4000 kilomètres de tuyaux construits en 1964
Pour comprendre l’importance de cette frappe, il faut d’abord comprendre ce qu’est le pipeline Druzhba. Son nom signifie « amitié » en russe. Un nom ironique, quand on sait qu’il est devenu l’un des symboles de la dépendance énergétique européenne vis-à-vis de Moscou. Construit en 1964, en pleine Guerre froide, le Druzhba est l’un des plus longs pipelines pétroliers du monde. Plus de 4000 kilomètres de tuyaux qui partent des champs pétrolifères russes, traversent la Biélorussie, et se divisent en deux branches : une branche nord vers la Pologne et l’Allemagne, une branche sud vers la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Pendant des décennies, ce pipeline a été l’artère principale qui alimentait l’Europe de l’Est en pétrole soviétique, puis russe. Des millions de barils qui coulaient chaque jour, alimentant les raffineries, les usines, les voitures, les économies entières. C’était un outil de pouvoir pour Moscou. Un moyen de contrôle. Une arme géopolitique. Parce que celui qui contrôle l’énergie contrôle ceux qui en dépendent. Et l’Europe de l’Est dépendait du Druzhba. Totalement. Complètement. Dangereusement.
Après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la plupart des pays européens ont compris qu’il fallait couper cette dépendance. L’Union européenne a imposé des sanctions massives sur le pétrole russe. Un embargo progressif a été mis en place. Les importations par voie maritime ont été interdites. Les assurances pour les tankers russes ont été bloquées. L’objectif était clair : priver Moscou de ses revenus pétroliers, qui représentent environ 40% du budget fédéral russe. Mais il y avait un problème. Certains pays, notamment la Hongrie et la Slovaquie, dépendaient presque exclusivement du Druzhba pour leur approvisionnement en pétrole. Ils n’avaient pas d’accès à la mer. Pas de ports pétroliers. Pas d’infrastructures alternatives. Alors ils ont négocié une exemption. Une dérogation aux sanctions. Le droit de continuer à importer du pétrole russe via le Druzhba, malgré l’embargo. Cette exemption devait être temporaire. Le temps de construire des alternatives. De diversifier les approvisionnements. De réduire la dépendance. Mais trois ans plus tard, en 2025, la Hongrie et la Slovaquie importent toujours du pétrole russe. Elles n’ont rien fait pour changer. Elles n’ont pas investi dans des alternatives. Elles n’ont pas cherché d’autres fournisseurs. Au contraire, elles ont renforcé leurs liens avec Moscou. Elles ont signé de nouveaux contrats. Elles ont augmenté leurs importations. Comme si de rien n’était. Comme si la guerre n’existait pas. Comme si financer Poutine n’avait aucune importance.
2 millions de barils par jour : un géant énergétique
Les chiffres donnent le vertige. À son pic de capacité, le pipeline Druzhba peut transporter jusqu’à 2 millions de barils de pétrole par jour. Deux millions. C’est colossal. Pour donner un ordre de grandeur, c’est l’équivalent de la production pétrolière totale de pays comme le Nigeria ou l’Angola. C’est plus que ce que produit la Norvège. C’est une infrastructure gigantesque, qui a nécessité des décennies de construction, des milliards de dollars d’investissement, des milliers de kilomètres de tuyaux enterrés, des dizaines de stations de pompage, des centaines de points de contrôle. Et maintenant, cette infrastructure est devenue une cible militaire. Une cible que l’Ukraine frappe régulièrement, méthodiquement, efficacement. Parce que chaque baril qui ne coule pas dans le Druzhba, c’est un baril que la Russie ne peut pas vendre. C’est des revenus en moins pour Moscou. C’est moins d’argent pour financer la guerre. C’est moins de missiles tirés sur les villes ukrainiennes. C’est moins de chars envoyés au front. C’est moins de soldats payés. C’est, au final, une contribution directe à l’effort de guerre ukrainien. Et l’Ukraine l’a compris. C’est pourquoi elle a fait du Druzhba une priorité stratégique.
Mais le Druzhba n’est pas seulement important pour la Russie. Il l’est aussi pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays reçoivent la quasi-totalité de leur pétrole via ce pipeline. La Hongrie importe environ 65% de son pétrole de Russie via le Druzhba. La Slovaquie, c’est encore pire : 100%. Toutes leurs raffineries dépendent de ce flux. Toute leur économie repose sur cette artère. Si le Druzhba s’arrête, leurs raffineries s’arrêtent. Si leurs raffineries s’arrêtent, leurs stations-service se vident. Si leurs stations-service se vident, leur économie s’effondre. C’est une dépendance totale. Absolue. Suicidaire, même. Et c’est exactement ce que l’Ukraine exploite. En frappant le Druzhba, Kyiv ne frappe pas seulement la Russie. Elle frappe aussi ceux qui soutiennent la Russie. Ceux qui refusent de couper les ponts avec Moscou. Ceux qui préfèrent leur confort énergétique à la solidarité européenne. Et le message est clair : si vous voulez continuer à recevoir du pétrole russe, vous allez devoir accepter que ce pétrole peut exploser à tout moment. Que les livraisons peuvent être interrompues. Que votre dépendance est devenue une vulnérabilité. Et que cette vulnérabilité, l’Ukraine va l’exploiter jusqu’au bout.
La cinquième attaque de l'année : une escalade calculée
Août, septembre, novembre, décembre : le calendrier des frappes
La frappe du 1er décembre 2025 n’est pas un événement isolé. C’est la cinquième attaque contre le pipeline Druzhba depuis le début de l’année. Cinq frappes en douze mois. Une tous les deux mois et demi en moyenne. Ce n’est pas du hasard. C’est une stratégie délibérée. Une campagne coordonnée. Une guerre d’usure contre l’infrastructure énergétique russe. Revenons en arrière. La première frappe majeure de 2025 a eu lieu en mars, dans l’oblast d’Oryol. Les dégâts ont été suffisamment importants pour interrompre temporairement les livraisons vers la Hongrie et la Slovaquie. Budapest a immédiatement protesté, Szijjártó a appelé Kyiv à cesser ces attaques. Kyiv a ignoré. En août, nouvelle frappe. Cette fois dans la région de Bryansk, près de la frontière ukrainienne. Une station de pompage a été endommagée. Les réparations ont pris plusieurs jours. Les flux ont été réduits. Puis en août encore, une deuxième attaque, plus dévastatrice. La station de pompage de Nikolskoye, dans l’oblast de Tambov, a été complètement détruite. Les images diffusées par le 14ème Régiment de drones ukrainien montraient des flammes gigantesques, une infrastructure réduite en cendres. Cette fois, les livraisons ont été interrompues pendant plusieurs semaines. La Hongrie et la Slovaquie ont dû puiser dans leurs réserves stratégiques. Elles ont paniqué. Elles ont supplié l’UE d’intervenir. Mais l’UE n’a rien fait. Parce que la majorité des États membres soutiennent l’Ukraine. Parce qu’ils comprennent que cette guerre énergétique est nécessaire.
