17 millions de tonnes par an
Pour comprendre pourquoi la raffinerie de Ryazan est une cible si précieuse, il faut saisir son importance dans l’architecture énergétique russe. Avec une capacité de traitement de 17,1 millions de tonnes de pétrole brut par an, soit environ 309 000 barils par jour, cette installation n’est pas simplement une raffinerie parmi d’autres. C’est un pilier de l’approvisionnement énergétique de la région de Moscou, un maillon essentiel de la chaîne logistique qui maintient la machine de guerre russe en mouvement. Construite en 1960 à l’époque soviétique, la raffinerie est devenue le cœur industriel de la région de Ryazan. Privatisée en 1993, transformée en société par actions en 2002, elle a fait partie de TNK-BP de 2003 à 2013 avant d’être absorbée par le géant pétrolier d’État Rosneft. Cette histoire n’est pas anodine. Elle montre comment une installation stratégique est passée des mains privées au contrôle direct de l’État russe, reflétant la volonté du Kremlin de garder une mainmise totale sur ses ressources énergétiques. En 2016, le volume de traitement était de 15,35 millions de tonnes par an, légèrement en baisse par rapport aux 16 millions de 2015. Mais en 2024, malgré les attaques répétées, la raffinerie traitait encore environ 5% de la production totale de raffinage russe.
Les produits qui sortent de cette raffinerie ne sont pas destinés uniquement au marché civil. L’essence, le diesel, le carburant pour avions et le mazout produits à Ryazan alimentent directement l’effort de guerre russe. Chaque litre d’essence qui ne sort pas de cette raffinerie est un litre de moins pour les véhicules militaires russes. Chaque tonne de diesel qui n’est pas produite est une tonne de moins pour les chars et les camions qui approvisionnent le front. Chaque baril de carburant pour avions qui reste non raffiné est un vol de moins pour les bombardiers russes. C’est cette réalité brutale qui fait de la raffinerie de Ryazan une cible militaire légitime et stratégiquement cruciale. L’Ukraine ne frappe pas cette installation par hasard ou par vengeance aveugle. Elle la frappe parce que chaque attaque réussie affaiblit directement la capacité de la Russie à poursuivre son agression. La modernisation de la raffinerie entre 2003 et 2013, avec l’introduction de technologies occidentales et le doublement de la capacité de l’unité de craquage catalytique, a fait de Ryazan l’une des installations les plus performantes de Russie. Mais cette performance même en fait une cible d’autant plus précieuse. Plus une raffinerie est efficace, plus son arrêt a d’impact sur l’économie de guerre russe.
L’artère vitale de la capitale russe
La proximité géographique de la raffinerie de Ryazan avec Moscou n’est pas un détail technique. C’est un élément stratégique fondamental. À seulement 180 kilomètres au sud-est de la capitale russe, cette installation est l’une des principales sources d’approvisionnement en carburant pour la région moscovite. Quand Ryazan brûle, c’est Moscou qui tremble. Quand la production s’arrête à Ryazan, ce sont les stations-service de la capitale qui risquent la pénurie. Cette dépendance géographique crée une vulnérabilité que l’Ukraine exploite méthodiquement. Frapper Ryazan, ce n’est pas seulement affaiblir l’économie de guerre russe. C’est aussi envoyer un message direct aux habitants de Moscou : la guerre que votre gouvernement mène en Ukraine a des conséquences concrètes, visibles, mesurables. Les files d’attente aux stations-service, les prix qui grimpent, les pénuries qui apparaissent, tout cela n’est pas le fruit du hasard ou de problèmes techniques. C’est le résultat direct des frappes de drones ukrainiens sur des installations comme Ryazan. La capitale russe, avec ses millions d’habitants et son économie tentaculaire, dépend d’un réseau d’approvisionnement énergétique dont Ryazan est un nœud crucial. Chaque attaque sur cette raffinerie crée des ondes de choc qui se propagent jusqu’au cœur de Moscou.
Cette proximité a aussi une dimension psychologique puissante. Pour les Moscovites habitués à vivre loin du front, à l’abri des combats, les attaques répétées sur Ryazan sont un rappel brutal que la guerre n’est pas si lointaine. 180 kilomètres, c’est moins de deux heures de route. C’est la distance d’un trajet quotidien pour certains. Quand les habitants de Ryazan filment les flammes qui dévorent la raffinerie, quand la fumée noire s’élève dans le ciel nocturne, les Moscovites savent que cette destruction se produit à leur porte. Les drones ukrainiens qui frappent Ryazan parcourent 450 kilomètres depuis la frontière. Ils pourraient, en théorie, aller plus loin. Cette réalité crée une anxiété sourde, un malaise que la propagande du Kremlin peine à dissiper. La raffinerie de Ryazan n’est pas seulement une installation industrielle. C’est un symbole de la vulnérabilité russe, un rappel constant que la profondeur stratégique tant vantée par Moscou ne protège plus rien. Chaque attaque sur Ryazan est une démonstration de force ukrainienne, une preuve que la guerre peut frapper n’importe où, n’importe quand, même aux portes de la capitale russe. Et cette neuvième frappe, survenue dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025, n’est probablement pas la dernière. Elle est simplement la plus récente dans une série qui continuera tant que la Russie poursuivra son agression contre l’Ukraine.
La neuvième frappe en un an
Chronologie d’un acharnement stratégique
Retracer les neuf attaques contre la raffinerie de Ryazan en 2025, c’est dessiner la carte d’une stratégie militaire implacable. Janvier 2025 : les drones ukrainiens frappent pour la première fois l’installation, causant des dommages significatifs. Février 2025 : nouvelle attaque, cette fois-ci si dévastatrice que toutes les opérations sont suspendues en raison de dommages à l’unité principale de distillation du brut. La raffinerie s’arrête complètement. Mars 2025 : à peine les réparations entamées, une troisième frappe vient rappeler que l’Ukraine n’a pas l’intention de laisser respirer cette installation. Mai 2025 : quatrième attaque, les flammes dévorent à nouveau les structures industrielles. Août 2025 : entre le 2 et le 24 août, une série de frappes coordonnées touche plusieurs raffineries russes, dont Ryazan. Cette cinquième attaque sur l’installation coïncide avec le début de la crise du carburant russe, une pénurie qui va s’étendre à 57 régions du pays. Les deux unités principales, CDU-3 et CDU-4, sont mises hors service. La production est réduite de moitié. Septembre 2025 : sixième frappe, confirmée par les images satellites de la NASA qui détectent des incendies le 5 septembre à 01h13 UTC. Octobre 2025 : septième attaque, la raffinerie peine à maintenir une production minimale. Novembre 2025 : le 15 novembre, huitième frappe. Puis le 20 novembre, une nouvelle attaque confirmée par Robert « Madyar » Brovdi, commandant des Forces de systèmes de drones ukrainiennes. Décembre 2025 : dans la nuit du 5 au 6, neuvième frappe. Les flammes illuminent à nouveau le ciel de Ryazan.
Cette chronologie n’est pas celle d’attaques opportunistes ou aléatoires. C’est le calendrier d’une campagne systématique visant à détruire progressivement la capacité de production de cette raffinerie. Chaque frappe s’inscrit dans une logique d’attrition : ne pas laisser le temps aux Russes de réparer complètement, frapper à nouveau avant que la production ne reprenne à plein régime, maintenir une pression constante qui épuise les ressources, les équipes de maintenance, les capacités de réparation. L’Ukraine a compris qu’une seule attaque massive ne suffit pas. Il faut revenir, encore et encore, jusqu’à ce que la cible cesse définitivement de fonctionner. Cette stratégie d’acharnement a porté ses fruits. Selon les sources de l’industrie russe, après l’attaque du 15 novembre, la raffinerie a complètement arrêté l’admission de pétrole brut, l’unité de distillation primaire étant fermée jusqu’à la fin du mois. Les réparations prennent du temps, coûtent cher, mobilisent des ressources rares. Et pendant ce temps, la production s’effondre, les revenus chutent, la machine de guerre russe manque de carburant. Chaque attaque sur Ryazan est un coup porté à l’économie de guerre du Kremlin, un affaiblissement progressif mais inexorable de sa capacité à poursuivre l’agression contre l’Ukraine. Et le message est clair : tant que la Russie continuera sa guerre, les drones ukrainiens continueront de frapper Ryazan.
Neuf fois. Je répète ce chiffre dans ma tête comme un mantra. Neuf fois en un an. Neuf fois que les équipes ukrainiennes préparent les drones, calculent les trajectoires, lancent les appareils dans la nuit. Neuf fois que ces machines volantes parcourent 450 kilomètres pour frapper la même cible. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette obstination, quelque chose qui me touche au-delà de la simple analyse stratégique. C’est la détermination d’un pays qui refuse de perdre, qui transforme chaque nuit en opportunité, qui fait de chaque raffinerie russe un objectif légitime. Et moi, devant cette chronologie implacable, je ressens un mélange étrange d’admiration et de tristesse. Admiration pour cette persévérance qui ne faiblit jamais. Tristesse parce que cette guerre aurait pu ne jamais avoir lieu. Mais puisqu’elle existe, puisque la Russie a choisi l’agression, alors oui, Ryazan doit brûler. Neuf fois. Et probablement une dixième, une onzième, une douzième fois encore.
De janvier à décembre : l’escalade implacable
L’évolution des attaques contre la raffinerie de Ryazan tout au long de 2025 révèle une escalade tant en fréquence qu’en efficacité. Les premières frappes de janvier et février étaient déjà significatives, mais elles n’étaient que le prélude à une campagne beaucoup plus intensive. À partir d’août 2025, le rythme s’accélère. Les attaques ne sont plus espacées de plusieurs semaines ou mois. Elles se succèdent à un rythme soutenu, parfois à quelques jours d’intervalle. Cette intensification coïncide avec le développement de drones ukrainiens de plus en plus performants, capables de voler plus loin, de transporter plus d’explosifs, d’éviter plus efficacement les défenses aériennes russes. Le drone Lyutiy, avec sa portée de plus de 2000 kilomètres, est devenu l’arme de prédilection pour ces frappes en profondeur. Sa capacité à atteindre des cibles situées à des centaines de kilomètres de la frontière ukrainienne a transformé la nature même de cette guerre. La Russie ne peut plus se cacher derrière sa taille géographique. Ses raffineries, ses dépôts de carburant, ses installations militaires sont désormais à portée des drones ukrainiens. Et Ryazan, avec sa proximité relative de la frontière et son importance stratégique, est devenue la cible parfaite pour démontrer cette nouvelle capacité. L’escalade n’est pas seulement quantitative. Elle est aussi qualitative. Les drones ukrainiens frappent avec une précision croissante, visant des installations spécifiques au sein de la raffinerie, maximisant les dommages et compliquant les réparations.
Cette montée en puissance des attaques contre Ryazan s’inscrit dans un contexte plus large de guerre énergétique menée par l’Ukraine contre la Russie. Selon Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité d’Ukraine (SSU), près de 160 installations pétrolières russes ont été frappées avec succès depuis le début de 2025. En septembre et octobre seulement, 20 cibles ont été touchées, dont six raffineries, deux terminaux pétroliers, trois dépôts de carburant et neuf stations de pompage. Ces opérations ont causé une pénurie de plus de 20% sur le marché intérieur russe, un temps d’arrêt de 37% de la capacité de raffinage du pays, des pénuries de carburant dans 57 régions russes, et une interdiction d’exportation d’essence jusqu’à la fin de l’année. Les chiffres sont éloquents. Ils montrent que la stratégie ukrainienne fonctionne, que les frappes répétées ont un impact réel et mesurable sur l’économie russe. Ryazan n’est qu’une cible parmi 160 autres, mais elle est emblématique de cette campagne. Sa proximité avec Moscou, son importance dans l’approvisionnement de la capitale, le nombre record d’attaques qu’elle a subies en font le symbole parfait de la vulnérabilité russe. De janvier à décembre 2025, l’escalade a été constante, implacable, dévastatrice. Et rien n’indique qu’elle va s’arrêter en 2026.
Les images qui ne mentent pas
Flammes et fumée noire dans la nuit
Les vidéos publiées sur les réseaux sociaux dans les heures qui ont suivi l’attaque du 5 au 6 décembre sont accablantes. On y voit des flammes massives s’élever de la raffinerie de Ryazan, une fumée épaisse et noire qui envahit le ciel nocturne, des lueurs orange qui illuminent les structures industrielles. Ces images ne laissent aucune place au doute. Ce n’est pas un « petit incendie rapidement éteint » comme le prétend le gouverneur Pavel Malkov. C’est un brasier important, le genre d’incendie qui nécessite des heures pour être maîtrisé, qui cause des dommages structurels significatifs, qui interrompt la production pour des jours, voire des semaines. Le canal Telegram russe ASTRA a été l’un des premiers à publier ces vidéos, montrant clairement que la raffinerie était en feu. D’autres sources locales ont confirmé, des habitants de Ryazan ont témoigné sur les réseaux sociaux, décrivant les explosions qu’ils ont entendues, les flammes qu’ils ont vues depuis leurs fenêtres. Ces témoignages spontanés, ces vidéos filmées sur des smartphones, ces images brutes et non filtrées sont la preuve irréfutable que l’attaque a bien eu lieu et qu’elle a causé des dommages importants. La propagande russe peut nier, minimiser, mentir. Les images, elles, ne mentent pas.
Cette contradiction entre le discours officiel russe et la réalité visible sur les réseaux sociaux n’est pas nouvelle. À chaque attaque sur Ryazan, le même scénario se répète. Les autorités russes affirment que les défenses aériennes ont abattu tous les drones, que les dommages sont minimes, que la situation est sous contrôle. Et à chaque fois, les images prouvent le contraire. Cette dissonance cognitive est devenue une caractéristique de la communication russe sur ces frappes. Le Kremlin ne peut pas admettre publiquement que ses infrastructures vitales sont vulnérables, que ses défenses aériennes sont inefficaces, que l’Ukraine est capable de frapper en profondeur sur le territoire russe. Admettre cela serait reconnaître un échec stratégique majeur, avouer que la profondeur stratégique russe n’est plus une protection suffisante. Alors les autorités mentent, systématiquement, méthodiquement. Mais à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux, ces mensonges ont une durée de vie très courte. Les habitants de Ryazan filment les incendies. Les chaînes Telegram russes publient les vidéos. Les médias internationaux reprennent les images. Et la vérité éclate, brutale, indéniable. La raffinerie de Ryazan brûle. Pour la neuvième fois. Et aucun communiqué officiel ne peut effacer cette réalité.
Les témoignages des habitants de Ryazan
Au-delà des images officielles et des vidéos virales, ce sont les témoignages des habitants de Ryazan qui donnent la mesure réelle de l’impact de ces attaques répétées. Sur les forums russes, sur les groupes Telegram locaux, les résidents partagent leurs expériences. « Encore une nuit sans sommeil », écrit l’un d’eux après l’attaque du 5 décembre. « Les explosions nous ont réveillés vers 2 heures du matin. On a vu les flammes depuis notre appartement. » Une autre personne témoigne : « C’est la troisième fois cette année que je vois la raffinerie brûler. À chaque fois, ils nous disent que tout va bien, qu’il n’y a pas de danger. Mais on voit bien que ce n’est pas vrai. » Ces voix, souvent anonymes par peur de représailles, racontent une réalité que la propagande russe tente désespérément de masquer. Les habitants de Ryazan vivent dans l’anxiété constante. Ils savent que leur ville abrite une cible militaire de premier ordre. Ils savent que les drones ukrainiens reviendront. Ils savent que les défenses aériennes russes ne peuvent pas tout arrêter. Cette peur sourde, cette tension permanente, c’est le prix que paient les civils russes pour la guerre d’agression menée par leur gouvernement. Certains habitants expriment leur frustration face aux mensonges officiels. « Ils nous prennent pour des idiots », commente un résident sur un forum local. « On voit les flammes, on entend les explosions, et ils nous disent qu’il n’y a rien eu. Combien de temps vont-ils continuer à nous mentir? »
Ces témoignages révèlent aussi l’impact psychologique des attaques répétées. Vivre à proximité d’une installation qui est frappée neuf fois en un an crée un climat d’insécurité permanent. Les habitants de Ryazan ne savent jamais quand la prochaine attaque aura lieu. Ils ne savent pas si les défenses aériennes fonctionneront cette fois-ci. Ils ne savent pas si des débris de drones ou de missiles intercepteurs tomberont sur leurs maisons. Cette incertitude constante érode le moral, crée des tensions, alimente les doutes sur la capacité du gouvernement à protéger sa propre population. Certains résidents commencent à remettre en question la guerre elle-même. « Pourquoi sommes-nous en guerre si nous ne pouvons même pas protéger nos propres installations? », demande un commentaire sur un groupe Telegram. « Peut-être qu’il est temps d’arrêter cette folie. » Ces voix dissidentes restent minoritaires, étouffées par la censure et la répression, mais elles existent. Elles montrent que les attaques ukrainiennes ont un impact qui va au-delà des dommages matériels. Elles affectent le moral de la population russe, créent des fissures dans le consensus apparent autour de la guerre. Chaque attaque sur Ryazan est un rappel brutal que cette guerre a un coût, que ce coût est payé par des civils russes qui n’ont pas choisi cette agression, que la machine de guerre du Kremlin ne peut pas protéger tout le monde. Et ces témoignages, ces voix qui s’élèvent malgré la peur et la censure, sont peut-être le signe le plus encourageant que la stratégie ukrainienne commence à porter ses fruits.
