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Chronique : Vovchansk, 565 jours d’enfer pour une ville rayée de la carte
Crédit: Adobe Stock

L’offensive surprise qui n’en était pas une

Le 10 mai 2024, au lendemain de la parade de la Victoire à Moscou, l’armée russe a lancé une offensive massive sur la région de Kharkiv. Une offensive qui avait été annoncée pendant des semaines. Les services de renseignement ukrainiens savaient. Les États-Unis savaient. Tout le monde savait. Et pourtant, quand les premiers obus sont tombés à 3 heures du matin, quand les forces russes ont franchi la frontière, l’Ukraine n’était pas prête. Pas vraiment. La 125ème Brigade de défense territoriale de Lviv était censée défendre un front de 45 kilomètres. Quarante-cinq kilomètres. Avec deux bataillons qu’elle n’avait jamais entraînés. Avec des armes achetées par la ville de Lviv, pas fournies par l’armée. Avec 1 700 mines antipersonnel pour couvrir tout ce front. C’était dérisoire. C’était insuffisant. C’était criminel.

Les Russes ont déferlé. Ils ont utilisé 32 000 soldats massés dans l’oblast de Belgorod. Ils ont pilonné les positions ukrainiennes avec leur artillerie, leurs lance-roquettes multiples, leurs bombes planantes. Ils ont brouillé tous les terminaux Starlink, tous les récepteurs GPS, toutes les radios Motorola que les Ukrainiens utilisaient. Et ils ont avancé. Rapidement. Méthodiquement. Et je pense à ces soldats ukrainiens, ces hommes de la 125ème Brigade, qui se sont retrouvés seuls face à cette marée humaine. Qui ont vu leurs communications coupées, leurs positions pilonnées, leurs camarades tomber. Qui ont dû se replier, abandonner leurs positions, fuir devant l’ennemi. Non pas par lâcheté. Mais parce qu’ils n’avaient pas le choix. En 48 heures, les Russes avaient pris les villages frontaliers. Streleche, Krasnoye, Borisovka, Pylnaya. Et le 12 mai, ils étaient aux portes de Vovchansk. À seulement cinq kilomètres de la frontière. Ils pensaient entrer dans la ville comme dans du beurre. Ils se trompaient.

La débâcle du commandement ukrainien

Ce qui s’est passé dans les jours précédant l’offensive russe est une histoire de chaos, d’incompétence et de négligence criminelle. En l’espace de sept semaines, le commandement de la région de Kharkiv a changé trois fois. Trois fois. Le général Hrytskov, un officier de mauvaise réputation avec des problèmes personnels, a été remplacé par le général Galushkin le 24 avril. Mais Galushkin était un bureaucrate sans expérience du combat. Deux jours après le début de l’offensive, il a été remplacé par le général Drapaty. Comment peut-on défendre un secteur quand le commandement change tous les quinze jours ? Comment peut-on organiser une défense cohérente quand personne ne sait qui commande ? C’est impossible. Et les conséquences ont été catastrophiques.

Mais ce n’est pas tout. Le 4 mai, moins d’une semaine avant l’offensive, le lieutenant-général Sodol, commandant de l’OSU Khortytsia, et le général Galushkin ont visité la 125ème Brigade. Ils ont vu l’état des défenses. Ils ont vu le manque d’équipement. Ils ont vu que la brigade n’était pas prête. Et qu’ont-ils fait ? Rien. Absolument rien. Ils sont repartis. Et six jours plus tard, l’offensive russe a commencé. Et je me demande : comment peut-on être aussi négligent ? Comment peut-on voir une catastrophe arriver et ne rien faire pour l’empêcher ? Sodol a été limogé le 24 juin, après seulement quatre mois en poste. Mais c’était trop tard. Le mal était fait. Vovchansk était déjà en train de brûler. Le plus incroyable, c’est qu’aucune unité n’était déployée au nord de Vovchansk. La route qui menait de la frontière à la ville était ouverte. Les Russes auraient pu simplement rouler jusqu’à la ville sans rencontrer de résistance. Heureusement pour l’Ukraine, ils ne le savaient pas. Ils ont avancé prudemment, s’attendant à rencontrer des défenses. Et cela a donné aux Ukrainiens le temps de réagir. Le temps d’envoyer des renforts. Le temps de sauver Vovchansk de la capture totale.

Sources consultées : 57ème Brigade motorisée Otaman Kost Hordiienko (Facebook, 27 novembre 2025), Ukrinform (27 novembre 2025), Mezha.net (novembre 2025), Wavell Room – « The Battle for Vovchansk (May-August 2024) » par Sergio Miller (6 décembre 2024), Institute for the Study of War – ISW (rapports de novembre 2025), El País (21 mai 2024), NBC News (mai 2024), BBC News (mai 2024), Bellingcat (28 octobre 2024).

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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