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Chronique : 216 affrontements en 24 heures, l’Ukraine suffoque sous la pression Russe sur les secteurs de Pokrovsk et Lyman
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Le front ukrainien vacille. 216 affrontements en une seule journée. Le chiffre tombe comme un couperet le 26 novembre 2025. L’état-major ukrainien confirme cette réalité brutale : les forces russes concentrent leur offensive sur deux axes stratégiques majeurs, Pokrovsk et Lyman, dans un assaut coordonné qui menace de fracturer les lignes de défense. Les combats s’intensifient. La machine de guerre russe ne ralentit pas, elle accélère. Moskva déploie des tactiques d’infiltration, des vagues d’infanterie, des bombes planantes qui pulvérisent les positions défensives. Les pertes s’accumulent des deux côtés dans une arithmétique mortelle qui redessine quotidiennement la géographie du Donbass. Cette escalade n’est pas un hasard. Elle survient alors que des négociations de paix s’enlisent, que Donald Trump recule sur ses ultimatums, que l’hiver s’installe sur un front déjà exsangue. Les soldats ukrainiens tiennent, mais combien de temps encore face à cette pression incessante qui ne leur laisse aucun répit.


Je regarde ces chiffres et je dois avouer quelque chose qui me dérange profondément. 216 affrontements. On lit ça comme une statistique, un nombre parmi d’autres dans le flot quotidien d’informations sur cette guerre. Mais derrière chaque affrontement il y a des hommes qui tirent, qui crient, qui meurent peut-être. Il y a des positions qui changent de mains, des villages qui basculent d’un camp à l’autre. Et nous, on est là à commenter depuis nos écrans confortables. Je me demande parfois si on saisit vraiment l’ampleur de ce qui se joue là-bas. Pokrovsk. Lyman. Ces noms résonnent maintenant comme des symboles, mais pour les soldats ukrainiens qui défendent ces secteurs, c’est leur réalité quotidienne depuis des mois. L’épuisement. La peur. L’adrénaline constante. Les Russes ne lâchent rien, ils poussent, ils pressent, ils sacrifient des milliers d’hommes pour gagner quelques kilomètres carrés. Cette obstination me fascine autant qu’elle me terrifie. Parce que ça révèle une détermination qui va au-delà de la logique militaire classique. Poutine veut Donetsk. Il le veut à n’importe quel prix. Et ce prix, ce sont les vies de ses soldats qu’il paie sans hésiter. Du côté ukrainien, la résistance s’organise mais on sent la tension monter. Les munitions, le matériel, les hommes… tout manque. Tout. Comment tenir indéfiniment face à un adversaire qui semble avoir des réserves infinies? Cette question me hante parce que je n’ai pas de réponse rassurante à y apporter.

Introduction : quand le front devient un brasier sans fin

L’Ukraine traverse l’une des périodes les plus critiques depuis le début de l’invasion russe. Le rapport opérationnel de l’état-major ukrainien publié le 26 novembre 2025 à 22 heures dresse un tableau sans ambiguïté : 216 engagements de combat ont été enregistrés en 24 heures sur l’ensemble du front. Un record qui témoigne de l’intensification massive des opérations offensives russes. Cette augmentation drastique des affrontements n’est pas le fruit du hasard. Moskva a clairement décidé d’accélérer son calendrier militaire avant l’hiver, avant que les conditions météorologiques ne figent le terrain, avant que d’éventuelles négociations ne gèlent les positions. La concentration des efforts sur les secteurs de Pokrovsk et Lyman révèle une stratégie cohérente : fracturer le dispositif défensif ukrainien dans le Donbass, couper les lignes de ravitaillement, encercler les poches de résistance. Ces deux axes représentent des enjeux stratégiques majeurs. Pokrovsk constitue un hub logistique vital pour l’armée ukrainienne, un carrefour ferroviaire et routier sans lequel l’approvisionnement des forces à l’est devient problématique. Sa chute entraînerait un effondrement en cascade des positions ukrainiennes dans toute la région. Lyman, de son côté, contrôle l’accès aux routes menant vers Sloviansk et Kramatorsk, ces villes forteresses que les Russes convoitent depuis des mois. La pression exercée sur ces deux secteurs n’est donc pas tactique, elle est stratégique et vise à créer les conditions d’une percée décisive avant la fin de l’année.

Les forces russes ont déployé une palette complète de moyens pour cette offensive d’automne. L’aviation russe a effectué 41 frappes aériennes le 26 novembre, larguant 103 bombes planantes guidées sur les positions ukrainiennes. Ces munitions, des bombes soviétiques reconverties avec des kits de guidage UMPK pour environ 25 000 dollars pièce, permettent aux avions russes de frapper à distance sans entrer dans la zone d’engagement de la défense antiaérienne ukrainienne. Cette asymétrie aérienne pèse lourdement sur le moral et les capacités défensives des Ukrainiens qui ne peuvent pas riposter efficacement. Parallèlement, Moskva a lancé 3 178 drones kamikazes et effectué 2 972 tirs d’artillerie sur les positions et les zones habitées. Cette combinaison de feu massif vise à saturer les défenses, à épuiser les réserves de munitions antiaériennes ukrainiennes, à créer des brèches dans le dispositif. Les tactiques russes ont évolué depuis les assauts frontaux massifs de 2022-2023. Désormais, les forces de Moskva privilégient les infiltrations par petits groupes, l’exploitation du terrain boisé et marécageux, les attaques nocturnes soutenues par une couverture drone intensive. Ces méthodes réduisent les pertes en véhicules blindés tout en maintenant une pression constante qui use progressivement les défenseurs. L’objectif n’est plus de percer rapidement mais d’accumuler des gains tactiques quotidiens qui, mis bout à bout, finissent par créer des avancées opérationnelles significatives.

La situation sur le terrain reflète une guerre d’usure dans sa forme la plus brutale. Les estimations britanniques et ukrainiennes convergent : la Russie subit entre 950 et 1 140 pertes quotidiennes depuis août 2025, un chiffre colossal qui représente plus de 350 000 soldats russes tués ou blessés depuis le début de 2025. Ces pertes n’ont pourtant pas ralenti le rythme opérationnel russe. Le Kremlin continue de mobiliser, de recruter des volontaires attirés par des primes substantielles, de puiser dans ses réserves humaines apparemment inépuisables. Cette capacité à absorber des pertes massives tout en maintenant la pression offensive constitue un avantage stratégique que l’Ukraine, avec sa population trois fois inférieure, ne peut égaler. Du côté ukrainien, les pertes sont moindres mais néanmoins significatives. Les estimations occidentales évoquent entre 60 000 et 100 000 morts ukrainiens et plus de 400 000 blessés depuis février 2022. Ces chiffres, bien qu’inférieurs aux pertes russes, représentent une saignée dramatique pour un pays de 40 millions d’habitants. Les brigades ukrainiennes qui se battent à Pokrovsk et Lyman accumulent les mois de combats ininterrompus. Certaines unités comme la 25e brigade aéroportée ont été redéployées de Bakhmout vers Pokrovsk sans véritable période de repos et de reconstitution. L’épuisement physique et psychologique atteint des niveaux critiques. Les rotations sont insuffisantes. Les renforts arrivent avec moins d’entraînement qu’auparavant. La mobilisation de 200 000 hommes supplémentaires prévue pour fin 2025 tarde à produire ses effets sur le front.

