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Neuvième frappe sur Ryazan : quand l’Ukraine frappe au cœur de l’empire pétrolier russe
Crédit: Adobe Stock

17 millions de tonnes par an

Pour comprendre pourquoi la raffinerie de Ryazan est une cible si précieuse, il faut saisir son importance dans l’architecture énergétique russe. Avec une capacité de traitement de 17,1 millions de tonnes de pétrole brut par an, soit environ 309 000 barils par jour, cette installation n’est pas simplement une raffinerie parmi d’autres. C’est un pilier de l’approvisionnement énergétique de la région de Moscou, un maillon essentiel de la chaîne logistique qui maintient la machine de guerre russe en mouvement. Construite en 1960 à l’époque soviétique, la raffinerie est devenue le cœur industriel de la région de Ryazan. Privatisée en 1993, transformée en société par actions en 2002, elle a fait partie de TNK-BP de 2003 à 2013 avant d’être absorbée par le géant pétrolier d’État Rosneft. Cette histoire n’est pas anodine. Elle montre comment une installation stratégique est passée des mains privées au contrôle direct de l’État russe, reflétant la volonté du Kremlin de garder une mainmise totale sur ses ressources énergétiques. En 2016, le volume de traitement était de 15,35 millions de tonnes par an, légèrement en baisse par rapport aux 16 millions de 2015. Mais en 2024, malgré les attaques répétées, la raffinerie traitait encore environ 5% de la production totale de raffinage russe.

Les produits qui sortent de cette raffinerie ne sont pas destinés uniquement au marché civil. L’essence, le diesel, le carburant pour avions et le mazout produits à Ryazan alimentent directement l’effort de guerre russe. Chaque litre d’essence qui ne sort pas de cette raffinerie est un litre de moins pour les véhicules militaires russes. Chaque tonne de diesel qui n’est pas produite est une tonne de moins pour les chars et les camions qui approvisionnent le front. Chaque baril de carburant pour avions qui reste non raffiné est un vol de moins pour les bombardiers russes. C’est cette réalité brutale qui fait de la raffinerie de Ryazan une cible militaire légitime et stratégiquement cruciale. L’Ukraine ne frappe pas cette installation par hasard ou par vengeance aveugle. Elle la frappe parce que chaque attaque réussie affaiblit directement la capacité de la Russie à poursuivre son agression. La modernisation de la raffinerie entre 2003 et 2013, avec l’introduction de technologies occidentales et le doublement de la capacité de l’unité de craquage catalytique, a fait de Ryazan l’une des installations les plus performantes de Russie. Mais cette performance même en fait une cible d’autant plus précieuse. Plus une raffinerie est efficace, plus son arrêt a d’impact sur l’économie de guerre russe.

L’artère vitale de la capitale russe

La proximité géographique de la raffinerie de Ryazan avec Moscou n’est pas un détail technique. C’est un élément stratégique fondamental. À seulement 180 kilomètres au sud-est de la capitale russe, cette installation est l’une des principales sources d’approvisionnement en carburant pour la région moscovite. Quand Ryazan brûle, c’est Moscou qui tremble. Quand la production s’arrête à Ryazan, ce sont les stations-service de la capitale qui risquent la pénurie. Cette dépendance géographique crée une vulnérabilité que l’Ukraine exploite méthodiquement. Frapper Ryazan, ce n’est pas seulement affaiblir l’économie de guerre russe. C’est aussi envoyer un message direct aux habitants de Moscou : la guerre que votre gouvernement mène en Ukraine a des conséquences concrètes, visibles, mesurables. Les files d’attente aux stations-service, les prix qui grimpent, les pénuries qui apparaissent, tout cela n’est pas le fruit du hasard ou de problèmes techniques. C’est le résultat direct des frappes de drones ukrainiens sur des installations comme Ryazan. La capitale russe, avec ses millions d’habitants et son économie tentaculaire, dépend d’un réseau d’approvisionnement énergétique dont Ryazan est un nœud crucial. Chaque attaque sur cette raffinerie crée des ondes de choc qui se propagent jusqu’au cœur de Moscou.

