Une artère construite pour l’éternité
Pour comprendre l’ampleur de ce qui s’est passé cette nuit-là, il faut remonter dans le temps. Retour en 1958, en pleine Guerre froide, quand le Conseil d’assistance économique mutuelle, le fameux Comecon, décide de construire le plus grand pipeline pétrolier du monde. Son nom ? Druzhba. En russe, ça veut dire « amitié ». L’ironie est presque insoutenable aujourd’hui. Ce pipeline devait symboliser la solidarité entre l’Union soviétique et ses satellites d’Europe de l’Est. Une artère de plus de quatre mille kilomètres, traversant la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie et l’Allemagne. Un projet pharaonique qui a nécessité près de quatre cents millions de roubles et sept cent trente mille tonnes de tuyaux. La construction a commencé en 1960, et dès 1964, le pétrole coulait à flots, alimentant les économies communistes et renforçant l’emprise de Moscou sur ses alliés.
Le pipeline Druzhba n’était pas qu’une simple infrastructure. C’était un instrument de pouvoir géopolitique. Chaque baril de pétrole qui transitait par ces tuyaux renforçait la dépendance des pays d’Europe de l’Est envers Moscou. Et cette dépendance, elle perdure encore aujourd’hui, plus de soixante ans après la mise en service du pipeline. Malgré l’effondrement de l’Union soviétique, malgré l’élargissement de l’Union européenne, malgré les sanctions et les embargos, le Druzhba continue de fonctionner. Il transporte toujours entre un million deux et un million quatre cent mille barils de pétrole par jour. Une capacité colossale qui fait de lui l’un des pipelines les plus importants au monde. Mais cette importance, elle a un prix. Un prix que l’Ukraine est déterminée à faire payer à la Russie.
Les ramifications d’un monstre énergétique
Le pipeline Druzhba n’est pas une simple ligne droite. C’est un réseau complexe, avec des branches qui s’étendent dans toutes les directions. À Mazyr, en Biélorussie, le pipeline se divise en deux branches principales : la branche nord et la branche sud. La branche nord traverse la Pologne pour atteindre l’Allemagne, alimentant les raffineries de Płock et de Schwedt. La branche sud, elle, passe par l’Ukraine avant de se diviser à nouveau en Slovaquie et en Hongrie. C’est cette branche sud qui est devenue le talon d’Achille du système. Parce que c’est elle qui continue d’alimenter les deux seuls pays de l’Union européenne qui refusent obstinément de se passer du pétrole russe : la Hongrie de Viktor Orbán et la Slovaquie de Robert Fico. Deux dirigeants qui ont fait de leur proximité avec Moscou une marque de fabrique, au grand dam de leurs partenaires européens.
Le pipeline traverse quarante-cinq rivières majeures, deux cents voies ferrées et autoroutes. Il utilise vingt stations de pompage pour maintenir la pression nécessaire au transport du pétrole sur des milliers de kilomètres. Le diamètre des tuyaux varie entre quatre cent vingt et mille vingt millimètres, selon les sections. C’est une prouesse d’ingénierie, un monument à la puissance industrielle soviétique. Mais c’est aussi une cible. Une cible que l’Ukraine a appris à frapper avec une efficacité redoutable. Parce que chaque section détruite, c’est des millions de dollars de revenus en moins pour Moscou. C’est du carburant en moins pour les tanks russes. C’est du temps gagné pour l’Ukraine. Et dans cette guerre, le temps, c’est tout.
Il y a quelque chose de fascinant et de terrifiant à la fois dans cette infrastructure. Le Druzhba, c’est le symbole d’une époque révolue, mais qui refuse de disparaître. C’est le fantôme de l’Union soviétique qui hante encore l’Europe. Et ce fantôme, il a du sang sur les mains. Parce que chaque baril de pétrole qui coule dans ces tuyaux finance la guerre. Chaque euro versé à Moscou pour ce pétrole, c’est un euro qui sert à acheter des missiles, des drones, des munitions. C’est un euro qui tue des Ukrainiens. Et pourtant, certains pays européens continuent de fermer les yeux, de prétendre que l’énergie et la politique sont deux choses séparées. Mais elles ne le sont pas. Elles ne l’ont jamais été. Et l’Ukraine le prouve, explosion après explosion.
La cinquième frappe : une escalade calculée
Une stratégie qui prend forme
L’attaque du 1er décembre n’est pas sortie de nulle part. C’est l’aboutissement d’une stratégie qui s’est affinée tout au long de l’année 2025. En mars, l’Ukraine avait déjà frappé le pipeline dans la région d’Oryol, provoquant une interruption temporaire des livraisons. En août, deux attaques successives avaient visé les stations de pompage d’Unecha et de Nikolskoye, dans les régions de Briansk et de Tambov. En septembre, une nouvelle frappe avait touché la région de Briansk. Et maintenant, en décembre, cette cinquième attaque qui semble marquer un tournant. Parce que cette fois, l’Ukraine n’a pas cherché à minimiser ou à nier son implication. Au contraire, une source des services de renseignement militaire ukrainiens a confirmé l’opération, déclarant sans ambages : « Le réseau pétrolier russe, en tant que principale source de revenus pour l’État agresseur et de financement du complexe militaro-industriel, continuera d’exploser et de brûler jusqu’à ce que l’ennemi cesse d’attaquer l’Ukraine ».
Cette déclaration est lourde de sens. Elle marque une rupture avec la politique de discrétion qui prévalait jusqu’alors. L’Ukraine assume désormais pleinement ses frappes sur l’infrastructure énergétique russe. Et elle le fait avec une détermination qui ne laisse aucune place au doute. Les explosifs télécommandés utilisés lors de l’attaque du 1er décembre témoignent d’une sophistication croissante des opérations ukrainiennes. Ces dispositifs permettent de déclencher l’explosion à distance, minimisant les risques pour les opérateurs tout en maximisant l’impact. L’ajout de mélanges combustibles additionnels vise à prolonger l’incendie et à compliquer les opérations de réparation. C’est une guerre d’usure, menée avec une précision chirurgicale. Et ça fonctionne.
