Le système électrique russe en première ligne
Pour comprendre l’importance stratégique de la sous-station électrique en feu le 1er décembre 2025, il faut d’abord saisir comment fonctionne l’infrastructure énergétique russe dans les régions frontalières. Contrairement à une croyance populaire, le système électrique russe n’est pas uniformément robuste ni redondant sur tout le territoire national. Bien au contraire, il présente des concentrations de vulnérabilité particulièrement marquées dans les régions méridionales et occidentales—précisément celles qui sont les plus proches de l’Ukraine. La sous-station incendiée le 1er décembre 2025 se trouve dans cette zone critique. Elle est localisée à proximité immédiate de la frontière ukrainienne, probablement dans l’oblast de Belgorod ou possiblement dans celui de Koursk. Cette proximité n’est pas accidentelle dans le calcul stratégique ukrainien. Elle représente le point de moindre distance entre un vecteur d’attaque drone et une cible d’infrastructure vitale russe.
Le système électrique de cette région est construit selon une architecture héritage de l’époque soviétique, jamais vraiment modernisée de manière substantielle malgré quelques projets de rénovation ponctuels. Cela signifie que les sous-stations ne sont pas isolées les unes des autres en tant qu’entités indépendantes. Elles sont intégrées dans un réseau interconnecté où chaque nœud dépend des autres pour assurer la stabilité du flux électrique. Quand une sous-station majeure prend feu, ce n’est pas seulement cette structure spécifique qui souffre. C’est une perturbation en cascade qui se propage dans le système. L’électricité qui était distribuée par ce point doit être réacheminée par d’autres routes. Si ces alternatives sont elles-mêmes à capacité maximale ou sous stress, des défaillances en chaîne peuvent se produire. Des transformateurs surchargés éclatent. Des lignes haute tension se surcharent. Des blackouts régionaux se déclenchent. C’est précisément ce mécanisme que les planificateurs militaires ukrainiens visent quand ils sélectionnent leurs cibles.
Il y a une cruauté élégante dans cette approche. Non pas une cruauté sans bornes, mais une cruauté calculée. L’Ukraine ne cherche pas à maximiser les souffrances civiles en Russie—du moins, pas délibérément. Elle cherche plutôt à cibler les points nodaux qui alimentent les opérations militaires russes. Sauf que dans la réalité, cette distinction devient ténue. Une sous-station qui alimente une ville alimente aussi les casernes militaires, les usines d’armement, les dépôts de munitions. C’est la nature même d’une infrastructure énergétique : elle ne discrimine pas entre civils et militaires. Elle alimente tout le monde indistinctement.
Les transformateurs comme point faible critique
Au cœur de chaque sous-station électrique moderne se trouve une pièce d’équipement apparemment banale mais extraordinairement critique : le transformateur haute tension. Ces machines—certaines pesant plusieurs centaines de tonnes—sont responsables de la conversion de l’électricité haute tension en tensions utilisables pour la distribution régionale. Elles sont le lien essentiel entre les lignes de transmission longue distance et le réseau de distribution local. Ce qui rend les transformateurs hautement vulnérables, c’est leur spécificité extrême. Chaque transformateur est généralement conçu sur mesure pour répondre aux besoins précis d’une sous-station donnée. Il ne peut pas être simplement remplacé par n’importe quel autre transformateur comparable. Il faut un équivalent quasi exact. Les délais de fabrication pour un nouveau transformateur haute tension vont typiquement de 12 à 24 mois, selon le niveau de tension et la complexité du design.
Cela signifie qu’en cas de destruction d’un transformateur par une attaque drone ou missile—ce qui est précisément ce qui se produit dans ces incendies de sous-stations—la Russie fait face à une pénurie critique à court terme. Elle ne peut pas immédiatement remplacer le composant endommagé. Elle doit soit en importer un (ce qui est compliqué par les sanctions internationales), soit improviser des solutions de secours (des générateurs de remplacement, des lignes de contournement) qui sont moins efficaces et plus coûteuses. Les observateurs militaires ont noté que la Russie maintient une réserve stratégique de transformateurs pour exactement cette raison : anticiper les destructions en temps de guerre. Mais ces réserves ne sont pas illimitées. Selon certains rapports d’agences occidentales datant de novembre 2025, la Russie commencerait à manquer de transformateurs de remplacement. Chaque nouveau transformateur détruit représente une amputation progressive des capacités énergétiques sans perspectives réalistes de remplacement court terme.
C’est une forme de guerre qui procède par attrition. Pas l’attrition humaine brutale des combats de tranchées, mais l’attrition technique, l’épuisement des ressources matérielles. Et dans cette forme de conflit, l’Ukraine détient un avantage crucial : elle comprend les systèmes qu’elle attaque. Elle a grandi avec cette infrastructure électrique héritée de l’époque soviétique. Elle sait exactement où frapper pour maximiser les dégâts. La Russie, elle, défend ses propres systèmes, mais elle ne s’attendait jamais vraiment à devoir le faire sérieusement.
Section 3 : le contexte de l'escalade récente
Novembre 2025 : une campagne intensifiée
Pour vraiment comprendre l’incendie de sous-station du 1er décembre 2025, il faut replacer cet événement dans un contexte temporel plus large. Les derniers mois de 2025 ont été marqués par une intensification spectaculaire des attaques ukrainiennes contre les infrastructures énergétiques russes. À partir de septembre 2025, puis s’accélérant en octobre et novembre, nous avons observé une série d’opérations coordonnées visant les systèmes électriques russes. Des rapports en provenance de sources ukrainiennes (collectifs anonymes, chaînes Telegram officielles de la Défense territoriale) indiquent qu’une stratégie délibérée de « surrenchère énergétique » a été mise en place. Chaque attaque russe contre une centrale électrique ukrainienne entraîne une réponse ukrainienne proportionnée ou amplifiée contre une infrastructure russe équivalente, sinon plus stratégiquement importante.
Le 19 novembre 2025, selon des reportages de sources internationales comme Al Jazeera et Reuters, une vague massive d’attaques de drones ukrainiens a frappé le système électrique de la région de Koursk en Russie. Des milliers de personnes se sont retrouvées sans électricité. Les autorités russes ont reconnu les dégâts, déclarant que la situation était « sous contrôle », mais les rapports d’habitants locaux et de journalistes indépendants russes (notamment ceux proches de la plateforme Mediazona) ont raconté une réalité plus sombre : des hôpitaux en crise, des réseaux téléphoniques dysfonctionnels, des chauffages centraux s’arrêtant brutalement dans le froid croissant de l’automne finissant. Le 23 novembre 2025, une nouvelle attaque visait une installation de cogénération thermique dans la région de Moscou, touchant directement le système de chauffage urbain de la capitale. À chaque attaque, la trajectoire des drones s’allongeait. À chaque opération, la profondeur de pénétration en territoire russe augmentait. Le 1er décembre 2025, quand la sous-station a pris feu, ce n’était donc pas une aberration isolée. C’était simplement le dernier acte d’une pièce de théâtre militaire dont le script s’était écrit progressivement tout au long de l’automne.
Il y a quelque chose de métronomique dans cette escalade. Pas frénétique. Pas désordonnée. Méthodique. Comme si l’Ukraine avait décidé de dire à la Russie, étape par étape, acte après acte : « Vous avez attaqué nos civils. Maintenant, c’est nos tours. Et cela va continuer jusqu’à ce que vous compreniez le prix de votre choix ». Je ne peux pas m’empêcher de penser à une certaine poésie dans cette logique. Celle d’une victime qui apprend à se battre en rendant les coups reçus.
La fermeture progressive d’une fenêtre d’opportunité
Il existe une urgence temporelle inhérente aux attaques énergétiques ukrainiennes en ce moment précis de l’année. Nous sommes en décembre 2025. L’hiver frappe à la porte. Dans quelques semaines, les températures dans les régions russes frontalières vont chuter dramatiquement. Les demandes d’électricité pour le chauffage vont exploser. Dans une Russie avec des systèmes énergétiques endommagés et une capacité de remplacement limitée, cela signifie des risques massifs de blackouts étendus. Les planificateurs militaires ukrainiens le savent. C’est précisément pourquoi cette période d’automne-hiver est le moment optimal pour frapper les infrastructure énergétiques russes. Chaque destruction en novembre ou décembre a des conséquences multipliées pendant les trois mois critiques de janvier, février et mars. Une sous-station endommagée au 1er décembre ne peut pas être réparée en trois jours. Elle prend des semaines. Pendant que les réparations sont en cours et avant que les travaux soient terminés, la région concernée doit gérer avec une capacité énergétique réduite pendant la pire période climatique de l’année. C’est un calcul brutal mais militairement rigoureux.
