Avant de comprendre pourquoi le Bullet est si extraordinaire, il faut saisir ce qu’il combat. Les Shaheds. Ces machines iraniennes de 400 kilogrammes, propulsées par un petit moteur à piston qui produit ce bruit caractéristique — un vrombissement grave, inconfondible, qu’on appelle la « tondeuse à gazon ». Ce son résonne chaque nuit au-dessus de l’Ukraine. Chaque nuit. Les Russes en lancent des centaines. En septembre 2025, la production était estimée à 170 drones par jour. C’est vrai. Cent soixante-dix machines de mort, chaque jour ouvrable. Et ça monte. Les estimations actuelles suggèrent que les usines russes d’Alabuga produisent maintenant entre 180 et 190 par jour. C’est une chaîne de montage apocalyptique. En trois jours, la Russie produit autant de Shaheds qu’elle en fabriquait en un mois à cette époque l’année dernière. Cela signifie que les chiffres augmentent exponentiellement. En juillet 2025, c’était 203 Shaheds lancés par jour en moyenne. En septembre, c’était 188. En octobre, 171. Mais ce n’est pas une baisse — c’est une recalibration. Les Russes deviennent plus intelligents. Plutôt que de lancer indiscriminément des centaines de drones chaque nuit, ils concentrent maintenant les attaques. Ils envoient des grappes de 400, 500, 600 drones sur une seule ville en une seule nuit. Kyiv a été attaquée avec 728 drones et 13 missiles en une seule attaque. Kyiv. Une fois. 728 drones. Treize missiles. Une nuit. Les taux de pénétration — c’est-à-dire les pourcentages de Shaheds qui franchissent les défenses et frappent effectivement leurs cibles — ont grimpé de 5% en mars 2025 à entre 15% et 20% en mai-juin. Ça n’a l’air de rien, 15%. Mais quand la Russie lance 728 drones, même 15%, c’est plus de 100 frappes réussies en une nuit. Plus de 100 bâtiments touchés. Plus de 100 points de destruction. Des écoles. Des hôpitaux. Des immeubles résidentiels. Des familles. Et dans cette avalanche de mort mécanique, l’Ukraine a compris qu’elle ne peut pas gagner la bataille défensive avec les systèmes traditionnels.
La crise du missile : pourquoi l’économie de la défense s’effondre
Voilà le paradoxe qui étouffait l’Ukraine en 2024. Chaque Shahed coûte environ 50 000 dollars. C’est beaucoup d’argent, c’est vrai. Mais un système de défense aérienne traditionnel — un missile Patriot, un missile IRIS-T — coûte entre 40 000 et 100 000 dollars. Et dans la meilleure des cas, on tire un missile et on détruit un Shahed. Un pour un. C’est une équation catastrophique. D’autant plus que la Russie fabrique 170 Shaheds par jour. L’Ukraine n’a pas 170 missiles par jour. Personne n’a 170 missiles de défense aérienne avancée par jour. C’est mathématiquement impossible. Et puis — c’est encore pire — les stocks de missiles s’épuisent. L’Occident hésitait à resupplier l’Ukraine en missiles longue portée. Les Patriot arrivent lentement. Les IRIS-T arrivent lentement. Pendant ce temps, les Shaheds arrivent par centaines. Chaque nuit. Le colonel Sergiy Nonka, commandant du 1129e régiment de défense aérienne, a déclaré un détail hallucinant : intercepter un drone de reconnaissance russe avec un intercepteur coûte environ un cinquième du prix d’utiliser un missile Patriot. Un cinquième. Cela signifie que si vous utilisez un missile Patriot pour détruire un petit drone de reconnaissance, vous gaspillez 80% de la puissance de ce missile. C’est du suicide économique. C’est une hémorragie d’argent que l’Ukraine — avec un PIB de moins de 200 milliards de dollars — ne peut tout simplement pas soutenir. Le général Valery Gerasimov, chef d’état-major russe, sait cela. Il sait que la stratégie russe est une stratégie d’épuisement — epuisement économique, epuisement psychologique, epuisement militaire. Lancer des centaines de drones pour forcer l’Ukraine à dépenser l’équivalent de son PIB annuel en systèmes de défense. C’est brillant du point de vue stratégique d’une nation qui n’a pas scrupule moral à sacrifier ses propres soldats par centaines pour atteindre des objectifs. Et c’est à ce moment précis — quand la mathématique devient insoutenable — que l’Ukraine a eu une révélation.
