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Chronique : L’armée russe frappe sur tous les fronts : Pokrovsk et Lyman en feu
Crédit: Adobe Stock

Je regarde les cartes. Je scrute les rapports. Je lis les témoignages. Et là, devant moi, la réalité me cogne en pleine face comme un coup de poing. L’armée russe attaque. Elle attaque partout. Elle attaque sans relâche. Sur presque tous les axes du front ukrainien, les forces de Moscou lancent des assauts qui transforment l’est de l’Ukraine en un enfer de feu et d’acier. Pokrovsk brûle. Lyman saigne. Kostiantynivka vacille. Et moi, je dois vous raconter ce qui se passe là-bas, dans ces villes qui se battent pour chaque mètre carré de terre, pour chaque rue, pour chaque bâtiment détruit par les bombes planantes et les drones kamikazes. Plus de 216 engagements de combat en une seule journée. Plus de 3 100 drones kamikazes lancés contre les positions ukrainiennes. Plus de 2 900 tirs d’artillerie qui pulvérisent les fortifications. Les chiffres donnent le vertige, mais derrière ces chiffres, il y a des hommes qui se battent, qui meurent, qui résistent face à un rouleau compresseur qui avance, lentement mais sûrement. Novembre 2025. Le front oriental explose sous la pression russe.

L’offensive se déploie comme une marée montante

La stratégie russe révélée dans toute sa brutalité

Je dois vous expliquer ce qui se passe. Je dois vous faire comprendre la mécanique de guerre que les Russes ont mis en place. Ce n’est plus l’offensive brutale et frontale de 2022. Non. C’est quelque chose de plus sophistiqué, de plus insidieux, de plus dangereux aussi. Les forces russes utilisent maintenant un nouveau modèle opérationnel qui combine l’interdiction aérienne du champ de bataille et les tactiques d’infiltration par petits groupes. D’abord, ils pilonnent. Ils frappent les infrastructures logistiques ukrainiennes avec des bombes planantes KAB, ces munitions guidées qui glissent sur des dizaines de kilomètres et qui échappent aux défenses antiaériennes. Ils détruisent les routes, les ponts, les dépôts de munitions, les centres de commandement. Ils créent ce que les militaires appellent une campagne d’interdiction opérationnelle. Et une fois que les lignes de ravitaillement ukrainiennes sont affaiblies, une fois que la logistique est perturbée, alors seulement ils envoient leurs groupes d’infiltration. Trois hommes. Cinq hommes. Dix hommes maximum. Des groupes de reconnaissance et de sabotage, les fameux DRG, qui se glissent dans les trous de la défense ukrainienne, souvent la nuit, souvent dans le brouillard épais qui recouvre le Donbass en cette saison. Ces hommes avancent sans être vus. Ils se cachent dans les caves. Ils se terrent dans les ruines. Et quand le moment est venu, ils ouvrent la voie aux forces mécanisées qui suivent derrière.

Cette tactique, je l’ai vue déployée à Pokrovsk. Je l’ai vue à Koupiansk. Je l’ai vue à Lyman aussi. C’est devenu le modus operandi de l’armée russe en 2025, et ça fonctionne terriblement bien. Les Ukrainiens ont du mal à contrer ces infiltrations, car leurs drones, leur principale arme défensive, sont cloués au sol par le mauvais temps. Le brouillard dense, les pluies incessantes, les conditions météorologiques déplorables de novembre – tout ça joue en faveur des Russes. Un commandant ukrainien me l’a dit dans un rapport que j’ai lu : « Les infiltrations par petits groupes, parfois juste un homme avec un fusil et des grenades, dont la tâche est de se cacher dans une cave ou un abri, c’est difficile à contrer. » Une fois ces infiltrés en place, ils commencent à semer le chaos. Ils posent des mines près des positions ukrainiennes. Ils perturbent les opérations de drones. Ils tiennent des positions clés jusqu’à l’arrivée des renforts. Et les Ukrainiens doivent détourner des troupes précieuses d’autres secteurs pour faire face à ces incursions. C’est un piège. Un piège qui se referme lentement sur les défenseurs ukrainiens qui manquent cruellement d’infanterie.

Et puis il y a les pertes. Les pertes russes sont colossales, je ne vais pas vous mentir. L’Ukraine affirme que la Russie a perdu plus de 1,16 million de soldats depuis février 2022, dont 1 140 rien que le 27 novembre 2025. Des chiffres effrayants qui témoignent de l’intensité des combats. L’Institut pour l’étude de la guerre évalue que la Russie a subi environ 1,12 million de pertes totales, avec des pertes quotidiennes qui dépassent maintenant les 1 000 hommes en octobre et novembre. Mais voilà le problème : malgré ces saignées terrifiantes, malgré ces milliers de morts chaque semaine, l’armée russe continue d’avancer. Elle continue de prendre du terrain. Parce qu’elle a l’avantage numérique. Parce qu’elle peut remplacer ses pertes. Parce que Poutine est prêt à sacrifier des dizaines de milliers de vies pour atteindre ses objectifs. C’est ça, la guerre d’usure. C’est ça, la réalité brutale du front en novembre 2025. Les Russes perdent des hommes par milliers, mais ils avancent quand même. Mètre par mètre. Rue par rue. Ville par ville.

Les axes d’attaque se multiplient comme des tentacules

Je compte les secteurs où les combats font rage. Pokrovsk, évidemment. Lyman, sans aucun doute. Mais aussi Kostiantynivka. Et Koupiansk. Et Zaporizhia. Et Huliaipole. Les Russes attaquent sur presque toute la ligne de contact, du nord au sud, de Kharkiv jusqu’à Zaporizhia. C’est une stratégie délibérée, je le vois bien. En multipliant les axes d’offensive, Moscou force les Ukrainiens à disperser leurs forces. Kiev ne peut pas concentrer ses réserves sur un seul point chaud, car il y en a dix. Quinze même. Les commandants ukrainiens doivent faire des choix impossibles : renforcer Pokrovsk ou envoyer des troupes à Huliaipole ? Défendre Lyman ou secourir Kostiantynivka ? Chaque décision implique d’abandonner un secteur pour en sauver un autre. Et pendant ce temps, les Russes progressent là où la défense est la plus faible. C’est une guerre de mouvement, mais au ralenti. Une guerre d’attrition, mais sans répit. Dans le secteur de Lyman, les forces russes ont lancé 43 attaques contre les positions ukrainiennes près de Hrekivka, Novovodiane, Novoihorivka, Novoselivka, Kopanky, Kolodiazi, Serednie, Ridkodub, Karpivka, Zarichne, et vers Lyman et Drobysheve. Quarante-trois attaques en une seule journée dans un seul secteur. Vous imaginez l’intensité ? Les défenseurs ukrainiens repoussent encore 14 assauts en cours au moment où j’écris ces lignes.

Dans le secteur de Pokrovsk, c’est encore pire. Les unités russes ont tenté 49 fois de percer les défenses ukrainiennes près de Volodymyrivka, Fedorivka, Nikanorivka, Chervonyi Lyman, Rodynske, Novoekonomichne, Pokrovsk lui-même, Kotlyne, Udachne, Molodetske, Yalta et Dachne. Quarante-neuf assauts. En une journée. Les chiffres me donnent le tournis, mais ils révèlent la détermination russe à s’emparer de cette ville qui contrôle les lignes de ravitaillement vers le reste du Donbass. Les Ukrainiens ont neutralisé 126 soldats russes dans ce seul secteur le 26 novembre, dont 94 tués. Ils ont détruit un véhicule et 20 drones, ainsi qu’un système d’artillerie et dix abris de personnel ennemis. Mais malgré ces succès défensifs, les Russes continuent de progresser. Dans le secteur de Kostiantynivka, les forces russes ont conduit 31 attaques, concentrant leurs efforts offensifs près de Yablunivka, Pleshchiivka, Ivanopillia, Rusyn Yar, et vers Kostiantynivka et Sofiivka. Trente et une attaques. Encore une fois. Le schéma se répète, inlassablement, sur toute la longueur du front.