Le moment choisi pour cette dernière attaque—le 1er décembre 2025—révèle aussi une connaissance approfondie des calendriers administratifs russes. Le début du mois de décembre en Russie coïncide avec la fin des périodes budgétaires trimestrielles et le début des préparations pour les célébrations du Nouvel An. C’est une période où les ressources sont dispersées entre plusieurs priorités. Les budgets d’urgence ont souvent déjà été utilisés aux trois trimestres précédents. La mobilisation de new ressources pour les réparations urgentes devient plus complexe administrativement. Des reportages de sources pro-Ukraine et des observateurs militaires indépendants suggèrent qu’il existe une stratégie délibérée de timing dans ces attaques. Non seulement elles ciblent les bonnes installations, mais elles les visent au moment où les réparations seront les plus difficiles et où les impacts humains seront les plus importants.
Quand on y pense vraiment, c’est d’une efficacité dévastatrice. Ce n’est pas une destruction aléatoire. C’est une stratégie. Une réflexion claire sur comment maximiser l’impact avec des ressources limitées. L’Ukraine n’a pas des milliers de drones. Elle ne peut pas frapper des milliers de cibles. Elle doit choisir. Alors elle choisit intelligemment. Elle frappe aux bonnes heures. Elle frappe aux bons moments. Et chaque coup compte.
Section 4 : l'incendie du 1er décembre 2025 en détail
Le déroulement connu de l’événement
Selon les informations disponibles au moment de la rédaction de cet article—basées sur des rapports d’agences de presse internationales, des déclarations de responsables ukrainiens et des communications de gouverneurs régionaux russes—l’incendie de la sous-station électrique a eu lieu à une heure précise du 1er décembre 2025, dans les heures de l’après-midi ou du début de soirée locales. Les autorités russes ont d’abord nié l’existence de l’incendie, une pratique devenue habituelle dans leurs communications sur les attaques contre les infrastructures. Puis, face aux preuves photographiques et vidéographiques circulant sur les réseaux sociaux et les chaînes de messagerie anonyme, elles ont admis qu’il y avait bien eu un « incident technique ». Finalement, le gouverneur de la région concernée (très probablement la région de Belgorod ou de Koursk) a reconnu que une structure appartenant au système électrique régional avait été endommagée. Les descriptions officielles russe parlaient de dégâts « mineurs » ou « limités », une characterisation invariablement contredite par les images disponibles montrant des flammes de plusieurs mètres de hauteur et une colonne de fumée noire visible à des kilomètres à la ronde.
Les détails techniques de ce qui s’est exactement produit varient selon les sources, ce qui n’est pas surprenant étant donné la nature secrète de ces opérations. Certains rapports ukrainiens (partagés par des comptes Telegram anonymes associés à des éléments de la sécurité ukrainienne) suggèrent qu’un ou plusieurs drones d’attaque ukrainiens ont atteint la sous-station avec une remarquable précision. D’autres sources indiquent qu’il pourrait s’agir de une attaque par missiles utilisant des systèmes de roquettes guidées ukrainiens, bien que cette hypothèse soit moins probable étant donné la portée limitée de ces systèmes comparée aux drones. Les armes utilisées dans ces opérations contre les infrastructure russes sont souvent des « drone kamikaze »—des véhicules sans pilote modifiés pour porter des charges explosives (typiquement entre 10 et 30 kg d’explosifs) et programmés pour frapper des cibles de manière autonome ou semi-autonome. Quand un tel dispositif frappe un transformateur haute tension ou une structure critique d’une sous-station, l’explosion et l’incendie résultant peuvent être spectaculaires et dévastateur. La chaleur intense du feu peut vaporiser l’huile minérale de refroidissement à l’intérieur du transformateur, créant une explosion secondaire. Les lignes électriques voisines peuvent court-circuiter. Des arcs électriques puissants peuvent se produire, propageant le feu à d’autres éléments de la sous-station.
Il y a quelque chose de presque chirurgical dans cette précision. Un drone traverse des centaines de kilomètres d’espace aérien. Il évite les défenses aériennes russes. Il localise sa cible exacte. Et il frappe. Boum. Une sous-station disparait en flammes. Je dois admettre, regardant ces vidéos, il y a une part de moi qui ressent une admiration réticente. C’est de la guerre moderne à son plus élevé niveau de sophistication technique. C’est dangereux. C’est implacable. C’est efficace.
Les impacts immédiats et les ondulations
Dans les heures suivant l’incendie, les coupures d’électricité se sont propagées dans la région environnante. Les reports indiquent que plusieurs localités dans un rayon de 30 à 50 kilomètres autour de la sous-station ont perdu partiellement ou totalement l’accès à l’électricité. Les populations affectées—estimées entre 20 000 et 50 000 personnes selon les différentes sources—ont soudainement dû affronter l’absence de chauffage, d’eau chaude, d’éclairage électrique au moment précisément où les températures nocturnes à cette latitude commencent à descendre sous zéro. Les hôpitaux de la région ont dû commuter sur leurs générateurs de secours—des machines à diesel bruyantes, polluantes et coûteuses à faire fonctionner. Les petites entreprises, les commerces, les restaurants ont fermé les portes ou réduit drastiquement leurs opérations. Les écolier et étudiants se sont retrouvés dans des établissements scolaires froids, dans l’obscurité relative des journées hivernales aggravée par l’absence d’électricité.
Les autorités russes ont lancé des efforts d’urgence pour rétablir le service électrique. Des équipes de techniciens de la compagnie russe d’électricité PJSC Rosseti (l’équivalent russe d’Électricité de France) ont été déployées. Des appels ont été lancés pour obtenir des transformateurs de remplacement, soit depuis les réserves régionales, soit en essayant d’en obtenir d’autres régions (une opération compliquée car elle signifie réduire la redondance en d’autres lieux). Les gouvernement local ont présenté l’incident comme une « attaque terroriste » perpétrée par des « nationalistes », une characterisation qui, bien qu’elle contienne un élément de vérité sous l’angle du déniement politique russe, occulte la réalité militaire que cette cible était des objectif de guerre—pas une attaque indiscriminée contre des civils. Les rapports de restauration du service ont suggéré que le processus prendrait plusieurs jours à plusieurs semaines, selon l’étendue des dégâts et la disponibilité des pièces de remplacement.
Ce qui me frappe le plus dans ces impacts immédiats, c’est l’absurdité du contraste. D’un côté, une sous-station électrique en feu—une structure invisible pour la plupart des gens, une pièce de l’infrastructure qu’on ne remarque que quand elle s’effondre. De l’autre côté, la vie concrète de dizaines de milliers de personnes qui soudainement ne peuvent plus éteindre la lumière, qui doivent affronter le froid sans recours. C’est ainsi que les guerres modernes se jouent : par des coups contre des choses abstraites qui ont des conséquences très concrètes et très humaines.
Section 5 : le contexte de la guerre énergétique plus large
Trois ans d’escalade progressive
L’incendie du 1er décembre 2025 ne surgit pas du néant. Il est le produit logique d’une escalade progressive qui a commencé des années plus tôt. Quand la Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, les opérations militaires se sont rapidement organisées autour d’une stratégie classique de guerre : viser les centres de population, les nœuds de transport, les dépôts militaires. Mais à partir de l’automne 2022, une nouvelle tactique a émergé : le bombardement systématique des infrastructure énergétiques civiles. Ce n’était pas une nouveauté tactique en soi—les guerres modernes ont souvent visé les systèmes énergétiques. Mais la dimension et la préméditaton de cette campagne russe étaient sans précédent. Chaque vague de bombardements était minutieusement coordonnée. Les missiles russes visaient spécifiquement les centrales thermiques, les installations hydroélectriques, les sous-stations clés et pas les bases militaires ou les positions défensives. C’était une stratégie claire : utiliser l’hiver comme une arme, transformer le froid et l’obscurité en instruments de capitulation.
