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Cinquième frappe, même cible : quand l’Ukraine fait exploser le pipeline qui nourrit Orbán et Fico
Crédit: Adobe Stock

4000 kilomètres de tuyaux construits en 1964

Pour comprendre l’importance de cette frappe, il faut d’abord comprendre ce qu’est le pipeline Druzhba. Son nom signifie « amitié » en russe. Un nom ironique, quand on sait qu’il est devenu l’un des symboles de la dépendance énergétique européenne vis-à-vis de Moscou. Construit en 1964, en pleine Guerre froide, le Druzhba est l’un des plus longs pipelines pétroliers du monde. Plus de 4000 kilomètres de tuyaux qui partent des champs pétrolifères russes, traversent la Biélorussie, et se divisent en deux branches : une branche nord vers la Pologne et l’Allemagne, une branche sud vers la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie. Pendant des décennies, ce pipeline a été l’artère principale qui alimentait l’Europe de l’Est en pétrole soviétique, puis russe. Des millions de barils qui coulaient chaque jour, alimentant les raffineries, les usines, les voitures, les économies entières. C’était un outil de pouvoir pour Moscou. Un moyen de contrôle. Une arme géopolitique. Parce que celui qui contrôle l’énergie contrôle ceux qui en dépendent. Et l’Europe de l’Est dépendait du Druzhba. Totalement. Complètement. Dangereusement.

Après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la plupart des pays européens ont compris qu’il fallait couper cette dépendance. L’Union européenne a imposé des sanctions massives sur le pétrole russe. Un embargo progressif a été mis en place. Les importations par voie maritime ont été interdites. Les assurances pour les tankers russes ont été bloquées. L’objectif était clair : priver Moscou de ses revenus pétroliers, qui représentent environ 40% du budget fédéral russe. Mais il y avait un problème. Certains pays, notamment la Hongrie et la Slovaquie, dépendaient presque exclusivement du Druzhba pour leur approvisionnement en pétrole. Ils n’avaient pas d’accès à la mer. Pas de ports pétroliers. Pas d’infrastructures alternatives. Alors ils ont négocié une exemption. Une dérogation aux sanctions. Le droit de continuer à importer du pétrole russe via le Druzhba, malgré l’embargo. Cette exemption devait être temporaire. Le temps de construire des alternatives. De diversifier les approvisionnements. De réduire la dépendance. Mais trois ans plus tard, en 2025, la Hongrie et la Slovaquie importent toujours du pétrole russe. Elles n’ont rien fait pour changer. Elles n’ont pas investi dans des alternatives. Elles n’ont pas cherché d’autres fournisseurs. Au contraire, elles ont renforcé leurs liens avec Moscou. Elles ont signé de nouveaux contrats. Elles ont augmenté leurs importations. Comme si de rien n’était. Comme si la guerre n’existait pas. Comme si financer Poutine n’avait aucune importance.

2 millions de barils par jour : un géant énergétique

Les chiffres donnent le vertige. À son pic de capacité, le pipeline Druzhba peut transporter jusqu’à 2 millions de barils de pétrole par jour. Deux millions. C’est colossal. Pour donner un ordre de grandeur, c’est l’équivalent de la production pétrolière totale de pays comme le Nigeria ou l’Angola. C’est plus que ce que produit la Norvège. C’est une infrastructure gigantesque, qui a nécessité des décennies de construction, des milliards de dollars d’investissement, des milliers de kilomètres de tuyaux enterrés, des dizaines de stations de pompage, des centaines de points de contrôle. Et maintenant, cette infrastructure est devenue une cible militaire. Une cible que l’Ukraine frappe régulièrement, méthodiquement, efficacement. Parce que chaque baril qui ne coule pas dans le Druzhba, c’est un baril que la Russie ne peut pas vendre. C’est des revenus en moins pour Moscou. C’est moins d’argent pour financer la guerre. C’est moins de missiles tirés sur les villes ukrainiennes. C’est moins de chars envoyés au front. C’est moins de soldats payés. C’est, au final, une contribution directe à l’effort de guerre ukrainien. Et l’Ukraine l’a compris. C’est pourquoi elle a fait du Druzhba une priorité stratégique.

