L’héritage soviétique devenu fossile
Le Sukhoi Su-24, désigné par l’OTAN sous le nom de code « Fencer », est un bombardier d’attaque soviétique conçu dans les années 1970 et mis en service en 1974. C’est un appareil à ailes géométriques variables—les ailes peuvent se replier pour augmenter la vitesse à basse altitude, ou se déployer pour améliorer la portance en croisière. Deux moteurs Lyulka AL-21F-3A fournissent une puissance brute de 109 800 kilonewtons avec postcombustion, permettant à l’appareil d’atteindre une vitesse maximale de Mach 1.6 à haute altitude, soit environ 1 900 kilomètres par heure. L’équipage—deux personnes assisses côte à côte—comprend un pilote et un navigateur-bombardier.
Le Su-24 a été conçu pour opérer à très basse altitude, sous le radar des défenses ennemies. Il pouvait franchir le territoire ennemi en rasant le sol, délivrer sa charge d’armements—jusqu’à 8 tonnes—et s’échapper avant que les défenses aériennes n’aient le temps de réagir. À l’époque de sa conception, c’était une machine révolutionnaire. Elle a participé à pratiquement toutes les conflits des trois dernières décennies—Irak, Syrie, Caucase, et maintenant Ukraine. Elle est devenue l’épine dorsale de la puissance aérienne tactique russe. Et aujourd’hui, elle s’écroule sous les attaques de drones ukrainiens que personne n’avait anticipés.
Il y a quelque chose de tragic dans la fin du Su-24 en Crimée. C’est un appareil conçu par des ingénieurs soviétiques du meilleur calibre. Il a survécu à cinquante ans de service. Il a volé sur les champs de bataille les plus difficiles du monde. Et sa mort est venue non pas d’un combat classique, mais d’un essaim de drones radiocommandés. C’est l’évolution militaire qui s’impose sans pitié. Les vieux guerriers cèdent la place aux innovateurs. Et personne n’en est vraiment surpris.
Armement et capacités tactiques
Le Su-24 porte une impressionante gamme d’armements. Il dispose d’un canon rottatif GSh-6-23 de 23 millimètres avec 500 cartouches—une arme utile en cas de combat aérien improvisé. Mais c’est la charge externe qui fait sa véritable valeur. L’appareil peut transporter jusqu’à 8 tonnes de munitions sur neuf points d’ancrage répartis sous les ailes et le fuselage. Il peut emporter des bombes guidées KAB-500 et KAB-1500, les bombes planantes russes équivalentes des JDAMs occidentaux. Il peut transporter des missiles air-sol Kh-25, Kh-29, et Kh-59. Il peut emporter des missiles antiradar Kh-58 conçus pour attaquer les radars de défense aérienne. Il existe même des configurations armées avec deux missiles de croisière Kh-55 ou Kh-101 pour les missions de longue portée.
En Ukraine, les Su-24 russes ont été utilisés principalement pour les attaques à très basse altitude avec des bombes guidées. L’appareil vole sous 200 mètres d’altitude, trop bas pour que les systèmes de défense aérienne ukrainiens puissent déployer efficacement leurs missiles. Puis, à proximité de la cible, le Su-24 effectue un tir balistique—un lâchage rapide de bombes, souvent guidées par GPS mais avec une précision limitée. Cela permet à l’appareil de frapper avant les défenses aériennes ukrainiennes. C’est une tactique efficace—jusqu’au moment où l’ennemi s’adapte. Et Ukraine l’a fait.
Section 3 : Pourquoi le Su-24 est devenu une cible prioritaire
La valeur inestimable du bombardier tactique
Le Su-24 représente une fraction considérable de la puissance aérienne tactique russe en Crimée et dans le sud de la Russie. Officiellement, la Russie dispose d’environ 120 à 150 Su-24 en service. Mais en raison des pertes en Ukraine, des dégâts, et des limitations de la production sous sanctions, le nombre réel d’appareils opérationnels est bien inférieur. Chaque Su-24 détruit n’est pas facilement remplaçable. Une nouvelle construction prend des années. Les réparations aux dégâts complexes prennent des mois. Entre-temps, les Ukrainiens continuent à frapper. C’est une équation d’attrition qui penche inexorablement contre Moscou.
La valeur militaire directe du Su-24 dépasse considérablement son coût de fabrication. Un appareil neuf coûterait environ 35 à 50 millions de dollars—une somme significative même pour un budget militaire russe gonflé. Mais ce qui compte vraiment, c’est ce qu’il représente : une capacité de frappe profonde, une précision relative, une autonomie permettant d’opérer loin de la ligne de front. Sans le Su-24, l’aviation tactique russe est réduite à des appareils moins spécialisés—des hélicoptères d’attaque vulnérables, des avions de transport inadaptés aux missions de combat. La destruction d’un seul Su-24 en Crimée ampute les capacités russes d’une manière disproportionnée.
Je vois dans la destruction de ce Su-24 un tournant. Pas le tournant, mais un tournant. Parce que chaque appareil russe perdu représente une décision future : combien de sorties de moins ? Combien de civils non frappés ? Combien de lignes de front non supportées par la couverture aérienne ? Ukraine n’annihile pas Moscou en une seule frappe. Elle la pauvre, lentement, méticuleusement. Et c’est peut-être pire pour le Kremlin que la destruction soudaine. Parce que soudain, c’est définitif. Lent, c’est l’agonie.
