L’offensive surprise qui n’en était pas une
Le 10 mai 2024, au lendemain de la parade de la Victoire à Moscou, l’armée russe a lancé une offensive massive sur la région de Kharkiv. Une offensive qui avait été annoncée pendant des semaines. Les services de renseignement ukrainiens savaient. Les États-Unis savaient. Tout le monde savait. Et pourtant, quand les premiers obus sont tombés à 3 heures du matin, quand les forces russes ont franchi la frontière, l’Ukraine n’était pas prête. Pas vraiment. La 125ème Brigade de défense territoriale de Lviv était censée défendre un front de 45 kilomètres. Quarante-cinq kilomètres. Avec deux bataillons qu’elle n’avait jamais entraînés. Avec des armes achetées par la ville de Lviv, pas fournies par l’armée. Avec 1 700 mines antipersonnel pour couvrir tout ce front. C’était dérisoire. C’était insuffisant. C’était criminel.
Les Russes ont déferlé. Ils ont utilisé 32 000 soldats massés dans l’oblast de Belgorod. Ils ont pilonné les positions ukrainiennes avec leur artillerie, leurs lance-roquettes multiples, leurs bombes planantes. Ils ont brouillé tous les terminaux Starlink, tous les récepteurs GPS, toutes les radios Motorola que les Ukrainiens utilisaient. Et ils ont avancé. Rapidement. Méthodiquement. Et je pense à ces soldats ukrainiens, ces hommes de la 125ème Brigade, qui se sont retrouvés seuls face à cette marée humaine. Qui ont vu leurs communications coupées, leurs positions pilonnées, leurs camarades tomber. Qui ont dû se replier, abandonner leurs positions, fuir devant l’ennemi. Non pas par lâcheté. Mais parce qu’ils n’avaient pas le choix. En 48 heures, les Russes avaient pris les villages frontaliers. Streleche, Krasnoye, Borisovka, Pylnaya. Et le 12 mai, ils étaient aux portes de Vovchansk. À seulement cinq kilomètres de la frontière. Ils pensaient entrer dans la ville comme dans du beurre. Ils se trompaient.
La débâcle du commandement ukrainien
Ce qui s’est passé dans les jours précédant l’offensive russe est une histoire de chaos, d’incompétence et de négligence criminelle. En l’espace de sept semaines, le commandement de la région de Kharkiv a changé trois fois. Trois fois. Le général Hrytskov, un officier de mauvaise réputation avec des problèmes personnels, a été remplacé par le général Galushkin le 24 avril. Mais Galushkin était un bureaucrate sans expérience du combat. Deux jours après le début de l’offensive, il a été remplacé par le général Drapaty. Comment peut-on défendre un secteur quand le commandement change tous les quinze jours ? Comment peut-on organiser une défense cohérente quand personne ne sait qui commande ? C’est impossible. Et les conséquences ont été catastrophiques.
Mais ce n’est pas tout. Le 4 mai, moins d’une semaine avant l’offensive, le lieutenant-général Sodol, commandant de l’OSU Khortytsia, et le général Galushkin ont visité la 125ème Brigade. Ils ont vu l’état des défenses. Ils ont vu le manque d’équipement. Ils ont vu que la brigade n’était pas prête. Et qu’ont-ils fait ? Rien. Absolument rien. Ils sont repartis. Et six jours plus tard, l’offensive russe a commencé. Et je me demande : comment peut-on être aussi négligent ? Comment peut-on voir une catastrophe arriver et ne rien faire pour l’empêcher ? Sodol a été limogé le 24 juin, après seulement quatre mois en poste. Mais c’était trop tard. Le mal était fait. Vovchansk était déjà en train de brûler. Le plus incroyable, c’est qu’aucune unité n’était déployée au nord de Vovchansk. La route qui menait de la frontière à la ville était ouverte. Les Russes auraient pu simplement rouler jusqu’à la ville sans rencontrer de résistance. Heureusement pour l’Ukraine, ils ne le savaient pas. Ils ont avancé prudemment, s’attendant à rencontrer des défenses. Et cela a donné aux Ukrainiens le temps de réagir. Le temps d’envoyer des renforts. Le temps de sauver Vovchansk de la capture totale.
Les deux premiers jours : la ville au bord du gouffre
L’entrée des Russes dans Vovchansk
Le 12 mai au soir, les forces russes étaient aux portes de Vovchansk. Elles avaient descendu la route T210B depuis la frontière sans rencontrer de résistance sérieuse. Et la ville était vide. Pas de défenseurs. Pas de positions fortifiées. Pas de barricades. Rien. Un observateur présent sur place a témoigné : « La ville de Vovchansk n’était absolument pas préparée aux combats de rue et à la défense. Dans la ville elle-même, en périphérie, il n’y a pas de lignes de défense, pas de positions, même pas de fortifications de campagne de haute qualité. Et l’ennemi est entré dans la ville absolument calmement. » Les Russes auraient pu prendre la ville cette nuit-là. Ils auraient pu simplement entrer et planter leur drapeau. Mais ils ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Parce qu’ils ne savaient pas que la ville était vide. Parce qu’ils s’attendaient à rencontrer de la résistance. Parce qu’ils avançaient prudemment, craignant une embuscade.
Et cette prudence a sauvé Vovchansk. Dans la nuit du 12 au 13 mai, la 57ème Brigade motorisée est entrée dans la ville. Des soldats aguerris, des vétérans de la guerre. Ils ont pris position. Ils ont fortifié les bâtiments. Ils ont préparé la défense. Et quand les Russes ont finalement attaqué le 13 mai au matin, ils ont trouvé une résistance féroce. Les combats ont été intenses. Maison par maison. Rue par rue. Les Russes ont utilisé cinq bataillons pour attaquer la ville. Cinq bataillons. Des milliers d’hommes. Et ils n’ont réussi à prendre que le quartier industriel nord-ouest, au nord de la rivière Vovcha. Et je pense à ces premiers combats. À ces soldats de la 57ème Brigade qui sont arrivés dans une ville qu’ils ne connaissaient pas, qui ont dû improviser une défense en quelques heures, qui ont dû se battre contre un ennemi supérieur en nombre. Et qui ont tenu. Qui ont empêché les Russes de prendre la ville. Qui ont sauvé Vovchansk de la capture totale.