Et puis il y a le front sud, souvent négligé dans les analyses, mais qui devient de plus en plus critique. Dans le secteur de Huliaipole en région de Zaporizhia, les Ukrainiens ont repoussé 17 tentatives russes de progresser près de Zatyshshia, Solodke, Yablukove, Zelenyi Hai, et vers Huliaipole lui-même. Les analystes militaires ukrainiens tirent la sonnette d’alarme : la situation autour de Huliaipole est « très dangereuse ». Les Russes augmentent constamment le nombre d’actions d’assaut dans une zone de 10 kilomètres autour de la ville. Ils tentent non seulement d’approcher Huliaipole, mais aussi de couper la route logistique qui va de la région de Dnipropetrovsk vers Huliaipole, du nord au sud près de Varvarivka. Si cette route tombe, Huliaipole sera isolée. Et si Huliaipole tombe, c’est toute la défense du sud qui risque de s’effondrer. Le commandant adjoint de la 3e brigade d’assaut ukrainienne, Maksym Zhorin, a lancé un avertissement glaçant sur Telegram : « Dans certaines zones, sans changements urgents, la situation deviendra critique. » Il ajoute qu’il n’a pas vu ce genre d’avancée rapide des Russes depuis longtemps, décrivant leur progression comme dangereusement rapide.

Les chiffres qui glacent le sang

Je dois vous donner les chiffres. Parce que les chiffres, aussi froids soient-ils, racontent une histoire. Une histoire de destruction massive, de violence industrielle, de guerre totale. Le 26 novembre 2025, l’état-major ukrainien a enregistré 216 engagements de combat le long du front. Les envahisseurs ont effectué 41 frappes aériennes, larguant 103 bombes planantes. Les Russes ont utilisé 3 178 drones kamikazes pour frapper les positions et les zones peuplées. Ils ont effectué 2 972 tirs d’artillerie sur les positions des troupes ukrainiennes et les zones habitées. Trois mille tirs d’artillerie en une seule journée. C’est un déluge de fer et de feu qui s’abat sur les défenseurs. C’est l’enfer sur terre. Et ça se produit chaque jour, jour après jour, sans interruption. Dans le secteur de Sloviansk, l’ennemi a tenté de percer sept fois près de Yampil, Serebrianka, Dronivka, Vyimka et Sakko i Vantsetti. Dans le secteur de Kramatorsk, les défenseurs ukrainiens ont repoussé quatre attaques près de Chasiv Yar et vers Predtechyne. Dans le secteur d’Oleksandrohrad, les unités ukrainiennes ont stoppé 14 attaques ennemies près d’Ivanivka, Zelenyi Hai, Oleksiivka, Pryvilne et Krasnohirsk.

Les pertes matérielles russes sont également stupéfiantes. Au 27 novembre 2025, les pertes totales russes depuis le 24 février 2022 sont estimées à : environ 1 169 690 soldats, 11 373 chars, 23 628 véhicules blindés de transport de troupes, 34 709 systèmes d’artillerie, 1 550 lance-roquettes multiples, 1 253 systèmes antiaériens, 430 avions, 347 hélicoptères, 85 174 drones de niveau opérationnel-tactique, 3 995 missiles de croisière, 28 navires de guerre et bateaux, un sous-marin, 68 351 véhicules et réservoirs de carburant, et 4 008 équipements spéciaux. Ces chiffres donnent une idée de l’ampleur des combats. Onze mille chars détruits. Plus de trente-quatre mille pièces d’artillerie anéanties. Quatre cent trente avions abattus. C’est une armée entière qui a été pulvérisée. Plusieurs armées même. Et pourtant, les Russes continuent. Ils remplacent leurs pertes. Ils ramènent de vieux chars T-55 et T-62 des années 1960 pour compenser les pertes de T-72 et T-90 modernes. Ils envoient des conscrits à peine formés pour remplacer les soldats professionnels tombés au combat. L’effort de guerre russe est devenu une machine à broyer les hommes et le matériel, mais cette machine continue de fonctionner.

Et les pertes quotidiennes ne ralentissent pas. Au contraire. Selon un rapport du renseignement britannique du 14 octobre 2025, la Russie a subi environ 1,12 million de pertes totales depuis le début de l’invasion à grande échelle, dont 332 000 depuis le 1er janvier 2025. Le taux de pertes a atteint son maximum en décembre 2024 avec en moyenne 1 570 pertes par jour. Il a ensuite diminué progressivement jusqu’à 930 pertes quotidiennes en août 2025. Mais depuis, il augmente à nouveau, dépassant les 1 000 pertes quotidiennes entre le 5 et le 12 octobre. Une analyse publiée par The Economist le 17 octobre 2025, basée sur des données satellitaires et « plus de 200 estimations crédibles de pertes provenant de gouvernements occidentaux et de chercheurs indépendants », indique que le nombre total de victimes russes a augmenté de 60% depuis le début de l’année, avec plus de 100 000 soldats tués depuis le début de 2025. Cent mille morts en moins d’un an. C’est l’équivalent de toute l’armée française anéantie en quelques mois. C’est insoutenable. C’est monstrueux. Mais ça continue.

Pokrovsk, le brasier qui dévore tout sur son passage

Une ville transformée en champ de bataille urbain

Je dois vous parler de Pokrovsk. Je dois vous faire comprendre ce qui se passe dans cette ville qui meurt sous les bombes. Pokrovsk, c’est le centre névralgique du Donbass occidental, un hub logistique essentiel qui contrôle les routes et les voies ferrées vers le reste de l’oblast de Donetsk. Si Pokrovsk tombe, c’est toute la logistique ukrainienne dans le secteur qui s’effondre. Et c’est exactement pour ça que les Russes se battent avec une telle férocité pour s’en emparer. Ça fait maintenant 21 mois qu’ils mènent cette campagne. Vingt et un mois d’offensive continue, de combats acharnés, de pertes effroyables des deux côtés. Et en novembre 2025, ils sont enfin entrés dans la ville. La situation à Pokrovsk reste « sérieuse et dynamique » selon l’Institut pour l’étude de la guerre. Les forces russes continuent d’exploiter leur nouveau modèle opérationnel pour s’emparer de Pokrovsk et encercler les forces ukrainiennes à Myrnohrad, à l’est de Pokrovsk. Selon des rapports ukrainiens du 25 novembre, les forces russes contrôlent Pokrovsk au sud de la voie ferrée Donetska, qui coupe la ville en deux. La ligne de front actuelle à Pokrovsk longe largement la périphérie nord de la ville. Un officier supérieur d’une brigade ukrainienne opérant dans le secteur de Pokrovsk a déclaré fin octobre que les forces russes opéraient dans environ 60% de Pokrovsk.

Soixante pour cent de la ville sous contrôle russe. Ça signifie que les combats se déroulent maintenant dans les rues, dans les immeubles, dans les caves. C’est une guerre urbaine, la forme de combat la plus brutale et la plus meurtrière qui existe. Chaque bâtiment devient une forteresse. Chaque rue devient une zone de mort. Les snipers russes se postent sur les hauteurs dominantes pour contrôler par le feu les zones environnantes. Les Forces spéciales ukrainiennes ont rapporté le 23 novembre avoir mené des frappes de drones contre une position russe sur une hauteur dominante dans une installation industrielle de Pokrovsk que les tireurs d’élite russes utilisaient pour exercer un contrôle par le feu sur la zone environnante. Les Russes utilisent également des groupes d’infiltration pour pénétrer profondément dans la ville. Un groupe d’infiltration russe a réussi à pénétrer dans le centre de Pokrovsk, atteignant le bâtiment de la gare ferroviaire. Selon le 7e corps d’assaut aérien ukrainien, le groupe russe a été éliminé peu après être entré dans le bâtiment. Mais le fait qu’ils aient pu atteindre le centre-ville montre à quel point la situation est précaire. The Telegraph a rapporté des preuves vidéo apparentes de crimes de guerre russes, montrant les corps morts de trois civils qui, selon le corps, avaient été tués par le même groupe d’infiltrateurs russes.

