Une confirmation minimale, beaucoup de questions
Sur le papier, les faits sont simples. Interrogé par des journalistes dans l’avion présidentiel, Donald Trump confirme qu’il a parlé à Maduro, tout en précisant qu’il ne « veut pas commenter » et qu’il s’agit « d’un appel, ni bon ni mauvais ». Des médias américains rapportent que cette conversation aurait abordé l’idée d’une rencontre en personne sur le sol des États‑Unis, ainsi que, selon certaines sources, l’hypothèse de conditions de départ ou d’amnistie pour le dirigeant vénézuélien. Rien n’est officiellement confirmé, rien n’est officiellement démenti. La diplomatie classique – communiqués détaillés, lectures conjointes, explications patientes – est remplacée par des fuites contrôlées, des articles citant des sources anonymes et quelques phrases lâchées à la presse. Ce que l’on sait vraiment tient donc en peu de choses : il y a bien eu un contact direct au plus haut niveau, et ce contact se produit au moment précis où le risque d’une escalade militaire monte d’un cran.
Les scénarios derrière un appel si ambigu
Ce flou alimente plusieurs scénarios. Il peut s’agir d’un échange de pure pression, Trump rappelant à Maduro les accusations américaines de narco‑trafic, le mandat d’arrêt fédéral et la récompense promise pour son arrestation, tout en laissant entendre qu’un départ volontaire pourrait tout changer. Il peut aussi s’agir d’un test, une façon de jauger la solidité du régime vénézuélien, de mesurer ses lignes rouges avant de lancer de nouvelles opérations en mer ou sur terre. Certains imaginent une porte entrouverte pour une négociation plus large – liée aux sanctions pétrolières, au rôle de l’Opep, au sort d’opposants emprisonnés – mais rien, à ce stade, ne vient l’étayer clairement. Dans tous les cas, l’appel n’est pas neutre : il inscrit la crise vénézuélienne dans la grammaire familière des grandes puissances, faite de bâton, de carotte, de menaces à demi‑mot et de deals esquissés dans l’ombre, loin des regards des premiers concernés.
Comme chroniqueur, je me méfie autant de la paranoïa que de la naïveté. On ne sait pas exactement ce que Trump et Maduro se sont dit, et il faut l’assumer. Mais l’histoire nous a appris une chose : quand un dirigeant américain parle à un dirigeant fragilisé, sous sanctions, pendant que des troupes s’accumulent autour de ses frontières, la conversation n’est jamais innocente. Ce qui m’inquiète, ce n’est pas seulement ce qu’ils se sont dit, c’est ce que l’on ne saura peut‑être jamais : quels engagements ont été pris, quels ultimatums ont été lancés, quelles lignes ont été tracées pour « justifier » ce qui pourrait arriver ensuite. Cette zone d’ombre, dans un moment aussi tendu, n’est pas un détail technique, c’est un risque majeur.
Section 3 : l’« agression en préparation » selon Caracas
Une lettre très politique à l’Opep
Face à ce climat explosif, le président Nicolás Maduro a choisi une arme singulière : une lettre à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, adressée aussi à ses partenaires de l’Opep+. Dans ce texte rendu public par les médias d’État, il accuse les États‑Unis de chercher à « s’emparer » des immenses réserves de brut vénézuéliennes et dénonce l’usage de la force militaire létale contre le territoire et les institutions de son pays. Il appelle explicitement les autres producteurs à l’aider à « stopper l’agression qui se renforce », en brandissant la menace d’un déséquilibre du marché énergétique mondial. Ce message, très construit, ne s’adresse pas seulement aux gouvernements : il parle aussi aux traders, aux investisseurs, à tout un écosystème qui redoute chaque secousse sur le prix du baril. Maduro y recadre la crise comme une bataille autour d’une ressource rare, bien au‑delà des seules frontières vénézuéliennes, en espérant que la peur d’un nouveau choc pétrolier freine les ardeurs de Washington.
Une obsession, entre mémoire et propagande
Depuis des années, le pouvoir vénézuélien répète la même alerte : une intervention américaine serait en préparation, sous couvert tantôt de droits humains, tantôt de démocratie, tantôt de lutte contre la drogue. Cette rhétorique n’est pas née d’hier. Elle plonge ses racines dans la tentative de coup d’État de 2002 contre Hugo Chávez, dans la longue histoire des renversements de gouvernements soutenus – ou encouragés – par Washington en Amérique latine, et dans les sanctions économiques qui ont progressivement asphyxié l’économie vénézuélienne. Pour beaucoup d’opposants, ce discours n’est qu’un instrument de propagande pour serrer les rangs, criminaliser la dissidence et justifier un verrouillage autoritaire. Pour le camp présidentiel, il serait au contraire une simple lucidité sur les intentions réelles des États‑Unis. Le problème, c’est que la conjoncture actuelle – frappes en mer, menaces sur l’espace aérien, déploiement naval massif – rapproche dangereusement la propagande des faits.
