Vous voulez savoir ce qui me rend malade dans cette histoire? C’est le cynisme. Le mensonge éhonté. On nous présente un plan de paix. Vingt-huit points. Propre. Organisé. Diplomatique. Mais quand on lit les détails, c’est une capitulation déguisée. L’Ukraine doit abandonner le Donbass entier. Crimée reconnue comme russe. Kherson et Zaporijia gelées sur les lignes actuelles. L’armée ukrainienne réduite à quatre-vingt-cinq mille hommes. Jamais d’adhésion à l’OTAN. Et la Russie? Qu’est-ce que Moscou donne en échange? Presque rien. Des promesses vagues de ne pas attaquer à nouveau. Des assurances de sécurité floues. C’est grotesque. Insultant. L’Ukraine a perdu plus de treize mille civils depuis février deux mille vingt-deux. Des centaines de milliers de soldats tués ou blessés. Des villes entières détruites. Marioupol n’existe plus. Bakhmout est un champ de ruines. Et on demande à Zelensky de signer un papier qui dit : tout ça, c’était pour rien. Abandonnez vos territoires. Réduisez votre armée. Renoncez à vos alliances. Et faites confiance à Poutine pour ne plus vous attaquer. Faites confiance à Poutine. L’homme qui a envahi la Crimée en deux mille quatorze. L’homme qui a déclenché cette guerre en février deux mille vingt-deux. L’homme dont les forces ont bombardé des hôpitaux, des écoles, des théâtres marqués « enfants » en grosses lettres. Cet homme-là. Et Witkoff, l’ami de Trump, a élaboré ce plan avec les Russes. En secret. Sans consulter réellement l’Ukraine. C’est révoltant.
Le plan de paix à vingt-huit points fait surface en novembre deux mille vingt-cinq. Axios et d’autres médias obtiennent le document complet. La lecture glace le sang. Le point vingt-et-un est le plus brutal : la Crimée, Louhansk et Donetsk seront reconnus comme de facto russes, y compris par les États-Unis. Kherson et Zaporijia maintenus le long de la ligne de contact, signifiant une reconnaissance de facto de ces frontières. Les forces ukrainiennes doivent se retirer de la portion du Donbass qu’elles contrôlent encore. Cette zone sera désignée comme zone démilitarisée neutre, reconnue comme faisant partie de la Fédération de Russie. Lisez ça encore une fois. L’Ukraine doit abandonner des territoires qu’elle défend actuellement. Des villes où vivent des Ukrainiens. Des terres ukrainiennes. Pour les donner à la Russie. Sans combat. Par décret diplomatique. C’est ce que Witkoff et ses amis du Kremlin appellent la paix.
Le point vingt-trois impose des restrictions drastiques sur l’armée ukrainienne. Maximum quatre-vingt-cinq mille soldats. Pas d’armes à longue portée capables de frapper profondément en territoire russe. Pas de déploiement de troupes de l’OTAN sur le sol ukrainien. Jamais. L’Ukraine doit aussi organiser des élections dans les cent jours suivant l’accord. Comment organiser des élections quand une partie de votre pays est occupée? Quand des millions de citoyens sont réfugiés à l’étranger? Quand les infrastructures sont détruites? C’est impossible. Mais le plan s’en fiche. Il exige aussi une amnistie totale pour tous les actes commis durant le conflit. Amnistie totale. Cela signifie que les criminels de guerre russes ne seront jamais poursuivis. Les soldats qui ont violé. Torturé. Exécuté des civils. Bombardé des immeubles résidentiels. Tous amnistiés. Effacé. Oublié. Au nom de la paix.
Et les concessions russes? Dérisoires. Moscou accepte de libérer certains territoires qu’elle occupe en dehors des cinq régions revendiquées. Quels territoires? Le plan ne le précise pas vraiment. Peut-être des zones dans l’oblast de Soumy. Peut-être près de Kharkiv. Peut-être. Des peut-être en échange de territoires concrets abandonnés par l’Ukraine. La Russie sera aussi réintégrée dans l’économie mondiale. Levée progressive des sanctions. Invitation à rejoindre le G8. Accès aux marchés financiers internationaux. Partenariats avec les États-Unis dans l’intelligence artificielle et les mines. Poutine obtient tout ce qu’il veut. Reconnaissance territoriale. Levée des sanctions. Réintégration internationale. Et l’Ukraine? L’Ukraine perd. Perd ses terres. Perd sa sécurité. Perd son avenir européen. Witkoff appelle ça un accord. Les républicains pro-Ukraine appellent ça une capitulation.
