Skip to content
Chronique : Deux cent seize combats en un seul jour : le chaos et l’agonie du front
Crédit: Adobe Stock

La stratégie de l’encerclement : le double étau de Pokrovsk-Myrnohrad

Les Russes – et je dois être précis ici parce que la stratégie est importante – les Russes ne savent pas choisir. Pas vraiment. Pas à ce niveau opérationnel. Ils tentent d’encercler Pokrovsk et Myrnohrad. Mais en même temps, ils tentent de les conquérir directement. Donc au lieu de concentrer tous leurs efforts sur la fermeture de l’encerclement – ce qui serait le plus logique, le plus efficace, le moins coûteux en vies humaines – ils font les deux en même temps. C’est un échec stratégique fondamental. C’est le symptôme d’un commandement qui a perdu le fil de ce qu’il est censé faire.

Le 51e Corps d’armée combinée russe – opérant au nord de Myrnohrad – tente de fermer l’encerclement en se déplaçant vers l’ouest. Mais en même temps, il lance des assauts directs en Myrnohrad elle-même. De même, le 2e Corps d’armée central russe – opérant au sud et sud-ouest – répète le même pattern. Encerclement et attaque directe. Les deux. Simultanément. Et le résultat ? L’armée russe est éparpillée. Elle n’a pas la concentration nécessaire pour faire échouer l’encerclement. Elle n’a pas la puissance pour écraser les défenses directes. Elle reste coincée, frustée, incapable de faire des progrès décisifs.

Et c’est pour ça que les Ukrainiens, même épuisés, même en sous-nombre, continuent à tenir. Parce que les Russes leur donnent du temps. Et le temps, c’est ce que les Ukrainiens ont besoin pour consolider, pour préparer la défense, pour attendre les renforts. Chaque jour où Pokrovsk ne tombe pas, c’est un jour de gagné. Chaque heure où Myrnohrad reste aux mains des Ukrainiens, c’est une heure de chance. Les Russes jettent leurs hommes contre des murs, et les murs – malgré les fissures qui s’élargissent – tiennent. Pour combien de temps ? Personne ne sait. Mais ils tiennent.

L’infiltration qui remplace l’assaut : quand les petits groupes deviennent la tactique dominante

Ce qui change, c’est la nature des assauts. Les Russes ne peuvent plus faire de grandes attaques mécanisées. Pourquoi ? Parce que les Ukrainiens – avec leurs drones FPV, leurs défenses antiaérienne, leur artillerie – les anéantissent. Donc les Russes ont changé de tactique. Ils envoient des petits groupes. Deux à trois hommes. Trois à cinq hommes. Pas plus. Des fireteams. Des escouades minimales. Et ces groupes – des centaines par jour, littéralement – ils infiltrent. Ils rampent. Ils trouvent des faiblesses. Et quand un group survit à l’infiltration – ce qui est rare – il essaie de tenir une position, d’attendre les renforts.

Mais c’est une stratégie incroyablement coûteuse. Pour chaque groupe qui réussit, dix sont éliminés. Et même les groupes qui réussissent sont isolés, encerclés tactiitement, incapables d’avancer réellement ou de tenir quoi que ce soit de durable. Selon les rapports ukrainiens, les Russes envoient jusqu’à cent fireteams par jour à Pokrovsk seule. Cent. Chaque groupe, c’est un à trois hommes. Ça veut dire cent à trois cents hommes envoyés en infiltration quotidiennement. Et combien en reviennent ? Dix-neuf vingt ? Peut-être moins. C’est un taux de perte qui dépasse l’inacceptable. Sauf pour les Russes, qui envoient simplement d’autres groupes le jour suivant.

Et voilà où en est l’armée russe. Elle n’a plus la capacité de faire des assauts coordonnés, méchanisés, efficaces. Elle n’a que la capacité à envoyer des hommes à la mort dans des vagues de petits groupes. C’est du désespoir tactique. C’est l’admission muette que la stratégie initiale a échoué et qu’on n’a rien d’autre pour remplacer l’échec qu’une vague d’attaques menues et coûteuses. Les hommes le savent. Les officiers le savent. Et c’est probablement pour ça qu’autant de soldats russes refusent de combattre. Parce que cette tactique les envoie juste à la mort. Rien de plus.

Je pense souvent à ce que ça doit être – d’être l’un de ces hommes envoyé en infiltration. D’être un soldat russe jeune, mal nourri, mal entraîné, envoyé par ton officier avec quatre camarades pour se glisser derrière les lignes de défense ukrainiennes. De savoir – vraiment savoir dans tes os – que c’est probablement une mission de suicide. Que tu ne vas probablement pas revenir. Que tu vas probablement être repéré et tué par un drone, ou par une équipe de tireurs ukrainiens, ou par une balle de sniper perdue.

Et c’est ce moment-là – ce moment de réalisation – où un soldat doit décider. Est-ce qu’il obéit à l’ordre et marche à la mort ? Ou est-ce qu’il refuse, risquant l’exécution par ses propres officiers ? C’est l’impossible choix. C’est le moment où l’humanité devrait revoir ce qu’elle fait à elle-même. Et au lieu de ça, on continue. On envoie d’autres groupes. Et d’autres. Et d’autres.

Voilà ce que 216 clashes cache vraiment. Pas des statistiques. Pas des nombres. Des hommes qui font un choix impossible. Et personne n’en parle vraiment. Personne n’écrit à ce sujet. Parce que c’est trop inhumain. C’est trop brutal. Mais ça se passe. Et ça va continuer à se passer.

Source : ukrinform

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
Plus de contenu