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Chronique : Les drones russes déchirent le ciel de l’OTAN : la ligne rouge s’efface silencieusement
Crédit: Adobe Stock

Quand la transgression devient quotidienne et l’escalade passe inaperçue

Je vois cette ligne de la Roumanie à la Moldavie. Invisible. Abstraite. Mais c’est là que tout bascule. Le 25 novembre 2025. Une nuit ordinaire de plus. Mais pas tant que ça. Les drones Shahed russes traversent la frontière ukrainienne sans autorisation. Pas une erreur de navigation — c’est ce que Moscou affirme toujours. Non. C’est une calculée. Une traversée volontaire. D’abord la Moldavie. Puis la Roumanie. Puis — oui, c’est déjà arrivé avant — la Pologne. L’Estonie. Même le ciel danois. Les Shahed brisent les frontières comme si les lignes invisibles de nos atlas n’existaient pas. Et voilà où nous en sommes en novembre 2025 : l’OTAN, cette alliance fondée sur une promesse inviolable de protection, accumule des dossiers d’infractions aériennes russes. Des dossiers épais. Des preuves. Des vidéos. Des radars. Des témoins. Et pourtant — pourtant — rien. Radio silence politique. Quelques déclarations diplomatiques. Des mots sur la souveraineté. Mais aucune ligne rouge franchie qui ne génère une riposte. C’est l’escalade par inaction. C’est la mort du dissuasion par mille piqûres d’épingle. Et nous — collectivement — regardons cela se produire en temps réel comme si c’était normal. C’est déjà entré en routine.

L’anatomie d’une violation : comment compter les incursions sans compter le coût

Permettez-moi de compiler les statistiques. Depuis février 2022, les analystes du Center for European Policy Analysis (CEPA) ont documenté plus de 70 violations aériennes distinctes en territoire de l’OTAN et de la Moldavie. Soixante-dix. Ce n’est pas « quelques incidents isolés. » C’est un pattern. C’est une stratégie. Le 9 septembre 2025, 19 drones russes ont pénétré l’espace aérien polonais. Dix-neuf. La Pologne a abattu quatre. Peut-être cinq. Les débats se font sur ce chiffre — le mea culpa polonais ou la portée limitée des défenses ? Puis, presque en synchronisation, la Roumanie a rapporté des violations. Et l’Estonie. Et le Danemark. Et l’Allemagne. Maintenant, le 25 novembre, c’est la Moldavie — un pays qui n’est même pas dans l’OTAN — qui accueille ces incursions. Un Shahed détecté en territoire moldave. Identification confirmée par la Border Police moldave. Trajectory documentée. Direction : Vulcănești. Puis nord, direction la Roumanie. Puis — un drone s’écrase littéralement sur un bâtiment résidentiel en Moldavie du nord. Toit percé. Matériel endommagé. Familles réveillées par le bruit de l’impact. C’est cela, la réalité des infractions aériennes russes en 2025. Ce ne sont pas des accidents géographiques mineurs. Ce sont des incursions coordonnées, multiples, récurrentes, qui testent les limites de la patience de l’OTAN avec une précision chirurgicale.

Le calcul stratégique russe : provoquer sans conquérir

Voici ce que je crois que Moscou fait. La Russie n’envahira probablement pas la Pologne. Ce serait une escalade qui pourrait déclencher une réaction nucléaire. Mais tester les frontières ? Tester les capacités de défense aérienne ? Tester la détermination collective de l’OTAN à protéger ses membres ? Cela, c’est un jeu à faible coût-bénéfice pour Moscou. Parce que chaque incursion fournit des données précieuses. Comment réagit l’OTAN ? Combien de jets décollent ? Combien de temps pour l’interception ? Quels sont les points faibles du système de détection radar ? Où sont les gaps non défendus ? Tous ces détails — microscopiquement précis — reviennent aux généraux russes qui les compilent dans leurs évaluations de faisabilité pour l’avenir. Des incursions répétées fournissent aussi un conditionnement psychologique. Un drone ici. Deux drones là. Puis 19. Puis 6. Puis un seul. Puis plus. L’incertitude crée une paralysie. L’habitude crée une normalisation. Et dans cette normalisation, les seuils de ce qui est « inacceptable » se déplacent silencieusement. Un drone sur la Roumanie aujourd’hui ? C’est une violation. Un drone qui s’écrase demain ? C’est une violation plus sérieuse. Un drone armé qui détruit une infrastructure demain ? C’est une escalade. Et quelque part dans cette progression, il y a un moment où l’OTAN doit décider : est-ce une attaque ? Et si c’est une attaque, l’article 5 s’applique-t-il ? Et si l’article 5 s’applique, faisons-nous la guerre à la Russie sur la base d’un drone ? Moscou sait que cette question — cette question existentielle pour l’alliance — est ce qui la paralyse.

