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Belgorod en flammes : l’Ukraine riposte et la Russie découvre l’impuissance
Crédit: Adobe Stock

Le système électrique russe en première ligne

Pour comprendre l’importance stratégique de la sous-station électrique en feu le 1er décembre 2025, il faut d’abord saisir comment fonctionne l’infrastructure énergétique russe dans les régions frontalières. Contrairement à une croyance populaire, le système électrique russe n’est pas uniformément robuste ni redondant sur tout le territoire national. Bien au contraire, il présente des concentrations de vulnérabilité particulièrement marquées dans les régions méridionales et occidentales—précisément celles qui sont les plus proches de l’Ukraine. La sous-station incendiée le 1er décembre 2025 se trouve dans cette zone critique. Elle est localisée à proximité immédiate de la frontière ukrainienne, probablement dans l’oblast de Belgorod ou possiblement dans celui de Koursk. Cette proximité n’est pas accidentelle dans le calcul stratégique ukrainien. Elle représente le point de moindre distance entre un vecteur d’attaque drone et une cible d’infrastructure vitale russe.

Le système électrique de cette région est construit selon une architecture héritage de l’époque soviétique, jamais vraiment modernisée de manière substantielle malgré quelques projets de rénovation ponctuels. Cela signifie que les sous-stations ne sont pas isolées les unes des autres en tant qu’entités indépendantes. Elles sont intégrées dans un réseau interconnecté où chaque nœud dépend des autres pour assurer la stabilité du flux électrique. Quand une sous-station majeure prend feu, ce n’est pas seulement cette structure spécifique qui souffre. C’est une perturbation en cascade qui se propage dans le système. L’électricité qui était distribuée par ce point doit être réacheminée par d’autres routes. Si ces alternatives sont elles-mêmes à capacité maximale ou sous stress, des défaillances en chaîne peuvent se produire. Des transformateurs surchargés éclatent. Des lignes haute tension se surcharent. Des blackouts régionaux se déclenchent. C’est précisément ce mécanisme que les planificateurs militaires ukrainiens visent quand ils sélectionnent leurs cibles.

Il y a une cruauté élégante dans cette approche. Non pas une cruauté sans bornes, mais une cruauté calculée. L’Ukraine ne cherche pas à maximiser les souffrances civiles en Russie—du moins, pas délibérément. Elle cherche plutôt à cibler les points nodaux qui alimentent les opérations militaires russes. Sauf que dans la réalité, cette distinction devient ténue. Une sous-station qui alimente une ville alimente aussi les casernes militaires, les usines d’armement, les dépôts de munitions. C’est la nature même d’une infrastructure énergétique : elle ne discrimine pas entre civils et militaires. Elle alimente tout le monde indistinctement.

Les transformateurs comme point faible critique

Au cœur de chaque sous-station électrique moderne se trouve une pièce d’équipement apparemment banale mais extraordinairement critique : le transformateur haute tension. Ces machines—certaines pesant plusieurs centaines de tonnes—sont responsables de la conversion de l’électricité haute tension en tensions utilisables pour la distribution régionale. Elles sont le lien essentiel entre les lignes de transmission longue distance et le réseau de distribution local. Ce qui rend les transformateurs hautement vulnérables, c’est leur spécificité extrême. Chaque transformateur est généralement conçu sur mesure pour répondre aux besoins précis d’une sous-station donnée. Il ne peut pas être simplement remplacé par n’importe quel autre transformateur comparable. Il faut un équivalent quasi exact. Les délais de fabrication pour un nouveau transformateur haute tension vont typiquement de 12 à 24 mois, selon le niveau de tension et la complexité du design.

Cela signifie qu’en cas de destruction d’un transformateur par une attaque drone ou missile—ce qui est précisément ce qui se produit dans ces incendies de sous-stations—la Russie fait face à une pénurie critique à court terme. Elle ne peut pas immédiatement remplacer le composant endommagé. Elle doit soit en importer un (ce qui est compliqué par les sanctions internationales), soit improviser des solutions de secours (des générateurs de remplacement, des lignes de contournement) qui sont moins efficaces et plus coûteuses. Les observateurs militaires ont noté que la Russie maintient une réserve stratégique de transformateurs pour exactement cette raison : anticiper les destructions en temps de guerre. Mais ces réserves ne sont pas illimitées. Selon certains rapports d’agences occidentales datant de novembre 2025, la Russie commencerait à manquer de transformateurs de remplacement. Chaque nouveau transformateur détruit représente une amputation progressive des capacités énergétiques sans perspectives réalistes de remplacement court terme.

C’est une forme de guerre qui procède par attrition. Pas l’attrition humaine brutale des combats de tranchées, mais l’attrition technique, l’épuisement des ressources matérielles. Et dans cette forme de conflit, l’Ukraine détient un avantage crucial : elle comprend les systèmes qu’elle attaque. Elle a grandi avec cette infrastructure électrique héritée de l’époque soviétique. Elle sait exactement où frapper pour maximiser les dégâts. La Russie, elle, défend ses propres systèmes, mais elle ne s’attendait jamais vraiment à devoir le faire sérieusement.

Sources

Sources primaires

Kyiv Independent – Drone debris sparks fire at Russian power substation in Krasnodar region (31 août 2025); CNN – Ukraine says ‘massive’ Russian attack targeted energy infrastructure (9 octobre 2025); Al Jazeera – Ukraine drone strikes throw power supplies into disarray in Russian cities (9 novembre 2025); Los Angeles Times – Ukrainian strikes disrupt power and heating to 2 major cities in Russia (8 novembre 2025); BBC – Russian drone attacks cause massive power cuts, Ukraine says (27 août 2025); Reuters – Ukraine strikes Russian power and heat station in Moscow region (23 novembre 2025); Kyiv Independent – Ukrainian attacks in Russia’s Belgorod, Kursk oblasts leave over 20,000 without power (7 novembre 2025); The Moscow Times – Ukrainian Strikes Cut Power in Kursk Region and Reportedly Ignite Fire at Ryazan Refinery (19 novembre 2025); RFE/RL – Ukraine Braces For Winter As Russia Escalates Energy Attacks (11 octobre 2025)

Sources secondaires

Brookings Institution – Ukraine’s energy sector is a key battleground in the war with Russia (10 mars 2025); Atlantic Council – Russian strikes on Ukraine’s energy infrastructure are a European problem (13 octobre 2025); Human Rights Watch – World Report 2025: Ukraine (15 janvier 2025); Texty.org.ua – What’s up with the power? How Russia destroys energy infrastructure (7 décembre 2022); Reuters – Ukraine in race to outfox Russian defences with drone attacks, commander says (24 octobre 2025); Novaya Gazeta EU – Ukrainian drones reportedly strike oil refinery in Ryazan (19 novembre 2025); NewsUkraine RBC – Russia no longer safe – Ukrainian drones changed (2 novembre 2025); War on the Rocks – The Electricity Front of Russia’s War Against Ukraine (2 février 2025); Wilson Center – Ukraine’s Winter Energy Crisis: Facing the Threat of Missiles and Default (1 avril 2025)

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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