L’effet domino : perdre un Su-24, c’est perdre bien plus
Quand un Su-24 est détruit, ce n’est pas seulement l’appareil qui est perdu. C’est une équipe entière de maintenance. C’est les pièces de rechange stockées pour cet appareil. C’est les munitions préparées pour une mission qui n’aura jamais lieu. C’est les réservations de hangars, de pistes d’atterrissage, de ressources logistiques. Les Russes doivent réaffecter des techniciens, des armeurs, des chargeurs de carburant. Ils doivent modifier les plans de mission. Ils doivent revoir les calendriers de maintenance pour le reste de leur parc aérien. C’est une perturbation en cascade qui s’étend bien au-delà de la simple perte matérielle.
De plus, il faut comprendre que chaque Su-24 survivant devient plus précieux. Les Russes commence à réduire le nombre de sorties, rationnant les appareils, les gardant au sol plutôt que de risquer leur destruction. C’est une paralysie progressive. Pas une paralysie complète—les Russes trouvent toujours des ressources pour continuer—mais une limitation croissante de la capacité à projeter de la force aérienne. Ukraine le sait. C’est pourquoi elle cible systématiquement ces appareils.
Section 4 : Les systèmes radar Kasta-2E2 et Podlet—les yeux de la défense
Kasta-2E2 : détection basse altitude et mort programmée
Le système radar 39N6 Kasta-2E2 est un appareil de détection et de poursuite conçu pour identifier les cibles aériennes à basse et très basse altitude—précisément le domaine où opèrent les drones de frappe ukrainiens. C’est un système relativement moderne pour les standards militaires russes, développé dans les années 1990 comme successeur des anciens systèmes Flat Face comme le P-15 et le P-19. Le Kasta-2E2 utilise une unique antenne fixée sur un pylon hauteur 50 mètres pour étendre l’horizon de détection. Sa portée nominale est d’environ 55 kilomètres pour les gros appareils volant à 100 mètres d’altitude.
Le système se compose de trois véhicules : un camion portant l’antenne et le matériel périphérique, un véhicule de commandement, et un groupe électrogène mobile. Il peut détecter, poursuivre et communiquer les coordonnées de jusqu’à 200 traces aériennes simultanément, avec une capacité de suivi actif de 50 cibles. Sa précision en distance est d’environ 100 mètres. Mais c’est précisément cela qui le rend doublement vulnérable aux drones ukrainiens. Parce que pour être efficace, il doit rester allumé. Et quand il est allumé, les Ukrainiens le détectent. Quand ils le détectent, ils le frappent. C’est une spirale de mort.
Le Kasta-2E2 était supposé être la solution russe aux défis modernes. Un radar nouveau, plus capable, mieux intégré. Et en Crimée, il brûle. Il ne reste rien que de la ferraille. Deux, trois années après avoir été installé sur le terrain, pouf—détruit. Les Russes ont dépensé des millions pour acquérir cet équipement. Les ingénieurs ont travaillé des années pour le concevoir. Et maintenant, des drones ukrainiens non pilotés, construits avec des composants civils, le réduisent à néant. C’est la vengeance de l’innovation contre la tradition.
Podlet-1K : le « Magic Eye » de la défense aérienne
Les deux systèmes 48Ya6-K1 Podlet (ou Podlet-1K selon la désignation) sont parmi les radars les plus sophistiqués du arsenal défensif russe. Développés par Almaz-Antey Corporation, les mêmes qui créent les S-400, le Podlet est conçu spécifiquement pour fournir les informations de ciblage aux systèmes S-300 et S-400. C’est un radar de recherche et de poursuite capable de détecter des cibles aérienne même difficiles à détecter—les drones, les hélicoptères opérant à très basse altitude, les appareils avec un profil radar réduit.
Le Podlet peut fonctionner dans plusieurs modes : détection basse altitude, détection moyenne altitude, détection longue portée, même un mode montagneux spécialisé. Sa portée de détection s’étend de 10 à 200 kilomètres en mode normal, extensible jusqu’à 300 kilomètres en mode étendu. Il peut tracker jusqu’à 200 cibles simultanément. Sa capacité d’identification automatique et de détermination de coordonnées signifie qu’il communique directement aux systèmes S-400 exactement où frapper, avec quelle trajectoire, à quelle altitude. C’est le cerveau de la couche de défense aérienne russe. Et ce cerveau a été électrocuté. Deux exemplaires ont été détruits. Chaque unité vaut environ 5 à 6 millions de dollars.
Section 5 : Le drone Orion russe—la reconnaissance qu'on assassine
Un appareil précieux, devenu mortel pour son propriétaire
Le Kronshtadt Orion, aussi appelé ORION ou système Oko-1 dans certaines configurations, est un drone de moyenne altitude et longue endurance (MALE) conçu pour la reconnaissance et les frappes aériennes. À la différence des drones de niche militaire occidentaux comme le MQ-9 Reaper, le Orion représente un engagement moins massif—il s’agit d’un appareil plus fin, plus léger, avec une endurance théorique de 24 à 30 heures et un rayon d’action de 250 kilomètres en données-link directe, extensible via communications satellite.