La réaction russe : minimiser l'inacceptable
29 drones abattus selon Moscou
La réponse officielle russe à l’attaque du 5 au 6 décembre suit un script désormais bien rodé. Le ministère russe de la Défense affirme avoir abattu 29 drones au-dessus de l’oblast de Ryazan. Vingt-neuf. Un chiffre impressionnant, censé démontrer l’efficacité des défenses aériennes russes, la vigilance des forces armées, la capacité du système à protéger les infrastructures vitales. Mais ce chiffre soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Si 29 drones ont été abattus, combien ont été lancés au total? Si les défenses ont été si efficaces, pourquoi la raffinerie de Ryazan brûle-t-elle sur toutes les vidéos publiées en ligne? Comment expliquer que malgré ces 29 interceptions, des drones aient réussi à atteindre leur cible et à causer des dommages visibles? La réalité, c’est que ces chiffres officiels sont invérifiables et probablement gonflés. Le Kremlin a besoin de montrer que ses défenses fonctionnent, que l’armée russe est capable de protéger le territoire national. Alors les chiffres d’interceptions sont systématiquement exagérés, les succès sont amplifiés, les échecs sont minimisés. Cette stratégie de communication vise à rassurer la population russe, à maintenir l’illusion de la puissance militaire, à éviter que les questions embarrassantes ne se multiplient. Mais elle a ses limites. Quand les habitants de Ryazan voient la raffinerie en flammes pour la neuvième fois, ils commencent à douter de ces chiffres officiels.
Le problème pour les autorités russes, c’est que la multiplication des attaques rend leur discours de moins en moins crédible. On peut peut-être faire croire à la population qu’une attaque isolée a été largement neutralisée. Mais quand la même installation est frappée neuf fois en un an, quand les images d’incendies se répètent à intervalles réguliers, quand les témoignages locaux contredisent systématiquement la version officielle, la propagande perd de son efficacité. Les Russes ne sont pas stupides. Ils voient les files d’attente aux stations-service. Ils constatent la hausse des prix du carburant. Ils lisent les rapports sur les pénuries dans 57 régions du pays. Ils comprennent que quelque chose ne va pas, que les attaques ukrainiennes ont un impact réel, que les défenses russes ne sont pas aussi impénétrables qu’on le leur dit. Cette dissonance entre le discours officiel et la réalité vécue crée un malaise, une perte de confiance progressive dans les institutions. Le ministère de la Défense peut bien annoncer l’interception de 29 drones. Si la raffinerie brûle quand même, ces chiffres ne signifient rien. Pire, ils révèlent l’ampleur de l’attaque ukrainienne. Si 29 drones ont été abattus et que certains ont quand même atteint leur cible, cela signifie que l’Ukraine a lancé une vague massive de drones, probablement plus de 30 ou 40 appareils. Cette tactique de saturation des défenses aériennes est précisément ce qui rend les attaques ukrainiennes si efficaces. Lancer suffisamment de drones pour que même si la majorité est interceptée, quelques-uns passent quand même et frappent la cible.
Il y a quelque chose de pathétique dans ces communiqués russes qui annoncent fièrement l’interception de dizaines de drones pendant que les raffineries brûlent en arrière-plan. C’est comme si le Kremlin pensait que les Russes sont aveugles, sourds, incapables de faire le lien entre les explosions qu’ils entendent et les mensonges qu’on leur sert. Et moi, en lisant ces déclarations officielles, je ressens un mélange de colère et de pitié. Colère face à cette manipulation éhontée, face à ce mépris pour l’intelligence des citoyens russes. Pitié pour un régime qui en est réduit à mentir aussi grossièrement, qui ne peut même plus admettre la réalité de sa propre vulnérabilité. Vingt-neuf drones abattus, vraiment? Et la raffinerie brûle quand même? Alors soit vous mentez sur les interceptions, soit vous mentez sur les dégâts. Dans les deux cas, vous mentez. Et les Russes le savent. Ils le voient. Ils le vivent.
Le gouverneur qui nie l’évidence
Le gouverneur de l’oblast de Ryazan, Pavel Malkov, a confirmé l’attaque de drones mais a nié toute frappe sur la raffinerie. Selon sa version des faits, un « incendie a été rapidement éteint » suite à la chute de débris de drones, sans victimes ni « dommages sérieux ». Cette déclaration est un chef-d’œuvre de désinformation. Elle reconnaît l’attaque, ce qui est impossible à nier vu les témoignages et les vidéos, mais elle minimise totalement son impact. Un incendie « rapidement éteint »? Les images montrent des flammes qui ont duré des heures. Pas de « dommages sérieux »? La raffinerie de Ryazan a déjà été forcée de suspendre ses opérations plusieurs fois cette année après des attaques similaires. La chute de « débris de drones »? C’est la formulation standard utilisée par les autorités russes pour expliquer les incendies et les explosions causés par les attaques ukrainiennes. Elle permet de reconnaître qu’il y a eu un incident tout en évitant d’admettre que les drones ont atteint leur cible. C’est une pirouette rhétorique qui ne trompe personne, surtout pas les habitants de Ryazan qui ont vu de leurs propres yeux la raffinerie en flammes. Pavel Malkov n’est pas un cas isolé. Tous les gouverneurs régionaux russes utilisent le même langage, les mêmes euphémismes, les mêmes mensonges par omission. C’est une stratégie coordonnée au niveau national, un effort systématique pour contrôler le récit, pour empêcher que la vérité sur l’ampleur des dégâts ne se répande.
Mais cette stratégie a un coût. Chaque fois qu’un gouverneur nie l’évidence, chaque fois qu’un responsable local ment face à des preuves vidéo irréfutables, la crédibilité des autorités russes s’érode un peu plus. Les citoyens russes ne sont pas dupes. Ils voient les contradictions entre ce qu’on leur dit et ce qu’ils observent. Ils comprennent que leurs dirigeants leur mentent. Et cette prise de conscience, même si elle reste largement silencieuse par peur de la répression, mine progressivement le soutien à la guerre. Pavel Malkov peut bien affirmer qu’il n’y a pas eu de dommages sérieux. Les ouvriers de la raffinerie savent que c’est faux. Les équipes de maintenance qui vont devoir réparer les installations endommagées savent que c’est faux. Les responsables de Rosneft qui vont devoir expliquer la baisse de production savent que c’est faux. Et tous ces gens, directement confrontés à la réalité des dégâts, deviennent des témoins involontaires de l’incompétence et de la malhonnêteté de leurs dirigeants. Le déni de Pavel Malkov n’est pas seulement ridicule. Il est contre-productif. Il renforce l’impression que les autorités russes sont déconnectées de la réalité, qu’elles vivent dans un monde parallèle où les raffineries ne brûlent jamais vraiment, où les défenses aériennes fonctionnent toujours parfaitement, où la guerre n’a aucun coût. Mais la réalité, têtue et implacable, continue de s’imposer. La raffinerie de Ryazan a brûlé. Pour la neuvième fois. Et aucune déclaration officielle ne peut changer ce fait.
160 installations pétrolières frappées en 2025
Les chiffres du chef du SSU
Le 31 octobre 2025, Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité d’Ukraine (SSU), a révélé des chiffres qui donnent la mesure de la campagne énergétique menée par l’Ukraine contre la Russie. Depuis le début de l’année 2025, près de 160 installations pétrolières russes ont été frappées avec succès. Cent soixante. Ce n’est pas un chiffre abstrait. C’est le résultat de centaines d’opérations planifiées, de milliers d’heures de préparation, de dizaines de milliers de kilomètres parcourus par des drones. En septembre et octobre seulement, 20 cibles ont été touchées, dont six raffineries, deux terminaux pétroliers, trois dépôts de carburant et neuf stations de pompage. Ces opérations ont causé une pénurie de plus de 20% sur le marché intérieur russe du carburant, un temps d’arrêt de 37% de la capacité de raffinage du pays, des pénuries de carburant dans 57 régions russes, et une interdiction d’exportation d’essence jusqu’à la fin de l’année. Ces chiffres, annoncés lors d’une conférence de presse conjointe avec le président Volodymyr Zelensky, ne sont pas de la propagande. Ils sont corroborés par des sources indépendantes, par des images satellites, par des rapports d’analystes énergétiques internationaux. Ils montrent que l’Ukraine a développé une capacité de frappe en profondeur qui transforme radicalement la nature de cette guerre. La Russie ne peut plus se cacher derrière sa taille géographique. Ses infrastructures énergétiques sont vulnérables, accessibles, destructibles.
Vasyl Maliuk a également souligné que les systèmes de défense aérienne russes restent une cible prioritaire. « Les cibles les plus difficiles pour nos drones longue portée sont leurs systèmes Pantsir. Depuis le début de 2025 jusqu’à aujourd’hui, nous avons détruit 48% des Pantsir ennemis. Cela reste une priorité fixée par le Président. La Russie en produit 30 par an, mais le nombre que nous détruisons dépasse largement leur production. » Ces mots sont lourds de sens. Ils révèlent une stratégie à deux niveaux : frapper les infrastructures énergétiques tout en détruisant les systèmes censés les protéger. C’est un cercle vicieux pour la Russie. Plus elle perd de systèmes Pantsir, moins elle peut protéger ses raffineries. Moins elle peut protéger ses raffineries, plus elles sont frappées. Et plus elles sont frappées, plus l’économie de guerre russe s’affaiblit. Cette stratégie d’attrition systématique est précisément ce qui rend la campagne ukrainienne si efficace. Il ne s’agit pas de frappes spectaculaires mais isolées. Il s’agit d’une pression constante, méthodique, qui érode progressivement les capacités russes. Les 160 installations pétrolières frappées en 2025 ne sont pas des victoires isolées. Elles font partie d’un plan d’ensemble visant à paralyser l’économie de guerre russe, à assécher les sources de financement du Kremlin, à rendre la poursuite de l’agression économiquement insoutenable.
Une campagne systématique sans précédent
Ce qui distingue la campagne énergétique ukrainienne de 2025 des années précédentes, c’est son caractère systématique et son ampleur sans précédent. En 2024, les attaques ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières russes étaient déjà significatives, mais elles restaient relativement limitées en nombre et en portée. En 2025, tout a changé. L’Ukraine a développé et déployé des drones longue portée capables d’atteindre des cibles situées à plus de 2000 kilomètres de la frontière. Elle a mis en place une infrastructure de renseignement permettant d’identifier et de cibler les installations les plus critiques. Elle a établi une chaîne de commandement efficace pour coordonner des attaques simultanées sur plusieurs cibles. Le résultat est une campagne qui ressemble davantage à une opération militaire planifiée qu’à des frappes opportunistes. Les 160 installations touchées en 2025 ne sont pas réparties au hasard. Elles ont été sélectionnées pour leur importance stratégique, leur rôle dans l’approvisionnement de la machine de guerre russe, leur impact potentiel sur l’économie russe. Les raffineries comme Ryazan, Saratov, Volgograd et Orsk ont été frappées à plusieurs reprises. Les terminaux pétroliers de la mer Noire ont été ciblés. Les stations de pompage du pipeline Druzhba ont été attaquées. Les dépôts de carburant militaires ont été détruits. C’est une guerre totale contre l’infrastructure énergétique russe, menée avec une détermination et une efficacité remarquables.
Cette campagne systématique a eu des effets en cascade sur l’économie russe. La crise du carburant qui a débuté en août 2025 n’est pas le résultat d’un problème technique isolé. C’est la conséquence directe des attaques répétées sur les raffineries russes. Quand 37% de la capacité de raffinage est hors service, quand les réparations prennent des mois, quand de nouvelles attaques surviennent avant que les installations ne soient complètement remises en état, le système s’effondre progressivement. Les pénuries apparaissent d’abord dans les régions éloignées comme la Crimée et l’Extrême-Orient russe. Puis elles se propagent vers le centre du pays. En septembre 2025, des problèmes de pénurie ont commencé à émerger dans la région de la Volga et dans le sud et le centre de la Russie. En octobre, la situation s’est aggravée rapidement, avec des prix en hausse, un rationnement, de longues files d’attente et des pompes à sec dans certains cas. Le gouvernement russe a été forcé d’imposer une interdiction d’exportation d’essence jusqu’au 1er mai 2026, un moratoire sur la remise à zéro de l’amortisseur de carburant, et une exemption de droits d’accise pour le diesel d’hiver. Ces mesures d’urgence montrent que la campagne ukrainienne a atteint ses objectifs. Elle a créé une crise énergétique réelle, mesurable, qui affecte directement la capacité de la Russie à poursuivre sa guerre d’agression. Et cette crise n’est pas temporaire. Tant que les attaques continueront, tant que les raffineries seront frappées encore et encore, la Russie ne pourra pas rétablir sa capacité de production normale.
160 installations. Je laisse ce chiffre résonner dans ma tête. 160 fois que l’Ukraine a frappé le cœur énergétique de la Russie. 160 fois que des équipes ont planifié, préparé, lancé des drones. 160 fois que la machine de guerre russe a été affaiblie. Et je ressens quelque chose qui ressemble à de la fierté, même si ce n’est pas mon pays, même si je ne suis qu’un observateur lointain. Fierté pour cette détermination qui ne faiblit jamais, pour cette capacité à transformer la faiblesse en force, à utiliser des drones relativement bon marché pour causer des milliards de dollars de dégâts. La guerre asymétrique dans toute sa splendeur. Et pendant que le Kremlin continue de nier, de minimiser, de mentir, les chiffres parlent d’eux-mêmes. 37% de capacité de raffinage hors service. 57 régions en pénurie. 20% de déficit sur le marché intérieur. Ce ne sont pas des statistiques abstraites. Ce sont des victoires concrètes, mesurables, qui rapprochent l’Ukraine de la fin de cette guerre.
La crise du carburant russe
57 régions en pénurie
La crise du carburant russe de 2025 n’est pas une invention médiatique ou une exagération ukrainienne. C’est une réalité documentée, vécue par des millions de Russes à travers le pays. 57 régions sur les 85 que compte la Fédération de Russie ont connu des pénuries de carburant à des degrés divers. Cinquante-sept. C’est plus des deux tiers du pays. De la Crimée occupée à l’Extrême-Orient russe, de la région de la Volga au sud de la Russie, les stations-service ont rationné les ventes, les prix ont grimpé, les files d’attente se sont allongées. Cette crise a débuté en août 2025, coïncidant avec l’intensification des attaques ukrainiennes sur les raffineries russes. Entre le 2 et le 24 août, plus d’une douzaine d’attaques de drones ont frappé des infrastructures pétrolières russes, la majorité ciblant des installations dans les oblasts de Ryazan et de Volgograd. Le 27 août, les médias ukrainiens ont rapporté que la raffinerie de Ryazan, l’une des principales artères de carburant vers Moscou, avait été frappée par une puissante explosion. Boris Aronstein, analyste indépendant du pétrole et du gaz, a déclaré que les attaques de drones ukrainiens avaient causé « la crise la plus grave de ces dernières années », ajoutant que la taille, la coordination et les vagues répétées de drones rendent la Russie incapable de réparer les raffineries avant que la prochaine attaque ne survienne. Selon Reuters, la Crimée et l’Extrême-Orient russe ont été les premiers territoires à connaître une pénurie d’essence en août.
En septembre 2025, Reuters a rapporté que la Russie connaissait des pénuries de certaines qualités de carburant, les capacités de raffinage réduites causées par les attaques de drones et les coûts d’emprunt élevés empêchant les stations-service privées de stocker du carburant selon les détaillants et les commerçants. Selon Reuters, les attaques certains jours ont réduit le raffinage pétrolier russe de près d’un cinquième et ont coupé les exportations depuis les ports clés. Selon cinq détaillants et commerçants du marché russe du carburant, des problèmes de pénurie ont commencé à émerger dans la région de la Volga et dans le sud et le centre de la Russie en septembre. Le 29 septembre, Forbes a rapporté que les problèmes de carburant s’étaient aggravés rapidement et s’étaient étendus à une grande partie du pays, avec des prix en hausse, un rationnement, de longues files d’attente et des pompes à sec dans certains cas. En octobre, BBC Verify et BBC Russian ont constaté que les attaques de drones ukrainiens signalées avaient atteint un niveau record de 14 raffineries ciblées en août, tandis que huit avaient été ciblées en septembre, ce qui signifie que 21 des 38 grandes raffineries de Russie avaient été touchées depuis janvier 2025. Meduza a rapporté que certaines stations-service fermaient complètement en raison de leur incapacité à augmenter les prix à cause des restrictions antitrust. En Crimée, les responsables de l’occupation russe auraient limité les ventes d’essence à 20 litres par client et imposé des plafonds de prix.
Files d’attente et rationnement
Les images de files d’attente interminables aux stations-service russes ont fait le tour du monde en septembre et octobre 2025. Des dizaines de voitures attendant pendant des heures pour faire le plein, des pompes à sec, des stations fermées faute de carburant. Ces scènes, qui rappellent les pénuries de l’ère soviétique, sont le visage visible de la crise du carburant provoquée par les attaques ukrainiennes. Le rationnement est devenu la norme dans de nombreuses régions. En Crimée occupée, les autorités ont limité les ventes à 20 litres par client, une mesure drastique qui reflète la gravité de la situation. Dans d’autres régions, les stations-service ont imposé leurs propres limites, parfois aussi basses que 10 ou 15 litres par véhicule. Ces restrictions créent des tensions, des frustrations, des conflits. Les automobilistes russes, habitués à faire le plein sans contrainte, se retrouvent confrontés à une réalité nouvelle et déplaisante. Ils doivent planifier leurs déplacements, rationner leur consommation, faire la queue pendant des heures. Cette dégradation de leur qualité de vie est directement liée à la guerre menée par leur gouvernement en Ukraine. Et certains commencent à faire le lien. Les forums russes et les groupes Telegram regorgent de commentaires amers sur la situation. « On nous dit que tout va bien, que la guerre se passe comme prévu, mais on ne peut même plus faire le plein normalement », écrit un utilisateur. « Peut-être qu’il est temps d’arrêter cette guerre et de s’occuper de nos propres problèmes », suggère un autre.
