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Quand les drones ukrainiens frappent deux fois : le pétrole russe brûle à Voronezh et Tambov
Crédit: Adobe Stock

Tambov en flammes

Revenons aux faits. Le 3 décembre 2025, vers 3 heures du matin heure locale, les habitants de Dmitrievka, un petit village de la région de Tambov, ont été réveillés par des explosions. Pas le genre d’explosions lointaines qu’on peut ignorer. Non. Des détonations puissantes qui ont fait trembler les vitres et résonné dans toute la vallée. Quelques minutes plus tard, le ciel s’est illuminé. Un brasier gigantesque s’élevait du dépôt pétrolier de Nikiforovka, géré par la société JSC Tambovnefteprodukt. Les flammes, visibles à des kilomètres à la ronde, ont rapidement atteint plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Les réservoirs de stockage, remplis de milliers de tonnes de produits pétroliers, se sont transformés en bombes incendiaires. L’un après l’autre, ils ont explosé, propageant l’incendie à une vitesse terrifiante. Les pompiers, arrivés sur place une demi-heure plus tard, se sont retrouvés face à un enfer qu’ils ne pouvaient que contenir, pas éteindre. Il faudra des heures, peut-être des jours, pour maîtriser complètement l’incendie.

Le gouverneur de la région de Tambov, Evgeny Pervyshov, a rapidement publié un communiqué. Comme toujours avec les autorités russes, le ton était rassurant. Trop rassurant. Selon lui, l’incendie aurait été causé par la chute de « débris de drone ». Une formulation soigneusement choisie pour minimiser l’impact de l’attaque. Pas de « frappe de drone », non. Juste des « débris ». Comme si un drone ukrainien s’était désintégré tout seul au-dessus du dépôt et que les morceaux, par malchance, avaient déclenché un incendie. La réalité, bien sûr, est tout autre. Les drones ukrainiens ont délibérément ciblé ce dépôt. Ils l’ont frappé avec précision. Et ils ont réussi à déclencher un incendie d’une ampleur considérable. Les vidéos circulant sur Telegram montrent clairement l’étendue des dégâts. On y voit des colonnes de fumée noire s’élevant dans le ciel, des flammes dévorantes, des explosions secondaires. Ce n’est pas le résultat de « débris tombés par hasard ». C’est le résultat d’une frappe militaire réussie.

Voronezh touchée mais silencieuse

À Voronezh, la situation était différente mais tout aussi révélatrice. Le gouverneur Aleksandr Gusev a confirmé que quatre drones avaient été « détectés et détruits » au-dessus de la région. Selon sa version, l’un de ces drones, en tombant, aurait « légèrement endommagé » plusieurs réservoirs de carburant. Encore une fois, cette formulation est intéressante. « Légèrement endommagé ». Comme si un drone de plusieurs dizaines de kilos, chargé d’explosifs, pouvait causer des dégâts « légers ». La réalité, c’est que plusieurs réservoirs de stockage de carburant ont été touchés. Gusev affirme qu’aucun incendie ne s’est déclaré, ce qui est peut-être vrai. Mais des réservoirs endommagés, même sans incendie, c’est une perte économique et logistique significative. Le carburant doit être transféré. Les réservoirs doivent être réparés. Les opérations sont perturbées. Et pendant ce temps, l’approvisionnement en carburant pour les opérations militaires dans la région est compromis.

Ce qui est frappant à Voronezh, c’est le silence. Contrairement à Tambov où l’incendie était impossible à cacher, à Voronezh, les autorités ont pu maintenir un certain contrôle sur l’information. Pas d’images spectaculaires. Pas de vidéos virales. Juste un communiqué laconique du gouverneur. Mais ce silence en dit long. Si les dégâts avaient vraiment été « légers », pourquoi ne pas montrer les réservoirs « légèrement endommagés » ? Pourquoi ne pas organiser une visite de presse pour démontrer que la défense aérienne russe fonctionne parfaitement ? Le silence, dans ce contexte, est un aveu. Un aveu que les dégâts sont plus importants que ce que le Kremlin veut bien admettre. Un aveu que la défense aérienne russe, malgré tous les systèmes S-300 et S-400 déployés, ne parvient pas à arrêter tous les drones ukrainiens. Et c’est là que réside le véritable problème pour Moscou : non pas tant les dégâts matériels, qui peuvent être réparés, mais la démonstration de vulnérabilité. Chaque frappe réussie érode un peu plus le mythe de l’invincibilité russe.

Sources

Sources primaires

Militarnyi – « Ukrainian Drones Strike Oil Depots in Voronezh and Tambov Regions » (3 décembre 2025)

The Kyiv Independent – « Russian oil depot damaged during Ukrainian drone strike in Tambov Oblast, General Staff confirms » (3 décembre 2025)

Ukrinform – « Russia reports attack by over 100 drones, fuel depots hit in Tambov, Voronezh regions » (3 décembre 2025)

État-major ukrainien – Communiqués officiels sur Telegram (3 décembre 2025)

Supernova+ (Telegram) – Vidéos et images de l’incendie à Dmitrievka (3 décembre 2025)

Astra (Telegram) – Rapports sur les frappes à Tambov et Voronezh (3 décembre 2025)

Sources secondaires

Bloomberg – « Ukraine Ramps Up Strikes on Russian Oil and Targets Tankers » (1er décembre 2025)

The Moscow Times – « Ukraine Launches Record Number of Strikes on Russian Oil Refineries in November » (1er décembre 2025)

UNITED24 Media – « Russia’s Oil Revenues Are in a Free Fall: Down $25 Billion in 2025, Crude Sells for Half Price » (21 novembre 2025)

Reuters – « Russia using spare oil refining capacity to offset Ukrainian drone damage » (13 novembre 2025)

Kpler Analytics – Données sur la capacité de raffinage russe (novembre 2025)

BBC – Rapports sur les attaques de drones en Russie (3 décembre 2025)

Forbes – « The Energy War That Russia Can’t Ignore In Ukraine Negotiations » (24 novembre 2025)

Center for Research on Energy and Clean Air – « October 2025 — Monthly analysis of Russian fossil fuel exports and sanctions » (octobre 2025)

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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