Les renforts arrivent
Le général Drapaty, le nouveau commandant de la région de Kharkiv, a réagi rapidement. Il a envoyé des renforts. La 82ème Brigade aéroportée, une unité d’élite. La 71ème Brigade de chasseurs, des soldats de montagne aguerris. Le 2ème Bataillon de la 36ème Brigade de marines. Et un bataillon de police Lyut, des policiers transformés en fantassins. Ces hommes n’étaient pas des civils. C’étaient des combattants endurcis. Des vétérans. Des tueurs. Et ils ont stoppé l’avancée russe. Le 14 mai, deux chars russes non soutenus ont tenté de pousser plus au sud. Ils ont été détruits en quelques minutes. Ce sont les seuls chars russes qui sont apparus dans Vovchansk. Un signe de l’évolution de cette guerre. Les chars, autrefois rois du champ de bataille, ont disparu. Trop vulnérables aux missiles antichars, aux drones, aux mines.
En quelques jours, la situation s’est stabilisée. Les Russes contrôlaient le quartier industriel au nord de la rivière Vovcha. Les Ukrainiens contrôlaient le reste de la ville au sud. Et entre les deux, la rivière est devenue une ligne de front. Les Russes ont lancé de grandes attaques de viande, envoyant vague après vague de soldats contre les positions ukrainiennes. Mais ces attaques ont été repoussées. Les pertes russes ont été énormes. Des centaines d’hommes tués en quelques jours. Et je me demande : pourquoi continuent-ils ? Pourquoi envoient-ils toujours plus d’hommes au massacre ? La réponse est simple et terrifiante : parce qu’ils n’ont pas d’autre stratégie. Parce que l’armée russe ne sait faire qu’une chose : envoyer des hommes mourir jusqu’à ce que l’ennemi soit submergé par le nombre. Mais à Vovchansk, cette stratégie n’a pas fonctionné. Les Ukrainiens ont tenu. Ils ont repoussé chaque assaut. Ils ont tué des centaines, des milliers de soldats russes. Et ils ont empêché la ville de tomber.
La destruction méthodique : Bakhmout en cinq jours
Les bombes planantes et les missiles
Face à la résistance ukrainienne, les Russes ont fait ce qu’ils font toujours : ils ont commencé à détruire la ville. Méthodiquement. Systématiquement. Bâtiment par bâtiment. Ils ont utilisé des missiles S-300, des armes de défense aérienne détournées en missiles balistiques. Ils ont utilisé des bombes planantes de 500 kg, larguées depuis des Su-34. Ils ont utilisé des roquettes thermobariques de 220 mm lancées depuis des TOS-1A Solntsepok. Ils ont utilisé des mortiers de 240 mm tirés depuis des 2S4 Tulpan. Et ils ont pilonné Vovchansk jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Un soldat ukrainien a comparé la destruction à Bakhmout, cette autre ville martyrisée qui a mis des mois à tomber. Mais à Vovchansk, la destruction a été plus rapide. Plus intense. Plus totale. « Bakhmout en cinq jours », a-t-il dit. Et c’est exactement cela.
Les Russes ont d’abord ciblé le quartier industriel. Les usines, les entrepôts, les ateliers. Tout a été réduit en poussière. Puis ils ont ciblé les ponts. Le grand pont est-ouest sur la rue Pryvokzalna qui mène au quartier industriel. Les ponts à Zybine et Stariy Saltiv plus au sud. Ils voulaient couper les lignes de ravitaillement ukrainiennes, isoler les défenseurs, les affamer. Mais les Ukrainiens ont réagi. Ils ont construit des ponts flottants. Ils ont utilisé des ponts mobiles allemands. Ils ont trouvé des moyens de continuer à ravitailler leurs troupes. Et je réalise que cette guerre est devenue une guerre d’ingénieurs autant qu’une guerre de soldats. Une guerre où la capacité à construire un pont rapidement peut faire la différence entre la victoire et la défaite. Une guerre où chaque pont détruit est reconstruit en quelques heures. Le 28 mai, trois bombes planantes ont frappé le pont est-ouest de Vovchansk. Une seule a touché le pont. Les deux autres ont manqué leur cible. Et même celle qui a touché n’a pas complètement détruit le pont. Elle a explosé après s’être enfoncée dans le sol, créant un cratère mais laissant la structure partiellement intacte. Les fantassins pouvaient encore traverser. Le ravitaillement pouvait continuer.
La contre-offensive ukrainienne sur Belgorod
Mais les Ukrainiens n’ont pas subi passivement. Avec l’arrivée de nouvelles munitions et la levée partielle de l’interdiction d’utiliser des armes OTAN contre des cibles en Russie, ils ont lancé une campagne intelligente et efficace contre les cibles en profondeur dans l’oblast de Belgorod. En un mois, jusqu’à 300 roquettes HIMARS ont été tirées, ciblant principalement les systèmes de défense aérienne russes S-300 et S-400 et les radars. Cette campagne a eu deux effets importants. Premièrement, les attaques quotidiennes de roquettes sur la ville de Kharkiv ont diminué. Deuxièmement, des couloirs sûrs ont été créés pour les avions de combat ukrainiens et les hélicoptères pour mener des raids sur les positions russes. Pour la première fois, des Su-29 ukrainiens ont mené un raid transfrontalier, frappant un poste de commandement et un site de stockage de munitions près de Belgorod.
