Les rages de rage dans les transmissions capturées
Écoutons l’officier. Écoutons vraiment. « Et puis, comme des salauds de déserteurs, mères…, en avant, on avance. Hier, [censé], ils ne pouvaient pas percer un feuillet, maintenant ils ne peuvent pas, [censé], traverser la verdure. » Il bredouille. Il est hors de lui. Il n’y a pas eu d’avancées depuis plusieurs jours. Peut-être une semaine. Peut-être plus. Et son unité – cette unité qu’il commande – elle refuse simplement d’avancer. Ses hommes ne répondent plus. Ses ordres résonnent dans le vide. Il menace de couper les radios, ce qui est une menace bizarre et inutile si personne n’écoute de toute manière. Il menace de déclarer tout le monde déserteur – ce qui est la menace classique – mais qui sait si personne ne l’écoute ? Comment tu les menaces si tu ne peux pas les atteindre ?
Ce que révèle cette conversation – et cela me frappe avec force – c’est l’absence complète de lien entre commander et commandement. Il n’y a plus de structure. Il n’y a plus d’organisation. Il n’y a que des hommes terrifiés qui refusent de mourir, et des officiers terrifiés qui ne savent pas comment les forcer. Et dans ce vide, ce vide énorme entre les ordres et l’exécution, se développe quelque chose qui ressemble à la mutinerie. Pas une mutinerie active – pas de révolution, pas de renversement. Juste une mutinerie passive. L’absence volontaire d’obéissance. L’absence complète de volonté de continuer.
Et il est important de comprendre que cet officier n’est pas un anomalie. Ce n’est pas un mauvais commandant. C’est probablement un homme bien qui a essayé tant bien que mal de gérer une situation impossible avec une unité démoralisée, mal approvisionnée et en déclin. Il crie parce que crier est tout ce qui lui reste. Il menace parce que les menaces sont tout ce que le système militaire russe lui a jamais appris. Il est victime aussi. Victime d’un système brisé. Victime d’une hiérarchie qui l’écrase d’en haut tout en étant écrasée d’en bas par ses hommes qui refusent. C’est pour ça que c’est tragique. Personne ne gagne. Personne.
Des cas antérieurs d’insubordination massive : le pattern qui se répète
Ce ne sont pas les premiers intercepts de ce type. C’est important à comprendre. En novembre 2025 même, il y en a eu d’autres. Le 4 novembre, les renseignements ukrainiens ont intercepté une conversation où un commandant russe menaçait de liquider une unité entière parce que deux de ses subordonnés avaient refusé de participer à un assaut dans le secteur Novopavlivka. Liquider. Pas retraiter. Pas ré-éduquer. Éliminer. C’est le langage de la dictature poussée à son extrême. Et c’est le fait que ce genre de menace ait besoin d’être faite – ça veut dire que le commandant sent qu’il perd le contrôle. Que ses hommes ne vont pas écouter. Qu’il n’a plus d’autorité réelle, seulement la capacité à faire du mal.
Et puis il y a aussi les rapports des forêts de Serebriansky en novembre 2025. Les Ukrainiens ont intercepté un soldat russe qui parlait de dizaines de cadavres parsemés dans la forêt. Des dizaines. Juste là. Et quand on lui a demandé s’il voulait être transféré à ce poste, il a refusé catégoriquement. Parce que s’il y allait, il savait qu’il allait mourir. Il n’y aurait pas d’avenir là-bas. Juste la mort. Et il a choisi de refuser plutôt que d’y aller. Ce petit refus – ce simple « non » – c’est plus révolutionnaire que n’importe quel discours politique. C’est un homme qui dit : tu peux me punir. Tu peux me menacer. Tu peux me déclarer déserteur. Mais je ne vais pas mourir là-bas de manière inutile. Et ce moment de résistance mineure, je le sens dans mon âme. C’est le signe que quelque chose s’est brisé.