Quand je lis l’expression « agression en préparation », j’ai un réflexe double. D’un côté, je vois l’outil classique d’un pouvoir assiégé qui a besoin d’un ennemi extérieur pour tenir. De l’autre, je reconnais une inquiétude qui n’est pas totalement fantasmée. L’histoire récente de la région est saturée d’interventions et de jeux de dominos géopolitiques. Ce n’est pas minimiser les dérives internes du régime Maduro que de dire ceci : même un gouvernement autoritaire peut être la cible d’une aventure militaire dangereuse. Et c’est précisément ce mélange de réel et d’exagération qui rend cette crise si difficile à lire… et si dangereuse à vivre pour ceux qui n’ont aucune échappatoire.
Section 4 : l’espace aérien « fermé » et la diplomatie de la menace
Une phrase en ligne qui fait trembler des avions bien réels
La phrase de Donald Trump a été rédigée en lettres capitales sur son réseau social : les compagnies aériennes, les pilotes, les trafiquants de drogue et les réseaux de traite humaine sont invités à considérer que « l’espace aérien au‑dessus et autour du Venezuela est fermé ». Juridiquement, les États‑Unis ne peuvent pourtant pas décréter unilatéralement la fermeture du ciel d’un autre pays ; ils peuvent seulement interdire à leurs propres compagnies d’y voler et émettre des recommandations de sécurité. Mais sur le plan politique, le message est clair : il s’agit d’un signal d’avertissement, qui s’ajoute aux avertissements déjà publiés par l’autorité américaine de l’aviation civile. Dans les jours qui suivent, plusieurs grandes compagnies suspendent leurs vols, Caracas révoque leurs licences pour « avoir participé aux actions hostiles », et c’est toute la circulation aérienne régionale – y compris les vols de rapatriement de migrants – qui se retrouve prise dans le choc de deux volontés souveraines.
Un bras de fer aussi juridique que symbolique
Du point de vue du droit international aérien, chaque État détient une souveraineté exclusive sur l’espace situé au‑dessus de son territoire, principe inscrit dans la Convention de Chicago de 1944. Quand Washington joue avec l’idée qu’un autre ciel serait « fermé », il touche donc à un symbole central : celui de la souveraineté, déjà fragilisée par les sanctions, les opérations de renseignement et les frappes au‑delà des frontières. De son côté, le gouvernement vénézuélien saisit l’occasion pour dénoncer un acte « extravagant, illégal et injustifié », appelant la communauté internationale à rejeter ce qu’il décrit comme une nouvelle agression. Au‑delà de la querelle juridique, le message envoyé aux acteurs économiques est limpide : la zone se rapproche d’un statut de quasi‑théâtre d’opérations. Les prix du pétrole, les flux de capitaux et les calculs des grandes compagnies se réajustent en silence à ce risque soudainement plus concret.
On pourrait sourire de cette diplomatie par posts et slogans si les conséquences n’étaient pas si lourdes. Un dirigeant tape une phrase en majuscules sur son téléphone, et derrière, de vrais équipages changent de trajectoire, des familles voient leur vol annulé, des migrants coincés dans des centres de rétention se retrouvent sans avion pour rentrer. C’est cette disproportion qui me frappe : la légèreté du geste d’un côté, le poids concret de l’autre. On parle de « souveraineté », de « ciel fermé », de « menace colonialiste » : des mots énormes qui glissent parfois trop facilement, mais qui, mis bout à bout, fabriquent une réalité où chaque erreur de calcul peut se payer au prix fort.
Section 5 : la guerre aux drogues comme prétexte stratégique ?
Des frappes en mer aux frontières du droit
Depuis septembre, la Maison Blanche revendique une campagne de frappes contre des embarcations présentées comme des bateaux de narcotrafiquants vénézuéliens, dans la mer des Caraïbes et le Pacifique oriental. Au moins plusieurs dizaines de personnes ont trouvé la mort et de nombreux navires ont été détruits. Le secrétaire à la Défense assume des opérations « létales », pendant que des articles de presse révèlent qu’un second tir aurait visé des survivants d’une première frappe, déclenchant des appels à enquête au Congrès et des critiques de juristes parlant de possibles violations du droit international humanitaire. À Caracas, le Parlement dominé par les partisans de Maduro annonce une commission d’enquête sur ce qu’il décrit comme des « attaques criminelles » contre des civils. Washington assure de son côté que ces opérations ciblent des réseaux responsables de ravages sanitaires aux États‑Unis. Mais l’absence de preuves publiques sur la nature exacte des bateaux pulvérisés entretient un malaise profond.
Narco‑État ou narco‑récit ?
