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1 060 soldats en 24 heures : l’état-major ukrainien chiffre le prix sanglant de l’offensive russe
Crédit: Adobe Stock

Un système de remontées opérationnelles et de tableaux de bord

Derrière ce chiffre de 1 060 militaires russes mis hors de combat, il y a une mécanique bureaucratique et militaire bien réelle. L’état-major ukrainien ne tire pas ces nombres d’un chapeau : ils proviennent d’un réseau de rapports opérationnels remontant des brigades, des commandements régionaux, des unités d’artillerie, des forces aériennes et des services de renseignement. À cela s’ajoutent des images satellites, des interceptions, des analyses de drones de reconnaissance, ainsi que des recoupements avec les traces laissées par les forces russes elles-mêmes – notamment sur les réseaux sociaux ou les canaux officiels. Les autorités militaires ukrainiennes consolident ensuite ces données en un tableau de bord quotidien : personnel, chars, blindés, artillerie, lance-roquettes multiples, systèmes de défense aérienne, avions, hélicoptères, drones, missiles, navires, véhicules logistiques, équipements spéciaux. Chaque ligne est assortie d’un “total depuis le début de l’invasion” et d’un “+” qui indique les pertes des dernières vingt-quatre heures.

Ce processus n’est ni parfait ni neutre. Dans toute guerre, les estimations de pertes ennemies tendent à être surestimées – c’est presque une constante historique. L’Ukraine n’échappe pas à cette tentation, surtout lorsqu’elle a besoin de montrer à ses partenaires que leur aide militaire n’est pas vaine et que la capacité offensive russe est effectivement grignotée jour après jour. Mais le fait que ces chiffres soient publiés de manière régulière, avec une structure cohérente, qu’ils soient recoupés par des plateformes indépendantes qui agrègent les données, et qu’ils restent, d’un jour à l’autre, dans un ordre de grandeur similaire à celui estimé par certains services de renseignement occidentaux, donne à ces bilans une certaine crédibilité, au moins comme indicateur de tendance. Ils ne disent pas tout, mais ils disent quelque chose : la Russie paie un prix humain et matériel très élevé pour chaque kilomètre de terrain disputé.

Une donnée militaire, mais aussi un outil de communication stratégique

Il serait naïf de considérer ces chiffres comme de simples informations techniques. Les bilans quotidiens de l’état-major ukrainien sont aussi des instruments de communication stratégique. Ils s’adressent simultanément à plusieurs publics : à l’opinion ukrainienne, qui doit voir que ses forces ne subissent pas seulement, mais infligent des pertes très lourdes à l’ennemi ; aux alliés occidentaux, qui ont besoin de preuves tangibles que l’armement livré, les systèmes d’artillerie, les drones et les missiles occidentaux font une différence concrète ; et, bien sûr, à la société russe, même si cette dernière n’y a qu’un accès très filtré. Chaque “+1 060” est donc aussi un message : « Nous tenons, nous résistons, et nous rendons cette guerre extrêmement coûteuse pour Moscou ». Dans ce cadre, les chiffres ne sont pas seulement descriptifs, ils sont performatifs : ils cherchent à influencer les perceptions, à renforcer certains récits, à en affaiblir d’autres. C’est là que le lecteur doit garder un réflexe salutaire de prudence, sans pour autant balayer ces données d’un revers de main.

Je ne peux pas faire comme si ces bilans étaient neutres. Ils ne le sont pas, et c’est normal : dans une guerre, l’information est une arme. Mais ce qui me frappe, c’est la tension permanente entre deux exigences : d’un côté, la nécessité de douter, de garder du recul, d’accepter que ces chiffres soient partiels, orientés, peut-être exagérés ; de l’autre, l’intuition presque physique qu’un tel niveau de pertes, répété jour après jour, raconte malgré tout une vérité profonde sur l’absurdité de ce conflit. Je ne crois pas que la solution soit de se réfugier dans le cynisme. Je préfère ce malaise lucide : prendre ces chiffres au sérieux, tout en refusant de les avaler sans les interroger.

Sources

Sources primaires

Les données chiffrées sur les pertes russes quotidiennes – incluant les 1 060 militaires mis hors de combat, le char, les six véhicules blindés, les 14 systèmes d’artillerie, les 239 drones et les 71 véhicules et camions-citernes – proviennent des communiqués officiels de l’état-major des forces armées ukrainiennes publiés le 1ᵉʳ décembre 2025, relayés notamment par l’agence officielle ArmyInform et par des médias ukrainiens en langue anglaise. Ces bilans détaillent également les pertes cumulées depuis le 24 février 2022, indiquant environ 1 173 920 militaires russes mis hors de combat, ainsi que plus de 11 387 chars, 23 678 véhicules blindés, 34 754 systèmes d’artillerie, 1 552 lance-roquettes multiples, 1 253 systèmes de défense aérienne, 430 avions, 347 hélicoptères, 86 090 drones, 4 024 missiles de croisière, 28 navires, 1 sous-marin, 68 583 véhicules et camions-citernes et 4 010 équipements spéciaux, selon ces mêmes rapports datés du 1ᵉʳ décembre 2025.

Ces informations sont recoupées avec des agrégateurs de données publics qui compilent quotidiennement les bilans de l’état-major ukrainien (notamment des plateformes de suivi des pertes russes basées sur les chiffres officiels) et avec des synthèses de médias ukrainiens de référence, qui citent explicitement ces communiqués et en rappellent la nature : estimations militaires publiées à des fins d’information et de communication stratégique, dont la vérification indépendante complète reste limitée dans le contexte du brouillard de guerre.

Sources secondaires

Pour contextualiser l’ampleur de ces pertes, l’article s’appuie sur des analyses publiées par des médias ukrainiens et internationaux spécialisés dans le suivi du conflit, ainsi que sur des centres de recherche occidentaux qui évaluent les pertes globales des forces russes et ukrainiennes depuis 2022. Des rapports de think tanks et de projets de suivi indépendants – combinant imagerie satellite, sources ouvertes et données officielles – offrent un ordre de grandeur des pertes cumulées (personnel, blindés, artillerie, aéronefs, drones, véhicules) et confirment la nature hautement attritionnelle de la guerre actuelle, en soulignant les limites de toute estimation chiffrée dans un contexte de conflit actif.

Enfin, des travaux académiques et des synthèses publiés en 2024 et 2025 sur la guerre d’attrition, l’économie de guerre russe, le rôle des drones et l’impact des pertes massives sur la stabilité politique et la cohésion sociale en Russie et en Ukraine ont été mobilisés pour éclairer les enjeux de long terme : capacité de régénération des forces, adaptation industrielle, fatigue des sociétés, débats dans les capitales alliées, risques d’escalade ou de stagnation prolongée. Ces sources secondaires ne fournissent pas de chiffres identiques à ceux des communiqués ukrainiens, mais elles en confirment la tendance générale : une guerre à très haut coût humain et matériel, dont les bilans quotidiens – tel celui des 1 060 pertes russes – ne sont que la photographie partielle d’un désastre beaucoup plus vaste.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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