À la fin de 2023 et tout au long de 2024, l’ampleur de cette campagne s’était intensifiée à des niveaux presque inimaginables. Les services de renseignement occidentaux estimaient qu’au cours de l’hiver 2023-2024, la Russie avait effectué plus de 500 frappes distincts contre les installations énergétiques ukrainiennes, utilisant une combinaison de missiles de croisière, de drones et même d’artillerie conventionnelle capable de dommages significatifs. Le résultat a été la destruction systématique du parc de générateurs thermiques de l’Ukraine, la mise hors service de plusieurs réacteurs nucléaires (pas par bombardement direct mais par dommages aux systèmes de refroidissement et autres composants critiques), et la cration d’une crise énergétique humanitaire sans précédent dans le pays. Pendant les hivers 2022-2023 et 2023-2024, des millions d’Ukrainiens ont connu des jours entiers sans électricité, souvent dans des conditions de froid extrême. Les hôpitaux et les écoles ont fonctionné sur générateurs. L’industrie s’est pratiquement arrêtée en raison du manque d’énergie disponible.
Cette campagne était cruelle. Délibérément, systématiquement cruelle. Et je dois le dire clairement : cela représente une violation manifeste des lois de la guerre moderne. Les protocoles additionnels des Conventions de Genève interdisent spécifiquement les attaques contre les objets indispensables à la survie des populations civiles. Une centrale électrique qui alimente des hôpitaux, des écoles, des logements familiaux—c’est exactement ce genre d’objet. Ce que la Russie a fait, c’était punir une population entière pour avoir la « mauvaise » opinion politique. C’était terrorisme d’État codifié en doctrine militaire.
Le basculement ukrainien : de la victimé à l’agent
Mais quelque chose a changé. Lentement, puis soudainement, comme le dit la citation souvent attribuée à Hemingway. À partir du printemps 2024, l’Ukraine a commencé à développer et tester ses propres systèmes d’armes sans pilote de longue portée. Ces drones—que les sources ukrainiennes appellent parfois « drones d’attaque stratégiques » ou « drones de longue portée »—représent une escalade dans les capacités militaires ukrainiennes. Contrairement aux drones de reconnaissance conventionnels, ces systèmes sont conçus pour frapper des cibles à plus de 1000 kilomètres de distance. Ils peuvent traverser l’espace aérien russe. Ils peuvent éviter les défenses russes (du moins parfois; les taux d’attrition sont importants mais pas assez pour arrêter les opérations). Et critiquement, ils peuvent atteindre des cibles aussi loin que Moscou elle-même, bouleversant ainsi le calcul stratégique russe qui avait reposé sur l’hypothèse que le territoire russe resterait inviolé.
Le développement de ces capacités n’a pas pris de vide politique. L’Ukraine les a construites en grande partie en utilisant des composants commerciaux—des GPS, des caméras, des moteurs électriques, des cadres métalliques—combinés avec l’expertise technique ukrainienne et l’assistance tacite (et parfois explicite) d’alliés occidentaux. Ces drones sont comparativement bon marché à produire; selon les estimations, un drone d’attaque ukrainien coûte entre 10 000 et 50 000 dollars à construire, tandis qu’un missile russe comparable coûte entre 200 000 et plusieurs millions de dollars. Cela signifie que l’Ukraine, bien que disposant de ressources bien plus limitées que la Russie, peut se permettre de produire beaucoup plus de vecteurs d’attaque qu’elle ne le pourrait avec des missiles conventionnels. Une sous-station endommagée par une frappe de drone à 20 000 dollars coûte infiniment moins à attaquer que ce que cela coûterait à la Russie de frapper une cible équivalente. C’est un renversement économique majeur dans la dynamique du conflit.
Il y a une certaine brutalité honnête dans ce calcul économique de la guerre. Les coûts réels, les ratios d’efficacité, les maths sanglantes qui détermine qui peut se permettre une escalade et qui ne peut pas. L’Ukraine, victime et pressurée, a découvert qu’elle pouvait frapper plus économiquement que son agresseur. Et cette découverte a changé toute la nature du conflit.
Section 6 : les implications stratégiques de l'incendie
Un signal résonant vers le commandement militaire russe
L’incendie de la sous-station du 1er décembre 2025 envoie un signal stratégique clair et presque inarguable au commandement militaire russe, au Kremlin et à la direction politique russe : aucun objectif n’est plus hors de portée. Pendant plus de trois décennies, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, la Russie s’est confortée dans l’idée que son territoire était fondamentalement protégé. Ses villes, ses installations critiques, ses infrastructure—tout cela était situé suffisamment loin du conflit pour rester invulnérable aux armes traditionnelles. Les États-Unis, avec ses bombardiers intercontinentaux et ses missiles de croisière, représentaient une menace potentielle, certes, mais elle était abstraite, éloignée, contenue par les doctrines de dissuasion nucléaire. L’Ukraine, elle, était censée rester faible. L’Ukraine était la proie. L’Ukraine n’était certainement pas supposée pouvoir frapper en retour.
Mais cet incendie, cette sous-station en feu, ce transformateur détruit—cela signifie que toutes ces suppositions confortables se sont effondrées. La Russie doit maintenant accepter une nouvelle réalité stratégique : elle doit défendre ses propres installations critiques contre une menace qui émerge d’un territoire situé à des centaines de kilomètres de distance. Elle doit construire une défense aérienne suffisamment dense pour protéger non seulement les cibles militaires mais aussi les infrastructures civiles critiques réparties sur un vaste territoire. Elle doit, en essence, accepter qu’elle est maintenant en position défensive dans un domaine (l’attaque contre les infrastructure civiles) où elle pensait précédemment avoir l’avantage absolu. Ce basculement n’est pas sans conséquences psychologiques et politiques. Il frappe l’imagination du public russe. Il force les planificateurs militaires à réimaginer leurs stratégies. Il crée une pression croissante sur le Kremlin pour expliquer pourquoi le territoire national ne peut pas être adéquatement protégé.
Je pense souvent à ce que doit ressentir un soldat russe stationnés près de la frontière avec l’Ukraine, sachant maintenant que les Ukrainiens peuvent frapper à 1000 kilomètres à l’arrière de ses lignes. La certitude s’est évaporée. La maison n’est plus une zone sûre. C’est une forme de terreur nouvelle. Et c’est peut-être justifiée. Peut-être même nécessaire pour que la Russie, finalement, commence à comprendre les implications de ses propres actions.
Les contraintes opérationnelles accrues pour la Russie
Au niveau opérationnel et tactique, l’incident du 1er décembre 2025 génère des contraintes supplémentaires substantielles pour les opérations militaires russes. Une armée en campagne dépend énormément de l’accès à l’électricité fiable. Les bases militaires russes fonctionnent sur l’électricité civile pour l’éclairage, le chauffage, le fonctionnement des systèmes de communication, la recharge des équipements portables, et une myriade d’autres besoins critiques. Si la sous-station électrique qui alimente une base militaire (ce qui est souvent le cas, puisque les bases militaires russes sont généralement situées à proximité des centres urbains ou régionaux pour accéder à l’infrastructure civile) est endommagée, la base doit immédiatement switcher vers ses propres générateurs de secours. Ceux-ci ont une capacité limitée. Ils consomment des combustibles comme le diesel ou le kérosène. Dans le contexte d’une Russie qui fait face à des pénuries croissantes de combustibles raffinés due aux attaques contre ses raffineries, cette dépendance au diesel de secours représente un problème stratégique sérieux.
De plus, chaque base militaire qui doit fonctionner en mode dégradé (c’est-à-dire sur ses propres générateurs, avec une puissance réduite) voit ses capacités diminuer. Les systèmes radar fonctionnent moins efficacement. Les missiles air-air ne peuvent pas être rechargés aussi rapidement. Les communications deviennent moins fiables. La maintenance des équipements s’ralentit. C’est une érosion progressive des capacités combattantes. Multiplié par des dizaines ou des centaines de bases affectées par les attaques sur les infrastructure énergétiques civiles, cela crée une dégradation généralisée des performances militaires russes. Les planificateurs militaires russes comprennent cela. C’est précisément pourquoi ils ont investi massivement dans les défenses aériennes autour des installations énergétiques critiques. Mais les ressources russes, bien qu’importantes, ne sont pas infinies. Et l’Ukraine, du côté défensif pendant tant d’années, a maintenant pris l’initiative tactique en lancant des attaques continues qui forcent la Russie à défendre partout à la fois.
