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Les drones ukrainiens découpent les défenses russes en Crimée comme du beurre
Crédit: Adobe Stock

Ces systèmes de défense russes qui n’ont servi à rien

La Russie, fidèle à sa doctrine militaire héritée de l’ère soviétique, avait entouré la base de Saky d’un véritable cocon de systèmes de défense antiaérienne censés la rendre impénétrable. Au premier rang de ces défenses figurait le Pantsir-S1, connu sous le code OTAN SA-22 Greyhound, un système combinant missiles sol-air et canons antiaériens automatiques qui représente l’une des pierres angulaires de la défense aérienne rapprochée russe. Développé par le Bureau de conception d’instruments KBP de Toula, le Pantsir-S1 est entré en service en 2003 avec pour mission de protéger les installations militaires, industrielles et administratives contre les avions, hélicoptères, munitions de précision, missiles de croisière et drones, tout en offrant une protection supplémentaire aux systèmes de défense aérienne de longue portée comme les S-300 et S-400. Sur le papier, ses caractéristiques techniques impressionnent : jusqu’à douze missiles 57E6 à deux étages en conteneurs prêts au tir, deux canons automatiques 2A38M de 30 mm, capacité d’engager simultanément quatre cibles, radar de veille capable de pister jusqu’à vingt cibles de la taille d’un avion tactique à une portée de 32 à 36 kilomètres, temps de réaction de quatre à six secondes, et possibilité de tirer en mouvement. La probabilité d’atteindre une cible avec un seul missile est annoncée à pas moins de 0,7. Le système peut fonctionner en mode entièrement automatique et dispose même d’une capacité passive complète. Bref, sur le papier, un cauchemar absolu pour quiconque tenterait de pénétrer son périmètre de protection.

À ses côtés se trouvait le Tor-M2, un autre pilier de la défense antiaérienne russe, connu sous le code OTAN SA-15 Gauntlet. Ce système de défense aérienne à courte portée, monté sur un châssis à chenilles hautement mobile, est en service depuis 1986 et a été spécifiquement conçu pour intercepter les missiles de haute précision dans des conditions météorologiques difficiles et en présence de brouillage électronique intense. Le Tor peut détecter des cibles pendant que le véhicule se déplace, même s’il doit s’arrêter brièvement pour tirer. Les missiles améliorés du Tor-M2 ont une portée allant jusqu’à seize kilomètres et peuvent atteindre des cibles volant jusqu’à dix kilomètres d’altitude à des vitesses pouvant atteindre mille mètres par seconde. Le système est capable d’effectuer des tirs en arrêt court, ne nécessitant que deux à trois secondes pour passer du mouvement à la position stationnaire et au tir du missile. Avec sa capacité à engager quatre cibles simultanément et son équipage réduit à trois personnes, le Tor-M2 représentait théoriquement une barrière quasi insurmontable pour les drones ukrainiens. Sans oublier le modeste mais non moins important canon antiaérien ZU-23-2 de 23 mm monté sur camion KamAZ, ces systèmes plus anciens mais toujours efficaces contre les cibles volant à basse altitude que les forces russes déploient fréquemment comme défense rapprochée contre les essaims de drones. Et pourtant, malgré cet arsenal impressionnant, malgré ces milliards de roubles investis dans ces technologies de pointe, malgré les années de formation de leurs opérateurs, tous ces systèmes ont échoué. Échoué lamentablement. Les drones ukrainiens ont traversé ces défenses comme si elles n’existaient pas, détruisant méthodiquement chaque système avant de s’attaquer aux cibles principales. Comment expliquer un tel fiasco ?

Les drones Orion : le symbole d’une supériorité technologique russe qui n’était qu’illusion

Parmi les cibles prioritaires de la frappe ukrainienne figuraient les entrepôts abritant les drones Orion, ces engins que Moscou présente comme le fleuron de son industrie d’armement dans le domaine des véhicules aériens sans pilote. Développé par le Groupe Kronstadt, l’Orion, également connu sous le nom d’Inokhodets (qui signifie littéralement « marcheur d’allure » en russe), appartient à la catégorie des drones MALE (Medium Altitude, Long Endurance). Sur le papier, encore une fois, ses spécifications techniques semblent respectables pour un système développé par la Russie moderne. L’Orion mesure huit mètres de long avec une envergure de 16,2 mètres et peut emporter une charge utile maximale de deux cents kilogrammes pour un poids total au décollage de mille cent kilogrammes. Son rayon d’action annoncé atteint deux cent cinquante kilomètres, avec une autonomie de vol pouvant aller jusqu’à vingt-quatre heures en configuration de patrouille (ce chiffre tombant drastiquement lorsque le drone transporte son armement maximum). Il peut voler à des altitudes allant jusqu’à sept mille cinq cents mètres et atteindre une vitesse de croisière de deux cents kilomètres par heure. Sous son nez se trouve une tourelle abritant des caméras électro-optiques et infrarouges ainsi qu’un désignateur laser pour le lancement de munitions guidées contre des cibles au sol.