La nuit du 25 novembre : l’incursion qui ressemble à toutes les autres

Mais parlons de cette nuit précis. Le 25 novembre. La Russie lance une attaque combinée massive contre l’Ukraine. Plus de 460 drones. 22 missiles de différents types. Quatre missiles Kinzhal hypersoniques. C’est une attaque de saturation. C’est un assaut visant à surcharger les systèmes de défense ukrainiens. Et au milieu de ce chaos, une brèche calculée vers le nord. Une brèche appelée « Shahed qui traverse les frontières. » Le premier à entrer en territoire moldave. La Border Police moldave le détecte. Configuration du drone identifiée. Type : Shahed. Direction connue. Altitude connue. Vitesse connue. Tout documenté. Notification instantanée à la Roumanie. Et quand le drone franchit la frontière moldavo-roumaine — croise dans l’espace aérien roumain — la Roumanie mobilise ses défenses. Deux F-16 roumains décollent. Un radar accroche le contact. Mais le drone, lui, continue son vol. Pourquoi ? Parce qu’il sait que l’OTAN n’ouvrira probablement pas le feu. Pas sur un drone sans explosifs visibles. Pas sur une cible qui menace peu immédiatement. Pas sur quelque chose qui pourrait être présenté comme un accident navigationnel. Et donc le drone vole. Et les F-16 roumains le suivent. Et les habitants de Tulcea, de Galați, reçoivent des alertes sur leurs téléphones. Et tout le monde attend. Puis le drone disparaît des radars près de Chilia Veche — peut-être retourné à l’Ukraine, peut-être écrasé, peut-être continuant sous le radar jusqu’à une cible intérieure. Personne ne sait vraiment. Et personne ne fait rien.

L’infrastructure de la violation : comment l’Europe apprend à vivre sous la menace

Ce qui me fascine — et terrife — c’est la rapidité avec laquelle les États de l’OTAN ont accepté une nouvelle normalité de l’espace aérien. En 2021, l’idée qu’un drone militaire russe pénètre un espace aérien de l’OTAN aurait provoqué une crise de niveau Article 5. Une convocation d’urgence du Conseil de l’Atlantique Nord. Des menaces. Une augmentation massif de la posture de dissuasion. Aujourd’hui ? Les gouvernements envoient quelques phrases diplomatiques. Convoquent l’ambassadeur russe pour « discussion. » Puis c’est fini. L’infrastructure psychologique accepte l’incursion comme un risque à gérer, pas une ligne rouge à défendre. La Roumanie a légalement autorisé ses forces militaires à neutraliser ou détruire les drones non autorisés entrant dans son espace aérien. C’est une mise à jour légale impressionnante. Mais une mise à jour légale n’est que du papier si elle n’est pas mise en application. Et en 2025, elle ne l’est pas. Les drones continuent d’entrer. Les F-16 continuent de les suivre. Et personne n’appuie sur la gâchette. La Pologne a proposé la création d’une zone d’interdiction de vol de l’OTAN au-dessus de l’Ukraine occidentale. C’est une idée intéressante — créer un espace aérien où les incursions russes seraient automatiquement interceptées et abattues par des défenses d’escadrons de l’OTAN. Mais cette proposition reste sur le papier. Pas approuvée. Pas mise en œuvre. Pas même sérieusement débattue à Bruxelles. Pourquoi ? Parce qu’une zone d’interdiction de vol de l’OTAN signifierait que l’OTAN tirait sur des avions russes. Et cela signifierait une guerre. Et personne ne veut la nommer ainsi.