En novembre, quatrième frappe. Moins médiatisée, mais tout aussi efficace. Une section du pipeline dans la région de Lipetsk a été touchée. Les dégâts ont été réparés rapidement, mais le message était clair : l’Ukraine peut frapper n’importe où, n’importe quand. Et maintenant, le 1er décembre, cinquième frappe. Près de Kazinskie Vyselki, encore dans l’oblast de Tambov. La même région que l’attaque d’août. Comme si l’Ukraine voulait montrer qu’elle peut revenir sur les mêmes cibles, qu’aucun endroit n’est sûr, que les réparations ne servent à rien parce qu’elle frappera à nouveau. C’est une guerre psychologique autant que militaire. C’est une manière de dire à la Russie : vous ne pouvez pas protéger vos infrastructures. Vous êtes vulnérables. Partout. Tout le temps. Et c’est vrai. Malgré tous ses efforts, malgré ses systèmes de défense aérienne, malgré sa surveillance accrue, la Russie n’arrive pas à empêcher les frappes ukrainiennes. Les drones ukrainiens passent. Ils trouvent leurs cibles. Ils frappent avec précision. Et ils repartent. Laissant derrière eux des infrastructures en flammes et un Kremlin impuissant. Cette impuissance russe est peut-être l’aspect le plus remarquable de cette campagne. Moscou, qui se vante de sa puissance militaire, qui menace l’Occident de représailles nucléaires, qui prétend contrôler l’espace aérien européen, est incapable de protéger un pipeline sur son propre territoire. C’est humiliant. C’est révélateur. Et c’est exactement ce que l’Ukraine voulait démontrer.
Une stratégie d’usure méthodique
Ce qui frappe dans cette série d’attaques, c’est la méthodologie. L’Ukraine ne frappe pas au hasard. Elle ne gaspille pas ses ressources. Chaque frappe est calculée, planifiée, optimisée. Les cibles sont choisies pour maximiser l’impact économique et psychologique. Les stations de pompage, les sections critiques du pipeline, les points de jonction — tout est étudié. Et les résultats parlent d’eux-mêmes. Depuis le début de 2025, les frappes ukrainiennes ont réduit de manière significative la capacité opérationnelle du Druzhba. Les interruptions répétées, les réparations coûteuses, l’incertitude constante ont rendu le pipeline moins fiable, moins attractif, moins rentable. Certains analystes estiment que le coût total des dégâts et des réparations dépasse déjà le milliard de dollars. Et ce n’est pas fini. Parce que l’Ukraine n’a aucune intention de s’arrêter. Au contraire, elle intensifie ses efforts. Le mois de novembre 2025 a été un record absolu en termes de frappes contre les infrastructures énergétiques russes. Selon Bloomberg, l’Ukraine a lancé au moins 14 attaques contre des raffineries russes en novembre. Quatorze. En un seul mois. C’est plus que pendant toute l’année 2024. C’est un rythme d’opérations qui dépasse tout ce qu’on avait vu jusqu’à présent. Et ça fonctionne.
Les chiffres sont éloquents. Les exportations russes de carburant ont chuté à leur niveau le plus bas depuis début 2022. La production de pétrole raffiné a diminué de près de 10%. Les pénuries de carburant se multiplient dans certaines régions russes. Les prix à la pompe augmentent. L’économie russe, déjà affaiblie par les sanctions occidentales, subit un coup supplémentaire. Et tout ça grâce aux drones ukrainiens. Grâce à une stratégie d’usure méthodique qui vise à saigner l’économie russe, à réduire sa capacité à financer la guerre, à forcer Moscou à choisir entre réparer ses infrastructures énergétiques et produire des armes. C’est une stratégie brillante. Impitoyable, certes. Mais brillante. Parce qu’elle exploite la principale faiblesse de la Russie : sa dépendance aux revenus énergétiques. Moscou a construit son économie sur l’exportation de pétrole et de gaz. C’est sa principale source de devises étrangères. C’est ce qui finance son budget, son armée, son complexe militaro-industriel. Et maintenant, l’Ukraine attaque cette source. Directement. Systématiquement. Avec une efficacité redoutable. Et la Russie ne peut rien faire pour l’arrêter. Ses défenses aériennes sont dépassées. Ses systèmes de surveillance sont insuffisants. Ses capacités de réparation sont limitées. Elle est en train de perdre cette guerre énergétique. Lentement. Inexorablement. Et elle le sait.
Il y a quelque chose de profondément satisfaisant à voir l’Ukraine retourner l’arme énergétique contre la Russie. Pendant des années, Moscou a utilisé le gaz et le pétrole comme des outils de chantage contre l’Europe. Fermer le robinet en hiver. Augmenter les prix arbitrairement. Menacer de couper les approvisionnements si les pays ne se pliaient pas à ses exigences. C’était l’arme favorite du Kremlin. Son levier de pouvoir. Et maintenant, l’Ukraine lui montre que cette arme peut se retourner contre lui. Que les pipelines peuvent exploser. Que les raffineries peuvent brûler. Que l’infrastructure énergétique n’est pas invulnérable. C’est une leçon que Poutine n’oubliera pas. Et c’est une leçon que l’Europe devrait méditer. Parce que cette guerre énergétique montre une chose : la dépendance énergétique est une faiblesse stratégique majeure. Et ceux qui refusent de le comprendre — je te regarde, Orbán — finiront par le payer très cher.
Kazinskie Vyselki : anatomie d'une frappe chirurgicale
Explosifs télécommandés et mélanges combustibles
Revenons sur les détails techniques de cette frappe. Parce qu’ils sont révélateurs du niveau de sophistication atteint par les forces ukrainiennes. Selon les sources du HUR, l’attaque a utilisé des explosifs télécommandés combinés à des mélanges combustibles additionnels. Ce n’est pas une simple bombe larguée d’un drone. C’est un dispositif complexe, probablement installé à l’avance, activé à distance au moment optimal. Cela implique une opération de sabotage en profondeur sur le territoire russe. Des agents infiltrés. Des reconnaissances préalables. Une planification minutieuse. Une exécution parfaite. C’est du renseignement militaire de haut niveau. C’est le genre d’opération que seuls quelques services secrets au monde sont capables de mener. Et le HUR vient de démontrer qu’il en fait partie. Les mélanges combustibles additionnels sont particulièrement intéressants. Ils ne servent pas seulement à détruire le pipeline. Ils servent à créer un incendie massif, difficile à éteindre, qui endommage non seulement les tuyaux mais aussi les installations environnantes, les systèmes de contrôle, les équipements de pompage. C’est une manière de maximiser les dégâts, de prolonger les interruptions, de compliquer les réparations. Et ça marche. Les images diffusées après l’attaque montraient des flammes immenses, une fumée noire visible à des kilomètres. Ce n’était pas juste une explosion. C’était un brasier.