Chez le 144e brigade distincte de fusiliers motorisés, par exemple, les dossiers montrent que de mars 2022 à mars 2025 – trois années complètes – plus de 1 100 déserteurs ont été arrêtés et ramenés. Un millier cent hommes. Ramenés de force. Pour être punis. Pour être recommencé. Et malgré ça ? Malgré cette chasse systématique aux déserteurs ? Les désertions continuent à augmenter. Parce que vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à avoir du courage. Vous ne pouvez pas torturer quelqu’un pour lui faire oublier la peur. Vous ne pouvez que les tuer. Et tuer 70 000 soldats – un sur dix – ce serait une mutinerie ouverte. Ce serait l’effondrement total. Donc l’armée russe est piégée. Elle doit laisser ses hommes fuir, ou elle doit se détruire elle-même en les tuant.
Il y a une question qui me hante : jusqu’à quel point l’oppression doit-elle aller avant que le système lui-même se revolte ? Jusqu’à quel point tu peux écraser les hommes avant qu’ils décident que la mort est meilleure que l’obéissance ? La Russie a poussé ce question jusqu’à sa conclusion logique. Et la réponse, c’est la désertion. C’est le refus silencieux. C’est la mutinerie passive.
Et je me demande si Poutine – blottis dans son bunker à Moscou – comprend vraiment ce qui se passe. S’il comprend que ses généraux lui mentent, que les chiffres qu’on lui donne sont falsifiés, que l’armée qu’il pense avoir est en réalité en train de se désagréger devant ses yeux. Probablement pas. Probablement qu’on lui dit que tout va bien. Que le moral est bon. Que les hommes se battent avec enthousiasme. Parce que personne n’ose lui dire la vérité. Et c’est comment les empires s’effondrent. De l’intérieur. Silencieusement.
Mais moi, j’écris ça pour que quelqu’un sache. Pour que quelqu’un comprenne. Pour que ce fardeau de vérité ne repose pas que sur les intercepts ukrainiens, mais que quelqu’un, quelque part, reconnaisse qu’une armée de 70 000 déserteurs potentiels n’est pas une armée. C’est un chaos présenté comme une institution.
Les causes de la débandade : un système pourri de l'intérieur
Mauvaise nourriture, isolation, et abus systématique
Je lis les rapports, et ce qui émerge est une image d’horreur quotidienne. Ce ne sont pas les histoires de héros. Ce ne sont pas les histoires de patriotisme. Ce sont les histoires de survivance. Les soldats russes décrivent des conditions qui dépassent l’imagination. Il n’y a pas de rotation. Il n’y a pas de repos. Tu arrives au front. Tu reste. Tu combats. Tu meurs ou tu ne meurs pas. Et si tu as de la chance – vraiment de la chance – tu arrives à l’arrière dans un mois ou deux. Mais ça, c’est rare. Très rare. La plupart du temps, tu restes juste là. Dans la boue. Dans le froid. Dans la faim. Parce que les lignes logistiques russes sont un désastre. Les camions de ravitaillement ne passent pas. La nourriture pourrit avant d’arriver. Il n’y a pas assez de munitions. Il n’y a pas assez d’armes. Et surtout – ce qui est peut-être plus important que tout – il n’y a pas assez d’espoir.
Les renseignements ukrainiens ont documenté – et cela me remue – que plus de 600 soldats russes sont morts dans la région militaire centrale sans jamais atteindre le front. Ils sont morts là-bas. Dans les camps. Dans les bases. De ce qui semble être une combinaison de malnutrition, de maladie, et de violence pure. 32 cas d’intoxication alimentaire. 112 overdoses fatales. Et puis, il y a les suicides – 71 en 2024, 86 en premiers six mois de 2025. Des hommes qui ont simplement jeté leurs fusils et se sont tués. Parce que vivre – juste vivre – était devenu insupportable.