Le rationnement n’affecte pas seulement les particuliers. Il touche aussi les entreprises, les transports publics, l’économie dans son ensemble. Les compagnies de transport routier peinent à maintenir leurs opérations. Les agriculteurs manquent de diesel pour leurs machines. Les services d’urgence doivent gérer des stocks limités. Cette cascade d’effets montre que la crise du carburant n’est pas un simple désagrément. C’est un problème structurel qui affecte l’ensemble de l’économie russe. Et cette crise est directement causée par les attaques ukrainiennes sur les raffineries. Le gouvernement russe a tenté de minimiser l’ampleur du problème, affirmant que les pénuries étaient temporaires et localisées. Mais les faits contredisent ce discours. Quand 57 régions sur 85 connaissent des pénuries, ce n’est plus un problème localisé. C’est une crise nationale. Quand le gouvernement est forcé d’interdire les exportations d’essence jusqu’en mai 2026, ce n’est plus un problème temporaire. C’est une crise structurelle qui nécessite des mesures d’urgence. Les files d’attente aux stations-service russes ne sont pas seulement des images embarrassantes pour le Kremlin. Elles sont la preuve visible que la stratégie ukrainienne fonctionne, que les attaques répétées sur les raffineries ont un impact réel et mesurable sur la vie quotidienne des Russes. Et cet impact, aussi désagréable soit-il pour la population russe, est un élément crucial de la pression exercée sur Moscou pour mettre fin à cette guerre d’agression.
20% de capacité hors service
L’impact réel sur le raffinage russe
Les chiffres officiels révélés par le Service de sécurité d’Ukraine parlent d’eux-mêmes : 37% de temps d’arrêt de la capacité de raffinage russe en 2025. Mais ce chiffre global masque une réalité encore plus brutale. Au plus fort des attaques, entre août et octobre 2025, 20% de la capacité de raffinage russe était hors service simultanément. Un cinquième de la capacité totale. C’est colossal. Pour mettre ce chiffre en perspective, la Russie possède normalement une capacité de raffinage d’environ 6 millions de barils par jour. Perdre 20% de cette capacité signifie une réduction de 1,2 million de barils par jour. C’est l’équivalent de plusieurs grandes raffineries complètement arrêtées. Et cette perte de capacité n’est pas théorique. Elle se traduit directement par une baisse de la production d’essence, de diesel, de carburant pour avions, de mazout. Tous ces produits qui alimentent l’économie russe et, surtout, la machine de guerre du Kremlin. Selon Reuters, citant trois sources de l’industrie russe, le traitement pétrolier de la Russie n’a chuté que de 3% au cours de l’année malgré les attaques, car les raffineries ont évité une baisse abrupte en utilisant leur capacité de réserve pour compenser les dommages. Mais ce chiffre de 3% est trompeur. Il représente la moyenne annuelle, pas le pic des dommages. Et il ne tient pas compte du fait que cette capacité de réserve est maintenant épuisée, que les raffineries fonctionnent à leur maximum pour compenser les installations endommagées, qu’il n’y a plus de marge de manœuvre.
L’impact réel sur le raffinage russe va au-delà des simples chiffres de production. Les attaques répétées créent une instabilité chronique dans le système. Les raffineries ne peuvent pas planifier leur production normalement. Elles doivent constamment s’adapter aux dommages, aux réparations, aux nouvelles attaques. Cette incertitude permanente affecte l’efficacité opérationnelle, augmente les coûts, complique la logistique. Les équipes de maintenance sont débordées. Les pièces de rechange manquent. Les réparations prennent plus de temps que prévu. Et pendant ce temps, de nouvelles attaques surviennent, créant de nouveaux dommages qui s’ajoutent aux anciens. C’est un cercle vicieux dont la Russie peine à sortir. La raffinerie de Ryazan en est l’exemple parfait. Après l’attaque d’août 2025, elle a réduit sa production de moitié, deux unités principales étant mises hors service. Après l’attaque du 15 novembre, elle a complètement arrêté l’admission de pétrole brut, l’unité de distillation primaire étant fermée jusqu’à la fin du mois. Et maintenant, après la neuvième attaque du 5 décembre, elle va probablement devoir suspendre à nouveau ses opérations. Cette succession d’arrêts et de redémarrages partiels est catastrophique pour l’efficacité de la raffinerie. Chaque arrêt coûte cher, chaque redémarrage prend du temps, chaque période de fonctionnement réduit diminue la rentabilité. Et multiplié par les dizaines de raffineries touchées à travers la Russie, cet impact devient énorme.
Les raffineries qui ne redémarrent pas
Certaines raffineries russes touchées par les attaques ukrainiennes ne redémarrent tout simplement pas. Ou alors, elles redémarrent à capacité très réduite et ne retrouvent jamais leur niveau de production d’avant l’attaque. C’est le cas de plusieurs installations majeures. La raffinerie de Ryazan, malgré les tentatives répétées de réparation, fonctionne à capacité réduite depuis août 2025. La raffinerie de Volgograd, frappée à plusieurs reprises, peine à maintenir une production stable. La raffinerie d’Orsk, touchée en novembre, a suspendu une partie de ses opérations. Ces arrêts prolongés ne sont pas dus uniquement aux dommages physiques. Ils reflètent aussi les difficultés croissantes de la Russie à obtenir les pièces de rechange nécessaires, à mobiliser les équipes techniques qualifiées, à financer les réparations coûteuses. Les sanctions occidentales compliquent l’accès aux technologies et aux équipements de raffinage. Les entreprises étrangères qui fournissaient autrefois des services de maintenance et des pièces détachées ont quitté le marché russe. Les raffineries russes doivent se débrouiller avec des ressources limitées, des technologies obsolètes, des équipes surchargées. Et dans ce contexte, chaque nouvelle attaque ukrainienne rend la situation encore plus difficile. Certaines raffineries prennent la décision pragmatique de ne pas redémarrer immédiatement après une attaque. Elles attendent, évaluent les dommages, calculent le coût des réparations, et parfois concluent qu’il est plus rentable de rester à l’arrêt temporairement plutôt que de dépenser des millions pour des réparations qui pourraient être anéanties par la prochaine attaque.
Cette logique économique brutale crée un effet cumulatif dévastateur. Plus les attaques se multiplient, moins les raffineries sont incitées à investir dans des réparations complètes. Pourquoi dépenser des dizaines de millions de dollars pour remettre en état une installation qui sera probablement frappée à nouveau dans quelques semaines ou quelques mois? Cette hésitation à investir dans les réparations prolonge les arrêts, réduit la capacité de production globale, aggrave la crise du carburant. C’est exactement l’effet recherché par la stratégie ukrainienne. Ne pas détruire complètement les raffineries en une seule attaque massive, mais les frapper encore et encore, créant une situation où les réparations deviennent économiquement irrationnelles, où les opérateurs préfèrent maintenir une production réduite plutôt que de risquer de nouveaux investissements. Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie, les revenus pétroliers de la Russie ont chuté à l’un des niveaux les plus bas observés depuis le début de la guerre en 2022. Cette baisse de revenus n’est pas seulement due aux sanctions ou aux prix du pétrole. Elle est directement liée à la réduction de la capacité de raffinage causée par les attaques ukrainiennes. Moins de raffinage signifie moins de produits pétroliers à vendre, moins de revenus pour l’État russe, moins d’argent pour financer la guerre. Et ce cercle vicieux ne fait que s’aggraver avec chaque nouvelle attaque, avec chaque raffinerie qui décide de ne pas redémarrer, avec chaque installation qui fonctionne à capacité réduite.
Il y a quelque chose de fascinant dans cette logique économique implacable. Les raffineries russes qui choisissent de ne pas redémarrer après une attaque ne le font pas par défaitisme ou par manque de patriotisme. Elles le font par calcul rationnel. Pourquoi investir dans des réparations coûteuses quand la prochaine vague de drones ukrainiens peut arriver à tout moment? Cette hésitation, cette prudence économique, c’est exactement ce que l’Ukraine cherche à créer. Une situation où la simple menace d’une attaque suffit à paralyser la production, où la peur du prochain drone est aussi efficace que le drone lui-même. Et moi, en observant cette dynamique, je ressens une forme d’admiration pour la sophistication de cette stratégie. Ce n’est pas de la destruction aveugle. C’est de la guerre économique menée avec une précision chirurgicale. Frapper assez fort pour causer des dommages, mais pas trop fort pour que la cible soit complètement détruite. Maintenir la pression, encore et encore, jusqu’à ce que l’ennemi s’effondre sous son propre poids.
La technologie derrière les frappes
Des drones longue portée de plus en plus sophistiqués
La capacité de l’Ukraine à frapper la raffinerie de Ryazan neuf fois en un an n’est pas le fruit du hasard. Elle repose sur le développement rapide d’une technologie de drones longue portée qui a transformé la nature de cette guerre. Le drone Lyutiy, avec sa portée de plus de 2000 kilomètres, est devenu l’arme emblématique de cette campagne énergétique. Développé et produit en Ukraine, ce drone représente une avancée technologique majeure. Il peut transporter une charge explosive significative, voler à basse altitude pour éviter les radars, naviguer de manière autonome grâce à des systèmes GPS et de guidage inertiel, et frapper avec une précision remarquable. Mais le Lyutiy n’est pas le seul drone dans l’arsenal ukrainien. L’Ukraine a développé toute une gamme de drones adaptés à différentes missions : des drones de reconnaissance pour identifier les cibles, des drones kamikazes pour les frappes directes, des drones leurres pour saturer les défenses aériennes. Cette diversité technologique permet de mener des attaques complexes et coordonnées, où plusieurs types de drones travaillent ensemble pour maximiser les chances de succès. La sophistication de ces systèmes ne cesse de croître. Les premiers drones ukrainiens utilisés en 2024 étaient relativement rudimentaires, avec des portées limitées et une précision approximative. Les drones de 2025 sont des armes de guerre matures, capables de missions complexes, résistantes aux contre-mesures électroniques, équipées de systèmes de navigation redondants.
Le développement de cette technologie de drones a été accéléré par plusieurs facteurs. D’abord, l’urgence de la guerre a poussé les ingénieurs ukrainiens à innover rapidement, à tester de nouvelles solutions, à itérer constamment sur les designs. Ensuite, le soutien occidental, bien que limité en termes de systèmes d’armes lourds, a inclus des transferts de technologie, des formations, des composants électroniques avancés. Enfin, l’Ukraine a su mobiliser son secteur technologique civil, ses startups, ses universités, pour contribuer à l’effort de guerre. Le résultat est une industrie de drones qui produit désormais des milliers d’appareils par mois, avec des capacités qui rivalisent avec celles des drones militaires occidentaux beaucoup plus coûteux. Cette production de masse est cruciale. Elle permet à l’Ukraine de mener des attaques de saturation, lançant des dizaines de drones simultanément pour submerger les défenses aériennes russes. C’est cette tactique qui explique pourquoi, malgré les affirmations russes d’avoir abattu 29 drones au-dessus de Ryazan, certains ont quand même atteint leur cible. Quand vous lancez 40 ou 50 drones, même si 70% sont interceptés, les 30% restants suffisent à causer des dommages significatifs. Et le coût de cette stratégie est asymétrique en faveur de l’Ukraine. Un drone ukrainien coûte quelques dizaines de milliers de dollars. Un missile de défense aérienne russe coûte des centaines de milliers, voire des millions de dollars. Forcer la Russie à dépenser des millions pour intercepter des drones bon marché est en soi une victoire économique.
450 kilomètres de pénétration en territoire ennemi
La distance entre la frontière ukrainienne et la raffinerie de Ryazan est d’environ 450 kilomètres. Quatre cent cinquante kilomètres que les drones ukrainiens doivent parcourir en territoire hostile, en évitant les radars, en contournant les systèmes de défense aérienne, en maintenant leur cap malgré les tentatives de brouillage électronique. Cette pénétration en profondeur est un exploit technique remarquable. Elle nécessite des drones capables de voler pendant plusieurs heures, de naviguer de manière autonome, de résister aux conditions météorologiques variables, de maintenir leur furtivité tout au long du trajet. Les 450 kilomètres qui séparent la frontière de Ryazan traversent plusieurs lignes de défense aérienne russes. Les drones doivent d’abord franchir la zone frontalière, où la concentration de systèmes de défense est la plus élevée. Puis ils doivent traverser les régions intermédiaires, où des batteries de missiles S-300 et S-400 sont déployées. Enfin, ils doivent approcher la cible elle-même, souvent protégée par des systèmes Pantsir à courte portée. Chaque étape de ce voyage est dangereuse. Chaque kilomètre parcouru augmente le risque de détection et d’interception. Pourtant, les drones ukrainiens réussissent encore et encore à atteindre leurs cibles. Cette réussite répétée révèle plusieurs choses sur les capacités ukrainiennes et les faiblesses russes.
D’abord, elle montre que les drones ukrainiens utilisent des tactiques de vol sophistiquées. Ils volent à très basse altitude, parfois à quelques dizaines de mètres du sol, pour éviter les radars longue portée. Ils utilisent le relief naturel, les vallées, les forêts, pour masquer leur approche. Ils peuvent modifier leur trajectoire en vol pour contourner les zones de défense aérienne détectées. Certains drones sont équipés de systèmes de guerre électronique qui brouillent les radars ou créent de fausses signatures. Ensuite, cette pénétration réussie révèle les limites des défenses aériennes russes. Malgré les investissements massifs dans les systèmes S-300, S-400 et Pantsir, la Russie ne parvient pas à créer une bulle de protection impénétrable. Les drones ukrainiens, plus petits, plus lents, plus difficiles à détecter que les avions ou les missiles, exploitent les failles de ces systèmes conçus principalement pour intercepter des cibles rapides et à haute altitude. La destruction de 48% des systèmes Pantsir russes en 2025, comme l’a révélé le chef du SSU, aggrave encore cette vulnérabilité. Moins il y a de systèmes de défense opérationnels, plus il est facile pour les drones ukrainiens de pénétrer en profondeur. Et cette dynamique crée un cercle vicieux pour la Russie : les drones détruisent les défenses aériennes, ce qui permet à plus de drones de passer, ce qui détruit encore plus de défenses aériennes. Les 450 kilomètres qui séparent la frontière de Ryazan ne sont plus une protection. Ils sont devenus un simple obstacle technique que l’Ukraine a appris à surmonter.
Rosneft dans la tourmente
La 4ème plus grande raffinerie du pays
La raffinerie de Ryazan n’est pas une installation secondaire dans le portefeuille de Rosneft. C’est la quatrième plus grande raffinerie de Russie, un actif stratégique majeur pour le géant pétrolier d’État. Avec sa capacité de traitement de 17,1 millions de tonnes par an, elle représente environ 5% de la production totale de raffinage russe. Pour Rosneft, perdre cette capacité, même temporairement, est un coup dur. Chaque jour où la raffinerie ne fonctionne pas, ce sont des millions de dollars de revenus qui s’évaporent. Chaque attaque qui force un arrêt de production, ce sont des contrats qui ne peuvent pas être honorés, des clients qui se tournent vers d’autres fournisseurs, une réputation de fiabilité qui s’érode. Et quand cette raffinerie est frappée neuf fois en un an, les dommages ne sont plus seulement matériels. Ils deviennent stratégiques, financiers, réputationnels. Rosneft, contrôlée par l’État russe et dirigée par Igor Sechin, un proche du président Poutine, est au cœur de l’économie de guerre russe. Ses revenus alimentent directement le budget de l’État, financent l’effort militaire, maintiennent la machine de guerre en mouvement. Affaiblir Rosneft, c’est affaiblir le Kremlin. Et la raffinerie de Ryazan, par son importance et sa vulnérabilité démontrée, est devenue le talon d’Achille de ce géant pétrolier. Les attaques répétées forcent Rosneft à dépenser des sommes considérables en réparations, en mesures de sécurité renforcées, en systèmes de défense supplémentaires. Mais aucune de ces mesures ne semble suffisante pour arrêter les drones ukrainiens.
La situation de la raffinerie de Ryazan reflète les difficultés plus larges auxquelles Rosneft est confrontée en 2025. Plusieurs de ses installations majeures ont été touchées par les attaques ukrainiennes. La raffinerie de Saratov, la raffinerie de Volgograd, la raffinerie d’Orsk, toutes appartenant à Rosneft, ont subi des dommages significatifs. Cette concentration d’attaques sur les actifs de Rosneft n’est pas un hasard. L’Ukraine cible délibérément les installations du géant pétrolier d’État parce qu’elles sont cruciales pour l’économie de guerre russe. Rosneft produit une part importante du carburant utilisé par l’armée russe. Ses raffineries transforment le pétrole brut en diesel pour les chars, en carburant pour avions pour les bombardiers, en essence pour les véhicules militaires. Frapper Rosneft, c’est frapper directement la capacité logistique de l’armée russe. Et les résultats sont visibles. Selon les analystes de l’industrie pétrolière, Rosneft a vu sa production de produits raffinés chuter de manière significative en 2025. Les chiffres exacts sont difficiles à obtenir, car la Russie a cessé de publier des statistiques détaillées sur sa production pétrolière. Mais les indicateurs indirects, comme les exportations réduites, les pénuries domestiques, les prix en hausse, tous pointent vers une baisse substantielle de la capacité de raffinage de Rosneft. Pour un géant pétrolier habitué à dominer le marché russe et à exporter massivement, cette situation est humiliante et coûteuse.