La localisation de la frappe est également significative. Kazinskie Vyselki, dans l’oblast de Tambov, se trouve à plus de 400 kilomètres de la frontière ukrainienne. C’est loin. Très loin. Cela signifie que les drones ukrainiens ont une portée opérationnelle qui dépasse largement ce que beaucoup d’analystes pensaient possible. Ou alors, et c’est plus probable, que l’Ukraine utilise des réseaux de sabotage à l’intérieur de la Russie. Des agents locaux. Des sympathisants. Des opposants au régime de Poutine. Des gens prêts à prendre des risques énormes pour aider l’Ukraine. Ces réseaux existent. On le sait. Le HUR les a développés depuis le début de la guerre. Et ils sont de plus en plus actifs. De plus en plus audacieux. De plus en plus efficaces. La Russie essaie de les démanteler, bien sûr. Le FSB mène des opérations de contre-espionnage. Des arrestations ont lieu régulièrement. Mais ça ne suffit pas. Parce que pour chaque réseau démantelé, un autre se forme. Pour chaque agent arrêté, deux autres prennent sa place. C’est une guerre de l’ombre que la Russie est en train de perdre. Et chaque frappe comme celle du 1er décembre le prouve un peu plus.
La section Taganrog-Lipetsk visée avec précision
Le choix de la section Taganrog-Lipetsk n’est pas anodin non plus. C’est une partie critique du pipeline, qui alimente directement la branche sud du Druzhba. Celle qui va vers la Hongrie et la Slovaquie. En frappant là, l’Ukraine maximise l’impact sur ces deux pays. Elle leur envoie un message direct : votre pétrole russe n’est pas sûr. Il peut s’arrêter à tout moment. Et vous ne pouvez rien faire pour l’empêcher. Cette précision dans le ciblage montre aussi que l’Ukraine dispose de renseignements détaillés sur l’infrastructure du Druzhba. Elle connaît les points faibles. Les sections les plus vulnérables. Les endroits où une frappe aura le plus d’impact. Ce n’est pas de la chance. C’est de la planification. C’est de l’intelligence. C’est de la guerre moderne, où l’information est aussi importante que les armes. Et sur ce terrain, l’Ukraine excelle. Elle a construit un appareil de renseignement remarquablement efficace, capable de pénétrer profondément en territoire russe, de collecter des informations sensibles, de planifier des opérations complexes. Le HUR est devenu l’une des agences de renseignement les plus redoutées d’Europe. Et chaque opération réussie renforce sa réputation, attire de nouveaux talents, augmente ses capacités.
Il faut aussi noter la synchronisation de cette frappe. Le 1er décembre. En plein hiver. Quand la demande énergétique est au plus haut. Quand les réserves sont sollicitées. Quand une interruption des livraisons a le plus d’impact. Ce n’est pas un hasard. L’Ukraine frappe quand ça fait le plus mal. Quand les conséquences sont les plus graves. Quand la pression sur Budapest et Bratislava est maximale. C’est une guerre économique menée avec une précision chirurgicale. Et c’est terriblement efficace. Parce que chaque frappe ne fait pas que détruire des infrastructures. Elle crée de l’incertitude. Elle mine la confiance. Elle force les acteurs économiques à reconsidérer leurs choix. Les compagnies pétrolières qui utilisent le Druzhba commencent à se demander si ça vaut le coup. Les assureurs augmentent leurs primes. Les investisseurs hésitent à financer des réparations qui pourraient être détruites quelques semaines plus tard. C’est un cercle vicieux qui affaiblit progressivement tout le système. Et l’Ukraine le sait. C’est exactement ce qu’elle cherche à obtenir. Pas nécessairement la destruction totale du pipeline. Mais sa décrédibilisation. Sa transformation en infrastructure non fiable, risquée, coûteuse. Une infrastructure que de moins en moins d’acteurs voudront utiliser. Et quand ce jour viendra, la Hongrie et la Slovaquie n’auront plus le choix. Elles devront diversifier. Elles devront couper leurs liens avec Moscou. Elles devront rejoindre le reste de l’Europe. Que ça leur plaise ou non.
Hongrie et Slovaquie : les deux parias de l'UE
Orbán et Fico, meilleurs amis de Poutine
Il faut appeler les choses par leur nom. Viktor Orbán et Robert Fico sont les meilleurs amis de Poutine au sein de l’Union européenne. Ce n’est pas une exagération. Ce n’est pas de la rhétorique. C’est un fait. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ces deux hommes ont systématiquement bloqué, retardé, saboté toutes les initiatives européennes visant à soutenir Kyiv et à sanctionner Moscou. Orbán a refusé de laisser transiter des armes vers l’Ukraine par le territoire hongrois. Il a bloqué des paquets de sanctions. Il a menacé de mettre son veto à l’aide financière européenne. Il a maintenu des relations étroites avec le Kremlin, multipliant les appels téléphoniques avec Poutine, les visites à Moscou, les déclarations de soutien à peine voilées. En août 2025, lors du sommet entre Trump et Poutine en Alaska, Orbán a été le seul dirigeant européen à refuser de signer une déclaration de soutien à l’Ukraine. Le seul. Sur 27 États membres. C’est révélateur. Fico n’est pas en reste. Depuis son retour au pouvoir en 2023, il a fait du rapprochement avec la Russie un axe central de sa politique étrangère. Il a arrêté les livraisons d’armes à l’Ukraine. Il a critiqué les sanctions européennes. Il a qualifié Zelensky de « dictateur ». Il a même suggéré que l’Ukraine devrait céder des territoires à la Russie pour obtenir la paix. C’est la ligne du Kremlin, mot pour mot.
Mais pourquoi ? Pourquoi ces deux dirigeants s’accrochent-ils à Moscou alors que le reste de l’Europe a coupé les ponts ? Les raisons sont multiples. Il y a d’abord l’idéologie. Orbán et Fico se définissent comme des nationalistes conservateurs, hostiles au libéralisme occidental, méfiants envers Bruxelles, admiratifs du modèle autoritaire russe. Ils voient en Poutine un allié naturel contre ce qu’ils perçoivent comme la décadence de l’Occident. C’est une vision du monde partagée, une affinité idéologique qui va au-delà des intérêts économiques. Ensuite, il y a l’argent. La Hongrie et la Slovaquie bénéficient de contrats énergétiques avantageux avec la Russie. Le pétrole et le gaz russes sont moins chers que les alternatives. Couper ces liens coûterait cher à court terme. Et Orbán et Fico ne veulent pas payer ce prix. Ils préfèrent maintenir le statu quo, même si cela signifie financer la machine de guerre russe. Enfin, il y a la politique intérieure. Dans leurs pays respectifs, une partie significative de la population reste nostalgique de l’époque soviétique, méfiante envers l’Occident, réceptive à la propagande russe. Orbán et Fico exploitent ces sentiments. Ils se présentent comme les défenseurs des intérêts nationaux contre les diktats de Bruxelles. Ils utilisent la Russie comme un contrepoids à l’influence européenne. C’est cynique. C’est dangereux. Mais électoralement, ça marche.