L’épiphanie ukrainienne : les drones chassent les drones
Qui a dit que la défense aérienne devait être statique, coûteuse, inerte ? Qui a dit que défendre le ciel signifiait installer des systèmes de missile figés sur des bases ? L’Ukraine a regardé le problème de côté, puis l’a déchiré en deux avec une hache mentale. Si les drones attaquent depuis le ciel, pourquoi ne pas faire voler d’autres drones pour les intercepter ? Pourquoi ne pas fabriquer des chasseurs de drones ? Des machines volantes construites non pour naviguer gracieusement ou pour explorer des zones. Mais pour une seule mission : détruire d’autres machines volantes. Ce n’est pas nouvau — les militaires russes avaient expérimenté avec des intercepteurs de drones dès 2023-2024 — mais l’Ukraine a industrialisé le concept avec une férocité d’ingénieur. En 2025, il y avait environ 10 modèles d’intercepteurs en cours de test dans les forces armées ukrainiennes. Quatre d’entre eux fonctionnaient vraiment bien contre les Shaheds. Il y avait le Sting, développé par le groupe Wild Hornets, capable de voler à 160-280 kilomètres à l’heure avec 0,5 kilogramme de charges explosives. Il y avait le Taras P, financé par la fondation Prytula. Il y avait des variantes de systèmes plus anciens adaptés à la nouvelle menace. Et puis — en octobre 2025 — General Cherry a annoncé le Bullet. Et le monde a changé.
Le Bullet : conception de trois mois, implication de quatre ans
Je dois mettre les choses en perspective. Le Bullet n’a pas été développé en trois mois de zéro. C’était le résultat de quatre ans d’expertise en développement de drones, d’expérience combattante accumulée, d’ingénierie itérative. Mais la conception finalisée — le modèle de production — ça, c’a été fait en trois mois. Trois mois. Une équipe d’ingénieurs, travaillant 14 heures par jour dans des bureaux qui tremblent sous les explosion drone, a transformé une idée en machine de production. C’est extraordinaire. Yaroslav Hryshyn, fondateur de General Cherry, a déclaré : « Nous nous sommes fixé un objectif clair — créer un outil défensif efficace qui augmenterait la capacité des unités à protéger les installations critiques et les infrastructure civiles. Le Bullet de General Cherry est le résultat de la coopération entre nos meilleurs specialistes et l’armée, qui ont pu transformer le concept en production opérationelle dans un laps de temps extraordinaire. » En laps de temps extraordinaire. C’est un euphémisme pour dire « nous avons violé toutes les règles normales de développement techno-militaire parce que la situation était existentielle. » Le Bullet, dans sa version de base, possède des spécifications qui rappellent la science-fiction trop récemment devenue réalité. Vitesse maximale testée : 309 kilomètres à l’heure. Fabriqué en fibre de carbone. Moteur haute poussée. Aérodynamique optimisée pour des vitesses extrêmes et une maniabilité rapide. Il existe en variante de jour, variante de nuit (avec caméras thermiques), et avec un système de guidage terminal — c’est-à-dire un système d’autovissée qui réduit la dependance au talent de l’operateur. Des systèmes d’intelligence artificielle primitifs qui reconnaissent les Shaheds à vue. Et c’est fait pour être produit en masse, rapidement, pas cher.
Les performances en chiffres : 548 cibles en octobre seul
Le système General Cherry AIR — un modèle plus ancien mais toujours très efficace — a établi un record terriblement impressionant en octobre 2025. 548 drones russes détruits. En un mois. Un seul système. Un seul modèle. Pas tous les intercepteurs ukrainiens. Juste ce modèle. Cela signifie que les destructeurs de drones dans les armées de l’air russes enregistrent environ 18 destructions par jour. Dix-huit. Chaque jour. Il y a environ 30 jours dans un mois. Divisez 548 par 30 et vous obtenez 18,3 destructions par jour. Ce n’est pas une chance statistique. C’est une performance consistent, fiable, répétée. Ce modèle AIR, déjà en production depuis plusieurs mois, peut voler à 200 kilomètres à l’heure, atteindre une altitude d’environ 5 kilomètres, possède une portée jusqu’à 22 kilomètres. Il porte une charge d’environ 1,2 kilogramme. Il est équipé d’une caméra de jour ou thermique, d’une liaison de communication numérique, d’une capacité de détection de cible d’environ 1,5 kilomètres. Ce n’est pas un système primitif. C’est une arme sophistiquée produite à grande échelle, de manière répétée, chaque jour, avec une fiabilité qui rappelle les systèmes industriels allemands d’une autre ère. Et ce n’est que le modèle de première génération. Le Bullet — avec ses 309 kilomètres à l’heure, avec son système d’autovissée, avec ses capteurs optimisés pour les Shaheds — c’est la deuxième génération. Et l’Ukraine prépare déjà la troisième génération, quand des systèmes entièrement autonomes commenceront à voler en essaims, communiqueront entre eux, prendront des décisions tactiques sans intervention humaine. Voilà ce qui effraye réellement Moscou. Pas un seul drone. Pas mille drones. Mais des systèmes qui s’auto-améliorent, qui apprennent, qui deviennent intelligents.