Pour justifier ce dispositif militaire exceptionnel, l’administration Trump présente le Venezuela comme un maillon central du trafic de cocaïne, un régime complice des cartels, avec un président déjà mis en accusation devant la justice américaine pour des faits liés au trafic de stupéfiants. En face, Caracas dément et assure déployer des milliers de soldats contre les réseaux criminels, accusant Washington de maquiller une stratégie de changement de régime sous les habits d’une croisade antidrogue. Des analyses indépendantes montrent, elles, un tableau plus complexe : le pays est bien devenu un corridor important sur certaines routes de la cocaïne, notamment vers l’Europe en passant par l’Afrique de l’Ouest, mais les responsabilités sont fragmentées entre groupes criminels, zones grises de l’appareil sécuritaire et acteurs transnationaux. Le récit du « narco‑État » simplifie brutalement cette réalité, et surtout, il ouvre la porte à une militarisation dont les effets dépassent largement la lutte contre les trafics.
Je l’avoue, j’ai de plus en plus de mal à croire à la sincérité des grandes « guerres à la drogue ». Les chiffres, les enquêtes, les décennies de recul racontent autre chose : la prohibition nourrit les marges, les marges appellent la répression, la répression justifie toujours plus de moyens militaires. Et au bout, ce sont souvent les mêmes qui tombent – pas les grands organisateurs, mais les équipages, les petits intermédiaires, les anonymes pris dans un tir de missile. Quand un gouvernement proclame qu’il va régler un problème aussi profond « par la force », surtout loin de ses propres frontières, je ne peux m’empêcher de voir un prétexte potentiel, un costume commode pour d’autres objectifs plus stratégiques.
Section 6 : pétrole, Opep et peur d’un hold‑up géopolitique
Le baril, nerf caché de la crise
Le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, mais une industrie laminée par la sous‑investissement, la corruption et les sanctions américaines. Dans sa lettre à l’Opep, Maduro martèle que l’« agression » en cours viserait in fine ces ressources, qui demeurent un enjeu majeur dans un monde toujours dépendant des hydrocarbures malgré les discours climatiques. Il prévient les membres du cartel qu’une déstabilisation violente de son pays pourrait faire peser un risque sur l’« équilibre du marché énergétique », alors que celui‑ci est déjà bousculé par d’autres crises. De son côté, Trump promet de « forer, encore et toujours » sur le sol américain et d’encourager une production massive, tout en menant une politique agressive de sanctions et de tarifs contre les acheteurs de brut vénézuélien. La bataille se joue donc autant sur les mers et les réseaux sociaux que sur les places financières où se fixe le prix du baril.
Un pays déjà étouffé par les sanctions
Depuis la première présidence de Donald Trump, les sanctions visant le secteur énergétique vénézuélien ont coupé le pays d’une grande partie de ses débouchés, réduisant ses exportations à une fraction de ce qu’elles étaient. Des exemptions ponctuelles, accordées à certaines compagnies étrangères lors de phases de négociation, ont créé un paysage fragmenté, où chaque cargaison devient un objet de transaction géopolitique. Dans ce contexte, la menace d’une escalade militaire n’est pas une simple dimension supplémentaire : elle pèse sur chaque décision d’investir, de restaurer un champ pétrolier, de signer un contrat de long terme. Pour un régime déjà en crise, l’idée que Washington puisse utiliser sa force armée pour remodeler le secteur énergétique régional n’a rien d’abstrait. La frontière entre pression économique et contrainte militaire devient poreuse, et ce brouillage nourrit la conviction, au sommet de l’État vénézuélien, que l’enjeu dépasse largement la seule rhétorique antidrogue.
Les discours officiels aiment séparer les registres : ici la sécurité, là l’économie, plus loin l’écologie. Mais dans un cas comme celui‑ci, tout se superpose. On ne peut pas faire comme si les plus grandes réserves de pétrole de la planète n’avaient rien à voir avec la fixation soudaine des regards et des missiles sur une côte caribéenne. Je ne dis pas que tout se résume au pétrole – ce serait trop simple – mais je n’arrive pas à croire non plus que ce soit un facteur secondaire. Chaque fois qu’un pays riche en ressources se retrouve encerclé de navires étrangers, l’histoire récente nous rappelle à quel point le mot « sécurité énergétique » peut servir de clé pour ouvrir des portes que l’on aurait juré fermées par le droit international.
Section 7 : un déploiement militaire qui change la carte de la Caraïbe
La mer des Caraïbes comme théâtre d’opérations
En quelques mois, la présence militaire américaine dans la région a pris une ampleur qu’on n’avait plus vue depuis longtemps. Porte‑avions, navires amphibies, destroyers, garde‑côtes, plusieurs milliers de militaires et de marins composent désormais un dispositif robuste présenté comme une réponse au trafic de stupéfiants. Au‑delà des chiffres, ce qui frappe, c’est la densité géographique de cette présence : des bases réactivées, des escales dans des îles stratégiques, des survols répétés à proximité de l’espace aérien vénézuélien. Certains voisins, comme Trinité‑et‑Tobago ou des territoires caribéens liés aux États‑Unis, participent aux exercices conjoints ou accueillent des moyens logistiques. D’autres, plus prudents, observent en silence, craignant autant l’extension du conflit que la colère de Washington s’ils s’y opposent frontalement. La carte de la région ressemble de plus en plus à un damier de points d’appui, sur lequel le Venezuela apparaît comme une pièce isolée.