Les forces ukrainiennes maintiennent encore une présence dans la ville et continuent de mener des contre-attaques. Des images géolocalisées publiées le 24 novembre montrent que les forces ukrainiennes maintiennent des positions le long de l’autoroute E-50 Pokrovsk-Pavlohrad dans le nord-ouest de Pokrovsk, où des sources russes affirmaient auparavant que les forces russes maintenaient une présence. D’autres images géolocalisées publiées le 24 novembre montrent des forces ukrainiennes patrouillant dans le nord de Pokrovsk dans des zones où les forces russes s’étaient précédemment infiltrées, et un régiment d’assaut ukrainien opérant à Pokrovsk a rapporté que les forces ukrainiennes avaient nettoyé le centre de Pokrovsk des forces russes. Mais d’autres sources militaires et médiatiques ukrainiennes ont fourni des récits contradictoires sur ces opérations de nettoyage. Un commandant du bataillon de drones ukrainien a noté le 24 novembre que l’interdiction efficace par drones ukrainiens des lignes de communication terrestres russes a coupé la logistique de 90% des groupes d’assaut russes à Pokrovsk, ralentissant le rythme de l’avancée russe dans la ville. La source militaire ukrainienne a ajouté que les forces russes à Pokrovsk, qui comptent plus de 500 hommes, sont relativement désorganisées et commettent parfois des incidents de tir ami.

L’encerclement qui se resserre comme un étau

Mais voilà le vrai problème. Le vrai danger qui plane sur Pokrovsk. Ce n’est pas seulement la bataille pour la ville elle-même. C’est l’encerclement qui se prépare. Les forces russes continuent leurs efforts pour s’infiltrer à Myrnohrad et couper les lignes de communication terrestres tactiques ukrainiennes reliant Myrnohrad et Pokrovsk. Le 7e corps de réaction rapide des forces d’assaut aérien ukrainien a évalué le 25 novembre que les forces russes tenteront de couper les lignes de communication entre Pokrovsk et Myrnohrad dans un avenir proche. Le corps a rapporté que les forces ukrainiennes renforcent les unités à Myrnohrad pour défendre la périphérie sud de la ville, où les forces russes s’accumulent. Un officier ukrainien opérant à Myrnohrad a déclaré que les lignes de communication terrestres ukrainiennes vers Myrnohrad se trouvent entièrement dans la « zone grise » contestée sur laquelle ni les forces ukrainiennes ni russes n’exercent un contrôle ferme. Des images géolocalisées publiées le 25 novembre montrent des militaires ukrainiens faisant des prisonniers de guerre russes le long de la rue Tsentralna dans le centre de Myrnohrad, indiquant que les forces russes ont récemment réussi à s’infiltrer profondément dans le centre de Myrnohrad mais n’exercent pas encore confortablement le contrôle sur cette zone.

C’est ça, la tactique russe. Infiltrer. Isoler. Encercler. Une fois que Pokrovsk et Myrnohrad seront coupées du reste des forces ukrainiennes, une fois que les routes de ravitaillement seront interdites, les défenseurs n’auront plus que deux options : se rendre ou tenter une percée désespérée. Le chef d’état-major général russe Valeri Guerassimov a affirmé que des milliers de soldats ukrainiens étaient encerclés près de Pokrovsk, quelque chose que les experts militaires et les blogueurs pro-guerre russes ont contesté. Le président ukrainien Zelensky a décrit la situation à Pokrovsk comme « difficile », mais a rejeté les rapports de Guerassimov selon lesquels les forces ukrainiennes seraient encerclées. D’intenses combats de rue ont eu lieu fin octobre alors que les forces russes progressaient vers le centre-ville. Le 7e corps d’assaut aérien ukrainien a estimé que la Russie a déployé environ 11 000 soldats dans la zone. Onze mille soldats russes contre combien de défenseurs ukrainiens ? Les chiffres exacts sont difficiles à obtenir, mais on sait que les Ukrainiens souffrent d’une pénurie criante d’infanterie. Un commandant ukrainien du nom d’Andrii a déclaré : « En ce moment, je reçois les mêmes ordres qu’en 2022, mais il n’y a qu’une seule différence : je n’ai actuellement pas d’infanterie. À la place de l’infanterie, j’ai des chauffeurs, des artilleurs et des cuisiniers. »

Cette pénurie d’infanterie, combinée à la saturation croissante du ciel par les drones russes, a radicalement changé le tableau tactique des combats quotidiens en Ukraine au cours de l’année écoulée. L’incapacité de la Russie à exploiter ces brèches avec des tactiques d’infiltration raffinées par petits groupes d’infanterie est considérée comme l’une des principales raisons des gains territoriaux russes en 2025. Une source militaire ukrainienne a déclaré le 24 novembre que les forces russes à Pokrovsk ont encore un contrôle de feu important dans la ville et utilisent des drones pour interdire de manière significative les lignes de communication terrestres ukrainiennes. Les forces russes continuent leurs propres efforts d’interdiction ciblant les routes d’approvisionnement ukrainiennes dans le secteur de Pokrovsk. Le commandant d’un bataillon de drones ukrainien a noté que les troupes russes à Pokrovsk ne maintiennent pas de lignes défensives solides. Une « zone de mort » de 15 à 20 kilomètres près de la ligne de front de Pokrovsk complique la logistique en raison des menaces généralisées de drones. Cette zone est saturée de drones de frappe tactique et de reconnaissance qui constituent une menace majeure pour tout équipement ou personnel se déplaçant dans la zone.

Le président Zelensky confirme la gravité de la situation

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’environ 170 000 soldats russes font pression pour s’emparer de Pokrovsk, bien qu’il ait rejeté les affirmations de Moscou concernant l’encerclement, même si les forces ukrainiennes sont aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre. Une prise russe de la ville serait une victoire significative. Cent soixante-dix mille soldats. C’est plus que l’ensemble de l’armée britannique. C’est une force d’invasion massive concentrée sur un seul axe d’attaque. Et face à eux, des défenseurs ukrainiens épuisés, à court d’hommes, à court de munitions, mais qui continuent de se battre avec une détermination féroce. Le ministère russe de la Défense a rapporté que ses forces menaient des combats maison par maison à l’intérieur de Pokrovsk pour expulser les forces ukrainiennes. En conséquence de plus d’un an de combats, la ville a été gravement endommagée. Pokrovsk a été décrit par The New York Times comme ayant « été largement réduit en décombres ». Une vidéo publiée le 10 novembre montrait des soldats russes entrant dans la ville avec des motos et des véhicules civils. Reuters a vérifié que la vidéo avait été enregistrée à l’entrée sud de Pokrovsk le long de l’autoroute M-30. Selon la 68e brigade ukrainienne, le convoi a été partiellement détruit.

Au nord de Pokrovsk, des unités russes se sont infiltrées dans les fermes situées à la périphérie nord de la ville, dans une tentative de compléter l’encerclement des forces ukrainiennes à Myrnohrad. Selon le 7e corps d’assaut aérien ukrainien, ces groupes russes ont été détruits. Mais pour chaque groupe détruit, combien d’autres réussissent à passer ? C’est la question qui hante les commandants ukrainiens. Les images géolocalisées publiées le 7 novembre indiquaient que les forces russes progressaient au sud de Krasnyi Lyman. Un commandant adjoint de bataillon ukrainien opérant dans le secteur de Pokrovsk a déclaré à Ukrainska Pravda que les forces russes ont amené des chars et des mortiers à Pokrovsk depuis le 19 novembre, indiquant que les forces russes ont pu déployer du matériel lourd à Pokrovsk malgré les efforts d’interdiction ukrainiens. Des chars dans la ville. Des mortiers dans les rues. C’est le signe que les Russes sont là pour rester, qu’ils consolident leurs positions, qu’ils se préparent pour la phase suivante de l’offensive. Pokrovsk est en train de tomber. Lentement. Douloureusement. Mais inexorablement. Et personne ne sait si les Ukrainiens pourront tenir encore longtemps.