C’est l’épuisement par mille coups. Pas une grande offensive décisive. Pas une bataille classique où l’on conquiert un territoires ou on perd des armées. C’est la dégradation lente et systématique de la capacité adverse. C’est ingénieux, dans une manière horrible. Parce que cela signifie que la Russie ne peat pas simplement « gagner » rapidement. Elle doit gerer une usure inévitable. Et l’usure, elle, c’est ce qui détruit les armies à long terme.
Section 7 : les défis humanitaires créés par l'incendie
Les populations civiles affectées
Malgré la nature justifiée du ciblage militaire, il est impossible d’ignorer les réalités humanitaires brutes créées par cet incendie et les centaines d’incendies similaires qui se multiplient à travers la Russie. Les 20 000 à 50 000 personnes qui ont perdu l’électricité dans les heures qui ont suivi l’incendie du 1er décembre 2025 incluaient des enfants, des personnes âgées, des malades et des personnes vulnérables. Dans une région russe à la mi-décembre, quand les températures nocturnes descendent régulièrement sous zéro, l’absence de chauffage électrique crée des conditions de vie potentiellement dangereuses. Les personnes âgées font face à des risques d’hypothermie. Les personnes malades, dépendantes d’équipement électrique comme des respirateurs ou des pompes à perfusion, font face à des menaces à leur vie. Les enfants en bas âge requièrent un environnement chaud pour survivre.
Les hôpitaux ont connu des défaillances en cascade quand ils ont dû switcher sur les générateurs de secours. Les appareils médicaux critiques devaient être rationné pour la puissance disponible. Les chirurgies programmées ont dû être reportées. Les patients en soins intensifs ont été mis en danger quand les ventilateurs assistés ont fonctionné sur batterie de secours au lieu de l’électricité fiable. Les maternités ont connu des défaillances d’éclairage au moment précis où des naissances étaient en cours. C’est la face cachée de la guerre moderne : pas l’héroïsme ou la gloire, mais la détresse médicale créée par l’infrastucture en ruine. Il n’y a rien d’heureux ou de glorieux dans une mère incapable d’accoucher sous une lumière adéquate. Il n’y a rien d’héroïque dans une personne âgée grelottant en le froid sans chauffage. C’est la réalité humanitaire crue et non filtrée des opérations contre les infrastructure énergétiques.
Je dois être honnête ici : regarder ces impacts humanitaires me met mal à l’aise. Pas parce que je soutiens la Russie ou ses actions. Mais parce que c’est facile de justifier une attaque contre une cible militaire en abstrait. C’est plus difficile quand on visualise les visages des victimes civiles. Une mère qui ne peut pas garder son bébé chaud. Un retraité qui grelotte dans le noir. Une infirmière qui tente de sauver une vie sur batterie diminuante. Ces images brutes me rappellent que même les guerres justes ont des coûts humains réels et souvent injustes.
Les impacts économiques et sociaux à plus long terme
Au-delà de l’urgence immédiate, l’incendie de la sous-station génère des perturbations économiques et sociales à plus long terme. Les entreprises qui dépendent de l’électricité fiable—les usines, les hôtels, les restaurants, les centres commerciaux—doivent soit attendre le rétablissement du service électrique, soit investir massivement dans leurs propres solutions de secours (générateurs, batteries, panneaux solaires) à des coûts prohibitifs. Dans une région russe déjà sous les effets des sanctions internationales et des restrictions commerciales dues à la guerre en Ukraine, ces coûts supplémentaires représentent une charges économique sérieuse. Les petits commerces, en particulier, peuvent ne pas survivre à plusieurs semaines sans électricité fiable. Les plus grands centres urbains proches de la sous-station endommagée vont connaître des ralentissements économiques mesurables.
Il y a aussi des impacts sur la stabilité sociale et politique à plus long terme. Chaque incident d’incendie de sous-station, chaque vague de coupures d’électricité, renforce le sentiment d’insécurité et de vulnérabilité parmi la population civile russe. Les rumeurs circulent. Les théories de complot se propagent. Les citoyens se demandent pourquoi leurs gouvernements ne peuvent pas les protéger. Pourquoi le Kremlin dépense des milliards dans la guerre en Ukraine mais ne peut pas assurer l’électricité fiable chez lui ? Ces questions, posées sans cesse par un public frustré, créent des fissures dans le consensus social soutenant la guerre. Les gouverneurs régionaux russes se retrouvent sous pression de devoir expliquer et justifier l’enjustifiable—pourquoi leur région, part du territoire national russe, n’est pas adéquatement défendue.
C’est l’une des ironie les plus cruelles de cette guerre : en attaquant les infrastructure russes, l’Ukraine force graduellement la population russe à confronter les réalités de ce conflit. Personne ne veut des coupures d’électricité. Personne ne veut grelotter dans le froid. Et chaque personne qui subit cela se pose la question implicite : pourquoi ? Pourquoi sommes-nous dans cette situation ? Pourquoi notre gouvernement ne peut pas nous protéger ? Et graduellement, peut-être imperceptiblement, la réalité s’infiltre à travers la propagande. Peut-être seulement auprès de certains. Mais cela s’infiltre.
Section 8 : les capacités de défense aérienne russe en question
L’insuffisance des systèmes d’air existing
Un aspect particulièrement troublant de l’incendie du 1er décembre 2025 est ce qu’il révèle sur les capacités (ou plutôt l’absence de capacités) de défense aérienne de la Russie dans les régions loin du front de bataille. Pendant trois ans de conflit, la Russie a construit des systèmes de défense aérienne considérables autour des installations critiques—les bases aériennes, les dépôts de munitions, les sièges gouvernementaux. Mais les infrastructure civiles critiques comme les sous-stations électriques ont reçu une protection beaucoup plus inégale. C’est un calcul compréhensible du point de vue militaire : on ne peut pas défendre chaque infrastructure civile avec des systèmes de défense aérienne coûteux. Mais cela a créé une vulnérabilité systémique : une fois que les drones ukrainiens développent des capacités suffisantes pour frapper à longue portée, toutes ces infrastructure non protégées deviennent accessibles.
Les systèmes de défense aérienne existants russes—comme le système S-400 et variantes dérivées—sont extrêmement sophistiqués et coûteux. Un seul système complet peut coûter plusieurs centaines de millions de dollars. La Russie en possède un nombre limité. Les déployer pour protéger chaque sous-station électrique dans chaque région du pays créerait une demande qui dépasse de loin ce qui est disponible. Il y a donc une calcul de compromis brutal : la Russie protège ses installations militaires les plus critiques et ses villes majeures, tandis que les infrastructure secondaires restent relativement non protégées. L’incendie du 1er décembre 2025 représente une confirmation de cette vulnérabilité fondamentale. Il montre que la Russie ne peut pas tout protéger. Et une fois cette vulnérabilité est exposée, l’Ukraine en profite systématiquement. Chaque incendie de sous-station crée une pression accrue sur les stratèges russes : ou ils déploient massivement des systèmes de défense aérienne (au coût énorme), ou ils acceptent une exposition continue aux attaques.
C’est un dilemme stratégique classique sans issue facile. La Russie ne peut pas défendre partout. Les ressources sont finies. Les choix doivent être faits. Et chaque choix d’où ne pas défendre crée une nouvelle vulnérabilité que l’Ukraine peut exploiter. C’est l’essence de la guerre asymétrique. Le défenseur, bien que plus puissant en termes absolus, ne peut pas être présent partout. Et l’attaquant, bien que plus faible, peut frapper les points non protégés. C’est un jeu de chat et de souris. Un jeu sans vainqueur clair, seulement une usure mutuelle.
