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Ukraine : Quand la paix ressemble à une condamnation à mort
Crédit: Adobe Stock

Deux mille quatorze : la première trahison

Pour comprendre pourquoi les Ukrainiens regardent ce plan avec terreur, il faut revenir en arrière. Septembre deux mille quatorze. La Russie vient d’annexer la Crimée et d’envahir le Donbass. Les combats font rage. Les morts se comptent par milliers. Et l’Occident propose une solution : les accords de Minsk. Un cessez-le-feu. Un compromis. Une chance pour la paix. L’Ukraine accepte. Elle n’a pas vraiment le choix. Elle est seule, affaiblie, en plein chaos politique après la révolution de Maïdan. Les accords prévoient un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes, des élections locales dans les territoires séparatistes. En échange, l’Ukraine conserve sa souveraineté sur le Donbass. Sur le papier, c’est équilibré. Dans la réalité, c’est un piège. La Russie ne respecte aucun de ses engagements. Les armes lourdes restent. Les combats continuent. Les élections n’ont jamais lieu. Mais Moscou exige que l’Ukraine, elle, applique sa part du marché. Qu’elle accorde une autonomie spéciale aux régions séparatistes. Qu’elle amnistie les combattants pro-russes. Qu’elle modifie sa Constitution. L’Ukraine résiste. Elle refuse de légaliser sa propre partition. Et l’Occident ? L’Occident la presse d’accepter. Angela Merkel et François Hollande multiplient les pressions sur Kyiv. Appliquez Minsk. Faites des compromis. Soyez raisonnables.

Février deux mille quinze. Nouveau round de négociations. Minsk II. Cette fois, c’est encore pire. L’Ukraine doit accepter une « décentralisation » qui donnerait aux régions séparatistes un droit de veto sur la politique étrangère ukrainienne. En clair : Moscou pourrait bloquer toute tentative d’adhésion à l’OTAN ou à l’Union européenne en utilisant ses marionnettes du Donbass. C’est génial comme plan. Pour la Russie. Pour l’Ukraine, c’est un suicide politique. Mais l’Occident insiste. Merkel et Hollande garantissent que la Russie respectera ses engagements cette fois. Ils se portent garants. Ils promettent. L’Ukraine signe. Et devinez quoi ? La Russie ne respecte rien. Absolument rien. Les combats continuent. Les violations du cessez-le-feu se multiplient. Les armes lourdes ne sont jamais retirées. Et pendant sept ans, de deux mille quinze à deux mille vingt-deux, l’Ukraine est coincée dans ce piège. Elle ne peut pas récupérer ses territoires parce que l’Occident lui interdit d’utiliser la force. Elle ne peut pas avancer vers l’OTAN parce que Minsk n’est pas appliqué. Elle est paralysée. Prisonnière d’un accord mort-né que seule elle respecte. Et puis, février deux mille vingt-deux. La Russie envahit. Pas le Donbass cette fois. Toute l’Ukraine. Poutine déclare que les accords de Minsk n’ont jamais été qu’un moyen de gagner du temps pour préparer l’invasion. Merkel elle-même l’admettra plus tard : Minsk servait à donner à l’Ukraine le temps de se renforcer. Personne n’a jamais cru que ça marcherait.

Avril deux mille vingt-deux : la paix avortée d’Istanbul

Un mois après le début de l’invasion, alors que les chars russes reculent devant Kyiv, des négociations secrètes ont lieu à Istanbul. Vladimir Medinski, conseiller de Poutine, et Andriy Yermak, conseiller de Zelensky, se rencontrent. Ils discutent d’un accord de paix. Les grandes lignes ressemblent étrangement au plan Trump actuel : l’Ukraine renonce au Donbass et à la Crimée, elle s’engage à ne pas rejoindre l’OTAN, la Russie lève le siège de Kyiv. Mais deux points bloquent. Les garanties de sécurité pour l’Ukraine : qui les fournira ? Comment seront-elles appliquées ? Et la taille de l’armée ukrainienne : Moscou veut la limiter à cent mille hommes. Cent mille. Pour un pays de quarante millions d’habitants menacé par son voisin. C’est dérisoire. C’est une condamnation à l’impuissance. Les négociations achoppent. Et puis Boutcha. Les images des massacres. Les corps dans les rues. Les fosses communes. Les tortures. L’horreur. Boris Johnson, le Premier ministre britannique, débarque à Kyiv. Il dit à Zelensky de ne pas signer. Que l’Occident soutiendra l’Ukraine jusqu’au bout. Que la Russie peut être vaincue. Zelensky écoute. Il refuse l’accord. Le sommet prévu entre lui et Poutine n’a jamais lieu. La guerre continue.

