Je ne peux pas m’empêcher de penser aux civils. Ces quatre cents personnes qui restent à Siversk. Pourquoi sont-elles encore là ? Par choix ? Par obligation ? Parce qu’elles sont trop vieilles pour fuir ? Parce qu’elles n’ont nulle part où aller ? Je me demande ce qu’elles pensent quand elles entendent les explosions se rapprocher. Quand elles voient les soldats russes apparaître dans les rues où elles ont vécu toute leur vie. Est-ce qu’elles ont encore l’espoir d’être libérées ? Ou ont-elles déjà accepté l’inacceptable ? Vivre sous occupation russe, avec tout ce que ça implique de privations, de répression, de disparitions. Parce que c’est ça, la réalité de l’occupation russe. Ce n’est pas une libération. C’est une prison à ciel ouvert. Les villes tombées sous contrôle moscovite deviennent des zones grises où les droits humains n’existent plus. Où l’on peut disparaître pour un mot de travers. Où les enfants sont rééduqués dans des écoles russes pour oublier qu’ils étaient ukrainiens. Cette pensée me hante. Elle devrait hanter tout le monde. Mais le monde est fatigué de cette guerre. Fatigué d’entendre parler de l’Ukraine. Alors Siversk tombe dans l’indifférence. Et ça, c’est peut-être le pire. Mourir, c’est une chose. Mourir dans l’indifférence du monde, c’en est une autre.
Pokrovsk, le prochain sur la liste
Si Siversk vacille, Pokrovsk tremble. Cette ville située plus au sud, dans la même région du Donetsk, subit également une pression intense depuis des mois. Pokrovsk, c’était soixante mille habitants avant la guerre. Aujourd’hui, il en reste quelques milliers. Les autres ont fui. Ils ont pris la route vers l’ouest, abandonnant tout, parce que rester signifiait mourir sous les bombes ou vivre sous occupation. Pokrovsk est un hub ferroviaire et routier majeur. C’est par là que passent les approvisionnements pour toute la ligne de front est. Si Pokrovsk tombe, c’est l’ensemble de la logistique ukrainienne qui s’effondre dans le secteur.
Les Russes le savent. Ils ont déployé près de cent cinquante mille hommes pour encercler et prendre Pokrovsk. Cent cinquante mille. C’est plus que certaines armées nationales européennes complètes. Et ils pilonnent. Jour et nuit. L’artillerie russe transforme la ville en enfer. Les drones ukrainiens tentent de frapper les lignes d’approvisionnement russes, de ralentir la machine de guerre moscovite. Ça marche un peu. Les Russes manquent parfois de munitions. Leurs colonnes sont désorganisées. Mais elles continuent. Parce que Pokrovsk, c’est la clé. Prendre Pokrovsk, c’est ouvrir la route vers Kramatorsk et Sloviansk. C’est contourner la forteresse par le sud pendant que Siversk la menace par le nord.
Et si les deux tombent, si Pokrovsk et Siversk sont pris, alors Kramatorsk et Sloviansk se retrouvent dans un étau. Les Russes pourront attaquer ces villes depuis trois directions. Nord, est, sud. Il ne restera aux Ukrainiens que la fuite vers l’ouest. Vers Dnipropetrovsk. Abandonnant le Donetsk. Abandonnant la ceinture de forteresses. Abandonnant onze ans de préparation. Et après ? Après, il faudra construire de nouvelles lignes défensives. En terrain découvert. Sans fortifications préparées. Face à une armée russe galvanisée par sa victoire. C’est le scénario noir. Celui que personne ne veut imaginer mais que tout le monde redoute.
La bataille de Pokrovsk dure depuis plus d’un an maintenant. Au début, c’était une pression lente. Les Russes avançaient de quelques centaines de mètres par semaine. Puis l’offensive s’est intensifiée. Ils ont lancé des assauts mécanisés massifs. Des colonnes de blindés, des motos par dizaines, des buggies même, transportant des groupes d’infanterie. Une tactique désespérée mais qui fonctionne parfois. Les Ukrainiens repoussent la plupart de ces assauts. Ils détruisent les véhicules. Ils tuent les assaillants. Mais certains passent. Et ceux qui passent établissent des têtes de pont. Des positions avancées depuis lesquelles la prochaine vague pourra attaquer.