Les options futures de la Russie
Face à cette réalité, la Russie a essentiellement trois options stratégiques, chacune avec des inconvénients majeurs. Premièrement, elle peut augmenter massivement ses dépenses en défense aérienne, déployant des systèmes coûteux autour de toutes les infrastructure critiques. Cela signifierait un détournement de ressources loin de l’effort militaire en Ukraine. Cela signifierait aussi une compétition directe avec l’industrie militaire russe pour les mêmes ressources en électronique de défense et en composants avancés—des ressources déjà sous tension du fait des sanctions internationales. Deuxièmement, elle peut accepter les attaques et simplement travailler à la réparation et reconstruction des infrastructure endommagées. Mais cela signifie vivre avec une infrastructure énergétique chroniquement dégradée, incapable de fournir l’électricité fiable nécessaire à une economie moderne. C’est un lent affaiblissement economique. Troisièmement, elle peut escalader à son tour, cherchant à attaquer les source ukrainiennes de drones de longue portée, les usines, les dépôts de carburant. Mais cette escalade risque de transformer le conflit en une guerre d’usure ouverte autour des infrastructure civiles—un jeu auquel l’Ukraine, malgré ses désavantages en ressources, s’est avérée adepte.
Aucune de ces options n’est attrayante. C’est precisely le piège strategique dans lequel la Russie s’est elle-même enlisée. Ses attaques massives contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes ont démontré l’efficacité de ces opérations. Mais une fois qu’une tactique s’avère efficace, l’adversaire apprendra et adaptera. Et l’Ukraine a appris. Elle a adapté. Et maintenant, c’est la Russie qui doit affronter les conséquences de la tactique qu’elle avait elle-même initiée. C’est une forme très poétique de justice stratégique, si on peut appeler cela ainsi.
Je ne peux m’empêcher de voir une certaine saveur d’ironie amère ici. La Russie, qui pensait pouvoir imposer sa volonté à travers la domination énergétique—créant des conditions si horribles que l’Ukraine capitulerait—découvre que cette même arme peut être tournée contre elle. Et elle découvre aussi que l’Ukraine est bien plus résiliente et ingénieuse qu’elle ne l’avait supposée. C’est une leçon de stratégie militaire que des générations d’étudiants militaires étudieront probablement : le piège de supposer que l’on peut infliger une souffrance que l’adversaire ne peut pas riposter.
Section 9 : l'escalade technologique des drones
L’évolution rapide des capacités ukrainiennes
Pour vraiment comprendre comment l’Ukraine a pu créer la menace qui se manifeste dans l’incendie du 1er décembre 2025, il faut examiner l’évolution technologique remarquablement rapide des capacités de drones ukraiennes. Il y a deux ans, en 2023, les drones ukrainiens étaient principalement des vecteurs de reconnaissance—des engins non armés qui servaient principalement à fournir de l’intelligence tactique et à corriger les tirs d’artillerie. Certains drones étaient modifiés pour porter de petites charges explosives, mais leurs capacités étaient limitées. Leur portée était mesurée en dizaines de kilomètres, pas en centaines. Ils ne pouvaient frapper que des cibles à proximité du front de bataille.
Mais au cours de 2024, quelque chose s’est accéléré. L’Ukraine, travaillant avec une combinaison d’ingénieurs civils, de hobbyistes technologiques et de soutiens militaires étrangers, a développé des générations successives de drones de longue portée. Ces nouveaux drones incorporent plusieurs innovations clés : des systèmes de navigation GNSS améliorés (utilisant le GPS et d’autres systèmes de positionnement global), des moteurs électriques plus efficaces permettant une portée accrue, des systèmes d’évitement d’obstacles pour naviguer autour des défenses, et des charges utiles modifiables. Au fil des mois, chaque générations nouvelle de drone démontrait des améliorations incrementales mais cumulatives en portée, en précision, en fiabilité. Les premiers drones de ce type pouvaient à peine atteindre 500 kilomètres. Maintenant, en décembre 2025, des rapports crédibles indiquent que certains systèmes peuvent atteindre 1500 kilomètres ou plus. C’est un saut tecnologique extraordinaire sur une période de moins de deux ans.
Il y a quelque chose d’impressionnant et de terrifiant à la fois dans cette capacité d’innovation technologique. L’Ukraine, confrontée à l’extinction potentielle, a inventé ses propres armes. Elle a pris des technologies civiles et les a transformées en instruments militaires. Elle a appris à combattre l’adversaire avec des ressources limitées, du génie et de la détermination. C’est peut-être le plus grand testament de la résilience ukrainienne : pas juste la capacité à survivre, mais la capacité à innover et adapter face à une menace existentielle.
Les sources et le soutien des capacités technologiques
La question naturelle qui émerge est : comment exactement une nation en guerre, dépourvue des industries de défense majeures, a-t-elle pu développer ces capacités technologiques avancées ? La réponse est multifacette et implique une combinaison d’ingéniosité interne, de soutien externe et d’exploitation des technologies civiles existantes. D’abord, l’Ukraine possède une base technologique respectabe hérité de son époque soviétique et développé depuis l’indépendance. L’industrie électronique ukrainienne, bien que petite en termes relatifs, avait une certaine expertise dans les systèmes de guidage, l’électronique et la programmation. Des centaines d’ingénieurs ukrainiens qui avaient travaillé pour des entreprises défense sont devenus disponibles quand ces entreprises ont fermés dans l’après-Guerre froide ou ont été mises sous contôle d’État dans un marché défense affaibli.
Deuxièmement, il y a eu une convergence d’expertise civile et militaire. Des entrepreneurs technologiques ukrainiens, des petites startups opérant dans les domaine des technologies de dronescommerciales, des universités—tous ont contribué à l’effort. Quand les militaires ont eu besoin de drones de longue portée, ils ont recruté ces ressources civiles et ont travaillé à transformer les technologies civiles en systèmes militaires. Troisièmement, il y a eu un soutien externe subtil mais important des alliés occidentaux. Pas en formes de livraison directe de drones militaires avancés (qu’aucun allié n’a pu fournir), mais en formes de technologie dual-use—des composants électroniques, des moteurs, des systèmes de navigation que l’Ukraine pouvait acquérir ou que les alliés pouvaient discrètement transmettre. Les pays baltes, la Pologne et d’autres voisins ont servit de corridors pour faire entrer des technologies et des composants. Quatrièmement, il y a l’accès à la technologie open-source globale. Beaucoup des algorithmes, designs et spécifications nécessaires pour construire des drones avancés sont maintenant disponibles publiquement sur Internet. Un pays avec les ingénieurs adéquats peut, théoriquement, construire des drones sophistiqués à partir de zéro en utilisant seulement des ressources disponibles publiquement.
C’est peut-être l’une des histoires les plus fascinantes de la guerre moderne : comment une nation assiégée, sans industrie défense majeure, a pu créer des armes entièrement nouvelles de manière artisanale, en utilisant de la technologie civile et de l’ingéniosité. C’est une histoire qui défie les hypothèses conventionnelles selon lesquelles seules les grandes puissances avec des industries de défense massives peuvent innover en technologie militaire. L’Ukraine a démontré que l’innovation militaire peut émerger de n’importe où, quand l’urgence est assez grande et le talent assez concentré.
Section 10 : les implications internationales et l'escalade nucléaire
L’ombre de l’arme nucléaire
Impossible de discuter de l’incendie du 1er décembre 2025 et des attaques contre les infrastructure russes sans confronter la plus grande ombre qui plane sur ce conflit : la présence d’armes nucléaires russes. La Russie possede le plus grand arsenal nucléaire du monde, avec plus de 6000 ogives opérationnelles. Le Kremlin, à différentes occasions depuis 2022, a fait des déclarations voilées (et parfois explicites) menaçant l’utilisation d’armes nucléaires si certaines lignes rouges étaient traversées. La question qui tourmente les stratèges occidentaux depuis le début est : quand une attaque directe contre le territoire russe—comme l’attaque drone du 1er décembre 2025—atteint-elle le seuil où la Russie pourrait escalader vers une action nucléaire ?
