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Chronique : Satellite, le navire russe remorqué révèle l’ampleur du désastre de Novorossiysk
Crédit: Adobe Stock

Permettez-moi de plonger dans l’histoire de ces bêtes de métal. Le Projet 1171, nom de code OTAN « Alligator », désignation soviétique Tapir, est une classe de navires de débarquement amphibies à usage général développée à la fin des années 1950. Conçus pour des opérations de débarquement direct sur des plages non aménagées, ces navires étaient la colonne vertébrale des capacités de projection de puissance amphibie de l’URSS pendant la guerre froide. Quatorze unités ont été construites entre 1964 et 1975. Toutes ont été retirées du service entre 1992 et 1995 — sauf quelques-unes. En 2024-2025, seuls deux navires de cette classe restent opérationnels dans la Flotte de la mer Noire : l’Orsk et le Nikolay Filchenkov. L’Orsk, construit à Kaliningrad, a été mis en service le 31 décembre 1968. Renommé en 2002, il a subi plusieurs remises à neuf, la dernière entre 2014 et 2017 à l’usine de réparation navale n°13 de Sévastopol. Le Nikolay Filchenkov, également construit à Kaliningrad, a été mis en service le 30 décembre 1975. Nommé en l’honneur du commissaire Nikolay Filchenkov, Héros de l’Union soviétique tué pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été classé « excellent » huit fois entre 1975 et 2004, et meilleur navire de la Flotte de la mer Noire dans sa catégorie en 1996 et 1997. Ces navires peuvent transporter jusqu’à 313 soldats, 20 chars de combat, et du matériel lourd. Leur déplacement à pleine charge atteint 4 360 tonnes, leur longueur 113 mètres. Ils sont armés de canons de 57 mm et de systèmes de défense rapprochée. Mais voilà : ils ont entre 50 et 57 ans. Leur technologie est dépassée, leurs systèmes électroniques archaïques, leurs coques fatiguées par des décennies de service.

L’impossible remplacement

Voici le drame stratégique pour Moscou. Ces navires sont irremplaçables. Littéralement. La Turquie, gardienne des détroits du Bosphore et des Dardanelles, a fermé ces voies d’eau aux navires militaires dont la base d’origine n’est pas la mer Noire, conformément à l’article 19 de la Convention de Montreux, depuis le début de l’invasion russe en 2022. Cela signifie qu’aucun nouveau bâtiment de guerre ne peut être déployé dans la mer Noire pour remplacer les pertes. Chaque navire coulé, endomagé ou détruit représente une diminution permanente de la capacité opérationnelle russe dans la région. La Russie ne peut pas construire de nouveaux navires de guerre dans la mer Noire assez rapidement pour compenser les pertes infligées par l’Ukraine. Les chantiers navals de Kertch et de Sévastopol sont eux-mêmes sous la menace constante des frappes ukrainiennes. Un expert militaire cité par Charter97 a noté : « La Russie n’a plus beaucoup de grands navires de débarquement. Il y a deux projets — les ‘crocodiles’ (1171) et les ‘transporteurs de charbon’ (775). La moitié d’entre eux ont déjà été mis hors service par les forces de défense ukrainiennes en quatre ans. » Endommager ou détruire un Projet 1171 n’est donc pas qu’une victoire tactique. C’est une victoire stratégique irréversible. Ces coques ne reviendront probablement jamais en service opérationnel complet. Même si les Russes parviennent à réparer la structure, remplacer les systèmes de mission électroniques et les paquets de capteurs sous sanctions est extrêmement difficile. Ces navires seront au mieux des coquilles vides, au pire des épaves coûteuses.

Un historique de frappes ukrainiennes

Ce n’est pas la première fois que Novorossiysk est touché. Le 4 août 2023, le navire de débarquement Olenegorsky Gornyak, également de classe Ropucha (Projet 775), a été gravement endommagé par un drone naval ukrainien transportant 450 kilogrammes de TNT dans les eaux proches du port. Des vidéos vérifiées par Reuters montraient le navire remorqué vers le rivage, gîtant lourdement sur son flanc bâbord. Une source du renseignement ukrainien avait déclaré : « En conséquence de l’attaque, l’Olenegorsky Gornyak a reçu une brèche sérieuse et ne peut actuellement pas mener ses missions de combat. » Cette frappe avait marqué la première fois que la marine ukrainienne projetait sa puissance aussi loin de ses côtes — environ 740 kilomètres selon les estimations. Puis, le 26 décembre 2023, le Novocherkassk, un grand navire de débarquement, a été frappé alors qu’il était amarré à Theodosia, en Crimée du sud, par des missiles de croisière lancés par air. L’Ukraine a affirmé qu’il avait été détruit et peu susceptible de revenir en service. Des vidéos montraient des explosions massives et multiples, avec des indications que les munitions à bord avaient été détonées par l’attaque. En mai 2025, l’Ukraine a franchi un cap historique en abattant deux chasseurs Su-30 russes au-dessus de la mer Noire en utilisant des drones navals Magura V5 équipés de missiles air-air R-73. Des avions de combat de 4e génération valant des dizaines de millions de dollars chacun, détruits par des drones de surface bon marché. Le 10 septembre 2025, un navire polyvalent russe de classe MPSV07, d’une valeur d’environ 60 millions de dollars, a été désactivé près de Novorossiysk par une attaque de drones. Ce navire transportait des charges utiles de guerre électronique et de renseignement électronique — les « yeux et oreilles » de la Flotte de la mer Noire.

Source : united24media

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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