Zelensky face au piège
Volodymyr Zelensky est coincé. Le vingt-et-un novembre, il s’adresse à la nation ukrainienne. Son visage est grave. Sa voix tendue. Il dit : c’est l’un des moments les plus difficiles de notre histoire. La pression sur l’Ukraine atteint son paroxysme. Nous faisons face à un choix extrêmement dur : perdre notre dignité ou risquer de perdre un partenaire vital. Vingt-huit points difficiles. Ou un hiver incroyablement dur. Trump a fixé une deadline. Le jeudi suivant Thanksgiving. L’Ukraine doit accepter le plan. Ou alors continuer à se battre. Seule. Sans soutien américain massif. Sans armes. Sans munitions. C’est du chantage diplomatique pur et simple. Acceptez la capitulation ou on vous abandonne. Zelensky sait ce que ça signifie. Sans aide américaine, l’Ukraine ne peut pas tenir longtemps face à la machine de guerre russe.
Mais Zelensky refuse de plier immédiatement. Il dit : je vais présenter des arguments, persuader, offrir des alternatives. Nous ne donnerons certainement pas à l’ennemi de raison de prétendre que l’Ukraine ne veut pas la paix ou obstrue le processus. Nous sommes prêts pour une diplomatie transparente et honnête. C’est de la haute voltige diplomatique. Il doit ménager Trump. Ne pas l’offenser. Tout en défendant les intérêts vitaux de son pays. Il propose des ajustements au plan. Des modifications. Essaie de sauver ce qui peut être sauvé. Mais la marge de manœuvre est mince. Trump veut un accord. Rapidement. Et Witkoff chuchote à l’oreille du président que la Russie est raisonnable. Que Poutine veut la paix. Que l’Ukraine est l’obstacle. C’est un piège qui se referme lentement mais sûrement sur Kyiv.
L'incompétence dangereuse de Witkoff
Parlons franchement de l’incompétence. Parce que même si on met de côté les soupçons de trahison, même si on donne à Witkoff le bénéfice du doute sur ses intentions, il reste un fait indéniable : cet homme n’a aucune idée de ce qu’il fait. Politico rapporte que lors d’une réunion en août deux mille vingt-cinq avec Poutine à Moscou, Witkoff a violé le protocole diplomatique de base. Il n’a pas amené de sténographe du département d’État. Résultat? Aucune transcription américaine de ce que Poutine a dit. Witkoff devait se fier à sa mémoire. Et sa mémoire a failli. Le sept août, il rapporte à des leaders européens que Poutine est prêt à retirer ses troupes de Zaporijia et Kherson en échange du Donbass. Les Européens sont choqués mais intrigués. Le lendemain, Witkoff change son histoire. Non, en fait, Poutine n’a pas offert de retirer ses troupes. Il a juste suggéré de petites concessions. Les officiels européens sont sidérés. Qu’est-ce qui est vrai? Qu’est-ce qui est faux? Witkoff lui-même ne sait plus. Il a utilisé l’interprète du Kremlin durant la réunion. Une femme avec des liens historiques avec le renseignement russe. Pas d’interprète américain indépendant. C’est de l’amateurisme total. Dangereux. Irresponsable. Et ça décide du sort de millions de personnes.
Les rapports sur l’incompétence de Witkoff s’accumulent. Un officiel américain confie à Politico : le truc avec Witkoff, c’est qu’il n’est pas constamment engagé. Il débarque pour une visite chez Vladimir Poutine, dit un tas de trucs, ne dit à personne ce qui s’est vraiment passé, puis se barre pour reprendre sa vie. Pendant ce temps, les Russes te parlent de ce que Witkoff a dit, et tu ne sais pas s’ils disent la vérité, mais tu ne peux pas obtenir de compte-rendu de Witkoff. C’est du n’importe quoi. Witkoff consulte rarement son email gouvernemental. Il refuse de travailler avec les experts du département d’État. Il voit la guerre en Ukraine comme une dispute immobilière. Littéralement. Des sources rapportent qu’il compare les négociations à des deals de propriété. La Crimée? C’est comme un immeuble de bureaux à Manhattan. Le Donbass? Un terrain vacant à développer. Cette vision simpliste ignore des siècles d’histoire, de culture, d’identité nationale. C’est insultant pour les Ukrainiens.