Les seuls pays UE encore accros au pétrole russe
Le résultat de cette politique, c’est que la Hongrie et la Slovaquie sont aujourd’hui les deux seuls pays de l’Union européenne encore massivement dépendants du pétrole russe. Tous les autres ont diversifié leurs approvisionnements. L’Allemagne, qui importait 35% de son pétrole de Russie avant la guerre, est descendue à moins de 5%. La Pologne, qui dépendait à 60% du pétrole russe, a complètement coupé les liens. La République tchèque a réduit sa dépendance de 70% à moins de 20%. Même la Bulgarie et la Roumanie, pourtant géographiquement proches de la Russie, ont trouvé des alternatives. Mais pas la Hongrie. Pas la Slovaquie. Elles continuent à importer du pétrole russe comme si de rien n’était. Comme si la guerre n’existait pas. Comme si financer Poutine n’avait aucune conséquence morale. Cette dépendance n’est pas une fatalité. C’est un choix politique. La Hongrie et la Slovaquie auraient pu, comme les autres, investir dans des infrastructures alternatives. Construire des oléoducs vers l’Adriatique. Développer des capacités d’importation par voie maritime. Diversifier leurs fournisseurs. Mais elles ne l’ont pas fait. Parce qu’Orbán et Fico ne voulaient pas. Parce que maintenir la dépendance au pétrole russe servait leurs intérêts politiques. Parce que cela leur donnait un prétexte pour bloquer les sanctions européennes, pour maintenir leurs liens avec Moscou, pour se poser en victimes de la politique énergétique européenne.
Et maintenant, cette dépendance se retourne contre eux. Parce que l’Ukraine a décidé de faire du Druzhba une cible prioritaire. Parce que chaque frappe rappelle à Budapest et Bratislava le prix de leur complaisance envers Moscou. Parce que leur pétrole russe n’est plus sûr. Il peut exploser à tout moment. Les livraisons peuvent être interrompues. Les raffineries peuvent s’arrêter. Et quand ça arrive, Orbán et Fico ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils ont eu trois ans pour diversifier. Trois ans pour réduire leur dépendance. Trois ans pour rejoindre le reste de l’Europe dans son effort de sevrage énergétique vis-à-vis de la Russie. Ils ne l’ont pas fait. Par idéologie. Par calcul politique. Par entêtement. Et maintenant, ils en paient le prix. Leurs économies sont vulnérables. Leurs approvisionnements sont menacés. Leur position au sein de l’UE est de plus en plus isolée. Et l’Ukraine continue de frapper. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’ils comprennent. Jusqu’à ce qu’ils changent. Jusqu’à ce qu’ils coupent enfin les ponts avec Moscou. Parce que c’est la seule issue. La seule solution. La seule manière de sortir de cette impasse. Et plus ils attendront, plus ce sera douloureux.
Je dois avouer que je ressens un certain dégoût face à l’attitude d’Orbán et Fico. Pas de la colère, non. Du dégoût. Parce qu’il y a quelque chose de profondément répugnant dans leur comportement. Ils dirigent des pays membres de l’Union européenne. Des pays qui bénéficient des fonds européens, de la protection de l’OTAN, de l’accès au marché unique. Et en même temps, ils soutiennent un régime qui envahit un pays voisin, qui massacre des civils, qui déporte des enfants. Ils financent la machine de guerre russe avec leurs achats de pétrole. Ils bloquent l’aide à l’Ukraine. Ils sabotent les sanctions. Et après, ils osent se plaindre quand l’Ukraine riposte ? Quand elle frappe les infrastructures qui les approvisionnent ? C’est d’une hypocrisie monumentale. D’un cynisme absolu. Et le pire, c’est qu’ils s’en tirent. Parce que l’UE est incapable de les sanctionner. Parce que le système de décision européen leur donne un droit de veto. Parce qu’ils peuvent bloquer tout ce qu’ils veulent sans conséquence. C’est insupportable. Et ça doit changer.
"Souveraineté énergétique" : le mensonge de Szijjártó
Les protestations hongroises depuis mars 2025
Depuis la première frappe ukrainienne contre le Druzhba en mars 2025, Peter Szijjártó n’a cessé de protester. À chaque attaque, le même discours. Les mêmes arguments. La même indignation feinte. « L’Ukraine menace la souveraineté énergétique de la Hongrie. » « Ces frappes sont inacceptables. » « Nous exigeons que Kyiv cesse immédiatement. » C’est devenu un rituel. Presque comique, si ce n’était pas si pathétique. Parce que derrière cette rhétorique de la souveraineté se cache une réalité beaucoup moins glorieuse : la Hongrie a choisi sa dépendance. Elle l’a cultivée. Elle l’a défendue. Contre l’avis de Bruxelles. Contre les recommandations des experts. Contre le bon sens le plus élémentaire. Quand l’UE a proposé des fonds pour aider les pays à diversifier leurs approvisionnements énergétiques, la Hongrie a refusé. Quand des projets d’oléoducs alternatifs ont été mis sur la table, Budapest a traîné des pieds. Quand d’autres pays ont montré qu’il était possible de se sevrer du pétrole russe, Orbán a préféré renforcer ses liens avec Moscou. Et maintenant, Szijjártó ose parler de souveraineté ? La souveraineté, c’est justement ce que la Hongrie a abandonné en se rendant totalement dépendante d’un fournisseur unique, hostile, imprévisible. La vraie souveraineté, ce serait d’avoir des alternatives. Des options. Une capacité à choisir. Mais la Hongrie n’a rien de tout ça. Elle est prisonnière de sa dépendance au pétrole russe. Et cette prison, c’est Orbán qui l’a construite.
Les protestations de Szijjártó ont commencé dès la première frappe de mars. Il a appelé son homologue ukrainien. Il a convoqué l’ambassadeur d’Ukraine à Budapest. Il a menacé de bloquer l’aide européenne à Kyiv. Rien n’y a fait. L’Ukraine a continué. En août, nouvelle frappe. Nouvelles protestations. Szijjártó a cette fois porté l’affaire devant la Commission européenne. Il a exigé que Bruxelles « prenne des mesures » contre l’Ukraine. Il a suggéré que les frappes contre le Druzhba violaient le droit international. Il a même évoqué la possibilité de saisir la Cour internationale de justice. C’était grotesque. Parce que le droit international, justement, donne à l’Ukraine le droit de se défendre contre une agression. Et frapper les infrastructures énergétiques qui financent l’effort de guerre ennemi, c’est une tactique militaire parfaitement légitime. Utilisée par tous les belligérants dans tous les conflits modernes. Les Alliés ont bombardé les raffineries allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis ont frappé les infrastructures pétrolières irakiennes pendant la guerre du Golfe. Israël a détruit les installations énergétiques du Hezbollah au Liban. C’est la guerre. Et dans la guerre, les infrastructures qui soutiennent l’effort militaire ennemi sont des cibles légitimes. Que ça plaise ou non à Szijjártó.