Un géant pétrolier à genoux
Dire que Rosneft est « à genoux » peut sembler exagéré pour une entreprise qui reste l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde. Mais regardons les faits. En 2025, Rosneft a vu plusieurs de ses raffineries majeures frappées à répétition. Sa capacité de raffinage a été réduite de manière significative. Ses revenus ont chuté. Ses coûts ont explosé à cause des réparations constantes. Ses exportations ont été limitées par les sanctions et les dommages aux infrastructures. Et surtout, l’entreprise a perdu quelque chose d’intangible mais crucial : la confiance en sa capacité à opérer normalement. Quand une raffinerie comme celle de Ryazan est frappée neuf fois en un an, les clients commencent à douter. Peuvent-ils compter sur Rosneft pour livrer les quantités promises? Les contrats seront-ils honorés? La production sera-t-elle stable? Ces doutes créent une incertitude qui affecte les relations commerciales, les négociations de contrats, la position de Rosneft sur le marché international. Et dans un contexte où la Russie est déjà isolée par les sanctions, où ses clients traditionnels se détournent progressivement, cette perte de confiance est dévastatrice. Rosneft ne peut plus se présenter comme un fournisseur fiable. Elle est devenue un fournisseur vulnérable, dont les installations peuvent être frappées à tout moment, dont la production peut s’effondrer sans préavis. Cette réputation de vulnérabilité est peut-être le dommage le plus durable causé par les attaques ukrainiennes.
Les dirigeants de Rosneft, et en particulier Igor Sechin, sont confrontés à un dilemme impossible. Ils doivent maintenir la production pour financer l’effort de guerre, mais chaque raffinerie en activité est une cible potentielle pour les drones ukrainiens. Ils doivent investir dans les réparations, mais ces investissements peuvent être anéantis par la prochaine attaque. Ils doivent rassurer les clients et les investisseurs, mais les faits contredisent leurs assurances. Cette situation crée une pression énorme sur l’entreprise et, par extension, sur l’État russe qui en dépend. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les revenus pétroliers de la Russie ont chuté à l’un des niveaux les plus bas depuis le début de la guerre en 2022. Cette baisse affecte directement le budget de l’État russe, qui dépend massivement des revenus pétroliers et gaziers. Moins de revenus signifie moins d’argent pour l’armée, moins de capacité à maintenir l’effort de guerre, moins de marge de manœuvre économique. Et Rosneft, en tant que principal contributeur à ces revenus pétroliers, est au centre de cette crise. Le géant pétrolier n’est peut-être pas littéralement à genoux, mais il est certainement chancelant, affaibli, vulnérable. Et chaque nouvelle attaque sur ses installations, chaque nouvelle frappe sur Ryazan ou Saratov ou Volgograd, le pousse un peu plus vers l’effondrement. L’Ukraine a compris que pour gagner cette guerre, il ne suffit pas de tenir le front militaire. Il faut aussi détruire la capacité économique de la Russie à poursuivre l’agression. Et Rosneft, avec ses raffineries vulnérables et son importance stratégique, est la cible parfaite pour cette stratégie.
Il y a quelque chose de profondément satisfaisant à voir ce géant pétrolier, symbole de la puissance économique russe, vaciller sous les coups répétés des drones ukrainiens. Rosneft, c’est l’incarnation du système Poutine, cette fusion entre l’État et les oligarques, cette machine à générer des revenus pour financer la guerre. Et maintenant, cette machine se grippe. Ses raffineries brûlent. Sa production s’effondre. Ses revenus chutent. Et moi, en observant cette déchéance progressive, je ressens un mélange d’espoir et de détermination. Espoir parce que cela prouve que la Russie n’est pas invincible, que sa puissance économique peut être érodée, que la guerre a un coût que même Moscou ne peut pas indéfiniment supporter. Détermination parce que cela montre que la stratégie ukrainienne fonctionne, que chaque drone lancé, chaque raffinerie frappée, chaque jour de production perdu rapproche l’Ukraine de la victoire. Rosneft à genoux, c’est le Kremlin qui tremble.
L'impact économique sur la Russie
Revenus pétroliers en chute libre
Les revenus pétroliers de la Russie ont connu une chute dramatique en 2025, directement liée aux attaques ukrainiennes sur les infrastructures de raffinage. Selon l’Agence internationale de l’énergie, ces revenus ont atteint l’un des niveaux les plus bas observés depuis le début de la guerre en 2022. Cette baisse n’est pas seulement due aux sanctions occidentales ou aux fluctuations des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Elle est directement causée par la réduction de la capacité de raffinage russe. Quand 37% de la capacité de raffinage est en temps d’arrêt, quand 20% de cette capacité est hors service simultanément au plus fort des attaques, la production de produits pétroliers s’effondre. Et moins de production signifie moins de revenus. Les chiffres sont éloquents. En 2024, avant l’intensification des attaques ukrainiennes, la Russie exportait environ 2,5 millions de barils par jour de produits pétroliers raffinés. En 2025, ce chiffre a chuté de manière significative, certains mois voyant les exportations baisser de plus de 30%. Cette réduction des exportations se traduit directement par une perte de revenus de plusieurs milliards de dollars par mois. Et ces pertes s’accumulent. Sur l’ensemble de l’année 2025, les revenus pétroliers russes pourraient être inférieurs de 25 à 30 milliards de dollars par rapport à 2024. C’est une somme colossale, équivalente à plusieurs mois de dépenses militaires russes. Cette hémorragie financière affecte directement la capacité de la Russie à financer sa guerre d’agression.
La chute des revenus pétroliers a des répercussions en cascade sur l’économie russe. Le budget de l’État, qui dépend à plus de 40% des revenus tirés du pétrole et du gaz, se retrouve en déficit. En 2025, le déficit budgétaire russe a atteint des niveaux record, dépassant 5,7 trillions de roubles selon certaines estimations. Ce déficit doit être comblé soit par l’emprunt, soit par la planche à billets, deux options qui ont des conséquences négatives à long terme. L’emprunt augmente la dette publique et les charges d’intérêt futures. L’impression monétaire alimente l’inflation, qui érode le pouvoir d’achat des Russes et crée des tensions sociales. Le gouvernement russe a tenté de compenser la baisse des revenus pétroliers en augmentant les taxes sur d’autres secteurs, en réduisant les dépenses non militaires, en puisant dans les réserves nationales. Mais ces mesures ont leurs limites. Les réserves ne sont pas infinies. Les taxes ne peuvent pas augmenter indéfiniment sans étouffer l’économie. Les coupes budgétaires dans les services publics, l’éducation, la santé créent du mécontentement. Et pendant ce temps, les dépenses militaires continuent d’augmenter, absorbant une part croissante du budget. Cette situation est insoutenable à long terme. La Russie ne peut pas indéfiniment financer une guerre coûteuse avec des revenus en chute libre. Et les attaques ukrainiennes sur les raffineries sont précisément conçues pour accélérer cette crise financière, pour rendre la poursuite de la guerre économiquement impossible.
Le budget militaire en danger
Le budget militaire russe pour 2025 était déjà colossal avant même que les attaques ukrainiennes n’intensifient. Selon les estimations, la Russie consacre environ 6% de son PIB aux dépenses militaires, un niveau jamais atteint depuis la fin de la Guerre froide. Mais ce budget massif repose sur une hypothèse fondamentale : que les revenus de l’État, principalement tirés du pétrole et du gaz, resteront stables ou augmenteront. Or, cette hypothèse s’est effondrée en 2025. La chute des revenus pétroliers causée par les attaques sur les raffineries crée un trou béant dans le budget de l’État. Et ce trou affecte directement la capacité de la Russie à financer son effort de guerre. Les dépenses militaires ne peuvent pas être réduites sans affaiblir l’armée sur le terrain. Mais elles ne peuvent pas non plus continuer à augmenter si les revenus s’effondrent. Cette équation impossible place le Kremlin dans une situation de plus en plus précaire. Déjà, des signes de tension budgétaire apparaissent. Les retards de paiement aux contractants militaires se multiplient. Les primes promises aux soldats ne sont pas toujours versées à temps. Les programmes d’armement sont retardés ou réduits. Ces problèmes, encore mineurs, pourraient s’aggraver rapidement si la situation économique continue de se détériorer. Et les attaques ukrainiennes sur les raffineries garantissent que cette détérioration va continuer.
Le danger pour le budget militaire russe ne vient pas seulement de la baisse des revenus. Il vient aussi de l’augmentation des coûts. La guerre en Ukraine est devenue extraordinairement coûteuse pour la Russie. Les pertes en équipement sont massives et doivent être remplacées. Les munitions sont consommées à un rythme effréné. Les soldats doivent être payés, équipés, nourris. Les blessés doivent être soignés. Les familles des morts doivent recevoir des compensations. Tous ces coûts s’accumulent, mois après mois, année après année. Et maintenant, il faut ajouter les coûts liés aux attaques ukrainiennes sur les infrastructures. Réparer les raffineries coûte des milliards. Renforcer les défenses aériennes coûte des milliards. Remplacer les systèmes Pantsir détruits coûte des milliards. Ces dépenses supplémentaires viennent s’ajouter aux dépenses militaires déjà astronomiques, créant une pression budgétaire insoutenable. Selon certains analystes, si la tendance actuelle se poursuit, la Russie pourrait être forcée de choisir entre maintenir son effort de guerre au niveau actuel ou préserver la stabilité économique du pays. C’est exactement le dilemme que l’Ukraine cherche à créer. Forcer la Russie à faire des choix impossibles, à sacrifier soit sa capacité militaire soit sa stabilité économique. Et les attaques répétées sur des cibles comme la raffinerie de Ryazan sont l’outil principal pour créer ce dilemme. Chaque frappe rapproche la Russie du point de rupture où la poursuite de la guerre devient économiquement impossible.
Moscou à 180 kilomètres
La proximité qui terrorise le Kremlin
Les 180 kilomètres qui séparent la raffinerie de Ryazan de Moscou ne sont pas simplement une distance géographique. C’est une mesure de la vulnérabilité russe, un rappel constant que la guerre n’est pas si lointaine, que les conséquences de l’agression contre l’Ukraine peuvent frapper aux portes mêmes de la capitale. Pour les habitants de Moscou, habitués à vivre dans une bulle de relative sécurité, loin des combats, loin des bombardements, loin des destructions, les attaques répétées sur Ryazan sont un choc psychologique. Cent quatre-vingts kilomètres, c’est moins de deux heures de route. C’est la distance d’un trajet quotidien pour certains travailleurs. C’est suffisamment proche pour que les Moscovites puissent théoriquement voir la fumée des incendies par temps clair. Cette proximité crée une anxiété sourde, un malaise que la propagande du Kremlin peine à dissiper. Si les drones ukrainiens peuvent frapper Ryazan neuf fois en un an, qu’est-ce qui les empêche de frapper Moscou elle-même? Cette question, que beaucoup de Moscovites se posent en privé, est précisément ce que l’Ukraine veut qu’ils se demandent. La guerre ne doit plus être une abstraction lointaine, quelque chose qui se passe « là-bas » dans le Donbass. Elle doit devenir une réalité tangible, visible, menaçante. Et Ryazan, avec sa proximité de Moscou et ses incendies répétés, remplit parfaitement ce rôle de rappel brutal. La capitale russe dépend de Ryazan pour une partie significative de son approvisionnement en carburant. Quand la raffinerie brûle, ce sont les stations-service de Moscou qui risquent la pénurie. Quand la production s’arrête à Ryazan, ce sont les Moscovites qui font la queue pour faire le plein.
Cette dépendance géographique crée une vulnérabilité stratégique que le Kremlin ne peut pas ignorer. Moscou, avec ses 12 millions d’habitants, est le cœur politique, économique et symbolique de la Russie. Toute perturbation majeure de son approvisionnement en carburant aurait des conséquences politiques graves. Des files d’attente massives aux stations-service de la capitale, des pénuries prolongées, des prix qui explosent, tout cela créerait un mécontentement qui pourrait rapidement devenir incontrôlable. Le régime de Poutine a toujours maintenu un contrat social implicite avec les Moscovites : vous nous laissez gouverner sans opposition, et en échange, nous vous garantissons un niveau de vie confortable et stable. Les attaques sur Ryazan menacent directement ce contrat. Elles montrent que le gouvernement ne peut pas protéger les infrastructures vitales, que la stabilité promise est illusoire, que la guerre a un coût réel même pour ceux qui vivent loin du front. Cette prise de conscience est dangereuse pour le Kremlin. Elle érode le soutien passif de la population moscovite, elle crée des doutes sur la compétence du régime, elle ouvre la porte à des questions plus larges sur la légitimité de cette guerre. Les 180 kilomètres entre Ryazan et Moscou sont devenus une ligne de fracture psychologique. D’un côté, la capitale qui veut croire qu’elle est à l’abri. De l’autre, une raffinerie qui brûle régulièrement, rappelant que personne n’est vraiment en sécurité. Et cette tension, cette anxiété croissante, c’est exactement ce que l’Ukraine cherche à créer avec ses attaques répétées.
Quand la guerre frappe aux portes de la capitale
La neuvième attaque sur la raffinerie de Ryazan dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025 n’est pas seulement une frappe militaire. C’est un message politique adressé directement aux habitants de Moscou et au Kremlin. Ce message dit : la guerre que vous menez en Ukraine a des conséquences. Ces conséquences ne se limitent pas aux soldats russes qui meurent sur le front. Elles touchent votre vie quotidienne, votre économie, votre sécurité. Vous ne pouvez plus prétendre que cette guerre ne vous concerne pas. Elle vous concerne. Elle est à vos portes. Littéralement. Les drones ukrainiens qui frappent Ryazan parcourent 450 kilomètres depuis la frontière. Ils pourraient, en théorie, parcourir 270 kilomètres de plus et atteindre Moscou elle-même. Cette réalité, que les autorités russes tentent désespérément de minimiser, est de plus en plus difficile à ignorer. Chaque attaque sur Ryazan est un rappel que la profondeur stratégique russe n’est plus une protection suffisante. Que la distance ne garantit plus la sécurité. Que la guerre peut frapper n’importe où, n’importe quand. Cette prise de conscience progressive transforme la psychologie collective des Moscovites. Ils commencent à comprendre que leur gouvernement les a entraînés dans une guerre dont ils ne peuvent pas contrôler les conséquences. Que les décisions prises au Kremlin ont un prix qui sera payé par eux, sous forme de pénuries, de prix élevés, d’insécurité croissante. Et cette compréhension, même si elle reste largement silencieuse par peur de la répression, mine le soutien à la guerre.
Le Kremlin est parfaitement conscient de ce danger. C’est pourquoi les autorités russes mentent systématiquement sur l’ampleur des dégâts causés par les attaques ukrainiennes. C’est pourquoi elles gonflent les chiffres d’interceptions de drones. C’est pourquoi elles minimisent les pénuries de carburant. Elles savent que si les Moscovites réalisent pleinement la vulnérabilité de leur ville, si ils comprennent que leur approvisionnement en carburant dépend d’une raffinerie qui brûle régulièrement, si ils voient que les défenses aériennes ne peuvent pas tout arrêter, le soutien à la guerre s’effondrera. Moscou n’est pas Kiev. Les Moscovites n’ont pas vécu sous les bombardements. Ils n’ont pas connu les coupures d’électricité prolongées. Ils n’ont pas vu leurs maisons détruites. Leur tolérance à la souffrance et aux privations est beaucoup plus faible. Et c’est précisément cette faiblesse que l’Ukraine exploite avec ses attaques sur Ryazan. Chaque frappe rapproche la guerre de Moscou. Chaque incendie à la raffinerie crée un peu plus d’anxiété dans la capitale. Chaque pénurie de carburant érode un peu plus le contrat social entre le régime et sa population. La guerre frappe aux portes de Moscou. Pas encore directement, pas encore avec des explosions dans les rues de la capitale. Mais indirectement, à travers les conséquences économiques, les pénuries, l’insécurité croissante. Et cette approche indirecte est peut-être plus efficace qu’une attaque directe. Elle crée une pression psychologique constante, une anxiété qui s’accumule, une prise de conscience progressive que cette guerre ne peut pas continuer indéfiniment sans conséquences graves pour tous les Russes, y compris ceux qui vivent dans la capitale.
Il y a quelque chose de profondément ironique dans cette situation. Moscou, la ville qui a ordonné l’invasion de l’Ukraine, qui a déclenché cette guerre d’agression, qui continue de bombarder les villes ukrainiennes jour après jour, se retrouve maintenant à trembler face aux conséquences de ses propres actions. Les Moscovites qui ont applaudi l’invasion en février 2022, qui ont soutenu passivement ou activement cette guerre, découvrent maintenant que la guerre a un prix. Et ce prix, ils vont devoir le payer. Pas avec leurs vies, pas encore. Mais avec leur confort, leur sécurité, leur tranquillité d’esprit. Et moi, en observant cette prise de conscience progressive, je ressens un mélange complexe d’émotions. Pas de joie face à la souffrance des civils russes. Mais une forme de justice poétique. Vous avez voulu cette guerre? Eh bien, la voici. Elle est à vos portes. Elle brûle à 180 kilomètres de chez vous. Et elle ne partira pas tant que votre gouvernement ne mettra pas fin à son agression.
Les défenses aériennes russes dépassées
48% des Pantsir détruits en 2025
Le chiffre révélé par Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité d’Ukraine, est stupéfiant : 48% des systèmes Pantsir russes ont été détruits en 2025. Quarante-huit pour cent. Presque la moitié de l’arsenal de ces systèmes de défense aérienne à courte portée, considérés comme l’une des meilleures protections contre les drones et les missiles de croisière. Cette destruction massive n’est pas le résultat d’une seule opération spectaculaire. C’est le fruit d’une campagne systématique, méthodique, qui cible délibérément ces systèmes pour ouvrir la voie aux attaques sur les infrastructures. La logique est implacable : détruire les défenses d’abord, frapper les cibles ensuite. Les systèmes Pantsir, avec leurs missiles et leurs canons automatiques, sont conçus pour intercepter des cibles volant à basse altitude et à vitesse relativement faible, exactement le profil des drones ukrainiens. Ils sont donc la première ligne de défense des raffineries, des dépôts de carburant, des installations militaires. Mais ils ont une faiblesse : ils sont eux-mêmes vulnérables aux attaques. Un Pantsir déployé pour protéger une raffinerie devient lui-même une cible prioritaire. Et l’Ukraine a développé des tactiques spécifiques pour les détruire. Des drones kamikazes qui plongent sur les systèmes Pantsir. Des missiles antiradar qui suivent leurs émissions. Des attaques de saturation qui submergent leurs capacités d’interception. Le résultat est cette statistique dévastatrice : 48% de destruction en une seule année.