C’est épuisant. C’est sans fin. Et c’est exactement ce que les Russes recherchent. Épuiser les défenseurs. Les forcer à des rotations constantes. Les priver de sommeil. Les priver de répit. Jusqu’à ce qu’ils craquent. Jusqu’à ce que la ligne cède. Et quand elle cède, c’est l’effondrement. Pas une retraite ordonnée. Un effondrement. Les soldats fuient. Les équipements sont abandonnés. Les Russes avancent de plusieurs kilomètres en quelques heures. Puis la ligne se reforme plus à l’ouest. Et le cycle recommence. C’est ce qui s’est passé à Avdiivka. À Bakhmout. À Marioupol. Et c’est ce qui pourrait se passer à Pokrovsk. Et à Siversk.
La diplomatie des morts
Pendant ce temps, on négocie. Trump veut la paix. Zelensky aussi, mais une paix juste. Poutine veut une victoire. Et ces trois volontés sont incompatibles. Le plan américain, dans sa version initiale, comportait vingt-huit points. Il a été réduit à dix-neuf après des négociations à Genève. Mais les points de friction restent massifs. L’Ukraine refuse de céder le territoire occupé par la Russie. La Russie refuse de se retirer. L’Ukraine veut rejoindre l’OTAN. La Russie refuse catégoriquement. L’Ukraine veut des garanties de sécurité solides. La Russie veut la démilitarisation de l’Ukraine. Comment concilier ça ?
La réponse, c’est qu’on ne peut pas. Pas vraiment. Alors on tergiverse. On parle de cessez-le-feu temporaires. De gels du conflit. De zones démilitarisées. Mais tout ça, c’est du vent. Parce que Poutine ne veut pas un cessez-le-feu. Il veut une reddition ukrainienne. Il veut que Kiev accepte de perdre le Donetsk, le Louhansk, la Crimée, et peut-être plus. Il veut que l’Ukraine renonce à l’OTAN. Il veut transformer l’Ukraine en État vassal. Et tant que ce sera son objectif, il n’y aura pas de paix. Juste des pauses entre les offensives. Des moments où les deux camps reprennent leur souffle avant de replonger dans l’enfer.
Trump, lui, veut une victoire politique. Il veut pouvoir dire : « J’ai arrêté la guerre en Ukraine. » Peu importe les conditions. Peu importe si ça revient à donner l’Ukraine à la Russie sur un plateau. Il veut son moment de gloire. Alors il pousse. Il dit aux Ukrainiens : « Acceptez le plan ou je coupe l’aide militaire. » Et il dit aux Russes : « Acceptez le plan ou je donne encore plus d’armes à l’Ukraine. » C’est du marchandage brutal. Cynique. Et les Ukrainiens sont pris au piège. Refuser, c’est risquer de perdre le soutien américain. Accepter, c’est peut-être signer leur arrêt de mort à moyen terme.
Macron, Starmer, les Européens essaient de rassurer Kiev. Ils parlent de garanties de sécurité robustes. De déploiement de troupes européennes en Ukraine après un accord. De reconstruction financée par les actifs russes gelés. Mais tout ça reste flou. Parce que personne ne veut vraiment envoyer ses soldats se battre en Ukraine. Personne ne veut déclencher une guerre directe avec la Russie. Alors on promet. On rassure. Mais au final, les Ukrainiens se retrouvent seuls face à l’ogre russe. Avec quelques livraisons d’armes. Quelques sanctions contre Moscou. Mais pas de bottes sur le terrain. Pas de no-fly zone. Pas de ligne rouge infranchissable.
Et pendant qu’on discute à Genève, à Washington, à Paris, les soldats meurent à Siversk. Les civils fuient Pokrovsk. Les villes ukrainiennes sont bombardées. Kiev a encore subi une attaque massive le 24 novembre. Missiles de croisière, drones kamikazes. Six morts. Vingt blessés. Des immeubles en feu. Des enfants traumatisés. Et ça continue. Chaque nuit. Chaque jour. Parce que pour Poutine, les négociations ne sont pas une recherche de paix. C’est une stratégie pour gagner du temps. Pour conquérir plus de territoire avant la signature. Pour affaiblir l’Ukraine avant de lui imposer ses conditions.