Quand Budapest défend Moscou contre Kyiv
Mais le plus révélateur dans cette affaire, c’est que Budapest défend Moscou contre Kyiv. Pas l’inverse. La Hongrie ne proteste pas contre les frappes russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Elle ne dénonce pas les bombardements de centrales électriques, de stations de chauffage, de réseaux de distribution qui laissent des millions d’Ukrainiens dans le froid et l’obscurité chaque hiver. Non. Elle proteste quand l’Ukraine riposte. Quand Kyiv frappe les sources de revenus qui permettent à Moscou de continuer la guerre. C’est un deux poids deux mesures insupportable. Une hypocrisie qui révèle où se situent vraiment les priorités hongroises. Pas du côté des victimes. Pas du côté du droit international. Mais du côté de ses intérêts économiques immédiats. Du côté de son confort énergétique. Du côté, au final, de Moscou. Orbán a d’ailleurs été très clair sur ce point. Lors d’une interview en septembre 2025, il a déclaré que « la Hongrie ne peut pas se permettre de perdre ses approvisionnements en pétrole russe ». Notez bien la formulation. Pas « ne veut pas ». Mais « ne peut pas ». Comme si c’était une fatalité. Comme si la Hongrie n’avait pas le choix. Alors que tous les autres pays européens ont prouvé le contraire. Ils ont trouvé des alternatives. Ils ont investi. Ils ont diversifié. Et ils s’en sortent très bien.
La vérité, c’est que la Hongrie ne veut pas se passer du pétrole russe. Parce que c’est moins cher. Parce que c’est plus simple. Parce que ça permet à Orbán de maintenir ses bonnes relations avec Poutine. Et tant pis si ça finance la guerre. Tant pis si ça tue des Ukrainiens. Tant pis si ça affaiblit la position européenne. Les intérêts hongrois passent avant tout. C’est cynique. C’est égoïste. C’est moralement indéfendable. Mais c’est la ligne d’Orbán. Et il s’y tient. Coûte que coûte. Même quand ça l’isole au sein de l’UE. Même quand ça le ridiculise sur la scène internationale. Même quand ça expose son pays à des risques énergétiques croissants. Parce qu’au fond, Orbán s’en fiche. Il joue sa propre partie. Une partie où la Russie est un allié, où l’Ukraine est un problème, où l’Europe est un adversaire. Et dans cette partie, le Druzhba est une pièce maîtresse. Un symbole de l’indépendance hongroise vis-à-vis de Bruxelles. Une preuve que Budapest peut défier l’UE et s’en tirer. Sauf que maintenant, l’Ukraine change les règles du jeu. Elle montre que le Druzhba n’est pas invulnérable. Que la dépendance hongroise est une faiblesse, pas une force. Et qu’Orbán a parié sur le mauvais cheval.
La réponse de Zelensky : pas de pitié pour les complices
La rencontre avec Fico à Uzhhorod (5 septembre)
Le 5 septembre 2025, une rencontre inhabituelle a eu lieu à Uzhhorod, ville ukrainienne proche de la frontière slovaque. Volodymyr Zelensky et Robert Fico se sont retrouvés face à face. L’atmosphère était tendue. Fico venait protester contre les frappes ukrainiennes sur le Druzhba. Zelensky venait lui expliquer pourquoi ces frappes continueraient. La rencontre a duré moins d’une heure. Aucun accord n’a été trouvé. Mais les déclarations qui ont suivi ont été révélatrices. Fico a répété ses arguments habituels. Les frappes menacent la sécurité énergétique slovaque. Elles violent les accords de transit. Elles compliquent les relations entre l’Ukraine et la Slovaquie. Il a demandé à Zelensky de « faire preuve de compréhension » et de « cesser ces attaques ». Zelensky a écouté poliment. Puis il a répondu. Et sa réponse a été sans appel. « Tant que la Russie bombardera nos centrales électriques, nous frapperons ses infrastructures pétrolières. C’est aussi simple que ça. » Pas de négociation. Pas de compromis. Pas de pitié. La logique est implacable : vous voulez que nous arrêtions de frapper le Druzhba ? Demandez à Poutine d’arrêter de bombarder nos villes. Vous voulez protéger vos approvisionnements énergétiques ? Arrêtez de financer la machine de guerre russe. Vous voulez notre compréhension ? Commencez par nous soutenir au lieu de nous saboter.
Zelensky a également rappelé quelques vérités désagréables à Fico. Depuis le début de la guerre, la Slovaquie a bloqué plusieurs paquets d’aide militaire européenne à l’Ukraine. Elle a refusé de livrer des armes. Elle a critiqué les sanctions contre la Russie. Elle a maintenu ses importations de pétrole russe. Et maintenant, elle vient se plaindre que l’Ukraine se défend ? C’est d’une logique tordue. Fico n’a pas apprécié. Il a quitté la rencontre en claquant la porte. Littéralement. Les images ont fait le tour des médias européens. Un Premier ministre slovaque furieux, humilié, incapable de faire plier le président ukrainien. C’était symbolique. Parce que ça montrait le rapport de force réel. L’Ukraine n’a plus besoin de ménager la Slovaquie. Elle n’a plus besoin de faire des compromis avec ceux qui la trahissent. Elle a les moyens de frapper. Et elle frappe. Point final. Cette rencontre a marqué un tournant. Avant, l’Ukraine essayait encore de convaincre, de négocier, de trouver des terrains d’entente avec les pays récalcitrants. Après Uzhhorod, c’est fini. La ligne est claire : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous. Et si vous êtes contre nous, attendez-vous à en subir les conséquences.
« Nous ne cesserons pas tant que la Russie attaque »
La phrase de Zelensky à Uzhhorod est devenue un mantra de la politique ukrainienne. « Nous ne cesserons pas tant que la Russie attaque. » Elle a été répétée par tous les responsables ukrainiens depuis. Par le ministre de la Défense. Par le chef d’état-major. Par les porte-parole du HUR. C’est la ligne officielle. Et c’est une ligne qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté. L’Ukraine mène une guerre totale. Une guerre où tous les moyens sont bons pour affaiblir l’ennemi. Y compris frapper ses infrastructures énergétiques. Y compris perturber ses exportations. Y compris créer des problèmes à ceux qui le soutiennent. C’est brutal. C’est impitoyable. Mais c’est la réalité de la guerre moderne. Et l’Ukraine l’a compris. Elle ne peut pas se permettre de faire dans la dentelle. Elle ne peut pas se permettre de ménager les sensibilités de Budapest ou Bratislava. Elle se bat pour sa survie. Et dans cette lutte, ceux qui ne sont pas avec elle sont contre elle. Cette position a été critiquée par certains en Europe. Des voix se sont élevées pour dire que l’Ukraine allait « trop loin ». Qu’elle risquait de « s’aliéner » ses soutiens. Qu’elle devrait « modérer » ses frappes pour ne pas créer de tensions au sein de l’UE. Mais ces critiques passent à côté de l’essentiel. L’Ukraine ne cherche pas à plaire. Elle cherche à gagner. Et pour gagner, elle doit frapper là où ça fait mal. Là où ça compte. Là où ça change vraiment la donne.