Les réactions hongroises et slovaques : entre colère et impuissance
Sans surprise, la Hongrie et la Slovaquie ont réagi avec véhémence à cette nouvelle attaque. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a immédiatement appelé l’Ukraine à cesser de cibler les infrastructures énergétiques qui alimentent son pays. « L’approvisionnement énergétique de la Hongrie est une question de souveraineté », a-t-il déclaré, reprenant un argument qu’il avait déjà utilisé après l’attaque de mars. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a tenu un discours similaire, exigeant que Kyiv mette fin à ces « provocations ». Mais leurs protestations sonnent creux. Parce que ni la Hongrie ni la Slovaquie n’ont le pouvoir de forcer l’Ukraine à changer de stratégie. Et surtout, parce que leur position est de plus en plus isolée au sein de l’Union européenne.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été très clair sur ce point lors d’une rencontre avec Robert Fico en septembre. Il a déclaré que l’Ukraine ne cesserait pas ses frappes de représailles tant que la Russie continuerait d’attaquer les infrastructures énergétiques ukrainiennes. C’est un message simple, direct, et implacable. L’Ukraine ne se laissera pas dicter sa stratégie militaire par des pays qui, de toute façon, ont choisi de maintenir leurs liens avec Moscou malgré l’invasion. Et cette position, elle est soutenue par la majorité des pays européens, qui ont eux-mêmes largement réduit, voire éliminé, leurs importations de pétrole russe depuis le début de la guerre. La Hongrie et la Slovaquie se retrouvent donc dans une position inconfortable : dépendantes d’un approvisionnement qui peut être coupé à tout moment, sans réel soutien de leurs partenaires européens.
Franchement, j’ai du mal à éprouver de la sympathie pour Orbán et Fico. Ces deux-là ont passé des années à jouer un double jeu, à profiter des avantages de l’Union européenne tout en flirtant avec Moscou. Ils ont bloqué des sanctions, retardé des aides militaires à l’Ukraine, et maintenant ils pleurent parce que leur pétrole russe est menacé ? Sérieusement ? L’Ukraine se bat pour sa survie, et eux, ils s’inquiètent de leur approvisionnement énergétique. C’est d’un cynisme absolu. Mais bon, c’est aussi révélateur. Ça montre à quel point certains dirigeants européens sont prêts à sacrifier les principes pour préserver leurs intérêts économiques. Et ça, c’est pathétique.
L'impact économique : quand le pétrole devient une arme
Des revenus en chute libre
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En octobre 2025, les revenus pétroliers et gaziers de la Russie ont chuté de trois cent vingt milliards de roubles, soit environ trois virgule neuf milliards de dollars, par rapport à l’année précédente. Sur les dix premiers mois de l’année, le budget russe a collecté deux mille milliards de roubles de moins qu’en 2024, soit environ vingt-quatre virgule six milliards de dollars. C’est une baisse de vingt-sept pour cent. Et cette tendance s’accélère. En janvier, la baisse était de quatorze pour cent. En juin, dix-sept pour cent. En août, vingt pour cent. Et en octobre, vingt-sept pour cent. Si cette trajectoire se poursuit, la Russie pourrait perdre jusqu’à vingt-cinq milliards de dollars de revenus pétroliers en 2025. C’est colossal. C’est l’équivalent de plusieurs années de budget militaire pour certains pays européens.
Et ce n’est pas seulement une question de volume. C’est aussi une question de prix. Le pétrole russe Urals se vend actuellement à trente-six virgule soixante et un dollars le baril, avec des décotes pouvant atteindre vingt-trois dollars par rapport au Brent, le pétrole de référence. C’est la plus grande décote depuis mi-2023. Pourquoi ? Parce que les sanctions américaines ont forcé les acheteurs chinois et indiens à se tourner vers d’autres fournisseurs. Parce que les compagnies pétrolières russes comme Lukoil et Rosneft sont sous pression et doivent offrir des rabais massifs pour écouler leur production. Parce que les routes maritimes vers la Chine sont devenues plus longues et plus coûteuses, avec des tankers obligés de passer par l’Arctique pour éviter les sanctions. Tout cela se traduit par des revenus en baisse pour Moscou. Et quand les revenus baissent, c’est toute la machine de guerre qui grince.
Un budget en déroute
Le budget russe pour 2025 était basé sur un prix du pétrole de soixante-neuf à soixante-dix dollars le baril. Avec un prix actuel de trente-six dollars, l’écart est abyssal. Le déficit budgétaire, initialement prévu à un virgule dix-sept mille milliards de roubles, soit environ quatorze virgule quatre milliards de dollars, devrait finalement atteindre cinq virgule sept mille milliards de roubles, soit soixante-dix virgule deux milliards de dollars. C’est cinq fois plus que prévu. C’est le plus grand déficit budgétaire de l’histoire de la Russie en termes absolus. Et pour combler ce trou béant, Moscou n’a d’autre choix que d’emprunter massivement sur le marché intérieur, principalement auprès de ses propres banques d’État. En novembre, les autorités ont décidé d’émettre deux virgule trois mille milliards de roubles de dette, soit environ vingt-huit milliards de dollars, rien que pour le dernier trimestre de l’année.
Mais emprunter a un coût. En 2025, la Russie prévoit de lever six virgule neuf cent quatre-vingt-un mille milliards de roubles, soit environ quatre-vingts milliards de dollars, dont un virgule quatre mille milliards de roubles, soit treize milliards de dollars, serviront uniquement à rembourser les intérêts de la dette existante. C’est de l’argent qui ne va pas dans l’économie, qui ne finance pas les infrastructures, qui ne soutient pas les services publics. C’est de l’argent qui part en fumée. Et pendant ce temps, l’inflation continue de grimper, érodant le pouvoir d’achat des Russes et alimentant un mécontentement croissant. Le Fonds national de richesse, censé servir de coussin financier en cas de crise, a fondu de moitié depuis 2022, passant de cent trente-cinq milliards de dollars à seulement trente-cinq milliards de dollars à la mi-2025. À ce rythme, il sera épuisé d’ici la fin de l’année prochaine.
Ces chiffres, ils me donnent le vertige. Pas parce qu’ils sont compliqués, mais parce qu’ils sont brutaux. Ils montrent que la Russie est en train de s’effondrer économiquement. Lentement, certes, mais sûrement. Et ce qui me frappe, c’est que tout ça aurait pu être évité. Si Poutine n’avait pas lancé cette guerre insensée, si la Russie n’avait pas envahi l’Ukraine, rien de tout ça ne serait arrivé. Mais non. Il a fallu qu’il joue les grands stratèges, qu’il rêve de reconstituer l’empire soviétique. Et maintenant, c’est tout le pays qui paie le prix. Les Russes ordinaires, ceux qui n’ont rien demandé, qui subissent l’inflation, les pénuries, les restrictions. Eux aussi sont victimes de cette folie. Mais bon, c’est difficile d’avoir de la compassion quand on voit ce que leur armée fait en Ukraine.