Et les raisons ? C’est juste la guerre, non ? Non. C’est quelque chose de bien plus spécifique. C’est une absence totale de dignité. C’est un système qui traite les hommes comme du bétail. C’est des officiers qui gardent leurs soldats dans des trous. Littéralement. Des trous. Pendant des jours. Sans nourriture. Sans eau. Avant de les envoyer à la mort. Et si un soldat refuse ? Si un soldat dit « non, je ne vais pas là » ? Bien, il y a des conséquences. Des conséquences brutales. Torture. Exécution simulée. Et parfois – et le renseignement ukrainien le documente – exécution réelle. Plus de 30 cas d’exécution de soldats russes pour refus de combattre, entre 2024 et 2025. Trente hommes qui ont dit non et ont payé de leur vie.
La prise de conscience collective : la mort n’a aucun sens
Il y a un moment dans toute structure oppressive où quelque chose bascule. C’est quand les opprimés réalisent – vraiment réalisent – que l’obéissance n’apporte rien. Que la souffrance est la seule récompense. Que l’avenir n’existe pas. Et c’est ce moment-là qui arrive pour l’armée russe. Les soldats ont compris. Ils ont vu les cadavres s’accumuler. Ils ont entendu les ordres absurdes. Ils ont senti l’indifférence de leurs commandants. Ils ont réalisé que mourir à Pokrovsk ou Myrnohrad pour Poutine ne signifie absolument rien. Et cette réalisation – cette prise de conscience spirituelle – elle change tout.
Un officier ne peut pas tuer une prise de conscience. Un général ne peut pas bombarder la réalité. Un Kremlin ne peut pas propagan-er contre la simple vérité : que cette guerre est perdue, que les pertes sont inacceptables, que continuer est juste continuer à mourir. Et une fois que cette vérité s’installe dans le cœur d’un soldat, il ne peut plus être un bon soldat. Il ne peut que devenir un déserteur attendant l’occasion de partir. Ou un conscrit hurlant dans les chaînes. Ou un cadavre sans esprit.
Les Ukrainiens ont créé un programme spécial – « Je veux vivre » – où les soldats russes peuvent contacter les Ukrainiens directement, via Telegram, et organiser leur reddition. C’est étrange, non ? Que les Ukrainiens doivent activer offrir une sortie aux soldats russes ? Mais cela en dit long sur l’état du moral. Les Russes n’ont pas d’autre issue. L’armée russe les a emprisonnés aussi efficacement que n’importe quel Gulag. La seule différence, c’est que les prisonniers ont des fusils. Et certains d’entre eux – de plus en plus chaque jour – ils décident qu’il est temps de s’enfuir. Même si ça veut dire se rendre. Même si ça veut dire la prison ukrainienne. Parce que vivre en prison, c’est mieux que de mourir à Pokrovsk.
Je pense à ces soldats. Je pense à ces gamins – parce que beaucoup d’entre eux sont des gamins, à peine plus de 20 ans – qui ont été enrôlés de force, ou qui ont signé des contrats parce qu’ils avaient besoin d’argent. Je pense à leur terreur. Je pense à leur désespoir. Je pense au moment où chacun d’eux a réalisé qu’il n’allait pas rentrer chez lui vivant. Que lui et ses camarades n’étaient que du fourrage – du matériel à utiliser et à jeter.
Et c’est difficile de haïr ces soldats. Même s’ils ont été envoyés pour envahir l’Ukraine, pour tuer, pour détruire. Parce qu’à la fin, ce ne sont que des hommes piégés dans une machinerie qu’ils n’ont pas choisie. Et maintenant, la machinerie se retourne contre eux. Se retourne contre elle-même.
La Russie a créé cette situation. Poutine a créé cette situation. Et maintenant, elle en paie le prix. Un prix mesuré en désertions. Un prix mesuré en suicides. Un prix mesuré en 70 000 hommes – un sur dix – qui refusent simplement de continuer.