Pokrovsk : le verrou qui ne doit pas sauter

Pokrovsk cristallise toutes les angoisses ukrainiennes. Cette ville de 60 000 habitants avant la guerre est devenue un nœud logistique absolument vital pour les forces ukrainiennes déployées dans le Donbass oriental. Son importance ne réside pas dans sa taille ou sa population mais dans sa position géographique : Pokrovsk se situe à l’intersection de plusieurs axes routiers majeurs menant vers Kostiantynivka à l’est, Dnipro et Zaporizhzhia à l’ouest. Sa gare ferroviaire permet l’acheminement de munitions, de carburant, de matériel lourd vers les unités combattantes. Perdre Pokrovsk signifierait couper ces artères vitales et contraindre l’armée ukrainienne à emprunter des itinéraires secondaires beaucoup plus longs et vulnérables aux frappes russes. Les forces russes ont commencé leur progression vers Pokrovsk après la chute d’Avdiivka en février 2024. Depuis, elles ont avancé méthodiquement, village après village, exploitant leur supériorité numérique et leur domination aérienne. En juillet 2024, les Russes ont franchi une étape décisive en s’emparant de Prohres, créant une brèche dans les lignes ukrainiennes qui leur a permis d’accélérer leur progression. Depuis, l’avancée russe s’est poursuivie à un rythme d’environ 9 à 10 kilomètres carrés par jour selon l’Institute for the Study of War, un rythme lent mais constant qui grignote inexorablement les défenses ukrainiennes. Début août 2025, une offensive russe majeure a été lancée au nord-est de Pokrovsk depuis Vozdvyzhenka, ouvrant un nouveau front qui menace désormais d’encercler la ville.

Les tactiques russes autour de Pokrovsk diffèrent sensiblement de celles employées lors de batailles précédentes comme Bakhmout. Au lieu d’assauts frontaux massifs dans les zones urbaines, les forces russes tentent d’encercler Pokrovsk en coupant progressivement ses voies d’approvisionnement. Cette approche vise à forcer les Ukrainiens à se retirer pour éviter l’encerclement plutôt que de les engager dans des combats urbains coûteux. Les Russes ont réussi à couper plusieurs routes d’approvisionnement, rendant le ravitaillement de Pokrovsk de plus en plus périlleux. Les drones russes patrouillent constamment au-dessus des axes routiers, détectant et frappant les convois logistiques. Un médecin de combat ukrainien stationné à Pokrovsk a décrit une situation où les véhicules d’évacuation ne peuvent plus s’approcher à moins de 10 à 15 kilomètres des lignes de front en raison de l’activité drone intensive. Même à cette distance, les risques restent élevés. Cette pression logistique érode progressivement la capacité ukrainienne à défendre la ville. Fin octobre 2025, des groupes d’infiltration russes ont réussi à pénétrer dans Pokrovsk même, s’établissant dans certains quartiers. Des vidéos géolocalisées ont montré des soldats russes entrant dans la ville avec des motos et des véhicules civils, profitant du brouillard pour éviter la détection. Bien que ces infiltrations aient été partiellement repoussées par des contre-attaques ukrainiennes, elles démontrent la vulnérabilité croissante des positions ukrainiennes.

L’état-major russe a massé des forces considérables pour cette offensive. Selon l’analyste militaire ukrainien Kostyantyn Mashovets, entre 110 000 et 112 000 soldats russes sont déployés dans le secteur de Pokrovsk, soutenus par 500 à 520 chars, 680 à 700 véhicules blindés, 560 pièces d’artillerie et plus de 180 lance-roquettes multiples. Cette concentration de forces représente deux armées combinées russes, un investissement massif qui témoigne de l’importance stratégique que le Kremlin accorde à la capture de Pokrovsk. Les unités russes engagées incluent des éléments d’élite comme des Spetsnaz et de l’infanterie navale, indiquant que Moskva ne lésine pas sur la qualité des troupes déployées. Malgré cette supériorité numérique écrasante, les Russes progressent lentement. Depuis leur première infiltration dans Pokrovsk fin juillet 2025, ils n’ont avancé que de 0,12 kilomètre par jour en moyenne. Après plus de 118 jours de combats dans la ville, ils ne contrôlent que 66% de son territoire selon les évaluations de l’ISW au 26 novembre 2025. Cette lenteur s’explique par la résistance ukrainienne acharnée, par les structures industrielles qui offrent d’excellentes positions défensives, et par l’utilisation intensive de drones ukrainiens qui ciblent les concentrations de troupes russes. Les contre-attaques ukrainiennes dans le nord de Pokrovsk fin novembre ont même permis de reprendre certaines positions, démontrant que la bataille est loin d’être terminée.


Pokrovsk me fait penser à toutes ces villes ukrainiennes qui sont devenues des symboles. Marioupol. Bakhmout. Avdiivka. Des noms qu’on ne connaissait pas il y a trois ans et qui maintenant résonnent dans l’actualité mondiale. Chaque fois, c’est le même scénario qui se répète. Les Russes encerclent progressivement, coupent les routes, pilonnent sans relâche, et finalement les Ukrainiens doivent se replier pour éviter d’être piégés. Sauf que chaque repli coûte cher stratégiquement. Parce qu’à force de reculer, on finit par manquer d’espace. Et Pokrovsk, c’est justement une de ces villes qu’on ne peut pas vraiment se permettre de perdre sans conséquences majeures. Les analystes militaires que je lis depuis des mois sont formels là-dessus. Si Pokrovsk tombe, tout le front dans le Donbass devient beaucoup plus fragile. Les lignes logistiques s’allongent, deviennent plus vulnérables. Les positions défensives ukrainiennes à l’est perdent leur cohérence. C’est un effet domino potentiel qui pourrait forcer des retraits en cascade. Et ça, les Russes le savent parfaitement. C’est pour ça qu’ils acharnent autant sur cette ville. Ils y ont jeté plus de cent mille hommes, des centaines de blindés, toute leur artillerie disponible. Les pertes russes dans ce secteur doivent être absolument colossales. Mais Poutine s’en fiche. Il a décidé que Pokrovsk devait tomber avant la fin de l’année pour des raisons autant politiques que militaires. Montrer des progrès tangibles, occuper toute la région de Donetsk qu’il a annexée illégalement, mettre l’Ukraine sous pression maximale pendant les négociations avec Trump. Tout ça se joue maintenant, dans les rues de cette ville que personne ne connaissait il y a deux ans.

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Lyman : la bataille pour le contrôle du nord du Donbass

Le secteur de Lyman représente le second point chaud de cette offensive russe massive. Sur les 216 affrontements enregistrés le 26 novembre 2025, 43 se sont déroulés dans cette zone, faisant de Lyman l’un des secteurs les plus contestés du front avec Pokrovsk. Cette intensité révèle l’importance stratégique de ce secteur pour les deux belligérants. Lyman elle-même, une ville que les forces russes avaient capturée en 2022 avant de la perdre face à une contre-offensive ukrainienne réussie, reste un objectif prioritaire pour Moskva. Sa position géographique en fait une porte d’entrée vers Sloviansk et Kramatorsk, ces bastions fortifiés ukrainiens qui constituent la ligne de défense ultime dans le nord du Donbass. Reprendre Lyman permettrait aux Russes de menacer directement ces villes et potentiellement d’ouvrir une route de flanc vers l’arrière des positions ukrainiennes. Les combats dans le secteur de Lyman se caractérisent par leur violence et leur nature répétitive. Les forces russes lancent quotidiennement des dizaines d’assauts contre les positions ukrainiennes dans les villages environnants : Hrekivka, Novovodyane, Novoyehorivka, Kopanky, Serednie, Ridkodub, Karpivka, Zarichne. Ces noms apparaissent jour après jour dans les rapports de l’état-major ukrainien, témoignant d’une bataille d’usure acharnée où chaque hameau, chaque ligne d’arbres, chaque colline fait l’objet d’affrontements sanglants.