Un équilibre régional renversé
Cette transformation ne se fait pas dans le vide. Pour certains États, comme la Guyana, en conflit territorial avec le Venezuela autour de la région de l’Essequibo, la pression américaine sur Caracas est presque vue comme une forme de protection indirecte. D’autres gouvernements, inquiets de voir ressurgir le spectre d’interventions unilatérales, appellent au contraire à la retenue, rappelant que l’Amérique latine a payé cher ce type de démonstrations de force. Au‑delà des réactions officielles, une donnée s’impose : la Caraïbe, longtemps considérée comme un arrière‑plan discret des rivalités globales, redevient un espace central, où se croisent intérêts américains, ambitions russes ou chinoises, routes de la drogue et lignes de ravitaillement énergétique. Dans ce paysage, chaque navire supplémentaire, chaque escale prolongée, chaque manœuvre d’avions de combat ajoute une couche de tension à un équilibre déjà fragile.
J’ai souvent sous les yeux ces cartes militaires qu’on utilise dans les rapports stratégiques : des symboles, des flèches, des cercles de portée radar. À force, on oublie qu’un triangle bleu, c’est un navire rempli de vies humaines, que la ligne rouge d’une trajectoire de missile, ce sont des secondes de panique pour ceux qui la voient approcher. Dans le dossier vénézuélien, la mer des Caraïbes risque de redevenir un tableau de ce genre, avec ses zones d’exclusion, ses couloirs de tir, ses « dommages collatéraux » qu’on finit toujours par décrire en langage aseptisé. C’est précisément ce glissement vers l’abstraction que j’essaie de combattre : derrière chaque décision d’envoyer un bateau de plus, il y a la possibilité d’un accident qui, lui, ne sera jamais abstrait.
Section 8 : droit international, lignes rouges et zones grises
Les opérations en mer, un terrain juridique mouvant
Les frappes contre les bateaux suspectés de narcotrafic s’inscrivent dans une zone complexe du droit international. Les États‑Unis invoquent leur droit à protéger leur population contre des substances qu’ils estiment provenir pour partie de ces routes maritimes, avec l’accord de certains pays côtiers ou dans des espaces internationaux. Mais la manière dont ces opérations sont conduites – manque de transparence sur les cibles, absence de procédure judiciaire, tirs répétés sur des embarcations déjà neutralisées – alimente les critiques de juristes et d’ONG, qui y voient de possibles exécutions sommaires. Le fait que ces actions se déroulent en dehors du territoire américain brouille encore davantage la limite entre police internationale et usage de la force armée. Tant que la confrontation reste confinée aux mers, Washington parvient à maintenir l’argument d’une campagne de sécurité régionale. Mais chaque tir rapproche un peu plus le débat d’une question plus frontale : jusqu’où peut‑on aller sans franchir ouvertement le seuil d’un conflit armé ?
Franchir la frontière, changer de monde
Une éventuelle frappe sur le territoire vénézuélien – qu’elle cible des installations militaires, des pistes d’atterrissage ou des infrastructures associées au trafic de drogue – changerait radicalement de registre. Elle poserait immédiatement la question de la légalité au regard de la Charte des Nations unies, qui n’admet l’usage de la force que dans des cas de légitime défense ou d’autorisation explicite du Conseil de sécurité. Or une telle autorisation paraît hautement improbable dans un contexte de rivalités entre grandes puissances. En clair, toute opération terrestre ou aérienne directe serait perçue par une grande partie de la communauté internationale comme une intervention unilatérale, même si Washington tentait de la présenter comme une extension de sa lutte contre le trafic de drogue. Le passage de la mer au sol ne serait donc pas une simple « étape suivante » : ce serait un basculement dans un autre univers normatif, avec des conséquences politiques, juridiques et humaines autrement plus lourdes.
On sous‑estime souvent à quel point le droit international est fragile, presque précaire. Il tient sur des textes, oui, mais surtout sur une forme de retenue, de prudence mutuelle. Quand un État puissant commence à tester les limites – d’abord en mer, puis dans les airs, enfin éventuellement sur terre – il ne fait pas qu’« envoyer un message » : il ponce peu à peu une barrière symbolique. Et à force de répéter qu’il ne faut « rien lire de particulier » dans une déclaration ou une frappe, on finit par rendre l’exception banale. C’est cette banalisation qui me fait peur dans le cas vénézuélien : le risque qu’un pas de plus apparaisse soudain comme raisonnable, simplement parce que tous les pas précédents ont déjà été franchis sans conséquences immédiates.