Lyman, Kostiantynivka et les autres fronts qui vacillent

Le secteur de Lyman sous une pression constante

Je me tourne maintenant vers Lyman. Cette ville du nord du Donbass qui a déjà changé de mains plusieurs fois depuis 2022. Lyman, c’est une position stratégique qui contrôle l’accès vers Sloviansk et Kramatorsk, les deux derniers bastions ukrainiens dans le Donbass. Si Lyman tombe, la route vers ces villes s’ouvre. Et les Russes le savent. C’est pourquoi ils attaquent sans relâche dans ce secteur. Dans le secteur de Lyman, les envahisseurs russes ont attaqué les positions ukrainiennes 43 fois près des localités de Hrekivka, Novovodiane, Novoihorivka, Novoselivka, Kopanky, Kolodiazi, Serednie, Ridkodub, Karpivka, Zarichne, et vers les localités de Lyman et Drobysheve. Les défenseurs ukrainiens repoussent actuellement des attaques ennemies dans 14 emplacements. Quarante-trois attaques. En un seul jour. Dans un seul secteur. L’intensité des combats est hallucinante. Les forces russes ont continué leurs opérations offensives dans le secteur Sloviansk-Lyman le 25 novembre mais n’ont pas fait d’avancées confirmées. Des blogueurs militaires russes ont affirmé que les forces russes avaient progressé à l’est de Lyman, vers l’autoroute T-0513 Lyman-Siversk au sud-est de Lyman, et dans le sud-ouest de Yampil au sud-est de Lyman. Un blogueur militaire russe a affirmé que Stavky au nord de Lyman reste une « zone grise » contestée suite à une mission d’infiltration russe pour hisser des drapeaux dans la localité.

Le blogueur militaire russe a rapporté que les forces ukrainiennes tiennent toujours des positions dans l’ouest de Stavky, contrairement aux affirmations russes d’avoir saisi toute la localité. Les forces russes ont attaqué près de Lyman elle-même ; au nord-ouest de Lyman près de Shandryholove, Novoselivka et Drobysheve ; au nord de Lyman près de Stavky ; à l’est de Lyman près de Zarichne et Torske ; et au sud-est de Lyman près de Yampil et Ozerne les 24 et 25 novembre. Un blogueur militaire russe a affirmé que les forces ukrainiennes ont mené des contre-attaques près de Stavky. Le média ukrainien Ukrainska Pravda a rapporté le 25 novembre que les forces russes sont entrées à Lyman plusieurs fois mais que les forces ukrainiennes ont repoussé les forces russes à chaque fois et les ont empêchées d’établir une présence durable dans la localité. Un membre d’une unité de drones ukrainienne a déclaré à Ukrainska Pravda que les forces russes ont obtenu le contrôle du feu de l’autoroute E-40 Sloviansk-Izyum après avoir saisi des hauteurs clés dans le secteur de Lyman. Ukrainska Pravda a rapporté que la perte de la zone forestière de Serebryanske au sud-est de Lyman fin septembre 2025 a rapproché la ligne de front de la ligne ferroviaire Lyman-Yampil, permettant aux forces russes d’avancer vers la périphérie de Lyman et créant une grande « zone grise » contestée près de Yampil.

Un militaire ukrainien opérant dans le secteur de Lyman a déclaré le 25 novembre que les forces russes mènent des assauts avec de l’infanterie soutenue par des drones et occasionnellement avec des motos. Le militaire ukrainien a déclaré que les forces russes attaquent principalement le matin et le soir et parfois pendant la journée pour profiter du brouillard épais, ce qui complique les opérations de drones ukrainiens. Le militaire ukrainien a déclaré que les forces russes visent à entraver la logistique ukrainienne avec des frappes de drones constantes, y compris avec des drones à vue en première personne, à fibre optique et des drones dormants. C’est ça, la réalité du champ de bataille moderne. Ce n’est plus seulement une question d’artillerie et de chars. C’est une guerre de drones, où des milliers de petits engins volants s’affrontent dans le ciel, chassant les véhicules, les soldats, les positions de commandement. Les Russes utilisent des drones dormants – des drones qui se posent et attendent, cachés dans la végétation ou les ruines, puis qui se réactivent quand un véhicule ukrainien passe à proximité. C’est une embuscade aérienne. C’est terrifiant. Et ça fonctionne. Le porte-parole d’une brigade ukrainienne opérant dans le secteur de Lyman a déclaré que les forces russes continuent d’utiliser des tactiques de petits groupes et de frapper les lignes de communication terrestres ukrainiennes, conformément à l’évaluation du nouveau concept de campagne russe qui repose sur une campagne prolongée d’interdiction aérienne du champ de bataille et des missions d’infiltration par petits groupes et des assauts.

Kostiantynivka se prépare au pire

Et puis il y a Kostiantynivka. Cette ville industrielle du Donbass qui fait maintenant face à une menace croissante. Les forces russes emploient leur nouveau modèle opérationnel dans la zone tactique de Kostiantynivka-Druzhkivka, créant les conditions pour un futur effort dédié à s’emparer de Kostiantynivka et à menacer la ceinture de forteresses ukrainienne depuis le sud. Un commandant de peloton de drones ukrainien opérant dans le secteur de Kostiantynivka a déclaré à Ukrainska Pravda le 25 novembre que les forces russes entrent à Kostiantynivka depuis plus d’un mois (depuis environ la mi-octobre 2025) et engagent régulièrement les forces ukrainiennes avec des armes légères. Le commandant de peloton de drones a rapporté que la présence russe à Kostiantynivka n’est plus limitée à de petits groupes de sabotage et de reconnaissance. Un blogueur militaire russe a affirmé le 25 novembre que des combats sont en cours à la périphérie est de Kostiantynivka. Les forces russes ont lourdement frappé Kostiantynivka et ses environs ces derniers mois, probablement dans le cadre d’une campagne d’interdiction aérienne du champ de bataille au niveau opérationnel visant à dégrader la logistique et la capacité défensive ukrainiennes avant des opérations terrestres dédiées pour s’emparer de la ville et du reste de la ceinture de forteresses ukrainienne.

Des sources russes et ukrainiennes ont récemment indiqué que les forces russes avaient déprioritisé la prise de Kostiantynivka pour compléter la prise de Pokrovsk, mais que le commandement militaire russe reprioritiserait probablement la prise de Kostiantynivka après avoir pris Pokrovsk. Le commandement militaire russe cherche probablement à continuer les efforts d’interdiction et les missions d’infiltration à Kostiantynivka pour créer les conditions d’un futur effort dédié pour s’emparer de la ville au moment de son choix. Dans le secteur de Kostiantynivka, les forces russes ont mené 31 attaques, concentrant leurs efforts offensifs près de Yablunivka, Pleshchiivka, Ivanopillia, Rusyn Yar, et vers Kostiantynivka et Sofiivka. C’est un pilonnage méthodique. Une préparation minutieuse. Les Russes ne se précipitent pas. Ils prennent leur temps. Ils frappent les infrastructures. Ils détruisent les fortifications. Ils affaiblissent les défenses. Et quand le moment sera venu, quand Pokrovsk sera tombée, ils lanceront l’assaut final sur Kostiantynivka. Un commandant d’unité UAV ukrainien actuellement stationné à Kramatorsk a déclaré à Ukrainska Pravda : « Le genre de vie qui existe à Kramatorsk maintenant va disparaître ; la ville commencera à dépérir vers avril ou mai 2026. Malheureusement, d’ici l’été, Kramatorsk aura commencé à se transformer en une autre Kostiantynivka. Les choses ne vont pas s’améliorer. »

Ce témoignage me glace le sang. Il révèle la trajectoire inévitable de cette guerre. Pokrovsk tombe. Kostiantynivka suivra. Puis Druzhkivka. Puis Kramatorsk. Puis Sloviansk. Une à une, les villes du Donbass sont broyées par la machine de guerre russe. Et à chaque ville qui tombe, la suivante devient plus vulnérable. C’est un effondrement en cascade, un domino qui entraîne les autres dans sa chute. Les analystes militaires partagent un sombre pronostic. « La Russie a déployé des ressources il y a plus d’un mois pour lancer son offensive sur le flanc ouest », a déclaré le lieutenant-général Ihor Romanenko, ancien chef adjoint d’état-major des forces armées ukrainiennes. Des milliers de soldats russes continuent d’avancer, capturant plusieurs villages et se rapprochant de Huliaipole dans l’est de Zaporizhia. Actuellement, Huliaipole sert de centre logistique vital, les forces russes n’étant qu’à quelques kilomètres. « La situation est devenue critique ; les forces russes ont avancé et réduit la distance à la ville à 4 kilomètres, leur permettant de frapper avec des mortiers », a noté Romanenko. Sur les 20 000 habitants de la ville, seuls quelques centaines restent, principalement des personnes âgées réticentes à quitter leurs maisons, leur bétail et leurs animaux de compagnie.