La production à l’échelle : des rêves en fibre de carbone
General Cherry affirme pouvoir produire des milliers de Bullets chaque mois. Des milliers. C’est un chiffre que l’industrie aéronautique conventionnelle trouverait hallucinant. Vous pouvez produire une ou deux douzaines d’avions de combat militaires par mois dans le meilleur des cas. Et l’Ukraine prétend pouvoir produire des milliers de drones intercepteurs chaque mois ? Oui. Parce que les drones intercepteurs sont entièrement différents de la production aéronautique conventionnelle. Ils ne nécessitent pas de fuselage complexe. Pas de cabine pressurisée. Pas de système hydraulique sophistiqué. Pas de siège d’éjection. Pas de systèmes de sauvetage de pilote. Juste la structure de base, le moteur, les capteurs, l’électronique, et une charge. Plus simple. Moins de pièces. Moins de points de défaillance. Et avec la bonne ligne d’assemblage et la bonne organisation — l’Ukraine produit déjà plus de 50 000 FPV (First-Person View drones) chaque mois. Cinquante mille. Des drones que les opérateurs pilotent via des caméras vidéo en temps réel. Si vous pouvez produire cinquante mille drones FPV chaque mois, pourquoi pas des dizaines de milliers d’intercepteurs ? Les Ukrainiens travaillent aussi avec des partenaires internationaux pour augmenter la capacité. Une accord avec le Royaume-Uni — le projet Octopus — vise à produire 2 000 intercepteurs par mois au Royaume-Uni, tous exportés vers l’Ukraine. C’est stratégique. C’est ambitieux. C’est possible. Et ce n’est que le début. L’Ukraine a lancé une académie entière pour former des pilotes d’intercepteurs. C’est une école mobile, financée entièrement par General Cherry, qui prépare les opérateurs à piloter le Bullet et l’AIR en peu de temps. De semaines, pas de mois. L’Ukraine produit aussi du talent humain à l’échelle.
Les coûts : la révolution économique de la guerre aérienne
Parlons d’argent parce que c’est où l’équation devient vraiment magique. Un Shahed coûte à la Russie entre 30 000 et 50 000 dollars — les estimations varient selon la source. Peut-être même moins si vous comptabilisez les éonomies d’échelle en production massive. Un Bullet ? General Cherry n’a jamais divulgué les chiffres exactement, mais les sources ukrainiennes régales suggèrent entre 5 000 et 10 000 dollars. Disons 8 000 dollars pour une estimation réaliste. Cela signifie qu’un Shahed coûte six fois plus cher qu’un Bullet pour une capacité similaire — sinon pire. Un Shahed porte 50 kilogrammes d’explosifs. Un Bullet porte probablement environ 2-3 kilogrammes en charge directe. Mais — voilà la beauté — le Bullet ne doit pas détonner un bâtiment. Il doit juste détruire un drone. Et il peut détruire un drone avec une fraction de la charge d’un Shahed. Alors comparez : Shahed (50 kg d’explosifs, 40 000 dollars) vs Bullet (2 kg d’explosifs, 8 000 dollars) = économie d’échelle catastrophique pour les Russes. Si l’Ukraine peut fabriquer quatre Bullets pour le prix d’un Shahed, et que chaque Bullet détruit au moins un Shahed (généralement plus grâce à la maniabilité supérieure), l’équation devient insoutenable pour la Russie. Et c’est avant de compter que les Bullets peuvent aussi détruire des drones de reconnaissance — les Lancets, les Zalas, les Orlans — qui coûtent entre 50 000 et 200 000 dollars pièce. General Cherry affirme que l’AIR seul a détruit plus de 1 500 drones de reconnaissance russes. Faisons le calcul simple : 1 500 drones de reconnaissance × 100 000 dollars (valeur moyenne) = 150 millions de dollars de pertes russes. Pour un intercepteur qui coûte peut-être 5 000 dollars, fabriquer 1 500 d’entre eux, c’est 7,5 millions de dollars. Rendement d’investissement : 20:1. Vingt pour un. C’est une équation économique de guerre asymétrique où Ukraine a soudain l’avantage.