Les officiels russes eux-mêmes sont frustrés par Witkoff. Selon plusieurs sources, ils apprécient qu’il soit proche de Trump et puisse parler en son nom. Mais ils s’inquiètent qu’il ne comprenne pas vraiment ce que Poutine lui dit. Les messages et lignes rouges du Kremlin se perdent dans la traduction. Ou dans l’incompréhension. Witkoff transmet à Trump une version édulcorée, déformée des positions russes. Trump prend alors des décisions basées sur des informations incorrectes. C’est un téléphone arabe diplomatique catastrophique. Les Européens ne font plus confiance à Witkoff. Ils essaient de communiquer directement avec Trump. Contournent l’envoyé spécial. Bruxelles est sidéré par le manque de compréhension de Witkoff des subtilités de la guerre russo-ukrainienne. Un haut responsable européen dit ouvertement : je ne suis pas sûr qu’il puisse transmettre les messages de manière fiable et précise entre Moscou et Washington.
En mars deux mille vingt-cinq, Witkoff participe à un podcast avec Tucker Carlson. Il y fait des déclarations stupéfiantes. Il suggère que les territoires occupés par la Russie devraient être reconnus parce que les gens y ont voté en référendum. Il ignore que ces référendums ont été organisés sous occupation militaire. Sous la menace des armes. Avec des résultats truqués. L’Occident les a unanimement rejetés comme illégaux et frauduleux. Mais Witkoff les cite comme légitimes. Il dit aussi que Poutine ne veut pas conquérir toute l’Europe. Qu’il faut arrêter d’avoir peur. C’est de la propagande russe récitée mot pour mot. Les experts en sécurité européenne sont horrifiés. Des parlementaires ukrainiens demandent publiquement que Witkoff soit retiré des négociations. Ils disent : est-ce l’envoyé de Trump ou un représentant de Poutine? La question n’est pas rhétorique.
L’argent et les conflits d’intérêts
Witkoff n’est pas seulement incompétent. Il a aussi des conflits d’intérêts potentiels. Sa carrière immobilière l’a mis en contact avec des investisseurs du Golfe. En deux mille vingt-trois, il vend le Park Lane Hotel à Manhattan au Qatar Investment Authority pour six cent vingt-trois millions de dollars. Des fonds souverains d’Abou Dhabi sont également impliqués. Ces connexions au Moyen-Orient facilitent son rôle dans les négociations sur Gaza. Mais elles soulèvent aussi des questions. Witkoff a-t-il des intérêts financiers qui pourraient influencer ses décisions diplomatiques? Le modèle est connu. Jared Kushner, prédécesseur de Witkoff dans ce type de rôle, a quitté ses fonctions officielles et a immédiatement reçu deux milliards de dollars de l’Arabie saoudite pour un fonds d’investissement privé. Plus un milliard des Émirats arabes unis et du Qatar. Est-ce que Witkoff suit la même trajectoire? Utilise-t-il sa position pour préparer des deals futurs? Personne ne le sait avec certitude. Mais les apparences sont troublantes.
Trump défend farouchement Witkoff. Interrogé sur les transcriptions révélées par Bloomberg, le président dit : il doit vendre ça à l’Ukraine, il doit vendre l’Ukraine à la Russie. C’est ce que fait un négociateur. Cette défense est révélatrice. Trump voit la diplomatie comme un deal immobilier. Peu importe la morale. Peu importe la justice. Peu importe le droit international. Ce qui compte c’est de conclure un accord. N’importe quel accord. Même si cet accord sacrifie un allié démocratique sur l’autel de l’apaisement d’un dictateur. Trump ajoute : je ne l’ai pas écouté, mais j’ai compris que c’était une négociation standard. Je suppose qu’il dit la même chose à l’Ukraine, parce que chaque partie doit donner et prendre. Standard. Ce mot encore. Rien n’est standard dans cette affaire. Tout est anormal, dangereux, scandaleux.