Et je me dis que cette guerre est en train de changer. Que les Ukrainiens ne se contentent plus de défendre. Qu’ils attaquent. Qu’ils frappent en profondeur. Qu’ils détruisent les capacités russes à bombarder leurs villes. Et que cela fait une différence. Une vraie différence. Les systèmes de défense aérienne russes Kasta 2E2 ont été détruits par les HIMARS. Les radars ont été pulvérisés. Les lanceurs de missiles ont été anéantis. Et soudain, le ciel au-dessus de Kharkiv est devenu un peu plus sûr. Les bombardements ont diminué. Pas arrêté, mais diminué. Et pour les habitants de Kharkiv, pour les soldats qui défendent Vovchansk, c’était une victoire. Une petite victoire, certes. Mais une victoire quand même. Parce que chaque jour sans bombardement est un jour de gagné. Chaque nuit où on peut dormir sans être réveillé par les sirènes est une nuit de gagnée. Et dans cette guerre d’usure, ces petites victoires comptent.
Le moral russe en chute libre
Les prisonniers et les déserteurs
Ce qui est frappant dans la bataille de Vovchansk, c’est le nombre de soldats russes qui se sont rendus. Malgré le fait qu’ils n’étaient qu’à cinq kilomètres de la frontière, malgré le fait qu’ils auraient pu facilement s’échapper, des dizaines, voire des centaines de soldats russes ont choisi de se rendre. Dans un incident, jusqu’à 30 soldats ont été capturés en même temps, le plus grand nombre à l’époque. Dans un autre, un soldat russe abandonné par ses camarades s’est caché pendant trois semaines puis s’est rendu lorsque les troupes ukrainiennes ont repris les positions perdues. Ces hommes n’étaient pas des fanatiques. Ce n’étaient pas des volontaires idéologiques. C’étaient des conscrits, des contractuels, des hommes envoyés au front contre leur gré. Et ils ont choisi la vie plutôt que la mort pour Poutine.
Les attaques de viande ont détruit le moral. « Sur cent personnes, il en reste douze », s’est plaint le soldat contractuel Anton Andreev de la 5ème compagnie du 1009ème régiment dans une vidéo enregistrée. Des soldats du 153ème Régiment de chars ont refusé les ordres. Terekhov Vadim, un soldat contractuel servant dans une unité Storm V de la 128ème Brigade d’assaut, a raconté comment ses commandants lui ont ordonné de se suicider avec une grenade s’il était capturé. « Pourquoi devrais-je me laisser mourir ? » a-t-il demandé. Et je pense à ces hommes. À ces soldats russes qui ne veulent pas mourir pour Poutine. Qui ne comprennent pas pourquoi ils se battent. Qui voient leurs camarades tomber jour après jour et qui se demandent : pourquoi ? Pour quoi ? Pour qui ? Dans une autre vidéo, un prisonnier de guerre russe vêtu de vêtements mélangés s’est plaint du manque de provisions et a dit à ses ravisseurs : « C’est ce que nous trouvons dans les maisons, c’est ce que nous portons. » Les soldats russes pillent les maisons pour se vêtir. Ils volent la nourriture pour manger. Ils n’ont rien. Leur armée ne leur fournit rien. Et on leur demande de se battre. De mourir. Pour rien.
Les bataillons barrières et les migrants forcés
Pour endiguer les désertions, un bataillon tchétchène Akhmat a été déployé pour agir comme troupes barrières. Leur rôle ? Menacer les soldats qui tentent de fuir. Les forcer à avancer. Les abattre s’ils reculent. C’est la méthode soviétique. La méthode de Staline. Et elle est de retour. Le 3 juin, le média d’opposition russe Verstka a rapporté que les autorités militaires russes avaient suspendu les procès des réfractaires et envoyaient simplement des centaines de soldats russes objecteurs au front. Le chef du Comité d’enquête de la Douma d’État, Alexander Bastrykin, a récemment révélé que jusqu’à 10 000 migrants avaient été rassemblés de force et envoyés en Ukraine. Des Africains dupés ont été conscrits dans un soi-disant Corps africain. L’armée russe est désespérée. Elle ratisse large. Elle prend tout ce qu’elle peut trouver.
Et je réalise que nous assistons à l’effondrement d’une armée. Pas un effondrement soudain, spectaculaire. Mais un effondrement lent, progressif, inexorable. Une armée qui ne peut plus recruter de volontaires. Une armée qui doit forcer les gens à se battre. Une armée qui doit menacer ses propres soldats pour les empêcher de fuir. Une armée qui est devenue, pour reprendre l’expression de Soljenitsyne, « notre système d’évacuation des eaux usées ». Des responsables russes menacent de ne pas prolonger les visas des étudiants et migrants africains s’ils n’acceptent pas de signer un contrat avec l’armée russe. C’est du chantage. C’est de l’esclavage moderne. C’est criminel. Mais c’est la réalité de l’armée russe en 2025. Une armée qui ne peut plus compter sur le patriotisme. Une armée qui ne peut plus compter sur l’idéologie. Une armée qui ne peut compter que sur la force, la menace, la contrainte. Et cette armée est en train de perdre la guerre. Lentement. Mais sûrement.
L'équipement obsolète : retour aux années 1960
Les chars et véhicules d’une autre époque
Le District militaire occidental, qui regroupe aujourd’hui les Districts militaires de Leningrad et de Moscou, a toujours été le district le plus prestigieux de l’armée russe. C’est lui qui recevait les meilleurs équipements, les armes les plus modernes, les soldats les mieux formés. Mais à Vovchansk, ce mythe s’est effondré. Dans une attaque à l’ouest de la ville, des pilotes de drones ukrainiens ont détruit ou immobilisé des T-62M, des BMP-1 et des 2S1. Ce sont tous des véhicules datant des années 1960. Pour un lecteur britannique, ce serait comme si l’armée britannique utilisait encore des chars Centurion, des véhicules blindés Saracen et des canons automoteurs Abbot. C’est impensable. C’est absurde. Mais c’est la réalité de l’armée russe en 2025.