Réflexion : l'illusion de la normalité
Parfois je me demande comment les gens font. Comment on peut continuer à vivre une vie presque normale alors qu’à quelques centaines de kilomètres, des villes entières sont rayées de la carte. Comment on peut se plaindre d’un retard de train quand des gamins ukrainiens dorment dans des métros transformés en abris anti-bombes. C’est une question qui me hante. Et je pense que c’est notre mécanisme de défense collectif. Si on s’arrêtait vraiment pour réaliser l’ampleur de la tragédie, on ne pourrait plus fonctionner. Alors on compartimente. On lit les nouvelles. On hoche la tête. On dit « c’est terrible. » Et puis on retourne à nos vies. À nos petits problèmes. Et je ne jette pas la pierre. Je fais pareil. On fait tous pareil. Parce qu’on ne peut pas porter le poids du monde sur nos épaules. Mais parfois, quand je vois ces cartes de Siversk, ces points rouges qui avancent, je me sens coupable. Coupable de ne rien faire. De ne rien pouvoir faire. Sauf écrire. Témoigner. Crier dans le désert en espérant que quelqu’un entende. Que quelqu’un se réveille. Que quelqu’un agisse.
Le prix du temps
Chaque jour qui passe est un jour gagné ou perdu. Pour les Ukrainiens, gagner du temps, c’est espérer que les livraisons d’armes s’accélèrent. Que les usines européennes tournent à plein régime pour produire des obus, des missiles, des drones. Que l’opinion publique occidentale se mobilise à nouveau, fatiguée mais réveillée par l’horreur. Pour les Russes, gagner du temps, c’est conquérir Siversk, Pokrovsk, chaque village, chaque colline avant qu’un accord ne fige les lignes. C’est transformer le statu quo territorial en leur faveur. C’est créer une réalité sur le terrain que personne ne pourra inverser.
Et le temps joue pour qui ? Difficile à dire. Les Russes ont plus d’hommes. Plus de munitions. Une économie de guerre qui tourne à plein. Mais ils paient un prix monstrueux. Leur économie souffre malgré les apparences. L’inflation galope. Les sanctions mordent. Les jeunes Russes fuient le pays pour éviter la mobilisation. Et militairement, ils n’avancent qu’à un rythme de tortue. Moins de un pour cent de territoire gagné en 2025. C’est ridicule pour une armée qui se prétend la deuxième du monde. Mais c’est quand même un gain. Et chaque gain compte.
L’Ukraine, elle, tient. Contre toute attente. Trois ans et neuf mois après le début de cette invasion qui devait durer trois jours, elle tient toujours. Kiev n’est pas tombée. Kharkiv n’est pas tombée. Odessa n’est pas tombée. La ceinture de forteresses du Donetsk vacille mais ne s’est pas effondrée. Les soldats ukrainiens continuent de se battre avec une détermination qui force l’admiration. Les civils reconstruisent entre les bombardements. Les fermes produisent malgré les mines. Les usines tournent malgré les coupures d’électricité. C’est une résilience incroyable. Mais jusqu’à quand ?
La fatigue de guerre est réelle. Côté ukrainien comme côté russe. Mais l’Ukraine est une démocratie. Son gouvernement doit rendre des comptes à sa population. Si les gens en ont assez, si les familles exigent la fin des combats à n’importe quel prix, Zelensky devra négocier. Même des conditions défavorables. Poutine, lui, n’a pas ce problème. Il contrôle les médias. Il fait taire l’opposition. Il peut continuer la guerre aussi longtemps qu’il le souhaite. Tant que l’armée ne se retourne pas contre lui, tant que les élites ne conspirent pas pour le renverser, il peut tenir. Et ça, c’est l’asymétrie fondamentale de ce conflit. Démocratie contre dictature. Transparence contre opacité. Compassion contre brutalité.
À Siversk, cette asymétrie se traduit concrètement. Les Ukrainiens évacuent les civils. Ils essaient de limiter les pertes civiles. Ils construisent des abris. Ils organisent des corridors humanitaires. Les Russes, eux, bombardent tout. Écoles, hôpitaux, immeubles résidentiels. Peu importe. L’objectif est de terroriser, de vider les villes de leurs habitants, de transformer chaque ville en ruine inhabitable. C’est la tactique de la terre brûlée appliquée au XXIe siècle. Et ça marche. Siversk est passée de dix mille à quatre cents habitants. Les gens ont fui l’enfer. Et ceux qui restent vont bientôt devoir choisir entre mourir sous les bombes ou vivre sous occupation russe. Quel choix horrible. Quelle époque horrible.