Les républicains se rebellent
Il y a quelque chose de presque tragique dans la rébellion des républicans pro-Ukraine. Ces hommes ont soutenu Trump à travers tout. Les scandals. Les mensonges. Les controverses. Ils ont avalé des couleuvres pendant des années. Mais là, c’en est trop. Don Bacon, représentant du Nebraska, écrit que Witkoff devrait être viré. Brian Fitzpatrick, co-président du caucus ukrainien au Congrès, appelle le plan russe une liste de souhaits absurde qui doit être déchiquetée. Mitch McConnell, l’ancien chef de la majorité sénatoriale républicaine, avertit Trump que apaiser la Russie ne mènera pas à la paix. Ces voix sont importantes. Pas parce qu’elles sont démocrates ou anti-Trump par principe. Non. Parce qu’elles viennent de l’intérieur du parti. De conservateurs qui comprennent la menace russe. Qui savent que Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine si on le laisse gagner. Qui voient dans ce plan de paix les germes d’une catastrophe plus large. McConnell compare la situation au retrait désastreux d’Afghanistan sous Biden. Il dit que récompenser la brutalité russe serait désastreux pour les intérêts américains. Il a raison. Absolument raison. Mais sera-t-il écouté? Trump n’aime pas qu’on le contredise. Surtout pas publiquement. La bataille fait rage au sein du parti républicain.
Don Bacon est sans ambages. Le vingt-six novembre, il écrit sur les réseaux sociaux : pour ceux qui s’opposent à l’invasion russe et veulent voir l’Ukraine prévaloir en tant que pays souverain et démocratique, il est clair que Witkoff favorise pleinement les Russes. On ne peut pas lui faire confiance pour mener ces négociations. Un agent payé par les Russes ferait-il moins que lui? Il devrait être viré. Les mots sont durs. Accusateurs. Bacon ne suggère pas que Witkoff soit incompétent. Il suggère quelque chose de pire : que Witkoff agit délibérément dans l’intérêt de Moscou. Que sa loyauté est douteuse. C’est une accusation gravissime contre un représentant américain. Mais Bacon n’est pas seul à la formuler. D’autres républicains partagent cette inquiétude. Même s’ils utilisent des termes plus diplomatiques.
Brian Fitzpatrick appelle la situation un problème majeur. Il exige que les spectacles ridicules et les réunions secrètes cessent. Il veut que le secrétaire d’État Marco Rubio fasse son travail de manière juste et objective. Rubio est dans une position difficile. Techniquement, c’est lui le chef de la diplomatie américaine. Mais Trump contourne constamment le département d’État. Il utilise Witkoff comme canal direct avec le Kremlin. Rubio essaie de reprendre le contrôle. Il insiste pour dire que le plan de paix à vingt-huit points a été élaboré par les États-Unis, pas par la Russie. Mais des sénateurs qui ont assisté à des briefings confidentiels racontent une histoire différente. Ils disent que Rubio leur a d’abord dit que le plan venait de la Russie. Puis il s’est rétracté. A dit que non, c’était américain. Cette confusion mine la crédibilité de l’administration.
Mitch McConnell lance l’avertissement le plus sévère. Le vingt-quatre novembre, il publie une déclaration : le président Trump a raison de dire que la faiblesse de Biden a encouragé des adversaires comme Poutine. Mais ceux qui pensent que presser la victime et accommoder l’agresseur apportera la paix se trompent eux-mêmes. McConnell pose ensuite des questions dérangeantes : quelles concessions difficiles exigeons-nous de la Russie? Comment limiter les défenses de l’Ukraine contre de futures agressions augmente-t-il les chances d’une paix durable? Notre crédibilité est en jeu. Alliés et adversaires observent : l’Amérique tiendra-t-elle bon contre l’agression ou la récompensera-t-elle? McConnell compare le plan à l’abandon catastrophique de l’Afghanistan. Il dit que si les conseillers de Trump sont plus préoccupés d’apaiser Poutine que d’obtenir une vraie paix, alors le président devrait trouver de nouveaux conseillers. C’est une critique dévastatrice venant d’un poids lourd républicain.