Les sanctions américaines : le coup de grâce
Trump frappe là où ça fait mal
Si les frappes ukrainiennes ont affaibli l’infrastructure pétrolière russe, ce sont les sanctions américaines qui ont porté le coup de grâce. En 2025, l’administration Trump a décidé de durcir considérablement les sanctions contre le secteur pétrolier russe. Lukoil et Rosneft, deux des plus grandes compagnies pétrolières du pays, ont été placées sur la liste noire américaine. Résultat : plusieurs compagnies chinoises et indiennes, qui achetaient jusqu’alors du pétrole russe en grandes quantités, ont brutalement cessé leurs achats. Elles se sont tournées vers le Moyen-Orient, préférant éviter les risques juridiques et financiers associés aux sanctions américaines. Pour la Russie, c’est un désastre. Parce que la Chine et l’Inde représentaient ensemble plus de la moitié de ses exportations de pétrole. Perdre ces clients, même partiellement, c’est perdre des milliards de dollars de revenus.
Lukoil, en particulier, se retrouve dans une situation catastrophique. La compagnie cherche désespérément à vendre ses actifs à l’étranger, mais personne ne veut les acheter. Gunvor, un trader pétrolier suisse qui était pressenti pour reprendre ces actifs, a été bloqué par le Trésor américain en raison de ses liens avec le Kremlin. Résultat : Lukoil se retrouve avec des actifs d’une valeur estimée à vingt-deux milliards de dollars qu’elle ne peut pas vendre. Et si elle finit par trouver un acheteur, ce sera probablement avec une décote de cinquante à soixante-dix pour cent. C’est une perte colossale. Et ce n’est pas seulement Lukoil qui souffre. Toute l’industrie pétrolière russe est sous pression. Les compagnies doivent investir massivement dans la défense de leurs infrastructures, réparer les dégâts causés par les frappes ukrainiennes, et absorber les pertes de revenus pendant les périodes d’arrêt. Tout cela représente des coûts énormes qui ne se traduisent pas en taxes pour le budget russe.
Les tankers fantômes et les routes détournées
Pour contourner les sanctions, la Russie a développé une flotte de « tankers fantômes », des navires souvent vétustes, immatriculés dans des paradis fiscaux, et qui transportent du pétrole russe sans respecter les réglementations internationales. Mais même cette stratégie montre ses limites. Environ trente-cinq pour cent des tankers chargés de pétrole russe n’ont actuellement aucune destination finale déclarée. Ils errent en mer, attendant de trouver un acheteur. Et pendant ce temps, environ trois cent cinquante millions de barils de pétrole russe sont stockés dans des tankers, immobilisés, ne générant aucun revenu. C’est du pétrole qui ne peut pas être vendu, qui ne peut pas être raffiné, qui ne peut pas être utilisé. C’est du capital mort.
Les routes maritimes, elles aussi, sont devenues plus compliquées. Pour éviter les sanctions, les tankers russes doivent emprunter des itinéraires plus longs, passant par l’Arctique pour atteindre la Chine. Ces détours ajoutent des semaines au temps de livraison et augmentent considérablement les coûts de transport. Et tout cela se répercute sur le prix final du pétrole russe, qui devient de moins en moins compétitif sur le marché mondial. Les acheteurs chinois et indiens, qui bénéficiaient jusqu’alors de prix très avantageux, commencent à se demander si le jeu en vaut la chandelle. Parce que même avec des décotes importantes, le pétrole russe devient de plus en plus difficile à acheter, à transporter, et à raffiner sans risquer des sanctions américaines.
Il y a quelque chose de presque poétique dans cette situation. La Russie, qui se vantait d’être une superpuissance énergétique, se retrouve à mendier des acheteurs pour son pétrole. Elle est obligée de vendre à perte, de contourner les sanctions avec des méthodes de plus en plus désespérées, de voir ses tankers errer en mer sans destination. C’est l’image même de la déchéance. Et tout ça, c’est la conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine. Poutine pensait pouvoir conquérir l’Ukraine en quelques semaines, puis reprendre le business as usual. Mais il s’est trompé. Lourdement. Et maintenant, c’est toute l’économie russe qui en paie le prix.
La stratégie ukrainienne : frapper le nerf de la guerre
Une guerre asymétrique menée avec intelligence
L’Ukraine a compris très tôt que pour gagner cette guerre, il ne suffisait pas de défendre son territoire. Il fallait aussi attaquer les capacités de la Russie à mener cette guerre. Et la meilleure façon de le faire, c’était de cibler l’infrastructure énergétique russe. Parce que le pétrole et le gaz, c’est le nerf de la guerre pour Moscou. C’est ce qui finance l’armée, les missiles, les drones, les munitions. Sans revenus pétroliers, la Russie ne peut pas soutenir son effort de guerre. C’est aussi simple que ça. Alors l’Ukraine a développé une stratégie de frappes ciblées, visant les raffineries, les pipelines, les stations de pompage, les terminaux pétroliers. Et cette stratégie, elle porte ses fruits.
En novembre 2025, l’Ukraine a lancé un nombre record de frappes sur les raffineries russes : au moins quatorze attaques en un seul mois, selon Bloomberg. Ces frappes ont réduit la capacité de raffinage russe de dix-sept pour cent, soit environ un virgule un million de barils par jour. C’est énorme. Parce que chaque baril qui n’est pas raffiné, c’est du carburant en moins pour les tanks russes, c’est du diesel en moins pour les camions militaires, c’est du kérosène en moins pour les avions de combat. Et tout ça, ça se traduit par une capacité opérationnelle réduite pour l’armée russe. Les frappes sur le pipeline Druzhba s’inscrivent dans cette même logique. Chaque section détruite, c’est des millions de dollars de revenus en moins pour Moscou. C’est du temps gagné pour l’Ukraine. C’est une victoire stratégique.