Où sont passés les T-90, les T-80, les BMP-3 ? Où sont passés les équipements modernes que la Russie était censée posséder ? La réponse est simple : ils ont été détruits. En Ukraine. Par milliers. Et maintenant, la Russie doit puiser dans ses réserves. Elle doit sortir de ses hangars des véhicules vieux de plusieurs décennies. Elle doit les remettre en état tant bien que mal. Et elle doit les envoyer au front. Où ils sont détruits. Encore et encore. Et je me dis que cette guerre est en train de vider les arsenaux russes. Que la Russie est en train de dilapider des décennies d’accumulation militaire. Qu’elle envoie au front des équipements qui devraient être dans des musées. Et que cela montre à quel point elle est désespérée. Les T-62M sont des chars conçus dans les années 1960, modernisés dans les années 1980. Ils n’ont aucune chance face aux missiles antichars modernes. Les BMP-1 sont des véhicules de combat d’infanterie datant de 1966. Leur blindage ne peut pas arrêter les armes modernes. Les 2S1 sont des canons automoteurs de 122 mm datant de 1971. Ils sont obsolètes. Et pourtant, c’est tout ce que la Russie peut envoyer à Vovchansk. Parce qu’elle n’a plus rien d’autre.
La pénurie de munitions et de pièces détachées
Mais le problème ne se limite pas aux véhicules. La Russie manque aussi de munitions. Elle manque de pièces détachées. Elle manque de composants électroniques. Les sanctions occidentales ont eu un impact considérable sur sa capacité à produire des armes. Elle ne peut plus importer les puces électroniques dont elle a besoin. Elle ne peut plus accéder aux technologies occidentales. Elle doit se débrouiller avec ce qu’elle a. Et ce qu’elle a n’est pas suffisant. Les soldats russes se plaignent du manque de munitions. Ils disent qu’ils doivent rationner leurs obus. Qu’ils ne peuvent pas tirer autant qu’ils le voudraient. Que leur artillerie, autrefois leur arme la plus puissante, est maintenant limitée par le manque de munitions. Et pendant ce temps, les Ukrainiens, soutenus par l’Occident, reçoivent un flux constant de munitions, d’armes, d’équipements.
La Russie a dû se tourner vers l’Iran et la Corée du Nord pour obtenir des munitions. L’Iran lui fournit des drones Shahed. La Corée du Nord lui vend des obus d’artillerie, des roquettes. Mais ces munitions sont de qualité inférieure. Elles sont moins précises. Elles ont un taux d’échec plus élevé. Et je me demande combien de temps encore la Russie pourra tenir ce rythme. Combien de temps encore elle pourra continuer à se battre avec des équipements obsolètes et des munitions de mauvaise qualité. La réponse est : pas longtemps. Pas indéfiniment. L’armée russe est en train de s’épuiser. Elle est en train de se vider. Et un jour, elle n’aura plus rien. Plus de chars. Plus de munitions. Plus de soldats. Et ce jour-là, la guerre sera finie. Mais en attendant, les combats continuent. Les hommes continuent de mourir. Et Vovchansk continue d’être détruite. Pierre par pierre. Bâtiment par bâtiment. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
La bataille de l'usine d'agrégats : l'obsession pathologique
Des mois de combats pour un bâtiment
En juillet 2024, les combats se sont concentrés sur l’usine d’agrégats, au nord de la rivière Vovcha. Cette usine, un complexe industriel en ruines, est devenue le symbole de l’acharnement russe. Les forces russes ont lancé assaut après assaut pour s’emparer de ce bâtiment. Pourquoi ? Parce qu’il offrait une position dominante. Parce qu’il permettait de contrôler les approches de la ville. Parce que Poutine voulait une victoire, n’importe quelle victoire, même symbolique. Et l’usine d’agrégats est devenue cette victoire. Ou plutôt, elle devait le devenir. Mais les Ukrainiens avaient d’autres plans. Ils ont transformé l’usine en forteresse. Ils ont fortifié chaque pièce, chaque couloir, chaque étage. Ils ont posé des mines, des pièges, des explosifs. Et ils ont attendu. Les Russes sont venus. Vague après vague. Ils ont attaqué. Ils sont morts. D’autres sont venus. Ils ont attaqué. Ils sont morts aussi.
Selon un milblogger russe, les forces attaquant à Vovchansk avaient déjà subi un tiers des pertes que les forces russes avaient subies lors de leur campagne de quatre mois pour s’emparer d’Avdiivka. Un tiers. En quelques mois. Pour une seule usine. C’est de la folie. C’est de l’absurdité. Mais c’est la réalité de cette guerre. Les pertes ont été si lourdes que certaines unités ont dû être retirées. La 83ème Brigade aéroportée, une unité d’élite, a été vaincue par la 116ème Brigade mécanisée ukrainienne. Le commandant de la 83ème Brigade, le colonel Artyom Gorodilov, a été arrêté pour fraude. Certains ont spéculé que c’était une punition pour la mauvaise performance des parachutistes. Et je pense à ces soldats russes qui ont été envoyés mourir pour cette usine. Qui ont avancé sous le feu ukrainien. Qui ont vu leurs camarades tomber. Qui ont continué à avancer. Parce qu’on leur avait ordonné d’avancer. Parce qu’ils n’avaient pas le choix. Et qui sont morts. Pour rien. Pour une usine en ruines. Pour un symbole.
La libération de l’usine en septembre
Finalement, le 24 septembre 2024, après une opération soigneusement orchestrée, le commandant de l’unité GUR Timur a confirmé la capture de l’usine d’agrégats. Plusieurs groupes de forces spéciales avaient été impliqués : Stugna, Paragon, Yunger, RDK, BDK et Terror. Environ deux douzaines de prisonniers ont été capturés et « plusieurs dizaines » de morts russes ont été trouvés sur le site. Les Ukrainiens avaient utilisé une bombe artisanale à pile à combustible à hydrogène pour détruire les positions russes dans le coin est de l’usine. Une arme improvisée. Mais efficace. Le 10 octobre a été le premier jour depuis l’incursion où aucun combat n’a été signalé à Vovchansk. Un jour de silence. Un jour de paix. Le premier depuis des mois. Mais ce silence n’a pas duré. Les combats ont repris. Parce que la guerre continue. Parce qu’elle ne s’arrête jamais.