La ligne rouge qui n’a pas de couleur : Article 4 versus Article 5

Voici la distinction juridique cruciale que peu comprennent. L’article 4 du Traité de l’Atlantique Nord dit que si un membre sent sa sécurité menacée, il peut demander une consultation d’urgence avec les autres membres. La Pologne l’a invoqué le 10 septembre. L’Estonie l’a invoqué en septembre aussi. C’est pas la fin du monde. C’est une conversation. C’est une formalité diplomatique. Puis il y a l’Article 5. L’Article 5 dit que « une attaque contre l’un est une attaque contre tous. » C’est la promesse nucléaire fondamentale de l’OTAN. Et c’est rarement invoqué. Depuis 1949, seule une seule fois — le 12 septembre 2001, après les attaques du 9/11 aux États-Unis — l’Article 5 a été invoqué. Une seule fois. Cela montre le poids extraordinaire du langage de l’Article 5. Maintenant, la question obsédante : un drone armé qui s’écrase sur la Roumanie, tuant des civils, déclenchant-il l’Article 5 ? Et si c’est le cas, les États-Unis envoient-ils des bombardiers en Russie ? Engagent-ils une frappe contre une base russe ? La Russie riposte-t-elle ? Et voilà le cycle d’escalade qui rend tout le monde immobilisé. Parce que personne — vraiment personne — ne sait où se trouve cette ligne rouge. Elle ne s’appelle pas. Elle n’est pas écrite. Elle existe dans les hypothétiques. Et les hypothétiques, c’est ce qui paralyse les bureaucraties de défense.

Le coût silencieux : quand la menace devient infrastructure

Mais il y a un coût que personne ne quantifie vraiment. Les défenses aériennes sont activées continuellement. Les radars tournent sans cesse. Les jets décollent à répétition. Les systèmes d’alerte citoyen sonnent régulièrement. Les populations — en Pologne, Roumanie, Baltique, même en Allemagne — vivent dans un état de vigilance perpétuelle. C’est épuisant. C’est psychologiquement dépletif. C’est — et c’est le mot exact — corrosif. La confiance des citoyens dans la protection de l’État diminue lentement. Si des drones russes peuvent entrer dans mon pays de l’OTAN, pensent-ils, que défend vraiment l’OTAN ? Les systèmes de défense aérienne consomment du carburant, des heures de vol, de l’usure mécanique. Chaques F-16 qui décolle pour chasser un drone — un drone qui ne porte généralement pas d’armes — c’est plusieurs millions de dollars en coûts opérationnels. La Pologne a dépensé, littéralement, des dizaines de millions de dollars en réponses aux violations aériennes russes. C’est de l’argent qui aurait pu aller ailleurs. Les populations s’adaptent psychologiquement. L’inacceptable devient acceptable. L’impossible devient normal. C’est comment les civilisations s’érodent — non pas par des guerres spectaculaires, mais par mille violations mineures qui deviennent la structure normale de la vie quotidienne.

Conclusion : la capitulation lente devant l’inévitable

Je vais te le dire franchement. Ce qui se passe en novembre 2025 — les drones russes qui traversent les frontières de l’OTAN, les F-16 qui les suivent sans engagement, les déclarations diplomatiques qui disparaissent une heure après avoir été publiées — c’est la confirmation d’une réalité que les élites occidentales refusent d’articuler : l’OTAN n’a pas d’appétit pour une confrontation militaire directe avec la Russie, même si c’est à travers des proxys aériens. Et la Russie le sait. Et donc elle teste. Et teste. Et teste encore. Chaque drone qui traverse une frontière de l’OTAN sans conséquences est un vote de confiance pour Moscou. Un vote que dit : « Vous ne tirez pas. Vous ne ripostez pas. Vous déclamez. Vous consultez. Vous invoquez des articles. Mais vous n’agissez pas. » Et ces votes s’accumulent. Et à un moment donné — peut-être en 2026, peut-être en 2027 — la Russie décide que le seuil s’est sufisamment abaissé pour que quelque chose de plus grand soit possible. C’est comment les guerres commencent. Pas par des explosions dramatiques. Mais par des violations mineures qui deviennent normalisées jusqu’au moment où elles deviennent acceptées comme le fondement d’une nouvelle réalité géopolitique. Les drones qui traversent le ciel roumain le 25 novembre 2025 ne sont pas des anomalies. Ils sont des signes précurseurs. Ils sont la cartographie d’une escalade progressive. Et si l’OTAN continua à les ignorer, elles deviendront la carte routière d’une guerre qui aurait pu être arrêtée par une seule riposte décisive, un seul acte de défense inébranlable qui aurait dit : « Pas plus loin. » Mais nous ne le faisons pas. Et donc elles continuent. Et la ligne rouge s’efface, silencieusement, vers l’horizon.

Chronique : Les drones russes déchirent le ciel de l’OTAN : la ligne rouge s’efface silencieusement

Source : militarnyi

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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