La supériorité numérique russe dans ce secteur atteint des proportions écrasantes. Anastasia Blyshchyk, porte-parole de la 66e brigade mécanisée ukrainienne qui défend une partie du secteur de Lyman, a révélé en avril 2025 que les forces russes dépassaient parfois les Ukrainiens dans un rapport de dix contre un. Cette disproportion se traduit par des vagues d’infanterie russes qui submergent littéralement les positions ukrainiennes par le nombre. Les Russes exploitent tous les types d’unités disponibles : des groupes d’assaut importants, des équipes de frappe réduites à deux ou quatre hommes qui infiltrent sous couvert météorologique, des ex-détenus recrutés via le groupe Wagner qui attaquent avec un équipement minimal et souvent sans gilet pare-balles. Cette diversité tactique vise à maintenir une pression constante qui ne laisse aucun répit aux défenseurs. Même lorsque les assauts russes échouent et causent des pertes massives, les unités sont rapidement reconstituées avec de nouveaux renforts et relancent les attaques. La porte-parole ukrainienne a noté que malgré des pertes qui auraient décimé deux bataillons russes au cours du mois précédent, les Russes continuaient d’attaquer avec la même intensité. Cette capacité à absorber les pertes et à maintenir le rythme opérationnel constitue un défi majeur pour les Ukrainiens qui ne disposent pas des mêmes réserves humaines.

L’état-major russe a massé des forces considérables spécifiquement pour le secteur de Lyman. Selon Kostyantyn Mashovets, la totalité de la 25e armée interarmes russe du District militaire central est concentrée dans une zone de 18 à 20 kilomètres autour de Yampil, au sud-est de Lyman. Cette concentration inclut la 67e division motorisée, les 164e et 169e brigades motorisées, la 11e brigade de chars, ainsi que deux à trois régiments motorisés des Forces territoriales et de la Réserve de mobilisation. Cette masse de forces vise à créer une pression irrésistible sur les défenses ukrainiennes. Les avancées russes récentes près de Yampil, où ils ont atteint la rivière Siverskyi Donets, leur permettent maintenant d’attaquer Lyman depuis plusieurs directions, compliquant considérablement la tâche des défenseurs ukrainiens. L’objectif russe à court et moyen terme est clair selon les sources militaires ukrainiennes : reconquérir Lyman et l’utiliser comme tremplin pour des opérations ultérieures vers l’ouest. Cette ambition explique l’acharnement russe et l’investissement massif de ressources dans ce secteur. Les forces ukrainiennes résistent avec détermination mais la pression devient de plus en plus difficile à contenir, surtout avec les pénuries de munitions et le manque d’effectifs qui affectent toutes les unités.

L’enfer des bombes planantes

L’une des évolutions tactiques les plus significatives de cette phase de la guerre concerne l’utilisation massive par la Russie de bombes planantes guidées. Ces armes, connues sous l’acronyme UMPK pour leur kit de guidage, transforment de vieilles bombes aériennes soviétiques en munitions de précision capables de frapper à distance. Le principe est simple : une bombe conventionnelle de 500, 1000 ou 1500 kilogrammes est équipée d’ailerons rétractables et d’un système de guidage par satellite qui lui permettent de planer vers sa cible après avoir été larguée par un avion. Cette modification coûte environ 25 000 dollars par bombe, une somme dérisoire comparée au coût d’un missile de croisière moderne. L’avantage stratégique est considérable : les avions russes peuvent larguer ces bombes depuis leur propre territoire ou depuis des zones bien protégées par la défense aérienne, restant hors de portée des systèmes antiaériens ukrainiens. Les pilotes n’ont plus besoin de pénétrer profondément dans l’espace aérien contesté, réduisant drastiquement les risques de pertes d’appareils. Cette asymétrie permet à la Russie d’exploiter sa supériorité aérienne sans exposer ses avions aux missiles ukrainiens.

L’impact de ces bombes sur le champ de bataille est dévastateur. Une bombe de 1500 kilogrammes créant un cratère de plusieurs mètres et détruit tout dans un rayon significatif. Les positions fortifiées ukrainiennes, les dépôts de munitions, les points de rassemblement de troupes deviennent extrêmement vulnérables. Les défenseurs ukrainiens rapportent que ces frappes détruisent le moral autant que les infrastructures. L’impossibilité de riposter contre des avions qui larguent depuis des dizaines de kilomètres crée un sentiment d’impuissance. Les soldats ukrainiens doivent constamment se disperser, creuser plus profondément, changer de position pour éviter d’être repérés et ciblés. Cette menace permanente érode l’efficacité opérationnelle et complique toute concentration de forces pour des contre-attaques. Selon les rapports ukrainiens, la Russie a largué 103 bombes guidées rien que le 26 novembre 2025, un chiffre qui illustre l’intensité de cette campagne aérienne. Sur une base quotidienne, cela représente des centaines de tonnes d’explosifs qui s’abattent sur les positions ukrainiennes sans que celles-ci puissent efficacement s’en protéger. Les analystes occidentaux estiment que cette campagne de bombes planantes a directement contribué aux avancées russes récentes dans le secteur de Pokrovsk en dégradant les défenses ukrainiennes avant les assauts terrestres.

L’Ukraine tente de s’adapter mais les options restent limitées. La priorité absolue serait d’obtenir plus de systèmes antiaériens à longue portée capables d’atteindre les avions russes même lorsqu’ils opèrent depuis leur territoire. Des systèmes comme les Patriot américains ou les SAMP-T européens peuvent théoriquement engager ces avions, mais l’Ukraine n’en possède qu’un nombre limité et doit les utiliser prioritairement pour protéger les villes contre les missiles balistiques et de croisière. Étendre leur couverture jusqu’aux zones de largage des bombes planantes diluerait cette protection et exposerait les systèmes eux-mêmes aux frappes russes. Une autre option serait l’acquisition de chasseurs F-16 en nombre suffisant pour contester la supériorité aérienne russe, mais les livraisons restent limitées et les pilotes ukrainiens nécessitent un entraînement prolongé. En attendant, les forces ukrainiennes doivent se rabattre sur des mesures défensives : camouflage accru, dispersion maximale, utilisation intensive de leurres, guerre électronique pour perturber le guidage des bombes. Ces tactiques atténuent l’impact mais ne l’éliminent pas. La campagne de bombes planantes russes représente donc un multiplicateur de force majeur qui compense partiellement les faiblesses russes dans d’autres domaines et contribue directement à la pression insoutenable que subissent les défenseurs de Pokrovsk et Lyman.


Ces bombes planantes, franchement ça me rend malade quand j’y pense. Pas à cause de la technologie elle-même, qui est relativement simple et même un peu rustique. Non, ce qui me dérange c’est l’asymétrie totale que ça crée sur le terrain. Les Ukrainiens n’ont aucun moyen efficace de contrer cette menace. Ils peuvent disperser leurs forces, se cacher, creuser des abris plus profonds, mais au final ces bombes tombent quand même et détruisent tout sur leur passage. Imagine-toi combattant ukrainien dans une tranchée près de Pokrovsk. Tu entends l’avion russe au loin, bien au-delà de la portée de tes missiles antiaériens. Tu sais qu’il vient de larguer mais tu ne sais pas où la bombe va tomber. Peut-être sur ta position, peut-être à cent mètres, peut-être sur le dépôt de munitions à l’arrière. Et tu ne peux rien faire d’autre qu’attendre et espérer. Cette impuissance psychologique doit être absolument horrible à vivre au quotidien. Et les Russes le savent. Ils utilisent ces bombes justement parce que ça terrorise autant que ça détruit. C’est une forme de guerre psychologique en plus d’être une arme militaire. Ce qui me frustre aussi c’est la lenteur de la réponse occidentale. On sait depuis des mois que ces bombes constituent un problème majeur pour l’Ukraine, mais les livraisons de systèmes antiaériens capables de contrer cette menace restent insuffisantes. Les F-16 arrivent au compte-gouttes. Les Patriot sont rationnés. Pendant ce temps, les Russes larguent des centaines de ces bombes chaque semaine et grignotent progressivement le terrain. C’est un calcul cynique mais efficace de la part de Moskva.