Le front sud s’effondre lentement mais sûrement

Le front sud est en train de devenir le point faible de la défense ukrainienne. La région de Zaporizhia est devenue particulièrement vulnérable. Les troupes russes progressent depuis le flanc droit, et leurs mouvements ont été confirmés par des analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre. L’Ukraine pourrait bientôt devoir repositionner ses forces pour éviter une percée plus importante dans ce secteur. Dans le secteur de Huliaipole, les défenseurs ukrainiens ont repoussé 16 attaques ennemies vers Dobropillia et Huliaipole, près des localités de Vesele, Zatyshshia, Zelenyi Hai et Vysoke. Les forces russes intensifient leurs attaques d’assaut près de Huliaipole dans la région de Zaporizhia. L’ennemi essaie de capturer des localités et de couper une importante route logistique. Selon le porte-parole des forces de défense du sud, Vladyslav Voloshyn, autour de Huliaipole, « la situation est très dangereuse. Les Russes augmentent constamment le nombre d’actions d’assaut. » Il a noté que l’ennemi est devenu plus actif dans une zone de 10 kilomètres autour de Huliaipole et tente d’avancer vers la localité de Zatyshshia, qui est plus proche de la ligne de front. « Au cours de la dernière journée, il y a également eu des affrontements de combat là-bas. L’ennemi n’essaie pas seulement de s’approcher de Huliaipole, mais aussi de couper la route logistique qui va de la région de Dnipropetrovsk à Huliaipole, du nord au sud près de la localité de Varvarivka. »

Selon lui, la situation dans la zone de Varvarivka reste difficile. L’ennemi essaie de percer jusqu’à la localité, mais les combats se poursuivent encore dans les ceintures forestières voisines. Plus tôt, des analystes de DeepState ont rapporté que les forces russes avaient capturé les villages de Rivnopillia et Yablukove dans la région de Zaporizhia. De plus, l’ennemi a avancé près des localités de Solodke et Novouspenivske dans le district de Polohy. Le commandant en chef des forces armées d’Ukraine, Oleksandr Syrskyi, a déclaré que lors de l’offensive dans la région de Zaporizhia, les troupes russes ont réussi à capturer trois localités. De violents combats se poursuivent encore pour deux autres villages. Il y avait aussi des informations selon lesquelles les forces russes avaient coupé l’une des routes logistiques clés menant à Huliaipole. Maintenant, la Fédération de Russie augmente ses efforts pour avancer vers Huliaipole, essayant d’encercler la ville depuis l’est et le nord. Le 21 novembre, les forces de défense ont démenti les informations sur l’encerclement des unités ukrainiennes dans le secteur de Huliaipole. Ils ont déclaré que cela ne correspond pas à la réalité. Selon le commandement, la situation est tendue, mais la communication avec les combattants reste, et la logistique est établie.

Maksym Zhorin, commandant adjoint de la 3e brigade d’assaut ukrainienne, a lancé une évaluation grave via Telegram. « Dans certaines zones, sans changements urgents, la situation deviendra critique », a-t-il écrit. Zhorin a ajouté qu’il n’a pas été témoin de ce genre d’avancée rapide des Russes depuis longtemps, décrivant la progression de l’ennemi comme dangereusement rapide. Pendant que les discussions entre les États-Unis et la Russie se poursuivent à Abu Dhabi, la guerre reste active et intense. Le secrétaire de l’armée américaine Dan Driscoll dirige les efforts pour négocier un accord de paix. Mais sur le terrain, il y a peu de signes de désescalade. Les deux camps poursuivent leurs offensives, avec des combats importants signalés à l’est et au sud de l’Ukraine. Les troupes de Poutine se concentrent fortement sur Pokrovsk, une ville stratégiquement importante dans l’est de l’Ukraine. Les analystes militaires estiment que ce mouvement fait partie d’une stratégie plus large visant à étirer les forces ukrainiennes sur plusieurs fronts. L’offensive ajoute à la pression déjà croissante dans le sud, créant des choix difficiles pour la direction militaire de Kiev. La région de Zaporizhia est devenue particulièrement vulnérable. Les troupes russes progressent depuis le flanc droit, et leurs mouvements ont été confirmés par des analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre. L’Ukraine pourrait bientôt devoir repositionner ses forces pour éviter une percée plus importante dans ce secteur.

La résilience ukrainienne face au rouleau compresseur

Les opérations de drones qui sauvent des vies

Mais au milieu de ce tableau apocalyptique, il y a des lueurs d’espoir. Des histoires de résilience et de courage qui prouvent que les Ukrainiens ne sont pas prêts à abandonner. Les forces ukrainiennes ont développé une capacité d’interdiction par drones qui fait des ravages dans les lignes logistiques russes. Une source militaire ukrainienne a noté le 24 novembre que l’interdiction efficace par drones ukrainiens des lignes de communication terrestres russes a coupé la logistique de 90% des groupes d’assaut russes à Pokrovsk, ralentissant le rythme de l’avancée russe dans la ville. Quatre-vingt-dix pour cent. C’est énorme. Ça signifie que la grande majorité des unités russes à Pokrovsk sont isolées, sans ravitaillement régulier, dépendant de largage par drones pour leur nourriture et leurs munitions. Une zone de mort de 15 à 20 kilomètres près de la ligne de front de Pokrovsk complique la logistique en raison des menaces généralisées de drones. Cette zone est saturée de drones de frappe tactique et de reconnaissance qui constituent une menace majeure pour tout équipement ou personnel se déplaçant dans la zone. Les Ukrainiens ont transformé cette bande de territoire en un enfer aérien où rien ne peut bouger sans être traqué et détruit. C’est cette capacité d’interdiction qui empêche les Russes de progresser encore plus vite, qui les force à ramper mètre par mètre au lieu de rouler avec leurs colonnes blindées.

Les Forces spéciales ukrainiennes ont rapporté le 23 novembre que les forces ukrainiennes ont mené des frappes de drones contre des forces russes participant aux opérations offensives dans le secteur de Pokrovsk. Les SSO ont rapporté que les forces ukrainiennes ont frappé une position russe sur une hauteur dominante dans une installation industrielle de Pokrovsk que les tireurs d’élite russes utilisaient pour exercer un contrôle par le feu sur la zone environnante. Les Forces spéciales ont également rapporté le 24 novembre que des éléments SSO ukrainiens ont mené un raid dans le secteur de Pokrovsk, tuant deux militaires russes et en faisant prisonnier un autre. Les SSO ukrainiens ont ajouté que le raid a permis à une unité voisine d’évacuer trois militaires ukrainiens blessés avec des véhicules terrestres sans pilote. C’est ça aussi, la guerre moderne. Des raids héliportés. Des évacuations par robots. Des frappes de drones de précision. Les Ukrainiens excellent dans ces opérations spéciales de petite unité, compensant leur infériorité numérique par une supériorité tactique et technologique. Une unité de drones ukrainienne opérant dans le secteur de Kostiantynivka a rapporté le 25 novembre que ses opérateurs de drones ont récemment détruit deux systèmes de guerre électronique russes Cherny Glaz dans le secteur de Toretsk.

Les forces ukrainiennes ont également frappé des infrastructures énergétiques dans le kraï de Krasnodar dans la nuit du 24 au 25 novembre. Des sources du Service de sécurité ukrainien ont déclaré à l’agence de presse ukrainienne RBK-Ukraine le 25 novembre que le SBU et d’autres éléments ukrainiens ont frappé des installations militaires et logistiques au port de Novorossiysk dans le kraï de Krasnodar, en Russie. Les sources ont rapporté que les forces ukrainiennes ont frappé des infrastructures de terminal pétrolier et un système de défense aérienne S-300/S-400. Les sources ont rapporté que les données préliminaires suggèrent que les frappes ukrainiennes ont endommagé un grand navire de débarquement russe de projet 1171. L’état-major ukrainien a rapporté le 25 novembre que les forces ukrainiennes ont frappé le terminal pétrolier de Sheskharis à Novorossiysk et la raffinerie de pétrole de Tuapse à Tuapse, dans le kraï de Krasnodar. Ces frappes en profondeur sur le territoire russe sont cruciales. Elles forcent les Russes à disperser leurs défenses aériennes. Elles perturbent la logistique russe. Elles frappent les infrastructures pétrolières qui financent l’effort de guerre russe. C’est une stratégie d’attrition à long terme qui vise à éroder la capacité russe à soutenir la guerre. Et ça fonctionne, lentement mais sûrement.