Section 9 : ce que disent les voisins latino‑américains
Entre soutien discret et refus de servir de base arrière
Les réactions régionales à la montée des tensions sont loin d’être uniformes. Certains gouvernements dénoncent ouvertement la perspective d’une opération militaire américaine contre le Venezuela et réaffirment le principe de non‑ingérence, rappelant que toute action sans mandat collectif serait perçue comme une agression contre l’ensemble du continent. D’autres pays, tout en refusant officiellement de participer à une intervention, tolèrent ou acceptent des formes de coopération sécuritaire accrue avec Washington, notamment en matière de renseignement et de surveillance maritime. Quelques voisins, enfin, voient dans le durcissement de la position américaine un moyen de contenir les débordements d’un régime qu’ils jugent déstabilisateur, qu’il s’agisse de flux migratoires, de circulation d’armes ou de tensions frontalières. Cette mosaïque de positions reflète une réalité simple : pour beaucoup de capitales latino‑américaines, la crise vénézuélienne est à la fois un risque à gérer et un dossier à manier avec une prudence extrême.
Guyana, Essequibo et les contentieux qui s’enchevêtrent
La situation est encore plus complexe pour des pays directement concernés par des litiges territoriaux avec le Venezuela, à commencer par la Guyana. Le contentieux autour de la région de l’Essequibo, riche en hydrocarbures offshore, a déjà suscité des incidents militaires et une inquiétude grandissante ces dernières années. Pour Georgetown, voir les États‑Unis renforcer leur présence navale et aérienne dans la zone a un double effet : rassurant, car cela peut dissuader Caracas de pousser plus loin ses revendications, mais aussi potentiellement dangereux, car une escalade incontrôlée renverrait directement à sa propre sécurité. D’autres voisins observent avec appréhension ce chevauchement entre un dossier de frontières déjà inflammable et une confrontation plus large entre Washington et Maduro. Le risque, là encore, est que la multiplication des foyers de tension produise, à la moindre étincelle, une crise aux contours impossibles à maîtriser.
L’Amérique latine porte en elle une mémoire lourde. Coup d’État ici, invasion là, opérations secrètes ailleurs : la région sait trop bien ce que veut dire servir de théâtre d’expérimentation à des stratégies censées « stabiliser » un continent. C’est pour cela que j’écoute avec attention les voix, parfois hésitantes, qui rappellent aujourd’hui que la solution au drame vénézuélien ne peut pas venir d’une démonstration de force extérieure. Oui, le régime est critiquable. Oui, la souffrance économique est immense. Mais quand les avions étrangers commencent à tourner autour d’un pays déjà fracturé, les lignes de fracture internes se mélangent vite aux agendas extérieurs, et l’histoire nous montre qu’on en sort rarement indemne.
Section 10 : l’armée vénézuélienne face au spectre d’une frappe
Une force affaiblie, mais loin d’être inexistante
On caricature souvent les forces armées vénézuéliennes comme un appareil usé, mal équipé, sapé par la corruption et le clientélisme. Une partie de ce portrait correspond à une réalité : équipements vieillissants, difficultés de maintenance, fuite de cadres et d’ingénieurs, pénurie de pièces détachées. Mais le pays conserve des capacités non négligeables, notamment en défense aérienne, en missiles sol‑air et en unités d’infanterie aguerries par des années de déploiements internes. Le pouvoir a également mis en place des milices civiles loyales, intégrées à une logique de « défense intégrale » du territoire. Face à une armée américaine technologiquement supérieure, ces moyens ne suffiraient évidemment pas à gagner un affrontement frontal prolongé. Ils seraient en revanche suffisants pour rendre toute opération terrestre coûteuse, incertaine, et pour multiplier les points de friction où la moindre erreur de calcul pourrait se transformer en drame.
La stratégie du coût politique
Conscient de ce déséquilibre, le pouvoir vénézuélien ne mise pas sur une victoire militaire classique, mais sur une stratégie de coût. L’idée est simple : montrer que toute attaque directe sur le territoire entraînerait des pertes, des images difficiles à assumer pour Washington et un prix politique élevé à payer sur le long terme. C’est le sens des exercices de défense diffusés à la télévision, des discours martelant que le pays deviendrait un « champ de résistance » en cas d’agression, et de la rhétorique liant la lutte contre l’ennemi extérieur à la survie de la révolution bolivarienne. Le message est autant tourné vers l’intérieur – pour maintenir la cohésion d’un appareil fragilisé – que vers l’extérieur, où il s’agit de convaincre que le jeu n’en vaudrait pas la chandelle. Mais cette logique comporte un revers : plus on dramatise le coût potentiel d’une attaque, plus on expose sa population à devenir, en cas de passage à l’acte, la cible et le support d’une résistance longue et douloureuse.
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette manière de raisonner en « coût politique ». On parle de vies, mais on les transforme en variable d’ajustement : combien de victimes, combien de destructions seraient nécessaires pour dissuader un adversaire ? Ce langage n’est pas propre au Venezuela, ni aux États‑Unis d’ailleurs. C’est celui de toutes les doctrines de puissance. Pourtant, le regarder à l’œuvre dans un pays déjà épuisé, déjà fracturé par des années de crise, me met mal à l’aise. Ni les soldats américains, ni les conscrits vénézuéliens, ni les civils pris au milieu n’ont choisi ce calcul. Ils en deviendraient les chiffres, rien de plus.