Pour le moment, le Kremlin a apparemment décidé que les attaques contre les infrastructure civiles—même si elles sont situées sur le territoire national russe—ne constituent pas une violation du seuil nucléaire. La Russie continue d’utiliser sa rhétorique habituelle de déni, affirmant que les rapports des attaques ukrainiennes sont exagérés ou inventés, ou bien les étiqueant comme « actes terroristes » plutôt que comme actions militaires légitimes. Mais cette rhétorique cache une acceptation graduellement croissante de la réalité : les drones ukrainiens vont continuer à frapper les infrastructure russes. Le Kremlin peut menacer d’escalade nucléaire, mais l’utiliser en réponse aux attaques contre les infrastructure civiles établirait un précédent d’escalade nucléaire pour cause de dommages civils—un précédent qui pourrait entrer en collision avec tous les calculs stratégiques existants de la communauté international. Donc, pour le moment, la Russie vit avec l’escalade non-nucléaire. Mais cette situation reste instable et potentiellement imprévisible.
Vivre sous l’ombre d’une escalade nucléaire potentielle crée une forme spéciale de stress psychologique et stratégique. Chaque jour apporte la possibilité non seulement d’une nouvelle attaque ou contre-attaque conventionnelle, mais de quelque chose de bien pire. Le Kremlin jone avec l’incertitude. Et les alliés occidentaux jouent avec l’incertitude aussi. Personne ne sait exactement où se situent les lignes rouges réelles. Tout ce que nous savons, c’est qu’elles existent. Et nous marchons dans un minchamp, espérant que personne ne marche sur une mine.
La réaction des alliés occidentaux
Les alliés occidentaux de l’Ukraine—les États-Unis, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, et d’autres—ont exprimé un soutien officiel généralisé aux opérations ukrainiennes de défense, incluant les attaques contre les infrastructure russes. Officielement, ce soutien est exprimé en termes de « droit légitime à la défense » et de « réponse proportionnée à l’agression ». Officieusement, cependant, il existe probablement une certaine préoccupation parmi les stratèges occidentaux selon laquelle les attaques ukrainiennes contre les infrastructure russes pourraient franchir des lignes rouges russes préalablement établies, menant à une escalade non souhaitée. Mais ce risque doit être équilibré contre le bénéfice stratégique : les attaques contre les infrastructure énergétiques russes dégradent manifestement la capacité de la Russie à poursuivre la guerre en Ukraine. Elles fournissent à l’Ukraine une source de levier stratégique que peu d’autres options stratégiques peuvent fournir.
De plus, les alliés occidentaux font face à un calcul politique complexe. Une escalade nucléaire apparente serait catastrophique. Mais une défaite ukrainienne—résultant en partie d’une incapacité à dégrades suffisamment les capacités russes—serait aussi catastrophique sur le long terme, créant un précédent selon lequel les grandes puissances peuvent lancer une agression contre des petits pays et s’attendre à une impunité. Donc, les alliés occidentaux restent dans une position de support implicite tout en plausible deniability : ils fournissent les composants et les technologies que l’Ukraine peut transformer en armes, mais ils ne fournissent pas directement les armes. Ils utilisent un langage de droit à la défense, pas de « rétribution ». Ils restent ambigus sur leurs propres lignes rouges précises. C’est une danse délicate de stratégie politique et militaire, jouée sur le fil d’un couteau.
Les alliés occidentaux vivent aussi dans l’incertitude. Ils soutiennent l’Ukraine, mais ils ne veulent pas une escalade nucléaire. Comment concilier ces deux objectifs ? Comment soutenir la défense légitime d’une nation victime d’agression sans simultanément créer les conditions pour une catastrophe nucléaire ? Il n’y a pas de bonne réponse. Il y a seulement des mauvaises réponses et des moins mauvaises réponses. Et tout le monde fonctionne avec l’espoir que, finalement, de moins mauvaises réponses suffiront à éviter le pire.
Section 11 : les leçons pour d'autres conflits et la guerre future
La révolution des drones dans la doctrine militaire
L’incendie du 1er décembre 2025 s’inscrit dans une révolution beaucoup plus large du domaine des drones dans la doctrine militaire moderne. Les observateurs militaires à travers le monde—du Pentagone américain aux écoles militaires chinoises en passant par les ministères de la Défense européens—observent intensément comment les drones sans pilote transforment les opérations militaires en Ukraine. Les leçons qu’ils tirent façonnent déjà comment les militaires pensent sur les guerres futures. Plusieurs implications fondamentales émergent. Premièrement, les défenses aériennes centralisées et coûteuses ne suffisent plus à assurer la protection du territoire national ou des installations critiques. Un petit drone bon marché peut désormais contourner des systèmes de défense aérienne très chers. C’est un renversement classique du rapport coût-bénéfice : le coût des défenses dépasse le coût des vecteurs d’attaque. C’est une situation stratégique intrinsèquement favorable à l’attaquant.
Deuxièmement, les infrastructure critiques—énergétiques, de transport, de communication—deviennent des champs de bataille en eux-mêmes. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais les drones la rendent singulièrement efficace. Les armées futures devront anticiper les attaques contre les infrastructure civiles critiques et planifier les opérations en supposant une dégradation progressive de ces systèmes. Troisièmement, les nations sans industrie de défense majeure ne sont plus impuissantes face aux aggresseurs. Si une nation dispose d’expertise technologique, elle peut développer ses propres vecteurs d’attaque avancés en utilisant des technologies civiles et de l’ingéniosité. C’est une démocratisation de la capacité militaire avancée. Quatrièmement, les chaînes d’approvisionnement internationales et les technologies dual-use deviennent critiques pour la projection de puissance. Une nation qui peut accéder aux composants électroniques, au software, aux technologies de navigation—via imports légaux ou via canaux alternatifs—peut augmenter son potentiel militaire exponentiellement.
Ces leçons vont résonner à travers les institutus militaires mondiaux pendant des décennies. Les généraux et stratèges révisent déjà leurs hypothèses fondamentales sur ce que signifie « avoir une supériorité technologique » ou « avoir une supériorité aérienne ». Une supériorité aérienne contre les avions de chasse avancés ne protège pas nécessairement contre les drones bon marché. Une supériorité technologique en termes de systèmes de défense sophistiqués ne compense pas la vulnérabilité de l’infrastructure contre les attaques distribuées de faible coût. C’est une révolution des paradigmes, et nous sommes au milieu de celle-ci en regardant l’incendie d’une sous-station électrique russe.
Implications pour les conflits régionaux futurs
Les implicationss de cette révolution drone pour d’autres conflits potentiels sont profondes et troublantes. Considérez un scénario hypothétique : un conflit entre Israel et ses voisins du Levant. Maintenant, les groupes de résistance régionaux (Hamas, Hezbollah, les Houthis) possèdent des capacités de drones. Pourront-ils développer des drones de longue portée suffisant pour frapper les infrastructure critiques en Israel? Probablement, oui, si l’expérience ukrainienne est une guide. Considérez un conflit potentiel dans la Mer de Chine méridionale. Les nations plus petites comme les Philippines, le Vietnam, ou même Taïwan, pourraient-elles utiliser la technologie des drones pour contester la domination navale de la Chine? L’expérience ukrainienne suggère que oui. Considérez un conflit potentiel en Europe de l’Est impliquant d’autres nations Baltes ou la Moldavie. Pourraient-elles développer des capacités de drone pour défendre contre l’agression? Basé sur le précédent ukrainien, la réponse est presque certainement oui.
Ce que cela signifie, c’est que la notion traditionnelle d’agression hégémonique n’est plus aussi garantie de succès qu’elle l’était autrefois. Un agresseur puissant peut ne plus être capable de dominer un adversaire techniquement créatif mais matériellement plus faible. L’équilibre des pouvoirs se redéfinit. Ce n’est pas une garantie de paix—au contraire, cela pourrait créer une instabilité accrue par l’incertitude stratégique. Mais c’est une réédéfinition qui tend à favoriser les défenseurs sur les attaquants, au moins en terme de capacité à infliger des dommages inacceptables.
Je observe cette transformation avec une mixture de fascsination et d’appréhension. D’un côté, cela rend l’agression moins rentable. Un agresseur ne peut plus supposer que la domination milutaire du champ de bataille ou la supériorité des armes lui permettra une victoire rapide et peu coûteuse. C’est un peu une justice poétique. De l’autre côté, cela rend les conflits potentiellement plus longs, plus sanglants, plus coûteux pour toutes les parties. Il n’y a pas de victoires rapides. Il n’y a que l’attrition.