L’arithmétique mortelle de la guerre d’usure

Cette intensification des combats se traduit par une escalade tragique du bilan humain. Les estimations britanniques publiées en novembre 2025 indiquent que la Russie a subi environ 1 140 000 pertes totales depuis le début de l’invasion en février 2022, incluant les tués et les blessés. Pour la seule année 2025, les pertes russes s’élèvent à approximativement 353 000 hommes, soit une moyenne quotidienne oscillant entre 950 et 1 140 soldats selon les périodes. Ces chiffres sont vertigineux et dépassent largement les pertes subies par l’Armée rouge pendant certaines des plus sanglantes campagnes de la Seconde Guerre mondiale en termes de ratio pertes par jour. Le mois de décembre 2024 a marqué un pic avec 1 570 pertes quotidiennes en moyenne, un record absolu qui témoigne de l’intensité des combats d’hiver. Après une baisse à 930 pertes par jour en août 2025, les chiffres sont repartis à la hausse pour dépasser à nouveau les 1 000 pertes quotidiennes en octobre et novembre. Cette tendance reflète directement l’intensification de l’offensive russe sur Pokrovsk et Lyman. Le 26 novembre spécifiquement, l’Ukraine revendique avoir neutralisé 1 140 soldats russes en une seule journée, un chiffre cohérent avec les estimations occidentales. Ces pertes massives n’ont pourtant pas conduit Moskva à modifier sa stratégie. Au contraire, le Kremlin continue d’alimenter le front avec de nouveaux recrues, principalement des volontaires attirés par des primes d’engagement qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars dans certaines régions russes.

Du côté ukrainien, les pertes sont moins documentées mais néanmoins significatives. Les estimations occidentales les plus récentes datant d’octobre 2024 évoquaient plus de 57 500 soldats ukrainiens tués et 250 000 blessés. Le président Zelensky a confirmé en février 2024 que 31 000 soldats ukrainiens étaient morts, mais ce chiffre est largement considéré comme sous-estimé. Des analyses indépendantes comme celle du projet UALosses, jugé fiable par plusieurs médias et organisations de vérification, avaient documenté 79 213 combattants ukrainiens morts identifiés nommément au 21 octobre 2025, auxquels s’ajoutent 81 728 disparus, pour un total de 160 941 morts ou disparus. Le véritable bilan reste difficile à établir avec précision, mais les fourchettes les plus crédibles suggèrent entre 60 000 et 100 000 morts ukrainiens et 400 000 blessés depuis le début de la guerre. Ces chiffres, bien qu’inférieurs aux pertes russes, représentent une proportion beaucoup plus élevée de la population ukrainienne et donc un fardeau démographique considérablement plus lourd. Avec une population de 40 millions d’habitants contre 144 millions pour la Russie, l’Ukraine ne peut pas soutenir indéfiniment ce niveau d’attrition. Les brigades ukrainiennes qui combattent à Pokrovsk et Lyman accumulent des mois de combats ininterrompus. Certaines unités d’élite comme la 25e brigade aéroportée ont été redéployées successivement de Bakhmout vers Avdiivka puis vers Pokrovsk sans véritable période de reconstitution. L’épuisement atteint des niveaux critiques qui affectent directement l’efficacité au combat.

Cette guerre d’usure pose des questions stratégiques fondamentales pour l’Ukraine. Combien de temps peut-elle maintenir ce niveau de résistance face à un adversaire disposant de réserves humaines apparemment inépuisables? La mobilisation ukrainienne se heurte à des difficultés croissantes. Le gouvernement vise à mobiliser 200 000 hommes supplémentaires d’ici fin 2025, mais ce processus prend du temps et les nouvelles recrues nécessitent un entraînement minimal avant d’être envoyées au front. Parallèlement, la qualité moyenne des soldats ukrainiens tend à diminuer à mesure que les vétérans expérimentés tombent ou sont évacués pour blessures graves. Les unités doivent désormais intégrer des recrues qui n’ont parfois reçu que quelques semaines d’entraînement, contre plusieurs mois pour les premiers mobilisés de 2022. Cette dilution de l’expérience affecte la cohésion des unités et leur capacité à exécuter des manœuvres complexes. Les pénuries de matériel aggravent la situation. Bien que l’aide occidentale continue, elle reste insuffisante pour compenser pleinement les pertes en équipement lourd. Les chars, les véhicules blindés, l’artillerie détruits doivent être remplacés, mais les livraisons peinent à suivre le rythme de l’attrition. L’Ukraine produit certes du matériel domestiquement, notamment des drones en quantités croissantes, mais ne peut fabriquer en nombre suffisant les systèmes lourds comme les chars ou l’artillerie automotrice. Cette dépendance vis-à-vis de l’aide externe place Kiev dans une position de vulnérabilité stratégique, surtout avec l’incertitude entourant la position de la nouvelle administration Trump.

Les défis logistiques de l’hiver

L’hiver ajoute une couche supplémentaire de complexité à cette situation déjà précaire. Les températures chutent, le terrain devient boueux puis gelé, les conditions de combat se détériorent drastiquement. Les soldats des deux camps doivent faire face au froid, à l’humidité, aux maladies respiratoires qui se propagent rapidement dans les tranchées surpeuplées. Mais au-delà de ces difficultés tactiques, l’hiver pose des défis logistiques majeurs, particulièrement pour l’Ukraine. Moskva a clairement fait de l’infrastructure énergétique ukrainienne une cible prioritaire de sa campagne de frappes à longue distance. Le 26 novembre, les forces russes ont lancé des dizaines de drones et de missiles contre le réseau électrique, visant les centrales, les transformateurs, les lignes de transmission. Cette stratégie vise à plonger les villes ukrainiennes dans le noir et le froid pendant les mois d’hiver, à saper le moral de la population civile, à créer une crise humanitaire qui pourrait forcer Kiev à négocier. Les coupures d’électricité affectent non seulement le confort des civils mais aussi le fonctionnement de l’économie, des hôpitaux, des systèmes de chauffage urbain. Après chaque vague de frappes, les équipes de réparation travaillent frénétiquement pour restaurer le service, mais chaque réparation devient plus difficile à mesure que les pièces de rechange s’épuisent et que les dégâts s’accumulent.

Sur le plan militaire, l’hiver complique les opérations offensives mais favorise généralement le défenseur. Les véhicules s’enlisent dans la boue pendant les périodes de dégel, les routes deviennent impraticables, les mouvements de troupes se ralentissent. Cette réalité devrait théoriquement freiner les avancées russes et donner un répit aux défenseurs ukrainiens. Cependant, les Russes ont adapté leurs tactiques pour contourner ces limitations. Plutôt que de lancer des assauts mécanisés massifs qui s’enliseraient dans la boue, ils privilégient les infiltrations d’infanterie légère qui peuvent progresser même dans des conditions météorologiques difficiles. Les combats autour de Pokrovsk en novembre 2025 ont montré des groupes russes se déplaçant à pied ou avec des motos et des véhicules civils légers, évitant ainsi les problèmes de mobilité qui affectent les véhicules blindés lourds. Cette flexibilité tactique permet aux Russes de maintenir une pression constante même pendant l’hiver. Pour l’Ukraine, l’hiver signifie également des défis d’approvisionnement accrus. Maintenir les troupes au front avec nourriture, munitions, carburant et équipement d’hiver devient plus compliqué lorsque les routes se dégradent et que la météo limite les vols d’hélicoptères. Les lignes de ravitaillement vers Pokrovsk, déjà menacées par l’avancée russe, deviennent encore plus vulnérables pendant l’hiver lorsque les itinéraires alternatifs sont praticables.