Le Orion a vu son premier service au combat en Syrie, avant d’être déployé en Ukraine depuis 2022. Il est capable de porter une charge utile variée : des missions de reconnaissance avec caméras et capteurs, des missions de frappe avec de petites bombes guidées comme les KAB-20, ou même des missiles légers comme les Kh-50. C’est l’une des rares véritables capacités russes de drone de reconnaissance-frappe. La Russie n’en possède que quelques dizaines. Chaque unité perdue est une réduction direct de la capacité de surveillance et d’attaque profonde de Moscou. Et c’est précisément pour cela qu’Ukraine l’a ciblé.
Le Orion détruit en Crimée représente quelque chose de plus que du matériel perdu. C’est la reconnaissance russe qui s’aveugle. C’est la capacité moscovite à voir ce qui se passe loin de la ligne de front qui diminue. Et dans cette guerre, où l’information est puissance, perdre des yeux, c’est perdre l’initiative. Ukraine le sait. C’est pourquoi elle attaque impitoyablement chaque drone russe qu’elle peut atteindre.
Vulnérabilité de l’Orion et leçons d’une technologie obsolète
Le point vulnérable du Orion—et c’est crucial—est qu’il doit opérer à une altitude relativement basse et à une vitesse relativement lente (environ 100 à 150 km/h) pour accomplish ses missions de reconnaissance et de frappe. Ces paramètres le rendent extrêmement vulnérable aux défenses aériennes modernes. Les systèmes Tor, Pantsir, même les armes optiquement guidées de courte portée peuvent l’abattre. Pire encore, l’Orion dépend d’une liaison de données continue pour être piloté et utilisé. Si cette liaison est brouillée ou interféée, l’appareil devient une simple coquille vide tombant du ciel.
Les Ukrainiens ont perfectionné l’art de brouiller et d’interférer les appareils russes. Mais le Orion a aussi une autre vulnérabilité : il est facilement identificable au radar. Ce n’est pas un appareil conçu selon les principes de discrétion radar. Ses formes anguleuses, son profil géométrique, le rendent aussi visible à un radar moderne qu’un éléphant sur une piste d’atterrissage. Une fois detécté, le Orion devient une cible facile pour les défenses aériennes ukrainiennes—ou pour un simple essaim de drones de frappe. En Crimée, le Orion a été frappé de la deuxième manière.
Section 6 : L'infrastructure de défense aérienne—réseaux entrelacés d'une fragilité insoupçonnée
L’intégration : force ou faiblesse ?
La destruction des radars Kasta-2E2 et Podlet-1K dans la même opération n’est pas une coïncidence. C’est une attaque coordonnée contre un système intégré. Les défenses aériennes russes en Crimée forment une pyramide complexe. À la base, il y a les capteurs—les radars comme Kasta et Podlet. Au milieu, il y a les centres de commandement et les systèmes de communication. Au sommet, il y a les systèmes de tir—les S-400, les Tor, les Pantsir. L’efficacité du système dépend de la cohérence de cette architecture. Si un élément clé est détruit, tout s’écroule.
Quand vous détruisez les radars Kasta et Podlet, vous privez les S-400 de leurs yeux. Oui, les S-400 possèdent leurs propres radars de poursuite (le 30N6E), mais ceux-ci ont une portée inférieure et sont plus facilement brouillés. Oui, les Russes peuvent utiliser leurs systèmes optiques et infrarouge, mais ceux-ci sont moins efficaces contre les drones volant à très basse altitude ou dans les conditions météorologiques dégradées. L’effet net est une dégradation substantielle de la défense aérienne russe sur toute la région de Crimée. Pas une destruction complète—ce serait trop facile. Mais une dégradation qui rend l’ensemble du système moins efficace, plus lent à réagir, plus facile à contourner.
Je contemple cette architecture de défense russe en ruines, et je vois l’absurdité de sa construction. Pendant des décennies, les Russes ont édifié ces systèmes comme des murs inexpugnables. Intégrés, optimisés, censés être invincibles. Et en quelques mois de guerre, Ukraine a découvert qu’ils sont en fait aussi robustes qu’un château de cartes. Détruisez quelques éléments critiques, et l’ensemble s’écroule. C’est la leçon que le monde militaire doit apprendre : l’intégration crée de la puissance, mais elle crée aussi des points de défaillance en cascade.
La cascade de destruction et l’effondrement progressif
L’opération du 5 décembre est le quinzième mois d’une campagne ukrainienne systématique de démilitarisation de la Crimée. À chaque mois, les Russes perdent des éléments critiques de leur infrastructure défensive. Des radars détruits. Des systèmes S-400 endommagés. Des bases aériennes blindées. Des dépôts de munitions explosés. L’ordre russe ne s’écroule pas d’un seul coup—il s’érode graduellement. Et chaque érosion rend plus difficile la tâche suivante, qui rend encore plus difficile la tâche suivante. C’est une cascade.
Selon les estimations ukrainiennes, la Russie a perdu ou a fortement endommagé au moins dix systèmes radar majeurs en Crimée depuis le début de 2024. Elle a perdu ou gravement endommagé au moins cinq systèmes S-400 ou S-300. Elle a perdu ou gravement endommagé une cinquantaine d’appareils aériens. À ce rythme, dans deux ans, la Crimée sera un désert militaire—une péninsule occupée mais non défendable, une position de garnison plutôt qu’une base de projection de puissance. Et le Kremlin le sait. Mais il ne peut rien y faire.