Le silence complice des trumpistes purs et durs
Mais tous les républicains ne rejoignent pas le chœur des critiques. Les trumpistes purs et durs, les loyalistes inconditionnels, restent silencieux. Ou pire, défendent Witkoff. Le vice-président JD Vance attaque McConnell. Il dit que l’ancien chef sénatorial ne comprend pas la nouvelle politique étrangère américaine. Que l’ère de l’interventionnisme sans fin est terminée. Que l’Amérique doit se concentrer sur ses propres intérêts. Pas sur ceux de l’Ukraine. Cette rhétorique isolationniste séduit une partie de la base républicaine. Celle qui en a marre des guerres étrangères. Qui ne veut plus envoyer d’argent à Kyiv. Qui pense que l’Europe devrait se défendre toute seule. Mais cette vision ignore la réalité géopolitique. Si l’Ukraine tombe, la Pologne est la prochaine cible. Puis les Pays Baltes. Puis qui sait?
Steven Cheung, directeur des communications de la Maison Blanche, défend aussi Witkoff. Il dit : cela prouve une chose : l’envoyé spécial Witkoff parle aux deux parties, la Russie et l’Ukraine, tous les jours pour travailler vers la paix, ce qui est exactement ce que le président Trump l’a nommé pour faire. Cheung présente les révélations comme preuve que Witkoff fait son travail. Mais la question n’est pas de savoir s’il parle aux deux parties. La question est : que dit-il? À qui profitent ses conseils? Et les transcriptions montrent clairement que ses conseils à Ouchakov n’étaient pas équilibrés. Il n’a pas dit : voici ce que l’Ukraine veut, trouvons un compromis. Non. Il a dit : voici comment manipuler mon patron pour obtenir ce que vous voulez. C’est radicalement différent. Et profondément troublant.
L'Ukraine sous pression maximale
Essayez d’imaginer. Votre pays est envahi. Des centaines de milliers de vos concitoyens sont morts. Des millions sont réfugiés. Vos villes sont des champs de ruines. Et puis l’allié dont vous dépendez pour votre survie vous tend un papier. Un plan. Qui dit : abandonnez un cinquième de votre territoire. Réduisez votre armée. Renoncez à vos aspirations. Et faites confiance à l’agresseur pour ne plus vous attaquer. Vous avez une semaine pour décider. Sinon, on vous coupe les vivres. C’est la situation de l’Ukraine fin novembre deux mille vingt-cinq. Zelensky est pris en étau. D’un côté, Trump qui veut son accord à tout prix. De l’autre, son propre peuple qui refuse la capitulation. Les soldats au front qui se battent depuis presque quatre ans. Les familles qui ont perdu des êtres chers. Comment peut-il leur dire : tout ça, c’était pour rien? Comment peut-il regarder les parents d’un soldat tué à Bakhmout et leur expliquer que cette ville appartient maintenant officiellement à la Russie? C’est impossible. Humainement impossible. Mais diplomatiquement nécessaire? Peut-être. Et c’est cette tension qui me brise le cœur. Parce que je ne sais pas ce que je ferais à sa place. Je ne sais pas.
Le vingt novembre deux mille vingt-cinq, les détails du plan à vingt-huit points fuient dans la presse. Axios, puis CNN, puis le Financial Times publient le document complet. Les Ukrainiens sont sous le choc. Même ceux qui s’attendaient à devoir faire des concessions sont stupéfaits par l’ampleur de ce qui est demandé. Le plan exige que l’Ukraine cède des territoires qu’elle contrôle encore. Pas seulement reconnaître ce que la Russie occupe déjà, mais se retirer activement de zones sous contrôle ukrainien. Sloviansk et Kramatorsk, deux villes majeures du Donbass, devraient être abandonnées. Des centaines de milliers de personnes vivent là. Elles devraient quoi? Partir? Rester sous occupation russe? Le plan ne le dit pas. Il s’en fiche. Ce sont juste des lignes sur une carte pour les négociateurs à Washington et Moscou.