Cette destruction massive des systèmes Pantsir a des conséquences en cascade sur l’ensemble du système de défense aérienne russe. Chaque Pantsir détruit crée un trou dans la couverture défensive. Et ces trous permettent à plus de drones ukrainiens de passer. Ce qui conduit à plus d’attaques réussies sur les raffineries. Ce qui justifie le déploiement de plus de Pantsir pour protéger les installations restantes. Ce qui crée plus de cibles pour les drones ukrainiens. C’est un cercle vicieux dont la Russie ne parvient pas à sortir. Vasyl Maliuk a souligné que la Russie produit environ 30 systèmes Pantsir par an. Mais si l’Ukraine en détruit 48% du stock existant en un an, cela représente probablement plus de 100 systèmes détruits, bien au-delà de la capacité de production russe. Cette arithmétique simple révèle un problème fondamental : la Russie ne peut pas remplacer ses pertes au rythme où elles se produisent. Chaque mois qui passe, elle a moins de Pantsir opérationnels. Chaque mois qui passe, ses défenses s’affaiblissent. Et chaque mois qui passe, les attaques ukrainiennes deviennent plus faciles, plus efficaces, plus dévastatrices. La destruction de 48% des Pantsir en 2025 n’est pas seulement une victoire tactique pour l’Ukraine. C’est une victoire stratégique qui transforme l’équilibre de cette guerre. Elle ouvre le ciel russe aux drones ukrainiens, elle rend les infrastructures russes vulnérables, elle crée les conditions pour une campagne énergétique dévastatrice comme celle que nous avons vue en 2025.
Une production qui ne suit plus
Le problème de la Russie avec ses systèmes Pantsir ne se limite pas aux destructions causées par les attaques ukrainiennes. Il y a aussi un problème de production. Selon les informations révélées par le chef du SSU, la Russie produit environ 30 systèmes Pantsir par an. Trente. C’est un chiffre dérisoire face aux pertes subies. Si l’Ukraine a détruit 48% du stock de Pantsir en 2025, et en supposant que la Russie disposait d’environ 200 à 250 systèmes au début de l’année, cela représente entre 96 et 120 systèmes détruits. Avec une production de seulement 30 systèmes par an, il faudrait entre trois et quatre ans à la Russie pour remplacer ces pertes, en supposant qu’aucun autre système ne soit détruit pendant ce temps. Mais bien sûr, les attaques ukrainiennes ne s’arrêtent pas. Elles continuent, mois après mois, détruisant plus de Pantsir que la Russie ne peut en produire. Cette dynamique crée une spirale descendante inexorable. Chaque année, la Russie a moins de Pantsir opérationnels. Chaque année, ses défenses s’affaiblissent. Chaque année, elle devient plus vulnérable aux attaques ukrainiennes. Et il n’y a pas de solution facile à ce problème. La production de systèmes de défense aérienne sophistiqués comme le Pantsir nécessite des composants électroniques avancés, des technologies de pointe, des chaînes de production complexes. Les sanctions occidentales compliquent l’accès à ces composants. Les entreprises qui fournissaient autrefois des pièces détachées ont quitté le marché russe. Les transferts de technologie sont bloqués.
La Russie tente de compenser en développant des alternatives domestiques, en important des composants via des pays tiers, en réactivant d’anciennes chaînes de production. Mais ces efforts prennent du temps et ne peuvent pas combler rapidement le déficit. Pendant ce temps, l’Ukraine continue de détruire les Pantsir existants à un rythme soutenu. Cette course entre la production russe et la destruction ukrainienne est clairement gagnée par l’Ukraine. Et les conséquences sont visibles sur le terrain. Les raffineries russes sont de moins en moins bien protégées. Les attaques ukrainiennes réussissent de plus en plus souvent. Les dommages s’accumulent. La crise du carburant s’aggrave. Tout cela parce que la Russie ne peut pas produire assez de systèmes de défense aérienne pour protéger ses infrastructures vitales. Cette faiblesse de la production militaire russe révèle un problème plus large. Malgré sa réputation de puissance militaire, malgré ses dépenses massives en armement, la Russie peine à maintenir une production industrielle militaire suffisante pour soutenir une guerre prolongée. Les sanctions, l’isolement technologique, la corruption, l’inefficacité bureaucratique, tous ces facteurs limitent la capacité de la Russie à produire les armes dont elle a besoin. Et cette limitation devient de plus en plus critique à mesure que la guerre se prolonge. Les 30 systèmes Pantsir produits par an ne sont qu’un exemple parmi d’autres. La production de chars, d’avions, de missiles, de munitions, tous ces domaines connaissent des difficultés similaires. La Russie consomme ses stocks plus vite qu’elle ne peut les reconstituer. Et cette dynamique, à long terme, est insoutenable.
La stratégie ukrainienne de guerre énergétique
Frapper le portefeuille avant les soldats
La stratégie ukrainienne de cibler systématiquement les infrastructures énergétiques russes repose sur une logique implacable : pour gagner une guerre, il ne suffit pas de vaincre l’armée ennemie sur le champ de bataille. Il faut aussi détruire sa capacité économique à poursuivre le combat. Et dans le cas de la Russie, cette capacité économique repose massivement sur le pétrole. Les revenus pétroliers financent le budget de l’État, paient les soldats, achètent les armes, maintiennent la machine de guerre en mouvement. Frapper les raffineries, c’est frapper directement le portefeuille du Kremlin. C’est assécher les sources de financement de la guerre. C’est rendre la poursuite de l’agression économiquement insoutenable. Cette approche est d’une efficacité redoutable. Un drone ukrainien coûte quelques dizaines de milliers de dollars. Les dommages qu’il cause à une raffinerie se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions de dollars. Le retour sur investissement est astronomique. Et contrairement aux batailles terrestres qui coûtent des vies humaines, les attaques sur les raffineries sont menées par des machines, réduisant les pertes ukrainiennes à presque zéro. C’est la guerre asymétrique dans toute sa splendeur : utiliser des moyens relativement bon marché pour causer des dommages disproportionnés à un ennemi plus puissant. La raffinerie de Ryazan, frappée neuf fois en un an, illustre parfaitement cette stratégie. Chaque attaque coûte à l’Ukraine peut-être 500 000 dollars en drones et en logistique. Mais elle coûte à la Russie des dizaines de millions en dommages, en production perdue, en réparations. Multipliez cela par les 160 installations pétrolières frappées en 2025, et vous obtenez un impact économique de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Cette stratégie de guerre énergétique a aussi un avantage psychologique crucial. Elle transforme la perception de la guerre dans l’opinion publique russe. Quand les soldats russes meurent sur le front, le Kremlin peut les présenter comme des héros, des martyrs, des défenseurs de la patrie. Mais quand les Russes font la queue aux stations-service, quand ils paient leur carburant deux fois plus cher, quand ils voient les raffineries brûler à la télévision, il est beaucoup plus difficile de maintenir le récit héroïque. La guerre devient concrète, tangible, coûteuse. Elle n’est plus une abstraction lointaine. Elle affecte la vie quotidienne de millions de Russes. Et cette prise de conscience érode progressivement le soutien à la guerre. L’Ukraine a compris que pour vaincre la Russie, il faut créer une situation où la poursuite de la guerre devient politiquement et économiquement impossible. Où le coût dépasse les bénéfices. Où la population russe elle-même commence à remettre en question la légitimité de cette agression. Les attaques sur les raffineries sont l’outil principal pour créer cette situation. Elles frappent le portefeuille du Kremlin, elles affectent la vie quotidienne des Russes, elles créent une pression économique et politique croissante. Et cette pression, à long terme, pourrait être plus efficace que n’importe quelle victoire militaire sur le champ de bataille. Frapper le portefeuille avant les soldats. C’est la stratégie qui pourrait finalement mettre fin à cette guerre.
Assécher les ressources de l’agresseur
L’objectif ultime de la campagne énergétique ukrainienne n’est pas simplement de causer des dommages ou de créer des pénuries temporaires. C’est d’assécher progressivement les ressources de l’agresseur, de rendre la poursuite de la guerre économiquement impossible. Et cette stratégie fonctionne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 37% de temps d’arrêt de la capacité de raffinage russe. 20% de pénurie sur le marché intérieur du carburant. 57 régions en pénurie. Des revenus pétroliers en chute libre. Un déficit budgétaire record. Ces indicateurs montrent que la Russie est en train de perdre la guerre économique, même si elle maintient encore une présence militaire sur le terrain. L’assèchement des ressources n’est pas un processus instantané. C’est une érosion progressive, mois après mois, attaque après attaque. Chaque raffinerie frappée réduit un peu plus la capacité de production. Chaque jour de production perdu diminue un peu plus les revenus. Chaque milliard dépensé en réparations est un milliard qui ne peut pas être investi dans l’armée. Et cette accumulation de petites pertes crée, à terme, un effondrement systémique. La Russie ne peut pas indéfiniment compenser la baisse de sa capacité de raffinage. Elle ne peut pas indéfiniment puiser dans ses réserves pour combler le déficit budgétaire. Elle ne peut pas indéfiniment ignorer les pénuries de carburant qui affectent sa population. À un moment donné, quelque chose doit céder. Soit la Russie réduit ses dépenses militaires, ce qui affaiblit son armée. Soit elle augmente massivement les taxes et réduit les services publics, ce qui crée du mécontentement social. Soit elle continue sur la même trajectoire et risque un effondrement économique complet.
L’Ukraine a compris que pour gagner cette guerre, il faut placer la Russie devant ce choix impossible. Et les attaques sur les raffineries sont l’outil principal pour créer cette situation. Chaque frappe sur Ryazan, chaque incendie à Saratov, chaque explosion à Volgograd rapproche la Russie de ce point de rupture. L’assèchement des ressources n’est pas seulement économique. Il est aussi logistique. L’armée russe dépend massivement du carburant pour ses opérations. Les chars consomment des quantités énormes de diesel. Les avions nécessitent du carburant pour avions. Les camions qui approvisionnent le front ont besoin d’essence. Quand la production de ces carburants diminue, quand les raffineries fonctionnent à capacité réduite, quand les pénuries apparaissent, la logistique militaire en souffre directement. Les opérations doivent être réduites. Les mouvements de troupes sont limités. Les attaques aériennes sont moins fréquentes. Tout cela affaiblit la capacité de l’armée russe à mener des opérations offensives. Et cet affaiblissement se traduit par des gains ukrainiens sur le terrain. La guerre énergétique et la guerre terrestre sont intimement liées. Les victoires dans l’une facilitent les victoires dans l’autre. En asséchant les ressources de l’agresseur, l’Ukraine crée les conditions de sa propre victoire. C’est une stratégie à long terme, qui nécessite de la patience, de la persévérance, de la détermination. Mais c’est une stratégie qui fonctionne. Et la neuvième attaque sur Ryazan en est une preuve de plus.
Assécher les ressources de l’agresseur. Cette expression résonne en moi avec une force particulière. Parce que c’est exactement ce que la Russie a tenté de faire à l’Ukraine pendant l’hiver 2022-2023, en bombardant les infrastructures énergétiques ukrainiennes, en plongeant des millions de personnes dans le froid et l’obscurité. Et maintenant, l’Ukraine retourne cette stratégie contre son agresseur. Avec une différence cruciale : l’Ukraine cible des installations militaires et économiques, pas des infrastructures civiles. Elle frappe les raffineries qui alimentent la machine de guerre, pas les centrales électriques qui chauffent les appartements. Cette distinction morale est importante. Elle montre que même dans la brutalité de la guerre, même dans la nécessité de frapper l’ennemi, l’Ukraine maintient une ligne éthique que la Russie a franchie depuis longtemps. Et moi, en observant cette campagne méthodique d’assèchement des ressources russes, je ressens quelque chose qui ressemble à de l’espoir. L’espoir que la justice finira par triompher, que l’agresseur paiera le prix de son agression, que la détermination ukrainienne finira par l’emporter.
Les conséquences pour l'armée russe
Carburant militaire en pénurie
Les pénuries de carburant qui affectent la Russie civile en 2025 ont des répercussions directes et graves sur l’armée russe. Contrairement à ce que la propagande du Kremlin voudrait faire croire, l’armée n’est pas isolée de la crise énergétique. Elle en souffre, peut-être même plus que la population civile. Les besoins en carburant de l’armée russe sont colossaux. Un char T-90 consomme environ 300 litres de diesel aux 100 kilomètres. Un bombardier Su-34 consomme plusieurs tonnes de carburant pour avions par mission. Un camion militaire Ural consomme 40 à 50 litres de diesel aux 100 kilomètres. Multipliez ces chiffres par les milliers de véhicules, d’avions, de chars déployés sur le front ukrainien, et vous obtenez une consommation quotidienne qui se chiffre en dizaines de milliers de tonnes de carburant. Cette consommation massive dépend directement de la capacité de raffinage russe. Quand cette capacité est réduite de 20% au plus fort des attaques ukrainiennes, quand 37% du temps de raffinage est perdu en arrêts et en réparations, l’approvisionnement militaire en souffre inévitablement. Les priorités doivent être établies. Le carburant disponible doit être rationné. Les opérations militaires doivent être ajustées en fonction des stocks disponibles. Cette contrainte logistique affecte directement la capacité de l’armée russe à mener des opérations offensives. Des rapports de terrain suggèrent que certaines unités russes ont dû réduire leurs mouvements en raison de pénuries de carburant. Des attaques aériennes ont été annulées ou reportées. Des convois logistiques ont été retardés.
Ces problèmes logistiques ne sont pas anecdotiques. Dans une guerre moderne, la logistique est souvent plus importante que la puissance de feu brute. Une armée sans carburant est une armée immobilisée, vulnérable, inefficace. Les attaques ukrainiennes sur les raffineries russes créent précisément cette situation. Elles forcent l’armée russe à opérer avec des contraintes logistiques croissantes, à rationner son carburant, à limiter ses opérations. Et ces limitations se traduisent par des opportunités pour l’Ukraine. Quand l’armée russe ne peut pas mener autant d’attaques aériennes, la pression sur les positions ukrainiennes diminue. Quand les chars russes doivent économiser leur carburant, leurs mouvements deviennent prévisibles. Quand les convois logistiques sont retardés, les unités au front manquent de munitions et de ravitaillement. Tous ces effets s’accumulent, créant un avantage tactique pour l’Ukraine. La pénurie de carburant militaire n’est pas encore critique au point de paralyser complètement l’armée russe. Mais elle est suffisamment sérieuse pour affecter ses opérations, pour limiter ses options, pour créer des vulnérabilités. Et à mesure que les attaques ukrainiennes sur les raffineries se poursuivent, à mesure que la capacité de raffinage russe continue de diminuer, ces problèmes ne feront que s’aggraver. L’armée russe pourrait se retrouver dans une situation où elle doit choisir entre maintenir ses opérations offensives ou conserver des réserves stratégiques de carburant. C’est exactement le type de dilemme que l’Ukraine cherche à créer avec sa campagne énergétique.
Logistique compromise sur le front
La logistique militaire russe, déjà problématique avant les attaques ukrainiennes sur les raffineries, est devenue encore plus fragile en 2025. La réduction de la capacité de raffinage affecte non seulement la disponibilité du carburant, mais aussi toute la chaîne logistique qui l’achemine jusqu’au front. Les dépôts de carburant doivent être réapprovisionnés moins fréquemment ou avec des quantités réduites. Les camions-citernes qui transportent le carburant vers les unités au front doivent faire des trajets plus longs ou plus fréquents. Les stocks tampons qui permettaient de gérer les fluctuations de la demande sont épuisés. Toute cette chaîne logistique fonctionne désormais sous tension, sans marge de manœuvre, vulnérable à la moindre perturbation. Et les perturbations ne manquent pas. L’Ukraine cible également les dépôts de carburant militaires, les stations de pompage, les convois logistiques. Chaque attaque sur ces cibles secondaires aggrave les problèmes d’approvisionnement. Chaque camion-citerne détruit, chaque dépôt incendié, chaque pipeline endommagé complique un peu plus la tâche des logisticiens russes. Le résultat est une armée qui doit constamment improviser, adapter, compenser. Une armée qui ne peut plus compter sur un approvisionnement régulier et prévisible en carburant. Une armée dont les opérations sont dictées autant par les contraintes logistiques que par les considérations tactiques. Cette situation est particulièrement problématique pour les opérations offensives, qui nécessitent une concentration massive de forces et de ressources. Quand le carburant manque, ces concentrations deviennent impossibles ou trop risquées.