Les contre-attaques qui donnent de l’espoir

Les forces ukrainiennes ne se contentent pas de défendre. Elles contre-attaquent. Elles reprennent du terrain. Des images géolocalisées publiées le 24 novembre montrent des forces ukrainiennes patrouillant dans le nord de Pokrovsk dans des zones où les forces russes s’étaient précédemment infiltrées, et un régiment d’assaut ukrainien opérant à Pokrovsk a rapporté que les forces ukrainiennes avaient nettoyé le centre de Pokrovsk des forces russes. Le porte-parole de l’Armée volontaire ukrainienne Serhiy Bratchuk et un journaliste ukrainien ont rapporté les 23 et 24 novembre que les forces ukrainiennes ont nettoyé plusieurs rues et zones près de la voie ferrée Donetska et de l’autoroute E-50 et que les forces ukrainiennes continuent de contrôler certains quartiers à Pokrovsk. Ukrainska Pravda a rapporté le 25 novembre que les contre-attaques ukrainiennes à Rodynske au nord de Pokrovsk ont d’abord réussi, mais que les forces russes ont ensuite repris la localité. Le média ukrainien Ukrainska Pravda a rapporté le 25 novembre que les forces russes sont entrées à Lyman plusieurs fois mais que les forces ukrainiennes ont repoussé les forces russes à chaque fois et les ont empêchées d’établir une présence durable dans la localité. Ukrainska Pravda a rapporté le 25 novembre que les forces ukrainiennes ont repoussé les forces russes hors de Siversk plusieurs fois après que les forces russes soient entrées dans la ville.

Ces contre-attaques montrent que les Ukrainiens ne sont pas résignés à la défaite. Ils se battent pour chaque rue, pour chaque bâtiment. Ils refusent d’abandonner leurs villes sans combat. Mais ces contre-attaques ont un coût. Un coût terrible en vies humaines. Un commandant ukrainien a déclaré : « En défendant des lignes défavorables ‘jusqu’au dernier homme’, nous n’avons alors simplement pas la main-d’œuvre pour tenir les lignes avantageuses. Au final, nous perdons à la fois les hommes et les positions. » C’est le dilemme tragique de la défense ukrainienne. Tenir coûte que coûte et risquer l’épuisement total ? Ou se replier sur des positions plus favorables et abandonner du territoire ? Chaque choix a ses conséquences. Chaque décision peut être fatale. Les commandants ukrainiens sont confrontés à des décisions impossibles chaque jour. Un autre commandant a expliqué : « La première chose qui se passe après le retrait, ce n’est pas le regroupement ou la planification de la façon d’assumer une meilleure position défensive. C’est immédiatement : reprendre, reprendre, reprendre, un million de fois. Si vous n’avez pas assez d’infanterie, on vous ordonne de ‘redistribuer’, ce qui signifie envoyer des tankistes, des logisticiens, des médecins, ou même assigner quelqu’un au poste en tant qu’infanterie. »

Cette situation révèle la crise de main-d’œuvre qui mine l’effort de guerre ukrainien. Le manque d’infanterie est impossible à réduire à un seul problème, se manifestant plutôt comme une équation qui commence par la mobilisation dans les villes et villages ukrainiens, passe par la formation, la réorganisation et l’affectation des hommes mobilisés dans l’armée ukrainienne, et se termine sur un champ de bataille de plus en plus meurtrier. Aggravant encore la situation, l’armée ukrainienne surchargée signifie que très peu d’opportunités existent pour que des brigades entières soient retirées de la ligne de front pour récupérer, car il n’y a pas de réserves stratégiques pour les remplacer. Un commandant a déclaré : « En ce moment, je reçois les mêmes ordres qu’en 2022, mais il n’y a qu’une seule différence : je n’ai actuellement pas d’infanterie. À la place de l’infanterie, j’ai des chauffeurs, des artilleurs et des cuisiniers. » La combinaison de la pénurie désastreuse d’infanterie ukrainienne et de la saturation croissante du ciel par les drones russes ont radicalement changé le tableau tactique des combats quotidiens en Ukraine au cours de l’année écoulée. Pour l’instant, les lignes défensives ukrainiennes surchargées et poreuses tiennent. Bien que la Russie fasse des gains réguliers, aucun effondrement ni percée opérationnelle majeure n’ont été réalisés par les forces russes en 2025. Mais pour combien de temps encore ?

L’aide internationale et les négociations de paix

Pendant que les combats font rage, les discussions diplomatiques se poursuivent. L’administration Trump continue ses efforts pour négocier un accord de paix pour mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Le président américain Donald Trump a déclaré le 25 novembre que l’Ukraine et les États-Unis avaient « affiné » le plan de paix initial en 28 points avec des contributions supplémentaires de l’Ukraine et de la Russie et qu’il ne reste « que quelques » points de désaccord. Trump a déclaré qu’il avait demandé à l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff de rencontrer le président russe Vladimir Poutine à Moscou et au secrétaire de l’armée américaine Daniel Driscoll de rencontrer une délégation ukrainienne à un endroit non spécifié. Trump a déclaré qu’il avait hâte de rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Poutine « bientôt », mais seulement lorsque l’accord de paix sera « final » ou « dans ses étapes finales ». Le lieutenant-colonel Jeff Tolbert, porte-parole de Driscoll, a déclaré que Driscoll et son équipe ont parlé avec une délégation russe à Abu Dhabi les 24 et 25 novembre. Des responsables ukrainiens continuent d’exprimer leur soutien au dernier plan de paix en 19 points et démontrent la volonté de l’Ukraine de s’engager dans de nouvelles discussions.

Le chef du Bureau présidentiel ukrainien Andriy Yermak a déclaré à Axios le 25 novembre que les responsables américains et ukrainiens se sont mis d’accord en principe sur la plupart des aspects de la dernière proposition de paix et que Zelensky veut négocier les concessions territoriales directement avec Trump. Yermak a déclaré que le projet de texte actualisé sur les garanties de sécurité « semble très solide » et que les États-Unis ont eu une « réaction positive » à la perspective d’inscrire les garanties de sécurité pour l’Ukraine dans un traité formel. Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien Rustem Umerov a déclaré que l’Ukraine cherche à organiser une réunion entre Zelensky et Trump à Washington en novembre 2025 pour compléter les étapes finales et « conclure un accord » avec Trump. Le Financial Times a rapporté que de hauts responsables ukrainiens ont déclaré que Trump et Zelensky décideraient des questions les plus sensibles dans l’accord de paix proposé, telles que les questions territoriales et les garanties de sécurité américaines pour l’Ukraine, mais ont noté que l’Ukraine avait accepté de plafonner son armée à 800 000 hommes. L’Ukraine compte environ 900 000 militaires en service actif. Mais les responsables russes tentent d’exploiter le manque de clarté sur le résultat du sommet États-Unis-Russie en Alaska d’août 2025 pour dissimuler le refus continu du Kremlin de faire des compromis et son engagement envers ses demandes maximalistes.

L’avenir incertain du Donbass et de l’Ukraine

Les scénarios qui se dessinent pour 2026

Je dois maintenant regarder vers l’avenir. Je dois essayer de comprendre où tout ça nous mène. Les analystes militaires partagent un pronostic sombre. Les combats les plus lourds sur le front en 2026 auront probablement lieu dans l’oblast de Donetsk. Dans le meilleur des cas, les forces de défense se battront pour Lyman, Siversk, Kostiantynivka, Druzhkivka, Myrnohrad et Dobropillia. Dans un scénario plus pessimiste, elles se battront pour Kramatorsk et Sloviansk. Ces deux dernières villes sont les ultimes bastions ukrainiens dans le Donbass. Si elles tombent, c’est tout l’est de l’Ukraine qui bascule sous contrôle russe. Et les Russes progressent. Lentement. Méthodiquement. Mais inexorablement. Pokrovsk est largement perdu. Il y a encore des positions ukrainiennes à la périphérie nord de la ville, mais la majeure partie de Pokrovsk est sous contrôle russe. Ukrainska Pravda dispose d’informations selon lesquelles toute la partie de la ville au sud de la ligne de chemin de fer, qui coupe la ville en deux, est tenue par les Russes. La ligne de contact, selon les informations d’Ukrainska Pravda, longe presque le bord nord de la ville. La carte de l’état-major pour le front de Pokrovsk a au moins un mois de retard. Kostiantynivka : les forces russes s’infiltrent dans la ville depuis plus d’un mois maintenant, et des fusillades éclatent régulièrement. « Et ce ne sont plus seulement des groupes de sabotage », a souligné le commandant d’un peloton d’UAV de la 93e brigade, qui opère sur le front de Kostiantynivka, lors d’un appel téléphonique avec Ukrainska Pravda.