Et je me demande : valait-il la peine de se battre pour cette usine ? Valait-il la peine de perdre des centaines, peut-être des milliers d’hommes pour un bâtiment en ruines ? La réponse est non. Bien sûr que non. Mais dans cette guerre, la logique n’a plus sa place. Seule compte l’obstination. Seule compte la volonté de ne pas céder. Seule compte la fierté. Et la fierté tue. Elle tue les soldats russes qui sont envoyés au massacre. Elle tue les soldats ukrainiens qui doivent défendre chaque mètre de terrain. Elle tue tout le monde. Aujourd’hui, l’usine d’agrégats est sous contrôle ukrainien. Mais elle n’existe plus vraiment. C’est un tas de décombres. Un champ de ruines. Un cimetière. Les murs sont criblés d’impacts. Les toits se sont effondrés. Les machines sont détruites. Il ne reste rien de ce qui faisait de cette usine un lieu de travail, un lieu de production, un lieu de vie. Il ne reste que la mort. Et les fantômes de tous ceux qui y sont morts.
Les 565 jours : une chronologie de la destruction
De mai 2024 à novembre 2025
565 jours. C’est le temps qui s’est écoulé depuis le début de l’offensive russe sur Vovchansk le 10 mai 2024 jusqu’au 27 novembre 2025, date de publication des images par la 57ème Brigade. 565 jours de combats ininterrompus. 565 jours de bombardements. 565 jours de destruction. Que s’est-il passé pendant ces 565 jours ? La ville a été détruite. Complètement. Totalement. Irrémédiablement. Les Russes ont affirmé à plusieurs reprises avoir pris la ville. Ils ont filmé leurs drapeaux hissés sur les ruines. Ils ont diffusé leurs vidéos de propagande. Mais la vérité, c’est qu’ils n’ont jamais vraiment contrôlé Vovchansk. Ils ont contrôlé le quartier industriel au nord de la rivière. Mais le reste de la ville est resté sous contrôle ukrainien. Et même le quartier industriel a changé de mains plusieurs fois. Les Ukrainiens ont lancé des contre-attaques. Ils ont repris des positions. Ils ont repoussé les Russes.
Pendant ces 565 jours, des milliers de soldats sont morts. Russes et Ukrainiens. Des milliers de familles ont été brisées. Des milliers de vies ont été détruites. Et pour quoi ? Pour une ville qui n’existe plus. Pour des ruines. Pour des décombres. Et je me demande : qui a gagné cette bataille ? Les Russes, qui n’ont pas réussi à prendre la ville malgré 565 jours d’efforts ? Les Ukrainiens, qui ont défendu une ville qui n’existe plus ? Personne n’a gagné. Tout le monde a perdu. Les soldats ont perdu leur vie. Les familles ont perdu leurs proches. La ville a perdu son existence. Et l’humanité a perdu un peu plus de son âme. La 57ème Brigade a publié des images prises par des opérateurs du bataillon de systèmes sans pilote Murchyky. Ces images montrent une ville fantôme. Des bâtiments éventrés. Des rues jonchées de débris. Des véhicules calcinés. Pas un seul bâtiment intact. Pas une seule maison habitable. Tout est détruit. « Tout ici est détruit », dit la brigade. « D’une ville où la vie continuait avant l’arrivée des occupants, il ne reste maintenant ni usines, ni école, ni église. »
Les vidéos de propagande russes
Les Russes ont filmé leurs vidéos de propagande à Vovchansk. Ils ont montré leurs soldats hissant le drapeau russe sur les ruines. Ils ont montré leurs commandants déclarant la victoire. Mais ces vidéos sont des mensonges. Des mensonges pathétiques. Parce que hisser un drapeau sur des ruines ne signifie pas contrôler une ville. Parce que déclarer la victoire ne signifie pas avoir gagné. Les Ukrainiens ont même révélé qu’une de ces vidéos de propagande s’est terminée par des morts. Les soldats russes qui filmaient ont été pris pour cible par l’artillerie ukrainienne. Certains ont été tués. D’autres ont été blessés. Tout cela pour une vidéo. Pour de la propagande. Pour montrer à Poutine et au peuple russe que l’armée russe gagne. Mais elle ne gagne pas. Elle perd. Lentement. Sûrement. Inexorablement.
Et je pense à ces soldats russes qui ont été envoyés filmer ces vidéos. Qui ont dû poser devant les caméras, sourire, faire semblant d’être victorieux. Alors qu’autour d’eux, tout n’était que destruction et mort. Alors qu’ils savaient qu’ils pouvaient être tués à tout moment. Alors qu’ils savaient que tout cela n’était qu’un mensonge. Un mensonge pour la propagande. Un mensonge pour Poutine. Un mensonge pour eux-mêmes. La 57ème Brigade a ajouté : « Les bâtiments ne peuvent pas résister. Mais nos combattants continuent de tenir la défense. » C’est cela, l’essence de Vovchansk. Les bâtiments ne peuvent pas résister. Ils s’effondrent. Ils sont détruits. Mais les hommes résistent. Ils tiennent. Ils se battent. Même quand tout autour d’eux n’est que ruines. Même quand il ne reste plus rien à défendre. Ils continuent. Parce qu’ils n’ont pas le choix. Parce que c’est leur devoir. Parce que c’est leur pays.
La population civile : les oubliés de Vovchansk
17 000 habitants avant la guerre
Avant la guerre, Vovchansk était une ville de 17 000 habitants. Une petite ville tranquille de la région de Kharkiv. Les gens y vivaient, y travaillaient, y élevaient leurs enfants. Il y avait des usines, des écoles, des églises, des magasins, des parcs. C’était une ville normale. Une ville où la vie suivait son cours. Mais le 10 mai 2024, tout a changé. Les Russes ont attaqué. Et les habitants ont dû fuir. Ceux qui le pouvaient sont partis. Ils ont pris ce qu’ils pouvaient emporter et ils sont partis. Vers Kharkiv. Vers l’ouest. Vers la sécurité. Mais certains n’ont pas pu partir. Les personnes âgées. Les malades. Les pauvres. Ceux qui n’avaient nulle part où aller. Ils sont restés. Et ils ont subi l’enfer.
