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Trump, Maduro et l’ombre d’une frappe : un coup de fil qui peut tout faire basculer
Crédit: Adobe Stock

Une confirmation minimale, beaucoup de questions

Sur le papier, les faits sont simples. Interrogé par des journalistes dans l’avion présidentiel, Donald Trump confirme qu’il a parlé à Maduro, tout en précisant qu’il ne « veut pas commenter » et qu’il s’agit « d’un appel, ni bon ni mauvais ». Des médias américains rapportent que cette conversation aurait abordé l’idée d’une rencontre en personne sur le sol des États‑Unis, ainsi que, selon certaines sources, l’hypothèse de conditions de départ ou d’amnistie pour le dirigeant vénézuélien. Rien n’est officiellement confirmé, rien n’est officiellement démenti. La diplomatie classique – communiqués détaillés, lectures conjointes, explications patientes – est remplacée par des fuites contrôlées, des articles citant des sources anonymes et quelques phrases lâchées à la presse. Ce que l’on sait vraiment tient donc en peu de choses : il y a bien eu un contact direct au plus haut niveau, et ce contact se produit au moment précis où le risque d’une escalade militaire monte d’un cran.

Les scénarios derrière un appel si ambigu

Ce flou alimente plusieurs scénarios. Il peut s’agir d’un échange de pure pression, Trump rappelant à Maduro les accusations américaines de narco‑trafic, le mandat d’arrêt fédéral et la récompense promise pour son arrestation, tout en laissant entendre qu’un départ volontaire pourrait tout changer. Il peut aussi s’agir d’un test, une façon de jauger la solidité du régime vénézuélien, de mesurer ses lignes rouges avant de lancer de nouvelles opérations en mer ou sur terre. Certains imaginent une porte entrouverte pour une négociation plus large – liée aux sanctions pétrolières, au rôle de l’Opep, au sort d’opposants emprisonnés – mais rien, à ce stade, ne vient l’étayer clairement. Dans tous les cas, l’appel n’est pas neutre : il inscrit la crise vénézuélienne dans la grammaire familière des grandes puissances, faite de bâton, de carotte, de menaces à demi‑mot et de deals esquissés dans l’ombre, loin des regards des premiers concernés.

Comme chroniqueur, je me méfie autant de la paranoïa que de la naïveté. On ne sait pas exactement ce que Trump et Maduro se sont dit, et il faut l’assumer. Mais l’histoire nous a appris une chose : quand un dirigeant américain parle à un dirigeant fragilisé, sous sanctions, pendant que des troupes s’accumulent autour de ses frontières, la conversation n’est jamais innocente. Ce qui m’inquiète, ce n’est pas seulement ce qu’ils se sont dit, c’est ce que l’on ne saura peut‑être jamais : quels engagements ont été pris, quels ultimatums ont été lancés, quelles lignes ont été tracées pour « justifier » ce qui pourrait arriver ensuite. Cette zone d’ombre, dans un moment aussi tendu, n’est pas un détail technique, c’est un risque majeur.

Sources

Sources primaires

Reuters, « Trump confirms conversation with Venezuela’s Maduro », 1 décembre 2025. Reuters, « Venezuela’s National Assembly to investigate US boat strikes », 30 novembre 2025. Al Jazeera, « Venezuela calls on OPEC to counter US threats », 1 décembre 2025. Taipei Times / AFP, « Trump ramps up Venezuela threats, ‘closes’ airspace », 1 décembre 2025. Déclarations officielles du gouvernement du Venezuela et communiqués du ministère des Affaires étrangères vénézuélien sur les frappes américaines et l’« agression en préparation », novembre‑décembre 2025.

Sources secondaires

France 24, fil d’actualité international, mention « Trump confirme un échange avec Maduro, le Venezuela alerte sur “une agression en préparation” », 1 décembre 2025. Le Monde, « Donald Trump confirme avoir échangé directement avec Nicolás Maduro », 1 décembre 2025. Council on Foreign Relations (Global Conflict Tracker), « U.S. Confrontation With Venezuela », mise à jour octobre 2025. Atlantic Council, analyses sur la campagne américaine contre le trafic de drogue en provenance du Venezuela, novembre 2025. Études et articles de fond sur les routes de la cocaïne passant par le Venezuela vers l’Europe, notamment Wall Street Journal, 2025.

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