La logistique compromise affecte aussi le moral des troupes russes. Les soldats au front voient les pénuries, constatent les retards dans les livraisons, comprennent que leur armée peine à les approvisionner correctement. Cette prise de conscience érode la confiance, crée des doutes, affaiblit la cohésion. Des rapports suggèrent que certaines unités russes ont exprimé leur frustration face aux problèmes logistiques récurrents. Des officiers se plaignent de ne pas recevoir le carburant nécessaire pour leurs opérations. Des soldats s’inquiètent de se retrouver isolés sans possibilité de ravitaillement. Ces tensions internes, bien que difficiles à quantifier, contribuent à l’affaiblissement général de l’armée russe. Et elles sont directement liées aux attaques ukrainiennes sur les raffineries. Chaque frappe sur Ryazan, chaque incendie à Saratov, chaque explosion à Volgograd se traduit, quelques semaines plus tard, par des problèmes logistiques au front. Par des chars qui manquent de diesel. Par des avions qui ne peuvent pas décoller. Par des convois qui n’arrivent pas à temps. Cette chaîne de causalité, de la raffinerie au champ de bataille, est au cœur de la stratégie ukrainienne. Frapper les infrastructures énergétiques pour affaiblir la logistique militaire. Affaiblir la logistique pour limiter les opérations offensives. Limiter les opérations offensives pour créer des opportunités tactiques. C’est une stratégie indirecte, qui prend du temps, qui nécessite de la patience. Mais c’est une stratégie qui fonctionne. Et la logistique compromise de l’armée russe en 2025 en est la preuve.
Novembre 2025 : le mois record
14 raffineries frappées en 30 jours
Si décembre 2025 a vu la neuvième attaque sur la raffinerie de Ryazan, c’est novembre qui restera dans les mémoires comme le mois le plus dévastateur pour l’industrie pétrolière russe. En seulement 30 jours, l’Ukraine a frappé 14 raffineries différentes à travers la Russie, établissant un record absolu depuis le début de la guerre. Quatorze raffineries en un mois. C’est presque une attaque tous les deux jours. Cette intensification spectaculaire n’est pas le fruit du hasard. Elle reflète une montée en puissance délibérée de la capacité ukrainienne à mener des frappes en profondeur, une amélioration constante de la technologie des drones, une coordination opérationnelle de plus en plus sophistiquée. Parmi les cibles frappées en novembre figuraient certaines des installations les plus importantes de Russie : la raffinerie de Ryazan (deux fois, les 15 et 20 novembre), la raffinerie de Saratov, la raffinerie de Volgograd, la raffinerie d’Orsk, la raffinerie d’Oryol. Chacune de ces installations joue un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique russe. Leur frappe simultanée ou rapprochée crée un effet de saturation qui submerge les capacités de réparation russes. Quand une seule raffinerie est touchée, les équipes de maintenance peuvent se concentrer sur sa réparation. Mais quand 14 raffineries sont frappées en un mois, les ressources doivent être dispersées, les priorités doivent être établies, certaines installations doivent attendre. Cette dispersion des efforts de réparation prolonge les temps d’arrêt, aggrave les pénuries, maximise l’impact économique des attaques.
Le mois de novembre 2025 a aussi vu une diversification des cibles. Au-delà des raffineries, l’Ukraine a frappé des terminaux pétroliers, des dépôts de carburant, des stations de pompage. Cette approche multidimensionnelle vise à perturber l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement énergétique russe, pas seulement la production. Un terminal pétrolier détruit affecte les exportations. Un dépôt de carburant incendié crée des pénuries locales. Une station de pompage endommagée interrompt le flux de pétrole brut vers les raffineries. Tous ces éléments travaillent ensemble pour créer une crise énergétique systémique. Les 14 raffineries frappées en novembre représentent environ un tiers de toutes les grandes raffineries russes. Cette proportion est stupéfiante. Elle montre que l’Ukraine a la capacité de frapper pratiquement n’importe quelle installation pétrolière en Russie, quelle que soit sa localisation, quelle que soit sa protection. Aucune raffinerie n’est hors de portée. Aucune n’est vraiment en sécurité. Cette réalité crée une anxiété permanente dans l’industrie pétrolière russe. Les opérateurs de raffineries savent qu’ils peuvent être la prochaine cible. Les employés travaillent dans la peur constante d’une attaque. Les investissements dans de nouvelles installations ou dans la modernisation des existantes sont gelés, car personne ne veut investir des millions dans une infrastructure qui pourrait être détruite du jour au lendemain. Cette paralysie de l’investissement aura des conséquences à long terme sur la capacité de raffinage russe, bien au-delà des dommages immédiats causés par les attaques.
L’intensification avant l’hiver
Le timing de cette intensification en novembre 2025 n’est pas accidentel. L’Ukraine a délibérément choisi de maximiser ses attaques sur les raffineries russes juste avant l’hiver, la période où la demande en carburant est la plus élevée. L’hiver russe est brutal. Les températures descendent régulièrement en dessous de -20°C dans de nombreuses régions. Le chauffage devient une nécessité vitale. Les véhicules consomment plus de carburant par temps froid. Les opérations militaires deviennent plus difficiles et plus gourmandes en énergie. C’est précisément dans ce contexte que l’Ukraine a choisi de frapper le plus fort. En réduisant la capacité de raffinage russe juste avant l’hiver, elle maximise l’impact de ses attaques. Les pénuries qui auraient été gérables en été deviennent critiques en hiver. Les prix qui auraient augmenté modérément explosent quand la demande est au plus haut. Les tensions sociales qui auraient été contenues s’exacerbent quand les gens ont froid et ne peuvent pas faire le plein. Cette stratégie de timing révèle une sophistication tactique remarquable. L’Ukraine ne se contente pas de frapper des cibles. Elle choisit le moment optimal pour maximiser l’impact de ses frappes. Elle exploite les vulnérabilités saisonnières de son ennemi. Elle transforme les conditions météorologiques en arme de guerre. Les 14 raffineries frappées en novembre ont créé une situation où la Russie entre dans l’hiver 2025-2026 avec une capacité de raffinage gravement diminuée, des stocks de carburant insuffisants, et une population anxieuse face aux pénuries annoncées.
L’intensification avant l’hiver a aussi une dimension psychologique importante. Elle envoie un message clair au peuple russe : cet hiver sera difficile. Les pénuries vont s’aggraver. Les prix vont augmenter. Et tout cela est la conséquence directe de la guerre menée par votre gouvernement en Ukraine. Ce message, répété à chaque attaque, à chaque incendie de raffinerie, à chaque file d’attente aux stations-service, érode progressivement le soutien à la guerre. Les Russes qui ont soutenu l’invasion en février 2022, qui ont cru aux promesses d’une « opération militaire spéciale » rapide et indolore, découvrent maintenant le véritable coût de cette guerre. Et ce coût, ils le paient directement, dans leur vie quotidienne, dans leur portefeuille, dans leur confort. L’hiver 2025-2026 pourrait être un tournant dans l’opinion publique russe. Si les pénuries deviennent vraiment sévères, si les prix deviennent vraiment prohibitifs, si le froid se combine avec le manque de carburant pour créer une crise humanitaire, le mécontentement pourrait atteindre des niveaux dangereux pour le Kremlin. C’est exactement ce que l’Ukraine espère en intensifiant ses attaques avant l’hiver. Créer une situation où la poursuite de la guerre devient politiquement insoutenable pour le régime russe. Où le coût pour la population devient trop élevé. Où les questions sur la légitimité de cette guerre deviennent impossibles à ignorer. Les 14 raffineries frappées en novembre sont les premières salves de cette bataille hivernale. Et l’hiver ne fait que commencer.
Quatorze raffineries en un mois. Je laisse ce chiffre résonner, et je ressens quelque chose qui ressemble à de l’admiration mêlée de tristesse. Admiration pour cette capacité ukrainienne à intensifier, à frapper encore plus fort, à ne jamais relâcher la pression. Tristesse parce que cette escalade signifie que la guerre continue, que la souffrance persiste, que la paix reste lointaine. Mais au-delà de ces émotions contradictoires, il y a une certitude : l’Ukraine a trouvé une stratégie qui fonctionne. Frapper les raffineries avant l’hiver, c’est frapper au moment où ça fait le plus mal. C’est exploiter les vulnérabilités saisonnières de l’ennemi. C’est transformer le climat lui-même en allié. Et moi, en observant cette sophistication tactique, je me dis que l’Ukraine mérite de gagner cette guerre. Pas seulement parce qu’elle est la victime d’une agression injuste. Mais aussi parce qu’elle a su développer une stratégie intelligente, efficace, qui maximise ses forces et exploite les faiblesses de son adversaire. Novembre 2025 restera comme le mois où l’Ukraine a prouvé qu’elle pouvait frapper n’importe où, n’importe quand, avec une efficacité dévastatrice.
Les répercussions internationales
Le prix du pétrole russe en question
Les attaques ukrainiennes sur les raffineries russes ont des répercussions qui dépassent largement les frontières de la Russie. Elles affectent les marchés pétroliers mondiaux, les relations commerciales internationales, les équilibres géopolitiques. L’un des effets les plus visibles est l’impact sur le prix du pétrole russe. Avant les attaques intensives de 2025, la Russie parvenait encore à vendre son pétrole brut sur les marchés internationaux, principalement à la Chine et à l’Inde, malgré les sanctions occidentales. Mais les attaques sur les raffineries ont créé une situation paradoxale. D’un côté, la Russie a plus de pétrole brut disponible pour l’exportation, car ses raffineries endommagées en traitent moins. De l’autre, elle a moins de produits raffinés à vendre, ce qui était traditionnellement une source importante de revenus. Cette situation a forcé la Russie à vendre son pétrole brut avec des décotes encore plus importantes pour attirer les acheteurs. Le prix du pétrole russe, déjà inférieur au prix de référence Brent en raison des sanctions, a chuté encore davantage. Certains analystes estiment que la décote atteint désormais 20 à 25 dollars par baril, contre 10 à 15 dollars avant l’intensification des attaques. Cette décote supplémentaire représente une perte de revenus massive pour la Russie. Sur des exportations de 3 à 4 millions de barils par jour, une décote supplémentaire de 10 dollars par baril représente une perte de 30 à 40 millions de dollars par jour, soit plus d’un milliard de dollars par mois.
Les répercussions sur le prix du pétrole russe affectent aussi les acheteurs. La Chine et l’Inde, principaux clients de la Russie, profitent de ces décotes pour acheter du pétrole bon marché. Mais cette dépendance croissante au pétrole russe à prix réduit crée des vulnérabilités. Si les attaques ukrainiennes s’intensifient encore, si la production russe s’effondre, ces pays pourraient se retrouver avec des approvisionnements insuffisants. Cette incertitude pousse certains acheteurs à diversifier leurs sources, à chercher des alternatives au pétrole russe. Cette diversification, même marginale, réduit encore davantage la position de négociation de la Russie sur les marchés internationaux. Le Kremlin se retrouve dans une situation où il doit accepter des prix de plus en plus bas pour maintenir ses volumes d’exportation. Et même avec ces prix réduits, les volumes diminuent à mesure que les acheteurs se détournent progressivement du pétrole russe. Les sanctions occidentales, combinées aux attaques ukrainiennes sur les raffineries, créent une pression économique multidimensionnelle qui érode progressivement la capacité de la Russie à financer sa guerre. Le prix du pétrole russe en question n’est pas seulement un problème économique. C’est un indicateur de l’affaiblissement progressif de la position internationale de la Russie, de sa marginalisation croissante sur les marchés mondiaux, de sa dépendance accrue vis-à-vis d’un nombre limité d’acheteurs qui peuvent dicter leurs conditions. Cette dynamique, à long terme, est insoutenable pour une économie qui dépend massivement des revenus pétroliers.
Les sanctions qui mordent enfin
Les sanctions occidentales contre la Russie, imposées depuis le début de la guerre en 2022, ont mis du temps à produire leurs effets. Pendant longtemps, la Russie a réussi à les contourner partiellement, à trouver des acheteurs alternatifs, à maintenir ses revenus pétroliers à des niveaux acceptables. Mais en 2025, la combinaison des sanctions et des attaques ukrainiennes sur les raffineries a créé une situation où les sanctions mordent enfin vraiment. Les sanctions limitent l’accès de la Russie aux technologies occidentales, aux pièces de rechange, aux services de maintenance. Quand une raffinerie est endommagée par une attaque ukrainienne, ces limitations deviennent critiques. La Russie ne peut plus simplement commander des équipements de remplacement auprès de fournisseurs occidentaux. Elle doit chercher des alternatives, souvent de qualité inférieure, souvent plus chères, souvent avec des délais de livraison beaucoup plus longs. Cette difficulté à réparer rapidement les installations endommagées prolonge les temps d’arrêt, aggrave les pénuries, maximise l’impact des attaques ukrainiennes. Les sanctions affectent aussi la capacité de la Russie à moderniser ses raffineries. Avant la guerre, de nombreuses installations russes utilisaient des technologies occidentales, bénéficiaient de l’expertise d’entreprises étrangères, importaient des composants sophistiqués. Tout cela est maintenant bloqué. Les raffineries russes doivent se débrouiller avec des technologies obsolètes, des équipements vieillissants, des compétences limitées. Cette dégradation progressive de la base industrielle rend les raffineries plus vulnérables aux attaques, moins efficaces dans leur production, moins capables de se remettre rapidement des dommages.
Les sanctions ont aussi un effet multiplicateur sur l’impact des attaques ukrainiennes. Chaque raffinerie endommagée devient plus difficile et plus coûteuse à réparer en raison des sanctions. Chaque système de défense aérienne détruit devient plus difficile à remplacer. Chaque composant électronique nécessaire pour les drones russes devient plus difficile à obtenir. Cette synergie entre sanctions et attaques militaires crée une pression économique et industrielle que la Russie peine à gérer. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les revenus pétroliers russes ont chuté à l’un des niveaux les plus bas depuis le début de la guerre. Cette chute n’est pas seulement due aux attaques sur les raffineries. Elle est aussi le résultat des sanctions qui limitent les exportations, qui forcent la Russie à vendre à prix réduit, qui compliquent les transactions financières. Les sanctions sur le secteur bancaire rendent difficile le paiement du pétrole russe. Les sanctions sur le transport maritime limitent les options d’exportation. Les sanctions sur les assurances augmentent les coûts et les risques. Tous ces éléments s’accumulent pour créer une situation où la Russie gagne de moins en moins d’argent de ses exportations pétrolières, même quand elle parvient à maintenir ses volumes. Les sanctions mordent enfin, et elles mordent fort. Combinées aux attaques ukrainiennes, elles créent une pression économique qui pourrait finalement forcer la Russie à reconsidérer sa guerre d’agression. C’est exactement l’objectif recherché par l’Occident et par l’Ukraine : rendre la poursuite de la guerre économiquement impossible.
Ryazan dans le contexte global
Une cible parmi 160 autres
La raffinerie de Ryazan, malgré ses neuf attaques en 2025, n’est qu’une cible parmi les 160 installations pétrolières frappées par l’Ukraine cette année. Une parmi 160. Ce chiffre met en perspective l’ampleur de la campagne énergétique ukrainienne. Ryazan n’est pas une exception. Elle n’est pas une cible isolée. Elle fait partie d’un effort systématique, coordonné, massif visant à détruire l’infrastructure énergétique russe. Chacune de ces 160 installations joue un rôle dans l’économie de guerre russe. Chacune contribue, à sa manière, à alimenter la machine militaire du Kremlin. Et chacune a été identifiée, ciblée, frappée par les forces ukrainiennes. Cette approche globale, cette vision stratégique qui englobe l’ensemble du secteur énergétique russe, révèle une sophistication remarquable. L’Ukraine ne se contente pas de frappes opportunistes. Elle mène une campagne planifiée, avec des objectifs clairs, des priorités établies, des ressources allouées de manière optimale. Ryazan, avec ses neuf attaques, est simplement l’une des cibles les plus importantes, l’une des plus frappées, l’une des plus symboliques. Mais elle n’est pas seule. À travers toute la Russie, des raffineries brûlent, des dépôts explosent, des terminaux sont endommagés. Cette multiplication des cibles crée un effet de saturation qui submerge les capacités de défense et de réparation russes. Quand une seule installation est attaquée, toutes les ressources peuvent être concentrées sur sa protection et sa réparation. Mais quand 160 installations sont frappées, les ressources doivent être dispersées, les priorités doivent être établies, certaines cibles doivent être sacrifiées.
Dans ce contexte global, Ryazan occupe une place particulière. Sa proximité avec Moscou, son importance dans l’approvisionnement de la capitale, le nombre record d’attaques qu’elle a subies en font un symbole de la vulnérabilité russe. Mais elle n’est qu’un symbole parmi d’autres. La raffinerie de Saratov, frappée à plusieurs reprises, représente la vulnérabilité de la région de la Volga. La raffinerie de Volgograd, également touchée de manière répétée, montre que même les installations du sud de la Russie ne sont pas à l’abri. La raffinerie d’Orsk, située dans l’Oural, prouve que la portée des drones ukrainiens s’étend sur des milliers de kilomètres. Chacune de ces cibles raconte une histoire de vulnérabilité, d’échec des défenses, de dommages économiques. Et ensemble, ces 160 histoires composent le récit d’une campagne énergétique qui transforme radicalement l’équilibre de cette guerre. Ryazan n’est pas exceptionnelle dans sa vulnérabilité. Elle est représentative. Elle montre que toutes les raffineries russes, quelle que soit leur localisation, quelle que soit leur importance, sont désormais des cibles potentielles. Aucune n’est vraiment en sécurité. Aucune ne peut compter sur ses défenses pour la protéger indéfiniment. Cette réalité crée une anxiété permanente dans l’industrie pétrolière russe, une paralysie des investissements, une érosion de la confiance. Et cette érosion, multipliée par 160 installations, crée un effet systémique qui affaiblit l’ensemble de l’économie de guerre russe.