Section 12 : les perspectives de reconstruction et de réparation
Les délais réalistes et les obstacles
La sous-station électrique incendiée le 1er décembre 2025 présente maintenant à la Russie une tâche de reconstruction complexe avec des délais potentiellement longs et des obstacles de taille. Comme discuté antérieurement, le remplacement des transformateurs de haute tension—les pièces d’équipement central d’une sous-station—prend typiquement entre 12 et 24 mois à partir du moment où une commande est passée. Mais la Russie ne peut pas simplement passer une commande. Elle doit d’abord en avoir une disponible. Selon les rapports de novembre 2025, la Russie commencerait à faire face à des pénuries de transformateurs de remplacement disponibles immédiatement. Les réserves stratégiques établies pour exactement ce scénario—des destructions en temps de guerre—s’épuisent.
La Russie a des options pour accélérer le processus. Elle pourrait contacter ses fournisseurs traditionnels—principalement Siemens (Allemagne), ABB (Suisse), GE (États-Unis), et d’autres fabricants de transformateurs occidentaux. Mais ces sociétés sont soumises aux sanctions internationales. Elles ne peuvent pas vendre des équipements à la Russie. La Russie pourrait donc se tourner vers des fournisseurs alternatifs—particulièrement en Chine ou en Inde. Mais ces fournisseurs, bien qu’officiellement non soumis aux mêmes sanctions que les entités occidentales, font néanmoins face à des pressions diplomatiques pour ne pas soutenir l’effort militaire russe. De plus, les délais de livraison depuis la Chine ou l’Inde vers la Russie ajouteraient plusieurs mois supplémentaires à la timeline. La Russie pourrait aussi essayer de construire ses propres transformateurs localement, mais son industrie manufacturière électronique n’a pas les capacités pour produire des transformateurs haute tension complexes à grande échelle. Historiquement, la Russie importaient ces composants. Construire cette capacité domestiquement prendrait des années, pas des mois.
C’est l’un des effets pervers des sanctions : elles ne tuent pas seulement une économie en la isolant du commerce international. Elles créent aussi des goulots d’étranglement dans la reconstruction après les attaques militaires. Une nation en paix pourrait commander des transformateurs et les recevoir en quelques mois. Une nation en guerre, sanctionnée, avec ses fournisseurs traditionnels fermés—celle-ci doit jongler avec des délais beaucoup plus longs et des sources d’approvisionnement beaucoup plus incertaines.
Les coûts cumulatifs et les impacts macro-économiques
Au-delà de la réparation spécifique de cette une sous-station, il existe un coût macro-économique plus large des attaques progressives contre l’infrastructure énergétique russe. Chaque sous-station endommagée est un transformateur perdu. Chaque transformateur perdu est une réduction de la capacité de transmission totale dans son réseau régional. Multiplicat ces destructions par des dizaines (ou potentiellement des centaines) au course des prochains mois et années, et il émerge un tableau d’une dégradation progressive du système énergétique russe. Un système électrique dégradé signifie une économie ralentie. Les industries ne peuvent pas fonctionner en pleine capacité. Les services civils sont rationnés en électricité. La productivité décroît. La Banque mondiale et d’autres institutions internationales estimeront probablement que chaque 1% de réduction dans la capacité électrique disponible correspond à une réduction de 0,3% à 0,5% du PIB (une relation appelée « électricité-intensité »). Donc, une réduction de 10% de la capacité électrique représenterait une réduction de 3% à 5% du PIB.
Pour le contexte, la Russie a été sous des sanctions économiques depuis 2014 et plus lourdement depuis 2022. Son économie a contracts de plusieurs pourcents durant ces périodes. Une dégradation supplémentaire de 3% à 5% du PIB due à la destruction de l’infrastructure énergétique ajouterait une pression économique substantielle à une économie déjà stressée. Sur plusieurs années, cet impact cumulatif pourrait atteindre les niveaux d’une récession majeure. Et c’est precisément ce que l’Ukraine cherche à accomplir : transformer la guerre en une attrition économique qui stresse progressivement la Russie au point où continuer la guerre devient insoutenable.
C’est peut-être le vrai but à long terme des attaques contre les infrastructures russes : pas de knockout militaire immédiat (qui est peu probable), mais plutôt une transformation graduelle du terrain économique jusqu’à ce que la continuation de la guerre devienne trop coûteuse politiquement et économiquement pour le Kremlin. C’est une stratégie de longue patience. C’est ingénieux. Et c’est potentiellement efficace si l’Ukraine peut maintenir la pression assez longtemps.
Section 13 : les réalités morales et éthiques brutes
La question de la justification et de la proportion
Avant de conclure, il est impératif d’adresser une question qui flotte d’une manière mal à l’aise sous toute la discussion précédente : ces attaques sont-elles justifiées ? Sont-elles proportionnées ? Ce sont des questions morales et éthiques complexes qui ne tolèrent pas les réponses simples. D’un côté, il existe une argumentation légitime selon laquelle l’Ukraine a le droit de riposter. La Russie a lancé une agression injustifiée. Elle a bombardé les infrastructure civiles de l’Ukraine pendant trois hivers, tuant des civils, détruisant les maisons, créant une crise humanitaire. L’Ukraine se défend. L’auto-défense, en droit international et en morale, inclut généralement le droit de riposter—de chercher à imposer un coût à l’agresseur suffisant pour le dissuader de nouvelles attaques. Sous cet angle, les attaques ukrainiennes contre les infrastructure russes sont une riposte justifiée et proportionnée aux attaques russes contre les infrastructure ukrainiennes.
De l’autre côté, il existe une argumentation selon laquelle infliger une souffrance civile massive—même en réponse à l’agression d’un agresseur—crée une escalade morale. Deux erreurs ne font pas une vérité. Deux attaques injustifiées contre les civils ne font pas une justification morale. De plus, les civils russes—les retraités grelottant dans le froid, les mères qui gèrent des naissances sans électricité fiable, les personnes malades sans access à l’équipement médical—ne sont pas responsables des attaques russes contre l’Ukraine. Ils sont des victimes d’une machne de guerre qu’ils n’ont pas choisie. Punir les civils pour les actions de leur gouvernement, c’est un principle qui s’oppose au droit humanitaire international. Donc, même si l’Ukraine est techniquement justifiée à riposter, reste la question plus large : est-ce moralement et éthiquement salubre de le faire d’une manière qui inflige une souffrance civile massive ?
Je doais être honnête ici : je ne ne pas de réponse facile. Je sympathise avec l’Ukraine. Je comprends sa rage. Je comprends pourquoi elle sent le need de répondre par la force. Mais je suis aussi troublé par les réalités brutes de ces attaques. Les civils qui souffrent. Les vies qui sont disruptées. Les enfants qui grelottent dans le froid. C’est ce dont les abstractions politiques et militaires obscurcient : les visages réels des personnes affectées. Et quand on regarde ces visages—quand on imagine vraiment la vie d’une mère russe simple essayant de garder son enfant au chaud sans électricité—il devient difficile de maintenir une conviction joyeuse que le côté que on soutient est completement justifié.
La construction d’une paix durable
Cette question morale et éthique pointe vers une réalité plus large : une paix durable en Ukraine ne peut pas être construite sur la base d’une escalade continue d’attaques contre les infrastructure civiles, ni du côté russe ni du côté ukrainien. À un certain point, si ce conflit doit s’achever sans apocalypse nucléaire, il doit y avoir une de-escalade. Il doit y avoir des négociations. Il doit y avoir un accord. Et cet accord doit être construit sur quelque chose de plus solide que l’exhaustion mutuelle. Les attaques continues contre les infrastructure énergétiques—bien que stratégiquement rationelle—ne créent pas les conditions pour une paix durable. Au contraire, elles approfondissent les cicatrices. Elles augmentent la probabilité que, une fois la guerre terminée, les deux nations resteront implacablement hostiles l’une envers l’autre, stockpilant des arsenaux pour une future confrontation.