Les fantômes de 2014
Cette guerre n’a pas commencé en 2022. C’est important de le rappeler. Elle a commencé en 2014 quand la Russie a annexé la Crimée et soutenu les séparatistes dans le Donbass. Siversk, Sloviansk, Kramatorsk, toutes ces villes ont déjà été attaquées en 2014. Les séparatistes pro-russes les avaient prises. Puis les Ukrainiens les avaient reprises. Durement. Au prix de centaines de vies. Et depuis, pendant onze ans, ils ont fortifié. Ils ont transformé ces villes en bastions défensifs. Ils ont investi des milliards. Ils ont creusé des tranchées. Construit des bunkers. Installé des systèmes d’artillerie. Tout ça pour que ça ne se reproduise jamais.
Et maintenant, ça se reproduit. En pire. Parce qu’en 2014, c’étaient des milices locales, soutenues discrètement par Moscou. En 2022 et après, c’est l’armée russe complète. Des centaines de milliers de soldats. Des milliers de chars. Des avions de chasse. Des missiles balistiques. Une machine de guerre industrielle qui broie tout sur son passage. Et les fortifications ukrainiennes, aussi solides soient-elles, ne peuvent pas tout arrêter. Pas indéfiniment. Pas face à un ennemi qui n’a aucune considération pour les pertes humaines.
Les habitants de Siversk qui sont restés, ceux qui ont survécu à 2014, doivent avoir l’impression de revivre un cauchemar. Voir les mêmes uniformes russes réapparaître dans leurs rues. Entendre les mêmes promesses de libération. Subir les mêmes violences. Sauf que cette fois, l’issue est peut-être différente. En 2014, l’Ukraine a pu reconquérir. En 2025, avec une Russie engagée à fond, avec l’Occident qui hésite, avec la fatigue de guerre qui s’installe, la reconquête sera-t-elle possible ? Ou Siversk tombera-t-elle définitivement sous le joug russe, comme Marioupol, comme Melitopol, comme tant d’autres villes martyres ?
L’histoire de cette région est tragique. Le Donbass a toujours été une zone de friction. Industrielle, russophone, elle a subi toutes les horreurs du XXe siècle. La Holodomor, la famine organisée par Staline qui a tué des millions d’Ukrainiens dans les années 1930. La Seconde Guerre mondiale, avec l’occupation nazie puis la reconquête soviétique. L’ère soviétique avec son industrialisation forcée, ses mines de charbon mortelles, ses villes grises et polluées. Puis l’indépendance ukrainienne en 1991, avec ses espoirs et ses désillusions. Et maintenant, cette guerre sans fin qui dévore tout. Les gens du Donbass méritent mieux. Ils méritent la paix. Pas cette violence perpétuelle. Pas ce statut de chair à canon dans les jeux de pouvoir entre Moscou et Kiev, entre Poutine et l’Occident.
Réflexion : le poids des mots
Écrire sur cette guerre, c’est difficile. Parce que les mots ne suffisent jamais. Comment décrire l’horreur d’un bombardement ? La terreur d’une famille qui fuit sous les obus ? Le désespoir d’un soldat qui voit ses camarades mourir un par un ? Je ne peux pas. Je ne suis pas là-bas. Je suis dans mon bureau, devant mon écran, à analyser des rapports, des cartes, des statistiques. Et je me sens impuissant. Parce qu’à la fin, que change mon article ? Rien. Les Russes vont continuer à attaquer Siversk. Les Ukrainiens vont continuer à se défendre. Les civils vont continuer à souffrir. Et le monde va continuer à regarder, horrifié mais passif. Alors pourquoi j’écris ? Parce qu’il faut. Parce que le silence est complice. Parce que chaque témoignage compte. Parce qu’un jour, quand cette guerre sera finie, on devra se souvenir. Se souvenir de Siversk. De Pokrovsk. De toutes ces villes dont les noms sont devenus synonymes de tragédie. Et ne pas oublier. Jamais.
L’équation impossible de l’Occident
L’Occident est pris dans une équation impossible. Soutenir l’Ukraine sans entrer en guerre directe avec la Russie. Fournir des armes mais pas trop. Imposer des sanctions mais pas au point de provoquer un effondrement économique russe qui déstabiliserait toute la région. Condamner Poutine mais continuer à acheter son gaz, son pétrole, son uranium. C’est de l’hypocrisie ? Oui. C’est du réalisme politique ? Aussi. Parce que personne ne veut une Troisième Guerre mondiale. Personne ne veut voir Paris ou Berlin sous les bombes. Alors on fait le minimum. On aide l’Ukraine à ne pas perdre. Mais pas assez pour qu’elle gagne.