Les drones longue portée : l’arme secrète de Kyiv
Pour mener ces frappes, l’Ukraine s’appuie de plus en plus sur ses drones longue portée de fabrication domestique. Ces drones, capables de parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres, permettent de frapper des cibles profondément enfouies en territoire russe. Et contrairement aux missiles, qui sont coûteux et en quantité limitée, les drones peuvent être produits en masse à un coût relativement faible. C’est une arme asymétrique par excellence. Elle permet à l’Ukraine de compenser son infériorité numérique et matérielle en frappant là où la Russie ne s’y attend pas. Les raffineries de Ryazan, de Novossibirsk, de Krasnodar, toutes ont été touchées par des drones ukrainiens. Et à chaque fois, les dégâts sont considérables.
Mais les drones ne sont pas la seule arme dans l’arsenal ukrainien. L’attaque sur le terminal pétrolier de Novorossiysk, en novembre, a été menée avec un missile Neptune de fabrication ukrainienne. C’était la première fois que l’Ukraine utilisait ce type de missile contre une cible terrestre. Et le message était clair : l’Ukraine est capable de frapper n’importe où, n’importe quand, avec n’importe quel type d’arme. Cette capacité à innover, à s’adapter, à surprendre, c’est ce qui fait la force de l’Ukraine dans cette guerre. Et c’est ce qui rend la Russie de plus en plus vulnérable. Parce que Moscou ne peut pas protéger toutes ses infrastructures. Il y a trop de cibles potentielles, trop de kilomètres de pipelines, trop de raffineries, trop de terminaux. Et l’Ukraine le sait. Elle en profite.
Ce qui me fascine dans cette stratégie ukrainienne, c’est son audace. L’Ukraine, un pays beaucoup plus petit, beaucoup moins riche, beaucoup moins armé que la Russie, est en train de mener une guerre asymétrique d’une efficacité redoutable. Elle frappe là où ça fait mal, elle innove, elle s’adapte. Et elle le fait avec des moyens limités. C’est David contre Goliath, version moderne. Et pour l’instant, David est en train de gagner. Pas sur le terrain, pas encore. Mais économiquement, stratégiquement, psychologiquement, l’Ukraine est en train de prendre l’avantage. Et ça, c’est énorme.
Les répercussions géopolitiques : l'Europe face à ses contradictions
La dépendance énergétique comme arme politique
L’attaque sur le pipeline Druzhba a mis en lumière une réalité que beaucoup préféraient ignorer : l’Europe est encore dépendante du pétrole russe. Certes, la plupart des pays européens ont considérablement réduit leurs importations depuis le début de la guerre. L’Allemagne, par exemple, a complètement cessé d’acheter du pétrole russe en janvier 2023. La Pologne a fait de même en février. Mais la Hongrie et la Slovaquie, elles, continuent. Et elles le font en toute connaissance de cause, malgré les pressions de leurs partenaires européens. Pourquoi ? Parce que Viktor Orbán et Robert Fico ont fait de leur proximité avec Moscou un élément central de leur politique étrangère. Ils se présentent comme des pragmatiques, des réalistes, qui refusent de sacrifier les intérêts économiques de leur pays sur l’autel de l’idéologie.
Mais cette position est de plus en plus intenable. Parce que chaque euro versé à Moscou pour du pétrole russe, c’est un euro qui finance la guerre en Ukraine. C’est un euro qui tue des Ukrainiens. Et ça, les autres pays européens ne peuvent plus l’accepter. L’Union européenne a d’ailleurs largement éliminé le pétrole russe de ses importations, avec une baisse de plus de quatre-vingt-dix pour cent depuis le début de la guerre. Seule la branche sud du pipeline Druzhba continue de fonctionner, grâce à des exemptions accordées à la Hongrie et à la Slovaquie. Mais ces exemptions sont de plus en plus contestées. Et les attaques ukrainiennes sur le pipeline pourraient bien forcer Bruxelles à reconsidérer sa position. Parce que si le pipeline est régulièrement hors service, à quoi bon maintenir ces exemptions ?
Orbán et Fico : les derniers alliés de Poutine en Europe
Viktor Orbán et Robert Fico sont devenus les parias de l’Union européenne. Leurs positions pro-russes, leur refus de soutenir pleinement l’Ukraine, leur blocage systématique des sanctions contre Moscou, tout cela a créé un fossé de plus en plus profond entre eux et leurs partenaires européens. Orbán, en particulier, a multiplié les provocations. Il a rencontré Poutine à plusieurs reprises, il a bloqué des aides militaires à l’Ukraine, il a menacé de mettre son veto à des décisions européennes. Et tout ça, au nom de la « souveraineté » hongroise. Mais cette souveraineté, elle a un prix. Un prix que les Hongrois commencent à payer. Parce que l’isolement diplomatique de la Hongrie se traduit par une perte d’influence au sein de l’Union européenne. Et cette perte d’influence, elle pourrait avoir des conséquences économiques à long terme.
Robert Fico, lui, joue une partition similaire. Il a rencontré Zelensky en septembre, mais uniquement pour exiger que l’Ukraine cesse ses frappes sur le pipeline Druzhba. Il n’a pas proposé d’aide, pas offert de soutien, juste exigé que Kyiv arrête de défendre ses intérêts. Et Zelensky a été très clair : l’Ukraine ne cessera pas ses frappes tant que la Russie continuera d’attaquer les infrastructures énergétiques ukrainiennes. C’est un message simple, direct, et implacable. Et Fico n’a rien pu faire d’autre que de rentrer bredouille. Parce que la Slovaquie, comme la Hongrie, n’a aucun levier sur l’Ukraine. Elle ne peut que subir les conséquences de ses choix politiques. Et ces conséquences, elles sont de plus en plus lourdes.
Orbán et Fico, ces deux-là me rendent malade. Ils se drapent dans la souveraineté, dans le pragmatisme, dans la défense des intérêts nationaux. Mais en réalité, ils ne défendent que leurs propres intérêts. Ils se sont liés à Poutine parce que ça leur rapporte politiquement, parce que ça leur permet de jouer les rebelles au sein de l’Union européenne. Mais à quel prix ? Au prix de la crédibilité de leurs pays, au prix de leur influence en Europe, au prix de la sécurité collective. Parce que tant qu’ils continueront à acheter du pétrole russe, tant qu’ils continueront à bloquer les sanctions, ils seront complices de la guerre en Ukraine. Et ça, c’est impardonnable.