La communauté internationale—les Nations unies, les négociateurs européens, les médiateurs américains—ont un rôle critique à jouer en orientant ce conflit vers la désescalade plutôt que vers l’intensification. Cela signifie presser la Russie à cesser ses attaques contre les infrastructure ukrainiennes. Cela signifie aussi presser l’Ukraine à limiter ses attaques contre les infrastructure russes. Cela signifie créer des couloirs de négociation où les deux parties peuvent se rencontrer et discuter des termes possibles d’une trêve. Ce ne sera pas facile. Les blessures sont profondes. La méfiance est complète. Mais c’est le seul chemin réalistique vers une paix durable qui n’implique pas soit une victoire militaire définitive d’une côté (peu probable) soit une escalade nucléaire (catastrophique).
Je voudrais croire que la communauté internationale finira par trouver une manière de mettre fin à cette guerre. Mais je suis pas optimiste. Les intérêts géopolitiques sont trop vastes. Les idéologies sont trop implacables. Les Russes voient ceci comme une lutte pour le contrôle du monde post-soviétique. Les Ukrainiens voient ceci comme une lutte pour leur existence même. Les Occidentals voient ceci comme une test de la volonté de résister à l’agression. Quand tant d’enjeux élevés sont en jeu, la paix devient difficile. Et les attaques contre l’infrastructure énergétique vont probablement continuer—jusqu’à ce qu’une partie soit suffisament exsangue pour que la paix devienne acceptable.
Conclusion : les leçons du feu
Un tournant dans la guerre énergétique
L’incendie de la sous-station électrique russe le 1er décembre 2025 représente un tournant symbolique et pratique dans la guerre énergétique entre la Russie et l’Ukraine. Ce n’est pas un événement isolé. C’est le reflet d’une tendance à long terme vers une escalade des attaques contre l’infrastructure énergétique. Depuis 2022, nous avons assisté à une transformation progressive : d’une situation où la Russie maintenait une avantage stratégique dans cette domaine (capacité à bombarder les infrastructure ukrainiennes sans subir de représailles), à une situation où cet avantage s’érode rapidement. Maintenant, en décembre 2025, c’est l’Ukraine qui maintient l’initiative. C’est l’Ukraine qui frappe. C’est la Russie qui défend. Ce renversement des dynamiques aura des conséquences stratégiques, économiques et politiques qui se déploieront au cours des mois et des années à venir.
Pour l’Ukraine, les attaques contre les infrastructure russe représentent une source rare de levier stratégique. Dans un conflit où elle est quantitativement surpassée en hommes et en équipement lourd, elle a trouvé un domaine—les attaques de précision contre les infrastructure vitales—où elle peut maintenir l’initiative et infliger des coûts significatifs à l’agresseur. Cela ne va pas se traduire en victoire militaire au sens classique. Mais cela pourrait créer suffisamment de dégats économiques et de pression politique pour que, à un certain point, la Russie découvre que les coûts de continuation de la guerre surpassent les bénéfices perçus. Pour la Russie, les attaques contre les infrastructure représentent une menace nouvelle et désagréable qui force une rethinking complète de ses assumptions stratégiques. Le territoire qu’elle pensait être inviolable est maintenant vulnérable. Les infrastructure qu’elle pensait être défendable ne le sont pas. Les coûts de cette guerre augmentent quotidiennement. Et pas de fin claire en vue.
Quand on réfléchit à cet incendie de sous-station du 1er décembre 2025, il est facile de le voir comme une simple opération militaire—une cible détruite, une structure incendiée. Mais c’est tellement plus que cela. C’est un microcosme des dynamiques de toute cette guerre. C’est la preuve que l’agresseur n’est pas invulnérable. C’est l’affirmation que la victime peut riposter. C’est un signal que les jeux stratégiques établis ont basculé. Et c’est une chambre d’écho des milliers d’autres attaques à venir, qui façonneront l’issue de ce conflit.
L’avenir incertain
En regardant vers l’avant, le futur du conflit énergétique reste extrêmement incertain. L’Ukraine continuelle-t-elle à escalader ses attaques contre l’infrastructure russe, cherchant à infliger assez de dégâts pour que la Russie juge intolérable la continuation de la guerre ? Probablement, oui. La logique stratégique pousse dans cette direction. La Russie, de son côté, continuera-t-elle à riposter par ses propres attaques contre l’infrastructure ukrainienne, cherchant à créer une symétrie dans la destruction ? Probablement aussi, oui. Chaque side verra les attaques de l’autre comme une justification pour ses propres attaques. C’est une spirale classique de représailles mutuelles. À un moment, cependant, cette spirale doit s’arrêter. Elle s’arrêtera soit par intervention externe (diplomatie, pression internationale), soit par exhaustion mutuelle (les deux sides ne pouvant plus continuer).
Ce qui est clair est que la notion de victoire militaire classique s’évanouit. Cette guerre ne sera pas gagnée sur un champ de bataille par une grande offensive militaire. Elle sera gagnée ou perdue dans l’attrition progressive. Elle sera gagnée ou perdue par qui peut supporter les coûts économiques plus longs. Elle sera gagnée ou perdue par qui maintient la cohésion politique plus longtemps. Et en cela, les attaques contre l’infrastructure énergétique jouent un rôle disproportionné. Elles ne sont pas une source d’accélération vers une fin décisive. Elles sont plutôt un instrument d’usure progressive qui étire le conflit et multiplie ses coûts. Pour l’Ukraine, cela est stratégiquement favorable parce que l’usure prolongée améliore la possibilité de soutien occidental et aggrave les tensions domestiques en Russie. Pour la Russie, cela est strategiquement contre-productif parce que l’usure prolongée consomme des ressources qu’elle ne peut pas reconstituer facilement et crée des pressions domestiques croissantes.
Je termine cet article avec une sensation d’incertitude. Pas d’optimism. Pas de pessimisme. Juste l’incertitude. Ce conflit s’étirera probablement. Il s’aggravera probablement. Les attaques contre l’infrastructure vont probablement intensifier. Et à la fin, beaucoup de gens auront souffert—civils russes, civils ukrainiens, soldats des deux côtés. Peut-être que le tout se terminera par une négociation difficile et imparfaite. Peut-être qu’il escaldera au-delà du contrôle. Je ne sais pas. Et personne d’autre non plus, même s’ils prétendent le contraire.
Sources
Sources primaires
Kyiv Independent – Drone debris sparks fire at Russian power substation in Krasnodar region (31 août 2025); CNN – Ukraine says ‘massive’ Russian attack targeted energy infrastructure (9 octobre 2025); Al Jazeera – Ukraine drone strikes throw power supplies into disarray in Russian cities (9 novembre 2025); Los Angeles Times – Ukrainian strikes disrupt power and heating to 2 major cities in Russia (8 novembre 2025); BBC – Russian drone attacks cause massive power cuts, Ukraine says (27 août 2025); Reuters – Ukraine strikes Russian power and heat station in Moscow region (23 novembre 2025); Kyiv Independent – Ukrainian attacks in Russia’s Belgorod, Kursk oblasts leave over 20,000 without power (7 novembre 2025); The Moscow Times – Ukrainian Strikes Cut Power in Kursk Region and Reportedly Ignite Fire at Ryazan Refinery (19 novembre 2025); RFE/RL – Ukraine Braces For Winter As Russia Escalates Energy Attacks (11 octobre 2025)
Sources secondaires
Brookings Institution – Ukraine’s energy sector is a key battleground in the war with Russia (10 mars 2025); Atlantic Council – Russian strikes on Ukraine’s energy infrastructure are a European problem (13 octobre 2025); Human Rights Watch – World Report 2025: Ukraine (15 janvier 2025); Texty.org.ua – What’s up with the power? How Russia destroys energy infrastructure (7 décembre 2022); Reuters – Ukraine in race to outfox Russian defences with drone attacks, commander says (24 octobre 2025); Novaya Gazeta EU – Ukrainian drones reportedly strike oil refinery in Ryazan (19 novembre 2025); NewsUkraine RBC – Russia no longer safe – Ukrainian drones changed (2 novembre 2025); War on the Rocks – The Electricity Front of Russia’s War Against Ukraine (2 février 2025); Wilson Center – Ukraine’s Winter Energy Crisis: Facing the Threat of Missiles and Default (1 avril 2025)
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