Section 7 : Temryuk et Syzran—la guerre s'étend loin, loin de Crimée
Ports de mer Noire ciblés : sevrer la Russie du commerce maritime
Parallèlement aux opérations en Crimée, le 5 décembre 2024, les drones ukrainiens ont frappé le port de Temryuk, situé en Krasnodar Krai, en Russie propre, à plus de 700 kilomètres de la ligne de front. Temryuk n’est pas une installation militaire au sens classique. C’est un port commercial—mais un port hautement militarisé. Il gère le transbordement de cargaisons diverses : pétrole, gaz naturel liquéfié, produits chimiques, matériel en vrac. Il comprend un terminal d’export pétrolier, une installation majeure de gaz liquéfié de pétrole, et des infrastructures d’entreposage considérables.
Pourquoi Temryuk est-il une cible ? Parce que tout ce qui transite par Temryuk, finit en Russie militaire. Le pétrole feed les raffineries qui alimentent les tanks. Le gaz alimente les centrales électriques qui fournissent l’électricité aux usines d’armements. Les produits chimiques servent à la production d’explosifs. De plus, Temryuk est un point d’étranglement. Il n’y a que quelques installations portuaires en Mer d’Azov et Mer Noire qui peuvent traiter les volumes que Temryuk traite. Frapper Temryuk, c’est affecter l’ensemble de l’économie logistique russe dans la région sud.
La frappe sur Temryuk m’a frappé avec sa clarté. Ukraine n’attaque plus seulement des objectifs militaires directs. Elle attaque l’économie de guerre de la Russie. Elle cible l’infrastructure qui soutient la guerre. Et c’est brillant, parce que Moscou ne peut pas défendre chaque port, chaque route commerciale, chaque installation d’infrastructure. Ukraine peut donc choisir ses cibles avec précision, en maximisant l’impact avec un minimum de ressources.
La raffinerie de Syzran—frapper le cœur énergétique
En même temps que Temryuk était frappée, les drones ukrainiens ont attaqué la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, en Russie. Syzran n’est pas n’importe quelle raffinerie. C’est une installation majeure, mise en service en 1942, appartenant à Rosneft, la géante pétrolière russe contrôlée par l’État. Elle traite entre 7 et 8,9 millions de tonnes de pétrole annuellement. Elle alimente la région sud de la Russie en produits pétroliers. Et depuis des mois, elle est la cible répétée des drones ukrainiens.
Une frappe antérieure contre Syzran en novembre 2024 avait endommagé l’unité ELOU-AVT-6—le système de distillation primaire du pétrole brut. Cet endomagement a forcé la raffinerie à suspendre complètement le traitement du pétrole brut et à fonctionner à moins de 50 pour cent de sa capacité nominale. La nouvelle attaque du 5 décembre visait à perpétuer cet endomagement, à empêcher les réparations, à maintenir la raffinerie paralysée. Selon le rapport du État-Major ukrainien, l’incendie s’est déclaré sur le site suite à la frappe.
Section 8 : La stratégie de frappe longue portée d'Ukraine—une économie de guerre contre une autre
Les « sanctions à long portée » : une arme stratégique de paix
Le gouvernement et les militaires ukrainiens appellent ces frappes contre l’infrastructure pétrolière les « sanctions à longue portée ». C’est un terme politique et stratégique qui reflète une réalité profonde : Ukraine comprend que pour gagner cette guerre, elle ne doit pas seulement vaincre militairement la Russie. Elle doit aussi paralyzer son économie de guerre. Et comment paralyser l’économie de guerre d’une puissance nucléaire sans armes nucléaires ? En frappant l’infrastructure qui la soutient.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une raffinerie fonctionnant à 50 pour cent de sa capacité, c’est millions de barils de pétrole non traité chaque mois. Ces barils auraient dû être transformés en essence, diesel, mazout. Sans eux, les véhicules militaires manquent de carburant. Les centrales électriques manquent de fuel. L’industrie civile s’arrête. L’armée russe comprend l’urgence de réparer ces installations. Mais chaque réparation prend des semaines, des mois. Et pendant que les Russes réparent, les Ukrainiens frappent de nouveau. C’est un cycle qu’aucune infrastructure ne peut supporter longtemps.
Je vois dans cette stratégie une forme de génie stratégique. Ukraine utilise les armes que Moscou lui a forcée à développer—des drones de longue portée—non pas seulement contre le champ de bataille, mais contre l’épine dorsale économique de la Russie. C’est une escalade différente. Pas vers l’armement nucléaire, mais vers la paralysation de l’économie civile. Et c’est un jeu que la Russie ne peut pas gagner, parce qu’elle ne peut pas défendre chaque route, chaque port, chaque raffinerie.
Production de drones et capacité de frappe soutenue
Ce qui rend possible cette stratégie de frappe longue portée continue, c’est que Ukraine a développé une capacité de production de drones domestique remarquable. Selon les rapports du État-Major, l’Ukraine peut produire plusieurs centaines de drones de frappe par mois. Certaines estimations parlent de 200 000 petits drones (FPV) produits mensuellement, avec des plans d’acquisition de 4,5 millions d’unités en 2025. Même les drones de plus grande taille destinés aux frappes longue portée—ceux utilisés contre Temryuk et Syzran—peuvent être construits en quantité suffisante.