Les conséquences pour la Russie : un pays au bord du gouffre
Une économie sous perfusion
La Russie est en train de vivre une crise économique sans précédent. Les revenus pétroliers en chute libre, le déficit budgétaire qui explose, l’inflation qui grimpe, la dette qui s’accumule, tout cela dessine le portrait d’un pays au bord du gouffre. Et ce n’est pas seulement une question de chiffres. C’est une question de réalité quotidienne pour des millions de Russes. Les prix augmentent, les salaires stagnent, les services publics se dégradent. Les hôpitaux manquent de médicaments, les écoles manquent de matériel, les routes se détériorent. Et pendant ce temps, le gouvernement continue de dépenser des sommes colossales pour financer la guerre en Ukraine. C’est une fuite en avant qui ne peut pas durer éternellement.
Le Fonds national de richesse, censé servir de coussin financier en cas de crise, est en train de fondre comme neige au soleil. Il est passé de cent trente-cinq milliards de dollars en 2022 à seulement trente-cinq milliards de dollars à la mi-2025. À ce rythme, il sera épuisé d’ici la fin de 2026. Et après ? Que fera la Russie quand elle n’aura plus de réserves financières ? Elle devra soit augmenter massivement les impôts, soit réduire drastiquement les dépenses publiques, soit continuer d’emprunter jusqu’à ce que la dette devienne insoutenable. Aucune de ces options n’est viable à long terme. Et Moscou le sait. Mais pour l’instant, le gouvernement préfère ignorer le problème, espérant que la situation s’améliorera d’elle-même. Spoiler : elle ne s’améliorera pas.
Les coûts cachés de la guerre
Au-delà des chiffres officiels, il y a tous les coûts cachés de la guerre. Les compagnies pétrolières russes doivent investir massivement dans la défense de leurs infrastructures. Elles doivent installer des systèmes de défense aérienne, renforcer la sécurité de leurs installations, former du personnel spécialisé. Tout cela coûte cher. Très cher. Et ce n’est pas tout. Après chaque attaque ukrainienne, il faut réparer les dégâts. Remplacer les tuyaux détruits, reconstruire les stations de pompage, nettoyer les sites contaminés. Et pendant ce temps, la production est interrompue, les revenus chutent, les clients se tournent vers d’autres fournisseurs. C’est un cercle vicieux. Plus l’Ukraine frappe, plus la Russie doit dépenser pour se défendre et se reconstruire, moins elle a de revenus, plus elle est vulnérable aux prochaines attaques.
Et il y a aussi les coûts humains. Les travailleurs des raffineries et des pipelines vivent dans la peur constante d’une attaque. Certains ont quitté leur emploi, préférant chercher du travail ailleurs plutôt que de risquer leur vie. D’autres restent, mais avec un moral au plus bas. Et cette atmosphère de peur et d’incertitude se répercute sur la productivité, sur la qualité du travail, sur la capacité de l’industrie pétrolière russe à fonctionner normalement. C’est un autre coût caché de la guerre. Un coût qui ne se mesure pas en roubles ou en dollars, mais en vies brisées, en familles déchirées, en espoirs anéantis.
Quand je pense à tous ces Russes ordinaires qui subissent les conséquences de cette guerre, je ressens un mélange de compassion et de colère. Compassion parce qu’ils n’ont rien demandé, parce qu’ils sont les victimes collatérales des ambitions démesurées de Poutine. Colère parce que trop peu d’entre eux osent se lever, protester, exiger la fin de cette folie. Oui, je sais, c’est facile de dire ça depuis l’extérieur. Je sais que la répression en Russie est féroce, que ceux qui osent s’opposer au régime finissent en prison ou pire. Mais quand même. À un moment donné, il faut bien que quelqu’un dise stop. Il faut bien que les Russes prennent conscience que leur pays est en train de sombrer, et que c’est leur propre gouvernement qui les entraîne dans l’abîme.
L'avenir du pipeline Druzhba : un symbole en sursis
Un pipeline condamné à disparaître ?
La question qui se pose maintenant, c’est : combien de temps le pipeline Druzhba va-t-il encore tenir ? Avec cinq attaques en 2025, et probablement d’autres à venir, il devient de plus en plus difficile de maintenir ce pipeline en état de fonctionnement. Chaque attaque nécessite des réparations coûteuses et chronophages. Et pendant ce temps, les clients se tournent vers d’autres fournisseurs. L’Allemagne a déjà cessé d’acheter du pétrole russe via le Druzhba. La Pologne aussi. Il ne reste plus que la Hongrie et la Slovaquie. Et même ces deux pays commencent à chercher des alternatives. Parce qu’ils savent que le Druzhba n’est plus fiable. Qu’il peut être coupé à tout moment. Et qu’ils ne peuvent pas baser leur sécurité énergétique sur une infrastructure aussi vulnérable.
L’Union européenne, de son côté, pousse de plus en plus pour une élimination complète du pétrole russe. En décembre 2025, un accord a été trouvé pour interdire toutes les importations de gaz russe d’ici 2027. Le pétrole pourrait suivre le même chemin. Et si c’est le cas, le pipeline Druzhba n’aura plus aucune raison d’exister. Il deviendra un vestige du passé, un monument à la dépendance énergétique de l’Europe envers la Russie. Un monument qui rappellera à tous les dangers de cette dépendance. Et peut-être, un jour, ce pipeline sera démantelé, ses tuyaux recyclés, ses stations de pompage transformées en musées. Ce serait une fin symbolique pour une infrastructure qui a incarné pendant des décennies la mainmise de Moscou sur l’Europe.
Les alternatives se mettent en place
Pendant ce temps, l’Europe accélère sa transition énergétique. Les énergies renouvelables se développent à un rythme sans précédent. Les investissements dans l’éolien, le solaire, l’hydrogène vert explosent. Les pays européens diversifient leurs sources d’approvisionnement en pétrole et en gaz, se tournant vers le Moyen-Orient, l’Afrique, les États-Unis. Et cette diversification, elle rend l’Europe de moins en moins dépendante de la Russie. C’est un processus lent, certes, mais irréversible. Parce que la guerre en Ukraine a servi de révélateur. Elle a montré à quel point la dépendance énergétique pouvait être dangereuse, à quel point elle pouvait être utilisée comme une arme politique. Et l’Europe ne veut plus jamais se retrouver dans cette situation.