Les analystes occidentaux anticipent que l’hiver 2025-2026 sera une période critique où la Russie tentera de maximiser sa pression sur l’Ukraine avant d’éventuelles négociations au printemps. La stratégie russe combine des frappes massives sur les infrastructures énergétiques pour démoraliser la population avec une pression militaire continue sur les fronts de Pokrovsk et Lyman pour accumuler des gains territoriaux négociables. L’objectif de Poutine semble clair : s’emparer de l’ensemble de la région de Donetsk qu’il a annexée illégalement, créant ainsi un fait accompli territorial avant toute discussion de paix. Pour l’Ukraine, survivre à cet hiver signifie maintenir à la fois la défense militaire sur les fronts actifs et la cohésion sociale à l’arrière malgré les privations énergétiques. Le soutien occidental devient donc absolument crucial pendant cette période. Les livraisons de générateurs électriques, d’équipement de réparation pour le réseau électrique, de systèmes antiaériens pour protéger les infrastructures critiques sont aussi importantes que les munitions et les armes pour le front. L’hiver devient un test de résilience pour toute la société ukrainienne, militaire et civile confondues. La capacité de Kiev à tenir pendant ces mois déterminera largement sa position de négociation au printemps et potentiellement l’issue à long terme du conflit.


L’hiver en Ukraine ça me ramène toujours aux images de la Seconde Guerre mondiale. Les soldats gelés dans leurs tranchées, l’artillerie qui peine à fonctionner par moins vingt degrés, les blessés qui meurent d’hypothermie avant même d’atteindre un hôpital. On pensait que la guerre moderne avec sa technologie aurait changé ça. Mais non. Au final, les soldats ukrainiens et russes vivent exactement les mêmes horreurs que leurs grands-pères il y a quatre-vingts ans. Le froid qui s’infiltre partout, l’impossibilité de se réchauffer vraiment, les pieds qui gèlent dans les bottes humides, les engelures qui deviennent gangrène. Et par-dessus ça, les bombardements constants, les drones qui patrouillent même la nuit, le stress permanent de savoir qu’on peut mourir à tout moment. Je ne sais pas comment ils tiennent psychologiquement. Vraiment. Moi qui me plains quand il fait un peu froid chez moi, j’essaie d’imaginer ce que c’est de vivre dans une tranchée boueuse pendant des semaines d’affilée et je n’y arrive même pas. C’est tellement au-delà de mon expérience que ça en devient presque abstrait. Mais pour eux, c’est la réalité quotidienne. Et ce qui me frappe encore plus, c’est l’indifférence relative du monde face à cette situation. Bien sûr, les médias en parlent, mais avec moins d’intensité qu’au début de la guerre. On s’est habitués. La souffrance des soldats ukrainiens est devenue une sorte de bruit de fond dans l’actualité internationale. Et pendant ce temps, Poutine continue méthodiquement son plan : détruire les infrastructures électriques pour que les civils ukrainiens gèlent dans leurs appartements, espérant que la population finira par craquer et forcer Zelensky à capituler.

Les négociations fantômes et les jeux de Trump

Pendant que les soldats meurent par centaines chaque jour à Pokrovsk et Lyman, un autre front s’ouvre dans les salons feutrés de la diplomatie internationale. Donald Trump, revenu à la Maison Blanche en janvier 2025, avait promis de résoudre le conflit ukrainien en 24 heures. La réalité s’avère évidemment beaucoup plus complexe. Fin novembre 2025, alors que l’offensive russe atteint son paroxysme, les négociations de paix orchestrées par Washington patinent dangereusement. Trump avait fixé un ultimatum au 27 novembre, jour de Thanksgiving, exigeant que l’Ukraine accepte un plan de paix en 28 points largement perçu comme favorable à la Russie. Ce plan initial, dont les détails ont fuité dans la presse, prévoyait notamment un gel territorial qui légitimerait les conquêtes russes, une neutralité ukrainienne excluant l’adhésion à l’OTAN, et des garanties de sécurité floues. La réaction ukrainienne fut prévisiblement négative. Zelensky déclara publiquement qu’accepter ce plan signifierait choisir entre perdre sa dignité ou perdre un allié clé, en référence aux États-Unis. Cette position inflexible reflète une réalité simple : aucun gouvernement ukrainien ne peut politiquement survivre en cédant 20% du territoire national et en renonçant aux perspectives d’intégration euro-atlantique. L’opinion publique ukrainienne, malgré la lassitude de la guerre, reste largement opposée à des concessions territoriales majeures. Les sondages montrent qu’une majorité d’Ukrainiens préfère continuer la résistance plutôt que d’accepter une paix perçue comme une capitulation déguisée.

Face à ce blocage, l’administration Trump a opéré un recul tactique. L’ultimatum du 27 novembre a été discrètement abandonné et Trump a déclaré qu’il ne rencontrerait Zelensky et Poutine que lorsqu’un accord serait finalisé ou à ses derniers stades. Cette volte-face témoigne de la complexité du dossier et de l’incapacité américaine à imposer unilatéralement une solution. Entre-temps, des délégations ukrainiennes et américaines se sont rencontrées à Genève pour réviser le plan initial. Le document aurait été réduit de 28 à 19 points, avec des modifications visant à le rendre plus acceptable pour Kiev. Les détails précis de ces changements restent confidentiels, mais des sources diplomatiques suggèrent que certaines des clauses les plus défavorables à l’Ukraine ont été atténuées. Néanmoins, les questions fondamentales demeurent : le statut territorial des régions occupées, les garanties de sécurité pour l’Ukraine, le calendrier d’un éventuel retrait russe. Sur ces points cruciaux, les positions ukrainienne et russe restent inconciliables. Moskva exige la reconnaissance de ses annexions, l’acceptation par Kiev d’une neutralité permanente, et refuse toute présence occidentale significative en Ukraine après un accord. L’Ukraine, de son côté, refuse de légitimer les conquêtes territoriales russes, demande des garanties de sécurité contraignantes incluant potentiellement une présence militaire occidentale, et cherche à préserver sa souveraineté et sa liberté d’orientation stratégique.

Un scandale est venu compliquer davantage la situation fin novembre. Des enregistrements audio ont fuité dans lesquels Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Trump, semble conseiller un haut responsable russe sur la façon dont Poutine pourrait convaincre le président américain d’accepter des concessions territoriales ukrainiennes. Ces révélations ont provoqué un tollé, particulièrement parmi les Républicains au Congrès qui soutiennent l’Ukraine. Le sénateur Don Bacon a publiquement demandé le limogeage de Witkoff, affirmant qu’il ne pouvait plus être considéré comme un négociateur impartial. Trump a défendu son envoyé en qualifiant ses méthodes de négociation standard, mais l’incident a gravement endommagé la crédibilité du processus de paix américain. Du côté russe, les signaux restent contradictoires. Le Kremlin a publiquement salué le plan initial en 28 points comme une base de discussion acceptable, mais simultanément rejette les modifications apportées à Genève. Le porte-parole Dmitri Peskov a qualifié le document original de seul texte substantiel disponible, tandis que le ministre des Affaires étrangères Lavrov a averti que tout écart par rapport aux termes discutés lors du sommet Trump-Poutine en Alaska en août 2025 poserait problème. Cette posture suggère que Moskva n’a aucune intention de faire des concessions significatives et compte sur sa position de force militaire pour imposer ses conditions. Les avancées russes à Pokrovsk et Lyman renforcent cette intransigeance en démontrant que le temps joue en faveur de la Russie sur le terrain.