Pourquoi cela ? Parce que Ukraine a découvert que les technologies civiles modifiées peuvent remplacer les technologies militaires spécialisées. Un drone de photographie drone commercial coûte quelques milliers de dollars et peut être modifié pour transporter une charge utile explosives. Le matériel électronique—contrôleurs, capteurs, systèmes de navigation—est disponible sur le marché global. Les ingénieurs ukrainiens intègrent tout cela en une plateforme cohérente, programment des algorithmes de navigation robustes contre le brouillage, et lancent les appareils. Le coût unitaire est une fraction du coût d’un drone militaire traditionnel. Mais l’efficacité, frappante à frappante, est remarquable.
Section 9 : La logistique russe—trains et camions comme nouvelles cibles de prestige
Le train détruit : l’artère logistique de la Russie coupe
Parmi les huit cibles de l’opération du 5 décembre, il y avait un train de fret militaire et un camion Ural. Ces objectifs peuvent sembler moins impressionnants que les avions et les radars. Mais c’est une grave erreur. Les transports logistiques sont les artères de toute armée. Sans eux, aucun combat n’est possible. Un train détruit, c’est des dizaines ou des centaines de tonnes de cargo qui ne parviendront jamais à leur destination.
Les trains militaires russes transport des munitions, du carburant, des pièces de rechange, du matériel médical, des aliments, des équipements. Un train de fret typique peut transporter plusieurs centaines de tonnes. Quand un tel train est détruit, l’impact économique est considérable. Et pour la Russie, qui dépend en grande partie du rail pour les transports longue distance—les routes en Russie méridionale n’étant souvent pas adaptées aux poids lourds—la perte de capacité ferroviaire est particulièrement critique. Ukraine a ciblé systématiquement les trains depuis le milieu de 2024. Selon les rapports du HUR, les partisans ukrainiens ont effectué des douzaines de sabotages contre les voies ferrées russes, causant des perturbations significatives.
Le train détruit en Crimée est un rappel brutal. Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas un combat aérien héroïque. C’est juste—un train. Et pourtant, c’est peut-être plus important que le Su-24 abattu. Parce que le Su-24, c’est un jour. Mais le train, c’est les jours à venir sans munitions, sans carburant, sans renfort. C’est l’infrastructure du quotidien détruite. Et c’est peut-être là que la Russie perdra réellement cette guerre—non pas en une bataille spectaculaire, mais en mille petites destructions quotidiennes.
Les Ural militaires : chevaux de travail anéantis
Les camions Ural sont les chevaux de travail de l’armée russe. Ce sont des véhicules tout-terrain robustes, capables de transporter plusieurs tonnes de cargo. Ils servent au transport des munitions, des carburant, des équipements divers. Chaque Ural détruit représente une réduction de la capacité logistique tactique de l’armée russe. Et contrairement à un train—qui est un bien fixe, difficile à déplacer rapidement—un Ural peut être remplacé en commandant une nouvelle unité à l’usine. Mais le Kremlin n’a que quelques centaines d’Ural en service à la fois. Chaque perte est une réduction de la capacité logistique immédiate.
Les Ukrainiens ciblent systématiquement ces véhicules logistiques. Non seulement avec les drones de la Crimée, mais aussi au niveau tactique sur le champ de bataille. Des appareils récupérés par des unités de reconnaissance repèrent les colonnes logistiques russes, communiquent les coordonnées, et les drones ou l’artillerie ukrainienne frappent. C’est un système d’interdiction logistique qui parallèles la campagne aérienne longue portée contre les raffineries et les ports. Ensemble, ces deux campaigns créent un étranglement complet de la capacité de la Russie à soutenir ses opérations militaires.
Section 10 : Les implications humaines et militaires de huit cibles
Pertes en personnel et désorganisation tactique
Les huit cibles de l’opération du 5 décembre ne ont pas seulement une valeur matérielle. Elles ont aussi une valeur humaine. Un Su-24 suppose deux équipiers—un pilote et un navigateur-bombardier. Si l’appareil n’a pas été évacué avant la frappe (ce qui est probablement le cas, étant donné qu’il était stationné à Kacha), alors ces deux personnel sont mort. Morts. Pas blessés. Mort. Les drones Orion requièrent une équipe de support considérable pour les opérations et la maintenance. La destruction d’un Orion signifie la perte d’une infrastructure complexe de personnels entraînés.
Les radars aussi requièrent du personnel. Un système Podlet complet emploie au minimum une douzaine de techniciens. Un système Kasta emploie un nombre similaire. Quand ces systèmes sont détruits, ce personnel doit être relogé, recyclé, réaffecté. Si le personnel est mort—ce qui est possible lors d’une frappe surprise—alors la Russie a perdus non seulement l’équipement, mais les années d’entraînement et d’expérience incarnées dans ce personnel. C’est une perte double : matérielle et humaine.