Cette politique de demi-mesures exaspère les Ukrainiens. Ils meurent pendant que l’Occident débat de la livraison de tel ou tel système d’armes. Ils voient leurs villes détruites pendant que l’Europe négocie le prix du gaz avec Moscou. Ils supplient pour des avions de chasse, des missiles longue portée, des systèmes anti-aériens. Et on leur donne des miettes. Trop tard. Trop peu. Avec des restrictions d’emploi qui les empêchent de frapper en profondeur sur le territoire russe. Comment gagner une guerre avec les mains liées dans le dos ? C’est impossible. Et pourtant, on demande à l’Ukraine de tenir. De résister. De ne pas céder. Tout en refusant de lui donner les moyens de vaincre.
Les États-Unis ont fourni le plus. Des milliards en aide militaire. Des HIMARS qui ont changé la donne en 2022. Des missiles Patriot qui protègent Kiev des frappes russes. Des chars Abrams, des véhicules de combat Bradley, des munitions d’artillerie par milliers. Mais Trump, revenu au pouvoir, veut couper les robinets. Il trouve que ça coûte trop cher. Il pense qu’on peut forcer l’Ukraine à négocier en menaçant de couper l’aide. C’est une vision transactionnelle de la guerre. Une vision de businessman qui ne comprend pas que ce qui est en jeu, ce n’est pas juste un bout de territoire. C’est la survie d’une nation. C’est le principe que les frontières ne se changent pas par la force. Que le droit international existe. Que l’agression ne doit pas payer.
L’Europe, elle, est divisée. La Pologne, les Baltes, les pays de l’Est soutiennent fermement l’Ukraine. Ils savent qu’ils sont les prochains sur la liste si Poutine gagne. L’Allemagne, la France hésitent. Ils veulent la paix, mais pas au prix d’un engagement militaire direct. Ils envoient des armes, mais toujours avec retard. Toujours en se demandant jusqu’où ils peuvent aller sans provoquer Moscou. Et cette hésitation, les Russes la perçoivent comme une faiblesse. Comme un feu vert pour continuer. Parce que si l’Occident était vraiment uni, vraiment déterminé, Poutine reculerait. Mais il sent les divisions. Il les exploite. Il joue sur les peurs, sur la fatigue, sur l’égoïsme de chaque pays qui pense d’abord à ses propres intérêts.
Et pendant ce temps, Siversk brûle. Les soldats ukrainiens se battent avec des munitions rationnées. Les hôpitaux manquent de médicaments. Les infrastructures énergétiques sont détruites. L’hiver arrive, et avec lui, le froid qui tue autant que les bombes. Les gens vont geler dans des appartements sans chauffage. Les enfants vont mourir de pneumonie parce que les hôpitaux n’ont plus d’électricité. Et tout ça pendant que l’Occident débat de l’opportunité d’utiliser les actifs russes gelés pour financer la reconstruction. Pendant qu’on tergiverse sur les détails juridiques d’une saisie qui devrait être évidente. L’argent est là. Des centaines de milliards. Gelés en Europe. Utilisons-les. Maintenant. Pas dans six mois. Maintenant. Parce que chaque jour compte. Chaque heure compte.
Vers le point de rupture
On approche d’un point de rupture. Soit l’Occident se réveille et fournit à l’Ukraine les moyens de repousser les Russes, de reprendre l’initiative, de frapper Moscou où ça fait mal. Soit l’Occident laisse tomber, et on assiste à l’effondrement de la ceinture de forteresses, à la chute de Siversk, de Pokrovsk, de Kramatorsk, de Sloviansk. Et après, quoi ? Un accord de paix qui entérine les conquêtes russes ? Un gel du conflit à la coréenne, avec une ligne de démarcation qui traverse l’Ukraine ? Et dans dix ans, dans vingt ans, une nouvelle offensive russe qui reprendra là où celle-ci s’est arrêtée ?