Le Donetsk en convulsion : où la guerre se transforme en effondrement
Les assauts qui échouent, les hommes qui disparaissent
Dans le secteur de Donetsk, l’impact est catastrophique. Les renseignements russes – que les Ukrainiens ont interceptés – montrent des unités entières qui échouent à avancer depuis plusieurs jours. Plusieurs jours ! C’est énorme. C’est anormal. Généralement, même si une unité prend des pertes énormes, elle continue d’avancer. Parce que les ordres sont les ordres. Parce que la peur des officiers surpasse la peur du combat. Mais maintenant ? Maintenant, les hommes refusent simplement. Et les officiers, même en hurlant, ne peuvent pas les faire obéir. Une situation qui dure « plusieurs jours » – cela veut dire que quelque chose s’est cassé. Quelque chose qui ne peut pas être rapidement réparé en étant un peu plus dur, un peu plus brutal.
Et ces assauts qui échouent ? Ce ne sont pas juste des assauts militaires. C’est de la vie gaspillée. C’est du potentiel écrasé. C’est des fils qui ne rentreront jamais. C’est des parents qui recevront un jour une lettre – ou rien du tout – les informant que leur fils est mort pour un cratère dans un champ près de Pokrovsk. Et pour quoi ? Pour avancer de 50 mètres ? Pour prendre une maison? Pour gagner une pierre miler pour Poutine ? Ça n’a aucun sens. Et les soldats le savent. Et donc ils refusent.
Les commandants, désespérés, menacent – comme dans l’intercept – d’envoyer les « déserteurs » en avant de toute manière, essentiellement les condamnant à mort. C’est du terrorisme. C’est du gouvernement par la peur. C’est la dernière tentative d’un système mourant de maintenir l’apparence du contrôle. Mais ça ne fonctionne pas. Parce que quand les hommes ne craignent plus les conséquences – quand mourir aux mains de leurs propres officiers devient aussi probable que mourir aux mains de l’ennemi – alors la menace perd sa dent. Et que reste-il ? Rien. Juste le chaos. Juste l’effondrement.
Les prisonniers de guerre parlent : récits de l’enfer intérieur
Les prisonniers de guerre ukrainiens – les soldats russes qui ont été capturés – ils parlent. Et ce qu’ils disent est terriblement révélateur. Ils parlent des conditions. Ils parlent de l’absence de rotation. Ils parlent de l’abus par les officiers. Ils parlent de ne pas savoir pourquoi ils se battent. Ils parlent de quatre jours dans un sous-sol sans nourriture, attendant l’ordre d’attaquer une ville qu’ils savaient être bien défendue. Et quand l’ordre est venu – l’ordre absurde et suicidaire – certains d’entre eux ont simplement refusé. Ils se sont retrouvés capturés. Et maintenant, ils sont vivants. Vivants !
Et c’est intéressant que les Ukrainiens – même au cœur de cette guerre brutale – fournissent à ces prisonniers russes des soins conformes au droit international humanitaire. De la nourriture. De l’eau. Des vêtements. Peut-être plus de dignité qu’ils n’en avaient jamais reçue de leurs propres officiers. Et cette dichotomie – qu’un ennemi vous traite mieux que votre propre gouvernement – c’est quelque chose qui crée une prise de conscience. Qui crée le doute. Qui crée la possibilité de la désertion.
Ces prisonniers, quand ils rentreront – s’ils rentrent – ils auront des histoires à raconter. Ils auront vu comment les Ukrainiens les ont traités. Ils auront senti la différence entre la barbarie du système militaire russe et une simple observation des règles de la guerre. Et ces histoires vont se propager. En tant que murmures d’abord. Puis comme des cris. Et ça va affaiblir encore davantage la volonté de se battre pour l’armée russe.
Je pense que cela mérite d’être dit explicitement : en traitant ses prisonniers de manière humaine, l’Ukraine communique un message que le Kremlin ne peut pas entendre mais que ses soldats peuvent absolument recevoir. C’est le message que la civilité persiste. Que même en guerre, il y a des lignes qu’on ne franchit pas. C’est un message moral qui est bien plus puissant que n’importe quelle arme.