La Hongrie et la Slovaquie, elles aussi, commencent à bouger. Lentement, prudemment, mais elles bougent. La Hongrie a signé des accords avec l’Azerbaïdjan pour diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz. La Slovaquie explore des options pour importer du pétrole via des terminaux maritimes. Ce ne sont que des premiers pas, mais ils sont significatifs. Parce qu’ils montrent que même les alliés les plus fidèles de Moscou commencent à comprendre que le modèle actuel n’est pas viable. Que le pétrole russe n’est plus une garantie de sécurité énergétique, mais un risque. Et que ce risque, il faut le réduire, voire l’éliminer complètement.
Il y a quelque chose de profondément ironique dans tout ça. Le pipeline Druzhba, qui devait symboliser l’amitié entre la Russie et l’Europe, est en train de devenir le symbole de leur rupture. Chaque attaque ukrainienne, chaque interruption de livraison, chaque déclaration de Moscou menaçant de couper les approvisionnements, tout cela ne fait que renforcer la détermination de l’Europe à se passer du pétrole russe. Poutine pensait pouvoir utiliser l’énergie comme une arme pour diviser l’Europe, pour la forcer à plier. Mais il a obtenu l’effet inverse. Il a uni l’Europe contre lui. Il a accéléré la transition énergétique. Il a condamné le Druzhba à disparaître. C’est un échec stratégique monumental.
Les leçons de cette guerre énergétique
La vulnérabilité des infrastructures critiques
Cette guerre a mis en lumière une réalité que beaucoup préféraient ignorer : les infrastructures critiques sont extrêmement vulnérables. Un pipeline, une raffinerie, un terminal pétrolier, ce sont des cibles faciles. Elles sont fixes, elles sont visibles, elles sont difficiles à défendre. Et une fois qu’elles sont détruites, les conséquences sont immédiates et massives. La Russie l’a appris à ses dépens. Malgré tous ses efforts pour protéger ses infrastructures énergétiques, elle n’a pas pu empêcher les frappes ukrainiennes. Et ces frappes ont eu un impact dévastateur sur son économie. C’est une leçon que tous les pays devraient retenir. Parce que dans un monde de plus en plus interconnecté, de plus en plus dépendant de l’énergie, la protection des infrastructures critiques devient une priorité absolue.
Mais protéger ces infrastructures, ce n’est pas seulement une question de défense militaire. C’est aussi une question de diversification. Si un pays dépend d’une seule source d’énergie, d’un seul pipeline, d’une seule raffinerie, il se met en danger. Parce qu’il suffit d’une attaque, d’un accident, d’une panne, pour que tout s’effondre. La diversification, c’est la clé de la résilience. C’est ce qui permet de continuer à fonctionner même quand une partie du système est hors service. Et c’est ce que l’Europe est en train de faire. Elle diversifie ses sources d’approvisionnement, elle développe les énergies renouvelables, elle réduit sa dépendance envers les combustibles fossiles. C’est un processus long et coûteux, mais c’est le seul moyen de garantir la sécurité énergétique à long terme.
L’énergie comme arme de guerre
Cette guerre a également montré que l’énergie peut être utilisée comme une arme de guerre. Pas seulement par la Russie, qui a menacé à plusieurs reprises de couper les approvisionnements en gaz et en pétrole, mais aussi par l’Ukraine, qui a ciblé systématiquement les infrastructures énergétiques russes. C’est une forme de guerre asymétrique, où l’objectif n’est pas de conquérir du territoire, mais de détruire la capacité de l’ennemi à mener la guerre. Et cette stratégie, elle fonctionne. Parce que sans revenus pétroliers, la Russie ne peut pas financer son effort de guerre. Sans carburant, ses tanks ne peuvent pas avancer. Sans électricité, ses usines d’armement ne peuvent pas produire. L’énergie, c’est le nerf de la guerre moderne. Et celui qui contrôle l’énergie contrôle la guerre.
Mais cette utilisation de l’énergie comme arme de guerre pose aussi des questions éthiques. Est-il légitime de cibler des infrastructures civiles, même si elles servent indirectement l’effort de guerre ? Est-il acceptable de mettre en danger des populations civiles pour affaiblir l’ennemi ? Ce sont des questions difficiles, auxquelles il n’y a pas de réponses simples. L’Ukraine argue que ses frappes sont une réponse légitime aux attaques russes sur ses propres infrastructures énergétiques. Que c’est une forme de légitime défense. Et il est difficile de lui donner tort. Parce que la Russie a systématiquement ciblé les centrales électriques, les réseaux de distribution, les infrastructures de chauffage en Ukraine. Elle a plongé des millions d’Ukrainiens dans le froid et l’obscurité. Alors oui, l’Ukraine a le droit de riposter. Elle a le droit de frapper là où ça fait mal.
Ces questions éthiques, elles me hantent. Parce que je sais que derrière chaque raffinerie détruite, il y a des travailleurs qui perdent leur emploi. Derrière chaque pipeline coupé, il y a des familles qui souffrent. Mais en même temps, je ne peux pas ignorer la réalité de la guerre. L’Ukraine se bat pour sa survie. Elle n’a pas le luxe de se poser des questions éthiques. Elle doit faire ce qui est nécessaire pour gagner. Et si ça signifie frapper les infrastructures énergétiques russes, alors soit. Parce que l’alternative, c’est la défaite. C’est l’occupation. C’est la disparition de l’Ukraine en tant que nation indépendante. Et ça, c’est inacceptable.
Les réactions internationales : un soutien en demi-teinte
L’Occident entre soutien et prudence
Les pays occidentaux ont largement soutenu l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Ils ont fourni des armes, de l’argent, des sanctions contre Moscou. Mais quand il s’agit des frappes sur les infrastructures énergétiques russes, le soutien devient plus nuancé. Officiellement, les États-Unis et l’Union européenne ne condamnent pas ces frappes. Ils reconnaissent le droit de l’Ukraine à se défendre. Mais officieusement, certains responsables occidentaux expriment des inquiétudes. Ils craignent que ces frappes ne provoquent une escalade, que la Russie ne riposte de manière disproportionnée, que la situation ne dégénère en conflit régional, voire mondial. Ces craintes ne sont pas infondées. Mais elles ignorent une réalité fondamentale : l’Ukraine n’a pas d’autre choix.