Section 11 : le calcul intérieur de Trump, entre guerre et campagne permanente
Une présidence qui mise sur la démonstration de force
Pour comprendre la posture de Donald Trump vis‑à‑vis du Venezuela, il faut regarder au‑delà de Caracas. À l’intérieur des États‑Unis, la promesse de « mettre fin au trafic de drogue venu de l’étranger » nourrit un récit politique puissant, combinant sécurité intérieure, lutte contre la criminalité et affirmation de l’autorité présidentielle. La stratégie vénézuélienne s’inscrit dans ce registre : montrer un chef d’État prêt à aller plus loin que ses prédécesseurs, quitte à redéfinir les limites de l’usage de la force à l’extérieur. Les frappes en mer, la fermeture symbolique de l’espace aérien, le discours sur d’éventuelles opérations terrestres complètent une image de dirigant qui « ne recule pas ». Dans ce cadre, une conversation téléphonique avec Maduro n’est pas un geste de conciliation, mais un épisode de plus dans une mise en scène de fermeté, où l’on peut à la fois parler à l’adversaire et le menacer de manière crédible.
Un Congrès inquiet, mais pas encore bloquant
Face à cette trajectoire, des voix s’élèvent au Congrès américain, y compris dans le camp républicain, pour rappeler que la Constitution confie le pouvoir de déclarer la guerre aux élus et non au président seul. Des sénateurs et représentants exigent des explications sur les frappes en mer, demandent des garanties sur l’absence d’opération terrestre sans mandat, et mettent en garde contre le risque d’« autre conflit coûteux ». Mais l’équilibre politique actuel, favorable à Trump dans les deux chambres, limite la portée de ces critiques, qui restent pour l’instant au stade de déclarations et d’annonces d’enquêtes. Tant que les opérations restent en‑deçà du seuil d’une intervention ouverte, la tentation est grande, à Washington, de laisser le président jouer la carte de la fermeté extérieure sans entrer dans une confrontation institutionnelle frontale. C’est là une ambiguïté dangereuse : la ligne rouge pourrait n’apparaître qu’une fois franchie.
Regarder ce dossier uniquement depuis Caracas, c’est manquer la moitié du tableau. Une partie de la crise vénézuélienne se joue en réalité dans l’obsession qu’a Donald Trump de se montrer fort aux yeux de son électorat, d’incarner un président qui « agit » là où d’autres auraient hésité. C’est une logique qui dépasse ce seul cas : elle s’est exprimée sur d’autres terrains, d’autres dossiers. Mais ici, le terrain est un État déjà au bord de l’effondrement, déjà broyé par la crise économique. Quand la politique intérieure d’une superpuissance rencontre la vulnérabilité extrême d’un pays périphérique, l’issue est rarement équilibrée. Et c’est précisément cette asymétrie qui me hante en écrivant ces lignes.
Section 12 : Maduro entre instinct de survie et mémoire des coups d’État
Un pouvoir obsédé par sa propre survie
Du côté vénézuélien, la lecture de la crise est d’abord filtrée par un impératif : la survie du régime. Nicolás Maduro dirige un État aux institutions affaiblies, à l’économie ruinée, soumis à une contestation interne persistante et à un isolement diplomatique partiel. Le pouvoir a répondu par une recentralisation extrême, une marginalisation de l’opposition, des élections contestées et une forte imbrication entre l’appareil politique, militaire et sécuritaire. Dans ce contexte, chaque geste de Washington – sanction, déclaration, déploiement militaire – est perçu à Caracas comme un élément d’un scénario d’éviction plus large. La tentative de coup d’État contre Chávez en 2002, jugée par beaucoup comme au moins tolérée par les États‑Unis, reste un traumatisme structurant dans la culture politique bolivarienne. Elle alimente une vigilance paranoïaque, où toute critique internationale peut être rangée dans la catégorie des menaces existentielles.
Propagande d’État et peur rationnelle
Il serait cependant trop simple de réduire la rhétorique de Maduro à une pure invention. La montée en gamme militaire américaine, les propos très agressifs de responsables de Washington, les rumeurs répétées de scénarios de renversement ou d’arrestation du président contribuent à nourrir une peur qui, par certains aspects, repose sur des éléments concrets. Le régime en joue évidemment, utilisant le vocabulaire de la « patrie assiégée » pour cimenter sa base, marginaliser les critiques internes et présenter toute alternative politique comme un cheval de Troie de l’intervention étrangère. Mais au cœur de cette mise en scène, il existe une inquiétude rationnelle : celle d’un système qui sait qu’il ne dispose que de peu d’alliés solides, que ses marges de manœuvre économiques sont limitées, et que sa survie dépend en grande partie de sa capacité à convaincre qu’une attaque contre lui serait dangereuse pour tous. C’est cette articulation entre propagande et lucidité qui rend la position du régime si difficile à appréhender de l’extérieur.