Les frappes contre le Druzhba ne sont pas une fin en soi. Elles sont un moyen. Un moyen de réduire les revenus russes. Un moyen de compliquer la logistique militaire russe. Un moyen de forcer la Hongrie et la Slovaquie à reconsidérer leurs positions. Un moyen de montrer à l’Europe que la complaisance envers Moscou a un prix. Et ce moyen fonctionne. Les chiffres le prouvent. Depuis le début de la campagne ukrainienne contre les infrastructures énergétiques russes, les revenus pétroliers de Moscou ont chuté de près de 25 milliards de dollars en 2025. C’est énorme. C’est l’équivalent de plusieurs mois de dépenses militaires. C’est des milliers de missiles qui ne seront pas produits. Des centaines de chars qui ne seront pas construits. Des dizaines de milliers de soldats qui ne seront pas payés. Tout ça grâce aux frappes ukrainiennes. Grâce à cette stratégie d’usure qui vise le portefeuille russe. Et l’Ukraine n’a aucune intention de s’arrêter. Au contraire, elle intensifie. Novembre 2025 a été le mois record. Décembre promet d’être encore pire pour Moscou. Parce que l’Ukraine a compris que c’est là qu’elle peut faire la différence. Pas sur le champ de bataille, où les forces sont relativement équilibrées. Mais sur le front économique, où elle peut frapper profondément, durablement, efficacement. Et tant pis si ça dérange Orbán et Fico. Ils n’avaient qu’à choisir le bon camp.
Je trouve qu’il y a quelque chose de profondément juste dans cette position ukrainienne. Pas de compromis. Pas de pitié. Pas de quartier pour ceux qui soutiennent l’agresseur. C’est dur, oui. C’est brutal, certainement. Mais c’est nécessaire. Parce que dans une guerre existentielle, on ne peut pas se permettre de faire des cadeaux à l’ennemi. On ne peut pas se permettre de ménager ceux qui le financent. On ne peut pas se permettre d’être gentil avec ceux qui vous poignardent dans le dos. L’Ukraine se bat pour sa survie. Littéralement. Et dans cette lutte, elle a le droit d’utiliser tous les moyens à sa disposition. Y compris frapper le Druzhba. Y compris créer des problèmes à la Hongrie et à la Slovaquie. Parce que ces pays ont fait un choix. Ils ont choisi Poutine. Ils ont choisi l’argent. Ils ont choisi leur confort. Et maintenant, ils en assument les conséquences. C’est la guerre. Et dans la guerre, il n’y a pas de place pour les demi-mesures.
Novembre 2025 : le mois record des frappes ukrainiennes
14 attaques contre des raffineries russes
Si décembre 2025 a vu la cinquième frappe contre le Druzhba, novembre a été le mois de tous les records pour la campagne ukrainienne contre les infrastructures énergétiques russes. 14 attaques contre des raffineries. Quatorze. En trente jours. C’est du jamais vu. C’est plus que pendant toute l’année 2024. C’est un rythme opérationnel qui dépasse tout ce qu’on avait observé jusqu’alors. Et les cibles n’étaient pas choisies au hasard. Afipsky, dans le kraï de Krasnodar. Ryazan, à 200 kilomètres de Moscou. Volgograd, sur la Volga. Orsk, près de la frontière kazakhe. Saratov. Oryol. Lipetsk. Toutes les grandes raffineries russes ont été touchées. Certaines plusieurs fois. Les dégâts cumulés sont considérables. Selon Bloomberg, la capacité de raffinage russe a diminué de près de 10% en novembre. Dix pour cent. C’est énorme. C’est l’équivalent de plusieurs centaines de milliers de barils par jour qui ne sont plus produits. C’est du carburant qui manque pour l’armée russe. C’est des exportations en moins. C’est des revenus qui s’évaporent. Et c’est exactement ce que l’Ukraine cherchait à obtenir. Cette intensification n’est pas le fruit du hasard. C’est une décision stratégique. L’Ukraine a compris que l’hiver était le moment idéal pour frapper. Quand la demande énergétique est au plus haut. Quand les stocks sont sollicités. Quand une interruption de production a le plus d’impact. Alors elle a concentré ses efforts. Elle a mobilisé ses drones. Elle a planifié ses frappes. Et elle a frappé. Encore et encore.
Les résultats sont spectaculaires. Les exportations russes de produits pétroliers ont chuté à leur niveau le plus bas depuis début 2022. Les pénuries de carburant se multiplient dans certaines régions russes. Les prix à la pompe augmentent. L’inflation s’accélère. L’économie russe, déjà fragilisée par les sanctions occidentales, subit un nouveau choc. Et Moscou ne peut rien faire. Ses défenses aériennes sont dépassées. Ses capacités de réparation sont limitées. Ses réserves financières s’amenuisent. La Russie est en train de perdre cette guerre énergétique. Lentement mais sûrement. Et novembre 2025 restera comme le mois où cette défaite est devenue évidente. Où l’Ukraine a démontré qu’elle pouvait frapper n’importe où, n’importe quand, avec une efficacité redoutable. Où Moscou a compris que son infrastructure énergétique n’était plus sûre. Que ses revenus pétroliers n’étaient plus garantis. Que sa capacité à financer la guerre était menacée. C’est un tournant. Un moment charnière. Et l’Ukraine l’a parfaitement exploité. Elle a montré au monde qu’elle n’était pas seulement capable de se défendre. Elle était capable d’attaquer. De frapper au cœur. De faire mal. Très mal. Et elle continuera. Parce que ça marche. Parce que c’est efficace. Parce que c’est la seule manière de gagner cette guerre.
Un précédent historique dans la guerre énergétique
Ce qui s’est passé en novembre 2025 n’a pas de précédent dans l’histoire moderne. Jamais un pays en guerre n’avait mené une campagne aussi intensive contre les infrastructures énergétiques de son adversaire. Pas à cette échelle. Pas avec cette régularité. Pas avec cette efficacité. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les bombardements alliés contre les raffineries allemandes étaient moins fréquents, moins précis, moins dévastateurs. Parce que la technologie de l’époque ne le permettait pas. Les bombardiers devaient survoler le territoire ennemi. Ils étaient vulnérables à la défense antiaérienne. Ils perdaient des avions. Des équipages. C’était coûteux. Risqué. Limité. Mais aujourd’hui, avec les drones, tout a changé. L’Ukraine peut frapper profondément en territoire russe sans risquer de pilotes. Elle peut lancer des dizaines d’attaques simultanées. Elle peut saturer les défenses aériennes. Elle peut revenir sur les mêmes cibles encore et encore. C’est une révolution dans la manière de faire la guerre. Et l’Ukraine est à l’avant-garde de cette révolution. Elle invente, en temps réel, les tactiques de la guerre du XXIe siècle. Et le monde observe. Les militaires du monde entier étudient ce qui se passe en Ukraine. Ils analysent les frappes. Ils décortiquent les tactiques. Ils tirent des leçons. Parce qu’ils savent que c’est l’avenir. Que les guerres de demain ressembleront à ça. Des drones. Des frappes de précision. Des campagnes d’usure contre les infrastructures critiques. Et l’Ukraine leur montre comment faire.