L’Ukraine ne peut pas gagner cette guerre uniquement en défendant son territoire. Elle doit aussi affaiblir la capacité de la Russie à mener cette guerre. Et la meilleure façon de le faire, c’est de cibler les infrastructures énergétiques russes. Parce que c’est là que se trouve le nerf de la guerre. C’est là que se trouvent les revenus qui financent l’armée russe. Et si l’Occident veut vraiment aider l’Ukraine à gagner, il doit accepter cette réalité. Il doit accepter que la guerre ne se gagne pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans les raffineries, les pipelines, les terminaux pétroliers. Et il doit soutenir l’Ukraine dans cette stratégie, même si elle est inconfortable, même si elle pose des questions éthiques.
La Chine et l’Inde : les grands gagnants ?
Pendant que l’Europe se détourne du pétrole russe, la Chine et l’Inde en profitent. Elles achètent du pétrole russe à prix cassé, bénéficiant de décotes massives. Et elles le font sans se soucier des sanctions occidentales, sans se soucier de l’opinion internationale. Pour elles, c’est une opportunité en or. Elles peuvent sécuriser leur approvisionnement énergétique à moindre coût, tout en renforçant leurs liens avec Moscou. Mais cette stratégie a ses limites. Parce que les sanctions américaines commencent à mordre. Plusieurs compagnies chinoises et indiennes ont cessé d’acheter du pétrole russe, craignant les conséquences juridiques et financières. Et cette tendance pourrait s’accentuer si les États-Unis durcissent encore leurs sanctions.
La Chine, en particulier, se trouve dans une position délicate. D’un côté, elle veut maintenir de bonnes relations avec la Russie, qui est un allié stratégique important. De l’autre, elle ne veut pas se mettre à dos les États-Unis et l’Europe, qui sont ses principaux partenaires commerciaux. C’est un équilibre difficile à maintenir. Et les frappes ukrainiennes sur les infrastructures énergétiques russes compliquent encore la situation. Parce qu’elles rendent le pétrole russe moins fiable, moins prévisible. Et pour la Chine, qui a besoin de stabilité et de prévisibilité pour planifier son développement économique, c’est un problème. L’Inde, elle, est moins exposée. Elle a toujours maintenu une politique de non-alignement, refusant de prendre parti dans les conflits internationaux. Mais même elle commence à se demander si le jeu en vaut la chandelle.
La Chine et l’Inde, ces deux géants asiatiques, jouent un jeu dangereux. Elles pensent pouvoir profiter de la situation, acheter du pétrole russe à bas prix sans en subir les conséquences. Mais elles se trompent. Parce que tôt ou tard, elles devront choisir. Soit elles continuent à soutenir la Russie, au risque de s’aliéner l’Occident. Soit elles se rangent du côté de l’Occident, au risque de perdre un allié stratégique. Il n’y a pas de troisième voie. Et plus elles tardent à choisir, plus la situation devient compliquée. Parce que le monde est en train de se diviser en deux blocs. Et dans ce nouveau monde, il n’y aura pas de place pour les neutres.
L'impact sur les populations civiles : les oubliés de cette guerre
Les Ukrainiens dans le froid et l’obscurité
Pendant que l’Ukraine frappe les infrastructures énergétiques russes, la Russie fait de même en Ukraine. Depuis le début de la guerre, Moscou a systématiquement ciblé les centrales électriques, les réseaux de distribution, les infrastructures de chauffage. L’objectif est clair : plonger les Ukrainiens dans le froid et l’obscurité, briser leur moral, les forcer à capituler. Et cette stratégie a des conséquences dévastatrices. Des millions d’Ukrainiens ont passé l’hiver 2024-2025 sans électricité, sans chauffage, sans eau chaude. Les hôpitaux fonctionnent avec des générateurs, les écoles ferment, les entreprises mettent la clé sous la porte. C’est une catastrophe humanitaire. Et elle est voulue, planifiée, exécutée avec une froideur calculée.
Mais les Ukrainiens tiennent bon. Ils s’organisent, ils s’entraident, ils refusent de céder. Les communautés locales mettent en place des centres de réchauffement, où les gens peuvent venir se réchauffer, recharger leurs téléphones, prendre un repas chaud. Les ONG internationales fournissent des générateurs, des couvertures, des vêtements chauds. Et l’État ukrainien fait tout son possible pour réparer les dégâts, reconstruire les infrastructures détruites. Mais c’est une course contre la montre. Parce que chaque jour, de nouvelles frappes russes détruisent ce qui vient d’être réparé. C’est un cercle vicieux. Et les Ukrainiens en sont les premières victimes.
Les Russes face à la crise économique
De l’autre côté de la frontière, les Russes aussi souffrent. Pas des frappes ukrainiennes, du moins pas directement. Mais de la crise économique qui frappe leur pays. L’inflation grimpe, les prix augmentent, les salaires stagnent. Les produits de première nécessité deviennent de plus en plus chers. Les médicaments manquent dans les pharmacies. Les files d’attente s’allongent devant les magasins. Et pendant ce temps, le gouvernement continue de dépenser des sommes colossales pour financer la guerre. Les Russes voient leur niveau de vie se dégrader, leurs économies fondre, leurs espoirs s’évanouir. Et ils ne peuvent rien faire. Parce que la répression est féroce. Ceux qui osent protester finissent en prison. Ceux qui osent critiquer le gouvernement sont accusés de trahison.
Mais le mécontentement grandit. Lentement, discrètement, mais il grandit. Les gens commencent à se poser des questions. Pourquoi cette guerre ? Pourquoi ces sacrifices ? Pourquoi cette souffrance ? Et surtout, quand est-ce que ça va s’arrêter ? Ces questions, elles sont murmurées dans les cuisines, dans les files d’attente, dans les transports en commun. Elles ne sont pas encore criées dans les rues. Mais elles sont là. Et elles pourraient bien finir par exploser. Parce qu’il y a une limite à ce que les gens peuvent endurer. Et cette limite, la Russie est en train de l’atteindre.
Quand je pense à toutes ces vies brisées, de part et d’autre de la frontière, je ressens une immense tristesse. Les Ukrainiens qui gèlent dans leurs appartements, les Russes qui voient leur pays sombrer dans la crise, tous sont les victimes de cette guerre absurde. Et le pire, c’est que tout ça aurait pu être évité. Si Poutine n’avait pas lancé cette invasion, si la Russie n’avait pas choisi la voie de la violence, rien de tout ça ne serait arrivé. Mais voilà, c’est arrivé. Et maintenant, il faut vivre avec les conséquences. Il faut continuer à se battre, à résister, à espérer. Parce que l’alternative, c’est le désespoir. Et le désespoir, c’est la mort.