Combien sont-ils restés ? Combien sont-ils morts ? Nous ne le savons pas. Les chiffres ne sont pas disponibles. Mais nous savons qu’il y a eu des victimes civiles. Nous savons que des gens sont morts sous les bombardements. Nous savons que des gens ont été tués par les soldats russes. Nous savons que des maisons ont été pillées, que des femmes ont été violées, que des hommes ont été exécutés. Parce que c’est ce qui se passe dans toutes les villes occupées par les Russes. C’est ce qui s’est passé à Bucha. C’est ce qui s’est passé à Marioupol. C’est ce qui s’est passé à Kherson. Et c’est ce qui s’est passé à Vovchansk. Et je pense à ces civils. À ces gens ordinaires qui se sont retrouvés pris au piège d’une guerre qu’ils n’avaient pas voulue. Qui ont vu leur ville détruite. Qui ont perdu leurs maisons, leurs biens, leurs proches. Qui ont dû survivre dans des caves, sans eau, sans électricité, sans nourriture. Qui ont dû endurer les bombardements, la peur, la terreur. Et qui, pour beaucoup, n’ont pas survécu.
Les évacuations et les missions de sauvetage
Dans les premiers jours de l’offensive, des missions de sauvetage ont été organisées pour évacuer les civils restés à Vovchansk. Des soldats ukrainiens, des volontaires, des organisations humanitaires ont risqué leur vie pour entrer dans la ville sous le feu et en sortir des gens. Le journal espagnol El País a raconté l’histoire d’une de ces missions. « Mission à Vovchansk : une course en enfer en Ukraine pour sauver quatre vies », titrait l’article. Quatre vies. Quatre personnes sauvées au péril de la vie de dizaines de sauveteurs. Mais ces quatre vies valaient la peine. Parce que chaque vie compte. Parce que chaque personne sauvée est une victoire contre la barbarie. Des milliers de personnes ont été évacuées dans les premières semaines. Mais beaucoup sont restées. Par choix ou par nécessité. Et aujourd’hui, combien reste-t-il de civils à Vovchansk ? Quelques centaines, peut-être. Peut-être moins. Vivant dans des caves. Survivant comme ils peuvent. Dans une ville qui n’existe plus.
Et je me demande : comment peut-on vivre dans un tel enfer ? Comment peut-on survivre quand tout autour de soi n’est que destruction et mort ? Comment peut-on garder espoir quand il ne reste plus rien ? Je n’ai pas de réponse. Je ne peux qu’imaginer. Et ce que j’imagine me glace le sang. Les civils qui sont restés à Vovchansk sont les oubliés de cette guerre. Personne ne parle d’eux. Personne ne s’intéresse à eux. Tout le monde se concentre sur les combats, sur les pertes militaires, sur les stratégies. Mais ces gens existent. Ils souffrent. Ils meurent. Et personne ne s’en soucie. Parce qu’ils ne sont pas des soldats. Parce qu’ils ne sont pas importants pour la guerre. Mais ils sont importants pour l’humanité. Ils sont importants parce qu’ils sont humains. Et qu’ils méritent mieux que cela. Ils méritent de vivre en paix. Ils méritent de ne pas être bombardés. Ils méritent de ne pas être tués. Mais dans cette guerre, personne ne mérite rien. Tout le monde souffre. Tout le monde perd.
Le symbole de l'absurdité : pourquoi Vovchansk ?
Une ville sans valeur stratégique
Vovchansk n’a aucune valeur stratégique particulière. Ce n’est pas un nœud de communication majeur. Ce n’est pas un centre industriel important. Ce n’est pas une ville fortifiée. C’est juste une petite ville de 17 000 habitants située à cinq kilomètres de la frontière russe. Alors pourquoi les Russes s’acharnent-ils à la prendre ? Pourquoi ont-ils passé 565 jours à essayer de conquérir cette ville ? Pourquoi ont-ils sacrifié des milliers de soldats pour quelques kilomètres carrés de ruines ? La réponse est simple et terrifiante : parce que Poutine le veut. Parce que Poutine a besoin de victoires. Parce que Poutine ne peut pas admettre la défaite. Et Vovchansk est devenue un symbole. Un symbole de la volonté russe. Un symbole de la puissance russe. Un symbole qui doit être conquis à tout prix.
Mais ce symbole est vide. Il ne signifie rien. Prendre Vovchansk ne changera rien à l’issue de la guerre. Cela ne donnera pas à la Russie un avantage stratégique. Cela ne forcera pas l’Ukraine à négocier. Cela ne fera que prouver une chose : que la Russie est capable de détruire une ville. Mais nous le savions déjà. Nous l’avons vu à Grozny. Nous l’avons vu à Alep. Nous l’avons vu à Marioupol. La Russie sait détruire. C’est tout ce qu’elle sait faire. Et je me dis que Vovchansk est devenue le symbole de l’absurdité de cette guerre. Une guerre où on détruit des villes pour les conquérir. Une guerre où on tue des milliers de personnes pour quelques kilomètres carrés de territoire. Une guerre où la logique n’a plus sa place. Où seule compte la volonté de ne pas perdre. Même si cela signifie tout perdre. Vovchansk aurait dû être prise en deux jours. C’est ce que les plans russes prévoyaient. Mais 565 jours plus tard, la ville n’est toujours pas tombée. Pas complètement. Les Ukrainiens tiennent toujours une partie de la ville. Ils continuent de se battre. Ils continuent de résister. Et les Russes continuent d’attaquer. Continuent de perdre des hommes. Continuent de gaspiller leurs ressources. Pour rien.
Le coût humain et matériel
Quel est le coût de cette bataille ? Combien d’hommes sont morts pour Vovchansk ? Nous ne le savons pas exactement. Les Russes ne publient pas leurs pertes. Mais nous savons qu’elles sont énormes. Des milliers de soldats tués. Des milliers d’autres blessés. Des centaines de véhicules détruits. Des dizaines de chars perdus. Et pour quoi ? Pour une ville en ruines. Pour un symbole vide. Pour l’ego de Poutine. Du côté ukrainien, les pertes sont aussi importantes. La 57ème Brigade, la 82ème Brigade aéroportée, la 71ème Brigade de chasseurs, toutes ces unités ont subi des pertes. Des hommes sont morts. Des familles ont été brisées. Mais au moins, ils se battaient pour défendre leur pays. Ils se battaient pour une cause juste. Ils se battaient pour empêcher l’envahisseur de prendre leur terre.