Cette proximité a aussi une dimension psychologique puissante. Pour les Moscovites habitués à vivre loin du front, à l’abri des combats, les attaques répétées sur Ryazan sont un rappel brutal que la guerre n’est pas si lointaine. 180 kilomètres, c’est moins de deux heures de route. C’est la distance d’un trajet quotidien pour certains. Quand les habitants de Ryazan filment les flammes qui dévorent la raffinerie, quand la fumée noire s’élève dans le ciel nocturne, les Moscovites savent que cette destruction se produit à leur porte. Les drones ukrainiens qui frappent Ryazan parcourent 450 kilomètres depuis la frontière. Ils pourraient, en théorie, aller plus loin. Cette réalité crée une anxiété sourde, un malaise que la propagande du Kremlin peine à dissiper. La raffinerie de Ryazan n’est pas seulement une installation industrielle. C’est un symbole de la vulnérabilité russe, un rappel constant que la profondeur stratégique tant vantée par Moscou ne protège plus rien. Chaque attaque sur Ryazan est une démonstration de force ukrainienne, une preuve que la guerre peut frapper n’importe où, n’importe quand, même aux portes de la capitale russe. Et cette neuvième frappe, survenue dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025, n’est probablement pas la dernière. Elle est simplement la plus récente dans une série qui continuera tant que la Russie poursuivra son agression contre l’Ukraine.

Sources

Sources primaires

The Kyiv Independent – « Ukrainian drones reportedly strike Russia’s Ryazan Oil Refinery » (6 décembre 2025) – Article principal sur l’attaque du 5-6 décembre 2025, neuvième frappe de l’année sur la raffinerie.

UAWire – « Ukraine strikes Ryazan oil refinery again, sparking major fire in eighth attack this year » (20 novembre 2025) – Rapport sur la huitième attaque de novembre 2025.

Ukrinform – « Nearly 160 Russian oil facilities struck in 2025, SSU Chief says » (31 octobre 2025) – Déclarations de Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité d’Ukraine, sur l’ampleur de la campagne énergétique.

ASTRA (Telegram) – Rapports et vidéos des attaques sur la raffinerie de Ryazan tout au long de 2025 – Source russe indépendante documentant les frappes.

Militarnyi – Rapports sur les capacités des drones ukrainiens et les attaques sur les infrastructures russes (2025).

Ukrainian General Staff – Confirmations officielles des frappes sur les infrastructures énergétiques russes (2025).

Robert « Madyar » Brovdi – Commandant des Forces de systèmes de drones ukrainiennes – Confirmation de l’attaque du 20 novembre 2025.

Sources secondaires

Reuters – « Russia’s Ryazan oil refinery halves refining capacity after drone attacks, sources say » (4 août 2025) – Analyse de l’impact des attaques sur la capacité de production.

Reuters – « Russia using spare oil refining capacity to offset Ukrainian drone damage, sources say » (13 novembre 2025) – Rapport sur les efforts russes pour compenser les dommages.

Wikipedia – « Ryazan refinery » – Informations historiques et techniques sur la raffinerie (capacité de 17,1 millions de tonnes/an, propriété de Rosneft depuis 2013).

Wikipedia – « 2025 Russian fuel crisis » – Documentation de la crise du carburant causée par les attaques ukrainiennes.

The Moscow Times – « Ukraine Launches Record Number of Strikes on Russian Oil Refineries in November » (1er décembre 2025) – Analyse du mois record de novembre 2025.

BBC Verify et BBC Russian – « Surge in Ukrainian oil refinery attacks sparks Russian fuel shortages » (1er octobre 2025) – Vérification des attaques et de leur impact.

Forbes – « Russia’s Gasoline Crises Deepens As Drones Hit More Refineries » (29 septembre 2025) – Analyse de l’aggravation de la crise du carburant.

The Guardian – « Frustrated Russians grapple with fuel crisis as Ukraine attacks oil refineries » (27 août 2025) – Témoignages sur l’impact de la crise.

Meduza – « Long lines and empty pumps. Russia’s gasoline crisis in photos » (6 octobre 2025) – Documentation visuelle de la crise.

Carnegie Endowment for International Peace – « Can Russia Weather a Fuel Crisis Caused by Ukrainian Drone Attacks? » (26 août 2025) – Analyse économique de la crise.

International Energy Agency – Rapports sur les revenus pétroliers russes en 2025 – Données sur la chute des revenus.

Bloomberg – Analyses diverses sur l’impact économique des attaques ukrainiennes sur le secteur pétrolier russe (2025).

OilPrice.com – Articles sur les attaques ukrainiennes et leur impact sur l’industrie pétrolière russe (2025).

Kpler Analytics – Données sur les exportations russes de produits pétroliers et leur évolution en 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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