Konstakha, comme les militaires l’appellent, est entièrement visible par les Russes depuis les drones, et ils la pilonnent constamment. Selon les rapports du 19e corps, les Russes s’en tiennent à leur stratégie de ne pas assaillir Kostiantynivka mais de la contourner, au moins via Druzhkivka – en d’autres termes, tenter de saisir deux villes à la fois. Dobropillia et Druzhkivka deviennent de moins en moins habitables de jour en jour. Les évacuations civiles des deux villes sont en cours depuis l’été. Kramatorsk et Sloviansk restent les derniers bastions de vie urbaine civilisée dans l’oblast de Donetsk pour les civils et les militaires, mais malheureusement, leurs perspectives sont également incertaines. Un commandant d’unité UAV actuellement stationné à Kramatorsk a déclaré à Ukrainska Pravda : « Le genre de vie qui existe à Kramatorsk maintenant va disparaître ; la ville commencera à dépérir vers avril ou mai 2026. Malheureusement, d’ici l’été, Kramatorsk aura commencé à se transformer en une autre Kostiantynivka. Les choses ne vont pas s’améliorer. » Ce témoignage me déchire. Il révèle un avenir sombre où ville après ville tombe sous les bombes russes. Où la vie normale disparaît. Où les habitants fuient ou meurent. Où les combattants ukrainiens se battent jusqu’à la dernière cartouche avant de se replier vers la prochaine position défensive. C’est ça, la trajectoire actuelle de la guerre.

Jugeant par les contours globaux de l’offensive actuelle de la Russie, qui a commencé au printemps, le plan de Moscou semble être exactement ce que décrit la deuxième question. Trois formations russes tentent, en l’espace de quelques mois, d’avancer simultanément vers les approches de la zone urbaine de Sloviansk-Kramatorsk – la dernière zone densément peuplée du Donbass encore sous contrôle ukrainien. En ce moment, l’objectif de la Russie est de renforcer cette position de négociation avec des gains tangibles sur le champ de bataille – à savoir, atteindre Kramatorsk et Sloviansk par des avancées concentriques depuis le nord, l’est et le sud. Depuis plus de six mois maintenant, chaque mouvement du commandement russe a clairement suivi ce plan. Les tâches de l’Ukraine sont également devenues plus claires : les forces armées ukrainiennes doivent arrêter l’avancée russe sur Kramatorsk et Sloviansk, qui sont effectivement devenues l’objectif politique principal de la guerre à ce stade. D’un point de vue opérationnel, cette tâche est quelque peu facilitée par le fait que, à mesure que l’offensive concentrique de la Russie se déploie, la ligne de front autour de la zone urbaine de Kramatorsk se contracte, permettant à l’Ukraine de concentrer ses défenses. Le commandement russe comprend clairement ce problème, c’est pourquoi il essaie d’étirer la ligne de contact dans d’autres zones. Il n’est pas clair quel calendrier l’état-major russe a fixé pour atteindre l’agglomération de Kramatorsk.

La pénurie de main-d’œuvre qui mine tout

Mais le vrai problème, le problème fondamental qui mine toute la défense ukrainienne, c’est la pénurie de main-d’œuvre. Les analystes militaires ont observé l’amincissement des lignes ukrainiennes en raison d’une pénurie importante de personnel et de la supériorité écrasante des drones russes, contribuant aux avancées dans divers emplacements le long du front au cours des plus de trois ans et demi de conflit. Un commandant ukrainien a déclaré : « En ce moment, je reçois les mêmes ordres qu’en 2022, mais il n’y a qu’une seule différence : je n’ai actuellement pas d’infanterie. À la place de l’infanterie, j’ai des chauffeurs, des artilleurs et des cuisiniers. » Cette phrase résume tout le drame de la situation ukrainienne. Pas d’infanterie. L’arme essentielle de toute guerre, l’infanterie qui tient le terrain, qui défend les positions, qui repousse les assauts ennemis – elle manque. Les Ukrainiens doivent improviser, envoyer des cuisiniers et des chauffeurs au combat, transformer des spécialistes en fantassins du jour au lendemain. Et ça ne peut pas fonctionner indéfiniment. La combinaison de la pénurie désastreuse d’infanterie ukrainienne et de la saturation croissante du ciel par les drones russes ont radicalement changé le tableau tactique des combats quotidiens en Ukraine au cours de l’année écoulée. La capacité de la Russie à exploiter ces brèches avec des tactiques d’infiltration raffinées par petits groupes d’infanterie est considérée comme l’une des principales raisons des gains territoriaux russes en 2025.

Ce problème était pleinement visible lors de l’opération de percée dramatique près de la ville de Dobropillia dans l’oblast de Donetsk début août, lorsque quelques centaines d’infanteistes russes ont poussé plus de 15 kilomètres derrière la ligne zéro ukrainienne en quelques jours. Lorsqu’on leur demande comment améliorer la crise de l’infanterie sur le champ de bataille, les commandants ont souligné la nécessité de bien faire les bases : soutenir leurs troupes avec une logistique bien organisée, des positions bien préparées et une formation appropriée sur le terrain. Le rôle des drones est particulièrement crucial, à la fois pour la surveillance continue de la zone autour de la ligne zéro et pour éliminer les groupes d’assaut russes à distance, bien avant qu’ils n’approchent des positions ukrainiennes. Un commandant a expliqué : « La première chose qui se passe après le retrait, ce n’est pas le regroupement ou la planification de la façon d’assumer une meilleure position défensive. C’est immédiatement : reprendre, reprendre, reprendre, un million de fois. Si vous n’avez pas assez d’infanterie, on vous ordonne de ‘redistribuer’, ce qui signifie envoyer des tankistes, des logisticiens, des médecins, ou même assigner quelqu’un au poste en tant qu’infanterie. » Cette politique est suicidaire. Elle épuise les réserves humaines. Elle transforme des spécialistes irremplaçables en chair à canon. Elle garantit que l’armée ukrainienne s’affaiblira progressivement jusqu’à ne plus pouvoir tenir la ligne.

Nikolay Mitrokhin, chercheur à l’université de Brême en Allemagne, a suggéré que la chute de Huliaipole pourrait se produire rapidement et potentiellement sans combat étendu. « Ce serait un revers important en matière de relations publiques pour les forces ukrainiennes », a-t-il expliqué. La stratégie de Moscou implique des pénétrations étroites mais profondes allant jusqu’à 15 kilomètres dans le territoire ukrainien chaque fois qu’ils identifient des faiblesses dans les défenses. Si ces brèches ne sont pas traitées rapidement – nécessitant souvent juste un seul régiment de troupes d’assaut ukrainiennes et d’opérateurs de drones – la ligne de front peut devenir plus ancrée. Mitrokhin a souligné que le problème ne réside pas dans un manque de réserves ukrainiennes mais dans les processus décisionnels lents parmi les dirigeants et la hiérarchie militaire ukrainiens. Après avoir traité une percée dans le nord ou l’est, les commandants ukrainiens engagent souvent des troupes dans des batailles prolongées pour de petits villages où les forces russes ont établi des bastions. Cela entraîne un épuisement de la main-d’œuvre et des ressources ukrainiennes tandis que les forces russes gagnent du terrain ailleurs. « Je crains qu’avec Huliaipole, le résultat soit similaire », a-t-il exprimé. D’ici la mi-décembre, Huliaipole pourrait être significativement encerclée, incitant les forces ukrainiennes à lancer une opération pour sauver la ville, ce qui pourrait être semé d’embûches.