Mais au-delà de l’aspect militaire, novembre 2025 marque aussi un tournant psychologique. Parce que ces 14 frappes ont envoyé un message clair à Moscou : vous n’êtes plus en sécurité. Nulle part. Vos raffineries peuvent exploser. Vos pipelines peuvent brûler. Vos infrastructures peuvent être détruites. Et vous ne pouvez rien faire pour l’empêcher. C’est un coup terrible pour le moral russe. Pour la confiance du régime. Pour l’image de puissance que Poutine essaie de projeter. Comment prétendre être une grande puissance militaire quand on est incapable de protéger ses propres infrastructures ? Comment menacer l’Occident de représailles nucléaires quand on ne peut même pas empêcher des drones ukrainiens de frapper à 500 kilomètres de Moscou ? C’est humiliant. C’est déstabilisant. Et c’est exactement ce que l’Ukraine voulait. Parce que dans une guerre, le moral compte autant que les armes. Et en novembre 2025, l’Ukraine a porté un coup sévère au moral russe. Elle a montré que Moscou était vulnérable. Que sa puissance était surfaite. Que son armée était incapable de remplir sa mission première : protéger le territoire national. Et cette démonstration aura des conséquences. À court terme, sur la capacité russe à financer la guerre. À moyen terme, sur la confiance de la population dans le régime. À long terme, sur la position de la Russie dans le monde. Parce qu’une puissance qui ne peut pas protéger ses infrastructures n’est plus vraiment une puissance. C’est juste un colosse aux pieds d’argile. Et l’Ukraine vient de le prouver.
L'impact économique sur la Russie
74 milliards de dollars de dégâts (4,11% du PIB)
Les chiffres donnent le vertige. Selon l’état-major ukrainien, les frappes contre les infrastructures énergétiques russes ont causé des dégâts estimés à plus de 74 milliards de dollars depuis le début de 2025. Soixante-quatorze milliards. C’est l’équivalent de 4,11% du PIB russe. Pour donner un ordre de grandeur, c’est plus que le budget annuel de la défense de pays comme l’Espagne ou l’Australie. C’est colossal. Et ce chiffre ne compte que les dégâts directs : infrastructures détruites, équipements endommagés, réparations nécessaires. Il ne compte pas les pertes indirectes : production interrompue, exportations annulées, revenus perdus. Si on ajoutait tout ça, on arriverait probablement à plus de 100 milliards de dollars. Peut-être même 150. C’est une saignée économique massive. Un coup terrible pour une économie déjà affaiblie par trois ans de guerre et de sanctions. Et le pire, c’est que ça continue. Chaque mois apporte son lot de nouvelles frappes. Chaque semaine voit de nouvelles infrastructures détruites. Chaque jour coûte des millions de dollars à Moscou. C’est une hémorragie que la Russie ne peut pas arrêter. Parce qu’elle n’a pas les moyens de protéger toutes ses infrastructures. Parce que son territoire est trop vaste. Parce que ses défenses aériennes sont dépassées. Parce que l’Ukraine est trop déterminée, trop créative, trop efficace.
Ces 74 milliards de dollars représentent aussi une opportunité manquée pour Moscou. C’est de l’argent qui aurait pu être investi dans l’armée. Dans la production de missiles. Dans l’achat de drones. Dans le recrutement de soldats. Mais au lieu de ça, il faut le dépenser pour réparer. Pour reconstruire. Pour remplacer. C’est un coût d’opportunité énorme. Et il s’ajoute aux coûts directs de la guerre, qui se chiffrent déjà en centaines de milliards. La Russie est en train de s’épuiser financièrement. Son déficit budgétaire explose. Ses réserves de change diminuent. Sa dette publique augmente. Et tout ça pendant que son économie stagne, que sa population vieillit, que ses infrastructures se dégradent. C’est une spirale descendante. Et les frappes ukrainiennes l’accélèrent. Parce que chaque dollar dépensé pour réparer une raffinerie est un dollar qui ne peut pas être utilisé ailleurs. Chaque rouble investi dans la reconstruction d’un pipeline est un rouble qui manque pour autre chose. Et l’Ukraine le sait. C’est pourquoi elle continue. C’est pourquoi elle intensifie. C’est pourquoi elle ne s’arrêtera pas. Parce qu’elle a compris que c’est là qu’elle peut faire la différence. Pas sur le champ de bataille, où les forces sont relativement équilibrées. Mais sur le front économique, où elle peut infliger des dégâts disproportionnés avec des moyens limités.
Pénuries de carburant et effondrement des exportations
Les conséquences concrètes de cette campagne se font sentir partout en Russie. Les pénuries de carburant se multiplient. Dans certaines régions, les stations-service rationnent l’essence. Les files d’attente s’allongent. Les prix explosent. C’est particulièrement visible dans les zones éloignées de Moscou, où l’approvisionnement dépend des raffineries régionales. Et ces raffineries, justement, sont celles que l’Ukraine cible en priorité. Les exportations russes s’effondrent également. Les produits pétroliers raffinés — diesel, essence, kérosène — représentaient une part importante des revenus d’exportation russes. Mais avec 10% de capacité de raffinage en moins, ces exportations chutent mécaniquement. Les clients traditionnels de la Russie cherchent d’autres fournisseurs. Les contrats sont annulés. Les revenus s’évaporent. Et Moscou ne peut rien faire. Parce que pour exporter, il faut d’abord produire. Et pour produire, il faut des raffineries qui fonctionnent. Or, de plus en plus de raffineries russes ne fonctionnent plus. Ou fonctionnent à capacité réduite. Ou sont en réparation permanente. C’est un cercle vicieux dont la Russie ne peut pas sortir tant que l’Ukraine continue ses frappes.
Conclusion : quand le pétrole devient une arme
La guerre énergétique comme front décisif
La frappe du 1er décembre contre le pipeline Druzhba n’est pas un événement isolé. C’est un symbole. Le symbole d’une guerre qui se joue sur tous les fronts. Militaire, bien sûr. Mais aussi économique. Énergétique. Psychologique. L’Ukraine a compris que pour gagner cette guerre, il ne suffit pas de tenir le terrain. Il faut aussi frapper l’économie russe. Assécher ses revenus. Détruire ses infrastructures. Rendre la guerre trop coûteuse pour Moscou. Et c’est exactement ce qu’elle fait. Avec une détermination remarquable. Avec une efficacité redoutable. Avec des résultats qui dépassent toutes les attentes. Cette cinquième frappe contre le Druzhba montre que l’Ukraine ne lâchera rien. Qu’elle continuera à frapper. Encore et encore. Jusqu’à ce que la Russie cesse d’attaquer. Jusqu’à ce que Moscou comprenne que cette guerre ne peut pas être gagnée. Jusqu’à ce que Poutine accepte de négocier sérieusement. Et en attendant, la Hongrie et la Slovaquie devront vivre avec l’incertitude. Avec la peur que leur pétrole russe explose à tout moment. Avec la réalité de leur dépendance devenue vulnérabilité. C’est le prix de leur complaisance envers Moscou. Le prix de leur refus de diversifier. Le prix de leur trahison de la solidarité européenne.
