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Chronique : Le Bullet qui déchire le ciel : comment l’Ukraine invente l’arme de défense de demain, aujourd’hui
Crédit: Adobe Stock

Avant de comprendre pourquoi le Bullet est si extraordinaire, il faut saisir ce qu’il combat. Les Shaheds. Ces machines iraniennes de 400 kilogrammes, propulsées par un petit moteur à piston qui produit ce bruit caractéristique — un vrombissement grave, inconfondible, qu’on appelle la « tondeuse à gazon ». Ce son résonne chaque nuit au-dessus de l’Ukraine. Chaque nuit. Les Russes en lancent des centaines. En septembre 2025, la production était estimée à 170 drones par jour. C’est vrai. Cent soixante-dix machines de mort, chaque jour ouvrable. Et ça monte. Les estimations actuelles suggèrent que les usines russes d’Alabuga produisent maintenant entre 180 et 190 par jour. C’est une chaîne de montage apocalyptique. En trois jours, la Russie produit autant de Shaheds qu’elle en fabriquait en un mois à cette époque l’année dernière. Cela signifie que les chiffres augmentent exponentiellement. En juillet 2025, c’était 203 Shaheds lancés par jour en moyenne. En septembre, c’était 188. En octobre, 171. Mais ce n’est pas une baisse — c’est une recalibration. Les Russes deviennent plus intelligents. Plutôt que de lancer indiscriminément des centaines de drones chaque nuit, ils concentrent maintenant les attaques. Ils envoient des grappes de 400, 500, 600 drones sur une seule ville en une seule nuit. Kyiv a été attaquée avec 728 drones et 13 missiles en une seule attaque. Kyiv. Une fois. 728 drones. Treize missiles. Une nuit. Les taux de pénétration — c’est-à-dire les pourcentages de Shaheds qui franchissent les défenses et frappent effectivement leurs cibles — ont grimpé de 5% en mars 2025 à entre 15% et 20% en mai-juin. Ça n’a l’air de rien, 15%. Mais quand la Russie lance 728 drones, même 15%, c’est plus de 100 frappes réussies en une nuit. Plus de 100 bâtiments touchés. Plus de 100 points de destruction. Des écoles. Des hôpitaux. Des immeubles résidentiels. Des familles. Et dans cette avalanche de mort mécanique, l’Ukraine a compris qu’elle ne peut pas gagner la bataille défensive avec les systèmes traditionnels.

La crise du missile : pourquoi l’économie de la défense s’effondre

Voilà le paradoxe qui étouffait l’Ukraine en 2024. Chaque Shahed coûte environ 50 000 dollars. C’est beaucoup d’argent, c’est vrai. Mais un système de défense aérienne traditionnel — un missile Patriot, un missile IRIS-T — coûte entre 40 000 et 100 000 dollars. Et dans la meilleure des cas, on tire un missile et on détruit un Shahed. Un pour un. C’est une équation catastrophique. D’autant plus que la Russie fabrique 170 Shaheds par jour. L’Ukraine n’a pas 170 missiles par jour. Personne n’a 170 missiles de défense aérienne avancée par jour. C’est mathématiquement impossible. Et puis — c’est encore pire — les stocks de missiles s’épuisent. L’Occident hésitait à resupplier l’Ukraine en missiles longue portée. Les Patriot arrivent lentement. Les IRIS-T arrivent lentement. Pendant ce temps, les Shaheds arrivent par centaines. Chaque nuit. Le colonel Sergiy Nonka, commandant du 1129e régiment de défense aérienne, a déclaré un détail hallucinant : intercepter un drone de reconnaissance russe avec un intercepteur coûte environ un cinquième du prix d’utiliser un missile Patriot. Un cinquième. Cela signifie que si vous utilisez un missile Patriot pour détruire un petit drone de reconnaissance, vous gaspillez 80% de la puissance de ce missile. C’est du suicide économique. C’est une hémorragie d’argent que l’Ukraine — avec un PIB de moins de 200 milliards de dollars — ne peut tout simplement pas soutenir. Le général Valery Gerasimov, chef d’état-major russe, sait cela. Il sait que la stratégie russe est une stratégie d’épuisement — epuisement économique, epuisement psychologique, epuisement militaire. Lancer des centaines de drones pour forcer l’Ukraine à dépenser l’équivalent de son PIB annuel en systèmes de défense. C’est brillant du point de vue stratégique d’une nation qui n’a pas scrupule moral à sacrifier ses propres soldats par centaines pour atteindre des objectifs. Et c’est à ce moment précis — quand la mathématique devient insoutenable — que l’Ukraine a eu une révélation.

L’épiphanie ukrainienne : les drones chassent les drones

Qui a dit que la défense aérienne devait être statique, coûteuse, inerte ? Qui a dit que défendre le ciel signifiait installer des systèmes de missile figés sur des bases ? L’Ukraine a regardé le problème de côté, puis l’a déchiré en deux avec une hache mentale. Si les drones attaquent depuis le ciel, pourquoi ne pas faire voler d’autres drones pour les intercepter ? Pourquoi ne pas fabriquer des chasseurs de drones ? Des machines volantes construites non pour naviguer gracieusement ou pour explorer des zones. Mais pour une seule mission : détruire d’autres machines volantes. Ce n’est pas nouvau — les militaires russes avaient expérimenté avec des intercepteurs de drones dès 2023-2024 — mais l’Ukraine a industrialisé le concept avec une férocité d’ingénieur. En 2025, il y avait environ 10 modèles d’intercepteurs en cours de test dans les forces armées ukrainiennes. Quatre d’entre eux fonctionnaient vraiment bien contre les Shaheds. Il y avait le Sting, développé par le groupe Wild Hornets, capable de voler à 160-280 kilomètres à l’heure avec 0,5 kilogramme de charges explosives. Il y avait le Taras P, financé par la fondation Prytula. Il y avait des variantes de systèmes plus anciens adaptés à la nouvelle menace. Et puis — en octobre 2025 — General Cherry a annoncé le Bullet. Et le monde a changé.

Source : militarnyi

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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