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La paix imposée en Ukraine n’est pas la paix, c’est une défaite déguisée de l’Occident
Crédit: Adobe Stock

Anatomie d’une trahison

Le plan Trump pour l’Ukraine, révélé en novembre 2025, est un chef-d’œuvre de cynisme diplomatique. Présenté comme un « accord de paix réaliste », il n’est en réalité qu’un diktat imposé à Kiev sous la menace d’un abandon total par Washington. Le document, initialement composé de 28 points puis révisé à 19, reprend les principales exigences russes formulées depuis 2014. Première concession majeure : l’Ukraine devrait renoncer définitivement à la Crimée, annexée illégalement par la Russie en 2014. Cette péninsule stratégique, qui abrite la base navale de Sébastopol et contrôle l’accès à la mer Noire, serait officiellement reconnue comme territoire russe. Deuxième abandon : le Donbass, c’est-à-dire les régions de Donetsk et Louhansk, passerait également sous contrôle russe permanent. Ces territoires, théâtre d’une guerre de basse intensité depuis 2014, seraient perdus pour l’Ukraine. Troisième concession : dans les régions de Kherson et Zaporijjia, la ligne de front actuelle serait gelée, créant de facto une partition de ces oblasts. Les territoires occupés par la Russie resteraient sous son contrôle, tandis que les zones encore ukrainiennes conserveraient théoriquement leur souveraineté. Au total, l’Ukraine perdrait environ 20% de son territoire, soit plus de 120 000 kilomètres carrés. C’est l’équivalent de la superficie de l’Angleterre et du Pays de Galles réunis. Des terres fertiles, des ressources minérales, des infrastructures industrielles, mais surtout des millions de citoyens ukrainiens qui se retrouveraient sous occupation russe.

Mais les concessions territoriales ne sont que le début. Le plan Trump impose également une neutralité constitutionnelle à l’Ukraine. Concrètement, cela signifie que Kiev devrait inscrire dans sa constitution l’interdiction de rejoindre l’OTAN ou toute autre alliance militaire. L’Alliance atlantique, de son côté, s’engagerait à ne jamais stationner de troupes sur le sol ukrainien. Cette clause transforme l’Ukraine en zone tampon entre l’Occident et la Russie, exactement ce que Poutine réclamait avant l’invasion. Le plan prévoit également un plafonnement des forces armées ukrainiennes. Selon les versions, l’armée ukrainienne serait limitée à entre 600 000 et 800 000 soldats. Ce chiffre peut sembler élevé, mais il est largement insuffisant pour défendre un pays de la taille de l’Ukraine contre une Russie qui maintient des forces bien supérieures. De plus, des restrictions seraient imposées sur les types d’armements que l’Ukraine pourrait posséder, notamment concernant les missiles à longue portée et les systèmes de défense aérienne avancés. En échange de ces concessions massives, l’Ukraine recevrait de vagues « garanties de sécurité ». Le plan mentionne la création d’un « Conseil de paix » incluant les États-Unis, la Russie, l’Ukraine et des pays européens. Ce conseil serait censé surveiller l’application de l’accord et intervenir en cas de violation. Mais aucun mécanisme d’application contraignant n’est prévu. Aucune garantie militaire automatique. Aucun engagement ferme de défendre l’Ukraine en cas de nouvelle agression russe. Ce sont des promesses creuses, des mots sur du papier, sans substance réelle. Nous avons déjà vu ce scénario avec le Mémorandum de Budapest de 1994. L’Ukraine avait abandonné son arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité. Ces garanties n’ont rien valu quand la Russie a envahi en 2014, puis à nouveau en 2022.

Le chantage américain

Le plan Trump n’est pas présenté comme une option parmi d’autres. Il est imposé à l’Ukraine sous la menace explicite d’un abandon total par Washington. L’administration Trump a clairement fait savoir à Kiev que si le président Zelensky refuse ce plan, l’aide américaine sera coupée. Complètement. Immédiatement. Sans appel. C’est du chantage pur et simple. Les États-Unis, qui ont fourni la majeure partie de l’aide militaire à l’Ukraine depuis 2022, utilisent maintenant cette dépendance comme levier pour forcer Kiev à accepter des conditions inacceptables. Le message est clair : acceptez la défaite, ou nous vous laissons vous effondrer seuls. Cette approche transactionnelle est typique de Donald Trump. Pour lui, la politique étrangère n’est qu’une série de deals, de transactions commerciales où chacun doit obtenir quelque chose. Il ne comprend pas, ou refuse de comprendre, que certains principes ne sont pas négociables. Que la souveraineté d’un pays n’est pas une marchandise qu’on peut échanger. Que l’agression ne doit pas être récompensée. Trump veut se débarrasser du « problème ukrainien » pour se concentrer sur ce qu’il considère comme la vraie menace : la Chine. Il voit l’Ukraine comme une distraction coûteuse, un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite. Peu importe le prix pour l’Ukraine. Peu importe les conséquences géopolitiques. Peu importe la crédibilité américaine. Ce qui compte, c’est de pouvoir annoncer un « accord de paix », de revendiquer une victoire diplomatique, et de passer à autre chose. Cette vision à court terme est catastrophique. Parce qu’elle ignore les leçons de l’histoire. Chaque fois que l’Occident a cédé face à un agresseur, cela n’a fait qu’encourager de nouvelles agressions.

