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Double frappe nocturne : quand l’Ukraine embrase un port russe et une raffinerie à 700 km du front
Crédit: Adobe Stock

Un terminal de gaz liquéfié transformé en brasier

Revenons à Temryuk. Ce port situé dans la baie de Temryuk, sur la mer d’Azov, dans la péninsule de Taman, région de Krasnodar. Un nom qui ne dit peut-être rien à la plupart des gens, mais qui est crucial pour l’économie russe. Temryuk, c’est un hub pour les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Le terminal Mactren-Nafta LLC qui y opère gère des volumes considérables de GNL destinés à l’exportation. Ce gaz, il vient des champs gaziers russes, il est liquéfié, stocké dans des réservoirs géants, puis chargé sur des tankers qui l’emmènent vers les marchés internationaux. C’est une chaîne logistique complexe, sophistiquée, et extrêmement vulnérable. Parce qu’il suffit qu’un maillon soit brisé pour que toute la chaîne se grippe. Et dans la nuit du 5 décembre, ce maillon a été brisé. Les drones ukrainiens ont frappé le terminal avec une précision chirurgicale. Les réservoirs de GNL se sont embrasés. Et quand du gaz liquéfié brûle, ça ne fait pas de petites flammes. Ça fait un brasier gigantesque, visible à des kilomètres, impossible à éteindre rapidement.

Les autorités russes ont rapidement publié un communiqué. Comme toujours, le ton était rassurant. Trop rassurant. Selon le quartier opérationnel de Krasnodar, l’attaque de drones a endommagé « des éléments de l’infrastructure portuaire ». Formulation vague, soigneusement choisie pour minimiser l’impact. Ils ont ajouté qu’un incendie s’était déclaré, que 32 spécialistes et 8 véhicules avaient été déployés pour l’éteindre, que tout le personnel avait été évacué, qu’il n’y avait pas de victimes. Tout va bien, circulez, il n’y a rien à voir. Sauf que les vidéos publiées sur Telegram par les habitants de la région racontent une tout autre histoire. On y voit des flammes immenses, un panache de fumée noire qui s’élève dans le ciel nocturne, des explosions secondaires. Ce n’est pas « des éléments de l’infrastructure » qui brûlent. C’est un terminal entier qui est en feu. Et ce terminal, il ne sera pas réparé en quelques jours. Ça va prendre des semaines, peut-être des mois. Pendant ce temps, les exportations de GNL depuis Temryuk sont interrompues. Les revenus associés sont perdus. Et la chaîne logistique qui dépend de ce terminal doit trouver des solutions alternatives, moins efficaces, plus coûteuses.

La péninsule de Taman frappée au cœur

Temryuk n’est pas qu’un port parmi d’autres. C’est un port stratégique situé sur la péninsule de Taman, cette langue de terre qui sépare la mer d’Azov de la mer Noire. La péninsule de Taman, c’est un point névralgique pour la Russie. C’est là que se trouve le pont de Crimée, ce pont que Poutine a fait construire pour relier la Russie à la Crimée annexée. C’est là que passent les routes et les voies ferrées qui alimentent la Crimée en ressources. C’est là que se trouvent plusieurs installations militaires et logistiques cruciales pour l’effort de guerre russe. Frapper Temryuk, c’est donc frapper au cœur de cette région stratégique. C’est démontrer que même les infrastructures situées dans des zones que la Russie considère comme sûres ne le sont plus. C’est créer un sentiment d’insécurité qui va bien au-delà des dégâts matériels immédiats. Parce que si Temryuk peut être frappé, qu’est-ce qui empêche l’Ukraine de frapper d’autres installations dans la région ? Le pont de Crimée lui-même ? Les bases militaires ? Les dépôts de munitions ?

Cette insécurité, elle a des conséquences concrètes. Les employés des installations stratégiques commencent à avoir peur. Certains refusent de travailler de nuit. D’autres démissionnent carrément. Les compagnies d’assurance augmentent leurs primes ou refusent de couvrir certains risques. Les investisseurs hésitent à financer des projets dans des zones menacées. Tout cela crée un climat d’incertitude qui paralyse progressivement l’économie de la région. Et c’est exactement ce que recherche l’Ukraine. Non pas seulement détruire des infrastructures, mais créer un climat où il devient de plus en plus difficile pour la Russie de fonctionner normalement. Où chaque décision économique doit prendre en compte le risque d’une frappe ukrainienne. Où l’incertitude devient la norme. C’est une forme de guerre psychologique qui complète la guerre physique. Et elle est tout aussi efficace. Peut-être même plus, car ses effets sont durables. Une infrastructure détruite peut être reconstruite. Mais la confiance perdue est beaucoup plus difficile à restaurer.

Sources

Sources primaires

The Kyiv Independent – « Ukraine confirms drone strikes on seaport, oil refinery in Russia » (5 décembre 2025)

État-major ukrainien – Communiqués officiels sur les frappes de Temryuk et Syzran (5 décembre 2025)

Militarnyi – « Drone Strikes Spark Massive Fires at Temryuk Port and Syzran Oil Refinery » (5 décembre 2025)

Reuters – « Russia says Azov Sea’s port of Temryuk damaged in Ukrainian attack » (5 décembre 2025)

Kyiv Post – « Syzran Oil Refinery in Samara – Key Rosneft Facility – Hit by Ukrainian Drones » (5 décembre 2025)

Astra (Telegram) – Rapports sur les frappes à Temryuk et Syzran (5 décembre 2025)

Supernova+ (Telegram) – Vidéos et images des incendies (5 décembre 2025)

Exilenova+ (Telegram) – Documentation des frappes (5 décembre 2025)

Sources secondaires

Bloomberg – « Ukraine Says It Attacked Rosneft Syzran Refinery, Azov Sea Port » (5 décembre 2025)

The Moscow Times – « Ukraine Launches Record Number of Strikes on Russian Oil Refineries in November » (1er décembre 2025)

Ukrinform – « Russian sources report drone attacks on Syzran oil refinery, Temryuk port » (5 décembre 2025)

Odessa Journal – « Ukrainian drones strike Rosneft Syzran Refinery in Samara region » (5 décembre 2025)

Rosneft – Informations sur la raffinerie de Syzran (données d’entreprise)

Global Energy Monitor – « Port Mechel Temryuk » (données sur le port)

Kpler Analytics – Données sur la capacité de raffinage russe (novembre-décembre 2025)

Center for Research on Energy and Clean Air – Analyses sur les exportations pétrolières russes (2025)

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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