Je refuse de romantiser le pouvoir en place à Caracas. Les atteintes aux libertés, la répression, l’effondrement des services publics, tout cela est documenté et ne peut pas être balayé d’un revers de main au nom d’un quelconque réflexe « anti‑impérialiste ». Mais je refuse tout autant de me raconter l’histoire confortable d’un conflit entre un « tyran » isolé et une communauté internationale vertueuse. La réalité est plus sale, plus mélangée. Oui, Maduro instrumentalise la menace extérieure. Oui, il a aussi de bonnes raisons de se sentir menacé. Et c’est précisément parce que les deux sont vrais en même temps que cette crise est si explosive. Les récits simplistes, eux, ne prennent aucun risque ; ce sont les populations qui les paient.
Section 13 : le risque d’erreur, de bavure, d’irréparable
Quand le ciel et la mer deviennent des zones d’ombre
La multiplication des appareils militaires dans un espace restreint – avions de chasse, drones, navires, radars, systèmes de défense – augmente mécaniquement le risque d’incident incontrôlé. Un avion identifié à tort, un radar mal interprété, une communication brouillée, et ce qui n’était qu’une démonstration de force peut se transformer en confrontation directe. Les frappes contre des bateaux accusés de narcotrafic ont déjà montré à quel point la frontière entre cible légitime et drame humanitaire peut être ténue, surtout lorsqu’aucune procédure judiciaire ne vient encadrer l’usage de la force. Dans un tel contexte, la moindre décision prise dans l’urgence – un tir de missile, un ordre de poursuite, un changement de trajectoire – peut déclencher une chaîne d’événements qui dépasse les intentions initiales des responsables politiques. C’est le propre des dispositifs militaires : ils créent des possibilités que personne ne contrôle totalement.
Une crise gouvernée par des messages impulsifs
Ce risque est aggravé par la manière dont la communication politique autour de cette crise est conduite, notamment côté américain. Des décisions potentiellement lourdes de conséquences sont annoncées ou suggérées via des messages en ligne, parfois rédigés dans un style improvisé, sans le filtre que fournissait autrefois le long circuit des communiqués diplomatiques. Le fameux message sur l’espace aérien « fermé » en est un exemple frappant : en quelques lignes, il a généré des réactions en chaîne dans les chancelleries, les compagnies aériennes, les armées. Cette gouvernance par impulsions rend encore plus difficile la lecture des signaux, pour Caracas comme pour les acteurs régionaux. Faut‑il prendre chaque phrase au pied de la lettre ? La considérer comme un simple effet de style ? Ou comme un test de réaction avant un acte plus concret ? Dans ce brouillard communicatif, le risque de méprise est constant.
Ce qui me hante le plus, ce ne sont pas seulement les scénarios d’« opération majeure » que l’on évoque parfois dans les analyses. C’est l’idée qu’un jour, une phrase lâchée un peu vite, un ordre mal formulé, un radar mal lu puissent déclencher un engrenage irréversible. Nous vivons à une époque où le temps politique s’est accéléré, où la recherche du buzz l’emporte souvent sur la patience diplomatique. Et pourtant, les missiles, eux, n’ont pas changé de nature : ils ne comprennent ni l’ironie ni la nuance. Ils vont là où on les envoie. C’est cet écart entre la légèreté apparente de la parole et la gravité implacable de l’action qui me semble, ici, le plus dangereux.
Section 14 : que pèsera encore la communauté internationale ?
Un système multilatéral en panne de réflexes
Face à la montée des tensions, la communauté internationale donne pour l’instant le sentiment de courir derrière les événements. Le Conseil de sécurité des Nations unies est paralysé par les rivalités entre grandes puissances, chacune ayant ses propres intérêts dans la région et dans le marché énergétique mondial. Des appels à la retenue émergent de la part de certains États, de l’Union européenne, d’organisations régionales latino‑américaines, mais sans traduction immédiate en mécanismes concrets de désescalade. L’architecture multilatérale, déjà épuisée par d’autres crises, peine à produire des initiatives crédibles, qu’il s’agisse de missions d’observation, de médiation structurée ou de garanties collectives. Pendant ce temps, la dynamique sur le terrain est dictée par les décisions unilatérales de Washington et les réactions de Caracas, dans un face‑à‑face où les acteurs extérieurs semblent réduits au rôle de commentateurs.
Opep, Europe, société civile : les autres leviers
Il existe pourtant des espaces où des pressions peuvent s’exercer. L’Opep et ses partenaires peuvent jouer un rôle en rappelant que la stabilité du marché énergétique exige d’éviter toute rupture violente de production ou de transport dans la région. L’Union européenne, qui a déjà sanctionné des responsables vénézuéliens tout en gardant un canal de dialogue, pourrait pousser plus fortement pour des mécanismes de vérification et de médiation, à condition de ne pas se contenter de déclarations générales. La société civile internationale – ONG, mouvements de solidarité, réseaux d’experts – peut documenter les conséquences humaines des frappes, alerter sur les risques de violations massives des droits, et peser sur l’opinion publique dans les pays impliqués. Ces leviers ne suffiront pas à eux seuls à stopper une aventure militaire si elle était décidée. Mais ils peuvent en augmenter le coût politique, rendre plus visible ce qui est souvent relégué en bas de page : le sort de celles et ceux qui subissent les décisions prises loin d’eux.