Aujourd’hui, avec le recul, on peut se demander si c’était la bonne décision. L’Ukraine a tenu. Elle a résisté. Elle a même contre-attaqué, reprenant des territoires. Mais à quel prix ? Des centaines de milliers de morts. Des villes entières détruites. Une économie en ruines. Une génération traumatisée. Et maintenant, trois ans plus tard, on lui propose un accord encore pire que celui d’Istanbul. Parce que sur le terrain, la situation a changé. La Russie contrôle maintenant vingt pour cent du territoire ukrainien. Elle a fortifié ses positions. Elle a mobilisé son économie de guerre. Et l’Occident est fatigué. Les livraisons d’armes ralentissent. L’attention médiatique diminue. L’aide financière se tarit. Trump veut en finir. Peu importe les termes. Peu importe la justice. Il veut pouvoir dire qu’il a résolu le conflit. Qu’il a réussi là où Biden a échoué. Et tant pis si cette « paix » ne fait que préparer la prochaine guerre. Tant pis si elle récompense l’agresseur et punit la victime. Tant pis si elle détruit l’ordre international fondé sur le droit. Trump s’en fiche. Il veut son trophée. Et l’Ukraine est le prix à payer.

Minsk. Istanbul. Et maintenant Miami. Trois accords. Trois trahisons. Trois fois où on a demandé à l’Ukraine de renoncer à sa souveraineté pour acheter une paix qui n’en est pas une. Trois fois où on lui a promis des garanties qui ne valaient rien. Trois fois où on l’a sacrifiée sur l’autel du réalisme. Et à chaque fois, la Russie a profité du répit pour se préparer à la prochaine attaque. Minsk a donné à Poutine le temps de consolider ses positions dans le Donbass. Istanbul aurait gelé le conflit en position de faiblesse pour l’Ukraine. Et maintenant, Miami veut légaliser les conquêtes russes et affaiblir l’armée ukrainienne pour que la prochaine invasion soit encore plus facile. C’est un schéma. Un cycle. Une spirale mortelle. Et nous, l’Occident, nous sommes complices. Nous facilitons. Nous encourageons. Nous appelons ça de la diplomatie. Mais c’est juste de la lâcheté déguisée en pragmatisme.

Sources

Sources primaires

Le Monde avec AFP, « Guerre en Ukraine : ce que l’on sait des 28 mesures du plan de Donald Trump », publié le 21 novembre 2025, modifié le 21 novembre 2025. Financial Times, « Trump’s 28-point peace plan for Ukraine », publié le 20 novembre 2025. Axios, « Trump Ukraine peace plan: 28 points », publié le 20 novembre 2025. The Guardian, Luke Harding, Pjotr Sauer et Andrew Roth, « Zelenskyy says Ukraine has impossible choice as Trump pushes plan to end war », publié le 21 novembre 2025. BBC News, « Zelenskyy says Ukraine territory ‘most difficult’ issue, as US peace talks continue », publié le 21 novembre 2025.

Sources secondaires

The Atlantic, Anne Applebaum, « The Murky Plan That Ensures a Future War », publié le 22 novembre 2025. IRIS, Jean de Gliniasty, « Paix ou renoncement ? Le plan Trump et l’impasse ukrainienne », publié le 26 novembre 2025. France 24, « How key players reacted to US plan to end war in Ukraine », publié le 21 novembre 2025. Le Figaro, « Guerre en Ukraine : dans un nouveau plan de paix, Trump demanderait à l’Ukraine de céder des territoires à la Russie », publié le 19 novembre 2025. Radio France, France Culture, « Plan Trump pour la paix en Ukraine : une trahison pour Kiev », publié en novembre 2025. Toute l’Europe, « Guerre en Ukraine : les États-Unis proposent un plan de paix en 28 points, l’UE s’inquiète », publié en novembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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