Trump fixe une deadline. Le jeudi suivant Thanksgiving. Quatre jours. L’Ukraine a quatre jours pour accepter un plan qui redéfinit son existence nationale. C’est grotesque. Zelensky essaie de négocier. Il envoie des émissaires à Genève pour rencontrer des officiels américains. D’autres vont à Abou Dhabi où se tiennent des pourparlers séparés entre Américains et Russes. Oui, vous avez bien lu. Des pourparlers séparés. Les Russes et les Américains discutent de l’avenir de l’Ukraine sans les Ukrainiens dans la pièce. C’est une violation fondamentale du principe que rien sur l’Ukraine ne se décide sans l’Ukraine. Mais ce principe semble ne plus compter. Trump veut un deal. Il veut pouvoir annoncer qu’il a mis fin à la guerre. Que lui seul pouvait le faire. Et tant pis si le prix est l’intégrité territoriale ukrainienne.
Les Européens sont divisés. Certains, comme le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer, affirment leur soutien à l’Ukraine. Ils publient une déclaration commune : nous nous engageons à poursuivre l’objectif à long terme de protéger les intérêts européens et ukrainiens essentiels. Cela inclut de garantir que la ligne de contact serve de point de compréhension et que les forces ukrainiennes conservent la capacité de défendre efficacement la souveraineté de l’Ukraine. C’est une position qui contraste avec le plan américain. Mais que pèsent ces mots face à la réalité du chantage américain? L’Europe peut-elle compenser seule si les États-Unis coupent l’aide militaire? Probablement pas. Du moins pas rapidement. L’Ukraine le sait. Trump le sait. Poutine le sait.
La résistance ukrainienne
Mais l’Ukraine ne se rend pas sans combattre. Diplomatiquement, en tout cas. Zelensky mobilise tous les canaux. Il parle avec Erdogan en Turquie. Avec les leaders du G20 à Johannesburg. Avec ses homologues européens. Il essaie de construire un front uni qui pourrait résister à la pression américaine. Ou du moins la modérer. Il propose des amendements au plan. Des garanties de sécurité plus fortes. Une présence militaire européenne en Ukraine pour dissuader de futures agressions russes. Un calendrier pour l’adhésion à l’Union européenne. Des mécanismes de vérification pour s’assurer que la Russie respecte ses engagements. Ces demandes sont raisonnables. Mais elles compliquent le plan simple que Trump et Witkoff ont en tête. Et les complications ne sont pas les bienvenues.
Sur le terrain, les soldats ukrainiens continuent de se battre. Ils ne savent pas encore que leur gouvernement pourrait signer un accord qui abandonne les villes pour lesquelles ils meurent chaque jour. Dans la région de Pokrovsk, sous assaut russe constant, les combattants interrogés par des journalistes disent leur déception. Ils ont cru que l’Amérique les soutiendrait jusqu’à la victoire. Ou du moins jusqu’à une paix juste. Maintenant ils apprennent que Washington négocie leur défaite. Un soldat dit : on nous demande de tenir la ligne. Mais quelle ligne? Celle d’hier? Celle d’aujourd’hui? Ou celle que Trump et Poutine traceront demain sur une carte? C’est le désespoir de ceux qui se battent pendant que d’autres négocient leur sort.
Poutine jubile en coulisses
Si je devais imaginer la scène au Kremlin quand les transcriptions de l’appel Witkoff-Ouchakov sont devenues publiques, je verrais des sourires. Pas des sourires larges et ouverts, non. Des petits sourires satisfaits. Discrets. Parce que Poutine a gagné. Il a réussi à infiltrer le processus de négociation américain sans même avoir besoin d’espions traditionnels. Witkoff fait le travail gratuitement. Par naïveté? Par incompétence? Par calcul? Peu importe. Le résultat est le même. La Russie obtient un plan de paix qui ressemble trait pour trait à ce qu’elle demande depuis le début. Reconnaissance territoriale. Levée des sanctions. Limites sur l’armée ukrainienne. Pas d’OTAN. Tout y est. Et maintenant, Poutine joue le jeu. Il dit que le plan pourrait servir de base à un accord final. Notez le conditionnel. Pourrait. Il ne s’engage à rien. Il garde ses options ouvertes. Parce qu’il sait que le temps joue pour lui. Plus la guerre dure, plus l’Ukraine s’affaiblit. Plus l’Occident se lasse. Plus Trump devient impatient. Poutine peut attendre. Il a attendu des années pour lancer l’invasion. Il peut attendre encore quelques mois pour voir si un accord encore plus favorable se profile. C’est un joueur d’échecs. Et il a plusieurs coups d’avance.