Le choix impossible entre résistance et survie

L’Ukraine fait face à un choix impossible. Continuer à se battre jusqu’au bout, défendre chaque mètre de terrain, mais risquer l’épuisement total de ses forces et l’effondrement de la défense ? Ou accepter des concessions territoriales, négocier un cessez-le-feu qui laisserait une partie substantielle du pays sous occupation russe, mais qui sauverait ce qui reste et permettrait une reconstruction ? C’est le dilemme tragique qui se pose à Zelensky et à ses conseillers. D’un côté, l’honneur, la fierté nationale, le refus de céder un pouce de territoire ukrainien à l’agresseur. De l’autre, le pragmatisme, la survie, la reconnaissance que l’Ukraine ne peut pas gagner militairement sans un soutien occidental massif qui ne vient pas. Les discussions de paix en cours à Abu Dhabi reflètent cette réalité. Le Financial Times a rapporté que de hauts responsables ukrainiens ont déclaré que Trump et Zelensky décideraient des questions les plus sensibles dans l’accord de paix proposé, telles que les questions territoriales et les garanties de sécurité américaines pour l’Ukraine, mais ont noté que l’Ukraine avait accepté de plafonner son armée à 800 000 hommes. L’Ukraine compte environ 900 000 militaires en service actif. Cela signifie une réduction de 100 000 hommes. C’est une concession importante. C’est un signal que Kiev est prêt à négocier sérieusement.

Mais les responsables russes tentent d’exploiter le manque de clarté sur le résultat du sommet États-Unis-Russie en Alaska d’août 2025 pour dissimuler le refus continu du Kremlin de faire des compromis et son engagement envers ses demandes maximalistes. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé le 25 novembre que la position russe envers les propositions de paix changera « fondamentalement » si le plan de paix actualisé « efface » « l’esprit et la lettre » des prétendus accords du sommet de l’Alaska. Le président du comité des affaires internationales de la Douma d’État russe, Leonid Slutsky, a réitéré l’appel de la Russie pour que tout règlement de paix aborde les « causes profondes » de la guerre – un terme délibérément vague que le Kremlin utilise depuis longtemps comme raccourci pour ses justifications de guerre et ses demandes originales – et a affirmé que la Russie avait atteint une « compréhension » avec les États-Unis lors du sommet de l’Alaska. Le Washington Post a rapporté le 25 novembre qu’un ancien haut responsable du Kremlin ayant connaissance des négociations a reconnu que le plan de paix initial en 28 points était un « plan pro-russe » mais a déclaré que certains éléments du plan étaient encore inacceptables pour la Russie. Un universitaire russe proche de hauts diplomates russes a déclaré au Washington Post que le plan en 28 points n’était « pas assez bon » pour la Russie car il n’abordait pas les demandes de longue date du Kremlin de retirer le gouvernement ukrainien démocratiquement élu actuel et de démilitariser l’Ukraine en paralysant la capacité militaire ukrainienne.

En d’autres termes, la Russie exige toujours la capitulation totale de l’Ukraine. Le retrait du gouvernement Zelensky. La démilitarisation complète du pays. L’acceptation de l’occupation permanente des territoires conquis. Ce sont des demandes maximalistes que l’Ukraine ne peut pas accepter sans renoncer à son existence même en tant qu’État souverain. Et tant que Poutine maintiendra ces exigences, aucun accord de paix ne sera possible. La guerre continuera. Les combats feront rage. Les villes tomberont une à une. Et des dizaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes mourront encore. Certains commentateurs ukrainiens sont d’accord, critiquant le commandant en chef Oleksandr Syrskyi pour des retards et des inefficacités perçus. La députée Mariana Bezuhla a remarqué sur Facebook : « Huliaipole est encore une autre victime du chaos dans la gestion militaire et de la décision du président Zelensky de garder Syrskyi. Dites adieu à la ville… Elle est détruite, contournée, mais bientôt les combats atteindront Huliaipole elle-même. » Au cours des dernières semaines, l’ennemi a accéléré son offensive et ne montre aucun signe de ralentissement, a averti l’analyste militaire Konstantin Mashovets sur Telegram. Un autre commentateur a mis en garde contre une catastrophe potentiellement plus grande à l’horizon. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe d’ampleur stratégique qui pourrait mettre en péril notre condition d’État », a écrit le populaire blogueur nationaliste Serhiy Sternenko sur Telegram. Voilà où nous en sommes. Au bord du gouffre. Entre la résistance héroïque et l’effondrement possible.

Face à l’inconnu, l’Ukraine se bat encore

Alors que novembre 2025 s’achève dans le froid et le brouillard du Donbass, je regarde cette guerre et je vois un pays qui refuse de mourir. L’Ukraine se bat encore. Malgré les pertes effroyables. Malgré la pénurie de main-d’œuvre. Malgré les villes qui tombent une à une. Les soldats ukrainiens tiennent la ligne. Ils repoussent des dizaines d’assauts chaque jour. Ils détruisent des centaines de drones russes. Ils mènent des contre-attaques audacieuses. Ils frappent en profondeur sur le territoire russe. Ils refusent d’abandonner. Pokrovsk brûle, mais des combattants ukrainiens y résistent encore. Lyman saigne, mais la ville n’est pas tombée. Kostiantynivka vacille, mais elle tient toujours. Et derrière ces lignes de front, des millions d’Ukrainiens continuent de vivre, de travailler, de résister. C’est ça aussi, la guerre. Ce n’est pas seulement les batailles et les bombardements. C’est la volonté d’un peuple de survivre, de préserver son identité, de défendre sa liberté. Les Russes peuvent avancer mètre par mètre. Ils peuvent prendre ville après ville. Mais ils ne peuvent pas briser l’esprit ukrainien. Pas tant qu’il restera un seul soldat pour tenir un fusil. Pas tant qu’il restera un seul citoyen pour dire non à l’occupation. La guerre en Ukraine n’est pas finie. Elle est loin d’être finie. Et personne ne sait comment elle se terminera.

Les chiffres que j’ai partagés avec vous aujourd’hui sont terrifiants. Plus de 216 engagements de combat en une journée. Plus de 3 000 tirs d’artillerie. Plus de 3 000 drones kamikazes. Plus de 1,16 million de soldats russes perdus depuis février 2022. Des dizaines de milliers d’Ukrainiens tombés au combat. Des villes réduites en décombres. Des populations déplacées. Des infrastructures détruites. C’est une catastrophe humanitaire et militaire d’une ampleur qui dépasse l’entendement. Mais derrière ces chiffres, il y a une réalité que les statistiques ne peuvent pas capturer. Il y a le courage de ces hommes et femmes qui se battent pour leur pays. Il y a la détermination de ces commandants qui prennent des décisions impossibles chaque jour. Il y a la résilience de ces civils qui refusent d’abandonner leurs maisons malgré les bombes. Il y a la solidarité de ces nations occidentales qui continuent de soutenir l’Ukraine malgré la lassitude de la guerre. Tout ça, c’est ce qui fait que l’Ukraine résiste encore. Et c’est ce qui fait que, malgré tout, malgré l’avancée russe, malgré les pertes, malgré les défaites, l’espoir n’est pas mort. L’Ukraine se bat. L’Ukraine tient. Et tant qu’elle tiendra, la liberté aura encore une chance en Europe de l’Est.

Je termine ce rapport avec un sentiment partagé. D’un côté, l’inquiétude. La situation militaire est grave. Les Russes avancent. Les villes tombent. La pénurie de main-d’œuvre ukrainienne est critique. Si rien ne change, si l’aide occidentale ne s’intensifie pas, si les renforts n’arrivent pas, l’effondrement est possible. Pokrovsk tombera complètement. Kostiantynivka suivra. Puis Kramatorsk. Puis Sloviansk. Et alors, ce sera le début de la fin pour la défense du Donbass. D’un autre côté, l’admiration. Admiration pour ces combattants ukrainiens qui tiennent bon malgré tout. Admiration pour leur ingéniosité tactique, leur utilisation innovante des drones, leurs raids audacieux sur le territoire russe. Admiration pour leur volonté de fer qui refuse de plier malgré trois ans et demi de guerre brutale. L’avenir est incertain. Les négociations de paix progressent, mais les exigences russes restent maximalistes. Les combats continuent avec une intensité qui ne faiblit pas. Et chaque jour qui passe voit des centaines de soldats tomber des deux côtés. C’est ça, la réalité de novembre 2025 en Ukraine. Une guerre qui n’en finit pas. Une résistance qui ne cède pas. Et un avenir qui reste à écrire dans le sang et le feu du Donbass.

Chronique : L’armée russe frappe sur tous les fronts : Pokrovsk et Lyman en feu

Source : ukrinform

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