Je pense aux hommes dans ce Su-24 abattu. J’ignore s’ils ont eu le temps de s’éjecter. J’ignore s’ils sont morts à l’impact ou à la suite de l’impact. Je refuse de romanticiser leur mort ou d’y prendre plaisir. Mais je dois reconnaître : c’étaient des hommes qui participaient à la destruction de l’Ukraine. Ils ont volé au-dessus du territoire ukrainien, ont lancé des bombes sur des villes, ont contribué à la mort de civils ukrainiens innocents. Leur mort est une conséquence tragique mais prévisible de leur participation à cette agression. C’est la réalité cruelle de la guerre—que même les agresseurs doivent payer.
Capacité d’adaptation russe et résilience militaire
Ce qui est fascinant—et troublant—c’est que malgré huit cibles éliminées, la Russie continue à opérer. Elle continue à voler. Elle continue à projeter de la puissance. Elle continue à attaquer Ukraine. Cela suggère une résilience militaire remarquable. Oui, les capacités sont dégradées. Oui, les défenses aériennes sont moins efficaces. Oui, les frappes longue portée de l’aviation tactique sont moins fréquentes. Mais l’armée russe ne s’écroule pas. Elle absorbe les pertes, se réorganise, s’adapte, et continue. C’est une machine militaire qui, bien que blessée, reste fonctionnelle et opérationnelle.
Cela signifie qu’Ukraine ne peut pas compter sur l’effondrement unilatéral de l’armée russe résultant de ces frappes. Pour vraiment vaincre la Russie—ou du moins pour la forcer à accepter un settlement politique—Ukraine doit combiner ces campagnes de drones avec une victoire terrestre decisive sur le champ de bataille. Les drones dégradent. Ils posent des conditions. Ils réduisent. Mais ils ne gagnent pas les guerres à eux seuls.
Section 11 : Le cycle d'attrition et le temps comme arme stratégique
Les cycles répétés et l’usure psychologique
Ce qui est potentiellement plus dévastateur que l’une quelconque des huit frappes, c’est le pattern répétitif de ces opérations. Chaque nuit, il y a le risque d’une attaque. Chaque matin, il y a l’inquiétude que ce sera la base aérienne suivante, la raffinerie suivante, le port suivant. Pour les commandants russes et les soldats stationnés en Crimée et dans le sud de la Russie, c’est une épreuve psychologique continue. Vous ne pouvez pas tous les défendre. Vous ne pouvez pas prévoir exactement où frappera ensuite l’ennemi. Vous devez simplement attendre, vigilant, sachant que tôt ou tard, votre unité ou votre installation sera frappée.
Cela crée une fatigue psychologique qui s’accumule au fil des mois et des années. Les Russes réduisent les patrouilles aériennes pour conserver les appareils. Ils réduisent les effectifs pour minimiser les pertes potentielles. Ils commencent à réfléchir à deux fois avant chaque opération, pesant le risque. C’est une paralysie graduelle, pas seulement matérielle mais aussi psychologique et organisationnelle. Et c’est potentiellement plus dévastateur qu’une série de défaites aiguës, parce que c’est insidieux, difficile à quantifier, mais omniprésent.
Je vois dans cette fatigue psychologique quelque chose qui dépasse la simple stratégie militaire. C’est presque—de l’épuisement culturel. Les Russes pensaient qu’une invasion rapide leur donnerait la victoire. Trois ans plus tard, ils se retrouvent assiégés, pas militairement, mais stratégiquement et psychologiquement. Leur appareil militaire fonctionne, mais sans confiance. Leur occupation tient, mais sans légitimité. Et chaque drone ukrainien qui frappe renforce cette sensation—que rien n’est vraiment contrôlé, que rien n’est vraiment sûr. C’est l’érosion de la volonté, encore plus puissante que l’érosion du matériel.
La capacité ukrainienne à maintenir le rythme
La question centrale : Ukraine peut-elle maintenir ce rythme de frappes ? Peut-elle continuer à lancer des essaims de drones chaque nuit, à frapper systématiquement, à soutenir une campagne multifront de démilitarisation ? Les estimations de capacité de production ukrainienne suggèrent oui—au moins pour les drones plus petits et moins sophistiqués. Mais pour les drones longue portée capables d’atteindre Temryuk, Syzran et les autres installations lointaines ? C’est moins clair. La production de ces appareils plus sophistiqués est probablement limitée à quelques dizaines par mois.
Cela signifie que Ukraine doit être stratégiquement sélective. Elle ne peut pas frapper tout indiscriminément. Elle doit choisir les cibles les plus impactantes—les raffineries, les ports, les installations de défense aérienne critiques. Elle doit maximiser le retour sur investissement de chaque drone lancé. Et les preuves suggèrent qu’elle le fait efficacement. Chaque opération détruit des cibles hautement stratégiques, causant des dégâts disproportionnés aux capacités russes. C’est une allocation des ressources qui frôle la perfection tactique.
Section 12 : L'évolution de la guerre des drones en Ukraine
Du civile au militaire : la transformation continue
Au début de la guerre en 2022, les drones ukrainiens étaient largement des appareils civils modifiés. Des DJI commerciaux avec des charges utiles improvisées. Des drones agricoles réutilisés pour la reconnaissance. Ce qui a changé graduellement, c’est que Ukraine a développé une industrie de drones militaires. Des entreprises comme Ukroboronprom, des startups militaires, des ingénieurs indépendants—tous contribuent. Des appareils entièrement nouveaux ont été conçus, spécifiquement optimisés pour les missions militaires. Des versions plus rapides pour l’attaque. Des versions plus robustes pour la reconnaissance. Des versions plus endurantes pour les frappes longue portée.