J’aimerais pouvoir écrire que la communauté internationale va se lever d’un seul bloc, exiger la désescalade, imposer un cadre de négociation. La vérité, c’est qu’elle se réveille rarement aussi vite. Les institutions sont lourdes, les priorités multiples, les rivalités nombreuses. Mais cela ne veut pas dire que rien ne peut être fait. Chaque prise de position claire, chaque enquête publiée, chaque pression exercée compte. On ne pourra pas dire, plus tard, que cette crise s’est déroulée dans le silence. Les signaux sont là, partout. La question, c’est ce que nous décidons d’en faire – ou de ne pas en faire.
Conclusion : ce coup de fil que l’histoire n’a pas encore tranché
Rester lucide dans le vacarme
Au cœur de cette crise, il y a toujours ce coup de téléphone dont on ignore presque tout, sinon qu’il a bien eu lieu. Certains y voient la preuve qu’une fenêtre de négociation demeure, d’autres un simple épisode dans une stratégie de pression maximale. Entre‑temps, les navires restent positionnés, les avions continuent de survoler la région, les commissions d’enquête se mettent en place à Caracas comme à Washington, et les lettres circulent jusqu’aux bureaux de l’Opep. La tentation est grande de choisir un récit simple : celui de l’intervention imminente ou celui du bluff permanent. Mais la réalité, plus inconfortable, tient dans cette incertitude : nous sommes dans un moment où tout est possible, du compromis laborieux à l’embrasement. Rester lucide, c’est accepter de ne pas confondre signaux, intentions et décisions, sans pour autant minimiser la gravité de ce qui se joue.
Ce que cette nuit vénézuélienne dit de nous
Car au fond, la crise vénézuélienne raconte aussi quelque chose de plus large. Elle révèle notre capacité collective à tolérer des zones d’exception où l’on accepte plus facilement les morts en mer, les sanctions massives, les menaces militaires, tant qu’elles restent loin de nos frontières immédiates. Elle montre comment des mots comme « lutte contre la drogue », « défense de la démocratie » ou « protection des ressources » peuvent être mobilisés pour justifier des dispositifs de force dont les premières victimes sont rarement les décideurs. Elle met enfin en lumière la fragilité d’un ordre international qui n’oppose plus qu’une résistance limitée à la tentation, pour les plus puissants, de redéfinir les règles à leur avantage. Dans ce tableau, le coup de fil entre Trump et Maduro n’est ni une note de bas de page, ni un tournant déjà scellé ; c’est un moment suspendu. La manière dont nous le lirons, dont nous y répondrons, dira beaucoup de la place que nous laissons encore, ou non, au droit, à la prudence et à la dignité humaine dans nos affaires collectives.
Je termine cette chronique avec un sentiment mêlé. D’un côté, la peur très concrète qu’un pays déjà brisé soit emporté par un engrenage qu’il ne contrôle pas. De l’autre, la conviction que rien n’est encore écrit, que l’histoire n’a pas tranché ce que deviendra ce coup de fil entre deux hommes au sommet d’un dispositif de pouvoir immense. J’aimerais que nous regardions cette crise sans romantisme, sans simplifications, mais avec une exigence : celle de ne pas laisser la logique des frappes et des sanctions parler seule. Il reste des voix, des diplomates, des citoyens, des médias capables de dire non, de demander des comptes, de rappeler que la lutte contre le crime – réel – ne peut pas tout justifier. Si nous baissons les yeux aujourd’hui, nous ne pourrons pas dire, demain, que nous ne savions pas ce qui se préparait au‑dessus et autour du Venezuela.
Sources
Sources primaires
Reuters, « Trump confirms conversation with Venezuela’s Maduro », 1 décembre 2025. Reuters, « Venezuela’s National Assembly to investigate US boat strikes », 30 novembre 2025. Al Jazeera, « Venezuela calls on OPEC to counter US threats », 1 décembre 2025. Taipei Times / AFP, « Trump ramps up Venezuela threats, ‘closes’ airspace », 1 décembre 2025. Déclarations officielles du gouvernement du Venezuela et communiqués du ministère des Affaires étrangères vénézuélien sur les frappes américaines et l’« agression en préparation », novembre‑décembre 2025.
Sources secondaires
France 24, fil d’actualité international, mention « Trump confirme un échange avec Maduro, le Venezuela alerte sur “une agression en préparation” », 1 décembre 2025. Le Monde, « Donald Trump confirme avoir échangé directement avec Nicolás Maduro », 1 décembre 2025. Council on Foreign Relations (Global Conflict Tracker), « U.S. Confrontation With Venezuela », mise à jour octobre 2025. Atlantic Council, analyses sur la campagne américaine contre le trafic de drogue en provenance du Venezuela, novembre 2025. Études et articles de fond sur les routes de la cocaïne passant par le Venezuela vers l’Europe, notamment Wall Street Journal, 2025.