Parce que c’est ça, le vrai danger. Si on laisse Poutine gagner, même partiellement, on envoie un message au monde entier : l’agression fonctionne. Si tu as une armée assez grande, si tu es prêt à sacrifier assez d’hommes, tu peux annexer tes voisins. Et demain, ce sera qui ? La Moldavie ? Les Pays baltes ? La Pologne ? Où s’arrête-t-on ? À Berlin ? À Paris ? Non, il faut tracer la ligne ici. Maintenant. À Siversk. À Pokrovsk. Sur les rives du Dniepr. Dire : pas un mètre de plus. Et le dire avec des actes, pas des mots. Avec des livraisons d’armes massives. Avec des sanctions qui étranglent vraiment l’économie russe. Avec une volonté politique inébranlable.
Mais cette volonté, je ne la vois pas. Je vois des leaders occidentaux fatigués. Des opinions publiques distraites par leurs propres problèmes. Des médias qui parlent moins de l’Ukraine parce que ça fait moins d’audience. Et je vois Poutine qui sourit. Qui sait qu’il a juste à tenir. Qu’à un moment, l’Occident lâchera. Que Trump forcera Zelensky à signer un accord pourri. Que l’Europe acceptera par lassitude. Et que lui, Poutine, pourra déclarer victoire. Annexer officiellement le Donetsk, le Louhansk, la Crimée. Transformer l’Ukraine en État tampon démilitarisé. Et préparer la prochaine guerre. Parce qu’il ne s’arrêtera pas. Jamais. Tant qu’il sera au pouvoir, il poussera. Il testera. Il annexera. C’est dans sa nature. C’est dans l’ADN du régime qu’il a construit.
Alors oui, Siversk c’est important. C’est vital même. Pas juste pour l’Ukraine. Pour nous tous. Parce que si Siversk tombe, si la ceinture de forteresses s’effondre, c’est tout l’ordre international d’après-guerre qui vacille. C’est le principe que les frontières sont sacrées qui meurt. C’est la loi de la jungle qui revient. Et dans cette jungle, les petits pays sont dévorés par les grands. Les démocraties sont écrasées par les dictatures. Les droits humains sont des mots vides de sens. C’est ça, l’enjeu. C’est pour ça que chaque maison défendue à Siversk compte. Chaque tranchée tenue. Chaque soldat ukrainien qui refuse de céder. Ils ne se battent pas juste pour leur pays. Ils se battent pour nous tous. Pour un monde où la force ne fait pas le droit. Pour un monde où on peut vivre en paix sans craindre l’invasion. Pour un monde qui vaut la peine d’être légué à nos enfants.
Conclusion : l'heure de vérité approche
Siversk n’est pas encore tombée. Pas complètement. Les soldats ukrainiens tiennent encore. Dans les décombres, dans le froid, sans munitions suffisantes, ils tiennent. Parce qu’ils n’ont pas le choix. Parce que derrière eux, c’est leur pays. Leurs familles. Leur avenir. Et ils savent que s’ils cèdent, tout s’effondre. La ceinture de forteresses qui a tenu pendant onze ans va céder en quelques semaines. Kramatorsk, Sloviansk, ces villes symboles de la résistance ukrainienne, vont tomber comme des dominos. Et avec elles, l’espoir. L’espoir qu’on peut résister à l’agression russe. L’espoir que le droit peut vaincre la force. L’espoir qu’un petit pays peut tenir tête à un empire.
Mais l’espoir seul ne suffit pas. Il faut des armes. Des munitions. Du soutien. Et du temps. Combien de temps les défenseurs de Siversk peuvent-ils tenir face aux vagues d’assaut russes ? Combien de temps avant que les lignes craquent ? Avant que l’ordre de repli soit donné ? Avant que la ville, ou ce qu’il en reste, passe sous contrôle russe ? Jours ? Semaines ? Mois ? Personne ne sait. Mais chaque jour gagné est une victoire. Chaque jour de résistance est un camouflet pour Poutine. Une preuve que son armée n’est pas invincible. Qu’elle peut être arrêtée. Qu’elle doit être arrêtée.
Le monde regarde Siversk. Enfin, il devrait. Parce que ce qui se passe là-bas, c’est notre avenir qui se joue. Si l’Ukraine tombe, qui sera le prochain ? Si la ceinture de forteresses s’effondre, quelle sera la prochaine ligne de défense ? Le Dniepr ? La frontière polonaise ? Le Rhin ? On rit, mais il y a soixante-dix ans, on disait que la guerre en Europe était impossible. Que plus jamais on ne verrait des villes rasées, des populations déplacées, des millions de morts. Et pourtant, voilà. Ça recommence. Sous nos yeux. Et on ne fait rien. Ou si peu. On envoie des armes, oui. Mais pas assez. On impose des sanctions, oui. Mais pas assez. On condamne, on dénonce, on s’indigne. Mais on ne s’engage pas vraiment. Pas comme en 1914. Pas comme en 1939. Parce qu’on a peur. Peur de Poutine. Peur de la Russie. Peur du nucléaire. Et cette peur nous paralyse.