Ce qui est remarquable, c’est la rapidité de cette transformation. En trois ans, Ukraine est passée de n’avoir pratiquement aucune capacité de drones militaires dédiés à posséder une industrie capable de produire des centaines de drones variés mensuellement. C’est une achievement technologique qui aurait dû prendre une décennie en temps normal. Mais la nécessité a accéléré l’innovation. Et maintenant, cette capacité est consolidée, intégrée dans la doctrine militaire ukrainienne, déployée systématiquement contre les cibles russes.
La capacité de transformation d’Ukraine me fascine et me terrifie. Fascinant, parce qu’elle démontre que l’innovation militaire n’est pas réservée aux puissances technologiquement supérieures. Terrifiant, parce qu’elle suggère que toute petite nation qui affronte une grande puissance peut maintenant se redéfinir militairement en quelques années. C’est une lesson que d’autres puissances vont noter. Et cela changera la nature du conflit armé moderne.
Intégration avec autres systèmes d’armes et doctrine combinée
Les drones ne fonctionnent pas en isolation. Ils font partie d’une doctrine d’armes combinées que Ukraine déploie. Un drone de reconnaissance peut identifier une cible et communiquer les coordonnées à une batterie d’artillerie, qui frappent. Un drone de frappe peut approcher une cible couverte par des défenses aériennes tandis que les défenses sont distrayees par d’autres drones. Les missiles de croisière peuvent arrriver simultanément avec les drones, saturant les défenses. C’est une synergie tactique qui multiplie l’efficacité de chaque élément.
Cette doctrine combinée n’est pas nouvelle—l’Occident l’a perfectionnée pendant des décennies. Mais c’est la première fois que nous voyons une armée beaucoup plus petite et techniquement désavantagée l’appliquer de manière aussi sophistiquée contre une adversaire supposément plus puissante. Et elle fonctionne. Elle fonctionne terriblement bien. Et elle redéfinit ce qu’il est possible en guerre asymétrique.
Section 13 : Perspectives géopolitiques et implications pour l'ordre international
Un précédent dangereux ou un nouvel équilibre ?
Les frappes d’Ukraine en Crimée et en Russie propre soulèvent des questions géopolitiques majeures. Quels sont les précédents ? Comment la communauté internationale réagit-elle ? Si une petite nation peut frapper impunément la profondeur du territoire d’une grande puissance nucléaire, qu’est-ce que cela signifie pour la sécurité internationale ? Les puissances nucléaires—les États-Unis, la Chine, la Russie—ne s’attendent-elles pas à jouir d’une forme de sanctuaire stratégique ?
Le fait que la Russie n’a pas escaladé nucléairement en réponse aux frappes longue portée ukrainiennes suggère qu’il y a une ligne rouge implicite—que tant que Ukraine n’attaque pas le cœur stratégique russe (les installations nucléaires, les commandements militaires supérieurs), la Russie n’escaladiera pas vers l’arme nucléaire. Mais cette ligne est fragile. Elle pourrait se déplacer. Et si elle se déplace, les conséquences seraient apocalyptiques. Heureusement, Ukraine semble comprendre ce risque et opère avec une restraint calculée. Elle frappe l’infrastructure militaire, les raffineries, les ports. Elle ne frappe pas les installations nucléaires civiles, les commandements politiques, ou les villes civiles à grande échelle.
Je regarde cette ligne rouge implicite et je vois un fil si fin qu’il pourrait se rompre à tout moment. La stabilité stratégique entre une puissance nucléaire et un État non-nucléaire repose maintenant sur un équilibre précaire. Ukraine comprend qu’escalader trop loin pourrait provoquer l’apocalypse nucléaire. La Russie comprend que réagir trop agressivement pourrait mener au même résultat. Et donc ils dansent une danse dangereuse, chacun testant les limites de l’autre, chacun restant un pas en arrière de l’abîme. C’est équilibre pourrait durer. Ou il pourrait s’effondrer du jour au lendemain.
L’ordre international et les drones longue portée
À plus long terme, les succès d’Ukraine avec les drones longue portée auront des implications durables pour l’ordre international. D’autres puissances régionales—le Pakistan, l’Iran, la Turquie, les pays du Golfe—vont observer attentivement. Si une nation petite mais ingénieuse peut frapper profondément en territoire ennemi avec des drones faits maison, alors pourquoi ne peuvent-elles pas le faire ? Pourquoi ne peuvent-elles pas acquérir ou développer des technologies similaires ? C’est une bell ouverte. Et une fois qu’une belle est ouverte, elle ne peut pas être aisément fermée.
Les puissances technologiquement avancées vont probablement essayer de contrôler la prolifération des technologies de drones longue portée. Les États-Unis, l’Europe, la Chine vont chercher à limiter l’accès aux composants critiques, aux logiciels avancés, aux systèmes de navigation de précision. Mais ces efforts seront probablement inefficaces. Parce que les technologies nucléaires au cœur des drones autonomes sont de plus en plus civiles. Les moteurs électriques, les batteries, les contrôleurs numériques—tout est disponible commercialement. Il y a peu de moyens pratiques d’empêcher la prolifération.