Le calcul cynique du Kremlin

La stratégie de négociation russe repose sur un calcul cynique mais logique : maximiser les gains territoriaux avant toute discussion sérieuse de paix, puis présenter ces conquêtes comme des faits accomplis non négociables. Cette approche explique l’intensification de l’offensive russe précisément au moment où les négociations diplomatiques s’intensifient. Chaque village capturé, chaque kilomètre gagné devient un atout dans les futures discussions. Poutine a clairement indiqué que son objectif minimal est le contrôle total des quatre régions qu’il a annexées illégalement en septembre 2022 : Donetsk, Luhansk, Zaporizhzhia et Kherson. Actuellement, les forces russes ne contrôlent qu’environ 80% de ces territoires. La région de Donetsk en particulier reste partiellement sous contrôle ukrainien, avec des villes fortifiées comme Kostiantynivka, Sloviansk, Kramatorsk et Druzhkivka qui résistent toujours. L’offensive sur Pokrovsk et Lyman vise précisément à créer les conditions pour s’emparer de ces bastions restants. Si les Russes parviennent à capturer Pokrovsk et à couper les lignes logistiques ukrainiennes dans le Donbass, les autres villes fortifiées deviendront beaucoup plus difficiles à défendre et pourraient tomber en cascade. Poutine pourrait alors se présenter à une table de négociation en position de force, ayant atteint son objectif territorial minimal et pouvant exiger la reconnaissance internationale de ces conquêtes comme prix de la paix.

Cette stratégie comporte néanmoins des risques pour Moskva. Le coût humain et matériel de cette offensive est colossal et mine progressivement la capacité militaire russe à long terme. Les pertes de 1 000 soldats par jour sont insoutenables même pour un pays de 144 millions d’habitants. Les stocks de matériel soviétique que la Russie rénovait pour compenser ses pertes s’épuisent progressivement. La production industrielle militaire russe, bien que considérablement augmentée, ne peut remplacer les systèmes sophistiqués comme les chars modernes ou l’artillerie de précision au rythme où ils sont détruits. Économiquement, la guerre pèse lourdement malgré les revenus pétroliers et gaziers. Le budget militaire russe pour 2025 atteint 7,2% du PIB, un niveau insoutenable à long terme sans sacrifier d’autres secteurs essentiels. Les sanctions occidentales, bien que contournées partiellement, créent des pénuries technologiques qui affectent la production militaire et l’économie civile. Socialement, malgré la censure et la propagande, des tensions apparaissent. Les régions les plus pauvres de Russie, qui fournissent le gros des recrues, commencent à s’interroger sur le coût de cette guerre interminable. Les familles des mobilisés protestent contre les conditions de service et les compensations insuffisantes. Cette fatigue sociale pourrait devenir un facteur limitant si la guerre se prolonge encore plusieurs années sans victoire décisive visible.

Pour l’Ukraine, la période actuelle représente peut-être le moment le plus dangereux depuis le début de la guerre. La pression militaire russe atteint des niveaux sans précédent sur les fronts de Pokrovsk et Lyman. Simultanément, la pression diplomatique américaine pour accepter un accord défavorable s’intensifie. L’aide militaire occidentale, bien que toujours substantielle, suscite des inquiétudes quant à sa pérennité sous l’administration Trump. Les États européens tentent de compenser en augmentant leur soutien, mais leurs capacités industrielles restent limitées à court terme. L’Ukraine se trouve ainsi prise en tenaille entre deux menaces : l’effondrement militaire potentiel si le soutien occidental faiblit, et la pression diplomatique pour accepter une paix qui légitimerait l’agression russe et compromettrait l’indépendance ukrainienne à long terme. Dans ce contexte, la résistance acharnée à Pokrovsk et Lyman prend une dimension qui dépasse le simple enjeu militaire. Chaque jour où les défenseurs ukrainiens tiennent leurs positions est un jour gagné pour que la diplomatie trouve une solution acceptable, pour que l’aide militaire arrive et se déploie, pour que l’opinion internationale maintienne son soutien. C’est une course contre la montre où se joue non seulement le sort de quelques villes du Donbass mais potentiellement l’avenir de l’Ukraine en tant qu’État indépendant et souverain.


Ces négociations me rendent fou. Vraiment. On a Trump qui joue les apprentis diplomates avec son envoyé qui apparemment file des conseils aux Russes sur comment le manipuler. On a Zelensky qui doit jouer un jeu impossible, refuser les concessions qu’on lui demande tout en gardant le soutien américain dont il a désespérément besoin. Et pendant tout ce cirque diplomatique, des soldats continuent de mourir chaque jour à Pokrovsk dans une bataille qui n’a peut-être même plus de sens si un accord est signé demain. Le cynisme de toute cette situation me dépasse. Poutine a envahi un pays souverain, tué des centaines de milliers de personnes, détruit des villes entières, et maintenant on lui demande gentiment quelles seraient ses conditions pour arrêter. Comme si c’était une négociation commerciale normale. Le message envoyé est terrifiant : si tu as assez de soldats et assez de missiles, tu peux annexer ce que tu veux et éventuellement la communauté internationale finira par accepter tes conquêtes pour que la paix revienne. C’est un précédent catastrophique qui va encourager tous les régimes autoritaires du monde à tenter leur chance. La Chine regarde très attentivement comment tout ça va se terminer, parce que ça va déterminer si elle peut se permettre d’envahir Taiwan sans conséquences permanentes. Je comprends la fatigue des Occidentaux face à ce conflit. Je comprends que les gens en aient marre de voir leur argent partir en aide militaire à l’Ukraine. Je comprends l’envie que tout ça s’arrête enfin. Mais capituler maintenant devant Poutine ne créera pas la paix. Ça créera juste une pause avant la prochaine agression.

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Les implications stratégiques à long terme

Au-delà de l’urgence immédiate des combats à Pokrovsk et Lyman, cette phase de la guerre révèle des tendances lourdes qui façonneront le conflit et ses conséquences pendant des années. L’une des révélations les plus significatives concerne la nature même de la guerre moderne. Le conflit ukrainien a démontré que malgré toute la technologie disponible, la guerre d’usure brutale reste possible et même probable dans les conflits entre puissances moyennes. Les drones, les satellites, les armes de précision n’ont pas rendu la guerre moins sanglante, ils ont simplement changé les modalités du carnage. Les drones commerciaux transformés en armes kamikazes tuent aussi efficacement que l’artillerie du XXe siècle, peut-être même plus. La guerre électronique brouille les communications et perturbe les guidages, recréant le brouillard de la guerre que la technologie était censée dissiper. Les bombes planantes russes montrent qu’on peut obtenir des effets dévastateurs avec de la technologie relativement simple appliquée à de vieux stocks de munitions. Cette réalité remet en question de nombreuses assumptions sur la guerre future qui dominaient la pensée militaire occidentale. L’idée que les conflits entre puissances seraient courts et décisifs, résolus par la supériorité technologique, s’est révélée fausse. La guerre en Ukraine dure depuis plus de trois ans et demi avec le début de l’invasion de février 2022, et rien n’indique qu’elle se terminera rapidement même si des négociations aboutissent.