Mais si on ne surmonte pas cette peur, si on laisse la peur dicter nos choix, alors Poutine a déjà gagné. Parce que c’est exactement ce qu’il veut. Nous terroriser. Nous faire croire qu’il est prêt à tout. Qu’il appuiera sur le bouton nucléaire si on l’acculer. Qu’il vaut mieux le laisser faire que risquer l’apocalypse. Et c’est un mensonge. Poutine ne veut pas mourir. Il veut régner. Il veut son empire. Mais il ne veut pas finir vaporisé dans une guerre nucléaire. C’est du bluff. Un bluff terrifiant, mais un bluff quand même. Et si on appelle ce bluff, si on lui montre qu’on est prêts à défendre nos valeurs, nos alliés, notre monde, alors il reculera. Comme tous les tyrans reculent face à la fermeté. Mais il faut être ferme. Vraiment ferme. Pas juste en paroles. En actes.
Siversk est un test. Un test pour l’Ukraine, bien sûr. Mais aussi un test pour nous. Pour l’Occident. Pour la communauté internationale. Est-ce qu’on laisse tomber ? Est-ce qu’on regarde Siversk tomber, puis Pokrovsk, puis Kramatorsk, en se disant que ce n’est pas notre guerre ? Ou est-ce qu’on se réveille ? Est-ce qu’on comprend enfin que c’est notre guerre ? Que si l’Ukraine perd, on perd tous ? Que le monde de demain sera façonné par ce qui se passe aujourd’hui sur les champs de bataille du Donbass ? Je veux croire qu’on va se réveiller. Que les leaders occidentaux vont arrêter de tergiverser et vont agir. Que les avions de chasse vont être livrés. Que les missiles longue portée vont être délivrés sans restrictions. Que les sanctions vont être renforcées jusqu’à ce que l’économie russe implose. Que l’Ukraine va recevoir tout ce dont elle a besoin pour gagner. Pas juste pour survivre. Pour gagner.
Parce que c’est possible. L’Ukraine peut gagner. Pas facilement. Pas rapidement. Mais elle peut. Si on l’aide vraiment. Si on arrête de jouer petit bras. Si on décide qu’assez c’est assez. Que Poutine doit être arrêté. Maintenant. À Siversk. À Pokrovsk. Sur toute la ligne de front. Et pas seulement arrêté. Repoussé. Vaincu. Forcé à retirer ses troupes. Forcé à payer pour les destructions. Forcé à rendre les territoires volés. C’est ça, la seule paix acceptable. Pas un gel du conflit qui donnera à Poutine le temps de se préparer pour la prochaine offensive. Pas un accord qui récompense l’agression. Mais une vraie paix. Basée sur le droit international. Sur le respect des frontières. Sur la justice.
Alors oui, Siversk craque. Les défenses ukrainiennes sont sous pression. Les Russes avancent. Lentement, au prix de pertes hallucinantes, mais ils avancent. Et ça fait peur. Ça devrait faire peur. Parce que si Siversk tombe, c’est toute la stratégie défensive ukrainienne qui vacille. C’est la porte ouverte à une offensive russe massive vers l’ouest. C’est le début de la fin, peut-être. Mais peut-être pas. Peut-être que Siversk tiendra. Peut-être que les renforts arriveront. Que les livraisons d’armes s’accéléreront. Que l’hiver ralentira l’offensive russe. Que les négociations aboutiront à quelque chose d’acceptable. Peut-être. Je veux y croire. Je dois y croire. Parce que l’alternative est trop horrible à envisager. Un monde où Poutine gagne. Où la force triomphe du droit. Où les dictateurs peuvent annexer leurs voisins impunément. Ce monde-là, je n’en veux pas. Personne n’en veut. Alors battons-nous. Pas avec des armes, pour nous en Occident. Mais avec notre soutien. Notre solidarité. Notre refus de laisser l’Ukraine seule face à l’agresseur. Siversk ne doit pas tomber. Siversk ne tombera pas. Pa
Source : kyivindependent
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