Conclusion : Le triomphe amère de la résistance
Synthèse : ce qui a été gagné et ce qui reste à faire
L’opération du 5 décembre 2024 et les opérations parallèles contre Temryuk et Syzran représentent un point pivot dans cette guerre. Elles sont la preuve définitive que Ukraine a développé une capacité de frappe profonde comparable aux puissances militaires avancées. Plus important encore, elles démontrent que même une petite nation sans avantages technologiques hérités peut innover, adapter, et finalement contester une puissance supposément supérieure. Aucun Su-24 détruit ne gagnera la guerre pour Ukraine. Aucune raffinerie endommagée ne mettra la Russie à genoux. Mais ensemble, mille frappes, dix mille frappes, créent une accumulation de petites défaites qui peuvent, éventuellement, forcer un changement stratégique.
Ce qui reste à faire, c’est l’impossible : gagner une guerre d’attrition contre une puissance qui, malgré toutes ses faiblesses, possède toujours des ressources considérables. Ukraine peut frapper la Crimée. Elle peut frapper les ports russes. Elle peut frapper les raffineries. Mais elle ne peut pas, seule, forcer la Russie à son genou. Elle a besoin de victoires terrestres. Elle a besoin du soutien occidental soutenu. Elle a besoin de coalitions géopolitiques qui isolent la Russie. Ce que les drones et les frappes longue portée accomplissent, c’est créer l’espace politique et militaire pour que ces autres facteurs entrent en jeu.
Je termine en reconnaissant une vérité qui me pèse. Cette guerre n’aura pas de conclusion glorieuse. Il n’y aura pas de moment où le Kremlin se rend sans condition. Il n’y aura pas de parade de victoire. Il y aura seulement—l’attrition continue, les deux côtés usés, finalement épuisés, forcés de négocier à partir d’une position de faiblesse mutuelle. Et peut-être, juste peut-être, Ukraine aura encore suffisamment de force pour négocier d’une position légèrement moins désavantageuse. C’est tout ce qu’elle peut espérer. C’est tout ce qu’elle peut atteindre. Et c’est peut-être suffisant.
L’avenir de la capacité ukrainienne et l’implosion inévitable
La vraie question est : combien de temps Ukraine peut-elle maintenir ce rythme de frappes ? Six mois ? Un an ? Deux ans ? À un moment donné, la Russie trouvera soit des défenses efficaces contre ces drones, soit des ressources suffisantes pour contrerattaquer avec une telle férocité que l’infrastructure civile et militaire ukrainienne s’écroule. Ou, plus probablement, les deux côtés atteindront simplement l’épuisement mutuel—incapables de vaincre définitivement, mais refusant toujours d’accepter la défaite. Cela conduira à une stalemate prolongée ou à une paix négociée qui sera fondamentalement insa faisant pour les deux camps.
Mais jusqu’à ce jour, Ukraine continue. Elle frappe chaque nuit. Elle détruit les cibles russes une par une. Elle impose des coûts. Elle maintient le combat. Et chaque Su-24 abattu, chaque radar détruit, chaque raffinerie endommagée, est une victoire tactique dans une guerre dont le resultat stratégique final demeure profondément incertain. C’est le combat du faible contre le fort. Et contre toutes les probabilités, le faible tient tête.
Sources
Sources primaires
Kyiv Independent – Ukraine war latest update 2025-12-5 (5 décembre 2025) ; RBC Ukraine – Ukrainian intelligence unit carries out eight successful strikes in occupied Crimea (4 décembre 2025) ; Ukrinform – Ghosts of the HUR hit Russian MiG-29 and radar in Crimea (3 décembre 2025) ; Defence-ua – Ukraine’s Prymary Unit Hit Eight Targets in Crimea (Video) (4 décembre 2025) ; Kyiv Independent – Ukraine hits Russian seaport, oil refinery in reported drone strikes (4 décembre 2025) ; Kyiv Independent – Ukraine confirms drone strikes on seaport, oil refinery in Russia (5 décembre 2025) ; Ukrinform – Russian sources report drone attacks on Syzran oil refinery, Temryuk port (5 décembre 2025) ; Defence-ua – Ukraine’s General Staff Confirms Strikes on Russia’s Syzran Oil Refinery and Seaport (4 décembre 2025)
Sources secondaires
Wikipedia – Sukhoi Su-24 (27 novembre 2003, mise à jour continue) ; Wikipedia – Kasta 2E radar system (7 janvier 2010) ; Wikipedia – Podlet-1K Radar (12 décembre 2024) ; AirPra – Let’s Explore The Russian Su-24 Tactical Bomber Details (3 décembre 2023) ; FlyAJetFighter – The Sukhoi SU-24 Fencer in combat (4 février 2025) ; Wikipedia – Kronshtadt Orion (6 mars 2020) ; Army Recognition – Russia’s Orion Drone Seen Carrying Kh-BPLA Missiles (24 novembre 2025) ; Al Jazeera – Ukraine bombs Russian bases: Here are some of Kyiv’s most audacious attacks (2 juin 2025) ; Forbes – Russia Keeps Trying and Failing to Destroy Ukraine’s Cruise Missile-Armed Su-24 (6 août 2023) ; Kyiv Independent – Ukraine behind attack on Russian railway logistics (13 septembre 2025)
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