenir son économie à flot. Entre défendre ses raffineries et défendre son front. Entre continuer cette invasion absurde et accepter que le coût devient insupportable. Les sanctions occidentales font leur travail. Les frappes ukrainiennes font leur travail. Ensemble, elles créent une pression économique que la Russie ne peut pas ignorer. Pas éternellement. Pas quand son budget est en chute libre et que ses raffineries brûlent.
Novorossiysk brûle. Taganrog brûle. La Russie saigne de l’argent. Et l’Ukraine continue de frapper. Nuit après nuit. Avec des drones qui décollent de pistes secrètes et volent vers l’est. Vers les flammes. Vers la victoire. Une frappe à la fois.
Source : kyivindependent
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