La révolution aérienne : quand les drones deviennent des citoyens
Je dois souligner quelque chose que les analystes militaires occidentaux semblent constamment ignorer. L’Ukraine a transformé la défense aérienne d’une discipline centralisée, contrôlée, bureaucratique, en un écosystème décentralisé d’innovation. Il n’y a pas un seul système de défense aérienne ukrainien. Il y a des dizaines. Des centaines, peut-être. Chaque équipe d’ingénieurs, chaque fondation caritative, chaque entreprise de technologie, chaque groupe de bénévoles — tous travaillent sur le problème des Shaheds d’un angle légèrement différent. Certains produisent des drones hypervéloces (le Bullet à 309 km/h). D’autres produisent des drones avec guidage autonome. D’autres produisent des drones à bas coût qui peuvent être déployés en essaims. D’autres produisent des drones tactiques déployés directement par les unités de défense aérienne. C’est une écologie de l’innovation. Cela signifie que si un design échoue, mille autres sont testés en même temps. Si une approche se révèle inefficace, dix autres sont déjà en développement. C’est l’inverse complet du système militaro-industriel occidental, où un seul projet de défense aérienne coûte 50 milliards de dollars et prend 15 ans. L’Ukraine fait fonctionner des dizaines de petits projets en parallèle, chacun coûtant quelques millions de dollars, chacun se déployant en mois, pas en années. Et le système qui fonctionne le mieux gagne et se reproduit à grande échelle. Le Darwinisme technologique appliqué à la défense aérienne.
L’intégration avec les systèmes humains : l’opérateur devient stratège
Mais il y a une question plus profonde. Comment coordonner des milliers de drones intercepteurs volant dans le même espace aérien, tous contrôlés par des opérateurs humains différents, tous recevant des cibles potentielles de radars différents, tous communiquant sur des fréquences peut-être légèrement désynchronisées ? C’est un problème de gestion coordonnée massif. L’Ukraine a commencé à l’adresser en créant des unités de défense aérienne spécialisées composées entièrement d’opérateurs d’intercepteurs. C’est une démarcation entièrement nouvelle dans la structure militaire. Pas des artilleurs. Pas des pilotes traditionnels. Des pilotes de drones intercepteurs. Leur travail : localiser les Shaheds entrants, les tracer, les engager, les détruire. Et ils se coordonnent avec les systèmes radar existants, avec les réseaux de communication 4G/5G, avec d’autres unités de défense aérienne. Un officier qui a dirigé l’intégration de ces drones dans le 1129e régiment, Oleksiy Barsuk, a noté quelque chose de fascinant : « Quand nous avons commencé à utiliser ces drones, l’ennemi volait à des altitudes de 800 à 1 000 mètres. Maintenant, c’est 3 000, 4 000, 5 000 — mais leur zoom de caméra n’est pas infini. » C’est l’adaption en action. Les Russes, en voyant que les intercepteurs ukrainiens fonctionnaient mieux à basse altitude, ont augmenté l’altitude. Et les Ukrainiens ont répondu en améliorant les capteurs et la portée des intercepteurs. C’est une armée en apprentissage rapide, évoluant quotidiennement.