L’arsenal de l’Orion comprend des bombes aériennes guidées KAB-20 et KAB-50, la bombe planante guidée UPAB-50, et le missile guidé X-50. Plus récemment, la Russie a présenté une version équipée de nouveaux missiles guidés Kh-BPLA développés par le Bureau de conception d’instruments, utilisant des composants des systèmes Kornet et Krasnopol, avec une portée de deux à huit kilomètres et une ogive de six kilogrammes. Le drone peut effectuer des missions de reconnaissance visuelle, radar ou radiotechnique dans des zones désignées pendant des périodes prolongées, et est également censé pouvoir détruire de petits objectifs stationnaires, mobiles et en mouvement, équipements militaires et personnel ennemi, patrouiller les frontières maritimes, évaluer l’impact des frappes, effectuer des relevés topographiques et cartographier le terrain. Mais voilà le hic : malgré toutes ces capacités théoriques impressionnantes, l’Orion reste un système relativement rare dans l’arsenal russe. Selon des sources ouvertes, à la fin de 2021, l’armée russe ne disposait que d’un seul système comprenant trois drones Orion. Le portail Oryx, qui comptabilise les pertes d’équipements visuellement confirmées, a dénombré au moins cinq drones de ce type détruits pendant la guerre en Ukraine, ce qui suggère que la production s’est poursuivie après février 2022, mais à un rythme qui reste manifestement limité. La destruction des entrepôts d’Orion à Saky représente donc un coup dur pour un programme qui peine déjà à produire ces engins en quantités significatives, soulignant encore une fois l’écart béant entre les proclamations propagandistes du Kremlin sur sa supériorité technologique et la réalité bien plus prosaïque sur le terrain.

Vous savez ce qui me frappe le plus dans cette histoire de drones Orion ? C’est l’ironie. L’ironie cruelle, presque poétique. La Russie développe ces drones censés dominer le ciel ukrainien, les entrepose précieusement dans ce qu’elle croit être un sanctuaire inviolable en Crimée occupée, et puis… boum. Des drones ukrainiens, peut-être même fabriqués dans des garages par des ingénieurs déterminés, viennent les réduire en cendres. C’est David contre Goliath, version 2025. Et David gagne. Encore et encore.

Sources

Sources primaires

Ukrainian Navy official statement on Saky airbase strike, November 28, 2025. Main Directorate of Intelligence of Ukraine (GUR) operational reports on Crimea strikes, November 1-2, 2025. Ukrainian Special Operations Forces (SSO) mission reports and video documentation, 2024-2025. General Staff of the Armed Forces of Ukraine daily operational updates, November 2025. Ukrainian Ministry of Defense official communications on Black Sea Fleet operations. Defence Intelligence of Ukraine confirmed operations in Crimea, August-November 2025. Ukrainian Security Service (SBU) releases on airfield strikes. Institute for the Study of War (ISW) Russian Offensive Campaign Assessments, November 26-29, 2025.

Sources secondaires

United24Media reporting on Russian military losses in Crimea, November 2025. En.defence-ua.com analysis of Saky airbase strike, November 29, 2025. Defence Blog coverage of S-400 destruction in Crimea, June-November 2025. Kyiv Independent reporting on Ukrainian strikes on Russian assets, November 2025. Army Recognition military technology analysis of Pantsir and Tor systems. Global Security database on Orion UAV specifications. CSIS analysis on Russia-Ukraine drone warfare, May 2025. Understanding War research on Ukrainian AI drone capabilities, June 2025. Atlantic Council reports on Crimea strategic importance and Ukrainian special operations. Royal United Services Institute (RUSI) reports on Black Sea security dynamics. Carnegie Endowment analysis on Black Sea geopolitics, June 2025. The Moscow Times reporting on Russian Black Sea Fleet losses, May 2025. Business Insider coverage of Russian Navy challenges, August 2025. Small Wars Journal analysis of Ukrainian Special Operations Forces effectiveness, January-September 2025. New Eastern Europe assessment of Crimea as Russian liability, July 2025. BBC historical reporting on Crimea annexation timeline, 2014-2022. Reuters coverage of Russian equipment losses. AP News analysis of Crimea strategic significance, August 2025. Euronews reporting on Russian strikes and Ukrainian counterattacks, November 2025. Chatham House research on Black Sea regional security. International Institute for Strategic Studies (IISS) assessments. Wikipedia historical entries on Saky air base, Crimea annexation timeline, and Russian occupation. Military.africa technical specifications on Orion drone. Missilethreat.csis.org data on Pantsir-S1 system. GlobalSecurity.org military equipment databases. DefenseTalks analysis of Russian unmanned systems.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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