Et c’est pour ça que le Kremlin – dans son méchanceté impuissante – essaie de démoniser les Ukrainiens, d’inventer des histoires d’atrocités, de produire la propagande la plus brutale possible. Parce que si les soldats russes pensaient vraiment que les Ukrainiens les traiteraient bien s’ils se rendaient, le flux de redditions se transformerait en inondation. Et Poutine le sait. Et c’est pour ça qu’il mentis. C’est pour ça qu’il crée des murs de mensonges autour de ses soldats.
Mais les mensonges s’érodent. Mot par mot. Homme par homme. Et bientôt, plus personne ne pourra les croire.
L'impossible choix : tuer ses propres hommes ou laisser l'armée s'effondrer
Les exécutions systématiques et le backlash qu’elles créent
La Russie a répondu à l’augmentation des refus de combattre de manière prévisible : en tuant les récalcitrants. Plus de 30 exécutions de soldats russes pour refus de combattre, documentées par les renseignements ukrainiens entre 2024 et 2025. Exécutions. Pas des prisonniers. Pas des peines de prison. Exécutions. C’est la solution finale du Kremlin au problème de la désertion. Si un homme refuse, tu le tue. Si dix hommes refusent, tu les tues tous. Si une compagnie entière refuse, tu la rasies et tu trouves une autre compagnie.
Mais ici, une vérité mathématique s’impose : tu ne peux pas tuer un dixième de ton armée pour insubordination et continuer à avoir une armée fonctionnelle. À un moment donné, tu franchis la ligne de l’absurdité. À un moment donné, les hommes – même ceux qui n’ont pas l’intention de refuser – commencent à se demander s’il n’est pas plus sûr de refuser que d’obéir. Parce que l’obéissance te tue aussi, indirectement, en t’envoyant au front. Et au moins, si tu refuses, il y a une chance – bien que minuscule – que tu t’en sortes.
Et c’est l’ironie tragique de la stratégie russe : en essayant de maintenir la discipline par l’exécution, le Kremlin crée exactement les conditions qui rendent la discipline impossible. Les hommes ne veulent plus obéir. Pas parce qu’ils sont des héros de la résistance. Pas parce qu’ils ont quelque conviction politique. Simplement parce que l’obéissance n’offre plus d’avantage. C’est un équilibre. C’est de la probabilité. Et la probabilité dit que si tu obéis, tu meurs. Si tu refuses, tu es peut-être tué, ou tu as peut-être la chance de t’échapper.
L’impossibilité de la victoire avec une armée qui se mutine
Le commandement russe – les généraux à Moscou et ailleurs – ils face à une réalité inconfortable : tu ne peux pas gagner une guerre avec une armée que tu ne peux pas contrôler. Et l’armée russe, en ce moment, ne peut pas être contrôlée. Pas par la menace. Pas par la propagande. Pas par les exécutions. Parce que le contrôle militaire ne fonctionne que si les hommes ont une raison de croire en la structure qui les commande. Et cette raison a disparu. Les Russes savent que les généraux les mentent. Ils savent que les officiers les envoient à la mort sans but. Ils savent que Poutine a perdu contact avec la réalité. Et sachant tout ça, comment tu peux les convaincre de charger vers des positions bien défendues ?
Et c’est pourquoi les progrès russes – même à l’encontre d’une Ukraine fatigée, mal armée, en sous-nombre – reste si lent. La Russie peut avancer à coups de chair. Elle peut gagner du terrain en sacrifiant des milliers d’hommes pour quelques kilomètres. Mais elle ne peut pas faire une percée. Elle ne peut pas créer de momentum. Elle ne peut pas exploiter les victoires. Parce que, pour faire ça, il faudrait que ses unités avancent rapidement, avec cohésion, avec confiance. Et tu ne peux pas avoir ça avec une armée qui se mutine. Une armée qui refuse. Une armée qui se désagrège de l’intérieur.