Pour l’OTAN et les armées occidentales, les leçons de ce conflit sont multiples et parfois dérangeantes. La première concerne la production industrielle militaire. L’Occident a découvert qu’il ne pouvait pas produire de munitions au rythme nécessaire pour soutenir une guerre d’usure prolongée. Les stocks d’obus d’artillerie, de missiles antiaériens, de roquettes HIMARS se sont épuisés rapidement. Les chaînes de production, optimisées pour l’efficience économique en temps de paix, ne peuvent pas rapidement s’adapter aux besoins de guerre. Cette faiblesse structurelle représente une vulnérabilité stratégique majeure pour l’Alliance. Si l’OTAN devait s’engager dans un conflit direct avec la Russie, elle pourrait se retrouver à court de munitions critiques en quelques semaines, compromettant sa supériorité technologique. Les gouvernements occidentaux ont lancé des programmes pour augmenter la production, mais ces efforts prennent des années pour porter leurs fruits. Entre-temps, la Russie, avec son économie mobilisée et ses standards de qualité moins exigeants, peut produire en masse des munitions basiques mais efficaces. Cette asymétrie dans la capacité industrielle pourrait s’avérer décisive dans un conflit prolongé. La deuxième leçon concerne la défense aérienne et la guerre de drones. L’Ukraine a montré qu’un pays technologiquement inférieur peut néanmoins infliger des dégâts significatifs à un adversaire plus puissant en utilisant massivement des drones bon marché. Les systèmes antiaériens sophistiqués comme les Patriot sont trop coûteux pour être utilisés contre des drones à 20 000 dollars. Il faut développer des solutions moins chères : canons automatiques, systèmes de brouillage électronique, lasers à énergie dirigée encore expérimentaux.

Sur le plan géopolitique, les répercussions de ce conflit dépassent largement les frontières ukrainiennes. La Chine observe attentivement et tire ses propres conclusions sur la volonté occidentale de défendre ses alliés. Si l’Ukraine est abandonnée ou forcée à accepter des concessions majeures, Beijing conclura probablement que l’Occident n’a pas l’estomac pour un conflit prolongé et coûteux. Cette perception pourrait encourager des aventures militaires chinoises à Taiwan ou en mer de Chine méridionale. À l’inverse, si l’Ukraine parvient à résister et à maintenir son intégrité territoriale grâce au soutien occidental continu, cela enverra un signal de dissuasion puissant à tous les révisionnistes potentiels. L’issue de la guerre en Ukraine déterminera donc en partie l’ordre international des prochaines décennies. Permettra-t-on aux puissances autoritaires de redessiner les frontières par la force, ou l’agression sera-t-elle sanctionnée et contenue même au prix d’un soutien prolongé et coûteux aux victimes? Cette question fondamentale reste sans réponse définitive, mais chaque jour de combat à Pokrovsk et Lyman contribue à y répondre. Pour l’Europe, ce conflit représente un réveil brutal. La paix continentale que beaucoup considéraient comme acquise s’est révélée fragile. Les armées européennes, affaiblies par des décennies de réductions budgétaires après la Guerre froide, doivent se reconstituer rapidement. Les budgets de défense augmentent partout en Europe, des pays auparavant pacifistes comme l’Allemagne revoient leurs doctrines militaires, l’industrie d’armement européenne connaît une renaissance. Mais cette transformation prend du temps et l’Europe reste dépendante du parapluie sécuritaire américain.

Le spectre nucléaire persistant

Tout au long de ce conflit, la menace nucléaire russe plane comme une ombre sinistre sur les décisions occidentales. Poutine et ses porte-paroles ont régulièrement agité le spectre de l’escalade nucléaire pour dissuader l’Occident d’augmenter son soutien à l’Ukraine. Chaque nouvelle livraison d’armes sophistiquées, chaque autorisation d’utiliser ces armes contre le territoire russe a été accompagnée de menaces voilées ou explicites concernant l’option nucléaire. Cette stratégie de chantage nucléaire a partiellement fonctionné en créant de l’hésitation et des retards dans l’aide occidentale. Les F-16 promis depuis longtemps n’arrivent qu’au compte-gouttes. Les missiles à longue portée ATACMS ne peuvent frapper que certaines cibles après des mois de tergiversations. Les chars Leopard et Abrams n’ont été livrés qu’après avoir été initialement refusés comme trop escalatoires. À chaque fois, l’argument de l’escalade nucléaire potentielle a ralenti ou limité le soutien. Pourtant, les tabous ont progressivement été franchis sans que la menace nucléaire ne se concrétise. Les livraisons de chars n’ont pas déclenché d’apocalypse nucléaire. Les frappes ATACMS sur le territoire russe annexé n’ont pas provoqué de riposte nucléaire. Cette séquence suggère que le chantage nucléaire russe relève plus du bluff stratégique que d’une intention réelle d’utiliser l’arme nucléaire, du moins tant que l’existence même de l’État russe n’est pas menacée.

Néanmoins, le risque nucléaire ne peut être complètement écarté et continue d’influencer la prise de décision occidentale. Les scénarios d’escalade restent préoccupants pour les planificateurs militaires. Si l’Ukraine parvenait à percer profondément en territoire russe et à menacer des objectifs stratégiques, la probabilité d’une réponse nucléaire russe augmenterait significativement. Si les forces russes subissaient une défaite catastrophique risquant d’entraîner la chute du régime de Poutine, le recours aux armes nucléaires tactiques pourrait être envisagé par le Kremlin comme ultime recours. Ces considérations expliquent la réticence occidentale à fournir certains systèmes d’armes ou à autoriser certaines actions ukrainiennes. L’équilibre est délicat : soutenir suffisamment l’Ukraine pour qu’elle puisse se défendre efficacement, mais pas au point de créer une situation où la Russie se sentirait acculée et pourrait opter pour une escalade désespérée. Cette gestion du risque nucléaire représente l’un des défis les plus complexes de la politique occidentale vis-à-vis du conflit. Les erreurs de calcul dans un sens ou dans l’autre pourraient avoir des conséquences catastrophiques. Un soutien insuffisant condamne l’Ukraine à la défaite et encourage l’agression russe. Un soutien excessif ou mal calibré pourrait déclencher une escalade incontrôlable. Les dirigeants occidentaux naviguent donc dans un espace stratégique étroit, essayant d’optimiser le soutien à l’Ukraine tout en maintenant les risques d’escalade nucléaire à un niveau acceptable.

L’autre dimension du calcul nucléaire concerne la dissuasion future. Si la Russie parvient à intimider l’Occident et à obtenir des concessions substantielles en Ukraine simplement en agitant la menace nucléaire, d’autres puissances nucléaires en tireront des leçons. La Corée du Nord, le Pakistan, potentiellement l’Iran si ce pays obtient l’arme nucléaire, pourraient conclure que disposer de l’arme nucléaire permet d’imposer sa volonté aux voisins sans crainte d’intervention extérieure efficace. Cette prolifération de l’impunité nucléaire déstabiliserait profondément l’ordre international et rendrait les guerres régionales plus probables. Inversement, si l’Occident démontre qu’il peut contrer l’agression même d’une puissance nucléaire en soutenant fermement la victime sans déclencher d’escalade nucléaire, cela renforcerait la dissuasion conventionnelle et pourrait décourager de futures aventures militaires. Le conflit ukrainien devient ainsi un test grandeur nature de la crédibilité de la dissuasion et des alliances occidentales à l’ère nucléaire. Les décisions prises maintenant par Washington, Bruxelles et les autres capitales occidentales établiront des précédents qui influenceront les calculs stratégiques des puissances révisionnistes pour les décennies à venir. C’est pourquoi les enjeux de cette guerre dépassent largement le sort d’un seul pays et touchent à l’architecture même de la sécurité internationale post-Guerre froide.