Conclusion : le pétrole qui brûle, l'avenir qui se dessine
Une guerre qui redéfinit l’Europe
L’explosion du pipeline Druzhba le 1er décembre 2025 n’est pas qu’un événement isolé. C’est un symbole. Le symbole d’une Europe qui se libère de l’emprise énergétique russe. Le symbole d’une Ukraine qui refuse de se laisser écraser. Le symbole d’une Russie qui s’enfonce dans une crise dont elle ne sortira pas indemne. Cette guerre a changé l’Europe. Elle l’a forcée à repenser sa sécurité énergétique, à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables, à renforcer sa solidarité face à l’agression. Et ce changement, il est irréversible. Parce que l’Europe a compris que la dépendance énergétique est une faiblesse. Une faiblesse que la Russie a exploitée pendant des décennies. Mais cette époque est révolue.
Le pipeline Druzhba, ce monument à la puissance soviétique, est en train de devenir un vestige du passé. Chaque attaque ukrainienne, chaque interruption de livraison, chaque déclaration de Moscou menaçant de couper les approvisionnements, tout cela ne fait que renforcer la détermination de l’Europe à se passer du pétrole russe. Et cette détermination, elle se traduit par des actes. Des investissements massifs dans les énergies renouvelables, des accords de diversification avec d’autres fournisseurs, des sanctions de plus en plus dures contre Moscou. L’Europe est en train de se réinventer. Et cette réinvention, elle passe par la fin de la dépendance énergétique envers la Russie.
L’Ukraine, David contre Goliath
L’Ukraine, elle, continue de se battre. Avec courage, avec détermination, avec une ingéniosité qui force l’admiration. Elle a compris que pour gagner cette guerre, il ne suffisait pas de défendre son territoire. Il fallait aussi frapper au cœur de la machine de guerre russe. Et c’est ce qu’elle fait. Avec ses drones, avec ses missiles, avec ses opérations de sabotage. Elle frappe les raffineries, les pipelines, les terminaux pétroliers. Elle affaiblit l’économie russe, elle réduit les revenus de Moscou, elle complique l’effort de guerre russe. Et elle le fait avec des moyens limités, avec une armée plus petite, avec un budget plus restreint. C’est David contre Goliath. Et pour l’instant, David est en train de gagner.
Mais la guerre est loin d’être terminée. La Russie a encore des ressources, encore des capacités, encore de la volonté. Et elle ne renoncera pas facilement. Mais chaque jour qui passe, chaque frappe ukrainienne, chaque sanction occidentale, tout cela érode un peu plus la capacité de Moscou à mener cette guerre. Et un jour, peut-être, la Russie sera forcée de reconnaître qu’elle ne peut pas gagner. Qu’elle doit négocier. Qu’elle doit accepter la défaite. Ce jour-là, l’Ukraine aura gagné. Pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans les cœurs et les esprits. Parce qu’elle aura prouvé qu’un petit pays peut tenir tête à un géant. Qu’un peuple déterminé peut résister à l’oppression. Qu’il y a encore de l’espoir dans ce monde.
Je regarde ces flammes qui dévorent le pipeline Druzhba, et je vois plus qu’un simple incendie. Je vois la fin d’une époque. La fin de la domination russe sur l’Europe. La fin de l’illusion que l’énergie et la politique sont deux choses séparées. La fin du mythe de l’invincibilité russe. Et je vois aussi le début de quelque chose de nouveau. Le début d’une Europe plus forte, plus unie, plus indépendante. Le début d’une Ukraine qui a prouvé au monde entier qu’elle mérite sa place parmi les nations libres. Le début d’un avenir où l’énergie ne sera plus une arme, mais un bien commun. Cet avenir, il est encore loin. Mais il se dessine. Et chaque explosion, chaque frappe, chaque acte de résistance, nous en rapproche un peu plus. Alors oui, que le pétrole russe brûle. Qu’il brûle jusqu’à ce que la guerre s’arrête. Qu’il brûle jusqu’à ce que la paix revienne. Qu’il brûle jusqu’à ce que justice soit faite.
Sources
Sources primaires
Ukrinform – « Druzhba oil pipeline blown up in Russia – source » – 3 décembre 2025 – https://www.ukrinform.net/rubric-ato/4065546-druzhba-oil-pipeline-blown-up-in-russia-source.html
Reuters – « Ukraine hits pipeline sending Russian oil to Hungary and Slovakia, source says » – 3 décembre 2025 – https://www.reuters.com/world/europe/ukraine-hits-pipeline-sending-russian-oil-hungary-slovakia-source-says-2025-12-03/
The Moscow Times – « Ukraine Struck Druzhba Pipeline for Fifth Time This Year, Intelligence Sources Say » – 3 décembre 2025 – https://www.themoscowtimes.com/2025/12/03/ukraine-struck-druzhba-pipeline-for-fifth-time-this-year-intelligence-sources-say-a91326
The Kyiv Independent – « Ukraine strikes Druzhba oil pipeline again, HUR source says, despite Hungary, Slovakia’s appeal » – 3 décembre 2025 – https://kyivindependent.com/ukraine-strikes-druzhba-oil-pipeline-again-despite-hungarys-and-slovakias-appeal/
UNITED24 Media – « Russia’s Oil Revenues Are in a Free Fall: Down $25 Billion in 2025, Crude Sells for Half Price » – 21 novembre 2025 – https://united24media.com/war-in-ukraine/russias-oil-revenues-are-in-a-free-fall-down-25-billion-in-2025-crude-sells-for-half-price-13649
Sources secondaires
Wikipedia – « Druzhba pipeline » – Consulté le 4 décembre 2025 – https://en.wikipedia.org/wiki/Druzhba_pipeline
Bloomberg – Données sur les exportations pétrolières russes et les frappes ukrainiennes – Novembre 2025
OilPrice.com – « Russia’s Druzhba Oil Flows Continue After Ukraine Strike » – Décembre 2025 – https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Russias-Druzhba-Oil-Flows-Continue-After-Ukraine-Strike.html
Euronews – « Hungary and Slovakia in spat with Ukraine over bombed Druzhba oil pipeline » – Août 2025 – https://www.euronews.com/my-europe/2025/08/25/hungary-and-slovakia-in-spat-with-ukraine-over-bombed-druzhba-oil-pipeline
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