Vladimir Poutine fait des déclarations publiques soigneusement calibrées. Le vingt novembre, lors d’une réunion avec son conseil de sécurité, il dit avoir reçu la proposition américaine. Il affirme qu’elle pourrait servir de base pour un accord de paix final. Mais il ajoute immédiatement des conditions. La Russie doit être flexible, dit-il, comme discuté lors du sommet avec Trump en Alaska en août. Mais cette flexibilité n’est pas un blanc-seing. Poutine insiste pour que les causes profondes du conflit soient résolues. C’est un langage codé. Les causes profondes, selon Moscou, c’est l’expansion de l’OTAN. C’est l’identité ukrainienne distincte de la russe. C’est l’orientation occidentale de Kyiv. En d’autres termes, Poutine veut que l’Ukraine cesse d’exister en tant que nation souveraine orientée vers l’Occident. C’était son objectif en février deux mille vingt-deux. C’est toujours son objectif.
Les médias d’État russes amplifient le message. Ils montrent des clips de Witkoff sur le podcast de Tucker Carlson. Où l’envoyé américain dit que Poutine ne veut pas conquérir toute l’Europe. Que la Russie a des préoccupations de sécurité légitimes. Que l’Occident devrait être plus compréhensif. C’est de la musique aux oreilles du Kremlin. La propagande russe utilise ces déclarations pour dire : voyez, même les Américains reconnaissent que nous avons raison. Même leur envoyé spécial comprend notre position. Les citoyens russes, bombardés par cette propagande vingt-quatre heures sur vingt-quatre, se confortent dans l’idée que leur pays mène une guerre juste. Que les pertes énormes, plus d’un million de casualties selon certaines estimations, ne sont pas en vain. Que la victoire approche.
Mais en coulisses, les officiels russes préparent déjà la prochaine phase. Même si l’accord est signé, ils savent qu’il ne sera pas la fin. Juste une pause. Un répit pour reconstituer les forces. Intégrer les territoires occupés. Russifier les populations. Puis, dans cinq ans, dix ans, recommencer. Parce que l’objectif ultime n’a pas changé. Poutine veut restaurer la sphère d’influence soviétique. L’Ukraine n’est que la première étape. La Moldavie pourrait être la prochaine. Ou la Géorgie. Ou, si l’Occident montre assez de faiblesse, les Pays Baltes. Le plan de Witkoff ne met pas fin à cette ambition. Il la récompense. La valide. La rend plus facile à réaliser.
Les leçons non apprises de l’Histoire
L’Histoire nous enseigne une leçon simple : apaiser les dictateurs ne fonctionne pas. En mille neuf cent trente-huit, à Munich, les démocraties européennes ont cédé la Tchécoslovaquie à Hitler. Pour acheter la paix. Chamberlain est rentré à Londres en agitant un papier et en déclarant : paix pour notre époque. Un an plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclatait. Hitler n’a pas été satisfait par les Sudètes. Il voulait plus. Toujours plus. Poutine est du même moule. En deux mille huit, il a envahi la Géorgie. L’Occident a protesté mollement puis est passé à autre chose. En deux mille quatorze, il a annexé la Crimée. L’Occident a imposé quelques sanctions mais a continué à faire du business avec Moscou. En deux mille vingt-deux, il a lancé l’invasion totale de l’Ukraine. À chaque fois, l’Occident a espéré que ce serait la dernière fois. Et à chaque fois, Poutine a prouvé que l’appétit vient en mangeant.
McConnell et les autres républicains pro-Ukraine comprennent cette dynamique. Ils ont étudié l’Histoire. Ils savent que céder maintenant prépare seulement la prochaine crise. Mais Trump et Witkoff ne semblent pas s’en soucier. Pour eux, le succès se mesure à court terme. Un accord signé. Une guerre apparemment terminée. Des gros titres positifs. Peu importe si cet accord est bancal. Peu importe s’il plante les graines de conflits futurs. Ce qui compte c’est pouvoir dire : je l’ai fait. Personne d’autre ne pouvait, mais moi j’ai réussi. C’est de la politique de l’ego, pas de la stratégie. Et les conséquences seront portées par les Ukrainiens. Par les Européens. Par les futures générations qui devront nettoyer le gâchis.