Le nucléaire. Putain le nucléaire. Excuse ma langue mais ce sujet me rend dingue parce qu’on nage en plein paradoxe. D’un côté, tout le monde sait que Poutine bluffe probablement quand il menace d’utiliser l’arme nucléaire. Ça n’aurait aucun sens stratégique pour lui. Frapper l’Ukraine avec une bombe nucléaire tactique ne changerait pas fondamentalement la situation militaire mais lui attirerait une condamnation internationale telle que même la Chine et l’Inde l’abandonneraient. Et pourtant. Et pourtant on ne peut pas ignorer complètement le risque. Parce que si on se trompe, si Poutine est vraiment assez fou ou désespéré pour franchir ce seuil, les conséquences seraient apocalyptiques. Alors les Occidentaux marchent sur des œufs, calibrant soigneusement leur soutien à l’Ukraine pour ne pas pousser Poutine dans ses retranchements. Le résultat c’est qu’on aide l’Ukraine juste assez pour qu’elle survive mais pas assez pour qu’elle gagne vraiment. C’est une stratégie frustrante qui prolonge la guerre et maximise les souffrances. Mais je ne sais pas quelle serait l’alternative. Donner à l’Ukraine tout ce qu’elle demande et risquer une escalade nucléaire? Ne rien donner et laisser la Russie conquérir tout le pays? Les deux options sont inacceptables. Donc on reste coincés dans cette zone grise inconfortable où personne n’est satisfait mais tout le monde préfère ça à l’alternative. Ce qui me terrifie vraiment c’est que cette situation crée un précédent. Maintenant, toute puissance nucléaire sait qu’elle peut envahir ses voisins non-nucléaires avec une relative impunité tant qu’elle menace d’utiliser le nucléaire si quelqu’un intervient trop agressivement. C’est un retour au XIXe siècle sauf qu’avec des armes du XXIe siècle.

Conclusion : l’épreuve de force qui façonnera l’avenir

Les 216 affrontements enregistrés le 26 novembre 2025 ne sont pas qu’une statistique quotidienne de plus dans cette guerre interminable. Ils représentent l’intensité d’une bataille qui pourrait déterminer non seulement le sort immédiat de l’Ukraine mais l’équilibre géopolitique global pour les années à venir. La concentration russe sur Pokrovsk et Lyman témoigne d’une stratégie cohérente visant à arracher des gains territoriaux décisifs avant que l’hiver et d’éventuelles négociations ne figent les positions. Pour Poutine, s’emparer de ces deux axes stratégiques signifierait compléter la conquête de la région de Donetsk et créer un fait accompli territorial difficile à remettre en question. La pression russe atteint des niveaux sans précédent avec des pertes quotidiennes dépassant le millier de soldats, un investissement massif en hommes et en matériel qui démontre la détermination du Kremlin à obtenir une victoire au moins partielle. Cette offensive d’automne 2025 marque peut-être le dernier effort majeur de la Russie pour imposer sa volonté militairement avant que les contraintes économiques, démographiques et matérielles ne deviennent insurmontables. Les stocks soviétiques s’épuisent progressivement. La production militaire russe, bien qu’en augmentation, ne peut indéfiniment compenser les pertes. La fatigue sociale commence à apparaître dans les régions les plus touchées par la mobilisation. Le temps pourrait donc jouer contre Moskva à moyen terme, d’où l’urgence actuelle de maximiser les gains territoriaux.

Pour l’Ukraine, la situation reste désespérément précaire. Les défenseurs de Pokrovsk et Lyman tiennent bon mais au prix de pertes croissantes et d’un épuisement qui atteint des niveaux critiques. Les pénuries de munitions, de matériel et surtout d’hommes entraînés limitent les options stratégiques. Les contre-attaques ukrainiennes, bien que localement réussies, ne peuvent inverser fondamentalement la tendance sans renforts substantiels et sans une aide occidentale accrue. Or cette aide reste incertaine avec l’administration Trump qui privilégie une solution diplomatique rapide quitte à sacrifier les intérêts ukrainiens. L’hiver qui s’installe complique encore la situation en ajoutant des défis logistiques et humanitaires à la pression militaire déjà intense. La campagne russe de frappes sur les infrastructures énergétiques vise à briser le moral de la population civile et à créer une crise humanitaire qui forcerait Kiev à accepter des concessions. La résilience ukrainienne, remarquable jusqu’ici, est testée comme jamais auparavant. Chaque jour qui passe sans effondrement du front ou de l’arrière constitue une petite victoire en soi, mais personne ne sait combien de temps cette résistance peut se maintenir sans aide substantielle supplémentaire. Les mois à venir seront absolument cruciaux. Si l’Ukraine parvient à tenir jusqu’au printemps 2026 sans pertes territoriales catastrophiques, elle aura démontré une résilience extraordinaire qui pourrait finalement contraindre la Russie à accepter un règlement négocié plus équilibré.

Au-delà du sort immédiat de l’Ukraine, ce conflit redéfinit l’ordre international post-Guerre froide. Les principes qui semblaient acquis depuis 1945, l’inviolabilité des frontières internationales, l’interdiction du recours à la force pour résoudre les différends, sont remis en question par l’agression russe. La réponse internationale à cette crise établira un précédent qui influencera le comportement des États pour les décennies futures. Si l’agression russe réussit et que les conquêtes territoriales sont finalement légitimées par un accord international, le message envoyé sera clair : la force prime sur le droit et les puissances suffisamment déterminées peuvent redessiner les cartes par la violence. Ce précédent encouragerait d’autres révisionnistes potentiels, de la Chine vis-à-vis de Taiwan aux diverses puissances régionales ayant des revendications territoriales sur leurs voisins. L’ordre libéral international, déjà fragilisé, pourrait ne pas survivre à une telle remise en question frontale de ses principes fondateurs. Inversement, si l’Ukraine parvient à préserver son intégrité territoriale grâce au soutien occidental continu, cela démontrerait que l’agression ne paie pas même contre un voisin plus faible pourvu que la communauté internationale se mobilise. Cette issue renforcerait la dissuasion conventionnelle et pourrait décourager de futures aventures militaires par les puissances autoritaires. Le conflit ukrainien est donc devenu bien plus qu’une guerre régionale, c’est un affrontement entre deux visions de l’ordre international qui se joue quotidiennement dans les tranchées de Pokrovsk et Lyman. Les soldats qui y combattent ne défendent pas seulement leur pays, ils défendent un principe qui transcende les frontières nationales.

L’histoire jugera sévèrement la période actuelle et les choix faits par les dirigeants mondiaux. Auront-ils eu le courage de maintenir leur soutien à l’Ukraine malgré la fatigue, les coûts, les risques? Ou auront-ils cédé à la facilité d’un arrangement précipité qui sacrifie les principes sur l’autel de la realpolitik à court terme? Pour l’instant, alors que 216 affrontements se déroulent en une seule journée, alors que des hommes meurent par milliers pour quelques kilomètres de terrain dévasté, ces questions restent sans réponse. Ce qui est certain, c’est que Pokrovsk et Lyman sont devenus des noms qui résonneront dans les livres d’histoire, symboles d’une résistance acharnée face à une agression massive, témoins d’une guerre qui a révélé les faiblesses et les forces des systèmes démocratiques face aux régimes autoritaires, champs de bataille où se joue l’avenir d’un ordre international déjà chancelant. Les prochains mois détermineront si cette résistance aura été vaine ou si elle aura marqué le point où l’expansionnisme autoritaire a finalement été contenu. Pour les Ukrainiens qui se battent aujourd’hui dans le froid et la boue du Donbass, cette question philosophique n’a guère d’importance. Ils savent seulement qu’ils doivent tenir. Tenir encore un jour. Puis un autre. Parce que l’alternative, la capitulation et la perte de leur liberté, reste inacceptable. Cette détermination constitue leur arme ultime, celle que toute la puissance militaire russe ne peut briser. Tant qu’elle persiste, l’espoir demeure.

Chronique : 216 affrontements en 24 heures, l’Ukraine suffoque sous la pression Russe sur les secteurs de Pokrovsk et Lyman

Source : ukrinform

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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