L’Europe, de son côté, se trouve dans une position impossible. Les pays européens savent que le plan Trump est une capitulation déguisée. Ils savent que céder maintenant créera un précédent dangereux. Mais ils sont également conscients de leur dépendance vis-à-vis des États-Unis pour leur sécurité. Sans le parapluie militaire américain, l’Europe est vulnérable. Elle n’a ni les capacités militaires ni la volonté politique pour défendre seule l’Ukraine. Alors elle tergiverse. Elle propose des amendements au plan Trump, tentant de l’adoucir à la marge. Elle demande une augmentation des effectifs militaires ukrainiens autorisés, de 600 000 à 800 000 soldats. Elle insiste pour que les négociations territoriales aient lieu après le cessez-le-feu, et non avant. Elle réclame des garanties de sécurité plus robustes. Mais ce ne sont que des ajustements cosmétiques. Le cœur du plan reste inchangé : l’Ukraine doit abandonner des territoires, renoncer à l’OTAN, accepter des limitations sur sa souveraineté. L’Europe n’a pas le courage de s’opposer frontalement à Washington. Elle n’a pas la capacité de proposer une alternative crédible. Alors elle se résigne, espérant limiter les dégâts, tout en sachant au fond qu’elle participe à une trahison historique. Les dirigeants européens se consolent en se disant qu’ils n’ont pas le choix, que c’est le « moins pire » des scénarios possibles. Mais c’est un mensonge qu’ils se racontent à eux-mêmes. Parce qu’il y avait un choix. Le choix de tenir bon. Le choix de continuer à soutenir l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle puisse négocier d’une position de force. Le choix de construire une véritable autonomie stratégique européenne. Mais ce choix aurait nécessité du courage, de la vision, des sacrifices. Et l’Europe n’en a plus. Elle préfère la facilité de la capitulation au courage de la résistance.

Le plan Trump. Même le nom me révulse. Comme si c’était son plan. Comme si c’était lui qui décidait du sort de l’Ukraine. Mais c’est exactement ça, n’est-ce pas ? Trump décide. Poutine approuve. Et l’Ukraine subit. Pendant que l’Europe regarde ailleurs, impuissante et complice. Ce plan n’est pas un accord de paix. C’est un diktat. Une capitulation imposée à un pays qui se bat pour sa survie. Et nous osons appeler ça du réalisme ? Du pragmatisme ? Non. C’est de la lâcheté. Pure et simple. Nous abandonnons l’Ukraine parce que c’est plus facile. Parce que continuer à la soutenir coûte cher. Parce que nos opinions publiques sont fatiguées. Parce que nos dirigeants manquent de courage. Alors on habille la trahison en diplomatie. On déguise la défaite en compromis. Et on espère que l’histoire sera indulgente. Mais elle ne le sera pas. L’histoire jugera sévèrement cette génération de dirigeants occidentaux qui ont choisi la facilité plutôt que le courage. Qui ont trahi leurs alliés plutôt que de tenir leurs promesses. Qui ont sacrifié leurs principes sur l’autel de l’opportunisme politique.

Sources

Sources primaires

IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) – « Paix ou renoncement ? Le plan Trump et l’impasse ukrainienne » – Jean de Gliniasty – 26 novembre 2025 – https://www.iris-france.org/paix-ou-renoncement-le-plan-trump-et-limpasse-ukrainienne/

Le Diplomate – « Le plan de paix Trump pour l’Ukraine : Un tournant réaliste après dix ans d’illusions occidentales » – Alexandre Raoult – 25 novembre 2025 – https://lediplomate.media/decryptage-plan-paix-trump-pour-ukraine-tournant-realiste-apres-dix-ans-illusions-occidentales/

Reuters – « Full text of European counter-proposal to US Ukraine peace plan » – 23 novembre 2025

BBC News – « Proposed Ukraine land concessions are Putin’s trap, EU top officials warn » – Décembre 2025

Sources secondaires

Euronews – « Négociations de paix en Ukraine : quels sont les enjeux pour les Européens » – 25 novembre 2025

Le Monde – « Négocier la paix : un art chaotique, sans règle établie » – 2 décembre 2025

Le Figaro – « Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine déclare… » – 4 décembre 2025

Parlement européen – Données sur l’aide européenne à l’Ukraine – 2025

U.S. State Department – Données sur l’aide américaine à l’Ukraine – 2025

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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