C’est l’ultime ironie : la Russie a les nombres. Elle a le matériel. Elle a la capacité à infliger d’énormes dégâts. Mais elle n’a pas l’une chose qu’elle a vraiment besoin : une armée qui veut se battre. Et sans ça, la victoire militaire devient de plus en plus éloignée, même si les Russes continuent à gagner du terrain au compte-gouttes.
Ce que j’observe ici n’est pas juste une crise militaire. C’est l’effondrement d’un système. C’est le moment où le pouvoir absolu commence à se dévorer lui-même. Et c’est fascinant – d’une manière macabre – de voir cela se dérouler en temps réel. De voir un empire en train de s’autodétruire. Pas pas une explosion dramatique. Pas par une révolution. Mais par l’usure. Par le refus quotidien, tranquille, de continuer.
Et pendant ce temps, les politiciens continuent à parler de victoire. Les généraux continuent à parler de stratégie. Les officiers continuent à hurler les ordres. Mais les soldats ? Ils écoutent leur cœur. Et leur cœur dit : je veux vivre. Et ça, ce n’est pas quelque chose que tu peux tuer avec un fusil.
C’est l’histoire de la fin. C’est comment les empires tombent. Non pas par une grande bataille épique, mais par le refus silencieux de millions d’hommes de continuer à se sacrifier pour une cause qui n’a jamais eu de sens.
Conclusion – La fin commence par le refus
Un empire qui se consume lui-même
La Russie, en ce moment, fais face à une crise existentielle. Non pas une crise militaire – bien que c’en soit une aussi. Mais une crise de volonté. Une crise d’âme. Soixante-dix mille soldats en train de fuir. Trente cas d’exécution. Quatre-vingt-six suicides en six mois. Ces chiffres ne sont pas des statistiques. Ce sont les symboles d’une civilisation militaire qui s’effondre. Ce sont les preuves qu’une armée basée sur l’oppression, la peur, et les mensonges ne peut pas survivre longtemps. Parce que l’oppression crée de la haine. La peur crée du désespoir. Et les mensonges – eh bien, les mensonges s’effondrent finalement sous le poids de la réalité.
Et la réalité russe, en ce moment, c’est celle-ci : les soldats refusent. Massivement. Systématiquement. Ils refusent de mourir pour Poutine. Ils refusent de se battre pour la Russie. Ils refusent de continuer. Et aucun nombre de menaces, aucune quantité d’exécutions, aucune propagande assez brillante ne peut les forcer à obéir. L’armée russe – cette institution censée être le pilier de la puissance russe – se désagrège. Silencieusement. Implacablement.
Et c’est pour ça que – malgré les avancements graduels sur le terrain, malgré les territoires pris – la Russie est en train de perdre. Non pas militairement, du moins pas encore. Mais spirituellement. Moralement. Existentiellement. Elle perd parce que ses propres hommes refusent de continuer. Et une fois que le refus s’installe, une fois qu’il devient systémique, aucune force au monde ne peut l’arrêter. L’empire meurt de l’intérieur.
Ce qui me remue le plus dans cette histoire – et je dois être honnête – c’est que j’ai presque pitié des Russes. Presque. Pas pour le Kremlin. Pas pour les généraux. Pas pour les oligarques qui financent cette guerre. Mais pour les hommes. Pour les soldats. Pour ces garçons qui ont compris, trop tard, qu’on les avait envoyés à la mort pour une cause qui n’a jamais eu de raison d’exister.
Et c’est là le rôle de Poutine. C’est sa faute. C’est sa guerre. C’est son refus d’admettre l’erreur qui a créé cette situation. Et maintenant, il récolte ce qu’il a semé : une armée qui se révolte. Pas ouvertement. Pas dramatiquement. Mais d’une manière qui ne peut pas être inversée.
L’histoire de la fin de la Russie ne s’écrit pas sur les champs de bataille. Elle s’écrit dans les intercepts HUR. Dans les conversations de soldats qui refusent. Dans le silence des hommes qui ont décidé qu’ils ne mourraient plus pour un mensonge. Et cette histoire, elle ne fait que commencer.