Le coût matériel est aussi énorme. Les Russes ont utilisé des milliers de bombes planantes, des milliers d’obus d’artillerie, des milliers de roquettes. Ils ont détruit la ville pierre par pierre. Ils ont réduit en poussière chaque bâtiment. Et pour quoi ? Pour pouvoir dire qu’ils ont gagné ? Mais ils n’ont pas gagné. Ils ont juste détruit. Et je me demande : quel est le sens de tout cela ? Quel est le sens de détruire une ville pour la conquérir ? Quel est le sens de tuer des milliers de personnes pour quelques kilomètres carrés de ruines ? Il n’y a pas de sens. Il n’y a que de la folie. La folie de Poutine. La folie de cette guerre. La folie de l’humanité qui continue à se détruire elle-même. Vovchansk est devenue un symbole. Mais pas le symbole que Poutine voulait. Elle est devenue le symbole de l’échec russe. Le symbole de l’incompétence de l’armée russe. Le symbole de l’absurdité de cette guerre. Et ce symbole restera. Longtemps après la fin de la guerre. Longtemps après que les derniers soldats auront quitté les ruines. Vovchansk restera comme un avertissement. Un avertissement de ce qui arrive quand la folie prend le pouvoir. Quand l’ego d’un homme devient plus important que la vie de milliers d’autres.
Les leçons de Vovchansk : une guerre qui a changé
La disparition des chars du champ de bataille
Une des leçons les plus frappantes de la bataille de Vovchansk est la disparition des chars du champ de bataille. Le 14 mai 2024, deux chars russes non soutenus ont tenté de pousser plus au sud dans la ville. Ils ont été détruits en quelques minutes. Ce sont les seuls chars russes qui sont apparus à Vovchansk. Depuis, plus rien. Pas de chars. Pas d’assauts blindés. Juste de l’infanterie. Des soldats à pied. Avançant sous le feu. Mourant par centaines. Pourquoi ? Parce que les chars sont devenus trop vulnérables. Les missiles antichars, les drones FPV, les mines, tout cela rend les chars obsolètes. Ils ne peuvent plus avancer sans être détruits. Ils ne peuvent plus dominer le champ de bataille comme ils le faisaient autrefois. L’ère du char est terminée. Du moins dans cette guerre.
Cela change tout. Cela change la façon dont les guerres sont menées. Cela change la façon dont les armées sont organisées. Cela change la façon dont les soldats se battent. Sans chars, les assauts deviennent plus difficiles. Plus lents. Plus coûteux en vies humaines. Parce que l’infanterie doit avancer à découvert. Sans protection. Sans soutien blindé. Et elle se fait massacrer. Et je me dis que nous assistons à une révolution dans l’art de la guerre. Que les chars, ces monstres d’acier qui ont dominé les champs de bataille pendant un siècle, sont en train de devenir obsolètes. Que les drones, ces petites machines volantes bon marché, sont en train de les remplacer. Et que cela va changer la guerre pour toujours. À Vovchansk, les drones sont partout. Les drones de reconnaissance surveillent chaque mouvement. Les drones kamikazes frappent chaque cible. Les drones FPV chassent les soldats dans les rues. Il n’y a nulle part où se cacher. Nulle part où être en sécurité. Les drones voient tout. Et ils tuent tout. C’est la nouvelle réalité de la guerre. Et elle est terrifiante.
L’importance de la guerre électronique
Une autre leçon de Vovchansk est l’importance de la guerre électronique. Le 10 mai 2024, quand les Russes ont lancé leur offensive, ils ont d’abord mené une attaque électronique massive. Ils ont brouillé tous les terminaux Starlink, tous les récepteurs GPS, toutes les radios Motorola. Ils ont coupé les communications ukrainiennes. Ils ont aveuglé les défenseurs. Et cela leur a donné un avantage énorme. Pendant quelques heures, les Ukrainiens ne savaient pas ce qui se passait. Ils ne pouvaient pas communiquer. Ils ne pouvaient pas coordonner leur défense. Ils étaient isolés. Vulnérables. Mais cet avantage n’a pas duré. Les Ukrainiens ont trouvé des moyens de contourner le brouillage. Ils ont utilisé d’autres systèmes de communication. Ils ont adapté leurs tactiques. Et ils ont repris le contrôle.
Mais la leçon reste : dans la guerre moderne, la guerre électronique est aussi importante que la guerre cinétique. Celui qui contrôle le spectre électromagnétique contrôle le champ de bataille. Celui qui peut brouiller les communications de l’ennemi, pirater ses drones, perturber ses systèmes de guidage, a un avantage décisif. Et je réalise que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la guerre. Une ère où les bits et les octets sont aussi importants que les balles et les obus. Une ère où les hackers sont aussi importants que les soldats. Une ère où la guerre se mène autant dans le cyberespace que sur le terrain. À Vovchansk, les deux camps ont mené une guerre électronique intense. Les Russes ont essayé de brouiller les drones ukrainiens. Les Ukrainiens ont essayé de pirater les drones russes. Les deux camps ont utilisé des systèmes de guerre électronique pour perturber les communications de l’autre. Et cette guerre invisible, cette guerre dans le spectre électromagnétique, a été aussi importante que les combats visibles dans les rues de la ville.
L'avenir de Vovchansk : reconstruction ou abandon ?
Une ville peut-elle renaître de ses cendres ?