Mais le Druzhba n’est pas seulement important pour la Russie. Il l’est aussi pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays reçoivent la quasi-totalité de leur pétrole via ce pipeline. La Hongrie importe environ 65% de son pétrole de Russie via le Druzhba. La Slovaquie, c’est encore pire : 100%. Toutes leurs raffineries dépendent de ce flux. Toute leur économie repose sur cette artère. Si le Druzhba s’arrête, leurs raffineries s’arrêtent. Si leurs raffineries s’arrêtent, leurs stations-service se vident. Si leurs stations-service se vident, leur économie s’effondre. C’est une dépendance totale. Absolue. Suicidaire, même. Et c’est exactement ce que l’Ukraine exploite. En frappant le Druzhba, Kyiv ne frappe pas seulement la Russie. Elle frappe aussi ceux qui soutiennent la Russie. Ceux qui refusent de couper les ponts avec Moscou. Ceux qui préfèrent leur confort énergétique à la solidarité européenne. Et le message est clair : si vous voulez continuer à recevoir du pétrole russe, vous allez devoir accepter que ce pétrole peut exploser à tout moment. Que les livraisons peuvent être interrompues. Que votre dépendance est devenue une vulnérabilité. Et que cette vulnérabilité, l’Ukraine va l’exploiter jusqu’au bout.

Sources

Sources primaires

Kyiv Independent – « Ukraine strikes Druzhba oil pipeline again, HUR source says, despite Hungary, Slovakia’s appeal » par Yuliia Taradiuk (3 décembre 2025) – Article principal sur la frappe du 1er décembre 2025

The Moscow Times – « Ukraine Struck Druzhba Pipeline for Fifth Time This Year, Intelligence Sources Say » (3 décembre 2025) – Confirmation qu’il s’agit de la cinquième attaque de l’année

Reuters – « Ukraine hits pipeline sending Russian oil to Hungary and Slovakia, source says » (3 décembre 2025) – Couverture internationale de la frappe

HUR (Services de renseignement militaire ukrainiens) – Déclaration officielle sur la frappe du 1er décembre 2025 et vidéo de l’attaque

Bloomberg – « Ukraine Ramps Up Strikes on Russian Oil and Targets Record Number in November » (1er décembre 2025) – Données sur les 14 frappes de novembre 2025

Kyiv Post – « Druzhba Pipeline ‘Will Keep Exploding and Burning,’ Ukraine Says » (décembre 2025) – Position ukrainienne sur la continuation des frappes

Sources secondaires

CEPA (Center for European Policy Analysis) – « Hungary Howls as Ukraine Strikes Key Pipeline » par Aura Sabadus (19 août 2025) – Analyse des réactions hongroises et slovaques

OilPrice.com – « Russia’s Druzhba Oil Flows Continue After Ukraine Strike » (3 décembre 2025) – Impact sur les flux pétroliers

Militarnyi – « Ukraine Attacks Record Number of Russian Oil Infrastructure Sites in November » (décembre 2025) – Détails sur la campagne de novembre

Wikipedia – « Druzhba pipeline » – Informations historiques et techniques sur le pipeline (capacité de 2 millions de barils/jour, construction en 1964, longueur de 4000 km)

Al Jazeera – « Hungary, Slovakia fear oil cuts after Ukrainian attack on Russian pipeline » (22 août 2025) – Contexte des attaques précédentes

Euronews – « Hungary and Slovakia in spat with Ukraine over bombed Druzhba oil pipeline » (25 août 2025) – Tensions diplomatiques

Center for Research on Energy and Clean Air (CREA) – Données sur l’impact économique des frappes ukrainiennes (74 milliards de dollars de dégâts, 4,11% du PIB russe)

Global Energy Monitor – « Druzhba Oil Pipeline » – Données techniques et géographiques sur le pipeline

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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