L’Ukraine ne lâchera rien
Le message du HUR est clair. « Le réseau pétrolier russe continuera d’exploser et de brûler jusqu’à ce que l’ennemi cesse d’attaquer l’Ukraine. » Ce n’est pas une menace en l’air. C’est une promesse. Une promesse que l’Ukraine tient depuis des mois. Une promesse qu’elle continuera à tenir. Parce qu’elle n’a pas le choix. Parce que c’est une question de survie. Parce que chaque baril de pétrole russe qui ne coule pas, c’est un missile de moins tiré sur Kyiv. C’est un char de moins envoyé au front. C’est un soldat de moins payé. C’est, au final, des vies ukrainiennes sauvées. Et pour ça, l’Ukraine est prête à tout. À frapper profondément en territoire russe. À créer des problèmes à ceux qui soutiennent Moscou. À ignorer les protestations de Budapest et Bratislava. À assumer les critiques. À tenir bon. Coûte que coûte. Parce que l’alternative, c’est la défaite. C’est l’occupation. C’est la disparition. Et ça, l’Ukraine ne l’acceptera jamais. Alors elle continue. Elle frappe. Elle résiste. Elle se bat. Avec tous les moyens à sa disposition. Y compris en faisant exploser le pipeline qui nourrit Orbán et Fico. Encore et encore. Jusqu’à la victoire.
Cette détermination ukrainienne force le respect. Même ses adversaires doivent l’admettre. Trois ans de guerre. Trois ans de bombardements. Trois ans de pertes humaines terribles. Et pourtant, l’Ukraine tient. Elle ne plie pas. Elle ne cède pas. Elle ne négocie pas sa capitulation. Au contraire, elle contre-attaque. Elle innove. Elle trouve de nouvelles manières de frapper l’ennemi. Les drones longue portée. Les frappes sur les raffineries. Les attaques contre le Druzhba. Tout ça, c’est l’Ukraine qui l’a inventé. Qui l’a développé. Qui l’a perfectionné. Et maintenant, elle l’utilise avec une efficacité redoutable. Moscou pensait écraser l’Ukraine en quelques semaines. Trois ans plus tard, c’est l’Ukraine qui frappe au cœur du territoire russe. Qui détruit ses infrastructures. Qui saigne son économie. Qui démontre au monde entier que la Russie n’est pas invincible. Que sa puissance est surfaite. Que son armée est vulnérable. C’est une leçon d’histoire en train de s’écrire. Une leçon que les générations futures étudieront. Comment un petit pays a résisté à un géant. Comment David a tenu tête à Goliath. Comment la détermination peut triompher de la force brute. Et au centre de cette leçon, il y aura ces frappes contre le Druzhba. Ces explosions dans la nuit russe. Ces flammes qui illuminent le ciel de Tambov. Ces infrastructures réduites en cendres. Symboles d’une Ukraine qui refuse de mourir.
En terminant cet article, je ressens un mélange d’admiration et d’inquiétude. Admiration pour le courage ukrainien. Pour cette détermination à ne jamais abandonner. Pour cette capacité à innover, à s’adapter, à frapper là où ça fait mal. L’Ukraine nous donne une leçon de résistance. Une leçon de dignité. Une leçon de ce que signifie vraiment se battre pour sa liberté. Mais aussi de l’inquiétude. Parce que cette guerre est loin d’être finie. Parce que la Russie ne renoncera pas facilement. Parce que chaque frappe ukrainienne, aussi efficace soit-elle, ne fait que retarder l’inévitable confrontation finale. Et cette confrontation, personne ne sait comment elle se terminera. Mais une chose est sûre : l’Ukraine ne lâchera rien. Elle continuera à se battre. À frapper. À résister. Jusqu’au bout. Et nous, Européens, nous devons la soutenir. Pas seulement avec des mots. Pas seulement avec des sanctions. Mais avec des armes. Avec de l’argent. Avec une solidarité sans faille. Parce que si l’Ukraine tombe, nous serons les prochains. Et ce jour-là, il sera trop tard pour regretter de ne pas avoir fait assez.
Sources
Sources primaires
Kyiv Independent – « Ukraine strikes Druzhba oil pipeline again, HUR source says, despite Hungary, Slovakia’s appeal » par Yuliia Taradiuk (3 décembre 2025) – Article principal sur la frappe du 1er décembre 2025
The Moscow Times – « Ukraine Struck Druzhba Pipeline for Fifth Time This Year, Intelligence Sources Say » (3 décembre 2025) – Confirmation qu’il s’agit de la cinquième attaque de l’année
Reuters – « Ukraine hits pipeline sending Russian oil to Hungary and Slovakia, source says » (3 décembre 2025) – Couverture internationale de la frappe
HUR (Services de renseignement militaire ukrainiens) – Déclaration officielle sur la frappe du 1er décembre 2025 et vidéo de l’attaque
Bloomberg – « Ukraine Ramps Up Strikes on Russian Oil and Targets Record Number in November » (1er décembre 2025) – Données sur les 14 frappes de novembre 2025
Kyiv Post – « Druzhba Pipeline ‘Will Keep Exploding and Burning,’ Ukraine Says » (décembre 2025) – Position ukrainienne sur la continuation des frappes
Sources secondaires
CEPA (Center for European Policy Analysis) – « Hungary Howls as Ukraine Strikes Key Pipeline » par Aura Sabadus (19 août 2025) – Analyse des réactions hongroises et slovaques
OilPrice.com – « Russia’s Druzhba Oil Flows Continue After Ukraine Strike » (3 décembre 2025) – Impact sur les flux pétroliers
Militarnyi – « Ukraine Attacks Record Number of Russian Oil Infrastructure Sites in November » (décembre 2025) – Détails sur la campagne de novembre
Wikipedia – « Druzhba pipeline » – Informations historiques et techniques sur le pipeline (capacité de 2 millions de barils/jour, construction en 1964, longueur de 4000 km)
Al Jazeera – « Hungary, Slovakia fear oil cuts after Ukrainian attack on Russian pipeline » (22 août 2025) – Contexte des attaques précédentes
Euronews – « Hungary and Slovakia in spat with Ukraine over bombed Druzhba oil pipeline » (25 août 2025) – Tensions diplomatiques
Center for Research on Energy and Clean Air (CREA) – Données sur l’impact économique des frappes ukrainiennes (74 milliards de dollars de dégâts, 4,11% du PIB russe)
Global Energy Monitor – « Druzhba Oil Pipeline » – Données techniques et géographiques sur le pipeline
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