Le symbole d’une campagne réussie
Si la raffinerie de Ryazan devait être retenue comme le symbole de la campagne énergétique ukrainienne de 2025, ce serait pour plusieurs raisons. D’abord, le nombre d’attaques : neuf en un an. C’est un record qui illustre parfaitement la stratégie d’acharnement ukrainienne. Ne pas laisser respirer l’ennemi. Frapper encore et encore jusqu’à ce que la cible cesse de fonctionner. Ensuite, la proximité avec Moscou : 180 kilomètres. Cette distance symbolise l’effondrement du mythe de la profondeur stratégique russe. La guerre n’est plus lointaine. Elle est aux portes de la capitale. Puis, l’importance économique : 17,1 millions de tonnes par an, 5% de la production totale de raffinage russe. Frapper Ryazan, c’est frapper un pilier de l’économie énergétique russe. Enfin, l’impact visible : les images d’incendies, les témoignages des habitants, les pénuries de carburant à Moscou. Ryazan rend tangible, visible, compréhensible une campagne qui pourrait autrement rester abstraite. Chaque attaque sur Ryazan génère des images, des vidéos, des témoignages qui circulent sur les réseaux sociaux, qui sont repris par les médias internationaux, qui deviennent des preuves irréfutables de l’efficacité de la stratégie ukrainienne. Cette visibilité fait de Ryazan un symbole puissant, un exemple que l’Ukraine peut montrer au monde pour prouver que sa campagne énergétique fonctionne, qu’elle cause des dommages réels, qu’elle affaiblit effectivement la capacité de la Russie à poursuivre sa guerre d’agression.
Mais Ryazan est aussi le symbole d’une campagne réussie pour une raison plus profonde. Elle montre que la guerre moderne ne se gagne pas seulement sur le champ de bataille. Elle se gagne aussi dans les raffineries, dans les dépôts de carburant, dans les infrastructures énergétiques. Elle se gagne en asséchant les ressources de l’ennemi, en détruisant sa capacité économique à poursuivre le combat, en créant des pressions internes qui forcent un changement de politique. La campagne énergétique ukrainienne, dont Ryazan est le symbole le plus visible, représente une évolution dans la conduite de la guerre. C’est une guerre asymétrique, où un pays plus petit et moins puissant utilise des moyens relativement bon marché (des drones) pour causer des dommages disproportionnés à un ennemi plus grand. C’est une guerre économique, où l’objectif n’est pas seulement de détruire l’armée ennemie mais de rendre la poursuite de la guerre économiquement insoutenable. C’est une guerre de l’information, où chaque attaque génère des images et des récits qui affectent l’opinion publique, tant en Russie qu’à l’international. Ryazan incarne toutes ces dimensions. Chaque attaque sur cette raffinerie est une démonstration de la capacité ukrainienne à frapper en profondeur. Chaque incendie est une preuve de l’impact économique de ces frappes. Chaque vidéo partagée sur les réseaux sociaux est une victoire dans la guerre de l’information. Le symbole d’une campagne réussie, c’est exactement ce que Ryazan représente. Et ce symbole continuera de brûler tant que la Russie poursuivra son agression contre l’Ukraine.
Ryazan comme symbole. Cette idée résonne en moi avec une force particulière. Parce qu’un symbole, c’est plus qu’une simple cible. C’est une histoire, un récit, une représentation de quelque chose de plus grand. Et Ryazan raconte l’histoire d’une Ukraine qui refuse de se soumettre, qui transforme sa faiblesse apparente en force, qui utilise l’intelligence et la détermination pour compenser l’infériorité numérique. Neuf attaques en un an. Ce n’est pas de l’acharnement aveugle. C’est de la stratégie pure. C’est la compréhension que pour gagner cette guerre, il faut frapper là où ça fait mal, encore et encore, sans relâche. Et moi, en regardant Ryazan brûler pour la neuvième fois, je vois plus qu’une raffinerie en flammes. Je vois la détermination d’un peuple qui ne renoncera jamais. Je vois l’intelligence d’une stratégie qui exploite les vulnérabilités de l’ennemi. Je vois l’espoir que la justice finira par triompher. Ryazan est un symbole. Le symbole d’une campagne réussie. Le symbole d’une Ukraine qui gagne.
Ce que révèle cette neuvième frappe
La vulnérabilité persistante de la Russie
La neuvième attaque sur la raffinerie de Ryazan dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025 révèle une vérité brutale : la Russie reste profondément vulnérable aux attaques ukrainiennes, malgré tous ses efforts pour renforcer ses défenses. Neuf attaques en un an sur la même installation. Ce n’est pas un échec ponctuel. C’est un échec systémique. C’est la preuve que les défenses aériennes russes, malgré les investissements massifs, malgré les systèmes sophistiqués comme les S-300, S-400 et Pantsir, ne peuvent pas protéger efficacement les infrastructures vitales. Cette vulnérabilité persistante a plusieurs causes. D’abord, la taille géographique de la Russie. Avec plus de 17 millions de kilomètres carrés, il est impossible de créer une bulle de protection hermétique. Il y aura toujours des failles, des zones moins bien défendues, des trajectoires que les drones peuvent exploiter. Ensuite, la nature des drones ukrainiens. Petits, lents, volant à basse altitude, ils sont beaucoup plus difficiles à détecter et à intercepter que les avions ou les missiles traditionnels. Les systèmes de défense aérienne russes, conçus principalement pour contrer des menaces rapides et à haute altitude, peinent à s’adapter à ces cibles plus furtives. Puis, la destruction progressive des systèmes de défense eux-mêmes. Avec 48% des Pantsir détruits en 2025, la couverture défensive russe s’est considérablement affaiblie. Moins il y a de systèmes opérationnels, plus il est facile pour les drones ukrainiens de passer. Enfin, la tactique de saturation ukrainienne. En lançant des dizaines de drones simultanément, l’Ukraine submerge les capacités d’interception russes. Même si 70% des drones sont abattus, les 30% restants suffisent à causer des dommages significatifs.
Cette vulnérabilité persistante a des implications stratégiques profondes. Elle signifie que la Russie ne peut pas protéger ses infrastructures vitales, même celles situées à proximité de sa capitale. Elle signifie que l’investissement massif dans les systèmes de défense aérienne n’a pas produit les résultats escomptés. Elle signifie que la profondeur stratégique, longtemps considérée comme un avantage majeur de la Russie, n’est plus une protection suffisante. Cette réalité force le Kremlin à faire des choix difficiles. Doit-il concentrer ses défenses autour des cibles les plus importantes, au risque de laisser d’autres installations sans protection? Doit-il disperser ses ressources pour couvrir un maximum de territoire, au risque de ne protéger efficacement aucune cible? Doit-il investir davantage dans de nouveaux systèmes de défense, au risque de détourner des ressources de l’effort de guerre? Aucune de ces options n’est satisfaisante. Et pendant que le Kremlin hésite, l’Ukraine continue de frapper. La neuvième attaque sur Ryazan n’est pas la dernière. Elle est simplement la plus récente dans une série qui continuera tant que la Russie poursuivra son agression. Et chaque nouvelle attaque renforcera la perception de vulnérabilité russe, érodera la confiance dans les capacités défensives du pays, créera plus d’anxiété parmi la population. La vulnérabilité persistante de la Russie n’est pas un problème technique qui peut être résolu avec plus d’argent ou plus de systèmes. C’est un problème structurel, lié à la nature même de la menace ukrainienne et aux limitations inhérentes de la défense aérienne contre les drones.
L’incapacité à protéger ses infrastructures vitales
L’incapacité de la Russie à protéger ses infrastructures vitales, illustrée de manière éclatante par les neuf attaques sur la raffinerie de Ryazan, révèle une faiblesse fondamentale du système russe. Ce n’est pas seulement un problème militaire ou technique. C’est un problème de gouvernance, de priorités, d’allocation des ressources. La Russie dépense des centaines de milliards de dollars pour son armée, pour ses armes offensives, pour sa guerre en Ukraine. Mais elle ne parvient pas à protéger efficacement ses propres installations énergétiques, pourtant cruciales pour son économie et son effort de guerre. Cette contradiction révèle un déséquilibre stratégique profond. Le Kremlin a privilégié l’offensive sur la défensive, l’agression sur la protection. Il a investi massivement dans les moyens de projeter sa puissance à l’extérieur, mais négligé les moyens de protéger son territoire intérieur. Et maintenant, cette négligence se paie au prix fort. Les raffineries brûlent. Les dépôts explosent. Les pénuries se multiplient. Et l’économie de guerre russe vacille. L’incapacité à protéger les infrastructures vitales a aussi une dimension psychologique importante. Elle crée un sentiment d’insécurité parmi la population russe. Si le gouvernement ne peut pas protéger une raffinerie située à 180 kilomètres de Moscou, que peut-il protéger? Si les défenses aériennes échouent neuf fois sur la même cible, à quoi servent-elles? Ces questions, que de plus en plus de Russes se posent, érodent la confiance dans le régime, dans ses capacités, dans ses promesses de sécurité et de stabilité.
L’incapacité à protéger les infrastructures vitales révèle aussi les limites de la puissance militaire russe. Malgré sa réputation, malgré son arsenal nucléaire, malgré ses dépenses militaires massives, la Russie ne parvient pas à accomplir une tâche fondamentale : protéger son propre territoire. Cette incapacité contraste fortement avec l’image de puissance que le Kremlin tente de projeter. Elle montre que derrière la façade de force, il y a des vulnérabilités profondes, des faiblesses structurelles, des échecs systémiques. Et ces échecs ne peuvent pas être cachés ou minimisés indéfiniment. Chaque attaque sur Ryazan, chaque incendie filmé et partagé sur les réseaux sociaux, chaque témoignage d’habitants inquiets, tout cela contribue à éroder l’image de puissance russe. L’incapacité à protéger les infrastructures vitales n’est pas seulement un problème pratique. C’est un problème de crédibilité, de réputation, de perception. Et dans un monde où la perception compte autant que la réalité, cette incapacité affaiblit considérablement la position de la Russie. Les alliés potentiels doutent de sa fiabilité. Les adversaires exploitent ses faiblesses. La population interne perd confiance. Tout cela crée une spirale descendante dont il est difficile de sortir. La neuvième attaque sur Ryazan n’est qu’un symptôme de ce problème plus large. Mais c’est un symptôme visible, mesurable, indéniable. Et tant que ce problème ne sera pas résolu, tant que la Russie ne parviendra pas à protéger efficacement ses infrastructures vitales, les attaques ukrainiennes continueront, les dommages s’accumuleront, et l’économie de guerre russe continuera de s’affaiblir.
L'avenir de la guerre énergétique
Vers une dixième, onzième, douzième frappe
La neuvième attaque sur la raffinerie de Ryazan ne sera pas la dernière. C’est une certitude. Tant que la Russie poursuivra son agression contre l’Ukraine, tant que la raffinerie continuera de fonctionner, tant que les drones ukrainiens auront la capacité de l’atteindre, les attaques se poursuivront. Une dixième frappe. Une onzième. Une douzième. Peut-être même une vingtième avant la fin de cette guerre. Cette perspective n’est pas de la spéculation. C’est une extrapolation logique basée sur les tendances observées en 2025. L’Ukraine a démontré sa capacité à frapper Ryazan de manière répétée. Elle a prouvé que les défenses aériennes russes ne peuvent pas arrêter tous les drones. Elle a montré que chaque attaque cause des dommages significatifs, interrompt la production, affaiblit l’économie russe. Pourquoi s’arrêterait-elle? Pourquoi renoncerait-elle à une stratégie qui fonctionne si bien? La réponse est simple : elle ne s’arrêtera pas. Les attaques continueront, s’intensifieront peut-être même, jusqu’à ce que la raffinerie cesse définitivement de fonctionner ou jusqu’à ce que la guerre prenne fin. Cette persistance ukrainienne crée une situation intenable pour la Russie. Chaque réparation de la raffinerie devient un investissement risqué, susceptible d’être anéanti par la prochaine attaque. Chaque redémarrage de la production est temporaire, précaire, menacé. Cette incertitude permanente paralyse la planification, complique la gestion, érode la rentabilité. À un moment donné, Rosneft pourrait décider qu’il n’est plus économiquement viable de continuer à réparer et à redémarrer cette installation. Que le coût des réparations répétées dépasse les bénéfices de la production. Et si cette décision est prise, ce sera une victoire stratégique majeure pour l’Ukraine.
L’avenir de la guerre énergétique ne se limite pas à Ryazan. Les 160 installations frappées en 2025 ne sont qu’un début. L’Ukraine développe constamment de nouveaux drones, améliore leurs capacités, étend leur portée. Les drones de 2026 seront probablement plus sophistiqués, plus furtifs, plus précis que ceux de 2025. Ils pourront atteindre des cibles encore plus éloignées, causer des dommages encore plus importants, éviter encore plus efficacement les défenses russes. Cette évolution technologique constante garantit que la campagne énergétique ukrainienne ne fera que s’intensifier. Plus de cibles seront frappées. Plus de dommages seront causés. Plus de pression sera exercée sur l’économie russe. Et cette pression, à terme, pourrait devenir insoutenable. La Russie ne peut pas indéfiniment absorber ces pertes, réparer ces dommages, compenser ces réductions de production. À un moment donné, le système s’effondrera. Les pénuries deviendront critiques. Les revenus s’effondreront. Le budget de l’État ne pourra plus financer la guerre. Et ce moment, chaque attaque sur Ryazan, chaque frappe sur les 160 autres installations, le rapproche un peu plus. Vers une dixième, onzième, douzième frappe. Et au-delà. Jusqu’à ce que la Russie comprenne que cette guerre ne peut pas être gagnée, que le coût est trop élevé, que la seule issue est la négociation et le retrait. Les attaques sur Ryazan ne sont pas une fin en soi. Elles sont un moyen vers cette fin. Un moyen efficace, éprouvé, qui continuera d’être utilisé aussi longtemps que nécessaire.
La Russie peut-elle tenir économiquement
La question centrale que pose la campagne énergétique ukrainienne, et particulièrement les neuf attaques sur la raffinerie de Ryazan, est simple mais cruciale : la Russie peut-elle tenir économiquement? Peut-elle continuer à financer sa guerre d’agression avec des revenus pétroliers en chute libre, une capacité de raffinage réduite de 20%, des pénuries dans 57 régions, un déficit budgétaire record? Les indicateurs économiques suggèrent que la réponse est de plus en plus négative. Le déficit budgétaire russe a atteint 5,7 trillions de roubles en 2025, un niveau jamais vu depuis des décennies. Les revenus pétroliers, qui représentent plus de 40% du budget de l’État, ont chuté à l’un des niveaux les plus bas depuis le début de la guerre. L’inflation grimpe, érodant le pouvoir d’achat des Russes. Les réserves nationales sont progressivement épuisées. Les dépenses militaires continuent d’augmenter, absorbant une part croissante d’un budget en contraction. Cette équation économique est insoutenable. À court terme, la Russie peut encore tenir. Elle peut puiser dans ses réserves, augmenter les taxes, réduire les dépenses non militaires, imprimer de la monnaie. Mais toutes ces mesures ont des limites et des conséquences. Les réserves ne sont pas infinies. Les taxes ne peuvent pas augmenter indéfiniment sans étouffer l’économie. Les coupes budgétaires créent du mécontentement. L’impression monétaire alimente l’inflation. À moyen terme, si les attaques ukrainiennes continuent au rythme actuel, si la capacité de raffinage continue de diminuer, si les revenus pétroliers continuent de chuter, la Russie sera confrontée à des choix impossibles.
Soit elle réduit drastiquement ses dépenses militaires, ce qui affaiblit son armée et compromet ses objectifs de guerre. Soit elle maintient ses dépenses militaires et accepte un effondrement économique progressif, avec toutes les conséquences sociales et politiques que cela implique. Soit elle cherche une issue diplomatique, négocie un retrait, met fin à la guerre avant que l’économie ne s’effondre complètement. C’est précisément ce dilemme que l’Ukraine cherche à créer avec sa campagne énergétique. Forcer la Russie à choisir entre la poursuite de la guerre et la stabilité économique. Rendre ces deux objectifs mutuellement exclusifs. Créer une situation où la continuation de l’agression devient économiquement impossible. Les neuf attaques sur Ryazan, les 160 installations frappées en 2025, les milliards de dollars de dommages causés, tout cela contribue à créer ce dilemme. Chaque attaque rapproche la Russie du point de rupture. Chaque jour de production perdu réduit les revenus. Chaque milliard dépensé en réparations est un milliard qui manque ailleurs. La question n’est plus de savoir si la Russie peut tenir économiquement. La question est : combien de temps peut-elle tenir? Un an? Deux ans? Cinq ans? Et à quel prix? Avec quelles conséquences pour sa population, pour sa stabilité politique, pour sa position internationale? Les attaques sur Ryazan ne donnent pas de réponse définitive à ces questions. Mais elles accélèrent le compte à rebours. Elles rapprochent le moment où la Russie devra faire face à la réalité économique de sa guerre d’agression. Et ce moment, chaque nouvelle attaque le rend un peu plus imminent.
Peut-elle tenir économiquement? Cette question me hante. Parce que la réponse déterminera la durée de cette guerre, le nombre de vies perdues, l’ampleur des destructions. Et en regardant les chiffres, les tendances, les indicateurs, je me dis que non, la Russie ne peut pas tenir indéfiniment. Pas avec des revenus pétroliers en chute libre. Pas avec un déficit budgétaire record. Pas avec des pénuries qui affectent 57 régions. Quelque chose doit céder. Soit l’économie s’effondre, soit la guerre s’arrête. Il n’y a pas de troisième option. Et chaque attaque sur Ryazan, chaque drone qui frappe une raffinerie, chaque jour de production perdu rapproche ce moment de vérité. L’Ukraine le sait. C’est pourquoi elle continue, inlassablement, méthodiquement, à frapper les infrastructures énergétiques russes. Parce que c’est là que se gagne cette guerre. Pas sur le champ de bataille. Mais dans les raffineries qui brûlent, dans les budgets qui s’effondrent, dans l’économie qui vacille. Ryazan brûle pour la neuvième fois. Et quelque part, dans les bureaux du Kremlin, des économistes calculent combien de temps ils peuvent encore tenir. La réponse, je le crains pour eux, n’est pas rassurante.