Les contremesures russes : l’arène de l’adaptation constante
Mais les Russes ne sont pas inactifs. Ils évoluent aussi. Les versions plus récentes des Shaheds incluent des caméras arrière — des caméras pointées vers l’arrière, soi-disant pour permettre au drone de voir ce qui l’approche. Avec ces caméras arrière, les Shaheds reçoivent des signaux des contrôleurs russes ou de leur propre logiciel embarqué pour effectuer des manœuvres d’évasion quand un intercepteur approche. Ils zigzaguent. Ils tournent brusquement. Ils changent d’altitude. C’est une comportement de survie programmé directement dans la machine. Et cela rend le travail de l’opérateur d’intercepteur extrêmement difficile. Lyuba Shipovich, PDG de Dignitas (qui forme les opérateurs ukrainiens sur les systèmes de défense aérienne), a déclaré : « Quelques-uns de leurs drones ont des caméras arrière et vont zigzaguer ou se tortiller quand ils détectent un intercepteur entrant. C’est beaucoup plus difficile pour les opérateurs humains de rester verrouillés sur la cible. » La solution que l’Ukraine explore ? L’intelligence artificielle. Des systèmes d’IA qui reconnaissent les Shaheds, les traçent, les engagent, et apprennent des contremesures russes en temps réel. C’est une course technologique où la compétence informatique devient un facteur militaire équivalent à la puissance de feu. Et c’est là que l’Ukraine excelle. Une nation de plus de 8 millions de développeurs et d’ingénieurs informatiques (selon certaines estimations), tous conscients que la survie de leur nation dépend de l’innovation technologique.
L'apprentissage asymétrique : comment l'Ukraine construit un empire aérien
Ce qui fascine profondément, c’est que l’Ukraine construitt cet écosystème de défense aérienne à partir de presque rien. L’armée de l’air ukrainienne traditionnelle a été pratiquement détruite dans les premiers jours de l’invasion. Quelques avions chasseurs restent, quelques hélicoptères, quelques systèmes de défense aérienne hérités de l’époque soviétique. Mais la capacité de projection de puissance aérienne offensive et défensive ukrainienne a été réduite à zéro pratiquement immédiatement. Mais ce qui n’a pas été réduit, c’est le génie humain. Les ingénieurs ukrainiens. Les codeurs. Les entrepreneurs en technologie. Les fondations caritatives. Les groupes de bénévoles. Tous ces éléments de la société civile et du secteur privé se sont mobilisés pour construire une armée aérienne nouvelle, différente, décentralalisée, résiliente. General Cherry est une entreprise privée. Wild Hornets est un groupe à but non lucratif. La Fondation Prytula est une organisation caritative. Come Back Alive est une fondation caritative financée par des donateurs. Et pourtant ensemble — sans émettre une directive centralisée unique — elles produisent maintenant l’écosystème de défense aérienne le plus innovant de la planète. C’est dû à une seule raison : la survie existentielle. Quand votre nation est sous attaque constante, quand les gouvernements prennent du temps à décider et que les algorithmes bureaucratiques s’essoufflent, les citoyens agissent. L’Ukraine n’a pas eu le luxe d’attendre des contrats de 50 milliards de dollars et des approbations de 15 ans. L’Ukraine a eu besoin d’une solution en mois. Et elle la construit.
L’infrastructure d’innovation : les petites usines qui font la différence
Le New York Post a publié un reportage extraordinaire en juillet 2025 où les journalistes ont visité deux usines de fabrication de drones à Kyiv. Elles étaient petites. Pas glamoureuses. Remplies d’équipement que vous trouveriez dans n’importe quel petit atelier de fabrication précision. Des fraiseuses CNC. Des postes de soudage. Des postes de test électronique. Mais ce qui était extraordinaire, c’était la production. Des dizaines de milliers de drones par mois. L’une des usines produit des drones « missiles » — des intercepteurs d’un mètre de long ressemblant à des missiles miniatures. L’autre produit des variantes d’intercepteurs plus standard. Et malgré les frappes russes multiples — l’usine anonyme a été frappée plusieurs fois — elle continue de fonctionner. Elle se redéploie. Elle se réorganise. Elle reprend la production. Un employé a déclaré : « C’est tout sur l’efficacité des coûts. Les technologies occidentales sont magnifiques et modernes — elles coûtent également une fortune au même moment. » Cette attitude — accepter que vous ne pouvez pas avoir les meilleures technologies si vous avez besoin de les produire en masse — est la clé de l’approche ukrainienne. Ils ne cherchent pas des drones perfectionnés. Ils cherchent des drones qui fonctionnent, qui sont bon marché, et qui peuvent être fabriqués rapidement en énormes quantités. C’est un changement de paradigme complet par rapport à l’engineering militaire conventionnelle, où la perfection et la technologie de pointe sont valorisées au-dessus de la production de masse. L’Ukraine a inversé cette équation. Et cela fonctionne. Mieux que cela fonctionne. C’est dévastateur.