Que va-t-il se passer après la guerre ? Que va devenir Vovchansk ? Sera-t-elle reconstruite ? Ou sera-t-elle abandonnée, laissée comme un monument à l’horreur de cette guerre ? Ces questions n’ont pas encore de réponses. Parce que la guerre n’est pas finie. Parce que les combats continuent. Mais un jour, la guerre se terminera. Et il faudra décider. Reconstruire Vovchansk sera une tâche monumentale. Il ne reste rien. Absolument rien. Chaque bâtiment devra être démoli et reconstruit. Chaque rue devra être déminée et réparée. Chaque infrastructure devra être reconstruite de zéro. Cela coûtera des milliards. Cela prendra des années. Peut-être des décennies. Et pour quoi ? Pour reconstruire une ville de 17 000 habitants ? Est-ce que cela en vaut la peine ?
Certains diront que oui. Que chaque ville ukrainienne mérite d’être reconstruite. Que chaque habitant mérite de pouvoir rentrer chez lui. Que Vovchansk doit renaître de ses cendres comme un symbole de la résilience ukrainienne. D’autres diront que non. Que les ressources sont limitées. Qu’il y a d’autres priorités. Que Vovchansk devrait être laissée comme un mémorial. Comme un rappel de l’horreur de cette guerre. Et je ne sais pas qui a raison. Je ne sais pas ce qui devrait être fait. Tout ce que je sais, c’est que Vovchansk ne sera plus jamais la même. Que même si elle est reconstruite, elle portera toujours les cicatrices de cette guerre. Que les gens qui y reviendront, s’ils y reviennent, vivront avec les fantômes de ceux qui sont morts. Avec les souvenirs de l’horreur qu’ils ont vécue. D’autres villes ukrainiennes ont été détruites et reconstruites. Kharkiv elle-même a été gravement endommagée mais continue de vivre. Irpin, Bucha, Hostomel, toutes ces villes ont été libérées et sont en cours de reconstruction. Mais Vovchansk est différente. Parce qu’elle a été détruite plus complètement. Parce qu’elle est plus proche de la frontière russe. Parce qu’elle sera toujours vulnérable à une nouvelle attaque.
Le coût de la reconstruction
Le coût de la reconstruction de l’Ukraine est estimé à des centaines de milliards de dollars. Peut-être même plus d’un trillion. C’est une somme astronomique. Et Vovchansk ne représente qu’une infime partie de cette somme. Mais même une infime partie, c’est encore des milliards. Des milliards pour reconstruire une ville qui n’avait que 17 000 habitants. Est-ce que l’Ukraine aura les moyens ? Est-ce que la communauté internationale aidera ? Ces questions restent ouvertes. Ce qui est sûr, c’est que la reconstruction prendra du temps. Beaucoup de temps. Et pendant ce temps, Vovchansk restera un champ de ruines. Un rappel de l’horreur de cette guerre. Un avertissement pour les générations futures. Et je me dis que peut-être, c’est cela le vrai héritage de Vovchansk. Pas une ville reconstruite. Mais un mémorial. Un lieu où les gens pourront venir voir ce que la guerre fait. Ce qu’elle détruit. Ce qu’elle coûte. Un lieu où les gens pourront se souvenir. Et peut-être, apprendre. Apprendre que la guerre ne résout rien. Qu’elle ne fait que détruire. Qu’elle ne fait que tuer. Et qu’elle doit être évitée à tout prix.
Conclusion
565 jours. Cinq cent soixante-cinq jours que Vovchansk agonise. Cinq cent soixante-cinq jours que cette ville de 17 000 âmes subit l’assaut russe. Et au bout de ces 565 jours, qu’est-ce qu’il reste ? Rien. Des ruines. Des décombres. Des fantômes. La 57ème Brigade motorisée Otaman Kost Hordiienko a publié des images qui montrent la réalité de Vovchansk. Une ville morte. Une ville rayée de la carte. Une ville qui n’existe plus. « Tout ici est détruit », dit la brigade. « D’une ville où la vie continuait avant l’arrivée des occupants, il ne reste maintenant ni usines, ni école, ni église. » Mais les combattants ukrainiens continuent de tenir la défense. Ils continuent de se battre. Pour des ruines. Pour un symbole. Pour leur pays. Et moi, chroniqueur de cette apocalypse, je regarde ces images et je me demande : jusqu’à quand ? Jusqu’à quand cette folie va-t-elle continuer ? Jusqu’à quand les hommes vont-ils continuer à mourir pour des ruines ?
Vovchansk est devenue le symbole de l’absurdité de cette guerre. Une guerre où on détruit des villes pour les conquérir. Une guerre où on tue des milliers de personnes pour quelques kilomètres carrés de territoire. Une guerre où la logique n’a plus sa place. Les Russes pensaient prendre la ville en deux jours. 565 jours plus tard, ils n’ont toujours pas réussi. Parce que les Ukrainiens résistent. Parce qu’ils refusent de céder. Parce qu’ils se battent pour chaque mètre carré de leur terre. Mais à quel prix ? Des milliers de morts. Des milliers de blessés. Une ville entière détruite. Et pour quoi ? Pour un symbole. Pour l’ego de Poutine. Pour ne pas perdre la face. Vovchansk restera dans l’histoire comme un avertissement. Un avertissement de ce qui arrive quand la folie prend le pouvoir. Quand l’ego d’un homme devient plus important que la vie de milliers d’autres. Quand la guerre devient une fin en soi plutôt qu’un moyen. Et je me dis que nous devons nous souvenir de Vovchansk. Nous devons nous souvenir de ces 565 jours d’enfer. Nous devons nous souvenir de tous ceux qui sont morts. Nous devons nous souvenir pour que cela ne se reproduise jamais. Pour que plus jamais une ville ne soit détruite ainsi. Pour que plus jamais des milliers de personnes ne meurent pour rien.
Sources consultées : 57ème Brigade motorisée Otaman Kost Hordiienko (Facebook, 27 novembre 2025), Ukrinform (27 novembre 2025), Mezha.net (novembre 2025), Wavell Room – « The Battle for Vovchansk (May-August 2024) » par Sergio Miller (6 décembre 2024), Institute for the Study of War – ISW (rapports de novembre 2025), El País (21 mai 2024), NBC News (mai 2024), BBC News (mai 2024), Bellingcat (28 octobre 2024).
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