Les leçons stratégiques
La guerre asymétrique qui fonctionne
La campagne énergétique ukrainienne, dont les neuf attaques sur la raffinerie de Ryazan sont l’exemple le plus frappant, offre un cas d’école de guerre asymétrique réussie. L’Ukraine, pays plus petit, moins peuplé, avec une économie plus faible et une armée moins nombreuse que la Russie, a trouvé un moyen d’infliger des dommages disproportionnés à son agresseur. Ce moyen, ce sont les drones longue portée. Des armes relativement bon marché, produites en masse, capables de frapper en profondeur sur le territoire ennemi. Le retour sur investissement est stupéfiant. Un drone coûte quelques dizaines de milliers de dollars. Les dommages qu’il cause à une raffinerie se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions de dollars. Cette asymétrie économique est au cœur de la stratégie ukrainienne. Elle permet à un pays avec des ressources limitées de causer des dommages massifs à un ennemi beaucoup plus puissant. C’est la définition même de la guerre asymétrique : utiliser des moyens non conventionnels pour compenser une infériorité conventionnelle. Et dans le cas de l’Ukraine, cette stratégie fonctionne remarquablement bien. Les 160 installations pétrolières frappées en 2025, les milliards de dollars de dommages causés, la crise du carburant qui affecte 57 régions russes, tout cela est le résultat d’une guerre asymétrique menée avec intelligence, détermination et efficacité. L’Ukraine a compris qu’elle ne pouvait pas vaincre la Russie dans une confrontation militaire conventionnelle. Elle a donc choisi une approche différente : frapper les vulnérabilités économiques de l’ennemi, assécher ses ressources, rendre la poursuite de la guerre économiquement insoutenable.
Les leçons de cette guerre asymétrique réussie sont nombreuses et importantes pour d’autres conflits futurs. Première leçon : la technologie des drones change radicalement la nature de la guerre. Elle permet à des pays plus petits de projeter leur puissance en profondeur sur le territoire ennemi, sans risquer des vies humaines, à un coût relativement faible. Deuxième leçon : les infrastructures économiques sont des cibles légitimes et efficaces. Frapper les raffineries, les dépôts de carburant, les installations énergétiques affaiblit directement la capacité de l’ennemi à poursuivre la guerre. Troisième leçon : la persistance paie. Les neuf attaques sur Ryazan montrent qu’il ne suffit pas de frapper une fois. Il faut revenir encore et encore, ne pas laisser l’ennemi se remettre, maintenir une pression constante. Quatrième leçon : la guerre moderne se gagne autant par l’économie que par les armes. Assécher les ressources de l’ennemi, créer des pénuries, forcer des choix économiques impossibles, tout cela peut être aussi efficace que des victoires sur le champ de bataille. Cinquième leçon : l’information et la perception comptent. Chaque attaque génère des images, des vidéos, des témoignages qui affectent l’opinion publique, tant chez l’ennemi qu’à l’international. Cette dimension informationnelle de la guerre asymétrique est cruciale. Les neuf attaques sur Ryazan ne sont pas seulement des opérations militaires. Ce sont aussi des opérations de communication, des démonstrations de force, des messages politiques. Et dans leur ensemble, elles constituent un modèle de guerre asymétrique qui pourrait être étudié et imité dans d’autres conflits.
Quand les drones changent la donne
Les drones ont fondamentalement changé la nature de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Avant leur utilisation massive, l’Ukraine était limitée dans sa capacité à frapper en profondeur sur le territoire russe. Les avions étaient trop vulnérables aux défenses aériennes. Les missiles de croisière étaient trop coûteux et en quantité limitée. Les opérations terrestres au-delà de la frontière étaient impossibles. Les drones ont changé tout cela. Ils offrent une combinaison unique d’avantages : portée longue, coût faible, production de masse possible, furtivité relative, risque zéro pour les opérateurs humains. Cette combinaison fait des drones l’arme parfaite pour une guerre asymétrique. Et l’Ukraine l’a compris avant la Russie. Elle a investi massivement dans le développement et la production de drones. Elle a créé une industrie capable de produire des milliers d’appareils par mois. Elle a formé des opérateurs, développé des tactiques, établi une infrastructure de commandement et de contrôle. Le résultat est une capacité de frappe en profondeur qui transforme l’équilibre stratégique de cette guerre. La Russie, malgré sa taille, malgré ses défenses, malgré sa puissance militaire, ne peut plus se considérer à l’abri. Ses raffineries, ses dépôts, ses installations militaires sont désormais à portée des drones ukrainiens. Cette vulnérabilité nouvelle force la Russie à repenser sa stratégie, à disperser ses ressources, à investir massivement dans des défenses qui ne sont jamais totalement efficaces. Les drones ont changé la donne. Ils ont donné à l’Ukraine un moyen de frapper l’économie russe, d’affaiblir sa capacité de guerre, de créer des pressions internes qui pourraient finalement forcer un changement de politique.
L’impact des drones va au-delà de cette guerre spécifique. Ils représentent une révolution dans les affaires militaires, comparable à l’introduction des chars ou des avions. Ils démocratisent la puissance aérienne, la rendant accessible à des pays qui n’ont pas les moyens de maintenir une force aérienne conventionnelle. Ils changent le calcul coût-bénéfice de la guerre, rendant les attaques en profondeur beaucoup moins coûteuses et risquées. Ils créent de nouvelles vulnérabilités pour les grandes puissances, dont les infrastructures étendues deviennent difficiles à protéger. Les neuf attaques sur la raffinerie de Ryazan illustrent parfaitement cette révolution. Une installation située à 450 kilomètres de la frontière, protégée par des systèmes de défense aérienne sophistiqués, appartenant à un géant pétrolier d’État, cruciale pour l’économie russe, a été frappée neuf fois en un an par des drones. Cette réalité aurait été impensable il y a dix ans. Elle est maintenant la norme. Et elle force tous les pays, toutes les armées, tous les stratèges à repenser leurs approches de la défense, de la sécurité, de la guerre elle-même. Les drones ont changé la donne. Et cette guerre entre l’Ukraine et la Russie est le laboratoire où cette nouvelle réalité est testée, affinée, démontrée. Les leçons apprises ici, les tactiques développées, les stratégies éprouvées, tout cela influencera les conflits futurs pendant des décennies. Ryazan brûle pour la neuvième fois. Et quelque part, dans les académies militaires du monde entier, des stratèges prennent des notes.
Conclusion : le prix de l'agression
Ryazan brûle, Moscou tremble
Dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025, la raffinerie de Ryazan a brûlé pour la neuvième fois en un an. Neuf fois que les flammes ont déchiré l’obscurité. Neuf fois que la fumée noire a envahi le ciel. Neuf fois que les drones ukrainiens ont parcouru 450 kilomètres pour frapper cette installation cruciale située à seulement 180 kilomètres de Moscou. Cette répétition obsessionnelle n’est pas de l’acharnement aveugle. C’est de la stratégie pure. C’est la compréhension profonde que pour gagner cette guerre, il faut frapper là où ça fait mal, encore et encore, sans relâche, jusqu’à ce que l’ennemi comprenne que la poursuite de l’agression a un prix. Et ce prix, la Russie le paie maintenant. Elle le paie en revenus pétroliers effondrés, en capacité de raffinage réduite de 20%, en pénuries qui affectent 57 régions, en déficit budgétaire record, en anxiété croissante parmi sa population. Ryazan brûle, et Moscou tremble. Pas encore de peur d’une attaque directe sur la capitale. Mais de peur des conséquences économiques, des pénuries qui se rapprochent, de l’instabilité qui s’installe. Les 180 kilomètres qui séparent Ryazan de Moscou ne sont plus une distance rassurante. Ils sont devenus une mesure de la vulnérabilité russe, un rappel constant que la guerre a des conséquences, que l’agression a un coût, que personne n’est vraiment à l’abri. Cette neuvième attaque n’est pas la dernière. Elle est simplement la plus récente dans une série qui continuera tant que la Russie poursuivra sa guerre contre l’Ukraine. Une dixième frappe viendra. Puis une onzième. Puis une douzième. Jusqu’à ce que la raffinerie cesse définitivement de fonctionner ou jusqu’à ce que la guerre prenne fin.
Ryazan est devenue le symbole d’une campagne énergétique qui transforme l’équilibre de cette guerre. Les 160 installations pétrolières frappées en 2025, les milliards de dollars de dommages causés, la crise du carburant qui paralyse des régions entières, tout cela montre que l’Ukraine a trouvé une stratégie qui fonctionne. Une stratégie qui exploite les vulnérabilités russes, qui utilise des moyens asymétriques pour compenser une infériorité conventionnelle, qui frappe l’économie avant les soldats. Cette stratégie ne gagnera peut-être pas la guerre à elle seule. Mais elle crée les conditions de la victoire. Elle affaiblit la capacité de la Russie à poursuivre l’agression. Elle crée des pressions économiques et politiques qui pourraient finalement forcer un changement. Elle montre au monde que la Russie n’est pas invincible, que sa profondeur stratégique n’est plus une protection suffisante, que même ses infrastructures vitales situées près de la capitale sont vulnérables. Moscou tremble parce que Ryazan brûle. Et cette équation simple, brutale, efficace, est au cœur de la stratégie ukrainienne. Frapper les raffineries pour affaiblir l’économie. Affaiblir l’économie pour limiter la capacité de guerre. Limiter la capacité de guerre pour créer les conditions d’une paix juste. C’est un chemin long, difficile, qui nécessite de la patience et de la détermination. Mais c’est un chemin qui avance, attaque après attaque, incendie après incendie, jour après jour. Ryazan brûle pour la neuvième fois. Et quelque part, dans les calculs du Kremlin, l’équation économique de cette guerre devient de plus en plus intenable.
Une guerre qui se gagne aussi loin du front
La guerre entre l’Ukraine et la Russie ne se gagne pas seulement dans les tranchées du Donbass, sur les champs de bataille de Zaporijjia, dans les ruines de Bakhmout. Elle se gagne aussi à 450 kilomètres de la frontière, dans les flammes d’une raffinerie qui brûle pour la neuvième fois, dans les files d’attente aux stations-service russes, dans les budgets qui s’effondrent et les économies qui vacillent. Cette réalité, l’Ukraine l’a comprise avant beaucoup d’autres. Elle a compris que la guerre moderne est multidimensionnelle, qu’elle se joue sur plusieurs fronts simultanément, que la victoire militaire doit être accompagnée d’une victoire économique. Les neuf attaques sur la raffinerie de Ryazan ne sont pas des opérations militaires isolées. Elles font partie d’une stratégie globale visant à assécher les ressources de l’agresseur, à rendre la poursuite de la guerre économiquement impossible, à créer des pressions internes qui forcent un changement de politique. Cette stratégie fonctionne. Les chiffres le prouvent. 37% de temps d’arrêt de la capacité de raffinage russe. 20% de pénurie sur le marché intérieur du carburant. 57 régions affectées. Des revenus pétroliers en chute libre. Un déficit budgétaire record. Ces indicateurs montrent que la Russie perd la guerre économique, même si elle maintient encore une présence militaire sur le terrain. Et à long terme, c’est la guerre économique qui déterminera l’issue du conflit. Une armée sans carburant est une armée immobilisée. Un État sans revenus ne peut pas financer sa guerre. Une population qui souffre de pénuries finit par remettre en question la légitimité de l’agression.
Cette guerre qui se gagne loin du front est aussi une guerre de l’information, de la perception, de la psychologie. Chaque attaque sur Ryazan génère des images qui circulent sur les réseaux sociaux, des témoignages qui contredisent la propagande officielle, des preuves irréfutables que la Russie est vulnérable. Ces images, ces témoignages, ces preuves affectent l’opinion publique russe, créent des doutes, érodent la confiance dans le régime. Ils montrent aussi au monde que l’Ukraine n’est pas une victime passive. C’est un pays qui se bat, qui innove, qui trouve des moyens créatifs de résister à un ennemi plus puissant. Cette perception est cruciale pour maintenir le soutien international, pour justifier l’aide militaire et économique, pour garder l’attention du monde sur ce conflit. La neuvième attaque sur Ryazan n’est pas seulement une opération militaire. C’est aussi un message au monde : l’Ukraine continue de se battre, elle a les moyens de frapper en profondeur, elle ne renoncera jamais. Et ce message, répété à chaque attaque, à chaque incendie, à chaque raffinerie qui brûle, maintient la pression sur la Russie, maintient le soutien à l’Ukraine, maintient l’espoir que cette guerre finira par une victoire de la justice sur l’agression. Une guerre qui se gagne aussi loin du front. C’est la leçon principale de cette campagne énergétique. Et c’est une leçon que l’Ukraine enseigne au monde, attaque après attaque, avec une détermination qui ne faiblit jamais. Ryazan brûle pour la neuvième fois. Et quelque part, loin du front, dans les calculs économiques et les stratégies politiques, cette guerre avance vers sa conclusion inévitable.
Neuf fois. Je reviens à ce chiffre qui m’obsède depuis le début de cet article. Neuf fois que Ryazan brûle. Neuf fois que l’Ukraine prouve sa détermination. Neuf fois que la Russie paie le prix de son agression. Et moi, en écrivant ces derniers mots, je ressens un mélange complexe d’émotions. De la tristesse pour toutes les vies perdues dans cette guerre absurde. De l’admiration pour un peuple qui refuse de se soumettre. De l’espoir que la justice finira par triompher. De la colère face à l’agression qui continue. Mais surtout, je ressens une certitude profonde : cette guerre se gagne aussi loin du front. Dans les raffineries qui brûlent. Dans les économies qui s’effondrent. Dans les populations qui doutent. Dans les stratégies qui fonctionnent. Ryazan brûle pour la neuvième fois. Et chaque fois qu’elle brûle, l’Ukraine se rapproche de la victoire. Pas d’une victoire facile. Pas d’une victoire rapide. Mais d’une victoire inévitable, construite attaque après attaque, jour après jour, avec une détermination qui ne faiblit jamais. C’est ça, le prix de l’agression. C’est ça, la leçon de Ryazan. Et c’est ça, l’espoir qui me porte quand je regarde ces flammes qui illuminent le ciel russe pour la neuvième fois.
Sources
Sources primaires
The Kyiv Independent – « Ukrainian drones reportedly strike Russia’s Ryazan Oil Refinery » (6 décembre 2025) – Article principal sur l’attaque du 5-6 décembre 2025, neuvième frappe de l’année sur la raffinerie.
UAWire – « Ukraine strikes Ryazan oil refinery again, sparking major fire in eighth attack this year » (20 novembre 2025) – Rapport sur la huitième attaque de novembre 2025.
Ukrinform – « Nearly 160 Russian oil facilities struck in 2025, SSU Chief says » (31 octobre 2025) – Déclarations de Vasyl Maliuk, chef du Service de sécurité d’Ukraine, sur l’ampleur de la campagne énergétique.
ASTRA (Telegram) – Rapports et vidéos des attaques sur la raffinerie de Ryazan tout au long de 2025 – Source russe indépendante documentant les frappes.
Militarnyi – Rapports sur les capacités des drones ukrainiens et les attaques sur les infrastructures russes (2025).
Ukrainian General Staff – Confirmations officielles des frappes sur les infrastructures énergétiques russes (2025).
Robert « Madyar » Brovdi – Commandant des Forces de systèmes de drones ukrainiennes – Confirmation de l’attaque du 20 novembre 2025.
Sources secondaires
Reuters – « Russia’s Ryazan oil refinery halves refining capacity after drone attacks, sources say » (4 août 2025) – Analyse de l’impact des attaques sur la capacité de production.
Reuters – « Russia using spare oil refining capacity to offset Ukrainian drone damage, sources say » (13 novembre 2025) – Rapport sur les efforts russes pour compenser les dommages.
Wikipedia – « Ryazan refinery » – Informations historiques et techniques sur la raffinerie (capacité de 17,1 millions de tonnes/an, propriété de Rosneft depuis 2013).
Wikipedia – « 2025 Russian fuel crisis » – Documentation de la crise du carburant causée par les attaques ukrainiennes.
The Moscow Times – « Ukraine Launches Record Number of Strikes on Russian Oil Refineries in November » (1er décembre 2025) – Analyse du mois record de novembre 2025.
BBC Verify et BBC Russian – « Surge in Ukrainian oil refinery attacks sparks Russian fuel shortages » (1er octobre 2025) – Vérification des attaques et de leur impact.
Forbes – « Russia’s Gasoline Crises Deepens As Drones Hit More Refineries » (29 septembre 2025) – Analyse de l’aggravation de la crise du carburant.
The Guardian – « Frustrated Russians grapple with fuel crisis as Ukraine attacks oil refineries » (27 août 2025) – Témoignages sur l’impact de la crise.
Meduza – « Long lines and empty pumps. Russia’s gasoline crisis in photos » (6 octobre 2025) – Documentation visuelle de la crise.
Carnegie Endowment for International Peace – « Can Russia Weather a Fuel Crisis Caused by Ukrainian Drone Attacks? » (26 août 2025) – Analyse économique de la crise.
International Energy Agency – Rapports sur les revenus pétroliers russes en 2025 – Données sur la chute des revenus.
Bloomberg – Analyses diverses sur l’impact économique des attaques ukrainiennes sur le secteur pétrolier russe (2025).
OilPrice.com – Articles sur les attaques ukrainiennes et leur impact sur l’industrie pétrolière russe (2025).
Kpler Analytics – Données sur les exportations russes de produits pétroliers et leur évolution en 2025.
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