Les contrats de l’État : faire de l’innovation une institution
Le gouvernement ukrainien comprend l’enjeu. En juillet 2025, le gouvernement a attribué quatre contrats d’État totalisant plus de 71 millions de dollars pour augmenter les capacités d’interception de drones. Soixante-et-onze millions de dollars. Répartis entre des entreprises privées, des organisations à but non lucratif, des groupes de bénévoles, et — implicitement — des individus. C’est une stratégie de financement distribuée. Pas toute l’autorité entre les mains d’un seul organisme gouvernemental. Au lieu de cela, l’argent est distribué à plusieurs petites entreprises et organisations qui concourent pour l’efficacité et l’innovation. Le ministre des Technologies numériques Mykhailo Fedorov a déclaré qu’il y avait plusieurs types d’intercepteurs en production, et qu’ils étaient déjà utilisés au front. Ce n’est pas un programme d’acquisition traditionnel. C’est un réseau d’écosystèmes d’innovation connectés par le financement gouvernemental et l’intention stratégique. Le président Zelensky lui-même a visité les usines de fabrication de drones intercepteurs et s’est engagé à ce que l’Ukraine produise 1 000 intercepteurs par jour. Mille par jour. C’est un objectif incroyable. Cela signifie que chaque jour, l’Ukraine produirait suffisamment d’intercepteurs pour construire une flotte de défense aérienne qui pourrait potentiellement neutraliser 20 ou 30% des attaques russes de masse. Actuellement, l’Ukraine intercepte environ 50-55% des Shaheds (selon les chiffres des forces aériennes). Avec 1 000 drones intercepteurs par jour, cette capacité pourrait augmenter de manière significative. Le gouvernement s’est engagé à garantir que les contrats sont en place, et à travailler en permanence avec les partenaires internationaux pour éviter tout goulot d’étranglement de financement. C’est une engagement à la transformation technologique.
Les partenaires internationaux : l’amitié par la production
L’Ukraine n’est pas seule. Le Royaume-Uni, particulièrement, s’est engagé dans une partenariat majeur appelé le projet Octopus, visant à produire 2 000 intercepteurs par mois au Royaume-Uni, tous exportés vers l’Ukraine. C’est un engagement significatif. Deux mille drones par mois. Du Royaume-Uni. En addition à ce que l’Ukraine produit elle-même. Des États-Unis, une entreprise appelée Swift Beat se concentre sur la fourniture de centaines de milliers d’intercepteurs et de drones de frappe sous des conditions de coût facturé. « Coût facturé » signifie à prix de revient — presque pas de profit. C’est du matériel militaire fourni à des prix où seules les dépenses réelles sont couvertes. C’est une stratégie où le partenaire international prioritize la victoire ukrainienne plutôt que le profit. Et c’est transformationnel. Cela signifie que les usines ukrainiennes peuvent se concentrer sur les modèles innovants et la personnalisation, tandis que les partenaires internationaux gérer la production de masse standardisée. C’est une division du travail stratégique. Et cela accélère exponentiellement la courbe d’apprentissage et de production.
Conclusion : quand l'innovation défie l'agression
Le Bullet de General Cherry n’est pas simplement un drone. C’est un symbole. C’est la preuve tangible que l’innovation technique peut compenser une supériorité numérique massive. C’est la déclaration que l’Ukraine refuse la logique de l’agression brute. Que l’Ukraine ne sera pas écrasée sous le poids simplement de la quantité. Qu’au lieu de cela, l’Ukraine répondra avec la qualité, l’innovation, la créativité, et la détermination collective d’une nation qui comprend que sa survie dépend de sa capacité à innover plus vite que son ennemi peut produire. En novembre 2025, le Bullet vient d’être mis en service. Les premières vidéos de destruction de Shaheds commencent à circuler. Les opérateurs se familiarisent avec le système. Les usines augmentent la production. Les partenaires internationaux commencent à liérer les intercepteurs en masse. Et chaque nuit, des Shaheds tombent du ciel — non pas parce que l’Ukraine a une supériorité aérienne traditionnelle — mais parce que l’Ukraine a construit quelque chose de nouveau. Quelque chose d’imprévisible. Quelque chose que la Russie n’avait pas planifié pour. C’est la guerre du 21e siècle. Et l’Ukraine écrit le manuel.
Source : militarnyi
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