Conclusion : la trahison au grand jour
En écrivant cette conclusion, je ressens un mélange de colère et de tristesse. Colère parce que cette situation n’aurait jamais dû se produire. Un promoteur immobilier sans expérience diplomatique n’aurait jamais dû être nommé envoyé pour une guerre qui définit l’ordre mondial du vingt-et-unième siècle. Il n’aurait jamais dû avoir l’opportunité de chuchoter des conseils stratégiques au Kremlin. Il n’aurait jamais dû pouvoir saboter l’Ukraine depuis l’intérieur du gouvernement américain. Mais voilà, c’est arrivé. Et ça continue d’arriver. Parce que Trump ne voit rien de mal. Parce que la base trumpiste refuse d’ouvrir les yeux. Parce que les intérêts personnels et politiques l’emportent sur les principes. Et la tristesse? Elle vient du constat que l’Ukraine, qui s’est battue avec un courage extraordinaire, qui a repoussé une superpuissance, qui a défendu la démocratie et les valeurs occidentales, pourrait être trahie par ceux-là mêmes qui prétendaient la soutenir. Les Ukrainiens méritaient mieux. Ils méritaient un allié fidèle. Un partenaire honnête. Pas un négociateur qui travaille pour l’autre camp. Pas un président qui mesure le succès en gros titres plutôt qu’en justice. L’Histoire jugera sévèrement cette période. Les générations futures demanderont : comment avez-vous pu laisser faire ça? Et nous n’aurons pas de bonnes réponses. Juste des excuses. Des justifications faibles. Des regrets tardifs. C’est pathétique. Et ça me met en rage.
Le scandale Witkoff révèle une vérité dérangeante sur l’état actuel de la politique étrangère américaine. La loyauté personnelle compte plus que la compétence. Les deals immobiliers servent de modèle pour la diplomatie internationale. Les intérêts des alliés démocratiques sont sacrifiés sur l’autel de relations personnelles entre leaders. Trump et Poutine. Witkoff et Ouchakov. Ces liens bilatéraux, ces canaux informels, court-circuitent les institutions qui existent précisément pour éviter les erreurs catastrophiques. Le département d’État américain emploie des milliers d’experts. Des spécialistes de la Russie qui parlent la langue, connaissent la culture, comprennent la stratégie du Kremlin. Mais ils sont ignorés. Contournés. Parce que Trump préfère faire confiance à son pote promoteur. C’est de l’amateurisme dangereux élevé au rang de politique officielle.
Les républicains qui osent critiquer sont marginalisés. Traités de traîtres au mouvement MAGA. Accusés de ne pas comprendre la nouvelle Amérique. Mais ils ont raison. L’Amérique ne peut pas abandonner ses alliés sans conséquences. Si l’Ukraine tombe, qui fera confiance aux garanties américaines? La Pologne? Les Pays Baltes? Taïwan face à la Chine? La Corée du Sud face au Nord? Israël face à l’Iran? Personne. Parce que tout le monde aura vu que Washington abandonne ses partenaires quand ça devient politiquement pratique. La crédibilité américaine, construite sur des décennies, peut être détruite en quelques mois. Et Witkoff, avec ses appels téléphoniques maladroits et ses conseils au Kremlin, est en train de la détruire activement.
L’Ukraine se bat pour sa survie. Pas seulement contre l’armée russe. Mais aussi contre la lassitude occidentale. Contre les calculs politiques à Washington. Contre les Witkoff de ce monde qui voient les nations comme des pions sur un plateau de négociation immobilière. Zelensky a dit que c’est l’un des moments les plus difficiles de l’histoire ukrainienne. Il a raison. Mais c’est aussi un moment de vérité pour l’Occident. Soit nous défendons les principes que nous prétendons chérir, la démocratie, la souveraineté, le droit international, soit nous les abandonnons pour la convenance du moment. Le choix que nous faisons maintenant définira le monde dans lequel vivront nos enfants. Un monde où l’agression est punie ou récompensée. Où les valeurs comptent ou non. Où Steve Witkoff et son incompétence criminelle deviennent une note de bas de page honteuse ou le symbole d’une capitulation historique. L’Histoire nous regarde. Et nous sommes en train de faillir au test.
Source : united24media
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